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.arch | Elections à Peprolov (2008) - Page 2

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1er octobre 2008

A Pharot, devant le parvis du ministère des propriétés publiques et du Bien Commun, le Citoyen Ministre Killikki a été appelé par des journalistes à donner son avis sur les élections au Prodnov : « si le communisme veut un avenir, il doit être réformiste » a-t-il déclaré devant le parterre de caméras.

Une déclaration que Krasnov Leontiy Vyacheslavovich, la tête d'affiche du Parti Communiste Réformiste, a immédiatement interprété comme un soutien – ce que le Ministre Killikki n'a pas démenti. Un élément récurent de la rhétorique du PCR consiste en effet à se prévaloir de l'adoubement du puissant Parti Communiste Pharois, ce qui assurerait à Peprolov une aide politique et militaire bienvenue.

Ses concurrents ont pour leur part dénoncé une tentative d'ingérence et le Parti du Progrès, par la voix du Capitaine Ministre Mainio, s'est désolidarisé de l'attitude de Killikki, déplorant « un mélange des genres malvenue à l’heure où Peprolov est enfin en mesure de décider souverainement de son destin ». Le PCP s'est immédiatement fendu d'un communiqué dénonçant l'hypocrisie de Mainio, ainsi que celle du Parti Pirate dont le Parti du XXIème siècle est une émanation évidente.

Plus que jamais, l'influence du Syndikaali sur les élections peprovites semble un beau secret de polichinelle...
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06 octobre 2008

Un drame sordide qui vient entacher la bonne tenue des élections à la veille du grand débat entre les candidats Peprovites : Repin Viktor Denisovich, journaliste d’investigation et blogueur d’origine prodnovienne, exilé au Vogimska pour fuir la dictature et revenu couvrir en indépendant le processus de démocratisation de la République de Peprolov, a été abattu par balles ce matin à 8h15 alors qu’il sortait de son domicile.
Une hollastine noire aux vitres teintées d’après les témoins aurait remonté la rue que descendait Repin Viktor avant d’ouvrir le feu à sa hauteur. Une attaque très clairement ciblée contre le journaliste qui travaillait depuis plusieurs semaines sur des soupçons de financements opaques de certains partis en lice.

Difficile toutefois de savoir précisément quelles formations étaient visées, Repin Viktor travaillait en indépendant faute de grands journaux d’investigation bien établis à Peprolov pour le moment, et les différents candidats se renvoient la faute, accusant qui d’avoir favorisé son meurtre en tenant un discours pro-dictature et hostile à la liberté des médias, qui d’avoir voulu le faire taire pour ne pas révéler des financements venus de l’étranger.

Les affaires de Repin Viktor ont été saisies par la police et la fouille de son ordinateur pourra peut-être révéler de plus amples informations sur le commanditaire de cet acte barbare.

Pour l’heure, les partis pro-démocratie se sont unanimement prononcés pour saluer le courage du journaliste et rappeler l’importance de voir à Peprolov se développer rapidement une puissante presse critique du régime. Un processus qui tarde à prendre forme en raison des habitudes héritées du régime prodnovien et d’une relative inertie des journalistes face à l’incertitude des résultats électoraux.

Du côté des partis hostiles ou méfiants vis-à-vis de la liberté d’expression, le soutien est plus mitigé. L’un des élus du GMDO s’étant même fait remarquer en qualifiant en off Repin Viktor de « fouteur de merde » alors qu’il pensait son micro fermé.


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Repin Viktor Denisovich assis à son bureau.
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06 octobre 2008

Élections à Peprolov, comment expliquer la chute des candidats pro-démocratie ?

C’est un fait qui inquiète les observateurs : les deux partis en tête des sondages à l’heure actuelle, le Parti Républicain Communiste du Prodnov et le Prodnov Uni ! sont deux formations politiques critiques, sinon hostiles, à la forme de démocratie représentative actuellement mise en place dans la République de Peprolov. Une République qui pourrait bien être remplacée par un nouveau régime si ces formations politiques parvenaient à réunir derrière elle assez d’élus pour changer la constitution, à savoir plus de cinquante pourcents de la Sborka.
Un chiffre encore loin d’être atteint, le PRCP culminant dans ses meilleurs jours à une projection estimée de vingt-trois élus (l’élection se jouant à la proportionnelle, la Sborka compte cent sièges, vingt-trois pourcents des voix équivaut à vingt-trois sièges) mais qui pourrait advenir si une coalition se mettait en place.

Cela n’explique pas la brutale baisse du Parti Libéral Peprovite et, dans une moindre mesure, celle du Parti Communiste Réformiste, deux formations pro-démocratie dont la première était arrivée nettement en tête aux dernières élections avec vingt-quatre élus contre dix-neuf pour les Parti Républicain Communiste du Prodnov derrière elle. Aujourd’hui, les sondages estiment le PLP à dix-huit ou dix-neuf pourcents, soit une chute d’au moins quatre points.
Pour le PCR, l’explication assez unanimement partagée est d’imputer sa baisse dans les sondages à des déclarations malheureuses de son candidat, Krasnov Leontiy Vyacheslavovich, qui avait accusé le précédent régime de crime de guerre avant de se rétracter sous la pression de l’administration, implicitement accusée de complicité. Une erreur que Krasnov Leontiy cherche depuis à rattraper mais qui semble avoir durablement froissé l’électorat des fonctionnaires d’Etat, pourtant crucial aux partis de gauche.

De manière plus générale, l’échec de la précédente Sborka à donner un gouvernement à Peprolov semble avoir quelque peu dégoûté les électeurs de son modèle. Les Peprovites étant des néo-votants pour l’immense majorité d’entre eux – seuls les anciens cadres du Parti Communiste pouvaient jusque là se prononcer sur la ligne du Parti – c’est une expérience nouvelle, accueillie avec un certain scepticisme mêlé de curiosité.
Le résultat fut indiscutablement décevant, révélant la grande fracturation de la société au grand jour. Des dissensions qui ont inquiétés largement, beaucoup de citoyens craignant de voir naître une nouvelle guerre civile en découvrant que l’opinion publique peprovite était à ce point divisée sur les sujets de société. La démocratie, pensée comme un moyen de régler les tensions et contradictions internes à la société, a été perçue comme exhausteur de celles-ci.



Appelés pour la deuxième fois aux urnes en un an, les Peprovites sont donc largement plus méfiants que la fois précédente, d’autant que les sondages ne font toujours pas apparaître de majorité claire, loin de là. D’après une récente enquête d’opinion, seulement quarante pourcents des Peprovites interrogés auraient confiance dans la démocratie, une chute de douze points par rapport à la même enquête réalisée deux semaines avant l’élection de la première Sborka.

Selon cette même enquête, ils seraient seulement trente-deux pourcents à considérer la liberté d’expression comme une bonne chose et quarante-et-un pourcents ne se prononceraient pas. En revanche, les Peprovites sont soixante-sept pourcents à estimer que la fracturation du Prodnov fut une mauvaise chose et moins de vingt pourcents à ne pas avoir confiance en les politiciens.
Un rapport paradoxal à la politique, donc, qui se traduit autant par une méfiance vis-à-vis des institutions nouvelles que dans une certaine foi pour les dirigeants et le personnel politique. Des chiffres que les experts expliquent par le manque de culture démocratique au Prodnov et le fait que la mise en place d’un régime démocratique représentatif a été imposé « artificiellement » suite à la fracturation du pays, faute d’alternative. Contrairement à Staïglad, les Peprovites ne se sont pas soulevés contre le régime dictatorial ce qui peut permettre de comprendre un certain désintérêt pour des élections qu'ils n'ont pas réclamé. D’ailleurs le taux de participation semble lui aussi chuter de sept points par rapport aux précédentes élections où il s’était élevé à soixante-deux pourcents et est prévu à cinquante-cinq pourcents pour celles-ci.

Une situation qui pourrait toutefois se renverser à l’issue du premier débat qui aura lieux demain entre les candidats. Le principe même du débat d'idées et de la confrontation des différents programmes pourrait servir comme démonstration de l’utilité de maintenir une certaine forme de processus électoral et peut-être enthousiasmer les électeurs quant au fait de se prononcer sur leur avenir. Les candidats opposés à la démocraties devront certainement être capables de proposer une alternative, simplement dire « ce sera moi et plus rien d’autre pour les cinquante prochaines années » risque d’être difficile et de rebuter l’électorat, considérant la forte polarisation politique du pays pour le moment.
Un risque cependant demeure : celui de voir la soirée sabotée de l’intérieur, achevant sans doute de doucher les espoirs de ceux qui voyaient dans le débat d’idée une façon de régler les dissensus au sein de la société peprovite et décourageant les électeurs pro-démocratie de se rendre aux urnes face à un spectacle jugé affligeant et décrédibilisant pour le processus électoral.
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- « Et le jour tant attendu est enfin là ! D’ici quelques minutes commencera notre grand débat réunissant tous les chefs de partis pour l’élection de la Sborka peprovite, Yeleshev Zakharovich comment allez-vous ? »

- « Mais très bien et vous Polivanova Antonovna ? Très heureux d’être là avec vous ce soir pour cette soirée historique ! »

- « Historique c’est le mot Yeleshev Zakharovich. Le Prodnov et la République de Peprolov n’ont pas connu d’événement comparable depuis plusieurs décennies de dictature, c’est un véritable tournant qui s’opère ce soir et les enjeux sont cruciaux. »

- « Cruciaux en effet, car le scepticisme vis-à-vis de la démocratie reste très élevé au sein de la population, c’est donc aux candidats de prouver ce soir l’utilité du débat d’idée et de l’échange cordial pour décider de notre avenir ! »

- « Et oui ! Il faut dire qu'avec des sondages très serrés, l’avenir de Peprolov est complétement incertain et comme il est aujourd'hui presque assuré qu’aucune formation politique ne pourra bénéficier à elle seule de la majorité absolue à la Sborka, les rapports de force entre les différents partis vont déterminer à coup sûr les possibilités de coalitions qui en découleront ! Les forces communistes seront-elles suffisantes pour s’unir ? La droite dure parviendra-t-elle à s’allier autour d’un projet commun ? Les libéraux seront-ils assez nombreux pour prétendre au gouvernement ? Quels compromis seront nécessaires ? »

- « Vous voulez dire que tout cela pourrait bien basculer ce soir, selon la réception de l’opinion publique, et c’est un débat très suivi. »

- « C'est exactement ça ! Très suivi, d'ailleurs on attend plus de 800 000 spectateurs devant leurs postes de télévision rien qu’à Peprolov, c’est un nombre colossal quand on sait que la République possède un peu plus de deux millions d’habitants, c’est dire l’engouement autour de l’événement ! »

- « Ah c’est certain Polivanova Antonovna, si l’ONC devait choisir un moment pour nous attaquer, ce serait sûrement ce soir ! » *rire*

- *rire* « Ne parlons pas de malheur ! Oh mais il est 19h54 et déjà les premiers candidats entrent sur le plateau et voilà Krasnov Leontiy Vyacheslavovich, le leader du Parti Communiste Réformiste, suivi directement par Kurdin Viktor Savelievich, du Parti Libéral Peprovite, ils semblent échanger quelques mots… »

- « On n’entend pas d’ici mais cela semble cordial eeet voilà Kanalin Gavril Igorevich du Prodnov Uni ! qui lui est allé directement s’asseoir. Ah il prend quand même le temps de saluer le public, visiblement il y a des supporters dans les gradins. »

- « En fait chaque candidat a reçu l’autorisation de placer des membres de son parti derrière lui, pour éviter les déstabilisations en arrière-plan lorsqu’ils prennent la parole. Le reste du public est composé de gens choisis par la chaîne POV. »

- « Et oui Polivanova Antonovna et c’est à présent Krayevsky Lavr Yanovitch du Groupement militaire de Défense et d’Offense qui entre suivi immédiatement de Malyshev Alexei Stanislavovich pour le Parti Républicain Communiste du Prodnov et… oh mais il semble attendre Entsky Kvetoslav Vitalievich, du Parti Socialiste Peprovite, on dirait que celui-ci a du mal à se déplacer sans aide… »

- « Oui ça fait un peu de peine à voir, quel âge a Vitalievich, Yeleshev Zakharovich ? »

- « Attendez Polivanova Antonovna… 86, si mes fiches sont correctes ! » *rire* « Un âge avancé. »

- « Assurément Yeleshev Zakharovich, c’est généreux de la part de Stanislavovich de veiller à ce qu’il ne se fasse pas mal, en attendant il manque encore… »

- « Non les voilà, Alexandrov Rasim Vadimovich du Parti d’Union Peprovite, toujours aussi élégant, immédiatement suivi du dernier candidat Alexandrov Damir Valerianovich pour le Parti du XXIème siècle. »

- « C’est amusant qu’ils aient le même prénom, il ne faudra pas confondre Yeleshev Zakharovich… »

- « Ah je sais pourquoi vous me dites cela Polivanova Antonovna… ! » *rire*

- *rire* « Aux répétitions il s’est trompé pendant 20mn de candidat et ne comprenait plus du tout de quoi nous parlions ! » *rire*

- *rire* « Polivanova Antonovna vous êtes cruelle de révéler ça aux téléspectateurs ! Eeeet il est 19h58 maintenant, les candidas rejoignent leurs pupitres, encore deux minutes et la soirée pourra commencer, voilà notre présentateur Konovalov Abram Georgiy qui s’avance, il salue les candidats un par un… »

- « Certaines poignées de mains sont plus appuyées que d’autres… »

- « C’est vrai, mais ça ne veut pas dire grand-chose, tout le monde est libre de ses opinions après tout. »

- « Vous avez raison Yeleshev Zakharovich, ah il est 19h59, Georgiy se place au milieu des candidats, et c’est le moment de lui passer l’antenne, on se retrouve juste après pour le débrief ! »

- « A tout à l’heure ! »


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Il est 20h – le grand débat peprovite, c'est en direct sur POV, première chaîne d’information de la République de Peprolov.

Première partie : les institutions démocratiques et l’Etat de droit

Jingle.



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Konovalov Abram Georgiy, maître de cérémonie.


Georgiy : « Bonjour à tous et à toutes, bienvenue sur POV, la première chaîne d’information de la République de Peprolov, merci d’être là avec nous ce soir ! Je suis Konovalov Abram Georgiy et j’ai l’honneur d’être votre animateur – présentateur pour ce soir, à ma charge celle de porter la parole des électeurs, poser les questions que se posent les Peprovites, messieurs, ce sera pour moi un véritable plaisir d’être votre bourreau ce soir ! »

*rire de certains candidats et du public*

Georgiy : « Tous les chefs de partis ont bien voulu se prêter au jeu de la démocratie et du débat, pour cela merci à vous tous… »

*certains candidats hochent la tête ou disent « merci »*

Georgiy : « … Nous aborderons au cour de la soirée plusieurs thèmes mis en avant par l’opinion publique et qui appellent à des clarifications. Ces thèmes ont été tirés au sort pour leur ordre de passage, de même que vous, vous pourrez vous exprimer les uns après les autres sur chacun de ces sujets et échanger – avec politesse et cordialité, je compte sur vous ! » *clin d’œil*

*le public rit*

Georgiy : « Plus sérieusement mes amis, j’attends de vous un comportement exemplaire. N’oubliez pas que le monde nous observe, c’est une soirée historique, tâchons de nous montrer à la hauteur. Les thèmes abordés ce soir seront, dans l’ordre, la démocratie et l’Etat de droit, la situation géopolitique avec le Prodnov, les mœurs et la moralité les droits de l’homme, la présence albienne et les questions de sécurité et enfin l'économie, le modèle social et l’héritage du communisme, messieurs, comment allez-vous ? »

Igorevich (PU!) : « Bien merci Konovalov Georgiy. »

Stanislavovich (PRCP) : « Très bien je vous remercie. »

Vitalievich (PSP) : « Bien bien… »

Vadimovich (PUP) : « Merci de nous offrir cette opportunité de parler au monde Konovalov Georgiy. »

Georgiy : « Merci à vous, merci à vous. Bien ! Sans plus attendre, je vous propose de commencer la soirée avec le premier thème : la démocratie et l’Etat de droit, un sujet particulièrement épineux comme nos téléspectateurs le savent peut-être, qui divise. Le Prodnov n’a pas connu de démocratie depuis plus d’un siècle et la République de Peprolov a été instauré par les forces albiennes, un peu par défaut il faut le dire, mais elle est loin d’être acquise et d’aller de soi pour nos concitoyens. Peut-être les partis démocrates souhaiteront la défendre, ceux qui s’en méfient chercheront à nous convaincre de son inutilité, sans plus attendre laissons la parole à notre premier candidat : Kurdin Savelievich la parole est à vous ! »

Savelievich (PLP) : « Je vous remercie Konovalov Georgiy. J’aimerai commencer par exprimer devant tous les spectateur le plaisir que j’ai à participer à un processus électoral que je n’ai eu de cesse d’appeler de mes vœux. Ceux qui me connaissent savent que je suis un militant de la démocratie, un militant du débat d’idée et qu’à ce titre, je défends l’importance de préserver et de renforcer toutes les institutions démocraties peprovites qui sont, selon moi, la garantie de la stabilité et de la modernité de notre nation.

Au regard de l’histoire, une observation froide des faits veut que les nations modernes et développées soient des nations démocratiques. Il suffit aujourd’hui de regarder les plus puissants pays et l’évidence saute aux yeux : tous sont des démocraties libérales plus ou moins poussées, avec des institutions garantissant l’Etat de droit. Cela évite la déstabilisation intérieure et extérieure, ainsi que le respect de la propriété privée. On n'entreprend pas bien dans une Etat où règne l'arbitraire, offrir aux citoyens l'assurance d'une existence régie par des règles claires et équitables, c'est leur permettre de prospérer sans autocensure. C'est libérer les forces productives qui font la richesse d'une nation. Je pense sans prendre trop de risques que le Prodnov ne se serait pas fracturé si face à la dureté de l’administration dictatoriale, le pays avait pu proposer des soupapes pour l’expression de la colère populaire, telles qu'une presse libre, un droit de manifestation, d'opinion et de réunion, sans oublier bien entendu son engagement politique. Le contrat social, dans son acceptation la plus large, sort l’individu de la barbarie et lui permet d’accepter son sort, qu’il a lui-même décidé, grâce au vote. Avec un système démocratique, plus aucun Peprovite ne pourra dire « je suis lésé », car le résultat du vote sera le résultat de la volonté de tous.

