06/06/2013
20:02:45
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[RP] Acte IV – Rencontre sous haute tension à Shati Alqahwa.

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Acte IV – Rencontre sous haute tension à Shati Alqahwa.

Le Général Cortès
Le Général Cortés était le nouvel homme fort de la monarchie listonienne, il avait la confiance de l'Empereur et le soutien de l'armée. Sa réputation de commandant efficace le précédait et c'était donc en toute logique qu'il avait reçu la charge exceptionnelle de Gouverneur Suprême des Colonies.


Le vrombissement de l’hélicoptère lourd qui traversait le ciel de Shati Alqahwa était probablement terrifiant pour les observateurs en contrebas. D’un côté la présence de la flotte listonienne et le débarquement de plusieurs centaines de marins listoniens qui avaient pris le contrôle du port en l’espace de seulement quelques minutes, de l’autre, cet angoissant bourdonnement qu’émettaient les hélicoptères qui traversaient l’espace aérien de cette capitale coloniale habituellement si calme. La scène n’était pas anodine, après une absence quasi-totale, l’Empire faisait son grand retour en fanfare et il avait les moyens de se faire entendre. La démarche ne se faisait certes pas de bon cœur, il y avait comme une attitude conquérante qui s’affichait sur le visage des soldats impériaux, pourtant le Shibh Jazirat Alriyh était toujours techniquement une colonie impériale. Mais que ce soit du côté des impériaux ou de la population, personne ne semblait se voiler la face en ce jour décisif.

L’hélicoptère lourd amorçait sa descente vers les jardins du magnifique palais du Gouverneur Impérial, c’était une bâtisse imposante dans un style colonial traditionnel qui se distinguait de l’architecture orientale de la ville. Le palais était situé au cœur des beaux quartiers sur une colline qui surplombait le centre-ville de Shati Alqahwa et qui offrait une vue incroyable sur l’océan. Sans ménagement pour les lieux, l’hélicoptère se posa dans un tumulte important, la puissance des hélices balayant quelques chaises et sculptures du jardin. Aussitôt, près de quarante soldats débarquèrent de l’hélicoptère lourd, la manœuvre était particulièrement professionnelle et disciplinée quoi qu’un peu agressive pour les hôtes. Cela ne faisait aucun doute, c’étaient des hommes aguerris, la crème des forces spéciales impériales. Ils sécurisèrent facilement les jardins ouvrant la voie à deux officiers supérieurs qui débarquèrent avec un air nonchalant. Finalement c’est le Général Cortès lui-même qui fit son apparition, un officier l’annonçant dans la foulée. « Voici le Général Cortès, Vicomte de Faro, Gouverneur Suprême des Colonies de Sa Majesté Impériale. »

Cortès était un homme robuste de haute-stature qui atteignait presque la cinquantaine. Ses cheveux mi-long aux teintes poivre et sel et sa barbe mal taillée contrastaient fortement avec son allure impeccable. Sa démarche rappelait plus celle d’un commandant d’infanterie que d’un homme politique, le visage grave, il balayait ses rangs de ses yeux noirs et perçants. Il avait la réputation d’un homme taciturne mais colérique qui exigeait toujours la perfection de ses hommes. Sans prendre la peine de dire un mot, il s’avançait d’un pas lent mais assuré à la rencontre du Gouverneur Paolo o Prefeito.
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Dans les jardins, près de la fontaine aux oiseaux, dans l’allée des citroniers, se tient le Paolo o Prefeito. C’est un homme de taille moyenne, que son costume de Gouverneur impérial fait paraitre plus large qu’il ne l’est réellement. Barbe sèche et petites lunettes pour palier sa vue baissante à force de lire des livres dans son patio, il est le rejeton lointain d’une haute lignée listonienne, cousin par alliance de Sa Majesté l’Empereur mais cela fait longtemps qu’il a troqué les dîners de la cour pour la tranquillité des vergers afaréens.

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Il est de cette race d’hommes malingres au caractère d’aventuriers, qui compensent leur manque de carrure et de charisme par un esprit ambitieux et une débrouillardise surprenante. Il y a quelques décennies, Prefeito n’a été nommé Gouverneur qu’en raison de sa proximité avec la famille impériale. Mais il arrive que le nepotisme ne soit pas complètement un coup d’épée dans l’eau : cet homme là à défaut d’être courageux, sait ce qu’il veut.

Ce qu’il veut se trouve d’ailleurs à ses côtés. Les Pharois n’ont pas d’uniformes dans leur marine aussi la Capitaine Suoma a-t-elle pu troquer les lourds tissus censés tenir chaud en mer contre une tenue plus élégante et vaporeuse, faite de voiles et d’imagination. Elle a été envoyée ici pour séduire o Prefeito et a réussi. Un peu trop bien, d’ailleurs. Elle s’est attaché à cet homme ambiguë et surprenant, capable d’apprécier les promenades à l’ombre des arbres ou les bains de foule aux marchés ouverts de Shati Alqahwa, capable d’écrire des romans plats et de signer d’un trait de plume l’exécution d’un opposant politique.
Suoma est la main du Syndikaali au Shibh Jazirat Alriyh, bien plus que ses navires de guerre, elle apporte avec elle l’odeur du sel et des insurrections armées.

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A leurs côtés se tiennent les dignitaires de l’Althalj, mais nous ne les décrirons pas ici. Il reste encore à évoquer les hommes de la Guarda Colonial, les forces listoniennes chargées de la sécurité du Gouverneur et du respect de ses ordres. O Prefeito n’en a rien dit mais la Guarda a été purgée récemment, les officiers dont la loyauté laissait à désirer ont été envoyé en mission dans les terres. Ils ne rentreront que d’ici quelques semaines, pas avant. Ceux qui se tiennent aujourd’hui dans les jardins sont des fidèles du Gouverneur, la plupart lui doivent quelque chose, cela va de la promotion au passe-droit, le Shibh Jazirat Alriyh n’est pas si grand et depuis plus de vingt ans qu’il y gouverne, o Prefeito a eu le temps de soigner ses troupes.

Un officier s’avance, droit comme une bannière de guerre.

Guarda Colonial : « Le Gouverneur impérial o Prefeito, Marquis de l’Ayudad, Chevalier des Outremers. »

Le su-nommé s’avance, l’air affable, mais point trop non plus.

O Prefeito : « Général Cortès, c’est un honneur de vous recevoir et avec vous, de savoir que l’Empire se porte bien. »

Il désigne non loin un kiosque sous lequel un table a été disposée. Entre les croisillons de bois s’entrelacent des plantes grimpantes à larges fleurs.

