Le Grand Débat, troisième partie
les mœurs et la moralité les droits de l’hommeGeorgiy : « Chers téléspectateurs il est 21h30 et après une courte pause pour laisser le temps à nos courageux candidats de souffler, nous passons sans attendre à la troisième partie de notre débat nommée mœurs, moralité et droits de l’homme où il sera question, vous l’avez compris des valeurs que défendent nos candidats et de leur vision de la société prodnovienne ! Le tirage au sort a parlé c’est vous, Alexandrov Valerianovich, qui prenez le début de ce tour de parole.
Alexandrov Valerianovich, on a compris que les valeurs de liberté vous étaient chères, vous vous définissez vous-même comme un « libertaire » et votre parti, « du XXIème siècle », sous-entend jusque dans son nom des valeurs de modernité, ma question Alexandrov Valerianovich pour débuter est simple : dans un pays qui jusqu’à il y a peu était encore très traditionnel, que ce soit en termes de mœurs ou d’économie, votre programme ne fait-il pas un peu pièce rapportée de l’étranger ? »
Valerianovich (P21) : « C’est toujours agréable un journaliste qui ne prend pas partie. »
Georgiy : « Je ne fais que poser une question. »
Valerianovich (P21) : « C’est ça oui. Bref. On va y répondre à cette question. Déjà moi je ne crois pas aux identités immuables. Vous venez littéralement de me sous-entendre sous le nez que les Prodnoviens seraient des espèces de bouseux arriérés qui n’e auraient rien à foutre des… »
Georgiy : « Je n’ai jamais dit ça ! »
Valerianovich (P21) : « Reste que le message est passé. Un homme n’a pas d’essence, tenez le pour dit Georgiy, un homme c’est une situation et sauf à être complétement aveugle, la situation a pas mal changé cette année. Guerre civile, fracturation du pays et effondrement de l’économie étatisé, ça vous remue un peu les tripes, ça c’est sûr. Moi je dis, il faut aller de l’avant. On a tout un tas de défaitistes autour de ce plateau pour qui le seul programme politique consiste à pleurnicher sur des acquis perdus. Vous voulez reconstruire un pays avec ça ? Faire la prospérité des gens ? En les envoyant courir derrières des chimères ? Allez donc ! Il y a une seule vérité qui mérite d’être appuyée dans ce bas monde : aller où vont nos intérêts et ça, ça ça transcende tous les types de régimes, de foi ou de culture traditionnelle mon cul.
Vous voulez coucher avec un partenaire du même sexe ? Injurier Dieu ? Le Parti Communiste ? Mais allez-y ! Qui va vous en empêcher ? Le pays s’est effondré, toutes nos belles valeurs, toutes nos promesses ont été soufflées comme du vent, c’est une opportunité qui ne se reproduira pas alors moi je dis : saisissez-là ! C’est le moment d’expérimenter et vous verrez que tout ça vous rendra plus tolérants. Ne vous précipitez pas dans les bras de ceux qui vont essayer de vous rassurer en substituant un ordre à un autre, une prison à un autre ! Tous les candidats autour de cette table, tous sans exception, ils ne vous promettent rien de plus qu’un système dont vous serez de nouveau esclaves. Alors oui je n’ai pas peur de le dire : il faut faire notre révolution libertaire, enfin, et libérer le vrai potentiel révolutionnaire de ce peuple.
On vous a spolié d’une révolution, d’une libération et on vous a enfermé dans une dictature qui n’avait pas d’autre valeur que de maintenir au pouvoir une petite caste dirigeante. Peprovites, Prodnoviens, il est temps de reprendre NOTRE émancipation en main ! Pas grâce à je-ne-sais quel leader ou chef, mais par nous-mêmes, sans concessions avec notre liberté ! »
Georgiy : « C’est une forme de nihilisme que vous proposez Alexandrov Valerianovich ? »
Igorevich (PU!) : « Allons ces invectives sont aussi insupportables que stériles. »
Valerianovich (P21) : « Taisez-vous Igorevich. »
Igorevich (PU!) : « Je ne vous permets pas ! »
Valerianovich (P21) : « Et bien ne permettez pas mais taisez-vous. Je vais répon… »
Igorevich vient de quitter son pupitre et se rapproche de Valerianovich.Georgiy : « Ah non non non ! »
Savelievich, qui se trouve entre eux, fait un geste pour s’interposer.Savelievich (PLP) : « Messieurs allons messieurs… »
Vitalievich (PSP) : « Quelle honte quelle honte… »
Valerianovich (P21) : « Vous allez provoquer un esclandre, Igorevich ? »
Georgiy : « Non non s’il vous plait, du calme, Kanalin Igorevich retournez à votre place, s’il vous plait… »
Malyshev Stanislavovich ricane.Stanislavovich (PRCP): « Charmant spectacle donné par les tenants de la démocratie… »
Igorevich est retourné à son pupitre, non sans avoir bravé Valerianovich du regard.Georgiy : « Messieurs du calme, s’il vous plait… Enfin… quelle image, quelle image… Alexandrov Valerianovich, avez-vous terminé ? »
Valerianovich (P21) : « Je répondrai sur la question du nihilisme. »
Georgiy : « Allez-y. »
Valerianovich (P21) : « Le nihilisme, c’est la négation du sens. Je ne mange pas de ce pain-là, et mon parti non plus. Le chaos est un terreau fertile, vos pertes serviront d’engrais pour les sols et… »
Vitalievich (PSP) : « Mais enfin ! »
Valerianovich (P21) : « Vais-je avoir le droit de parler ou merde ? »
Georgiy : « Comprenez que vos propos puissent choquer… »