Plus généralement, le lien entre démocratie et modernité est intime. Au-delà de toute considération morale, la démocratie permet de faire émerger les idées qui guideront l’avenir de notre nation. C’est par l’échange et la confrontation intellectuelle que nous ferons le tri entre des idées raisonnables et des idées folles, ce qu’un système clôturé, dictatorial, ne permet pas de faire. La démocratie permet de mobiliser toutes les forces intellectuelles de la société au profit de celle-ci, c’est la participation du plus grand nombre autour d’un projet commun. La mise au pouvoir, par la méritocratie, d’une élite dirigeante ne peut se faire que par la confrontation des programmes et la sanction des plus faibles. Tout autre système d’élection ne pourra en définitive aboutir qu’à la tolérance des médiocres, ce qui nous affaiblira en tant que nation. »

Georgiy : « Merci Kurdin Savelievich pour votre position, je passe sans attendre la parole au deuxième candidat : Entsky Vitalievich, nous vous écoutons. »

Vitalievich (PSP) : « Oui… et bien, je voulais, moi aussi, vous remercier, Konovalov Georgiy, pour cette opportunité, de nous exprimer, ce soir. »

Georgiy : « Je vous en prie Entsky Vitalievich, allez-y. »

Vitalievich (PSP) : « Je suis, globalement en désaccord, si ce n’est totalement, avec Kurdin Savelievich, qui vient de s’exprimer. Le matérialisme historique est une science, qui, c’est très clair, permet de guider une société plus sûrement, que ne le feraient les hommes. Un individu isolé, même moi, ne peut tout seul prétendre comprendre, les mouvements des masses. Or ! Nous le savons, ce sont les masses, qui font l’histoire, n’est-ce pas ? Les grands mouvements, de l’économie, les grands mouvements, de la société, les structures, sous-jacentes, l’infrastructure, les rapports de production, face aux modes de production, dans une dimension, dialectique de l’histoire, voilà ce qui fait, sans aucun doute, bouger le monde.

Si Peprolov, et plus généralement, les nations socialistes et, communistes, veulent conserver leur avance… »

Valerianovich (P21) : « Quelle avance ? »

Vitalievich (PSP) : « Leur avance… »

Valerianovich (P21) : « Quelle avance, vieil homme ? »

Georgiy : « Alexandrov Valerianovich s’il vous plait, attendez votre tour… »

Savelievich (PLP) : « C’est tout de même une bonne question, on ne peut pas laisser dire n’importe quoi, les pays communistes ont l’économie… »

Stanislavovich (PRCP) : « Konovalov Georgiy est-ce normal de laisser ainsi couper un vieil homme ? »

Georgiy : « Allons s’il vous plait ! Chacun aura le temps de s’exprimer ! »

Vitalievich (PSP) : « … leur avance… heu… leur avance… je disais, donc, leur avance… il faut comprendre le monde, et ses dynamiques, dans leur globalité, au temps long. C’est la base de l’ambition socialiste, oui oui, et planificatrice, de prévoir et d’orienter, les grands mouvements de l’histoire. Nous n’en tirons peut-être pas les fruits immédiatement, mais nous récoltons, à long termes, c’est évident, et la planification socialiste a permis à beaucoup de pays très pauvres de sortir de la misère, en un temps record et… »

Georgiy : « Entsky Vitalievich, pardon, nous aurons le temps d’aborder ces questions après, essayons de rester sur le thème de la démocratie. »

Vitalievich (PSP) : « Le démocratie, oui… je disais… seuls des gens conscients, de ces enjeux, avec une lecture matérialiste de l’histoire, seuls ces gens là peuvent présider à la gouvernance d’un pays moderne. Mais cela demande, des études, du travail, une grande intelligence, et en aucun cas, le suffrage citoyen, ne pourrait, choisir à la place des savants, la bonne politique à mener, car le peuple, la masse, par définition, est inconsciente, des dynamiques infrastructurelles, qui la traversent. Voilà pourquoi, je m’oppose, à la continuité de cette, démocratie libérale et je pense, qu’un débat d’idée, doit avoir lieu, entre savants, au sein du Parti Communiste, entre gens, qui parlons la même langue, ce qui épargnerait, beaucoup de temps perdu, à inclure dans nos discussions, des profanes. »

Georgiy : « Vous soutenez donc une forme technocratique Entsky Vitalievich ? »

Vitalievich (PSP) : « Si, au moment de réparer ma voiture, mon garagiste proposait, à tout le voisinage, de voter pour les pièces de rechanges, je n’oserai jamais, monter dedans après. Il faut laisser, la politique économique, à ceux qui la comprennent, c’est-à-dire, les communistes. »

Savelievich (PLP) : « C’est ridicule. Tous les universitaires, tous les scientifiques donnent tort à votre modèle, la raison prône un libéralisme économique et politique ! »

Vitalievich (PSP) : « Je ! N’ai ! Pas ! de leçons… ! à recevoir ! d’un universitaire ! passé ! à l’ennemi ! »

Georgiy : « S’il vous plait, allons ! Malyshev Stanislavovich, c’est à vous. »

Stanislavovich (PRCP) : « Permettez moi d’abord d’apporter mon soutien à Entsky Vitalievich et de souligner l’hypocrisie habituelle des libéraux qui, champions de la liberté d’expression, ne supportent pas la moindre opinion divergente, si fait qu’il faille la faire taire par la force ou l’impolitesse dans le meilleur des cas… »

Savelievich (PLP) : « Monsieur, on n’a pas à être tolérant avec l’intolérance, je ne me tairai pas devant des soutiens affichés d’un modèle dictatorial qui a fait des dizaines de milliers de morts ! »

Stanislavovich (PRCP) : « Et pourtant, Kurdin Savelievich, votre démocratie possède en elle-même les contradictions qui mèneront à sa perte, comme le capitalisme. La vérité, je la dis aux électeurs, c’est que la démocratie est un poison lent pour le peuple. Les travailleurs n’ont pas besoin d’idées : ils ont des intérêts. Ces intérêts, ils les sentent dans leurs corps, dans leur quotidien, ce sont des intérêts de classe et c’est cela qui prévaut à la farce idéaliste. La démocratie empoisonne l’esprit car elle distille dans l’opinion publique des thèmes et des débats qui ne lui seraient pas venu autrement. Elle force le travailleur à prendre position vis-à-vis d’abstraction, dépourvues de contexte, qui bien souvent ne le concernent en rien. Le travailleur doit s’exprimer à travers sa lutte et ses intérêts immédiats et situés, non pas sur des sujets qui en définitive le fracturent et l’éloignent des véritables enjeux de sa condition. Devons nous nous laisser diviser sur des questions triviales, alors que face à nous, l'ennemi capitaliste fait preuve d'une impitoyable solidarité de classe ? »

Valerianovich (P21) : « Tu parles des travailleurs comme si tu en étais un, Malyshev. Ton père n’était pas un apparatchik ? C’est à lui que tu dois ta place… »

Stanislavovich (PRCP) : « Alexandrov Valerianovich je ne pense pas vous avoir coupé la parole. »

Valerianovich (P21) : « Essaye donc ! Dis nous où tu as travaillé, Malyshev, qu’on voit un peu ton expérience. »

Georgiy : « Alexandrov Valerianovich s’il vous plait ! Laissez chacun s’exprimer, vous vous exprimerez à votre tour. »

Stanislavovich (PRCP) : « Je vous remercie Konovalov Georgiy, je vais quand même prendre un instant pour répondre à Alexandrov Valerianovich. Mon père, Stanislav Alexei, a gravi un à un les échelons du Parti Communiste Prodnovien pour atteindre le grade estimé de menedžer de Peprolov. Il l’a obtenu à la sueur de son front et… »

Valerianovich (P21) : « Ce n’est pas de ton père que je parle Malyshev mais de toi. »

Stanislavovich (PRCP) : « Pourriez vous cesser de vous comporter comme un chien fou, Alexandrov Valerianovich ? J’y venais. Pour ma part j’ai été éduqué dans les valeurs du Parti Communiste et si j’ai eu la chance de pouvoir faire mes études à l’étranger, ce fut uniquement dans le but de ramener à la patrie les savoirs et connaissances techniques de l’occident… »

Valerianovich (P21) : « Savoirs techniques en littérature ? »

Georgiy : « Alexandrov Valerianovich taisez-vous ou je vous retire du temps de parole ! Malyshev Stanislavovich, navré. »

Stanislavovich (PRCP) : « Ce n’est rien. Je constate simplement que le porte-parole du Parti Pirate – oh, excusez-moi, du ‘parti du XXIème’ siècle, est aussi voyou que ses idées. Ses maîtres Pharois l’ont mal éduqué il apparaît.

J’en reviens donc à la question de la démocratie. La forme de démocratie libérale et représentative est un double-piège pour la classe prolétarienne et les travailleurs. D’une part elle les détourne vers des abstractions, mais également elle les dépolitise et les déresponsabilise. En fait, elle reproduit les schémas maître-esclave chers aux libéraux, elle hiérarchise les individus et plaçant d’un côté ceux qui décident, de l’autre ceux qui subissent. C’est un conditionnement, ne craignons pas les mots, à l’obéissance. La démocratie est le cheval de Troie de la soumission, voilà pourquoi nous la conchions. »

Georgiy : « Malyshev Stanislavovich, si le Parti Républicain Communiste du Prodnov refuse la démocratie libérale, quel modèle proposez-vous pour la remplacer ? »

Stanislavovich (PRCP) : « Merci pour cette question Konovalov Georgiy. Le PRCP propose en effet un retour à la dictature, sur le modèle Prodnovien, avec pour nuance de laisser une place moindre à l’armée. » *regard rapide vers Krayevsky Yanovitch* « La dictature, celle du prolétariat, dans son sens le plus noble, est la concentration des pouvoirs macropolitiques entre les mains d’un seul homme ou d’un petit groupe le temps de régler une situation de crise. Or nous sommes en situation de crise. Le temps de la démocratie – si tant est qu’il soit souhaitable de désirer son avènement – n’est pas venu. Tout débat qui ne concerne pas immédiatement l’intégrité nationale et les conditions de production au sein de la division du travail est un débat qui détourne le travailleur des véritables enjeux de fond. Ne laissons pas les démocrates nous berner avec des idées qui ne nous concernent pas. »

Georgiy : « Je vous remercie Malyshev Stanislavovich, Kanalin Igorevich ? C’est à vous. »

Igorevich (PU!) : « Merci Konovalov Georgiy. Je tiens à m’excuser auprès des téléspectateurs pour le spectacle déplorable donné par mes adversaires jusque-là… »

*brouhaha mécontent chez les candidats*

Igorevich (PU!) : « Pour répondre à votre question, j’adopterai une position nuancée, contrairement à mes adversaires. La démocratie n’est ni un bien ni un mal, tout est question de dosage. Il est évident qu’on ne peut mettre au pouvoir le premier imbécile venu, ou pourquoi pas des étrangers. Il est donc logique, personne ne le contestera, que la démocratie soit soumise à des critères. C’est sur ces critères que nous devons nous prononcer car ce sont eux qui dictent la pertinence et l’adéquation de notre modèle à la réalité des candidats. Prenez la question de la représentativité des élus, elle permet de faire un tri évident entre des citoyens peu éduqués, mais dont il est important de prendre en compte la parole, et des citoyens éduqués et compétents, moins nombreux cependant, à même de tenir le pays. C’est donc un outil, un outil pour canaliser et focaliser les opinions et les affects, légitimes, des citoyens. La démocratie n’est ni un mal ni un bien, elle doit être adaptée à nos besoins immédiats, et à la situation présente. »

Valerianovich (P21) : « Joli numéro de langue de bois. »

Georgiy : « Alexandrov Valerianovich je vous retire 3mn de temps de parole ! »

Igorevich (PU!) : « Bref. Une chose est certaine, la dictature a été l’outil immonde dont se sont servis les communistes pour écraser le peuple prodnovien. Entre leurs mains, il n’a apporté que malheur pour finalement aboutir à la pire crise qu’ait connu notre nation et la disparition de celle-ci, dont ils sont les seuls responsables, eux et leurs héritiers. Pour ne plus laisser un tel drame ce produire, pour ne plus jamais laisser les voix des Prodnoviens être écrasées impunément, l’Etat de droit doit en effet être défendu à tout prix, ou ce sera le premier pas vers le retour de la barbarie.

Comme la brièvement évoqué Kurdin Savelievich, la tolérance ne peut être de rigueur avec les idées intolérantes et c’est pour cela que si le Prodnov Uni ! obtient une majorité à la Sborka, nous ferons interdire tous les projets et discours politiques prônant un retour aux heures sombres de la dictature. Il est intolérable, et je pèse mes mots, de faire planer sur les Prodnoviens le spectre d’un tel retour en arrière. Il est intolérable de les faire débattre, échanger, tout en sachant que leurs idées d’aujourd’hui pourront demain être criminalisées. Oui la démocratie n’est pas un vain mot, elle protège le citoyen des abus de ceux qui, en raison de leur idéologie, voudraient les mettre au pas. »

*grondement chez les candidats communistes, Alexandrov Valerianovich ricane*

Igorevich (PU!) : « Ne vous y trompez pas, je suis un démocrate, il n’est pas un seul cadre ou électeur du Prodnov Uni ! qui ne soit pas démocrate, mais la démocratie est un outil à deux tranchants, molle elle est une faiblesse, dure et assumée, elle est une arme contre nos ennemis. Citoyens, votez pour le Prodnov Uni ! c’est voter pour vous armer contre ceux qui voudront vous faire taire. »

Georgiy : « Je vous remercie Kanalin Igorevich, nous passons à l’intervention suivante, Alexandrov Valerianovich vous allez enfin pouvoir vous exprimer mais je vous retire du temps de parole. »

Valerianovich (P21) : « Pas de problème, je serai bref. Mes adversaires sont tous des hypocrites. Pas un seul d’entre eux ne pense une dixième de ce qu’ils vous racontent. Ils vous ont ciblé, leurs équipes de com’ ont établi vos profils sociaux, et chacun tape dans sa petite niche en essayant de consolider son électorat et de racler un peu de celui des autres. Cette démcoratie est une farce, mais la dictature est un leurre, destiné à berner les plus naïfs d’entre-vous, les bandeurs d’autorité, ceux qui pensent qu’ils ont besoin des autres pour s’en sortir.

Alors ? Qui va vous enculer ? Oh pardon ! » *regard vers Konovalov Georgiy* « Qui sera votre nouveau papa ? un député que vous aurez élu ? un gentil dictateur, un père de la nation, honnête et droit ? Putain de merde ! Les Peprovites sont des hommes ou des lamentins ? Si vous êtes des hommes, alors vous avez la capacité à vous autodéterminer, à vous organiser, selon vos intérêts, selon vos croyances, selon vos envies ! Vous avez pas besoin d’un système qui vous dise quoi faire et comment, laissez ça aux autres. Vous savez pourquoi le parti du XXIème siècle s’appelle comme ça ? Parce qu’on pense que l’avenir est entre les mains de ceux qui se lèvent pour le prendre. Aucun d’entre nous n’est forcé à rien, même en cas de défaite électorale, vous pouvez vous tirer d’ici, emporter vos familles avec vous, tout est à construire pour ceux qui s’en donnent les moyens. Laissez les politiciens faire leurs popotes, c’est pas votre problème, le monde se portera mieux quand tout le monde s’occupera de son cul et… »

Georgiy : « Eeeet le temps est écoulé, merci Alexandrov Valerianovich, je passe la parole à Krayevsky Yanovitch pour le GMDO. »

Yanovitch (GMDO) : « Bonsoir. Qui gouverne un pays ? Qui le gouverne vraiment ? Les juges ? Les fonctionnaires ? Les citoyens ? Non. Ceux qui gouvernent, ce sont ceux qui ont les armes. Ceux qui ont la force de renverser le pouvoir, à la fin. Dans les régimes classiques, le gouvernement garde toujours un œil sur l’armée, il essaye de la contrôler, il sait que s’il se détourne trop de ses objectifs, elle peut le déposer.

Je vous demande : pourquoi tolérons nous un tel jeu de dupes ? Si l’armée contrôle le gouvernement, alors donnons les pouvoirs à l’armée, et arrêtons de nous cacher derrière des illusions de je ne sais pas quoi, démocratie, élections… L’armée est une structure dure, mais juste. Elle est pragmatique, dans une guerre il n’y a que le résultat qui compte. Nous avons été éduqué pour obtenir des résultats, nous les obtiendrons, avec les sacrifices nécessaires pour y arriver. Mettre l’armée au pouvoir, c’est ne pas s’embarrasser d’idéologies ou de débat stérile : le bien de la nation, son efficacité, quoi qu’il en coûte. Aujourd’hui, il n’y a que l’armée qui puisse vous faire une telle promesse, et la tenir. Elisez n’importe qui d’autre ici, vous ne savez pas quels groupes d’influence vont venir lui dicter sa politique dans son cabinet à la seconde où vous aurez foutu son nom dans l’urne. Pas de ça chez les militaires, nous rendons des comptes à la seule autorité qui compte : le réel.

Le réel.

Le réel.

L’armée c’est aussi l’aboutissement du projet égalitaire communiste, j’entendais Kurdin Savelievich parler de méritocratie, je rigole. La méritocratie selon l’échelle de valeurs du pouvoir en place, ce n’est pas de la méritocratie, c’est l’arbitraire de l’air du temps. L’armée c’est le contraire de l’arbitraire, les règles sont claires : soumission à la hiérarchie, force de l’individu, accomplissement par le devoir accompli. Exécutez les ordres, vous serez récompensés. Désobéissez, trahissez, montrez vous faibles et lâches, vous serez sanctionnés. On ne se construit bien qu’au sein d’un système ferme, où l’individu peut s’épanouir sans se disperser, où il sait ce qui est attendu de lui et peut remplir sa mission sans avoir peur que ce qui hier était bien vu ne le sera plus aujourd’hui. La démocratie est un danger, la démocratie c’est l’arbitraire du plus grand nombre, la volatilité des valeurs. Avec la dictature du GMDO, personne n’aura peur et tout le monde aura sa chance. Voilà l’idéal communiste. »

Georgiy : « Krayevsky Yanovitch vous prônez donc la dictature, qui en sera à la tête si je peux me permettre ? »

Yanovitch (GMDO) : « L’Etat-major en décidera, il sera question de choisir entre les généraux ayant fait leurs preuves. Je me porterai candidat pour avoir l’honneur de cette responsabilité. »

Stanislavovich (PRCP) : « Fait leurs preuves en baissant les armes devant l’ennemi, Krayevsky Yanovitch ? »

Yanovitch (GMDO) : « Je n’ai aucune leçon à recevoir de quelqu’un qui n’a pas fait son service militaire, Malyshev Stanislavovich. J’ai vu votre dossier. »

Georgiy : « Hm bon… Krayevsky Yanovitch merci. Au tour d’Alexandrov Vadimovich, pour le Parti d’Union Peprovite. »

Vadimovich (PUP) : « Il était temps, je me suis follement ennuyé pendant ces interminables palabres… »

Georgiy : « … ? »

Vadimovich (PUP) : « Beaucoup de mots pour ne pas dire grand-chose, à bien y regarder, qu’on soit pour ou contre la démocratie chacun semble oublier que c’est le peuple qui, en définitive, construit l’âme de la nation. Chacun ici peut bien transporter dans son bagage de grandes théories, n’est-ce pas ? celles-ci seront balayées par cette vérité implacable : on ne va pas contre l’âme du peuple, on ne lui impose rien qui ne le bafoue dans son identité ou alors, comme le firent les communistes, cette identité de nouveau s’éveille et comme un geyser d’eau pure, balaye sur son passage les forces qui prétendaient la retenir. En soit, la démocratie n’est pas une question, nous parlons d’une fiche pellicule de peau apposée sur un corps chaud et dont le cœur est ardent. Les Peprovites se fichent bien de savoir s’ils seront gouvernés par un leader Maximo, un président de la République ou un maire de commune, ce qui leur importe est que ceux qui dirigent soient des leurs et l’émanation de leur identité profonde.