O Prefeito : « Si vous voulez bien me suivre. Je vous présente la Capitaine Suoma. Une amie, elle porte la parole du Syndikaali Pharois pour cette entrevue. »

Puis il invite les Althaljirs à se présenter.
Le regard morne, elles regardaient en silence la scène.
Du haut du tertre de la vielle ville, sur le toit plat d'une bâtisse typique, jouxtant la villa du Gouverneur, les trois femmes jaugeaient.

Au loin la flotte listonienne s'était déployée avec intelligence et prudence malgré l'action de pénétrer et débarquer au sein même du port de la ville. Les hélicoptères assuraient une présence physique et militaire caractéristique de la démonstration de force. Les fusiliers marins s'étaient déployés en bon ordre tout en jouant à l'intimidation et peut être aussi la provocation.

La femme à gauche fit un petit signe en direction des faubourgs et du port ; elle avait raison, les ruelles étaient petites à cet endroit là, bordant la place du marché et une grande route traversante en amont.
Les forces listoniennes avaient parié gros. Dans ce dédale de petites ruelles, de maisons de plusieurs étages, la population avait cogité pendant de longs mois vis à vis de ce jour précis où l'Empire montrerait les crocs. Et c'est avec une confiance (expérience ?) que les forces armées avaient investi la ville principale, la seule vraiment du Shibh Jazirat Alriyh ou la Peninsula de Sotavento en Listonien. Un incident était si vite arrivé lorsque les murs étaient rapprochés et qu'excédée, la population n'était pas forcément disposée à laisser faire. Espérons que les manifestations attendront le dénouement des discussions...

L'Empereur Philipe Ongro III n'avait pas répondu à la lettre de la Qari Ijja Shenna et il y avait fort à parier que le gouffre culturel confirmerait un dédain certains pour la candeur Althaljir.
Y-avait-il une once d'espoir que l'Althalj puisse toucher le coeur d'un monarque dont l'Empire traversait un chamboulement aussi fort qu'il pouvait en être inquiet et ainsi agir militairement avant toutes autres options ?
L'Empire, ou Royaume à présent, avait été à la portée des rapaces et des naïfs, accentuant le sentiment d'être acculé et impuissant face au délitement de la patrie élargie.

La femme de droite n'eut pas besoin de parler et toutes suivirent instinctivement. Les deux gardes territoriaux de Shati Alqahwa ouvrirent la porte permettant de rentrer au sein de la grande maison, empruntant alors des escaliers en bois grinçant menant vers la villa du Gouverneur plus loin. Le Colonel Leal était un autochtone, un ami de longue date du Gouverneur. La Guarda Colonial sous sa coupe lui étaient sûrement majoritairement loyales.

Quelques dizaines de mètres à parcourir et voilà les trois femmes auprès des instances dirigeantes et représentatives.
Elles connaissaient bien les personnalités ci-présentes. Le Gouverneur O Prefeito gardait un calme qui lui seyait bien. Cet homme avait un courage et un flegme que les Althaljirs ne reconnaissaient pas facilement au sein de la gente masculine et encore moins Eurysienne. Paolo O Prefeito était plus Afaréen en ce jour et peut être que c'est en cela que sont courage se mêlait d'une iridescence charismatique, propre à cet instant préparé et représentant le destin de toute une vie.

La Capitaine Suoma ne semblait pas être indifférente de ce charme d'ordinaire peu convoité, les clichés de la testostérone prenant le pas sur tout autre archétype séduisant. La Capitaine Suoma était pour la délégation Althaljir, une représentante presque parfaite de la direction du Pharois Syndikaali. Traits et élégance, oui élégance, typiquement Pharois, on ne pouvait que voir le Syndikaali à travers ses manières, ses paroles et derrière ses yeux magnifiquement glaçants. Cette femme avait sûrement un bagage que nombre de maris outre-Pharois ne convoitaient pas. Femme de pouvoir, les Althaljirs voyaient en la Capitaine Suoma un soutien non négligeable dans les discussions à venir.

Il fallait être dupe pour ne pas lire la complexité de la conversation à venir néanmoins.

L'un des portes hélicoptères, à quelques centaines de mètres de là, avait été fabriqué par l'expertise Pharoise et portait une bannière Listonienne.
Les "marchands" Pharois dans la péninsule auraient tort de favoriser un système rigide Impérial, dans la lignée de l'autocratisme en devenir en métropole ; mauvais pour le commerce.
Le Gouverneur chérissait la symbolique et cousinade Impériale, néanmoins était résigné dans l'inévitable changement. Agissait-il vraiment pour le peuple ? Avait-il été réellement touché par l'abandon de l'Empire au plus fort de la crise économique et sociale ?
Le Général Cortès qui atterrissait, tel l'Eurysien qu'il était, sans ménagement et respect, était sûrement un homme dangereux et dont la mission pouvait aussi être personnelle. Un homme influent n'avait rien à prouver. Toutefois sa signature, sa marque en devenir découlerait de sa gestion de la situation.
Et enfin l'Althalj, qui ne souhaitait pas d'une instabilité régionale, mais qui avait aussi été platement déçue par la tendance xénophobe et hors du temps de l'Empire Listonien. Des mois jetés à l'eau, des années de cohabitations, concertations et coordination économique régionale, gâchées pour des agendas politiques d'un autre continent, l'Althalj en avait assez de ce dictat distancié. Il y avait une tendance désastreuse à l'autodestruction au sein de l'Afarée de l'Ouest ; les pays s'effondraient, les habitants étaient livrés à eux mêmes et le Sahra' en pâtissait. La Sororité avait aujourd'hui accepté d'envisager l'élargissement de l'Althalj face à cette situation unique et délétère dans la lignée des objectifs régionaux Althaljirs.

Après que le Gouverneur l'eut permis, une femme présenta la qari que tous connaissaient, sauf peut être le Général Listonien.
Yeux dorés, la peau claire en contradiction avec ses origines Sahrienne, elle portait une tenue vestimentaire simple, éloignée des couleurs traditionnelles portées d'ordinaire : une volonté d'être discrète au sein d'une ville en ébullition...



L'Althalj est représentée par la qari Malha ik Kebur, qari d'Asefsaf et ambassadrice officielle auprès du Shibh Jazirat Alriyh.