Valerianovich (P21) : « Qu’ils choquent, ils n’en sont pas moins vrais. »
Georgiy : « Bien écoutez, je propose que tout le monde retrouve son calme, nous allons passer la parole, c'est au tour de Malyshev Stanislavovich de s’exprimer. Malyshev Stanislavovich vous situez votre programme politique dans la continuité du Prodnov communiste, on sait que ce-dernier ne faisait pas preuve d’un grand libéralisme en termes de mœurs, quelle est votre position sur ces sujets ? Y aura-t-il des changements si vous arrivez à la tête de l’Etat ou allez vous reprendre les lois précédentes telles qu’elles ? »
Stanislavovich (PRCP): « C’est une question complexe. Il ne faut pas perdre de vue que le communisme est fondamentalement émancipateur, la preuve en est que le droit de vote des femmes, par exemple, a été décrété dès la fin du XIXème siècle, plus d’un siècle en avance par rapport à la plupart des soi-disant démocratie capitalistes. En réalité les capitalistes ont toujours fonctionné ainsi, leur démocratie est un suffrage censitaire qui ne dit pas son nom. Nous savons par exemple que les classes laborieuses et pauvres votent beaucoup moins que les classes bourgeoises, dans ce genre de pays. Il est donc tout à fait édifiant de voir que le ‘progressisme’ mis en avant par ces régimes sert surtout à légitimer une domination de classe et ne se soucie en vérité pas du tout du sort des travailleurs et du prolétariat. Je souhaite donc commencer par insister sur ce point qui me semble fondamental : la démocratie libéral et les mœurs libérales ne sont aucunement un gage de liberté, d’égalité ou de fraternité. En vérité il s’agit souvent de l’exact inverse.
Concernant mon programme à présent, je pense que trop de liberté individuelle se fait souvent au sacrifice des libertés collectives. Prenez le consumérisme, il oblige une nation à consacrer toujours plus de sa force productive à des biens dont, au final, le peuple n’a pas besoin. La publicité est un bon exemple de ce phénomène, les capitalistes créent artificiellement des besoins ce qui alloue le travail à une production sans but. Cela appauvrit la nation, créé un enrichissement artificiel par pure circulation de monnaie, et perverti la population qui sans cela aurait largement pu se contenter d’une sobriété heureuse. Le Parti Républicain Communiste du Prodnov assume que l’effort national doit se faire aussi à travers l’effort individuel. »
Georgiy : « Vous demandez donc aux Peprovites de renoncer à un certain confort matériel ? Que répondre à ceux qui seraient tentés par l’exil par exemple ? La société de consommation exerce une puissante attraction sur les individus, vous ne pouvez le nier. »
Stanislavovich (PRCP): « En effet, mais c’est là un faux dilemme, il n’y a pas à choisir entre l’austérité ou la débauche consumériste. La sobriété est un juste milieu, cela implique cependant une politique stricte de régulation des tentations, par l’interdiction catégorique de la publicité, par exemple, mais aussi en promouvons un société de divertissements collectifs. Parcs d’attraction, cinémas, théâtre, activités sportives, ce sont des activités ludiques qui renforcent la sensibilité du peuple, raffermissent le corps et entretiennent l’identité collective. Ce sont donc des activités saines, éloignées du consumérisme capitaliste. »
Georgiy : « Vous prônez donc la collectivisation des moyens de divertissement ? »
Stanislavovich (PRCP): « Très drôle, mais c’est assez juste. L’ennemi, c’est l’individualisme, voilà ce qui détourne l’individu de l’émancipation collective. Toute évolution juridique des mœurs doit être pesée dans ce cadre. SI je suis élu, je soutiendrai les évolutions sociales sociales que le peuple estimera bénéfiques pour les masses, mais je ne ratifierai pas la charte des Droits de l’Homme pour autant. »
Georgiy : « Quelles seraient ces évolutions ? »
Stanislavovich (PRCP): « Tout d’abord, poursuivre l’émancipation des femmes qui sont nos égales, et des travailleuses fières et dignes. Notre ennemi est de classe, pas de genre. En ce qui concerne les droits des minorités, le communisme est notoirement opposé à toute forme de racisme ou d’impérialisme, le Parti Républicain Communiste du Prodnov poursuivra son engagement internationaliste et soutiendra tous ses frères et sœurs prolétaires, quel que soient leurs continents. »
Georgiy : « Malyshev Stanislavovich je vous remercie pour ces explications détaillées, je passe à présent la parole à Kurdin Savelievich. Kurdin Savelievich, votre parti se nomme lui-même Parti Libéral Peprovite, vous vous êtes engagé dans vos promesses de campagne à défendre tous les droits fondamentaux sans exception, pourriez-vous nous détailler vos ambitions si vous parvenez à constituer un gouvernement ? »
Savelievich (PLP) : « Si vous m’y autorisez, Konovalov Georgiy, je voudrai commencer par revenir sur ce qui a été dit précédemment car cela me fait froid dans le dos, je ne vous le cache pas. Entendre dans la bouche d’un responsable politique qu’il ne s’engagera pas pour les Droits de l’Homme, c’est inquiétant, très inquiétant. Opposer le droit collectif au droit individuel est un non-sens juridique, il n’existe aucun droit collectif sans que cela ne prenne la forme d’une association ou d’un collectif, justement, or ces organisations émanent seulement et uniquement de la volonté libre et consentie des participants, on n’appartient à personne d’autre qu’à soi-même, ce qui me fait dire que… »