L’enjeu, à dire vrai, c’est la question de la race, c’est à l’aune de celle-ci que nous diviserons et discriminerons le peuple du non-peuple, l’identité de la non-identité. Autour de l’identité se construit le pouvoir, sous des formes divers, qui correspondent à la culture, aux mœurs et à la moralité de son peuple. Pour Peprolov, nous autres Peprovites devons d’abord nous retrouver en tant que peuple et les institutions émergeront d’elles-mêmes. Les slaves ont une grande et longue histoire politique, riche d’exemple et de manifestations de notre identité profonde, il n’y aura en fait qu’à se baisser pour les voir émerger, à la seule condition de nous connaître nous-même, fiers de notre identité, de nos valeurs, de notre culture traditionnelle. Autant de choses que tenta d’écraser le Parti Communiste du Prodnov et qui demande aujourd’hui à ressurgir dans un grand flamboiement ! »

Georgiy : « Je ne suis pas tout à fait sûr de comprendre le modèle que vous proposez, Alexandrov Vadimovich… »

Valerianovich (P21) : « Je vous rassure Konovalov Georgiy, nous non plus nous n’avons rien capté. »

Vadimovich (PUP) : « Pour parler en tout honnêteté, cela ne m’étonne pas. Des siècles de modernité communiste ont gravement endommagé nos habitudes de rationalité organique, nous avons appris à détester toutes les cellules traditionnelles : famille, village, nation. On nous a sommé de voir au-delà des mers, dans cette abstraction nommée internationale, dans l’idée délirante que le monde ne serait composé que de frères et d’égaux et que notre devoir aurait été de leurs tendre la main. Fadaise dégénérée, à dire vrai, il n’y a pas d’unité humaine, seul le peuple compte et se suffit à lui-même. Les notions de démocratie, d’Etat de droit, sont des importations modernes qu’il nous faut combattre farouchement, comme autant de fantômes ! Or d’ici, notre nature profonde pourra prendre forme et alors ce débat deviendra parfaitement obsolète et nous semblera terriblement ridicule… »

Georgiy : « Très bien très bien, merci Alexandrov Vadimovich, je passe à présent la parole au dernier candidat, Krasnov Vyacheslavovich, du Parti Communiste Réformiste, nous vous écoutons. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Merci Konovalov Georgiy pour l’opportunité donnée de nous exprimer ainsi. Pour ceux qui doutaient de l’importance de la démocratie dans notre République, j’espère que les échanges auxquels ils ont assisté, malgré certains… débordement, les auront convaincu de l’utilité de confronter des thèses et de les mettre en perspective sur des sujets communs. Je ne suis pas en train de dire que la démocratie, surtout la démocratie libérale, j’y reviendrai, est une panacée, non, mais on ne peut pas lui retirer que si chacun était resté dans son coin, ce soir, les électeurs auraient eu une vision beaucoup moins claire des enjeux de cette élection et… »

Yanovitch (GMDO) : « S’il n’y avait pas eu d’élection il n’y aurait pas eu d’électeur. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Je... oui mais… merci de ne pas m’interrompre. Disons le sans détours, je suis également un démocrate. Je pense même que la démocratie représentative peprovite doit être améliorée, nous devons nous inspirer des réussites du communisme à travers le monde, c’est-à-dire couper le cordon des vieux systèmes autoritaires et pyramidales de l’Eurysie de l’est pour se tourner vers des expérimentations nouvelles, plus modernes, plus efficaces. Le conseillisme et la démocratie directes, c’est ça l’avenir, il faut retourner à des échelles où les travailleurs peuvent réellement participer à la vie de la cité. Si nous nous projetons trop haut, c’est une hypocrisie ! Un homme, un homme qui travaille – ou une femme, d’ailleurs je déplore que ce plateau soit essentiellement masculin et… »

Georgiy : « C’est une question qui sera abordée tout à l’heure. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Oui… enfin je disais qu’un travailleur, un prolétaire n’a évidement pas le temps de consacrer les heures qu’exige un exercice serein de la démocratie. C’est une atteinte à sa souveraineté, car à cause de son labeur, nous le privons d’exprimer réellement la défense de ses intérêts. Voilà pourquoi, en plus des mesures sociales que je détaillerai dans la suite de ce débat, je pense, le Parti Communiste Réformiste pense que nous devons revenir à des échelles démocratiques pertinentes, en sous-divisant le territoire Peprovite en quartiers, en conseils, pour mettre en pratique une véritable décision citoyenne et collective. Bien sûr l’Etat doit se maintenir pour la défense des institutions et éviter le séparatisme et la division mais toutes les fois où cela est possible, la démocratie doit être offerte aux travailleurs. Si nous voulons éviter la rupture, que les contradictions révolutionnaires de l’économie ne nous balayent comme elles balaieront les capitalistes, il faut offrir aux prolétaires les moyens de production de leur propre destin. »

Georgiy : « Vous vous placez donc en contradiction avec les autres forces communistes, Krasnov Vyacheslavovich ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « En effet et je voudrai leur rappeler cette phrase de Krupine, le grand révolutionnaire ‘le communisme, c’est l’extension de la démocratie à tous les lieux de la vie sociale’, je pense que s’opposer à la démocratie, c’est faire une terrible fausse route, camarades. »

Vitalievich (PSP) : « Si je peux, me permettre, le sens à donner à la phrase, de Krupine, n’est pas directement lié, à une démocratie libérale, comme vous semblez, le proposer camarade Vyacheslavovich, il faut entendre, démocratie, dans son sens étymologique, le pouvoir, au peuple, c’est-à-dire, la dictature du prolétariat, sur les forces du Grand Capital, or en libéralisant la société, vous la livrez aux capitalistes, et aux dynamiques de l’histoire, en vous dépossédant des moyens d’influer sur elle. »

Stanislavovich (PRCP) : « Et puis Krupine n’a jamais été un soutien du conseillisme, au contraire, le Krupinisme dont le PRCP se revendique met bien en avant l’importance de l’avant-garde ! La démocratie étendue qu’appelle Krupine est d’abord et avant tout l’examen critique des situations quotidiennes au regard des intérêts de classe, il ne s’agit certainement pas de faire voter tout le monde pour décider de la couleur de ma brosse à dent. »

*rire dans le public*

Vyacheslavovich (PCR) : « Vous me caricaturez et déformez mes propos, ce que je dis c’est… »

Stanislavovich (PRCP) : « Et vous devriez relire vos classiques, n’offensez pas la mémoire de Krupine en cherchant à le récupérer à des fins électorales, c’est un procédé assez indigne, surtout pour qui se prétend communiste. »

Igorevich (PU!) : « Krupine, criminel de guerre et génocidaire, rappelons-le, cela en dit long sur ceux qui s’en réclamment… »

Vitalievich (PSP) : « Men… ! Mensonge ! »

Stanislavovich (PRCP) : « Je ne peux pas vous laisser dire ça. »

Igorevich (PU!) : « Ah bon Malyshev Stanislavovich ? Vous allez me censurer comme vous censuriez toute opposition ? Nous ne sommes plus sous la dictature prodnovienne, votre police d’Etat n’a aucun pouvoir sur ce plateau. »

Yanovitch (GMDO) : « Pour le moment. »

Igorevich (PU!) : « C’est une menace ? Je vois que les autoritaires se sont bien trouvés, dès que les mots manquent, on brandit le pistolet ! »

Georgiy : « Allons, allons… Kurdin Savelievich, je vois que vous demandez la parole. »

Savelievich (PLP) : « Merci. Sans revenir sur le caractère criminel des exactions commises par Kurdine, je voulais dire à monsieur Vyacheslavovich que sa vision de la démocratie est autant une tyrannie que les dictatures les plus infâmes. Vous proposez de rendre sujet à débat absolument tout, or si la société a son mot à dire sur le quotidien des individus mais c’est la fin de tous les droits, c'est la fin de la vie privée, la fin du secret, de la tranquillité. Un homme doit pouvoir suivre sa rationalité, selon des arcanes qui lui sont propres et ce sans craindre le jugement de ses pairs. Ce que vous appelez ‘extension de la démocratie’ est en vérité une dictature de la pensée, maquillée en comité de salut public ! Vous êtes un prêtre rouge qui prétendez mettre votre nez dans l’intimité des gens… ! »

Vyacheslavovich (PCR) : « Vous me caricaturez aussi, je n’ai pas dit cela. L’extension de la démocratie c’est de remettre entre les mains des travailleurs les conditions de reproduction matérielle de leur existence. Il faut que quand une brosse à dent vient à manquer, pour reprendre l’exemple mesquin du camarade Malyshev, la responsabilité et les moyens de la remplacer soient entre les mains de la collectivité, et non pas entre celles des forces du marché ou des actionnaires privés, sinon c’est la pénurie. »

Savelievich (PLP) : « Mais le marché, c’est la collectivité ! Il en est l’émanation la plus pure ! »

Stanislavovich (PRCP) : « A d’autres ! »

Georgiy : « Messieurs, messieurs, nous nous éloignons du sujet. Beaucoup de choses ont été dites, je vous propose de passer au sujet suivant si vous le voulez bien, il nous reste encore beaucoup de temps et suffisamment d’énergie pour aborder une à une les questions qui vous tiennent à cœur. »
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Le Grand Débat, deuxième partie

la situation géopolitique avec le Prodnov


Sondage projeté derrière le plateau


Georgiy : « Et sans transition chers téléspectateurs nous passons à présent au second thème de ce débat, il est 20h43 et nous sommes presque dans les temps. La situation géopolitique du Prodnov, un sujet particulièrement tendu qui divise largement l’opinion publique, selon les derniers chiffres qui s’affichent derrière moi vous le voyez, moins sur la finalité, plus des trois quarts des Peprovites souhaitent une réunification du pays, mais plutôt sur les modalités d’un tel projet. L’option militaire reste à ce jour massivement rejetée avec seulement un quart de la population qui se prononce favorablement ou très favorablement pour cette stratégie, le projet de fédération ne convainc pour sa part à nouveau qu’un quart des Peprovites, quant à la question « pensez-vous que les différents modèles économiques et politiques présents au Prodnov puissent collaborer ensemble », presque deux tiers des Peprovites se disent pessimistes ou incertains.

Krayevsky Lavr Yanovitch, vous êtes le premier à intervenir, le GMDO votre parti soutient très explicitement une solution de réunification armée, vous êtes vous-même colonel de l’armée rouge, vous voyez affiché ici les doutes de l’opinion publique, comment comptez-vous la convaincre que reprendre les armes soit la bonne chose à faire ? »

Yanovitch (GMDO) : « Tout d’abord, Konovalov Georgiy, je ne dirai pas « reprendre », ce qui sous-entendrait que les Prodnoviens ont effectivement pris les armes pour se défendre face à l’envahisseur. Faisant face à une double coalition étrangère qui regroupait – rappelons-le – les plus grandes puissances militaires mondiales, l’armée rouge a hissé le drapeau blanc sans combattre, c’est un fait. Un geste qui, s’il a pu sembler être la bonne décision à prendre sur le moment, nous a privé de la véritable mesure de notre propre potentiels. Nous ne savons pas ce qu’un Prodnov résistant aux envahisseurs aurait pu changer au cours de l’histoire. Par facilité, par lâcheté, j’ose le mot, nous nous sommes privés de notre propre destin et nous en voilà désormais dépossédés. Cela n’est pas acceptable, les Prodnoviens doivent s’en rendre compte. Nous ne construirons pas notre avenir sur une fuite.

Le programme du GMDO est simple : réunification du Prodnov. Le constat de la situation n’est guère plus complexe : actuellement une armée ennemie tient le centre et le sud du pays. Il s’agit ni plus ni moins d’une invasion. Dans ces conditions, Peprolov et Galkovine doivent nous servir à organiser la résistance et la lutte armée, en vue d’une victoire militaire définitive. Que personne ne s’y trompe : la guerre n’est pas finie. Les cessez-le-feu sont des leurs visant à vous endormir, le temps viendra où les canons tonneront de nouveau. Il nous faut nous y préparer ou alors nous n’aurons à nouveau pour seule option que de rendre les armes. Sans victoire militaire, pas de paix, pas de reconstructions. Il faut donc dès à présent investir toute notre énergie et nos forces dans la guerre en cour. Mes adversaires refusent ce constat. Ils ne souhaitent pas se donner les moyens de la remilitarisation. Nous sommes en guerre, j’apparente cette attitude à du sabotage et de la haute trahison.

Georgiy : « On pourrait vous opposer que ce n’est pas seulement une armée ennemie qui tient Staïglad mais également des Prodnoviens qui ont fait tomber le régime. Appellez vous à réactiver la guerre civile ? »

Yanovitch (GMDO) : « Je suis extrêmement déçu, Konovalov Georgiy, de vous entendre reprendre à votre compte le narratif mensonger de l’ennemi et… »

Georgiy : « Je ne faisais que rapporter des interrogations légitimes et partagées par certaines parties de la population. »

Yanovitch (GMDO) : « Ces interrogations n’ont rien de légitimes, elles distillent le doute dans nos rangs et nous affaiblissent. Ceux qui ont putsché à Staïglad ne sont pas des Prodnoviens. Des agents de l’ennemi, oui, corrompus, avilies, une minorité agissante, soutenu par l’étranger, frappant dans le dos le gouvernement. Il s’agit d’un coup d’Etat qui aurait dû appeler à une réaction forte de l’armée. Les circonstances ont fait que celle-ci était occupée ailleurs, soit, et voilà soudain que se déclarent maîtres du Prodnov une bande de renégats dont le seul mérite est d’avoir planté un drapeau sur le toit du Palais. C’est de la foutaise, de la politique pour enfant de huit ans. Un narratif si honteux et cousu de fil blanc que ma fille ne s’y laisserait pas avoir. Tout cela a bien évidemment été piloté par l’ONC de A à Z, cette légitimité populaire dont ils aimeraient se réclamer est un village Potemkine, les capitalistes ne connaissent rien au peuple, tout ce sur quoi ils peuvent s’appuyer, ce sont des citoyens en carton-pâte. »

Georgiy : « Plus concrètement, Krayevsky Lavr Yanovitch, comment espérez-vous reprendre Staïglad ? Peprolov ne possède pour se défendre que les reliquats de l’armée rouge et la présence Pharois dans les zones tampons, autant dire que notre capacité offensive est inexistante, de même pour notre niveau technologique, beaucoup de savoir-faire ont été perdus en même temps que la destruction du tissu de production militaire du pays, en clair, comment comptez vous vous donner les moyens de votre programme et à quel prix ? »

Yanovitch (GMDO) : « Question à peine orientée, Konovalov Georgiy, j’y répondrai néanmoins. La stratégie militaire de l’ONC est aussi inconsistante que leur culture politique. Envoyer des colonnes de chars soutenues par de l’aviation est une méthode adaptée aux larges lignes de front de l’Ouest. C’est ne pas prendre en compte un fait désormais bien établi : ces gens sont en territoire étranger. C’est sûr la résistance intérieure, de derrière les lignes, que nous devons compter. Le sabotage des infrastructures, saper sans cesse la logistique, harceler moralement et continuellement, ces gens sont des lavettes, ils goûteront bien vite à la rudesse de la mentalité slave et à la détermination farouche de son peuple. Staïglad tombera comme un fruit mur lorsque son arbre aura été empoisonné à la racine. Par ailleurs avec le GMDO au pouvoir, nous concentrerons nos efforts sur la remise en marche d’une industrie militaire rapidement opérationnelle de sorte à pouvoir effectuer une percée stratégique dès les premiers signes de faiblesse de l’armée d’occupation impérialiste, voire de son retrait pur et simple face à l’hostilité du pays. Ce que nous ne pouvons produire, il faudra l’acheter, j’en ai conscience. La Lutharovie et nos alliés communistes à travers le monde accepteront sans aucun doute de nous fournir en matériel militaire de qualité, dépassant même celui de l’ONC. Ainsi équipés et pénétrant sur un terrain favorable, la RLP retournera au néant qui l’a vu naître et le Prodnov retrouvera toute son unité et sa gloire.

Georgiy : « Krayevsky Lavr Yanovitch, merci, sans plus attendre je donne la parole au candidat suivant, Alexandrov Rasim Vadimovich, on a cru comprendre que l’unification du Prodnov n’était pas pour vous une priorité, du moins cela n’apparaît pas dans votre programme, la parole est à vous. »

Vadimovich (PUP) : « Tout d’abord et au risque de surprendre les ingénus je souhaiterai confirmer les propos de mon prédécesseur lorsqu’il parle de l’âme slave, farouche et indomptée. Il est vrai que c’est un élément fondamental à prendre en compte mais non pas, comme Krayevsky Yanovitch le proposait, au nom d’une unité prodnovienne tout à fait artificielle – car après tout, il y a des slaves en dehors du Prodnov – mais plutôt comme un élément en germe qui s’imposera de lui-même sur le temps longs, du moins si nous le laissons faire. Je vois cher ami sur vos graphiques l’extrême incertitude, plus que la division, des Peprovites. La raison en est simple : nous sentons au fond de nous que nous n’avons pas besoin du Prodnov pour exister dans notre identité, et pourtant cela heurte notre éducation, le roman nationale et toutes ces foutaises… ! Les communistes, à défaut de comprendre le peuple véritablement, l’ont construit à leur image : celle de l’Etat, froid et technique, comptable dirais-je, un peuple réduit à une statistique, à de la démographie.

Osons dire les mots : qu’importe le Prodnov ? Que Staïglad, Galkovine, Nazakraina suivent leurs propres chemins et à nous le nôtres. Cette identité commune, cette flamme slave que nous partageons, cela ne doit pas nous niveler par le bas, au contraire. Il y a, disons le franchement, une espèce de fétichisation assez obscène de l’Etat dans ce pays, sans aucun doutes dû à la néfaste influence de plusieurs décennies de communisme sur notre esprits mais je tiens à rappeler à mes chers amis ici présent que l’Etat-Nation n’est pas une notion immuable, en fait elle est très récente dans le temps. Ce qui compte c’est l’organicité de la cellule de vie : cellule familiale, cellule communale, cellule régionale, cellule nationale – et encore on s’en dispense – et enfin cellule raciale. Une famille, un village, une région, une race. Voilà peu ou prou la bonne manière d’aborder le problème, se focaliser sur la question nationale est en fait un pur épouvantail qui nous éloignera immanquablement des véritables enjeux.