C’était une période difficile pour le pouvoir listonien, les pertes territoriales à l’Ouest avaient déclenchées un véritable raz-de-marée au cœur des cercles du pouvoir métropolitain. Le vingt-et-unième siècle apportait son lot inévitable de changements sociaux alors même que la société listonienne ne parvenait plus à se renouveler sombrant dans un décalage idéologique qui mettait en péril son unité territoriale à travers le globe. La diplomatie menée par l’ancien cabinet ministériel avait été mortifère pour la reconnaissance de la souveraineté impériale et aujourd’hui les états vautours s’accumulaient aux portes des frontières coloniales de Listonia. Bien évidemment, la réaction impériale fut celle d’un lion acculé et prêt à tout pour survivre. Lors d’un épisode historique, l’Empereur avait repris la main sur l’Empire mettant fin à une tradition constitutionnelle démocratique qui s’était pourtant installée en Métropole depuis quelques décennies. La nomination de Cortés était un signe évident de l’autoritarisme qui se mettait en place à Listonia, c’était un homme d’action qui ne craignait pas de se salir les mains, une personnalité respecté et à la poigne de fer. C’était exactement le genre d’homme qu’on mettait au pouvoir dans les situations extrêmes, un homme qui ne reculerait devant rien pour accomplir sa mission.

Malgré l’ascendance prestigieuse du Gouverneur o Prefeito, son attitude avait été vécue comme une trahison par l’Empereur, c’était o Prefeito qui forçait aujourd’hui Listonia à jouer à un jeu dangereux avec des puissances étrangères. Le pouvoir métropolitain ne pardonnerait certainement pas facilement cette faute tandis que la réputation du Gouverneur chutait en flèche au sein de l’aristocratie listonienne. La situation complexe autour de la Peninsula de Sotavento était la seule raison qui maintenait encore o Prefeito à son poste de Gouverneur Impérial du Shibh Jazirat Alriyh. Si l’Afarée Listonienne dépendait grandement de la Métropole pour son ravitaillement, cette dernière avait aussi une forme de dépendance envers les énergies fossiles en provenance des colonies. C’était donc une affaire double, un conflit d’égo et une affaire de survie économique du vieux-continent.

Cortés observait d’un regard froid l’accueil qu’on lui faisait. Il faut dire qu’il n’avait pas été prévenu de la présence des représentants du Syndikaali et de la Sororité. Cortés devinait sans peine que c’était encore une provocation dont o Prefeito était à l’initiative, il était furieux et il bouillonnait intérieurement. Mais Cortés était de ces hommes capables de ne rien laisser paraitre même dans les pires situations. C’était un homme au physique puissant et au charisme impressionnant qui laissait toujours une trace dans la mémoire de ceux qu’il rencontrait, il n’était pas dénué de charme, bien au contraire, mais c’était le genre d’homme qui évoquait deux choses, une étrange fascination ou une crainte silencieuse envers ce dont il était capable. C’était le mâle dans toute sa splendeur masculiniste, à l’allure fière mais à l’œil méprisant. Après un silence suffisamment long pour instaurer un malaise général, il rompit son mutisme tandis qu’on lui présentait les deux ambassadrices. « Je vois que Shati Alqahwa accueille plus d’étrangers que nous le pensions. Très bien, abrégeons ce protocole qui nous fait perdre notre temps. »

Sans même prendre plus de temps pour discuter, il entra dans la résidence en premier comme s’il se sentait chez lui. Cette-fois-ci il avait l’intention de prendre la main sur cette affaire, il ne comptait plus se laisser diriger par les complots de o Prefeito. Dans le salon qui donnait sur les jardins, une table avait été dressée par accueillir les dignitaires, Cortés s’installa sur le siège qui lui semblait être celui de o Prefeito puis croisant les bras, il annonça d’une voix forte. « Je vous écoute. »
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Derrière ces monstres froids que semblaient être les diplomates se cachaient toujours bel et bien des hommes et le Général Cortés avait beau s’imposer aisément de par son physique et ses manières, dans cette négociation il n’en partait pas moins en infériorité numérique. O Prefeito donnait l'air de jouer les arbitres entre deux mondes en tension, personne n’était dupe : pour le Gouverneur, l’Empire Listonien ne représentait désormais qu’une promesse d'avenir faite d’emmerdes politiques et judiciaires. D’autant que probablement on ne l’aurait pas laissé en poste bien longtemps, or il aimait l’Afarée, ses chaleurs lourdes et ses odeurs musquées. A choisir, il préférait encore s’embarquer et devenir aventurier avec sa capitaine pharoise que de rentrer en métropole où ne l’attendait qu’une geôle.

Dans le patio, il se laissa faucher son siège sans mot dire et prit celui directement à droite du Général, faisant légèrement craquer le bois d’osier en s’assaillant. L’endroit sentait bon les fleurs et l’ombre de la vigne laissait passer ici et là des points de soleil qui faisaient comme des tâches sur le visage des invités.

O Prefeito : « Mon général, capitaine Suoma, qari Malha ik Kebur, qari d'Asefsaf, si je vous ai invité à cette rencontre c’est qu’il nous faut régler le sort de cette province, avant qu’il ne se règle pour nous. »

Il se caresse doucement la barbe, laissant penser qu’il improvise un discours répété inlassablement dans sa tête depuis la veille.

O Prefeito : « Général Cortés, parce que c’est à l’Empire que va en premier lieu ma loyauté, je commencerai par m’adresser à vous. Entre la métropole et ses territoires d’Outre-mer, un cordon s’est rompu. De Port-Hafen à Jadida en passant par le Pontarbello, personne ne niera que certains de mes homologues gouverneurs sont allé excessivement loin dans leur volonté de rupture. Le Shibh Jazirat Alriyh s’est montré plus raisonnable, je gage, et cela grâce à l’action coordonnée de nombreux facteurs auxquels s'ajoute mon indéfectible loyauté envers la Listonie : soutien économique Pharois, intégration politique Althaljir. Sans ces aides précieuses, je n’aurai pu tenir la population affamée et révoltée sans faire couler des torrents de sang. »

Il observe Suoma et les qari.

O Prefeito : « Cette dette nous engage. »

Il revient au Général.

O Prefeito : « Comme le passé également. Notre province est aujourd’hui un territoire disputé mais je la vois avant tout comme un pont entre les peuples et les cultures. Un pont pour tenir ne peut se reposer sur un unique pilier, il lui en faut au moins deux, un de chaque côté et peut-être un troisième que je vois en la présence de nos amis Pharois qui sont le liant de nos deux nations : listonienne et althaljir. Ce pont je me propose de le construire avec vous, dans le respect des intérêts de chacun, sans oublier celui du Shibh Jazirat Alriyh et de sa population. »

Il laisse passer un temps, prend le temps d’observer chaque protagoniste.