Stanislavovich (PRCP): « A soi même et à l’Etat, vous voulez dire Kurdin Savelievich. »
Savelievich (PLP) : « Je… comment ça ? »
Stanislavovich (PRCP): « Essayez donc de trahir votre patrie, vous verrez que l’Etat vous rappellera assez rapidement que vous êtes sa propriété. A trop insister sur les droits, vous en oubliez vos devoirs Kurdin Savelievich. »
Savelievich (PLP) : « Je n’oublie rien du tout jeune homme. Le Parti Libéral s’oppose justement à cette mainmise de l’Etat sur l’individu que vous semblez aduler. Tout ça ne tient qu’à une terrible mascarade, une sordide illusion. Les masses, le collectif, la société, ou quelle que soit la façon dont vous la nommez, ce n’est rien d’autre qu’une agrégation d’individus libres et souverains, voilà tout. Aussi, seuls leurs droits existent, les droits fondamentaux sont l’unique chose qui fait tenir un pays et l’empêche de sombrer dans une affreuse tyrannie. Respectez les droits de chacun et il n’y aura pas un seul Peprovite malheureux à Peprolov, mais spoliez en un seul et vous commettrez l’acte le plus lâche et le plus indigne qui soit. »
Georgiy : « … vous… proposez donc d’étendre ces droits. »
Savelievich (PLP) : « Oui je… pardonnez-moi, je me suis emporté. C’est que j’entends tant est plus de sottises criminelles depuis le début de ce débat, il est tout simplement insultant pour quiconque a un peu d’esprit scientifique, est attaché à la raison, de devoir faire face à un tel flot d’inepties, de charlatanisme marxiste, pseudo-scientifique, inorthodoxe et… »
Vitalievich (PSP) : « Je ne me laisserai pas, insulter de la sorte ! Savelievich c’est vous le, le, le, le DOCTRINAIRE !! Le, le, le… LE LE, LE SCELERAT ! IDEOLOGUE ! BOURGEOIS !!! »
Georgiy : « Entsky Vitalievich s’il vous plait, du calme, Kurdin Savelievich pourriez-vous… heu, ménager les esprits ? Tout le monde est un peu tendu autour du plateau. »
Savelievich (PLP) : « J’essaierai. »
Georgiy : « Pour en revenir à votre programme, peut-être… ? »
Savelievich (PLP) : « Oui, le programme du Parti Libéral Peprovite est assez simple en vérité, il suit le chemin que se doit d’emprunter toute démocratie libérale qui se respecte c’est-à-dire l’application stricte des droits fondamentaux des individus. A l’Etat le régalien, le stricte régalien, le reste est entre les mains de la population, du peuple, si ce terme vous fait plaisir. En vérité, chacun en suivant son intérêt et s’il est protégé par les lois qui lui garantissent le respect de sa personne et de ses biens, ira toujours chercher ce qui est bon pour lui, en employant les moyens qu’il juge nécessaire. Chacun fera selon ses forces, ses besoins et ses envies, le tout sur le marché libre. Le marché est un espace sans jugement moral, parfaitement neutre, et ainsi doit être l’Etat, nous n’avons pas pour but d’aller regarder dans la maison de chacun ce qu’il y fait, laissons cela aux autoritaires et adeptes du… j’ose à peine le dire… du « droit collectif », le droit individuel est le seul à même de garantir le bonheur et la prospérité du plus grand nombre. »
Georgiy : « Soutenez-vous la pédophilie Kurdin Savelievich ? »
Savelievich (PLP) : « Je… quoi ?? »
Georgiy : « Vous dites ne pas souhaiter légiférer sur les mœurs, je vous le demande, soutenez-vous la pédophilie ? »
Le public s’agite et murmure dans le dos de Savelievich.Savelievich (PLP) : « Mais enfin pas du tout, tout mon propos s’articule justement sur la défense des droits individuels, dont le respect du consentement, or un mineur ne peut pas donner son consentement et ne peut donc pas s’insérer sur le marché de la sexualité qui… »
Yanovitch (GMDO) : « Est-ce cela que vous apprendrez à nos fils et nos filles, quand vous leurs direz leurs droits, Kurdin Savelievich ? Le marché de la sexualité ? »
Savelievich (PLP) : « Oh par pitié ne vous faites pas plus bête que vous le l’êtes, il est évident que préciser leurs droits aux enfants sera une manière de les protéger contre ce que vous dénon… ce que nous dénonçons tous. L’éducation au consentement, aux droits individuels est l’outillage de base du citoyen et oui, je l’assume, l’école a également pour fonction d’enseigner à chacun les droits dont il jouit et… »
Le public gronde.Vitalievich (PSP) : « Oh ! »
Georgiy : « Kurdin Savelievich, c’est un pauvre choix de mots, j’espère que vous vous en rendez compte… »
Savelievich (PLP) : « Mais enfin c’est un monde, quel mal y a-t-il à éduquer nos jeunes concitoyens pour leur apprendre à se protéger ?! »
Yanovitch (GMDO) : « Vous n’avez aucune morale, Kurdin Savelievich, vous en donnez la démonstration au Prodnov tout entier. Il faudrait vous chasser de ce plateau. »
Savelievich (PLP) : « Mais enfin… ! »
Georgiy : « Personne ne va chasser qui que ce soit, néanmoins Kurdin Savelievich je pense que nous allons nous arrêter là pour cette prise de parole. »
Savelievich (PLP) : « Mais c’est une honte ! Un coup monté ! On déforme mes propos ! »