Georgiy : « Donc heu… vous pronez la non-réunification du Prodnov, si je vous suis bien ? »

Vadimovich (PUP) : « C’est exactement cela, oui, en fait je pense que les échelles organiques s’imposent d’elles-mêmes : avons-nous à Peprolov un territoire suffisant pour prospérer ? Oui. Est-il adapté à la population qui l’occupe, en termes de mœurs, de traditions et de besoins ? Deux fois oui. A ceci prêt néanmoins que nos frontières naturelles s’étendent quelque peu au sud et à l’est, si on y regarde bien. »

Georgiy : « Et donc… ? »

Vadimovich (PUP) : « Disons que c’est plutôt de ce côté-là que je me tiendrais prêt à faire intervenir l’armée, si j’étais général. Mais je ne le suis pas, seulement poète, c’est ainsi et c’est bien suffisant. »

Georgiy : « Alors vous êtes pour une reprise des hostilités ! »

Vadimovich (PUP) : « Des hostilités raciales, ne nous y trompons pas ! Il ne s’agit pas de conquérir des terres mais de rallier des frères slaves à notre cellule peprovite, autant dire que cela se fait souvent assez naturellement et spontanément. Avec un peu de chance, il n’y aura même pas besoin de tirer un seul coup de feu. La réunification des semblables est un phénomène tout à fait naturel, une inclinaison spontanée. C’est l’unification du dissemblable, le multiculturalisme et le multiracialisme qui sont, au contraire, fondamentalement des actes de l’esprit, artificiels, et voués à l’échec. Voilà pourquoi je ne m’inquiète pas vraiment. Les structures monstrueuses s’effondreront d’elles-mêmes : leurs bases sont branlantes. »

Georgiy : « Je vous remercie pour ces explications Alexandrov Rasim Vadimovich, sans plus tarder nous passons au candidat suivant, Entsky Kvetoslav Vitalievich, vous prônez une politique d’avant-garde communiste, comment concilier le contexte de backlash contre-révolutionnaire et cette stratégie d’avant-garde ? »

Vitalievich (PSP) : « Eh bien, ma foi, assurément c’est une question intéressante, oui, tout à fait, pour le dire, peut-être, simplement, il faut voir le problème comme il se pose, c’est-à-dire ni plus ni moins qu’un combat pour l’hégémonie culturelle je vais le dire comme je le pense. Alexandrov Vadimovich, Krayevsky Yanovitch et sans doute d’autres, parlent, oui, de prendre les armes, à un moment donné. Quelles armes ? Si nous parlons de fusils, alors ma foi je ne donne pas cher, de notre peau, en vérité, le Prodnov, et c’est une faute, a accumulé du retard, sur les capitalistes et notre modèle, économique, parce qu’il a dévié des principes énoncés par Kurdine lors de la première, révolution, a mené, la faute est directe, à la situation actuelle, où, il faut le dire, nous sommes incapables de nous défendre, contre une force offensive ennemie, et…

Stanislavovich (PRCP) : « C’est factuellement faux, Entsky Vitalievich, avec un Pib estimé à 500 milliards et quelques le Prodnov était largement encore dans la course. »

Georgiy : « S’il vous plait Malyshev Stanislavovich, ne coupez pas la parole. Entsky Vitalievich, allez-y. »

Vitalievich (PSP) : « Le PIB n’a pas de sens, Malyshev Stanislavovich, si vous aviez fait, des études d’économie, vous le sauriez, ce qui compte, c’est, où est dirigée la force productive, des travailleurs, et dans ce cas, les plans quinquennaux prodnoviens, ont montré leurs limites, pour nous doter, d’une industrie militaire, et scientifique, digne de ce nom. Voilà. Alors je dis, il faut revenir aux principes fondamentaux : plan quinquennal, réindustrialisation rapide, mais cela prend des années… »

Valerianovich (P21) : « Cinq ans oui je crois pour un plan quinquennal. »

Vitalievich (PSP) : « … »

Georgiy : « Allez-y Entsky Vitalievich. »

Vitalievich (PSP) : « Cinq ans, oui, si ce n’est plus, cela ne veut pas dire, que nous devons rester les bras, baissés, mais, il faut se préserver du temps et, la conquête de l’hégémonie culturelle, par le travail d’une avant-garde, est primordiale, je dis, revenons aux principes de prospérité, énoncés par Kurdine, et d’ici là, travaillons à la production, d’une littérature communiste capable, de convaincre les masses. Voilà la SEULE !! la SEULE !! stratégie !! VI-ABLE ! »

Georgiy : « Ne vous emportez pas Entsky Vitalievich ! Donc si on vous comprend bien, il n’est pas possible de reprendre les armes ou de réunifier le Prodnov avant des années. »

Vitalievich (PSP) : « Non. »

Georgiy : « Mais alors que prônez vous pour la défense concrète du pays, si nous devons attendre autant de temps ? »

Vitalievich (PSP) : « Une politique d’alliance. Peprolov, sous ma direction, peut devenir le phare du communisme, en Eurysie, et ailleurs, j’y travaillerai et nous ferons la démonstration, détaillée, que les plans quinquennaux, peuvent bâtir, une doctrine économique, viable, et enviable. L’avant-garde devra, théoriser, et décrire, chacun de nos avancements, pour offrir au monde, une ligne de route et un renouvellement, de la doctrine communiste, fort et moderne, c’est notre devoir, et le seul moyen d’aboutir, à termes, à la révolution mondiale, la seule capable, de véritablement nous protéger, durablement, des agressions impérialistes, voilà la doctrine de défense, que je prône, nous renforcer, notre industrie, nos usines d’armes, notre armée, mais surtout, notre corpus idéologique, solide, conséquent, unifié, mener à la nouvelle internationale, votez pour moi ! »

Georgiy : « Merci beaucoup Entsky Vitalievich, le candidat suivant à prendre la parole est Kanalin Igorevich, vous plaisez également pour la réunification du Prodnov au point d’en faire le nom de votre formation politique, comment comptez-vous faire avancer cet agendas si les Preprovites choisissent de vous placer à la tête de la Sborka, nous vous écoutons. »

Igorevich (PU!) : « Je vous remercie Konovalov Georgiy. Avant toute chose je souhaiterai dire un mot pour les familles, les amis qui, à la suite de la fracturation du Prodnov, se sont trouvés séparés de manière parfaitement illégitime et arbitraire. Cette situation est insupportable, c’est une atteinte au bon sens et à l’unité nationale à laquelle tout peuple à droit. Voilà pourquoi le Prodnov Uni ! a fait de la réunification son mot d’ordre principal. Il n’y aura pas de paix, pas de développement dans la région du Prodnov tant que celle-ci n’aura pas été réunie. Tous ceux qui vous diront le contraire mentent, le fait est que nous ne pouvons pas nous projeter dans l’avenir sans un horizon clair et sur ce point, le Prodnov Uni ! a toujours eu les positions les plus claires et les plus concrètes, tout en prenant en compte chaque cas de figure afin de lui apporter la réponse immédiate la plus appropriée.

Dès que je serai nommé premier ministre, je commencerai par organiser une grande réunion avec tous les gouverneurs et chefs d’Etat des quatre régions du Prodnov afin d’organiser, sous deux ans, la réunification et l’expulsion de toutes les forces étrangères sur notre territoire. Nous demanderons – pour les régions annexée – la mise en place d’un referendum de rattachement au Prodnov et mettrons en place un quadriumvirat provisoire qui nous permettra de composer un gouvernement capable de gouverner le pays sans attendre. Nous briserons tous les traités et pactes signés précédemment afin de décider de notre avenir seuls et sans influence extérieure et reconstruirons un pays uni, apaisé et fier ! »

Georgiy : « Merci pour vos explications Kanalin Igorevich mais que répondez vous aux accusations de naïveté ? qu’est-ce qui vous fait penser que les autres régions et les grandes coalitions ayant mené à la partition accepteront vos idées ? »

Igorevich (PU!) : « Tout d’abord, je tiens à dire qu’en tant que démocrate et souverainiste, je suis à l’heure actuel le plus à même de mener ces négociations. La République Libre du Prodnov n’acceptera pas de discuter avec des communistes et… »

Yanovitch (GMDO) : « Staïglad. »

Igorevich (PU!) : « Plait-il ? »

Yanovitch (GMDO) : « Je dis, Staïglad, pas la RLP. »

Igorevich (PU!) : « C’est pourtant son nom. »

Yanovitch (GMDO) : « Un nom usurpé et gravé dans le sang. »

Igorevich (PU!) : « Voici, vous avez là la démonstration de la raison pour laquelle JE suis le seul capable de mener ces négociations. Vous pensez qu’envoyer des énergumènes pareils va aboutir à quelque chose ? ceux qui m’accusent de naïveté sont les véritables naïfs, si nous ne voulons pas en venir à un conflit ouvert, et il me semble que les Peprovites ne le veulent pas, il nous faudra emprunter la voie de la diplomatie. »

Georgiy : « Et si cela échoue malgré tout ? »

Igorevich (PU!) : « Alors il faudra se rendre à l’évidence que les autres régions du Prodnov, du moins celles qui auront délibérément choisie de saboter ces négociations, ne sont pas gouvernées par des patriotes mais pas des agents à la solde de l’ennemi, il faudra en prendre acte et en tant que patriote moi-même, je vous promets solennellement que tout sera mis en œuvre pour repousser l’ennemi hors de nos terres, hors du Prodnov ! »

Vadimovich (PUP) : « Êtes vous véritablement en train d’accuser tous les électeurs ne partageant pas vos lubies d’être des traîtres, Kanalin Igorevich ? »

Igorevich (PU!) : « J’accuse en effet ! »

Georgiy : « Allons, respectons les règles du débat démocratique. Kanalin Igorevich je vous remercie, je laisse tout de suite la parole à votre adversaire immédiat, Malyshev Stanislavovitch, vous êtes actuellement en tête dans les sondages, vous vous êtes toujours prononcé pour la réunification du Prodnov mais contrairement au GMDO vous refusez explicitement la reprise du conflit, comment comptez vous réunifier le Prodnov sans en passer par la violence Malyshev Stanislavovitch ? »

Stanislavovich (PRCP) : « Je vous remercie pour cette question très pertinente. La vérité, je la dis, c’est que l’affaire est aussi complexe que ses enjeux sont importants. Nos concitoyens le savent, il est hors de question de laisser le peuple prodnovien et ses terres ainsi fracturée. Les peuples ont un droit inaliénable à l’auto-détermination, en cela je rejoins les positions de Kanalin Igorevich. J’en diffère néanmoins radicalement sur la méthode tout comme, vous l’avez souligné, je ne partage pas la stratégie du GMDO. La raison en est simple : voulons nous la guerre ? La réponse est non, les sondages le montrent. On ne mène pas au combat un peuple qui ne le souhaite pas, les communistes sont pour la paix et la libération du genre humain, cela passe parfois par la révolution armée, mais la révolution armée n’est pas la guerre, la guerre en est simplement une conséquence tragique – parfois.

Voilà pourquoi, contrairement à ce que s’imagine Kanalin Igorevich, seuls les communistes peuvent apporter une réponse crédible à cette injonction paradoxale, cette double aspiration du peuple : se réunir, sans se faire la guerre. Se faire la guerre, qu’est-ce de toute façon ? Tirer sur des Prodnoviens ? Vous l’avez dit, nous avons tous de la famille de l’autre côté de la frontière, dois-je prendre les armes pour tirer sur mes cousins ? Dois-je… »

Yanovitch (GMDO) : « Toi prendre les armes ? J’aimerai bien voir ça. »

Stanislavovich (PRCP) : « Je vous prierai de cesser de me couper systématiquement la parole. Je disais donc que la guerre n’a pas de sens, mais que l’union est nécessaire. Il existe une solution pour contourner cette question, elle porte un nom, toujours le même : la révolution. C’est le peuple et par le peuple que ce déterminera l’avenir de notre nation, ce sont les masses prolétariennes qui, encore une fois, saurons se soulever pour accompagner le mouvement de l’histoire et l’internationale des travailleurs. Peprolov doit être, comme Galkovine, un bastion de soutien et de résistance pour les forces révolutionnaires. Il faut être cette épine dans le pied du capitalisme mondial, ce village d’irrésistibles Peprovites qui, à force de travail et de conviction, remportera la guerre contre nos seuls véritables ennemis : les impérialistes de tous bords. Nous ne devons pas mener un combat contre nos frères, et j’entends par là non seulement les Prodnoviens, mais tous les slaves et par extension, tous les prolétaires du monde, nous ne sommes pas leurs ennemis, nous devons nous unir, les unir et avec eux renverser le seul véritable adversaire que nous ayons : la classe bourgeoise dans son ensemble. Voilà notre guerre, voilà notre réunification. Le Prodnov d’abord, le monde ensuite. »

Georgiy : « C’est indiscutablement ambitieux mais n’avez-vous pas peur de relancer les hostilités avec la RL… avec Staïglad de fait, en soutenant des mouvements révolutionnaires que j’imagine armés. »

Stanislavovich (PRCP) : « Si, et l’enjeu sera donc de développer une capacité de défense relative, de sorte que toute offensive contre Peprolov se solderait immédiatement par l’anéantissement de nos adversaires, les putschistes Staïglad et le Vogimska, qui représentent à ce jour les deux principales menaces pour le pays. »

Georgiy : « N’est-ce pas un jeu dangereux. »

Stanislavovich (PRCP) : « C’est l’équilibre de la terreur, jusqu’à l’avènement de l’internationale, c’est la seule réponse pragmatique à apporter face au camp du Grand Capital. »

Georgiy : « Votre programme ressemble assez à celui d’Entsky Vitalievich, avez-vous malgré tous des points de désaccord ? »

Stanislavovich (PRCP) : « Je tends la main à tous les partis communistes qui souhaitent œuvrer à la reconstruction du Prodnov et ce dès aujourd’hui, si le Parti Socialiste Peprovite et ses électeurs pensent pouvoir dépasser nos différences, ils sont les bienvenues au sein d’une coalition. »

Vitalievich (PSP) : « C’est, hm, je retourne, bien entendu, l’aimable invitation de Malyshev Stanislavovich, le Parti Socialiste, Peprovite, aura besoin d’alliés pour gouverner, lorsque les élections, auront, été remportées. »

Georgiy : « Malyshev Stanislavovitch, merci. La parole revient à présent à Krasnov Vyacheslavovich. Krasnov Vyacheslavovich, vous avez entendu les positions de vos adversaires, votre parti s’est montré très critique du régime précédent au Prodnov, soutenez-vous malgré tout une réunification ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « Je la soutiens, oui. »

Georgiy : « … mais encore ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « Tout d’abord, je pense que nous ne pouvons pas envisager la complexité de la situation actuelle sans prendre en compte des enjeux qui, aujourd’hui, dépassent le simple territoire de Peprolov. Nous sommes, comme Staïglad, Nazakraina ou Galkovine, au centre d’une lutte d’influence internationale, c’est malheureux mais c’est ainsi, de fait… »

Georgiy : « L’international c’est un prochain thème du débat, nous allons y venir. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Dans ce cas Konovalov Georgiy pardonnez moi mais je ne sais pas si ce découpage est pertinent. Comment aborder la question de la réunification du Prodnov sans tenir compte des intérêts étrangers ? La réalité c’est que nous sommes dans ce qu’on peut appeler une zone d’influence, celle des Pharois, ils ne s’en cachent pas et ce n’est pas une mauvaise chose, sans eux le pays aurait été complétement annexé par les forces impérialistes, mais cela veut également dire que nous devons négocier avec leur agendas, quand bien même celui-ci nous demande de faire des compromis. »

Igorevich (PU!) : « Tu es un traitre, Krasnov Vyacheslavovich, vendu aux forces de l’étranger. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Je suis pragmatique ! Il n’est pas question de vendre des chimères aux Prodnoviens pour quelques voix, nous devons faire de la real politique, c’est ainsi, nous devons entrer en négociation avec les forces en présence, qui ici pense sérieusement que Peprolov pourrait remettre sur pied un complexe militaro-industriel en moins de dix ans ? Nous en avons déjà quinze de retard sur la plupart des pays développés, la République ne compte qu’un peu plus de deux millions d’habitants au dernier rescencement, je ne doute en aucun cas de la vaillance de nos soldats, je les ai commandé et… »

Yanovitch (GMDO) : « Mal. »

Vyacheslavovich (PCR) : « … je les ai moi-même commandés, je sais que les Peprovites sont travailleurs, mais il faut se rendre à l’évidence : nous ne sommes pas assez nombreux et pas en état de nous défendre. Aujourd’hui sans l’aide pharoise et lutharovienne, la région de Peprolov serait tout simplement tombée aux mains de l’ennemi et nous parlerions Alguarenos aujourd’hui. C’est ce à quoi travaille le Parti Communiste Réformiste, nous devons engager les transformations qui nous permettent l’intégration pleine dans la sphère pharoise, c’est grâce à cette intégration – qui porte déjà ses fruits ! 100% de croissance en six mois ! Quel pays peut en dire autant ?? Même Staïglad est derrière nous, tous les voyants sont au vert, mais on n’y parviendra pas sans transformer l’essai, si nous nous intégrons à la sphère pharoise, les Pharois nous donneront les moyens de notre défense et de la réunification, ce n’est pas brader notre souveraineté que de nous intégrer à des dynamiques économiques fortes qui feront à la fois la prospérité de notre région et aussi notre force ! Une économie puissante, assise sur une industrie moderne, adaptée aux enjeux contemporains, il n’y a pas de secret, sans partenaires commerciaux, politiques et militaires, nous ne verrons jamais notre projet rendu possible. C’est un travail à long termes qui s’engage et je ne veux pas mentir aux Peprovites, se précipiter, c’est nous condamner et je suis assez inquiet quand j’entends les propos de certains va-t’en guerre qui s’imaginent pouvoir reprendre les hostilités dès demain.