O Prefeito : « Le Shibh Jazirat Alriyh doit accéder à l’indépendance pour renouer ensuite avec ses amitiés. Une indépendance qui par des traités protectionnistes permettra à chacun de ne pas perdre grand-chose et de gagner beaucoup.

Mon général, en échange de ce geste politique, les compagnie listoniennes se verront accordées un monopole d’Etat sur les exploitations d’hydrocarbures et pétrolières de la région. Ainsi, non soumises à la concurrence, l’Empire gardera un accès privilégié aux précieuses ressources dont il a tant besoin. A cela j’ajoute que la province ne coupera pas ses liens avec la Listonie, son drapeau apparaitra sur le nôtre, au nom de l’histoire et de notre amitié, de plus l’Empereur restera notre Empereur et malgré l’indépendance son rôle de représentation diplomatique lui sera préservé. Il bénéficiera des honneurs et sera le bienvenue chez lui, ici en Shibh Jazirat Alriyh. Enfin en preuve de bonne foi je m’engage personnellement à ne pas rejoindre l’arc des ex-colonies listoniennes qui semble se former sous la tutelle de Port-Hafen et plus généralement à n’engager aucune action politique hostile envers la Listonie.

Mesdames les qari, le Shibh Jazirat Alriyh se placera sous la protection militaire de la Sublime Althalj, permettant ainsi à l’Empire de mobiliser ses forces sur d’autres front plus chauds. Nous garderons le contrôle sur notre police et la Guarda Colonial reste en place mais l'assurance de notre souveraineté vous revient, mesdames. En échange de cette protection, les barrières douanières seront abolie et la liberté de circulation garantie.

Enfin, pour nos amis du Syndikaali, leur enclave leur sera accordée ad vitam æternam de sorte qu’un port leur soit toujours ouvert en Afarée.

Quant au Shibh Jazirat Alriyh, il accède à la souveraineté politique et territoriale, ainsi ses intérêts et ceux de son peuple seront préservés. La décision de ses lois et la gestion de ses affaires internes reviendront à la responsabilité du Palais. »

Il esquisse une ombre de sourire, ou bien est-ce juste celle des fleurs qui bougent sur son visage ?

O Prefeito : « Ainsi mettons nous fin à la ruine qui vient, et nous engageons nous sur le chemin de la postérité. »
La qari Malha Ik Kebur observait, écoutait, observait encore.

Il n'était pas encore l'heure de réagir. Il était important que le Général Cortès expose clairement les attentes de l'Empire Listonien...

Elle restait, tout comme les personnes présentes, lucide quant à la situation.
L'Empire ne voulait pas se séparer de la colonie. Elle ne pouvait entrevoir l'extinction de son pouvoir en dehors de la métropole sans que cela ne nuise à ses intérêts impériaux et aussi vis à vis des attentes de ses citoyens en Eurysie. Ces derniers avaient toujours eu un égard tout relatif, mais la "décolonisation galopante" était une pilule difficile à avaler, irritant les égos et fiertés nationalistes... impérialistes.

Il y avait un tournant indubitable qui se jouait à travers les territoires et ex-territoires Listoniens toutefois et le Général Cortès donnerait le "la" malgré le discours clair et convenant du gouverneur.

Les muscles bandés, les militaires de métropole sous la coupe du Général, avaient orchestré une arrivée théâtrale pour diverses raisons.
Celle de la proximité du Shibh Jazirat Alriyh avec l'Althalj en faisait partie. Le fait de mentionner l'Althalj comme garant de la sécurité territoriale pouvait froisser le Général, mais la raison pouvait l'emporter sur le coeur, l'Empire ne disposant, à terme, peut être pas des moyens de subvenir, en cette période de crise interne, aux besoins de l'ensemble des territoires par delà les océans.
Cortés n’était pas dupe, il voyait clair dans le jeu d’O Prefeito et de ses nouveaux amis. Seul autour d’une table qui tentait majoritairement de le convaincre, il commençait à sentir le poids de la responsabilité qui lui incombait. L’Empire ne pouvait pas décemment s’incliner en Afarée, les répercutions étaient trop importantes pour qu’il ne se laisse avoir par un élan de bienveillance. La situation était affreusement complexe, bien plus que ce que ne voulait le faire croire les dignitaires présents à cette rencontre. Il savait qu’à la moindre concession, la plupart des colonies impériales tenteraient leur chance à ce petit jeu. La Peninsula de Sotavento allait devenir un exemple, c’était une certitude pour le Général, il lui restait encore à définir le type d’exemple que cela devait être. S’il avait les moyens de réduire à néant l’opposition armée, peut-être même de mettre fin à tout espoir d’indépendance, il savait pertinemment que les retombées sur le long-terme seraient néfastes. C’était un homme de conviction, il ne craignait pas pour sa carrière ou sa vie mais pour l’image de l’Empire auquel il croyait si profondément. La difficulté pour lui était donc de reprendre l’avantage dans les négociations, c’était malgré tout un homme raisonnable qui était capable d’une certaine lucidité.

Après un nouveau silence, il s’autorisa à reprendre la parole. « J’imagine que selon-vous, c’est une offre généreuse. Toutefois n’oublions pas que la couronne est chez elle dans la péninsule et que nous ne comptons pas abandonner nos sujets de sitôt. J’entends depuis quelques semaines, que nous aurions abandonné le Shibh Jazirat Alriyh, pourtant votre présence ici-même est censé être celle de l’Empereur lui-même et c’était votre fonction de maintenir cette région en l’état. Mais vous avez raison, je regrette que nous n’ayons pas été suffisamment présent pour pouvoir surveiller vos étranges fréquentations. » Dit-il tout en lançant un regard noir à la représentante pharoise.

« Très bien, je prends acte de vos revendications, parlez-vous aussi au nom de nos voisines ? » Annonça-t-il en détaillant d’un œil inquisiteur la représentante de l’Althalj. « Si tel est le cas, je vais maintenir vous dire l’opinion de notre Empereur sur l’avenir de la Peninsula de Sotavento. » Déclarait-il l’air solennel. « La péninsule est listonienne, cela ne changera pas. Les habitants de la région sont les sujets de Sa Majesté pour le meilleur ou pour le pire. Nous comprenons toutefois l’intérêt économique que représente une ouverture régionale pour le Shibh Jazirat Alriyh, nous sommes prêts à accéder à des réformes locales afin de concrétiser ce projet. D’ailleurs nous pouvons même accepter une forme d’autonomie relative pour la région avec un parlement régional, néanmoins c’est l’Empire qui aura la prérogative de la défense de la province comme c’est déjà le cas depuis des siècles. Quant à Monsieur O Prefeito, il est et restera un serviteur de l’Empereur. »
La qari Malha Ik Kebur se tourna vers ses assistantes, deux qqaris d'Asefsaf, puis vers le gouverneur et, sans intérêt de faire de la politesse, parla en Alth, l'espace d'une seule phrase. Le gouverneur aura compris sa signification et qu'importe si le général ou la capitaine comprenait.


