Discours d’investiture de monsieur Heran Romeretegui, nouveau président élu de l’Organisation des Nations Commerçantes
Chers collègues, chers membres de l’Organisation des Nations Commerçantes, vos Excellences
Aujourd'hui est un grand jour pour l'Organisation des Nations Commerçantes. Une fois de plus, ses États membres ont prouvés l'efficacité du système de nomination de l'organisation en me faisant de l'honneur de me désigner pour présider l'ONC durant l'année future. La nomination de la Youslévie est la première d'une nation qui n'est pas fondatrice de l'organisation, symbole de l'inclusion de cette dernière. C'est un grand message envoyé à un monde qui a pour habitude de juger les actions de l'ONC de manière très critique, chose normale au vu des responsabilités qui sont les nôtres.
C'est aussi un grand jour pour l'Eurysie. Le vieux continent n'a jamais été aussi tiraillé et il est important de montrer que quelques bastions démocratiques et justes subsistent face aux extrémistes de tout bord qui ont pourtant comme points communs de ne pas se soucier des droits et de l'intégrité de leurs populations.
C'est évidemment un grand jour pour mon pays. Qui aurait cru, alors que la Youslévie plongeait dans les abysses de la guerre civile, que trois décennies seulement après la Décennie Perdue ce même pays serait l'un des plus prospères depuis l'entrée dans le nouveau millénaire et aurait été adoubé par ses pairs pour guider l'organisation la plus puissante du monde ? Cela n'aurait pu être possible sans la résilience et la détermination sans faille de mes fiers compatriotes.
Enfin, c'est un grand jour pour les minorités des nations membres de l'ONC et de l'ensemble du globe. La nomination d'un Vasque à la tête de l'ONC est la preuve que, dans chaque pays le voulant , les exclus d'hier seront au centre du monde de demain. La diversité est une force dont nous devons nous nourrir afin de progresser main dans la main. L'Organisation des Nations Commerçantes en est le meilleur exemple car elle réunit autour d'une même table Eurysiens, Paltoterran, Aleuciens, Nazumi et Afaréens mais aussi leurs peuples, autrefois marginaux, qui sont indissociables de nos sociétés et de nos cultures respectives.
Malgré tout, il ne faut pas se méprendre. Ma désignation à la tête de l'ONC n'est pas une fin en soit et encore moins une victoire sur les menaces qui pèsent sur notre alliance, qui sont nombreuses.
Comme je l'ai évoqué précédemment, des régimes des deux extrêmes persistent en Eurysie et leurs doctrines se répand sur les autres continents. Ne promouvant pas les mêmes valeurs de prime abord, il suffit de se pencher un peu sur la question pour comprendre que, malgré leurs idéologies contraires, ces systèmes sont sinistrement similaires. Leurs moyens d'actions, basés sur l'intimidation, la persécution et les menaces, ainsi que leur totalitarisme et l'obscurantisme effarant dont ils font preuve sont autant de choses qui leur permet aisément de se dresser contre les valeurs de Paix, de Partage et de Prospérité que promeut l'ONC, et donc d'en faire des ennemis naturels de notre organisation. C'est pourquoi je promet de continuer les politiques mises en place par mes estimés prédécesseurs, Monsieur Divigracia et Madame Panomyaong, en dressant l'ombre protectrice de l'ONC face à tous les dangers qui menacent notre monde.
Seulement, les deux principales campagnes de l'histoire de l'ONC ne sont toujours pas arrivées à leur terme. Le Prodnov n'a toujours pas connu son épilogue après des années de conflit et le Kronos suit le même chemin. Il est indispensable de régler ces questions si nous voulons être le plus efficace possible sur d'autres terrains.
Une autre préoccupation que nous devons examiner avec grand soin est l'augmentation des velléités d'union des démocraties libérales sous de nouvelles barrières, qui ne sont pas celle de l'ONC. Si nous ne savons pas encore la viabilité de ces nouvelles organisations, une chose est certaine, c'est que les nations à leur origine ont jugées nécessaires de se réunir tout en contournant notre organisation. Cette tendance est révélatrice d'une volonté de, si ce n'est concurrencer, au moins ne pas se mélanger avec notre alliance. Cette volonté est inquiétante car cela est représentative d'une certaine méfiance vis-à-vis de notre organisation. Nous avons donc énormément de travail pour continuer à redorer le blason de l'ONC et ça sera un des principaux défis de mon mandat. Il ne faudra pas non plus tourner le dos aux nouvelles coalitions qui ne sont pas critiques vis-à-vis de la nôtre. Si elles poursuivent les mêmes objectifs que ceux de l'ONC, nous aurions un grand intérêt à entamer des dialogues constructifs avec ces dernières.
Toutefois, ne nous leurrons pas, la défiance n'est pas le monopole des nations étrangères. Au sein même de nos territoires, des voix s'élèvent, parfois à raison mais souvent à tort, contre l'ONC. Ces voix se sont depuis peu muées en mouvement politiques qui s'attaquent fréquemment aux principes défendus par l'Organisation des Nations Commerçantes. Nous ne devons pas, nous ne pouvons pas, laisser ces oiseaux de mauvaise augure semer les graines de la discorde au sein de nos nations. Il est nécessaire de démontrer, par le débat et la pédagogie, les bienfaits que l'ONC présente pour ces nations membres et qu'une sortie de l'organisation, et ce quelque soit le pays, sera un désastre diplomatique, économique et politique. Les aspirations nationalistes de certains peuvent mener au suicide collectif. Nous nous devons donc de combattre, encore une fois de manière démocratique, ces propagateurs de dissension chez nous.
Il faut néanmoins écouter les revendications et les contestations que certains ont surnommés ONCeptiques car elles aussi révèlent des questionnements légitimes de nos populations.
Mais, pour combattre la désunion, le meilleur moyen reste d'améliorer et de renforcer la collaboration au sein même de l'ONC. Pour cela, la création de nouvelles institutions, judiciaires et spatiales pour ne citer que quelques projets possibles, est indispensable afin de remettre la coopération au centre des préoccupations de notre organisation.
Vos Excellences, le combat pour la Paix, le Partage et la Prospérité est loin d'être fini, il ne fait même que commencer. On me reprochera peut-être de jouer les Cassandre, mais il est de mon devoir de parler franchement des choses difficiles. La situation n'en est pas critique pour autant, l'Organisation des Nations Commerçantes reste tout de même un phare de démocratie et de liberté dans notre monde, ses institutions sont puissantes et constituent des piliers stables sur lesquels nous pouvons construire l'avenir.
N'oublions cependant pas toutes les choses accomplies ensemble depuis des années maintenant et servons nous de nos expériences, bonnes ou mauvaises, afin de mener à bien les objectifs fixés.
Je vous remercie de m'avoir écouté.