A mes amis communistes, à mes camarades, j’essaye de vous le dire, le Parti Communiste Pharois nous soutient. Comme nous, ils ne veulent pas de l’ONC dans l’océan du nord, nous devons unir nos forces ce n’est ni de la trahison, ni de la lâcheté, ni je ne sais quelle accusation ignominieuse j’ai pu entendre portée contre moi, il s’agit de faire de la politique, de la véritable politique ! Voulons nous êtres laissés sur le banc des stratégies des puissants ? Ou nous asseoir à leurs tables pour faire entendre la voix de Peprolov ? Nous voiler la face comme certains le font ici, ce n’est pas sérieux, ce n'est pas digne des enjeux et de la très grave crise dans laquelle nous sommes toujours embourbés – ne croyez pas que ce soit terminé, je le dis aux électeurs. Nous devons nous donner les moyen de faire porter notre voix, nos intérêts et nous servir de nos alliés Pharois et Lutharovien comme d’une chambre d’écho. Sinon, nous crions dans le désert et nous allons nous agiter des jours et des jours, jusqu’à ce que nos ennemis soient fatigués et décident de nous écraser. Il ne faut pas s’y tromper, un matin les chars impérialistes peuvent être à Peprolov. Ce qui nous en protège, c’est dix milles soldats Pharois et les navires au large de Staïglad prêts à anéantir tout offensive à la seconde où celle-ci sera déclarée. Cette force existe, voter pour le Parti Communiste Réformiste c’est se donner les moyens de l’utiliser. »

Georgiy : « Krasnov Vyacheslavovich, merci pour vos explications, comment comptez-vous faire en sorte que Peprolov ne devienne pas une annexe du Syndikaali, puisque vous semblez proposer de vous appuyer sur eux ? N’y a-t-il pas un risque d’y brader notre souveraineté, quoi qu’on en dise ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « Mais notre souveraineté est déjà inexistante, il faut être aveugle ou cynique pour ne pas le reconnaître. Peprolov n’existe que parce qu’au moment de la crise du Prodnov, les puissances qui s’y sont affronté ont eu besoin de stabiliser les institutions locales, c’est tout, il ne faut pas aller plus loin, il n’y a rien à brader mais tout à construire, nous partons de rien actuellement ! »

Vadimovich (PUP) : « Voilà un crachat à la figure de l’âme slave peprovite je ne… »

Valerianovich (P21) : « Oh taisez-vous Vadimovich. C’est à moi de parler ? »

Georgiy : « Heu… et bien, vous avez terminé Krasnov Vyacheslavovich ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « Je voudrais simplement ajouter qu’il n’y a pas de honte à reconnaître que nous partons de loin, notre mérite n’en sera que plus grand lorsque nous aurons rebâti notre nation. Le Prodnov sortira grandi de cette crise, je vous le garantis. »

Georgiy : « Merci Krasnov Vyacheslavovich ! Alexandrov Valerianovich, vous partagez une position assez proche de celle du Parti Communiste Réformiste je crois ? »

Valerianovich (P21) : « Faut le dire vite. Le Parti Communiste Réformiste a acté son impuissance politique, soit, il propose de s’aligner sur les ordres du Parti Communiste Pharois pour s’épargner la douloureuse tâche de réfléchir par lui-même. Je respecte ça, il est bon que les imbéciles et les lâches savent où est leur place. »

Georgiy : « S’il vous plait, un peu de respect… »

Valerianovich (P21) : « Je dis les mots. Le modèle libertaire pharois à cet avantage qu’on peut y adhérer sans se compromettre. Pour l’unité du Prodnov, je n’ai pas vraiment d’opinion, je pense que c’est quelque chose qui se fera ou ne se fera pas, en fonction de dynamiques sur lesquelles on est assez impuissants à influencer. La concurrence entre nations, déjà, le style de vie, l’efficacité de nos différents modèles économiques, ça c’est concret, ça ça donnera des arguments. Il y a aussi la praticité, si c’est trop chiant d’avoir le pays découpé en quatre régions alors la société civile agira contre, c’est tout. Le temps, au temps, laisser les humains choisir leur propre destin en toute conscience et au regard de leurs intérêts matériels concrets. Point. Tout le reste c'est de l’idéologie ça n’amène que la merde. »

Georgiy : « Donc vous n’avez pas de programme sur ce point précisément ? »

Valerianovich (P21) : « Voilà. On fera en fonction de ce dont on a besoin. Peprolov doit devenir un espace de liberté entrepreneuriale, intellectuelle, militante, associative, j’en passe. Ça, ça ne se décide pas avec des grands plans quinquennaux, pardon de casser votre délire, au mieux on peut créer les bonnes conditions pour, c’est tout. Une partie de notre commerce, s’il est attractif, va parasiter la RLP, Staïglad, appelez ça comme vous voulez. Soit ce sera la guerre commerciale, ça s’est déjà vu et alors OUI, là je n’ai pas de problème à dire qu’on aura besoin du Syndikaali, sinon ça va juste pousser les types de l’autre côté de la frontière à nous imiter et à nous rejoindre, s’ils sont pas cons en tout cas. Laissez faire la concurrence, il en sort toujours quelque chose de bon. »

Georgiy : « Mais que dites-vous aux familles séparées par la fracture ? A ceux qui mettent en avant l’unité nationale ? »

Valerianovich (P21) : « L’unité nationale c’est de la merde, ça n’existe que dans nos têtes, on est sur un territoire, avec des conditions matérielles, point, la nation, le roman, le récit, tout ça c’est du rêve. Et pour ceux qui souffrent de la crise je dis : sortez vous les doigts. Militez, manifestez, syndiquez-vous, pirates, sabotez, je m’en fous, faites entendre votre voix au lieu de la déléguer à des politiciens qui vous promettent un avenir radieux ou je sais pas quoi. Prenez votre foutu destin en main ! Si vous êtes des milliers, des millions à le comprendre, alors les choses changeront profondément, vous pouvez me croire. Vous voulez vous réunir avec les autres Prodnoviens ? Donnez-vous-en les moyens, merde, niquez là cette saloperie de frontière, entrez en résistance. Ma doctrine à moi est simple : ne votez pas pour quelqu’un qui va vous gouverner, soyez ingouvernables ! »

Georgiy : « Je… très bien, merci pour cette intervention, je donne à présent la parole au dernier candidat, Kurdin Savelievich, votre avis sur la réunification du Prodnov ? »

Savelievich (PLP) : « L’unité du Prodnov est une construction tout à fait secondaire dans l’histoire de la région. Pour ma part, je ne pense pas qu’une réunification soit véritablement bénéfique pour l’économie. Ce qui importe en revanche, c’est l’harmonisation douanières, dans un premier temps, et à termes la mise en place d’un vaste marché de libre échange dans l’océan du nord. Que nous nous y intégrions sous le nom de République de Peprolov ou de Prodnov Réunifié n’est qu’une question esthétique, pure nomenclature. En vérité si l’économie est harmonisée, que les biens et les services circulent, il n’y a pas lieu de conserver des frontières politiques. L’économie préside toujours aux décisions des hommes qui, guidées par leurs affects, sont fondamentalement faillibles. Les lois du marché, elles, ne mentent pas. Si vous votez pour le Parti Libéral Peprovite, je m’engage personnellement à rencontrer dans le mois qui suit les dirigeants de la région, non pas seulement du Prodnov, mais de tout l’océan du nord, Pharois, Karpokiens, Vogimskans et même les Lutharoviens. Je peux garantir à tous mes concitoyens inquiets que plus important que l’unité politique, l’unité économique nous rapprochera. Vous verrez alors que ces lois sont infiniment plus fortes, durables et profondes que tout ce que pourront vous promettre les réunificateurs, si tant est qu’ils parviennent seulement à arracher le quart de ce qu’ils vous ont promis.

Prenez un exemple concret, la Lutharovie. Je doute que quiconque ici parvienne à convaincre Alexeï Vorpenko d’adopter le marché libre pour son pays. De la même manière, qui peut sérieusement imaginer réunir demain l’ONC et le Liberalintern autour d’une table pour des accords de paix ? Personne. La politique est une impasse, mais les rouages de l’économie, eux, travaillent implacablement à nos desseins. Devant la richesse promise par une union douanière, les considérations idéologiques s’effacent tout simplement car refuser l’évidence du modèle libéral, c’est se mettre à termes complétement hors-jeu. Qui souhaiterait sacrifier son économie et donc sa puissance pour des raisons bassement politiques ? Personne n’est assez fou pour cela. Je ne ferai pas de promesses en l’air aux Peprovites, de moi on peut attendre la froide franchise des solutions qui marchent. Le pragmatisme est la clef pour atteindre ses buts, la réunification du Prodnov se fera, politiquement ou non je ne sais, mais elle se fera, parce que c’est le sens de l’histoire et du libéralisme politique. »

Georgiy : « Vous dites qu’aucun pays ne sacrifierait son économie pour une idéologie mais avec plus de cent trente millions d’habitants, la Lutharovie est assez autonome. Son économie stagne mais cela n’a pas l’air de poser de problèmes, n’est-ce pas un contre-exemple ? »

Savelievich (PLP) : « Laissez moi vous poser une question, savez vous d’où son sortis les chars lutharoviens qui tinrent le front ouest lors de la crise du Prodnov ? »

Georgiy : « … »

Savelievich (PLP) : « Mais des usines pharoises pardi ! Sans vouloir être médisant je pense que la Lutharovie prend le risque de se faire satelliser en refusant le libre marché. Une enclave communiste pharoise, un vivier de main d’œuvre pour le Syndikaali mais de fait, jamais elle ne pourra prétendre à être une grande puissance. Devenir libérale, ou s’assujettir à une nation libérale, il n’y a que deux choix possibles à long termes. Par ailleurs je vous ferai remarquer que l’enclave de Merengrad n’est pas précisément un exemple de repli sur soi, la Lutharovie a déjà fait des compromis avec l’économie de marché, ce qui lui a permis de tenir vous en conviendrez. L’histoire prouve que la libéralisation du monde mettra fin aux conflits, on ne fait pas la guerre à des gens avec qui l’on commerce. Il en ira de même pour le Prodnov, croyez-moi, travaillez dur, faisons les bonnes réformes et d’ici quelques années la région sera unifiée plus solidement que dans vos rêves les plus fous et ce sans qu’aucune goutte de sang n’ait été versée. »

Georgiy : « Kurdin Savelievich, des paroles qui viennent clore la deuxième partie de notre débat, il est 21h17 et tout de suite une courte pose pour laisser aux candidats le temps de se rafraîchir, on se retrouve après une page de publicité. »
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Le Grand Débat, troisième partie

les mœurs et la moralité les droits de l’homme


Georgiy : « Chers téléspectateurs il est 21h30 et après une courte pause pour laisser le temps à nos courageux candidats de souffler, nous passons sans attendre à la troisième partie de notre débat nommée mœurs, moralité et droits de l’homme où il sera question, vous l’avez compris des valeurs que défendent nos candidats et de leur vision de la société prodnovienne ! Le tirage au sort a parlé c’est vous, Alexandrov Valerianovich, qui prenez le début de ce tour de parole.

Alexandrov Valerianovich, on a compris que les valeurs de liberté vous étaient chères, vous vous définissez vous-même comme un « libertaire » et votre parti, « du XXIème siècle », sous-entend jusque dans son nom des valeurs de modernité, ma question Alexandrov Valerianovich pour débuter est simple : dans un pays qui jusqu’à il y a peu était encore très traditionnel, que ce soit en termes de mœurs ou d’économie, votre programme ne fait-il pas un peu pièce rapportée de l’étranger ? »

Valerianovich (P21) : « C’est toujours agréable un journaliste qui ne prend pas partie. »

Georgiy : « Je ne fais que poser une question. »

Valerianovich (P21) : « C’est ça oui. Bref. On va y répondre à cette question. Déjà moi je ne crois pas aux identités immuables. Vous venez littéralement de me sous-entendre sous le nez que les Prodnoviens seraient des espèces de bouseux arriérés qui n’e auraient rien à foutre des… »

Georgiy : « Je n’ai jamais dit ça ! »

Valerianovich (P21) : « Reste que le message est passé. Un homme n’a pas d’essence, tenez le pour dit Georgiy, un homme c’est une situation et sauf à être complétement aveugle, la situation a pas mal changé cette année. Guerre civile, fracturation du pays et effondrement de l’économie étatisé, ça vous remue un peu les tripes, ça c’est sûr. Moi je dis, il faut aller de l’avant. On a tout un tas de défaitistes autour de ce plateau pour qui le seul programme politique consiste à pleurnicher sur des acquis perdus. Vous voulez reconstruire un pays avec ça ? Faire la prospérité des gens ? En les envoyant courir derrières des chimères ? Allez donc ! Il y a une seule vérité qui mérite d’être appuyée dans ce bas monde : aller où vont nos intérêts et ça, ça ça transcende tous les types de régimes, de foi ou de culture traditionnelle mon cul.

Vous voulez coucher avec un partenaire du même sexe ? Injurier Dieu ? Le Parti Communiste ? Mais allez-y ! Qui va vous en empêcher ? Le pays s’est effondré, toutes nos belles valeurs, toutes nos promesses ont été soufflées comme du vent, c’est une opportunité qui ne se reproduira pas alors moi je dis : saisissez-là ! C’est le moment d’expérimenter et vous verrez que tout ça vous rendra plus tolérants. Ne vous précipitez pas dans les bras de ceux qui vont essayer de vous rassurer en substituant un ordre à un autre, une prison à un autre ! Tous les candidats autour de cette table, tous sans exception, ils ne vous promettent rien de plus qu’un système dont vous serez de nouveau esclaves. Alors oui je n’ai pas peur de le dire : il faut faire notre révolution libertaire, enfin, et libérer le vrai potentiel révolutionnaire de ce peuple.

On vous a spolié d’une révolution, d’une libération et on vous a enfermé dans une dictature qui n’avait pas d’autre valeur que de maintenir au pouvoir une petite caste dirigeante. Peprovites, Prodnoviens, il est temps de reprendre NOTRE émancipation en main ! Pas grâce à je-ne-sais quel leader ou chef, mais par nous-mêmes, sans concessions avec notre liberté ! »

Georgiy : « C’est une forme de nihilisme que vous proposez Alexandrov Valerianovich ? »

Igorevich (PU!) : « Allons ces invectives sont aussi insupportables que stériles. »

Valerianovich (P21) : « Taisez-vous Igorevich. »

Igorevich (PU!) : « Je ne vous permets pas ! »

Valerianovich (P21) : « Et bien ne permettez pas mais taisez-vous. Je vais répon… »

Igorevich vient de quitter son pupitre et se rapproche de Valerianovich.

Georgiy : « Ah non non non ! »

Savelievich, qui se trouve entre eux, fait un geste pour s’interposer.

Savelievich (PLP) : « Messieurs allons messieurs… »

Vitalievich (PSP) : « Quelle honte quelle honte… »

Valerianovich (P21) : « Vous allez provoquer un esclandre, Igorevich ? »

Georgiy : « Non non s’il vous plait, du calme, Kanalin Igorevich retournez à votre place, s’il vous plait… »

Malyshev Stanislavovich ricane.

Stanislavovich (PRCP): « Charmant spectacle donné par les tenants de la démocratie… »

Igorevich est retourné à son pupitre, non sans avoir bravé Valerianovich du regard.

Georgiy : « Messieurs du calme, s’il vous plait… Enfin… quelle image, quelle image… Alexandrov Valerianovich, avez-vous terminé ? »

Valerianovich (P21) : « Je répondrai sur la question du nihilisme. »

Georgiy : « Allez-y. »

Valerianovich (P21) : « Le nihilisme, c’est la négation du sens. Je ne mange pas de ce pain-là, et mon parti non plus. Le chaos est un terreau fertile, vos pertes serviront d’engrais pour les sols et… »

Vitalievich (PSP) : « Mais enfin ! »

Valerianovich (P21) : « Vais-je avoir le droit de parler ou merde ? »

Georgiy : « Comprenez que vos propos puissent choquer… »

Valerianovich (P21) : « Qu’ils choquent, ils n’en sont pas moins vrais. »

Georgiy : « Bien écoutez, je propose que tout le monde retrouve son calme, nous allons passer la parole, c'est au tour de Malyshev Stanislavovich de s’exprimer. Malyshev Stanislavovich vous situez votre programme politique dans la continuité du Prodnov communiste, on sait que ce-dernier ne faisait pas preuve d’un grand libéralisme en termes de mœurs, quelle est votre position sur ces sujets ? Y aura-t-il des changements si vous arrivez à la tête de l’Etat ou allez vous reprendre les lois précédentes telles qu’elles ? »

Stanislavovich (PRCP): « C’est une question complexe. Il ne faut pas perdre de vue que le communisme est fondamentalement émancipateur, la preuve en est que le droit de vote des femmes, par exemple, a été décrété dès la fin du XIXème siècle, plus d’un siècle en avance par rapport à la plupart des soi-disant démocratie capitalistes. En réalité les capitalistes ont toujours fonctionné ainsi, leur démocratie est un suffrage censitaire qui ne dit pas son nom. Nous savons par exemple que les classes laborieuses et pauvres votent beaucoup moins que les classes bourgeoises, dans ce genre de pays. Il est donc tout à fait édifiant de voir que le ‘progressisme’ mis en avant par ces régimes sert surtout à légitimer une domination de classe et ne se soucie en vérité pas du tout du sort des travailleurs et du prolétariat. Je souhaite donc commencer par insister sur ce point qui me semble fondamental : la démocratie libéral et les mœurs libérales ne sont aucunement un gage de liberté, d’égalité ou de fraternité. En vérité il s’agit souvent de l’exact inverse.