C'est qui ce type ?


L'oeil torve, elle s'adressa au général Cortès directement cette fois-ci en Listonien avec quelques accents Fortunéens.


Général... où est l'ambassadeur de l'Empire Listonien ? Le réprésentant civil de Listonia ?


Elle secoua la tête comme sidérée de l'approche cavalière du militaire.


Pour le meilleur et pour le pire...

Le pire, général, voilà ce qui résume bien la situation à laquelle a été confrontée et semble toujours l'être la population de la Péninsule.
Listonia fait face à une crise sans précédent du fait de nombreuses années de mauvais choix ; la faillite du pays, l'essoufflement politique, l'usure sociale, la scission sans négociation avec la métropole de ses territoires outre-océans.
La Péninsule fait alors face à l'arrêt complet des transferts de marchandises, des vivres et fonds essentiels à la survie... la survie de près de 100 000 sujets.
Dés lors, le Gouverneur O Prefeito fait preuve d'une compétence extraordinaire et compose avec ce qui reste d'un territoire acculé entre l'océan d'un côté et le désert du Sahra' de l'autre. Il réussit à nourrir la population, il fait en sorte que la piraterie ou le banditisme ne s'installe pas ou que la révolte ne l'emporte. Le Gouverneur, propriété de l'Empereur, sauve ce qui peut l'être ; Shati Alqahwa tient le coup.

Et tandis que la métropole s'agite, le Gouverneur attend cet avion de la métropole qui apportera des conseillers, des délégués, des aides afin de garder le cordon ombilical Impériale intact.
Voilà 9 mois, presqu'une année complète que Listonia a sciemment rompu avec le Shibh Jazirat Alriyh. Et avec fierté l'Empire n'envoie pas de l'aide, une représentation civile, des médicaments ou des assurances et condoléances, elle envoie... son armée, chanter dans les rues, fusils mitrailleurs armés et prêts à tirer si d'ordinaire les sujets se voyaient se plaindre de l'abandon Impériale.


Elle n'avait pas fini. La conversation n'allait peut être pas dans le sens que certaines ou certains l'escomptaient... ou peut être que... elle continua.


Alors on soulignera l'ingérence sous couvert de bienveillance.
Sans l'intervention du Pharois Syndikaali, sans le soutien de l'Althalj, la Péninsule aurait été une autre Leptis ou Azili fi Alriyh.

La débâcle de Listonia, transformée en démonstration de force aux frontières de l'Althalj. Voilà deux siècles que la région n'a pas vu un tel déploiement naval, c'est tout simplement inadmissible.
Votre intervention présage d'ors et déjà une instabilité et un mal-être qui n'ont tous deux plus leur place dans l'Afarée de l'Ouest.

La présence de tiers parties à cette table n'est pas pour faire bonne figuration.
Les suggestions que vous apportez ne sont aucunement rassurantes, ne prenant pas en compte le contexte Jazirati.

Général Cortès, votre mission est de véhiculée la parole de l'Empereur.
Ma mission est d'apportée celle des Tamurt n Althalj, aussi musclée que celle que vous venez de nous exposer.

Veuillez reconsidérer les dires du Gouverneur O Prefeito.
Assis sur sa chaise en osier, le visage dissimulé derrière son impeccable barbe taillée dans le plus pur style colonial listonien, Paolo o Prefeito ne laissait rien percevoir de ce qu’il pouvait penser. Il n’était peut-être pas de nature totalement machiavélique et calculatrice, et il vivait à Listonia des monstres bien plus froids que lui qui préférait lézarder au soleil de l’Afarée en lisant des romans, mais élevé dans l’habitus de la vieille noblesse métropolitaine, chez ces gens là on n’exprimait guère ses émotions et en tout instant il lui était aisé de paraitre calme et mesuré, tout simplement parce qu’il avait vécu une vie de calme et de mesure.

Il accueillit les mots du Général sans sourciller, puis ceux des représentantes de l’Althalj également, esquissant seulement un instant à regard vers la Capitaine Suoma qui paraissait ne pas vouloir se mêler à la discussion. Le Pharois était l’allié de tous les camps, cette lâcheté était parfaitement stratégique.

Les qari avaient fini de s’exprimer et o Prefeito enchaîna tout de suite, coupant l’herbe sous le pied du feu de brousse que risquait de provoquer le Général Cortés s’il lui prenait d’accueillir les déclarations des diplomates de l’Althalj comme une provocation.

O Prefeito : « A n’en point douter, des torts sont partagés. » reconnu avec prudence le Gouverneur. « Et je gage que dans la mesure des problèmes qu’il avait à affronter, chacun ici a su faire de son mieux, avec les moyens dont il dispose. »

Manière élégante de ne pas trop se mouiller. Si l’Althalj souhaitait prendre quelques coups à sa place, le Gouverneur n'était pas hostile à l'idée. Les qari jouaient assurément moins gros que lui.

O Prefeito : « Peut-être toutefois, en ma qualité de tiers dans cette négociation entre grandes puissantes, puis-je être force de proposition. Car enfin les conditions de l’Empire, pour légitimes qu’elles soient, au prix de quelques nuances pourraient tout à fait s’ajuster à celles de nos amies de l’Althalj. »

Il se passa négligemment la main dans la barbe, faussement réfléchi.

O Prefeito : « Listonia, à cette heure, traverse une crise de légitimité. Si celle-ci nous semble exceptionnelle à bien des égards, elle ne l’est guère en vérité. Notre glorieux Empire fut autrefois défait par les forces de Fortuna, n’en est-il pas toujours debout et vif ? Ce que peut-être la métropole perçoit comme un risque majeur pour sa survie, Général Cortés, n’est en fait qu’une péripétie de l’histoire qui nous rendra plus forts en nous forçant à évoluer. »

Il marqua une pause, le temps de tremper ses lèvres dans un verre d’eau pétillante, puis reprit.

O Prefeito : « L’exemple Norstalkien pourrait nous servir de tuteur. Ancienne puissance coloniale, plutôt que la sécession franche comme nous assistons aujourd’hui tragiquement au Pontarbello et à Jadida, il a choisi la voie du commonwealth et entretient désormais une proximité diplomatiques très concrète avec ses anciennes provinces. »

Il s’en alla chercher le regard du Général.