Yanovitch (GMDO) : « C’est vous qui devriez avoir honte. »
Georgiy : « Allons, du calme tout le monde, du calme. La parole revient à Kanalin Igorevich. »
Igorevich (PU!) : « Je ne vous cacherai pas que je suis assez choqué par ce que je viens d’entendre. »
Georgiy : « Je comprends. »
Savelievich (PLP) : « Enfin c’est ridicule ! Ridicule ! »
Georgiy : « Kurdin Savelievich je vous prierai de respecter le tour de parole. Kanalin Igorevich, vous êtes libéral vous-même, pro-capitaliste, mais vous axez votre programme autour de l’identité nationale et de la défense des valeurs du Prodnov, ainsi que de ses traditions. Souhaitez-vous faire de la République de Peprolov une démocratie morale, à l’instar du modèle impérialiste de l’ONC ou est-ce un modèle hybride que votre programme dessine ? »
Igorevich (PU!) : « Je vous remercie pour cette question Konovalov Georgiy. Une fois de plus, je crois que ce dont a besoin Peprolov, c’est de nuance. Je vois autour de moi des positions de radicalisés, frisant la folie, légitimer la pédophilie, quelle honte… »
Savelievich (PLP) : « Cela suffit ! Je ne me laisserai pas insulter de la sorte ! Ce débat est un mascarade ! »
Savelievich quitte son pupitre et sort du plateau.Georgiy : « Hm. C’est peut-être mieux ainsi. »
Igorevich (PU!) : « Pour revenir au programme du Prodnov Uni !, nous proposons ce qu’aucun autre parti ne peut offrir : un équilibre entre la tyrannie et le chaos. A ma gauche se trouve la tyrannie communiste, un régime sanglant que certains ici voudraient voir renaître, dans quel but ? Encore plus de crime ? Je dis : le sang du Prodnov a suffisamment coulé ! Et de l’autre, Kurdin Savelievich est le triste exemple de ce que certains idéologies d’importation étrangère cherchent à introduire à Peprolov : le désordre, la dépravation, une dégénérescence morale qui achèverait de disloquer l’unité des Prodnoviens, non plus seulement territorialement, mais aussi au cœur même du peuple. Féminisme, LGBTisme, gauchisme, ils veulent mettre des étiquettes pour séparer, diviser notre nation. L’offensive de nos ennemis est autant menée par les armes que par l’introduction de ces nouvelles idéologies qui ne servent qu’à construire de la différence là où il n’y a qu’un peuple, un Prodnov ! Fondamentalement, j’associe – et je ne suis pas le seul à le dire – les idées importées par les démocraties morales à des tentatives de séparatisme ce qui correspond parfaitement à leur projet au Prodnov, la gauche a toujours été hostile à la fierté patriotique, à la construction d’une identité nationale, les exactions de l’ONC comme celles de la tyrannie communiste sont les deux faces d’une même pièce qui tente d’écraser le Prodnov. »
Georgiy : « Vous renvoyez l’ONC et les communistes dos-à-dos, Kanalin Igorevich ? »
Vyacheslavovich (PCR) : « C'est ridicule… »
Stanislavovich (PRCP): « Pas tant que ça quand on regarde votre parti, Krasnov Vyacheslavovich. »
Georgiy : « S’il vous plait, laissez Kanalin Igorevich répondre. »
Igorevich (PU!) : « J’y vois en effet la même idéologie mondialiste ou internationaliste – franchement qui fait la différence ? – alors c’est assurément une querelle de chapelle entre deux projets, mais la substance reste la même : dissoudre les identités nationales au profit d’un grand magma, communiste pour les uns, libéraux pour les autres. Au mépris des aspirations du peuple. Il suffit de voir à quel point les gauchistes se torchent avec la souveraineté, dans un cas ils nous imposent la dictature, dans l’autre ils nous imposent l’éclatement de la nation en quatre entités sous occupation. Il n’y a derrière tout cela qu’une seule idéologie, celle du mépris de notre souveraineté nationale. »
Georgiy : « Mais n’êtes-vous vous-même pas un libéral ? »
Igorevich (PU!) : « Cette étiquette est trompeuse car elle amalgame liberté des mœurs et liberté économique. Je crois au respect de la propriété privé, c’est une évidence, mais je ne m’alignerai pas pour autant sur des valeurs et des régimes importées. La liberté est une bonne chose appliquée à l’économie, elle affermit le marché intérieur et stimule la productivité de la nation, pour autant la « liberté » – si on peut appeler cela ainsi – des mœurs, cela est un fléau qu’il faut combattre avec force : voter pour le Prodnov Uni ! c’est affirmer que nous ne braderons ni nos valeurs, ni nos modes de vie sur le grand marché mondialisé, le Prodnov doit se doter d’une souveraineté économique, politique et morale, et en aucun cas se laisser dicter sa conduite par des étrangers. Voter pour le Prodnov Uni ! c’est voter pour la souveraineté ! »
Georgiy : « Kanalin Igorevich, vous parlez d’influences étrangères mais quand on regarde le discours tenu, par exemple par le Novigrad, c’est une politique qui semble assez proche de la vôtre, n’y a-t-il pas des rapprochements possibles à faire avec l’ONC selon vous ? »
Igorevich (PU!) : « L’ONC est un ramassis de brigands de toutes les formes et de toutes les tailles, le contenu de leur politique intérieure n’a pas d’importance, ce qu’il faut retenir c’est bien qu’ils ont fait alliance autour du marché mondialisé, le Novigrad peut bien prétendre ce qu’il veut, il n’est que la pute d’économies plus prospères que lui et son identité slave finira par se dissoudre à leur contact. Je ne souhaite en aucun cas d’un destin similaire pour les Prodnoviens, voilà mon combat. »