Concernant mon programme à présent, je pense que trop de liberté individuelle se fait souvent au sacrifice des libertés collectives. Prenez le consumérisme, il oblige une nation à consacrer toujours plus de sa force productive à des biens dont, au final, le peuple n’a pas besoin. La publicité est un bon exemple de ce phénomène, les capitalistes créent artificiellement des besoins ce qui alloue le travail à une production sans but. Cela appauvrit la nation, créé un enrichissement artificiel par pure circulation de monnaie, et perverti la population qui sans cela aurait largement pu se contenter d’une sobriété heureuse. Le Parti Républicain Communiste du Prodnov assume que l’effort national doit se faire aussi à travers l’effort individuel. »

Georgiy : « Vous demandez donc aux Peprovites de renoncer à un certain confort matériel ? Que répondre à ceux qui seraient tentés par l’exil par exemple ? La société de consommation exerce une puissante attraction sur les individus, vous ne pouvez le nier. »

Stanislavovich (PRCP): « En effet, mais c’est là un faux dilemme, il n’y a pas à choisir entre l’austérité ou la débauche consumériste. La sobriété est un juste milieu, cela implique cependant une politique stricte de régulation des tentations, par l’interdiction catégorique de la publicité, par exemple, mais aussi en promouvons un société de divertissements collectifs. Parcs d’attraction, cinémas, théâtre, activités sportives, ce sont des activités ludiques qui renforcent la sensibilité du peuple, raffermissent le corps et entretiennent l’identité collective. Ce sont donc des activités saines, éloignées du consumérisme capitaliste. »

Georgiy : « Vous prônez donc la collectivisation des moyens de divertissement ? »

Stanislavovich (PRCP): « Très drôle, mais c’est assez juste. L’ennemi, c’est l’individualisme, voilà ce qui détourne l’individu de l’émancipation collective. Toute évolution juridique des mœurs doit être pesée dans ce cadre. SI je suis élu, je soutiendrai les évolutions sociales sociales que le peuple estimera bénéfiques pour les masses, mais je ne ratifierai pas la charte des Droits de l’Homme pour autant. »

Georgiy : « Quelles seraient ces évolutions ? »

Stanislavovich (PRCP): « Tout d’abord, poursuivre l’émancipation des femmes qui sont nos égales, et des travailleuses fières et dignes. Notre ennemi est de classe, pas de genre. En ce qui concerne les droits des minorités, le communisme est notoirement opposé à toute forme de racisme ou d’impérialisme, le Parti Républicain Communiste du Prodnov poursuivra son engagement internationaliste et soutiendra tous ses frères et sœurs prolétaires, quel que soient leurs continents. »

Georgiy : « Malyshev Stanislavovich je vous remercie pour ces explications détaillées, je passe à présent la parole à Kurdin Savelievich. Kurdin Savelievich, votre parti se nomme lui-même Parti Libéral Peprovite, vous vous êtes engagé dans vos promesses de campagne à défendre tous les droits fondamentaux sans exception, pourriez-vous nous détailler vos ambitions si vous parvenez à constituer un gouvernement ? »

Savelievich (PLP) : « Si vous m’y autorisez, Konovalov Georgiy, je voudrai commencer par revenir sur ce qui a été dit précédemment car cela me fait froid dans le dos, je ne vous le cache pas. Entendre dans la bouche d’un responsable politique qu’il ne s’engagera pas pour les Droits de l’Homme, c’est inquiétant, très inquiétant. Opposer le droit collectif au droit individuel est un non-sens juridique, il n’existe aucun droit collectif sans que cela ne prenne la forme d’une association ou d’un collectif, justement, or ces organisations émanent seulement et uniquement de la volonté libre et consentie des participants, on n’appartient à personne d’autre qu’à soi-même, ce qui me fait dire que… »

Stanislavovich (PRCP): « A soi même et à l’Etat, vous voulez dire Kurdin Savelievich. »

Savelievich (PLP) : « Je… comment ça ? »

Stanislavovich (PRCP): « Essayez donc de trahir votre patrie, vous verrez que l’Etat vous rappellera assez rapidement que vous êtes sa propriété. A trop insister sur les droits, vous en oubliez vos devoirs Kurdin Savelievich. »

Savelievich (PLP) : « Je n’oublie rien du tout jeune homme. Le Parti Libéral s’oppose justement à cette mainmise de l’Etat sur l’individu que vous semblez aduler. Tout ça ne tient qu’à une terrible mascarade, une sordide illusion. Les masses, le collectif, la société, ou quelle que soit la façon dont vous la nommez, ce n’est rien d’autre qu’une agrégation d’individus libres et souverains, voilà tout. Aussi, seuls leurs droits existent, les droits fondamentaux sont l’unique chose qui fait tenir un pays et l’empêche de sombrer dans une affreuse tyrannie. Respectez les droits de chacun et il n’y aura pas un seul Peprovite malheureux à Peprolov, mais spoliez en un seul et vous commettrez l’acte le plus lâche et le plus indigne qui soit. »

Georgiy : « … vous… proposez donc d’étendre ces droits. »

Savelievich (PLP) : « Oui je… pardonnez-moi, je me suis emporté. C’est que j’entends tant est plus de sottises criminelles depuis le début de ce débat, il est tout simplement insultant pour quiconque a un peu d’esprit scientifique, est attaché à la raison, de devoir faire face à un tel flot d’inepties, de charlatanisme marxiste, pseudo-scientifique, inorthodoxe et… »

Vitalievich (PSP) : « Je ne me laisserai pas, insulter de la sorte ! Savelievich c’est vous le, le, le, le DOCTRINAIRE !! Le, le, le… LE LE, LE SCELERAT ! IDEOLOGUE ! BOURGEOIS !!! »

Georgiy : « Entsky Vitalievich s’il vous plait, du calme, Kurdin Savelievich pourriez-vous… heu, ménager les esprits ? Tout le monde est un peu tendu autour du plateau. »

Savelievich (PLP) : « J’essaierai. »

Georgiy : « Pour en revenir à votre programme, peut-être… ? »

Savelievich (PLP) : « Oui, le programme du Parti Libéral Peprovite est assez simple en vérité, il suit le chemin que se doit d’emprunter toute démocratie libérale qui se respecte c’est-à-dire l’application stricte des droits fondamentaux des individus. A l’Etat le régalien, le stricte régalien, le reste est entre les mains de la population, du peuple, si ce terme vous fait plaisir. En vérité, chacun en suivant son intérêt et s’il est protégé par les lois qui lui garantissent le respect de sa personne et de ses biens, ira toujours chercher ce qui est bon pour lui, en employant les moyens qu’il juge nécessaire. Chacun fera selon ses forces, ses besoins et ses envies, le tout sur le marché libre. Le marché est un espace sans jugement moral, parfaitement neutre, et ainsi doit être l’Etat, nous n’avons pas pour but d’aller regarder dans la maison de chacun ce qu’il y fait, laissons cela aux autoritaires et adeptes du… j’ose à peine le dire… du « droit collectif », le droit individuel est le seul à même de garantir le bonheur et la prospérité du plus grand nombre. »

Georgiy : « Soutenez-vous la pédophilie Kurdin Savelievich ? »

Savelievich (PLP) : « Je… quoi ?? »

Georgiy : « Vous dites ne pas souhaiter légiférer sur les mœurs, je vous le demande, soutenez-vous la pédophilie ? »

Le public s’agite et murmure dans le dos de Savelievich.

Savelievich (PLP) : « Mais enfin pas du tout, tout mon propos s’articule justement sur la défense des droits individuels, dont le respect du consentement, or un mineur ne peut pas donner son consentement et ne peut donc pas s’insérer sur le marché de la sexualité qui… »

Yanovitch (GMDO) : « Est-ce cela que vous apprendrez à nos fils et nos filles, quand vous leurs direz leurs droits, Kurdin Savelievich ? Le marché de la sexualité ? »

Savelievich (PLP) : « Oh par pitié ne vous faites pas plus bête que vous le l’êtes, il est évident que préciser leurs droits aux enfants sera une manière de les protéger contre ce que vous dénon… ce que nous dénonçons tous. L’éducation au consentement, aux droits individuels est l’outillage de base du citoyen et oui, je l’assume, l’école a également pour fonction d’enseigner à chacun les droits dont il jouit et… »

Le public gronde.

Vitalievich (PSP) : « Oh ! »

Georgiy : « Kurdin Savelievich, c’est un pauvre choix de mots, j’espère que vous vous en rendez compte… »

Savelievich (PLP) : « Mais enfin c’est un monde, quel mal y a-t-il à éduquer nos jeunes concitoyens pour leur apprendre à se protéger ?! »

Yanovitch (GMDO) : « Vous n’avez aucune morale, Kurdin Savelievich, vous en donnez la démonstration au Prodnov tout entier. Il faudrait vous chasser de ce plateau. »

Savelievich (PLP) : « Mais enfin… ! »

Georgiy : « Personne ne va chasser qui que ce soit, néanmoins Kurdin Savelievich je pense que nous allons nous arrêter là pour cette prise de parole. »

Savelievich (PLP) : « Mais c’est une honte ! Un coup monté ! On déforme mes propos ! »

Yanovitch (GMDO) : « C’est vous qui devriez avoir honte. »

Georgiy : « Allons, du calme tout le monde, du calme. La parole revient à Kanalin Igorevich. »

Igorevich (PU!) : « Je ne vous cacherai pas que je suis assez choqué par ce que je viens d’entendre. »

Georgiy : « Je comprends. »

Savelievich (PLP) : « Enfin c’est ridicule ! Ridicule ! »

Georgiy : « Kurdin Savelievich je vous prierai de respecter le tour de parole. Kanalin Igorevich, vous êtes libéral vous-même, pro-capitaliste, mais vous axez votre programme autour de l’identité nationale et de la défense des valeurs du Prodnov, ainsi que de ses traditions. Souhaitez-vous faire de la République de Peprolov une démocratie morale, à l’instar du modèle impérialiste de l’ONC ou est-ce un modèle hybride que votre programme dessine ? »

Igorevich (PU!) : « Je vous remercie pour cette question Konovalov Georgiy. Une fois de plus, je crois que ce dont a besoin Peprolov, c’est de nuance. Je vois autour de moi des positions de radicalisés, frisant la folie, légitimer la pédophilie, quelle honte… »

Savelievich (PLP) : « Cela suffit ! Je ne me laisserai pas insulter de la sorte ! Ce débat est un mascarade ! »

Savelievich quitte son pupitre et sort du plateau.

Georgiy : « Hm. C’est peut-être mieux ainsi. »

Igorevich (PU!) : « Pour revenir au programme du Prodnov Uni !, nous proposons ce qu’aucun autre parti ne peut offrir : un équilibre entre la tyrannie et le chaos. A ma gauche se trouve la tyrannie communiste, un régime sanglant que certains ici voudraient voir renaître, dans quel but ? Encore plus de crime ? Je dis : le sang du Prodnov a suffisamment coulé ! Et de l’autre, Kurdin Savelievich est le triste exemple de ce que certains idéologies d’importation étrangère cherchent à introduire à Peprolov : le désordre, la dépravation, une dégénérescence morale qui achèverait de disloquer l’unité des Prodnoviens, non plus seulement territorialement, mais aussi au cœur même du peuple. Féminisme, LGBTisme, gauchisme, ils veulent mettre des étiquettes pour séparer, diviser notre nation. L’offensive de nos ennemis est autant menée par les armes que par l’introduction de ces nouvelles idéologies qui ne servent qu’à construire de la différence là où il n’y a qu’un peuple, un Prodnov ! Fondamentalement, j’associe – et je ne suis pas le seul à le dire – les idées importées par les démocraties morales à des tentatives de séparatisme ce qui correspond parfaitement à leur projet au Prodnov, la gauche a toujours été hostile à la fierté patriotique, à la construction d’une identité nationale, les exactions de l’ONC comme celles de la tyrannie communiste sont les deux faces d’une même pièce qui tente d’écraser le Prodnov. »

Georgiy : « Vous renvoyez l’ONC et les communistes dos-à-dos, Kanalin Igorevich ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « C'est ridicule… »

Stanislavovich (PRCP): « Pas tant que ça quand on regarde votre parti, Krasnov Vyacheslavovich. »

Georgiy : « S’il vous plait, laissez Kanalin Igorevich répondre. »

Igorevich (PU!) : « J’y vois en effet la même idéologie mondialiste ou internationaliste – franchement qui fait la différence ? – alors c’est assurément une querelle de chapelle entre deux projets, mais la substance reste la même : dissoudre les identités nationales au profit d’un grand magma, communiste pour les uns, libéraux pour les autres. Au mépris des aspirations du peuple. Il suffit de voir à quel point les gauchistes se torchent avec la souveraineté, dans un cas ils nous imposent la dictature, dans l’autre ils nous imposent l’éclatement de la nation en quatre entités sous occupation. Il n’y a derrière tout cela qu’une seule idéologie, celle du mépris de notre souveraineté nationale. »

Georgiy : « Mais n’êtes-vous vous-même pas un libéral ? »

Igorevich (PU!) : « Cette étiquette est trompeuse car elle amalgame liberté des mœurs et liberté économique. Je crois au respect de la propriété privé, c’est une évidence, mais je ne m’alignerai pas pour autant sur des valeurs et des régimes importées. La liberté est une bonne chose appliquée à l’économie, elle affermit le marché intérieur et stimule la productivité de la nation, pour autant la « liberté » – si on peut appeler cela ainsi – des mœurs, cela est un fléau qu’il faut combattre avec force : voter pour le Prodnov Uni ! c’est affirmer que nous ne braderons ni nos valeurs, ni nos modes de vie sur le grand marché mondialisé, le Prodnov doit se doter d’une souveraineté économique, politique et morale, et en aucun cas se laisser dicter sa conduite par des étrangers. Voter pour le Prodnov Uni ! c’est voter pour la souveraineté ! »

Georgiy : « Kanalin Igorevich, vous parlez d’influences étrangères mais quand on regarde le discours tenu, par exemple par le Novigrad, c’est une politique qui semble assez proche de la vôtre, n’y a-t-il pas des rapprochements possibles à faire avec l’ONC selon vous ? »

Igorevich (PU!) : « L’ONC est un ramassis de brigands de toutes les formes et de toutes les tailles, le contenu de leur politique intérieure n’a pas d’importance, ce qu’il faut retenir c’est bien qu’ils ont fait alliance autour du marché mondialisé, le Novigrad peut bien prétendre ce qu’il veut, il n’est que la pute d’économies plus prospères que lui et son identité slave finira par se dissoudre à leur contact. Je ne souhaite en aucun cas d’un destin similaire pour les Prodnoviens, voilà mon combat. »

Georgiy : « Kanalin Igorevich je vous remercie pour vos explications éclairantes, je passe à présent la parole au candidat suivant : Krayevsky Yanovitch. Krayevsky Yanovitch, votre parti revendique une ligne dure, vous proposez la militarisation générale de la société civile prodnovienne, ce programme est-il compatible avec les Droits de l’Homme et quelle est votre conception de la morale d’Etat ? »

Yanovitch (GMDO) : « Compatible avec les Droits de l’Homme, certainement pas. Ces soi-disant droits sont un enfumage bourgeois dénoncé depuis bien longtemps par nos camarades. Le droit, le seul droit, c’est avant tout celui de la force. Je tiens à rappeler que nous sommes toujours dans une situation de lutte des classes, c’est un combat – à mort pour beaucoup de prolétaires – entre la bourgeoisie capitaliste et les travailleurs. Travailleurs dont la seule force est la force de travail, la force productive mais aussi la force combative. Soyons clairs : aucun homme n’est fort seul, c’est par la discipline dont il fait preuve, et plus particulièrement par la discipline au travail et à l’entraînement que le prolétaire dépasse sa condition et s’arme pour remporter la lutte. Je vais être encore plus clair : j’appuie ma vision politique sur la théorie des trois corps du camarade Kurdine : corps de classe, corps d’Etat, corps du travailleur. La force c’est la force des corps, certains peuvent se substituer à d’autre, on peut être faible physiquement mais fort grâce à la nation ou le poids collectif de notre classe sociale. Inversement, et c’est assez à propos de la situation actuelle, l’Etat peut être faible : si la classe est forte, alors nous y puiserons notre puissance. Toute la morale doit diriger vers le renforcement d’au moins un de ces trois corps, la discipline, la hiérarchie, la structure sociale doivent être soumis à une discipline ferme car la faiblesse de l’un des corps, c’est la faiblesse des deux autres. Le prolétaire se doit à sa classe, et il se doit à l’Etat, inversement, l’Etat se doit au prolétaire, il doit l’encadrer, l’encourager, le stimuler pour lui permettre d’exprimer son plein potentiel. Les atteintes aux mœurs, à la virilité, la prise de drogue, l’hédonisme, l’oisiveté sont des vices bourgeois et des cancers qui viennent ronger la société de l’intérieur. Tout cela doit être banni, car rien de tout cela n’appartient à la classe prolétarienne. Un esprit sain dans un corps sain disaient les helléniques et les premiers slaves et je rejoins cette vision organique de la lutte. Le communisme a des tendances théoristes qu’il nous faut combattre en interne, et en cela je me distingue des positions prises par Malyshev Stanislavovich, le collectif n’est pas un aboutissement en soit, il est vecteur de puissance mais pas sa fin. La fin, c’est la construction de l’homme nouveau, du prolétaire émancipé, non pas celui qui refuse l’individualité, mais celui la réalise dans ses trois corps. »

Georgiy : « Eh bien... heu je veux dire, je vois ! Mais pour parler peut-être un peu plus concrètement, Krayevsky Yanovitch, comment s’appliquera votre programme si vous arrivez au pouvoir ? »

Yanovitch (GMDO) : « Je commencerai par combattre, par l’interdiction si nécessaire, tous les vices bourgeois qui poussent les prolétaires à singer un habitus de classe à laquelle ils n’appartiennent pas. La guerre contre la drogue sera déclarée, contre la prostitution, la pornographie, nous allons promouvoir un ascétisme social, dans la consommation, la pratique du sport et des loisirs. Tout ce qui participe à affaiblir le corps devra être banni, le corps humain, le corps social, le corps de classe. Voter pour le Groupement Militaire de Défense et d’Offense, c’est s’engager sur une voie dont vous sortirez grandis. La liberté mise en avant par la classe bourgeoise est en fait un éparpillement, la désagrégation de votre force dans des activités improductives, éphémères et abrutissantes. Un homme a besoin d’encadrement, tout le monde en a besoin, moi y compris, c’est à cela que servent structures sociales et l’armée est la plus ferme, c’est-à-dire la plus efficace. Rassurez-vous camarades, je ne vous promets pas des vies de moines soldats, il y aura de la joie, il y aura de l’épanouissement, dans une dimension d’autant plus puissante que ce sera une joie et un épanouissement émancipateur, libérateur, et conforme à votre puissance. Qui, me regardant sur ce plateau, peut me dire qu’il a trouvé un épanouissement devant les séries télévisées, devant la pornographie qu’on trouve désormais en abondance, devant le spectacle de sa vanité et de son oisiveté. Chacun d’entre nous sait qu’une vie puissante est une vie fermement tenue à des principes et à une rigueur. Il ne s’agit pas de faire de la morale, il s’agit de faire du matérialisme. Le muscle, la bonne santé, l’hygiène de vie, l’épanouissement au travail cela ne ment pas, et c’est tout ce que la bourgeoisie dégrénée combat ou cherche à singer. »

Georgiy : « Merci… merci Krayevsky Yanovitch, c’est assez clair en effet. Je vais donc passer la parole à Krasnov Vyacheslavovich. Krasnov Vyacheslavovich, bien qu’également communiste, vous vous réclamez d’une ligne beaucoup plus libérale que vos concurrents, vous avez notamment insisté sur le fait que le communisme avait pour finalité l’émancipation individuelle vis-à-vis des déterminismes – ou des carcans – sociaux, pouvez-vous développer votre position ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « Oui heu, pour commencer je voudrai quand même préciser que je me réclame d’une ligne libertaire, et pas libérale et… »

Yanovitch (GMDO) : « Comme les Pharois. »

Georgiy : « S’il vous plait, ne commencez pas. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Libertaire, donc, le communisme libertaire, d’où le qualificatif de réformiste que revendique mon parti. Libertaire, comme le – puissant – Parti Communiste Pharois, ne vous en déplaise, bien plus influent aujourd’hui que les lignes dures adoptées par la Lutharovie, le Kronos ou la Loduarie, mais passons. Le communisme libertaire, c’est aussi la théorie politique mise en place par nos voisins nazuméens, la République Communiste Libertaire de Boltorkhoy et la République Autonome de Priscyllia ce qui, entre le Syndikaali à l’ouest, et les nations anarchistes de l’Est, ferait de Peprolov le cœur d’un arc libertaire puissant et redonnerai à notre pays une grande importance sur la scène internationale. »