O Prefeito : « N’est-il pas temps pour Listonia de se forger son propre commonwealth ? Et actant, comme l’ont fort justement souligné mesdames les qari, qu’elle ne peut tenir par la seule force des territoires en défiance, bâtir un nouveau pacte qui resserrera nos liens sur une base de lois curatives ?

Citoyen de l’Empire, je le suis, et jamais il ne m’a traversé l’esprit de renoncer à cet honneur. Et les habitants du Shibh Jazirat Alriyh également, à n’en pas douter. Nous sommes ici entre alliés, Listonie, Althalj et Pharois. Pourquoi agir comme des ennemis ? A chacun sa tâche, sachons déléguer. L’Empire ne peut à lui seul assurer et la sécurité et la prospérité de la région, mais il peut lui garantir son patronage et en devenir garant. Le Pharois n’est pas d’ici, mais son commerce irrigue nos marchés et assure que chacun ait du pain. L’Althalj règne sur ces terres, ses missiles et ses troupes sont le bouclier qui nous protège du reste du monde.

Nos forces sont complémentaires et les faiblesses des uns, à l’alliance des autres se coagulent pour empêcher les hémorragies. Tirons en partie, je vous en prie. »


Et contre toute attente, la pharoise leva une main pour prendre la parole.

Capitaine Suoma : « Lors de l'indépendance d'Albigärk, l'affaire a su être réglée en bonne intelligence et désormais, listoniens et pharois cohabitent. Nos pays se sont rapprochés, nos passeports ont fusionnés pour certains et l'Empire est le bienvenue dans les eaux du nord, alors que celles-ci auraient pu lui être fermée si nos deux pays avaient moins élégamment su négocier cette crise qui nous opposait. Le Shibh Jazirat Alriyh pourrait être cette nouvelle Albigärk d'Afarée et bâtir un pont entre trois nations que tout semble sans doute éloigner, mais qui peuvent se rapprocher également, si elles s'en donnent les moyens. Listonia peut se faire une alliée en l'Althalj, ou une farouche ennemie, qu'y a-t-il à perdre à choisir la voix du compromis ? »
D’un œil acéré, Cortés écoutait les différentes interventions, caressant avec nonchalance sa barbe tandis qu’il observait fixement les représentantes de l’Althalj. L’homme semblait cette-fois-ci prendre la mesure de l’agacement qu’il générait chez les jeunes femmes, après-tout il était la représentation même de tout ce qui opposait l’Althalj. « Soyez certaine qu’un avion est d’ores et déjà en route avec du ravitaillement et du personnel qualifié. Ne sous-estimez pas la bonne volonté de la Couronne envers la péninsule. » Réagissait-il aux propos qui s’insurgeaient d’une absence de ravitaillement humanitaire, ignorant volontairement les menaces à peine voilées de la qari Malha Ik Kebur. Puis se tournant vers la représentante du Syndikalii « C’est justement la propension de nos colonies à se désolidariser de la Couronne au contact du Pharois qui commence à rendre nos relations difficiles, Madame. J’ai un message pour votre gouvernement, nous sommes conscients de l’intérêt que vous avez à conserver une bonne entente avec Listonia, vos enclaves sur nos terres sont une pièce maitresse de la géostratégie intercontinentale du Syndikalii, nous ne sommes pas aveugles, soyez-en certaine. Dites-donc aux autorités de Pharot que si elles veulent conserver notre bonne opinion, il est désormais le moment de se comporter en alliés et non en déstabilisateurs. » Sans perdre un instant, Cortés se leva de son siège subitement et tandis qu’il faisait les cent pas autour de la table, il continuait son discours. « Très bien, j’entends vos appels et le zèle de nos voisines. Je n’aurais qu’une proposition pour vous, voyez-y la preuve de ma volonté de conciliation dans l’intérêt du peuple. Tout d’abord, la péninsule est listonienne et nous ne tolérerons aucune ingérence militaire, le cas contraire invitant à une réponse sans précédent de la puissance listonienne. Si nous ne concéderons en aucun cas l’indépendance, nous envisageons la création d’un statut spécial que nous souhaitons à l’avenir étendre à quelques-unes de nos provinces les plus isolées. Le Shibh Jazirat Alriyh peut devenir l’exemple-même de cet avenir que nous préparons pour l’Empire dans son ensemble. Nous proposons l’établissement du statut spécial de « territoire autonome » sous la juridiction impériale, ceci impliquera : la destitution du gouverneur au profit d’un gouvernement local démocrate, la création d’un parlement régional et d’un corpus de lois locales respectueuses des traditions locales. Bien sûr, ce nouveau gouvernement disposera d’une garde civile et d’une compétence policière propre à son pouvoir territorial. Néanmoins la péninsule accueillera une garnison impériale permanente ainsi qu’un port militaire, l’Empereur restera le chef de l’état auquel le futur premier ministre local devra allégeance. Les activités économiques de la métropole dans la région ne doivent pas être chamboulées et nous souhaitons mettre en place une devise monétaire spécifique à la région sous la supervision de la banque impériale. Un pacte économico-commercial sera mis en place au profit d’une plus grande collaboration économique et culturelle locale avec l’Althalj ouvrant ainsi une forme de zone régionale de libre-échange. C’est déjà une grande avancée pour la péninsule ! »
Le silence, qui suivit, permit d'apprécier l'exceptionnel de cette villa et de son jardin.

La qari Malha Ik Kebur tiqua néanmoins lorsqu'elle entendit au loin l'hélicoptère qui devait tournoyer en attendant l'ordre de véhiculer ou d'évacuer.
La ville devait retenir son souffle depuis l'arrivée des métropolitains et c'est avec une patience et sagesse légendaire que la population faisait preuve de retenue.

Le général était un homme intelligent et il ne dévoilait pas immédiatement la conclusion ou le scénario acceptable et autorisé par l'Empereur Philipe Ongro III. Les enjeux et les pressions avaient atteint un paroxysme qui mettaient une puissance majeure d'Eurysie dans une position impossible diplomatiquement. En effet, le sacrifice des territoires outre-métropole "sur la partie l'Ouest" du globe devait être un crève coeur pour le nationalisme Listonien et il aurait été impensable de délaisser l'Afarée sous l'emprise des influences directes comme ce fut le cas à l'Ouest par l'Alguarena ou du Pharois Syndikaali.

Qu'est-il possible donc pour le Shibh Jazirat Alriyh ?

Le général Cortès adressa une réponse qui ajouta quelques réflexions et peut être désamorça une première approche inflexible et militaire.

La qari prit une fois de plus la parole devant la réflexion du Gouverneur O Prefeito.