Georgiy : « Kanalin Igorevich je vous remercie pour vos explications éclairantes, je passe à présent la parole au candidat suivant : Krayevsky Yanovitch. Krayevsky Yanovitch, votre parti revendique une ligne dure, vous proposez la militarisation générale de la société civile prodnovienne, ce programme est-il compatible avec les Droits de l’Homme et quelle est votre conception de la morale d’Etat ? »
Yanovitch (GMDO) : « Compatible avec les Droits de l’Homme, certainement pas. Ces soi-disant droits sont un enfumage bourgeois dénoncé depuis bien longtemps par nos camarades. Le droit, le seul droit, c’est avant tout celui de la force. Je tiens à rappeler que nous sommes toujours dans une situation de lutte des classes, c’est un combat – à mort pour beaucoup de prolétaires – entre la bourgeoisie capitaliste et les travailleurs. Travailleurs dont la seule force est la force de travail, la force productive mais aussi la force combative. Soyons clairs : aucun homme n’est fort seul, c’est par la discipline dont il fait preuve, et plus particulièrement par la discipline au travail et à l’entraînement que le prolétaire dépasse sa condition et s’arme pour remporter la lutte. Je vais être encore plus clair : j’appuie ma vision politique sur la théorie des trois corps du camarade Kurdine : corps de classe, corps d’Etat, corps du travailleur. La force c’est la force des corps, certains peuvent se substituer à d’autre, on peut être faible physiquement mais fort grâce à la nation ou le poids collectif de notre classe sociale. Inversement, et c’est assez à propos de la situation actuelle, l’Etat peut être faible : si la classe est forte, alors nous y puiserons notre puissance. Toute la morale doit diriger vers le renforcement d’au moins un de ces trois corps, la discipline, la hiérarchie, la structure sociale doivent être soumis à une discipline ferme car la faiblesse de l’un des corps, c’est la faiblesse des deux autres. Le prolétaire se doit à sa classe, et il se doit à l’Etat, inversement, l’Etat se doit au prolétaire, il doit l’encadrer, l’encourager, le stimuler pour lui permettre d’exprimer son plein potentiel. Les atteintes aux mœurs, à la virilité, la prise de drogue, l’hédonisme, l’oisiveté sont des vices bourgeois et des cancers qui viennent ronger la société de l’intérieur. Tout cela doit être banni, car rien de tout cela n’appartient à la classe prolétarienne. Un esprit sain dans un corps sain disaient les helléniques et les premiers slaves et je rejoins cette vision organique de la lutte. Le communisme a des tendances théoristes qu’il nous faut combattre en interne, et en cela je me distingue des positions prises par Malyshev Stanislavovich, le collectif n’est pas un aboutissement en soit, il est vecteur de puissance mais pas sa fin. La fin, c’est la construction de l’homme nouveau, du prolétaire émancipé, non pas celui qui refuse l’individualité, mais celui la réalise dans ses trois corps. »
Georgiy : « Eh bien... heu je veux dire, je vois ! Mais pour parler peut-être un peu plus concrètement, Krayevsky Yanovitch, comment s’appliquera votre programme si vous arrivez au pouvoir ? »
Yanovitch (GMDO) : « Je commencerai par combattre, par l’interdiction si nécessaire, tous les vices bourgeois qui poussent les prolétaires à singer un habitus de classe à laquelle ils n’appartiennent pas. La guerre contre la drogue sera déclarée, contre la prostitution, la pornographie, nous allons promouvoir un ascétisme social, dans la consommation, la pratique du sport et des loisirs. Tout ce qui participe à affaiblir le corps devra être banni, le corps humain, le corps social, le corps de classe. Voter pour le Groupement Militaire de Défense et d’Offense, c’est s’engager sur une voie dont vous sortirez grandis. La liberté mise en avant par la classe bourgeoise est en fait un éparpillement, la désagrégation de votre force dans des activités improductives, éphémères et abrutissantes. Un homme a besoin d’encadrement, tout le monde en a besoin, moi y compris, c’est à cela que servent structures sociales et l’armée est la plus ferme, c’est-à-dire la plus efficace. Rassurez-vous camarades, je ne vous promets pas des vies de moines soldats, il y aura de la joie, il y aura de l’épanouissement, dans une dimension d’autant plus puissante que ce sera une joie et un épanouissement émancipateur, libérateur, et conforme à votre puissance. Qui, me regardant sur ce plateau, peut me dire qu’il a trouvé un épanouissement devant les séries télévisées, devant la pornographie qu’on trouve désormais en abondance, devant le spectacle de sa vanité et de son oisiveté. Chacun d’entre nous sait qu’une vie puissante est une vie fermement tenue à des principes et à une rigueur. Il ne s’agit pas de faire de la morale, il s’agit de faire du matérialisme. Le muscle, la bonne santé, l’hygiène de vie, l’épanouissement au travail cela ne ment pas, et c’est tout ce que la bourgeoisie dégrénée combat ou cherche à singer. »