Georgiy : « Mais en termes de mœurs, de liberté et de morale, quelle ligne défend votre parti, Krasnov Vyacheslavovich ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « Ce n’est pas très compliqué à comprendre, en fait. Un individu, dans une société donnée, une culture donnée, est traversé par des déterminismes sociaux extrêmement puissants. De sa socialisation aux normes culturelles, son imaginaire, son idéologie, tout ça construit un carcan – vous l’avez bien dit Konovalov Georgiy – qui emprisonne arbitrairement l’individu. Un être humain qui, contre sa volonté, et souvent sans en avoir conscience, se retrouve à suivre des injonctions qu’il n’a ni choisi et qui le contraignent. La première étape est donc d’abattre ces carcans, ou tout du moins de proposer des voies d’émancipation. Il est évident que cela passe par plus de liberté d’agir, et donc que la loi, qui est arbitraire par principe, et très rarement une expression populaire dans les démocraties libérales, il ne faut pas se voiler la face, soit un outil pour le citoyen et non une entrave. »

Georgiy : « Mais n’est-ce pas une approche essentialisant de l’individu que de croire qu’il posséderait une sorte de ‘nature profonde’ emprisonnée par des déterminismes sociaux ? On retrouve quand même un discours qui sonne très libéral en apparaissant prôner la souveraineté de l’individu sur son environnement social. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Alors c’est une excellente remarque qui va me permettre de distinguer une espèce de confusion que je vois un peu trop souvent entre une approche libérale de la société et une approche libertaire. Comme vous le dites Konovalov Georgiy une vision libérale de l’individu c’est un individu autonome, voire autarcique, qui n’est pas influencé par la société et est donc libre de ses choix et de son destin, libre et responsable, parce qu’il fait exercice de raison. Ce qui est commun à cette vision de l’individu avec une approche libertaire, c’est la critique de l’Etat et des structures sociales, ce qui peut amener à confondre ou associer libéral et libertaire. Mais ça c’est une simple méconnaissance de la théorie libertaire, justement, il n’a jamais été question pour nous d’une espèce de nature humaine profonde, rationnelle, que la société viendrait bais… biaiser… »

*rire du public*

Vyacheslavovich (PCR) : « Pardon. » *il rit, légèrement mal à l’aise*

Georgiy : *en souriant* « Allez-y Krasnov Vyacheslavovich. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Tous les travaux, que ce soit en sciences humaines ou en sciences cognitives, arrivent aux mêmes conclusions : l’individu est socialement construit, il possède bien entendu des caractéristiques biologiques données par la génétique, des traits de caractère sur lesquels l’influence humaine est limitée, mais fondamentalement nous sommes des êtres interconnectés, sociaux, qui ne pouvons vivre en dehors d’une culture, avec son lot de rituels, y compris des rituels coercitifs. L’enjeu d’un programme communiste libertaire est de substituer des déterminismes imposés arbitrairement par la culture, la tradition, ou la force, par des déterminations choisies, qui permettent à l’individu de s’émanciper selon les modalités qui lui conviennent. Nous reprenons aux libéraux cette conviction que personne n’est mieux placé que nous même pour savoir la bonne façon de vivre, nous sommes les seuls à connaître la voie de notre propre émancipation. Mais comme cette connaissance peut être manipulée, orientée, ou contrainte, que ce soit par des forces tyranniques, la pression des pairs, la publicité, etc. il faut construire une société qui donne les moyens à chacun d’explorer, d’échapper à ces pressions pour – s’il le désir – y revenir ensuite. L’important est que cela corresponde à ses besoins.

Voilà pourquoi nous sommes à la fois libertaires, mais aussi communistes. Le capitale, parce qu’il exerce une domination sur l’individu, doit être abattu, au même titre que des formes de dominations héritées d’un rapport de force arbitraire telles que le patriarcat, le racisme, le colonialisme et j’en passe. Ce sont toutes des structures sociales qui perpétuent la supériorité d’un groupe ou d’une classe sur une autre, et ce souvent par la force, il faut s’en débarrasser et le seul moyen connu à ce jour d’y arriver, c’est par le communisme. Le communisme permet à tous les individus d’échapper à la faim, par exemple, au chantage à la productivité, en redistribuant la plus-value, mais aussi en attribuant une valeur à des choses non-marchandes, nous nous émancipons des formes de production aliénantes. »

Georgiy : « Si on vous comprend bien, vous essayez donc de trouver un compromis entre un projet politique hyper encadrant pour l’individu, et un projet qui le place au centre de tout, quitte à dénier des formes de déterminisme. Mais quelle est la place de la moralité, disons, de la société dans son ensemble, la culture nationale, par exemple ? Est-ce que ça n’a pas une importance aussi ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « C’est ça, oui, je pense qu’entre l’autoritarisme et le libéralisme, qui sont deux extrêmes, le communisme libertaire joue un rôle d’arbitrage, c’est ce qui explique aussi que notre conception de la politique soit une conception démocratique et qui cherche le compromis, nous n’avons pas de ligne ferme mais c’est notre force. Pour ce qui est des valeurs, ou de la culture nationale, je me méfie personnellement du nationalisme. Si par contre certains d’entre-nous s’épanouissent dans une forme d’identité culturelle locale, un amour des paysages, d’une langue, c’est parfait, simplement ce sont des affects parmi d’autres et il n’est pas question de construire une doctrine politique à partir de ces-derniers, simplement chacun est libre de suivre le chemin qu’il juge émancipateur. »

Georgiy : « Krasnov Vyacheslavovich merci beaucoup, vous avez très légèrement dépassé votre temps de parole mais cela compense votre intervention sur le thème précédent qui était plus courte. La prochaine prise de parole revient à un candidat qui, je pense, ne partage pas du tout votre vision de la culture et des traditions, Alexandrov Vadimovich, votre parti soutient au contraire que l’ancrage des Peprovites dans une identité culturelle et traditionnelle forte doit être au fondement de toute la morale d’Etat, pouvez-vous développer cette idée ? »

Vadimovich (PUP) : « En effet, en effet. Beaucoup de naïveté de la part de mes adversaires, c’en est attristant, on sent tout l’effet pervers d’une modernité en roue libre qui n’entraperçoit la beauté du monde qu’à travers sa transformation. C’est l’ubris, c’est l’ubris ! L’orgueil, l’illusion du contrôle ! « devenir soi-même », « changer le monde », « perforer son identité », que de projets vaniteux et nihilistes. A ne concevoir la société que comme une page blanche, une table qu’on rase, ces gens oublient qu’on ne construit pas sur des sables mouvants. D’ailleurs qu’a donc produit cette épopée constructiviste sinon du crime et des horreurs bétonisées ? Me concernant, je ne parlerai ni d’émancipation, ni de libertés, ni aucune autre forme de ce genre de baratin, je parlerai du pays réel, de ses collines, de ses forêts, et de son peuple. Les Peprovites habitent sur une terre qui est la leur depuis des siècles, ils y ont prospéré, développé une identité profonde, remontant du fond des âges, articulée autour de la tradition, des valeurs, et de l’unité raciale. Trois choses que les constructivistes déconstructeurs souhaitent démolir, car elle va contre leur idéologie mais ce qui est assez pathétique c’est qu’ils n’y parviendront pas, jamais à dire vrai, car cette identité est inscrite dans le cœur et dans les gênes des Peprovites, elle surgira toujours, comme elle ressurgit aujourd’hui, alors que l’ambition communiste se révèle dans son horreur et sa médiocrité.

Mon parti, le Parti d’Union Peprovite, n’a pas besoin de lois pour contraindre l’individu, le pays réel se réalisera de lui-même, à condition d’en bannir les idéologies, les théories qui prétendent ajouter des couches artificielles à un matériaux qui lui est bien réel. Il faut protéger notre peuple, nos enfants, l’avenir de notre race des aventures idéologiques qui le détournent de sa nature véritable et profonde. Derrière un vocable d’émancipation se trouve en vérité un projet antinaturel, qui mènera à termes au transhumanisme, à l’abolition de toutes les mœurs, de toutes les valeurs, le culte des hommes-dieux. C’est de cette illusion dont nous devons nous méfier comme d’une peste qui ravage depuis trop longtemps toute l’Eurysie occidentale et une part de ses colonies. L’âme slave, parce qu’elle est dure et forgée dans l’adversité, résiste aux tentations du serpent, mais pour combien de temps ? Déjà dans le projet internationaliste se trouvait le ver de l’immigration, celui-ci continue de nous ronger jour après jour au nom du marché et de la libre circulation des biens et des marchandises. Nous importons des populations étrangères, et avec elles leurs vices, leurs cultures, leurs modes de vie. Tout cela dilue l’âme profonde du peuple Peprovite et condamne chaque jour un peu plus la possibilité de nous retrouver, ensemble, autour de notre nature réelle. »

Georgiy : « Vous proposez donc un projet de défense de la race et de la culture Peprovite, mais vous dites que celle-ci a été écrasée par le communisme prodnovien, comment comptez-vous, concrètement, la redynamiser ? Quelle mesure concrètes pour faire ‘revenir’ cette nature réelle dont vous parlez Alexandrov Vadimovich ? »

Vadimovich (PUP) : « Tout l’enjeu est là, Konovalov Georgiy, contrairement à mes adversaires, je ne propose aucun plan, je suis contre la théorie, tout simplement. La théorie c’est l’esprit qui prend le pas sur le réel, la culture qui s’impose à la nature. Tous les projets de mes adversaires échoueront justement parce qu’ils ont la prétention d’agir depuis le haut, de dicter par des lois, et en définitive de la coercition, les mœurs des Peprovites. Mais on ne commande pas des mœurs, comme la culture, comme la sensibilité naturelle, elles sont volatiles et insaisissables, même moi je n’en connais pas la nature, je ne peux que spéculer, il faudra constater leur réalisation effective pour cela. Le seul projet du Parti d’Union Peprovite est donc d’agir en négatif de tous les autres, je me fais l’ennemi de tous, je combattrai jusqu’à la mort leurs ambitions artificielles et blasphématrices, scélérates à leur race, pour laisser prospérer, spontanément et harmonieusement, la véritable âme Peprovite se réaliser et se déployer dans toute sa splendeur. »

Georgiy : « C’est un projet assez flou, vous en conviendrez… »

Vadimovich (PUP) : « Un flou compensé par son ambition, vous en conviendrez également. Je ne cherche pas à convaincre ceux qui ne peuvent pas l’être, l’appétence pour la mauvaise vie a été répandue comme une maladie vénérienne par les tenants de la modernité et du progrès, je m’en désole mais j’en prends acte. Pour tous ceux qui ont goût aux ambitions naturelles et profondes, qui savent au fond de leur cœur que leur existence est vide et creuse, dont l’âme se dessèche chaque jour un peu plus dans le désert du sens, à ceux-là je dis, n’ayez pas honte de vous, de vos sentiments, de votre race, embrassez la tradition, rejetez la modernité, et faisons de Peprolov une terre préservée pour les slaves, un petit Eden. »

Georgiy : « Merci Alexandrov Vadimovich, je pense que chacun se sera fait une idée assez claire de votre projet. Je vais à présent passer la parole au dernier candidat, le doyen de ce plateau, Entsky Vitalievich, je crois que votre vision des mœurs et des droits est assez proche de celle de Malyshev Stanislavovich et de celle de Krayevsky Yanovitch, quelle différence voyez-vous entre votre projet et le leur ? »

Vitalievich (PSP) : « Assez peu, il est vrai, assez peu, toutefois je crois, j’ai la conviction, qu’il manque un aspect stratégique, fondamental, à la réflexion de mes deux, camarades, c’est celui de l’application, concrète, d’une vision qui demeure, très théorique, ne nous le cachons pas et cette vision, ne peut en vérité avoir d’application, sans être structurée, sans avoir de colonne vertébrale et, cette colonne, c’est celle de l’avant-garde, militante et intellectuelle, capable d’orienter et de réorienter la ligne, politique, du parti, en fonction des événements or, cette avant-garde, ne peut être composée, que de militaire comme le dit Krayevsky Yanovitch ou, de je ne sais quoi, dans la vision de Malyshev Stanislavovich, il faut, en vérité, donner le pouvoir aux économistes, marxistes, à ceux qui pensent, et voient, la lutte des classes, les masses, la voie de l’histoire sans quoi, nous allons, directement dans le mur, assurément. »

Georgiy : « Une avant-garde dont vous ferez partie j’imagine ? »

Vitalievich (PSP) : « Le vitalievisme s’appuie sur un corpus, conséquent, de mes œuvres, mais il doit être, interprété, et réévalué, sans cesse, c’est notre démarche, non pas démocratique, comme certains aiment, brandir ce mot, mais techniciste, professionnelle, c’est la démarche de la division du travail, vous comprenez. »

Georgiy : « D’accord mais très concrètement, Entsky Vitalievich, à quoi ressemblerait une société vitalieviste du point de vue des mœurs et des libertés individuelles ? »

Vitalievich (PSP) : « L’émancipation, la liberté, individuelle, c’est la liberté, de la masse, à laquelle on appartient, car il n’y a pas, de liberté, solitaire, en dehors de la société, tout notre travail, est donc, de guider les masses, vers leur propre émancipation, militaire, et intellectuelle, une société, vitalieviste, comme vous dites, Konovalov Georgiy, c’est une société éduquée, formée, à contribuer à la grandeur collective, par son travail, et sa pensée. Chacun contribue, contribuera, à l’enpouvoirement de tous, non pas, par la performance, ou que sais-je, l’illusion de soi, mais par la production, effective, de valeur, d’une valeur, communiste, c’est-à-dire la transformation, du réel, dépourvu de sens, en quelque chose, qui ait, précisément, un sens, pour l’être humain. C’est, un travail de découpe de la, société, un travail de hiérarchisation, pensé, théorique, appliqué du haut vers le bas, pour construire ensemble, une société, structurée en élément, de valeur, de sens, et non plus des marchandises, avatar, CAPITALISTE, du sens, rendu vide, creux, par le marché, et son évaluation, au regard de la valeur, capitaliste. »

Georgiy : « … »

Vitalievich (PSP) : « … »

Georgiy : « …bien. Vous voyez quelque chose à rajouter ? »

Vitalievich (PSP) : « Vous n’avez pas de question, à me poser ? »

Georgiy : « Non non c’était très clair. »

Vitalievich (PSP) : « Vous n’avez, rien compris, Konovalov Georgiy ? »

Georgiy : « Je… pas tout, je vous avoue. »

Vitalievich (PSP) : « Voilà, s'il le fallait, la démonstration de la nécessité, absolue, de nous doter d’une avant-garde intellectuelle. »

Georgiy : « Oui, disons cela. Et bien Entsky Vitalievich, merci pour vos explications, le public et les électeurs sont de toute façon seuls juges, haha ! Et bien, il est 22h15, nous sommes piles dans les temps, et passons sans plus attendre à la quatrième partie de ce débat ! »
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Le Grand Débat, quatrième partie (1/2)

la présence albienne et la sécurité nationale


Georgiy : « Hm. »

Le public : « … »

*Une assistante arrive sur le plateau, l’air embêtée, à glisse quelques mots à l’oreille du présentateur*

Georgiy : « Bon bon… Apparemment Kurdin Viktor a quitté les locaux, je ne pense, son équipe nous a fait part de son souhait de ne pas participer à la suite du débat. »

Stanislavovich (PRCP) : « Pour un soi-disant démocrate c’est… »

Georgiy : « Bon bon ! … nous allons donc sans plus attendre enchaîner sur la quatrième partie de notre débat, après tout ce sont des choses qui arrivent, n’est-ce pas, quatrième partie appelée « présence albienne et sécurité nationale », consacrée moins tant au futur de l’armée dont nous avons déjà un peu débattu plus tôt, mais sur nos relations avec les sphères albiennes et notre souveraineté intérieure.

Mais avant de laisser la parole à nos candidats, permettez-moi d’inviter sur le plateau un homme dont il sera question ce soir, car enfin, on ne voudrait pas que nos « amis » Pharois aient les oreilles qui sifflent ! »

*rire du public*

Georgiy : « Un homme très médiatisé pendant la crise du Prodnov que nous avons le plaisir d’accueillir ce soir, s’ils vous plait faites bon accueil à l’Amiral Tuomas, de la marine du Syndikaali ! »

*applaudissement du public, un homme d’un âge avancé, souriant, entre sur le plateau*

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Georgiy : « Amiral Tuomas, bonsoir, merci d’être avec nous ce soir. »

Tuomas : « Et merci de cette invitation. »

Georgiy : « Pour clarifier un peu les choses, notre quatrième thème de ce débat est donc celui de la présence militaire albienne – principalement pharoise – sur le sol Peprovite. Nos candidats sont invités à se prononcer, vous n’ignorez pas que certains sont hostiles aux Pharois, et nous avons pensé qu’il serait plus judicieux d’avoir quelqu’un pour exposer le point de vue du Syndikaali, et éventuellement répondre aux attaques, de façon à ne pas laisser la discussion sans contradicteur. »

Tuomas : « Et c’est tout à votre honneur. Que les spectateurs se rassurent, je ne compte pas empiéter sur le temps de parole de quiconque, juste, peut-être, puisque nous sommes amenés à cohabiter depuis un an maintenant, et que les électeurs sont appelés à se prononcer sur la suite à donner à cette cohabitation, éclairer également la position de mon pays. »

Georgiy : « C’est bien normal, c’est bien normal. Amiral Tuomas, vous êtes l’officier en charge de la marine pharoise au large du Prodnov, c’est vous qui avez coordonné et planifié la stratégie maritime du Syndikaali dès le début de la crise et avant même qu’une opération terrestre ne soit envisagée, ce serait peut-être intéressant de revenir là-dessus avant de passer au débat ? »

Tuomas : « Bien entendu. Voyez-vous, nous avons utilisé au Prodnov la même stratégie qu’au Vogimska lors de la révolution bleue, en fait il s’agit ni plus ni moins que de confiner un pays à l’aide d’un blocus naval afin d’éviter que le conflit ne s’embrase inutilement. Au Syndikaali notre position assez claire : deux factions internes qui s’affrontent, c’est un problème malheureux, mais interne, national en quelque sorte. A la seconde où des étrangers s’invitent dans la danse, alors le cadre national est dépassé et il y a un risque d’impérialisme. Chaque pays est en proie à des rapports de force, ce n’est pas à des gens de culture marxiste que je vais l’apprendre, et il est nécessaire que parfois ces rapports de force se renversent ou se dépassent, c’est la dialectique historique. Si des puissances étrangères faussent le jeu de la dialectique, alors les contradictions ne seront jamais dépassées puisque l’équilibre national chancelant se retrouve complétement déstabilisé par l’intervention d’un poids qui jusque-là demeurait hors-jeu. »

Georgiy : « Amiral Tuomas, pardonnez-moi mais il nous faut éclaircir certains points pour nos téléspectateurs : les Albiens ont également cherché à faire pression sur le gouvernement Prodnovien au début. »