Si vous le permettez cher confrère.


Elle se tourna donc vers le général une fois de plus. Elle n'adressa pas le même ton qu'à la fin de la dernière intervention néanmoins, du fait de premier compromis avancé par celui-ci.


Général Cortès,

Je souhaite prendre une perspective locale sur les propositions que vous avancez.
Le statut spécial permettrait une part plus importante de l'autonomie législative et décisionnelle de la Péninsule. Ce statut a de surcroît déjà été mis en place afin d'assurer sa survie, mais soit, mettons que cette concession impériale permettrait à la Péninsule d'adapter la législation centralisée aux contraintes locales.
Il apparaît évident qu'une structure démocratique aura tout loisir de décider d'élire son représentant, et cela doit alors inclure tout politicien Listonien compétent.


Sans perdre du regard le général faisant les cent pas, sa main désigna le gouverneur à sa gauche pour reprendre avec sérieux.


Il faudra bien pondérer le fait que toute proposition doit être reçue et perçue, avec la volonté démocratique qui est avancée, comme un changement bénéfique sur l'avenir de la Péninsule, du quotidien et futur de ses habitants. Si le système proposé n'arbore que de maigres lots de subsistances politiques, une réaffirmation d'un statut d'autonomie déjà acquis au cours de ces derniers mois... années à dire vrai... cette réaffirmation n'aura pas d'acceptation locale et la situation ne saura se détériorer que davantage.


La proposition monétaire et économique est intéressante. Une devise propre est un élément clé de l'autonomie économique. Il est toutefois nécessaire de spécifier l'objectif immédiat et la relation avec la Banque Impériale. Une devise contrôlée par Listonia... n'est aucunement un véhicule d'autonomie octroyé aux Jazirati. L'adaptation des droits de douane, la possibilité de créer un nouveau pacte économique et culturel sont autant de points qui se doivent d'être explorés avec plus amples détails, néanmoins ils semblent être positifs et à l'écoute de la Péninsule. Le problème toutefois est qu'ils sont peu visibles au regard des populations de Shati Alqahwa, car ils ont d'ors et déjà été instaurés lors de la période... de "laisser faire" métropolitaine.
Préserver les échanges économiques vitaux entre la métropole et la Péninsule sur certaines matières premières paraît être un aspect vital de bonne entente et de collaboration et contribution économique et sociale, ceci est tout à fait acceptable et pragmatique.

La présence d'une garde policière spéciale et militaire métropolitaine permanente ? Pourquoi pas, mais cela ne diffère guère de la situation actuelle, n'est ce pas ? Ainsi qu'est ce que cela signifie s'il vous plaît ?


Elle regarda dans la direction de la Guarda Colonial un instant comme surprise par une telle proposition. La qari n'était pas dupe, mais elle jouait le jeu du général.


Je souhaite revenir tout particulièrement sur un point qui est et reste l'écharde impériale.

Les compromis et propositions ci dessus semblent circonscrire et brimer une population qui voit en son Gouverneur un dirigeant à l'écoute et dont la compétence réelle aura vexé Listonia.


La qari était consciente de la difficulté des mots, mais il n'était point l'heure de laisser les négociations se transformer en autosatisfaction d'instauration d'un écran de fumée.


Autonomie législative... oui, c'est toutefois déjà acquis.
Autonomie économique... oui, mais sous contrôle direct de Listonia pour l'aspect monétaire. A quoi bon cette initiative ?
Sauf si ces deux propositions permettent une situation transitoire permettant une aspiration à terme.


Elle pausa.


Celle de la Péninsule de disposer d'elle-même.


Faire partie d'une nouvelle structure internationale régie culturellement et économiquement par Listonia est certes une avancée face à la tendance actuelle des anciens comptoirs Eurysiens à juste vouloir rompre entièrement avec l'Eurysie Occidentale. Elle permet une transition et un apaisement dés lors qu'une fenêtre peut être ouverte à terme vers les aspirations locales.
Est ce que la Péninsule décidera de quitter l'Empereur ? Pas forcément, car Shati Alqahwa l'a déjà prouvé par son approche diplomatique et consensuelle, menée par le Gouverneur. Elle cherche une approbation de ce besoin de changement.

Mutiler le décisionnel de la Péninsule et vous n'obtiendrez aucune satisfaction.
Jusqu’alors restée relativement silencieuse et souriante, telle une merveilleuse plante verte, ou plutôt un lierre accroché au Gouverneur à qui elle rendait le moindre regard, la Capitaine Suoma s’agita légèrement aux paroles du Général Cortés, accusant le Syndikaali de rien de moins que de trahison.

- Une accusation peu sérieuse que nous prenons au sérieux, général. Moins que notre présence, c’est l’absence de la Listonie qui a conduit certaines peuples – pas tous, notez-le – à choisir la voie de l’auto-détermination. J’aimerais que nous ayons vraiment cette influence que vous nous prêtez, malheureusement la réalité est aussi simple que brutale : nous n'avons rien fait d'autre que venir en aide à des citoyens en pleine déshérence. Si une fois le ventre plein, ceux-ci ont choisi l'indépendance, aurait-il fallu les laisser mourir de faim au nom de la souveraineté nationale de l'Empire ? Notre loyauté va aux individus avant d’aller aux nations et lorsque les Listoniens ont été en difficulté, nous avons répondu présent, voilà tout. Que la Couronne de Listonia en appelle à notre amitié et nous nous placerons à ses côtés de la manière à vous faire démonstration de notre bonne disposition et d'honorer notre alliance, mais pour l’heure, je vous vois surtout refuser les mains tendues et face à cela, nous sommes parfaitement impuissants.

Elle secoua la tête d’un air sincèrement navré.