Georgiy : « Merci… merci Krayevsky Yanovitch, c’est assez clair en effet. Je vais donc passer la parole à Krasnov Vyacheslavovich. Krasnov Vyacheslavovich, bien qu’également communiste, vous vous réclamez d’une ligne beaucoup plus libérale que vos concurrents, vous avez notamment insisté sur le fait que le communisme avait pour finalité l’émancipation individuelle vis-à-vis des déterminismes – ou des carcans – sociaux, pouvez-vous développer votre position ? »
Vyacheslavovich (PCR) : « Oui heu, pour commencer je voudrai quand même préciser que je me réclame d’une ligne libertaire, et pas libérale et… »
Yanovitch (GMDO) : « Comme les Pharois. »
Georgiy : « S’il vous plait, ne commencez pas. »
Vyacheslavovich (PCR) : « Libertaire, donc, le communisme libertaire, d’où le qualificatif de réformiste que revendique mon parti. Libertaire, comme le – puissant – Parti Communiste Pharois, ne vous en déplaise, bien plus influent aujourd’hui que les lignes dures adoptées par la Lutharovie, le Kronos ou la Loduarie, mais passons. Le communisme libertaire, c’est aussi la théorie politique mise en place par nos voisins nazuméens, la République Communiste Libertaire de Boltorkhoy et la République Autonome de Priscyllia ce qui, entre le Syndikaali à l’ouest, et les nations anarchistes de l’Est, ferait de Peprolov le cœur d’un arc libertaire puissant et redonnerai à notre pays une grande importance sur la scène internationale. »
Georgiy : « Mais en termes de mœurs, de liberté et de morale, quelle ligne défend votre parti, Krasnov Vyacheslavovich ? »
Vyacheslavovich (PCR) : « Ce n’est pas très compliqué à comprendre, en fait. Un individu, dans une société donnée, une culture donnée, est traversé par des déterminismes sociaux extrêmement puissants. De sa socialisation aux normes culturelles, son imaginaire, son idéologie, tout ça construit un carcan – vous l’avez bien dit Konovalov Georgiy – qui emprisonne arbitrairement l’individu. Un être humain qui, contre sa volonté, et souvent sans en avoir conscience, se retrouve à suivre des injonctions qu’il n’a ni choisi et qui le contraignent. La première étape est donc d’abattre ces carcans, ou tout du moins de proposer des voies d’émancipation. Il est évident que cela passe par plus de liberté d’agir, et donc que la loi, qui est arbitraire par principe, et très rarement une expression populaire dans les démocraties libérales, il ne faut pas se voiler la face, soit un outil pour le citoyen et non une entrave. »
Georgiy : « Mais n’est-ce pas une approche essentialisant de l’individu que de croire qu’il posséderait une sorte de ‘nature profonde’ emprisonnée par des déterminismes sociaux ? On retrouve quand même un discours qui sonne très libéral en apparaissant prôner la souveraineté de l’individu sur son environnement social. »
Vyacheslavovich (PCR) : « Alors c’est une excellente remarque qui va me permettre de distinguer une espèce de confusion que je vois un peu trop souvent entre une approche libérale de la société et une approche libertaire. Comme vous le dites Konovalov Georgiy une vision libérale de l’individu c’est un individu autonome, voire autarcique, qui n’est pas influencé par la société et est donc libre de ses choix et de son destin, libre et responsable, parce qu’il fait exercice de raison. Ce qui est commun à cette vision de l’individu avec une approche libertaire, c’est la critique de l’Etat et des structures sociales, ce qui peut amener à confondre ou associer libéral et libertaire. Mais ça c’est une simple méconnaissance de la théorie libertaire, justement, il n’a jamais été question pour nous d’une espèce de nature humaine profonde, rationnelle, que la société viendrait bais… biaiser… »
*rire du public*Vyacheslavovich (PCR) : « Pardon. »
*il rit, légèrement mal à l’aise*Georgiy : *en souriant* « Allez-y Krasnov Vyacheslavovich. »
Vyacheslavovich (PCR) : « Tous les travaux, que ce soit en sciences humaines ou en sciences cognitives, arrivent aux mêmes conclusions : l’individu est socialement construit, il possède bien entendu des caractéristiques biologiques données par la génétique, des traits de caractère sur lesquels l’influence humaine est limitée, mais fondamentalement nous sommes des êtres interconnectés, sociaux, qui ne pouvons vivre en dehors d’une culture, avec son lot de rituels, y compris des rituels coercitifs. L’enjeu d’un programme communiste libertaire est de substituer des déterminismes imposés arbitrairement par la culture, la tradition, ou la force, par des déterminations choisies, qui permettent à l’individu de s’émanciper selon les modalités qui lui conviennent. Nous reprenons aux libéraux cette conviction que personne n’est mieux placé que nous même pour savoir la bonne façon de vivre, nous sommes les seuls à connaître la voie de notre propre émancipation. Mais comme cette connaissance peut être manipulée, orientée, ou contrainte, que ce soit par des forces tyranniques, la pression des pairs, la publicité, etc. il faut construire une société qui donne les moyens à chacun d’explorer, d’échapper à ces pressions pour – s’il le désir – y revenir ensuite. L’important est que cela corresponde à ses besoins.