Tuomas : « C’est vrai, mais il s’agit d’équilibre régional. Vous noterez par ailleurs que nous n’étions pas seuls, toutes les nations de l’océan du nord ont parlé d’une même voix. Pour nuancer ce que j’ai dit juste avant, imaginez qu’une région, un espace économique et politique fonctionne comme un écosystème. Avec le temps, des contradictions se creusent dans cet espace et, au bout du compte, aboutissent à des troubles. C’est tout l’équilibre de la région qui est alors en jeu, et il est donc normal que tous les pays de la région participent à régler ces contradictions, y compris par l’opposition militaire frontale. Le Prodnov était l’un des derniers pays autoritaires de l’océan du nord, il était normal que des réformes – ou des révolutions – y surviennent car un pays autoritaire ne peut à lui seul survivre dans un écosystème libéral. La coalition des pays de l’océan du nord est intervenu pour que cette transition se fasse sans martyriser le peuple du Prodnov. Mais en en respectant la souveraineté. »

Georgiy : « Pourtant certains vous accuseraient volontiers de bafouer cette souveraineté aujourd’hui, en occupant Peprolov. »

Tuomas : « Certains parlent d’occupation, d’autres de protection, c’est selon. La vérité je pense que tout le monde la connaît : si la coalition n’était pas entrée sur le sol prodnovien, vous parleriez tous Lofotèn aujourd’hui. En fait, l’impérialisme de l’ONC nous a forcé la main. Alors qu’il n’était question que de ramener un équilibre sans effusions de sang, l’intervention militaire des pays de l’ONC a fait monter les tensions et a momentanément rompu l’équilibre régional en imposant un modèle par la force des armes. Autant dire que c’est précisément cette artificialité qui sera, dans les prochains temps, une source d’instabilité particulièrement inquiétante pour la région puisque nous n’aurons plus possibilité de faire écosystème. »

Georgiy : « En somme, la présence albienne, pour nous concentrer sur Peprolov, serait, un moindre mal ? »

Tuomas : « De fait, il faut bien le reconnaître. Quand on voit le tournant autoritaire pris au Vogimska et le séparatisme affiché par Staïglad qui tente de couper le pays en morceau pour en faire un dominion à sa botte, notre modèle est à ce jour le plus respectueux de l’identité prodnovienne. D’ailleurs notre collaboration avec l’enclave de Galkovine le prouve, il existe à boire et à manger pour tous sur le modèle de circulation libre entre les communes, et c’est sans doute là que se trouve la vraie liberté. »

Georgiy : « Bien Amiral, merci pour ces clarifications, vous aurez sans aucun doutes l’occasion d’en donner d’autres en dialoguant avec les candidats, je vais d’hors et déjà donner la parole à Kanalin Igorevich du Prodnov Uni !. Kanalin Igorevich, ce n’est pas trahir vos idées que de dire que votre parti est resté relativement discret sur la question de la présence albienne à Peprolov, toutefois vous avez à plusieurs reprises insisté sur la nécessité absolue de retrouver une autonomie militaire complète dès que possible. »

Igorevich (PU!) : « Oui, mais j’ajoute toujours que l’autonomie militaire doit se faire à la condition d’un Prodnov réunifié. Je ne suis pas aveugle sur le danger que représente l’ONC, la principale responsable de la fracture du pays, en ce qui concerne la présence Albienne, Amiral Tuomas, je vais être clair : vous n’avez aucune légitimité à vous trouver sur le sol du Prodnov. Par contre, vous êtes et serez les bienvenues si et seulement si nous le décidons. Pour ma part, je n’y suis pas hostile. Le Syndikaali est un allié naturel, bien que vos accointances avec le communisme soient suspectes, mais vous avez le sens des affaires, et du respect de la souveraineté. Si je suis élu, je renégocierai la présence albienne à Peprolov afin de la conditionner aux décisions prises par la Sborka, et seulement à celles-ci. Si nous décidons que vous partez, vous partirez, sinon vous serez bel et bien considérés comme une force d’invasion et je déploierai toute mon énergie à vous chasser du Prodnov, comme je le ferai pour les envahisseurs de l’ONC. »

Georgiy : « Amiral Tuomas ? »

Tuomas : « Kanalin Igorevich, je respecte parfaitement votre position mais elle me semble en définitive parfaitement superflue car nous partirons si vous nous le demandez, quels que soient les résultats de cette élection. C’est l’absence de consensus politique à la Sborka qui nous pousse à rester par défaut, car sans la présence pharoise, nul doute que les chars novigradiens défonceraient à cette heure les portes du parlement. Voyez notre présence comme l’assurance du caractère démocratique et souverain de vos élections, pour ce qui sera décidé ensuite, ce n’est pas de notre ressort. »

Georgiy : « Kanalin Igorevich, quelque chose à répondre ? Sinon nous passons aux questions de sécurité intérieure. »

Igorevich (PU!) : « Je répondre que l’Amiral se pique de mots, mais que les actes nous révéleront la vraie nature des Albiens. Voter pour le Prodnov Uni ! c’est s’assurer que votre souveraineté sera préservé, par les vôtres, pour les vôtres. »

Georgiy : « Bien. En ce qui concerne la sécurité intérieure à présent, Kanalin Igorevich, l’afflux de réfugiés venus de la zone occupée de Staïglad a particulièrement déstabilisé les infrastructures de Peprolov et les services publics ont peiné à encaisser le choc malgré un afflux de capitaux rapides, tout cela a entraîné du désœuvrement que les succès économiques de la République ne suffisent pas complétement à éponger encore aujourd’hui, quelle est votre vision de la situation et les solutions proposées par votre parti pour faire face à ces difficultés ? »

Igorevich (PU!) : « Une chose est sûre, nous allons devoir nous doter sans tarder d’une plus vaste force de police militarisée, Peprolov est à moitié à poil de ce côté-là et c’est de nature à inquiéter tous les patriotes. Nos hommes sont mal formés, mal équipés, beaucoup d’amateurs et de volontaires, mais à qui il manque des bases et je ne parle même pas des rebuts qui ne font ça que pour l’argent ou le statut social. On a hérité de tous les déchets de l’administration communiste qui s’est en partie effondrée après avoir été coupée de la capitale, clairement ce ne sont pas les couteaux les plus affûtés du tiroir. La souveraineté va devoir passer par le réarmement de l’Etat et la restauration de son autorité. On ne peut pas continuer à devoir mobiliser des militaires étrangers pour la moindre descente de police parce qu’on manque de professionnels formés pour ce genre d’opérations-là. Ok a on remis en place la sécurité sociale, très bien, mais il est temps de s’occuper aussi du régalien, je ne pense pas, contrairement aux idéalistes gauchistes, que c’est en faisant la charité à la moitié de la population qu’on diminuera la criminalité. Il y a des gens qui sont juste des raclures, qu’il faut mater et éduquer par la force, c’est comme ça. Arroser tout le monde en espérant acheter la paix social va juste conforter les cas sociaux dans leurs conneries, à un moment on ne peut pas tout tolérer. »

Georgiy : « Vous vous êtes également prononcé sur l’immigration, Kanalin Igorevich ? »

Igorevich (PU!) : « Oui, et je serai assez clair : il faut qu’elle cesse. On profite d’un moment de faiblesse politique pour importer un tas de travailleurs venus de la moitié du monde au motif qu’on aurait besoin de bras. Qu’on commence déjà par mettre au travail tout le monde, et créer des postes dans la gendarmerie sera un premier pas. Regardez ce qui se passe à la frontière avec Staïglad, ces pourritures de l’ONC foutent des barbelés et des contrôles douaniers comme s’ils étaient chez eux, et nous, quelle est notre réaction ? Que dalle ! Ma première mesure sera de rendre coup pour coup, vous pouvez en être sûrs, contrôler un territoire c’est aussi et avant tout avoir un regard sur la population qui y vit et y circule. Pareil, je me montrerai beaucoup plus stricte sur la circulation entre Peprolov et Galkovine, beaucoup trop de gens usent et abusent des douanes ouvertes pour tirer parti des deux système. Cela doit cesser. »

Georgiy : « Rétablissement des contrôles aux frontières et augmentation des effectifs de police, je vous remercie Kanalin Igorevich pour ce programme qui sort de l’ordinaire. Tout de suite je donne la parole à Krasnov Vyacheslavovich du Parti Communiste Réformiste. Krasnov Vyacheslavovich, il me semble que vous êtes beaucoup plus favorables à la présence albienne sur le sol peprovite ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « En effet même, si c’est évident, celle-ci est conditionnée aux décisions de la Sborka mais je tiens à saluer heu, les mots de l’Amiral qui a confirmé sur les ondes la positions du Syndikaali vis-à-vis de notre souveraineté politique. Pour ma part, je ne vois pas du tout les Pharois comme des envahisseurs en fait quand on voit la situation à Staïglad et dans la région de Nazakraina et la répression qu’y subissent tous ceux qui osent encore se revendiquer du communisme, ou même de la gauche, on comprend la chance que l’on a eu de pouvoir préserver un véritable débat démocratique à Peprolov, il suffit de voir que la seule force qui ressemble un peu à du socialisme est le DSS qui est, soyons honnête, complétement acquis aux idées libérales sous un verni social. Ce n’est pas sérieux, franchement… donc non, vu la tournure parodique qu’a pris la démocratie de l’autre côté de la frontière, il faut se féliciter de la présence des Albiens, c'est un constat très empirique… »

Georgiy : « Avez-vous quelque chose à dire à l’Amiral Tuomas ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « Oui, Amiral, je sais que des pas ont été faits en direction de l’armée rouge, notamment afin de la mettre aux normes du Syndikaali en termes d’efficacité militaire, il me semble toutefois nécessaire de concrétiser cette collaboration en faisant participer les nouvelles recrues à un maximum d’exercices sur le terrain, y compris dans la sécurisation des frontières. Il est nécessaire que les Peprovites sachent qu’ils sont défendus par des Peprovites sans quoi nous irons vers de la frustration ou une forme de déresponsabilisation du peuple vis-à-vis de sa souveraineté militaire. »

Georgiy : « Amiral Tuomas ? »

Tuomas : « C’est en effet une bonne idée et nous allons mettre un point d’honneur à progressivement diminuer le poids de la présence militaire pharoise à Peprolov avec le temps. Cela ne veut pas dire un désengagement total, notez, nous sommes assez lucide quant au fait que seul la menace que représente notre flotte et nos technologies permet de canaliser les appétits de l’ONC dans la région, mais nous assumons que notre objectif est d’atteindre une parfaite autonomie de l’armée rouge d’ici un an en tout et pour tout. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Merci pour ces engagements Amiral. »

Georgiy : « En ce qui concerne la sécurité intérieure à présent, il me semble Krasnov Vyacheslavovich, que le Parti Communiste Réformiste n’est pas du tout sur la même longueur d’onde que le Prodnov Uni ! ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « En effet je ne partage pas l’analyse de Kanalin Igorevich. Il me semble que la répression policière est toujours un pansement sur une jambe de bois. Cela ne règle aucun problème structurel en fait, pire, cela les aggrave bien souvent. Consacrer une part toujours croissante du budget de l’Etat à faire de la répression est un puits sans fond, chacun de nos échecs nous fera dire que nous n’avons pas mis assez d’argent alors que le problème se trouve ailleurs. Le Prodnov Uni ! caricature les mesures sociales que nous nous proposons de mettre en place, il ne s’agit pas de faire de l’argent hélicoptère et de distribuer à chacun un chèque en blanc, ce que nous voulons c’est dynamiser les structures qui favorisent l’intégration sociale des citoyens, les encourager à trouver leur place au sein du tissu économique, sociale et politique de la cité. En faire de véritables citoyens, en fait, les sortir de la marginalité en neutralisant la marginalité, en incluant tout le monde. C’est le sentiment d’exclusion et de mépris qui pousse à se tourner vers des solidarités alternatives, pour lutter contre cela il faut que chacun trouve sa place au sein de la République. »

Georgiy : « C’est un beau programme mais concrètement, que proposez-vous pour régler des problèmes d’insécurité et de pauvreté qui se posent aujourd’hui et maintenant ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « Je crois en une idée alternative de la police, non pas répressive mais médiatrice. Un peu comme sur le modèle des milices populaires à Kotios, il faut mettre les citoyens au centre du jeu, les outiller intellectuellement, en temps et en matériel pour leurs permettre de se porter aux côtés de leurs concitoyens, de les accompagner, les inclure… »

Georgiy : « N’est-ce pas très utopique, comme vision de la société ? Il y a des dérives autoritaires possibles si des groupes d’individus sont chargés de faire respecter la loi sans encadrement. Et je ne parle pas des situations où le risque physique est réel. »

Vyacheslavovich (PCR) : « Soyons clair, je n’ai jamais dit qu’il fallait envoyer des médiateurs face à des terroristes, ce n’est pas mon propos, il y aura toujours besoin de forces d’intervention spécialisées pour les situations les plus graves. Mais au quotidien, je pense que beaucoup de problèmes pourraient être évités si nous avions une approche innovante du rapport entre la police et les citoyens. En fait je pense que la solution la plus viable est de faire que les deux se rejoignent. On pourrait imaginer un système de roulement, par exemple, où chacun occuperait le poste à tour de rôle ce qui empêcherait un groupe de se montrer tyrannique sur un autre, sachant que son pouvoir n'est pas destiné à durer dans le temps. »

Georgiy : « C’est ça votre programme ? Faire une police tournante ? »

Vyacheslavovich (PCR) : « Heu… oui. »

Georgiy : « Je vois. Merci Krasnov Vyacheslavovich pour vos explications, la parole est à présent à Alexandrov Valerianovich du Parti du XXIème siècle, Alexandrov Valerianovich votre position est sans doute la plus radicale de toute : vous proposez d’abolir la police. »

Valerianovich (P21) : « C’est ça. »

Georgiy : « Vous pouvez nous expliquer ? »

Valerianovich (P21) : « Oui. La police dans sa forme actuelle est au mieux une connerie, au pire une entorse à tous nos droits et libértés. Au nom de quoi l’Etat, le gouvernement, n’importe qui en fait, un type qui a réussi le concours pour devenir commissaire, aurait le droit de venir kidnapper des gens ou les voler ? »

Georgiy : « Attendez, quoi ? »

Valerianovich (P21) : « Il faut nommer les choses comme elles sont. Coller une amende, c’est du vol. Mettre quelqu’un en prison, c’est un kidnapping. Au nom de quoi un crime qui est exactement le même : prendre de l’argent ou séquestrer quelqu’un sans son consentement, devrait s’appeler de manière différente selon la personne qui le perpétue ? L’Etat de droit ? Le contrat social ? Laissez moi rire, je n’ai rien signé du tout, moi, je n’ai jamais donné mon accord pour vivre selon ces règles-là. Et même si je l’avais fait, n’ai-je pas le droit de changer d’avis ? Au nom de quel dogme tyrannique un être humain, parce qu’il est né sur un territoire, devrait inconditionnellement s’y soumettre ? C’est un non-sens total ! »

Georgiy : « Mais heu… comment luttez-vous contre le crime alors ? »

Valerianovich (P21) : « Déjà, il y a crime et crime. On criminalise beaucoup trop de choses aujourd’hui et un bon paquet pour des motifs parfaitement illégitimes. C’est l’inflation législative qui nous tue, on croit tout pouvoir régler par des lois mais il y a des situations qui se règlent justement avec plus de laisser-faire, plus de liberté. Vos voisins vous emmerdent ? Ce n’est un problème que si vous n’avez pas les moyens de déménager. Ou de leur faire comprendre votre point de vue dans un conseil de quartier. Pas besoin de demander à je ne sais quel agent de police ou médiateur, appelez ça comme vous voulez, pour éviter le conflit. Maintenant pour les crimes plus graves, les gens se protègent de manière organique : confortez leurs droits, sécurisez leurs possessions et laissez les se gérer entre eux pour le reste. Vous verrez qu’assez vite tout le monde rejoindra des associations ou des clubs pour régler ses problèmes du quotidien. Mais surtout, une société libre et prospère n’a pas vraiment de raison de mal tourner. »

Georgiy : « Il y a toujours des fous cependant… »

Valerianovich (P21) : « Vive la nouvelle psychiatrie ! Et puis, la folie c'est une construction très sociale aussi, dans le genre, à part pour quelques cas vraiment déglingués du cerveau, on vit très bien avec les fous, il faut juste savoir faire preuve d’ouverture d’esprit. »

Georgiy : « Soit. En ce qui concerne votre rapport avec la présence albienne à Peprolov, vous vous montrez également particulièrement radical puisque vous proposez à moyen termes que Peprolov devienne un port-libre du Syndikaali, soit littéralement un territoire sous juridiction pharoise c’est bien cela ? »

Valerianovich (P21) : « Je pense que c’est la chose la plus intelligente à faire. J’ai eu l’occasion d’observer commence fonctionne la décentralisation du pouvoir politique au Syndikaali et ça laisse pas mal de marge de manœuvre pour conserver notre indépendance, tout en nous intégrant à une sphère plus vaste. Je vais être clair : je l’ai dit tout à l’heure, l’unité du Prodnov est une chimère nationaliste. C’est plus notre problème, la question à présent est d’aller de l’avant et l’avant, c’est la puissance économique pharoise : deuxième mondiale, quasi première à ce qu’on dit. L’avenir de Peprolov a besoin d’être audacieux, à force de nous penser strictement dans le monde slavo-communiste, nous avons perdu toute audace. Intégrer le Pharois c’est intégrer une somme de territoires autonomes qui forment ensemble une entité plus grande. Est-ce qu’on ne participerait pas aussi de cette entité ? Je le demande. Dans la vie, soit on regarde de l’avant, soit de l’arrière, il faut aller vers ce qui réussit et le constat est sans appel : le Prodnov c’est fini. Terminé. On peut en chialer, grincher, ça n’y changera rien soyons clairs. Vous voulez avoir de la souveraineté ? Parfois la souveraineté se négocie avec un peu de contrainte. Je préfère avoir un souveraineté totale en intégrant le Syndikaali qu’une illusion de ça en devant construire un pays sous la menace permanente d’une invasion, soumis au bon vouloir des Pharois qui nous laisseraient bien dans la merde s’ils décidaient demain de retirer leurs troupes. Vous appelez ça de la souveraineté ? j’appelle ça être débile ! »

Georgiy : « Amiral Tuomas, vous portez la voix des Pharois ce soir, que pensez-vous du programme de Krasnov Vyacheslavovich ? Est-ce seulement possible ? »

Tuomas : « Vous savez, le Syndikaali s’est construit comme un puzzle, en intégrant un par un des territoires qui désiraient la liberté et acceptaient l’idée que celle-ci n’était possible qu’en unissant leurs forces. De mémoire, nous n’avons jamais refusé l’intégration d’un pays qui désirait nous rejoindre, qu’il s’agisse des ports libres, d’ALbigärk ou des stations libres. Bien sûr, un tel projet est conditionné à un vote, je ne peux donc pas complétement me prononcer par avance. Je dis simplement qu’un tel processus est possible en théorie. »
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