- Si vous désirez un conseil, en véritable amie, le Shibh Jazirat Alriyh n’est pas une province perdue. La preuve en est cette réunion et la bonne volonté de monsieur O Prefeito. A moins que vous ne provoquiez l'escalade, nulle armée ne menace ces terres pour le moment. Plus inquiétante est la situation du Pontarbello qui, pour sa part, tomba sans concertation et sans désir populaire. Un fruit pourri pend toujours à la branche de l’Empire, gare à ce qu’il ne contamine pas le reste de l'arbre.
Cette-fois-ci Cortès se tenait droit comme un piquet, balayant l’assemblée d’un œil mauvais. Il se pencha légèrement sur la table s’appuyant sur ses poings tandis qu’il observait toujours les deux jeunes femmes et le Gouverneur. « Je crois que vous ne semblez pas comprendre la situation. La péninsule nous appartient, vos bons conseils et vos certitudes quant à l’autonomie d’ores et déjà de mise dans la région, n’exercent aucune influence sur le déroulement de nos opérations. Votre présence elle-même est illégale et seule ma bonne volonté aura permis cette rencontre et les concessions que je vous propose. L’Empire est le seul souverain de la péninsule et les affaires de la population locale sont nos affaires. » Il y avait l’ombre d’une menace dans la façon dont il parlait désormais. « Et tout ceux qui disent le contraire seront considérés comme des rebelles, ils feront alors face aux conséquences que cela implique. » Un silence de plomb s’abattit de nouveau dans la pièce avant que le Général ne se décide finalement à le rompre. « Nous sommes de retour avec un solide projet pour Sotavento, l’avenir est en marche. Celui-ci se réalisera avec vous ou sans vous. Mais la récréation est terminée, vous allez désormais devoir rendre des comptes à la Couronne. » Il se détourna des diplomates marchant vers la baie vitrée d’où il pouvait observer les jardins de la propriété. « S’il le faut, nous traiterons avec d’autres représentants. Vous n’êtes pas irremplaçables, je suis certain que les Kénètes et les Fortunéens seront ravi de recevoir nos propositions pour la région. » À l’extérieur, les commandos listoniens s’excitaient de plus en plus, le vrombissement des hélicoptères qui survolaient désormais la propriété participait à la montée des tensions entre les impériaux et les gardes coloniaux à la solde du Gouverneur. Au loin, il était possible d’entendre les chants des marins listoniens qui prenaient activement le contrôle de la zone portuaire.
Lorsque les discussions prennent des tournures qui incommodent, l'Homme se braque.

Montrer les dents, exposer ses galons, bander ses muscles et gonfler la poitrine, le genre masculin avait des millénaires de pratique de cette approche primaire, laissant l'instinct agressif prendre le dessus afin de restituer sa présence, l'image véhiculée souhaitée et briser la situation qui accule et diminue.
Voilà un réflexe de l'Homme qui était considéré culturellement comme acceptable en Eurysie, une manière de la diplomatie musclée, par la force et l'invective.
Est ce que la Femme différait de cette approche ? Peut être que ce n'est pas le cas de manière générale, car la montée de stress est indéniable, toutefois contrôlable, mais bien naturellement présente et engendre des réactions convergentes, quelques soient les genres. Il advient que la société accepte plus ou moins le fait de hausser le ton, une humiliation au Nazum à un acte inconsidérable en Eurysie, et il faut bien le dire, les femmes imitent les hommes et vice versa dans une culture locale, régionale, nationale, continentale etc.

Qu'importe vraiment la portée du haussement de ton.
Qu'importent les mots choisis sous pression.
Qu'importe le langage corporel martial.

Ceux-ci peuvent être aussi du fait d'un manque d'expérience de cette situation où le militaire est mis dos au mur, et pourtant les soldates de la Force Matriarcale Ilâhmique ont toujours prôné un entrainement prenant en considération un déséquilibre probant des forces en leur défaveur ; du fait de la configuration nationale, des cultures Matriarcale ou Ilâhmique rejetées et de la voie de la Bienveillance, pacifiste.

La qari ne prit aucune pincette de bienséance face au rustre et soupira.
Elle fit un geste assez singulier pour la plupart des cultures d'Afarée et avec simplicité et élégamment enleva son châle pour le poser négligemment sur ses genoux. Ses longs cheveux se déversèrent sur ses épaules et sans volonté de séduire, le regard morne, elle ajouta en Listonien,



Um argumento para o poder...
Spoiler
Un argument d'autorité


Le fondamentalisme de Listonia fourvoie la lecture contextuelle et situationnelle.


La qari Malha Ik Kebur fixa le général un instant pour peser les mots. Sa main droite se tourna paume vers le haut, ses doigts se resserrant sur le pouce pour former une petite pyramide. Parlant doucement et de manière distincte,


Le Pharois Syndikaali est l'allié de l'Empire Colonial de Listonia.
La Capitaine Suoma rappelle avec droit l'alliance entre vos deux nations qui supplante les humeurs des unes et des autres.

Les Tamurt n Althalj rappelent, pour leur part, leur estime du peuple de l'Empire Colonial de Listonia et considèrent que la conjoncture du voisinage, à 6 000 kilomètres de la capitale impériale, dispose d'un impact notable sur la région, et donc sur l'Althalj.

La suffisance est certes un obstacle attendu par chaque parti d'une telle entrevue, mais nous souhaiterions tout de même revenir sur les questions qui peuvent paraître risibles si l'écoute est d'ors et déjà altérée par une posture de repentance métropolitaine.
Oui, ne mâchons pas nos mots, les propositions de l'Empereur sont un pas en avant pour le Shibh Jazirat Alriyh, toutefois votre venue en ces lieux permet de fait d'affiner la compréhension des enjeux et des attentes des sujets impériaux.

O mar é minha pátria
Spoiler
La mer est ma patrie

Nous comprenons la devise d'un Empire tourné vers l'océan. Nous comprenons cet attachement impériale qui subjugue toutes velléités nouvelles qui semblent rompre avec la tradition.
L'Althalj regarde toutefois vers le futur afin de permettre à la région d'Afarée de l'Ouest de bénéficier d'une soupe primordiale qui engendrera stabilité, prospérité et bonheur et non une explosion d'un bouillon de culture toxique.

Notre altruisme sera peut être la perte Althaljir, toutefois en attendant, la vraie question légitime et qui subsiste est la suivante :


Est ce que l'Empire Colonial de Listonia a écouté ses sujets de Shati Alqahwa et est prête à terme à laisser ceux-ci s'autodéterminer entièrement ?


Cortés observait la jeune femme avec insistance, les bras croisés dans le dos, il se tenait droit comme un piquet. Curieusement, il s’était calmé au fur et à mesure de la tirade de la qari, s’il avait été en colère quelques instants auparavant, cela ne se voyait désormais plus. Le Général semblait d’ailleurs se lasser de cette négociation improductive, une forme d’exaspération pouvait alors se lire sur son visage sévère. « Cet interrogatoire n’a aucun sens. Ce que vous voulez ne s’obtient pas aussi facilement et l’histoire en est témoin. La péninsule est listonienne, si la population est mécontente, nous recevrons ses doléances. Cet échange me fatigue, il n’en sortira rien de bon pour vous alors je vous conseille de me donner une raison de ne pas m’occuper de vos cas. » Cette fois-ci il se tenait près de la porte, un officier venait d’appeler l’hélicoptère de transport qui entamait son atterrissage.
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