Voilà pourquoi nous sommes à la fois libertaires, mais aussi communistes. Le capitale, parce qu’il exerce une domination sur l’individu, doit être abattu, au même titre que des formes de dominations héritées d’un rapport de force arbitraire telles que le patriarcat, le racisme, le colonialisme et j’en passe. Ce sont toutes des structures sociales qui perpétuent la supériorité d’un groupe ou d’une classe sur une autre, et ce souvent par la force, il faut s’en débarrasser et le seul moyen connu à ce jour d’y arriver, c’est par le communisme. Le communisme permet à tous les individus d’échapper à la faim, par exemple, au chantage à la productivité, en redistribuant la plus-value, mais aussi en attribuant une valeur à des choses non-marchandes, nous nous émancipons des formes de production aliénantes. »
Georgiy : « Si on vous comprend bien, vous essayez donc de trouver un compromis entre un projet politique hyper encadrant pour l’individu, et un projet qui le place au centre de tout, quitte à dénier des formes de déterminisme. Mais quelle est la place de la moralité, disons, de la société dans son ensemble, la culture nationale, par exemple ? Est-ce que ça n’a pas une importance aussi ? »
Vyacheslavovich (PCR) : « C’est ça, oui, je pense qu’entre l’autoritarisme et le libéralisme, qui sont deux extrêmes, le communisme libertaire joue un rôle d’arbitrage, c’est ce qui explique aussi que notre conception de la politique soit une conception démocratique et qui cherche le compromis, nous n’avons pas de ligne ferme mais c’est notre force. Pour ce qui est des valeurs, ou de la culture nationale, je me méfie personnellement du nationalisme. Si par contre certains d’entre-nous s’épanouissent dans une forme d’identité culturelle locale, un amour des paysages, d’une langue, c’est parfait, simplement ce sont des affects parmi d’autres et il n’est pas question de construire une doctrine politique à partir de ces-derniers, simplement chacun est libre de suivre le chemin qu’il juge émancipateur. »
Georgiy : « Krasnov Vyacheslavovich merci beaucoup, vous avez très légèrement dépassé votre temps de parole mais cela compense votre intervention sur le thème précédent qui était plus courte. La prochaine prise de parole revient à un candidat qui, je pense, ne partage pas du tout votre vision de la culture et des traditions, Alexandrov Vadimovich, votre parti soutient au contraire que l’ancrage des Peprovites dans une identité culturelle et traditionnelle forte doit être au fondement de toute la morale d’Etat, pouvez-vous développer cette idée ? »
Vadimovich (PUP) : « En effet, en effet. Beaucoup de naïveté de la part de mes adversaires, c’en est attristant, on sent tout l’effet pervers d’une modernité en roue libre qui n’entraperçoit la beauté du monde qu’à travers sa transformation. C’est l’ubris, c’est l’ubris ! L’orgueil, l’illusion du contrôle ! « devenir soi-même », « changer le monde », « perforer son identité », que de projets vaniteux et nihilistes. A ne concevoir la société que comme une page blanche, une table qu’on rase, ces gens oublient qu’on ne construit pas sur des sables mouvants. D’ailleurs qu’a donc produit cette épopée constructiviste sinon du crime et des horreurs bétonisées ? Me concernant, je ne parlerai ni d’émancipation, ni de libertés, ni aucune autre forme de ce genre de baratin, je parlerai du pays réel, de ses collines, de ses forêts, et de son peuple. Les Peprovites habitent sur une terre qui est la leur depuis des siècles, ils y ont prospéré, développé une identité profonde, remontant du fond des âges, articulée autour de la tradition, des valeurs, et de l’unité raciale. Trois choses que les constructivistes déconstructeurs souhaitent démolir, car elle va contre leur idéologie mais ce qui est assez pathétique c’est qu’ils n’y parviendront pas, jamais à dire vrai, car cette identité est inscrite dans le cœur et dans les gênes des Peprovites, elle surgira toujours, comme elle ressurgit aujourd’hui, alors que l’ambition communiste se révèle dans son horreur et sa médiocrité.
Mon parti, le Parti d’Union Peprovite, n’a pas besoin de lois pour contraindre l’individu, le pays réel se réalisera de lui-même, à condition d’en bannir les idéologies, les théories qui prétendent ajouter des couches artificielles à un matériaux qui lui est bien réel. Il faut protéger notre peuple, nos enfants, l’avenir de notre race des aventures idéologiques qui le détournent de sa nature véritable et profonde. Derrière un vocable d’émancipation se trouve en vérité un projet antinaturel, qui mènera à termes au transhumanisme, à l’abolition de toutes les mœurs, de toutes les valeurs, le culte des hommes-dieux. C’est de cette illusion dont nous devons nous méfier comme d’une peste qui ravage depuis trop longtemps toute l’Eurysie occidentale et une part de ses colonies. L’âme slave, parce qu’elle est dure et forgée dans l’adversité, résiste aux tentations du serpent, mais pour combien de temps ? Déjà dans le projet internationaliste se trouvait le ver de l’immigration, celui-ci continue de nous ronger jour après jour au nom du marché et de la libre circulation des biens et des marchandises. Nous importons des populations étrangères, et avec elles leurs vices, leurs cultures, leurs modes de vie. Tout cela dilue l’âme profonde du peuple Peprovite et condamne chaque jour un peu plus la possibilité de nous retrouver, ensemble, autour de notre nature réelle. »
Georgiy : « Vous proposez donc un projet de défense de la race et de la culture Peprovite, mais vous dites que celle-ci a été écrasée par le communisme prodnovien, comment comptez-vous, concrètement, la redynamiser ? Quelle mesure concrètes pour faire ‘revenir’ cette nature réelle dont vous parlez Alexandrov Vadimovich ? »
