Si le Pharois est à ce point gangrené par les mafias, comment la société tient-elle ?Dans la vraie vie, l'idée d'un pays occidentalisé et moderne dont environ un tiers du PIB proviendrait des revenus du marché noir est assez inimaginable. Le niveau de corruption et de violence serait immense.
Au Syndikaali, le système tient malgré tout grâce à une accumulation de facteurs hérités de son histoire, notamment du modèle des républiques pirates qui servaient de lieux sécurisés pour profiter d'un butin acquis malhonnêtement.
Tout d'abord, la criminalité n'est pas chaotique. Les mafias ne se font pas concurrence entre-elles, ou de manière marginale. Pourquoi ? Elles sont toutes mises en réseau par un coordinateur : la Merenlävät. Cette coopérative tentaculaire se charge de faire la médiation entre les gangs, mafias et équipages de façon à ce que les activités des uns complètent et facilitent les activités des autres. Tel groupe se répartira tel secteur d'activité, ou tel territoire, tel autre organisera tel réseau de distribution, etc. De fait, les mafias pharoises finissent par former un tissu économique assez classique, où le travail est sous-traité et divisé. Simplement leurs activités sont pour certaines de nature criminelle.
L'absence de concurrence limite donc la violence que les criminels déploient généralement pour garder la mainmise sur leurs secteurs ou pour lutter contre l'Etat. Pour certains d'entre-eux, il s'agit d'une activité professionnelle tout à fait normale.
La coordination des mafias et des pirates prend la forme d'une assemblée réunissant les groupes criminels les plus importants, assemblée appelée "Etat Généraux de la Piraterie" où sont présents les représentants de la Merenlävät mais également le ministre pharois des Explorations d'Outre-Mer.
Qu'en est-il cependant du niveau de violence de la société pharoise ? La Merenlävät n'hésite pas à liquider assez brutalement les fauteurs de trouble, c'est un fait. Ceux qui ne se soumettent pas à l'ordre établi sont supprimés, ou livrés aux autorités pharoises qui se félicitent de lutter contre la piraterie. En général il n'y a même pas besoin d'avoir recours à de telles extrémités. Il est tellement rentable de s'insérer dans le tissu mafieux pharois qui propose des services, un savoir faire, des contacts, des infrastructures, etc. que ceux qui s'en trouvent exclus finissent généralement en faillites, ou supprimés par leurs concurrents.
Pour le commun des mortels, la société pharoise est divisée en deux espaces : la mer et la terre. En mer, presque tout est permis. Sur terre en revanche, les collectifs paramilitaires municipaux, les groupes d'autodéfense citoyenne, les associations de vigilantisme, sont tous armés et bien décidés à ce qu'on respecte la tranquillité du quartier. Ils seront pour cela épaulés par les garde-côtes pharois.
Autant dire que pour un criminel lambda, il n'y a pas grand intérêt à aller emmerder le monde sur terre, où il risque de sacrés problèmes, et un bannissement du réseau, alors qu'il peut jouir d'une impunité quasi totale en mer.
De manière générale, il est acquis que la piraterie ne frappe pas au sein même du territoire pharois, considéré comme sa base arrière.
Là aussi, la Merenlävät veille à la paix sociale, constitutive du contrat social du Syndikaali. Ce système est inspiré de celui de la Haute Table de John Wick. C'est l'alliance entre extrême permissivité pour ceux qui jouent le jeu, et extrême violence contre ceux qui font cavaliers seuls qui assure l'équilibre de la société pharoise.
Pour ce qui est de la corruption, le Syndikaali assume qu'elle soit un élément de société. L'avantage étant que comme la majeure partie de l'économie du pays est privée, et la bureaucratie marginale, les pratiques malhonnêtes sont souvent mises en concurrence avec d'autres plus fiables, ce qui tend à les faire disparaitre naturellement. Encore une fois, le rôle de la société civile est important pour limiter les abus, le tissu associatif et syndical étant suffisamment puissant pour peser sur les fauteurs de troubles. A cela s'ajoute une certaine forme de tolérance culturelle vis-à-vis de l'escroquerie. Il est normal que le plus malin remporte la mise.
Dernier élément à prendre en compte : le fédéralisme du Syndikaali fait que toutes les régions ne sont pas sous le même régime de lois. Ainsi les Pharois cherchant la tranquillité éviteront la ville criminelle de Pohjoishammas, ou les chantiers navals d'Helmi connus pour réparer les navires pirates et la violence de leurs syndicats de dockers. Ils préféreront le caractère paisible de Kanavaportti ou d'Etelähammas.