Vadimovich (PUP) : « Tout l’enjeu est là, Konovalov Georgiy, contrairement à mes adversaires, je ne propose aucun plan, je suis contre la théorie, tout simplement. La théorie c’est l’esprit qui prend le pas sur le réel, la culture qui s’impose à la nature. Tous les projets de mes adversaires échoueront justement parce qu’ils ont la prétention d’agir depuis le haut, de dicter par des lois, et en définitive de la coercition, les mœurs des Peprovites. Mais on ne commande pas des mœurs, comme la culture, comme la sensibilité naturelle, elles sont volatiles et insaisissables, même moi je n’en connais pas la nature, je ne peux que spéculer, il faudra constater leur réalisation effective pour cela. Le seul projet du Parti d’Union Peprovite est donc d’agir en négatif de tous les autres, je me fais l’ennemi de tous, je combattrai jusqu’à la mort leurs ambitions artificielles et blasphématrices, scélérates à leur race, pour laisser prospérer, spontanément et harmonieusement, la véritable âme Peprovite se réaliser et se déployer dans toute sa splendeur. »
Georgiy : « C’est un projet assez flou, vous en conviendrez… »
Vadimovich (PUP) : « Un flou compensé par son ambition, vous en conviendrez également. Je ne cherche pas à convaincre ceux qui ne peuvent pas l’être, l’appétence pour la mauvaise vie a été répandue comme une maladie vénérienne par les tenants de la modernité et du progrès, je m’en désole mais j’en prends acte. Pour tous ceux qui ont goût aux ambitions naturelles et profondes, qui savent au fond de leur cœur que leur existence est vide et creuse, dont l’âme se dessèche chaque jour un peu plus dans le désert du sens, à ceux-là je dis, n’ayez pas honte de vous, de vos sentiments, de votre race, embrassez la tradition, rejetez la modernité, et faisons de Peprolov une terre préservée pour les slaves, un petit Eden. »
Georgiy : « Merci Alexandrov Vadimovich, je pense que chacun se sera fait une idée assez claire de votre projet. Je vais à présent passer la parole au dernier candidat, le doyen de ce plateau, Entsky Vitalievich, je crois que votre vision des mœurs et des droits est assez proche de celle de Malyshev Stanislavovich et de celle de Krayevsky Yanovitch, quelle différence voyez-vous entre votre projet et le leur ? »
Vitalievich (PSP) : « Assez peu, il est vrai, assez peu, toutefois je crois, j’ai la conviction, qu’il manque un aspect stratégique, fondamental, à la réflexion de mes deux, camarades, c’est celui de l’application, concrète, d’une vision qui demeure, très théorique, ne nous le cachons pas et cette vision, ne peut en vérité avoir d’application, sans être structurée, sans avoir de colonne vertébrale et, cette colonne, c’est celle de l’avant-garde, militante et intellectuelle, capable d’orienter et de réorienter la ligne, politique, du parti, en fonction des événements or, cette avant-garde, ne peut être composée, que de militaire comme le dit Krayevsky Yanovitch ou, de je ne sais quoi, dans la vision de Malyshev Stanislavovich, il faut, en vérité, donner le pouvoir aux économistes, marxistes, à ceux qui pensent, et voient, la lutte des classes, les masses, la voie de l’histoire sans quoi, nous allons, directement dans le mur, assurément. »
Georgiy : « Une avant-garde dont vous ferez partie j’imagine ? »
Vitalievich (PSP) : « Le vitalievisme s’appuie sur un corpus, conséquent, de mes œuvres, mais il doit être, interprété, et réévalué, sans cesse, c’est notre démarche, non pas démocratique, comme certains aiment, brandir ce mot, mais techniciste, professionnelle, c’est la démarche de la division du travail, vous comprenez. »
Georgiy : « D’accord mais très concrètement, Entsky Vitalievich, à quoi ressemblerait une société vitalieviste du point de vue des mœurs et des libertés individuelles ? »
Vitalievich (PSP) : « L’émancipation, la liberté, individuelle, c’est la liberté, de la masse, à laquelle on appartient, car il n’y a pas, de liberté, solitaire, en dehors de la société, tout notre travail, est donc, de guider les masses, vers leur propre émancipation, militaire, et intellectuelle, une société, vitalieviste, comme vous dites, Konovalov Georgiy, c’est une société éduquée, formée, à contribuer à la grandeur collective, par son travail, et sa pensée. Chacun contribue, contribuera, à l’enpouvoirement de tous, non pas, par la performance, ou que sais-je, l’illusion de soi, mais par la production, effective, de valeur, d’une valeur, communiste, c’est-à-dire la transformation, du réel, dépourvu de sens, en quelque chose, qui ait, précisément, un sens, pour l’être humain. C’est, un travail de découpe de la, société, un travail de hiérarchisation, pensé, théorique, appliqué du haut vers le bas, pour construire ensemble, une société, structurée en élément, de valeur, de sens, et non plus des marchandises, avatar, CAPITALISTE, du sens, rendu vide, creux, par le marché, et son évaluation, au regard de la valeur, capitaliste. »
Georgiy : « … »
Vitalievich (PSP) : « … »
Georgiy : « …bien. Vous voyez quelque chose à rajouter ? »
Vitalievich (PSP) : « Vous n’avez pas de question, à me poser ? »
Georgiy : « Non non c’était très clair. »
Vitalievich (PSP) : « Vous n’avez, rien compris, Konovalov Georgiy ? »
Georgiy : « Je… pas tout, je vous avoue. »
Vitalievich (PSP) : « Voilà, s'il le fallait, la démonstration de la nécessité, absolue, de nous doter d’une avant-garde intellectuelle. »
Georgiy : « Oui, disons cela. Et bien Entsky Vitalievich, merci pour vos explications, le public et les électeurs sont de toute façon seuls juges, haha ! Et bien, il est 22h15, nous sommes piles dans les temps, et passons sans plus attendre à la quatrième partie de ce débat ! »