20/07/2013
09:17:00
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Activités étrangères en Zélandia - Page 2

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Sénateur en exil


Dans les brumes des rues de Noordcroen, un petit navire de pêche arrive du sud. A son bord, les travailleurs de la mer sont accompagnés par des individus sortant de l’ordinaire. Des fourrures chaudes, de beaux habits, quoiqu’usés par les redoutables intempéries de la Manche Blanche. Quatre silhouettes : une grande et large, deux fines et élancées et une dernière, haute comme trois pommes. L’enfant a attrapé la mort et tousse abondamment. Sa mère le serre dans ses bras. La grande silhouette s’adresse à leurs complaintes et rassure :
- Ne vous en faites pas. Je connais beaucoup de monde à Noordcroen. Tout ira bien. Les zélandiens ont d’ores et déjà prévenus que nous serions les bienvenus.

Le Sénateur Andrea Pascal s’était sorti de la justesse de la journée du 2 mai. Il était encore marqué dans sa chair par un coup de poignard dans la cuisse que ses domestiques avaient cautérisé bien trop rapidement pour que cela soit fait en toute sécurité. Les pêcheurs, qui figuraient parmi sa clientèle ont par la suite accepté de le faire passer en Zélandia en guise de dernier service rendu pour des années de contrat tacite de fidélité où ils leur avaient vendu leurs votes aux dernières élections sénatoriales. La famille patricienne le remercie chaudement et lui souhaite bon retour, espérant que la Segreda de Scaela ne remonte pas la trace du navire.

Rapidement, le sénateur sort du chalutier et la famille se met en route dans les ruelles étroites et les maisons à pignons zélandiennes. Les canaux donnaient l’impression de familiarité, excepté que ceux-ci n’étaient pas rougis du sang de ses confrères sénateurs. Les velsniens s’en vont toquer à la porte de l’une de ces grandes maisons bourgeoise, garnie de dorure de façade qui font ressortir la pierre blanche avec laquelle elles ont été construites. Un homme en demi-sommeil lui ouvre la porte et met quelques instants à reconnaître l’Homme :
- Andrea ? Qu’est-ce que tu fais là ? T’es blessé ?
Le Sénateur se tenait contre son épouse, sans qui ce dernier ne pouvait marcher qu’avec difficulté. Andrea Pascal vint changer d’épaule pour celle de son hôte :
- Donne-moi un coup de main s’il te plaît. Ensuite je te dirai tout.
Le riche zélandien s’empressa de donner à ses invités de fortune de nouveaux vêtements et fit poser la table. Un modeste Hochpot de légumes fait dans l’urgence, sur lequel les invités se jetèrent. Le riche zélandien attendit ce moment pour lui poser la question :
- J’ai entendu parler de ce qui s’est passé…
- Ce qui s’est passé. A vrai dire, moi-même je n’ai pas tous les détails
– répondit-il sur la réserve –
Sa fille, haute de ses 16 ans, ne fit pas preuve d’autant de discrétion, et elle explosa de colère devant son hôte :
- Pourquoi tu ne lui dis pas ? Vous voulez que je vous dise ce qu’il s’est passé, monsieur ? Ils ont tué mon frère ! Et puis ils ont brûlé notre maison, et ils ont tué nos clients, tous nos clients ! Même les domestiques ! Ils ont tué le Maître le l’Arsenal ! Et toi, père, tu dis que tu n’as pas tous les détails. Les voilà mes détails : Frederico DiGrassi était un homme bien, il était le patron de notre famille, et ils l’ont tué comme un animal !
- Ça suffit, Tina !
– avertit son père en haussant le ton –
La jeune fille se lève de table, et elle demande à son hôte :
- Monsieur, est-ce qu’une chambre a été préparée.
- Euh, oui bien sûr. Mon épouse va vous montrer le chemin.
– lui répondit-il avant que Tina s’engouffre dans la pièce d’à côté, furieuse –
Le Sénateur Andrea sourit :
- Tina. Avez-vous vu comme elle est courageuse ? Même dans cette situation, elle m’a rappelé les dettes que nous avions auprès de la famille DiGrassi, une dette dont je ne pourrais jamais m’acquitter. Pardonnez-lui pour cela, elle parle avec son cœur comme je le faisais à son âge, et son frère comptait beaucoup pour elle, et pour moi. Lorsque que les gorilles de Scaela ont apprit que je m’en étais sorti, Dino m’a écrit lui-même, dans une lettre où il m’assurait d’une amnistie à condition que je me présente à lui, ou que je lui envoie un émissaire afin de conclure une trêve entre nous. Je croyais encore que Scaela ait encore un peu d’honneur velsnien pour lui, et j’ai accepté. Pietro, mon garçon, s’est porté volontaire pour y aller, et il a insisté. J’ai cédé. Et lorsqu’il est venu le rencontrer, il l’a assassiné à son tour, sans avoir même la décence de me redonner son corps. Ils ont massacré mon garçon comme ils ont massacré Frederico DiGrassi.

Pascal fit silence l’espace d’un instant, sa mâchoire tremblotait, et ses yeux bouillonnaient de rage. Il reprit, un ton plus haut, et serra les poings sur la table :
- Mon garçon, est venu à eux en émissaire et invité. Il est venu à eux en paix et désarmé ! Il a rompu le pain avec Scaela, et ils l’ont assassiné ! Jamais ne n’oublierai cela, et jamais Velsna n’oubliera que Scaela est maudit pour l’éternité. Notre cité le dévorera tout cru et prendra sa vie comme il a prit celle de tous ces hommes de bien, et de mon fils !
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Téarmaíocht / Alrahba

La fraîcheur de cette semaine et de cette pluie qui éclabousse sur le visage et les flaques alentours rappelait sans aucun doute un été en Damanie.
Sautant prestement au dessus d'un muret bordant un talus de terre, il ne s'arrêta pas lorsqu'il arriva à pied joint dans une mare de boue, dont la surface était chahutée par les clapotis et explosions tonitruantes de l'averse.
Habillé d'une veste brune en coton tout à fait Eurysienne et d'une casquette d'ouvrier du siècle dernier, revenant fortement à la mode sur le continent, il continua sa course à travers une étendue d'herbe grasse sur une pente douce vers un moulin effacé par une pluie drue et importante.
Le ciel montrait des ombres grises foncées à ne plus en finir et laissait pourtant à la couleur émeraude de la nature luxuriante des bosquets environnants une place centrale de ce tableau empli de contrastes.

Le jean entièrement trempé par sa course effrénée sous cette douche saisonnière, il alourdissait de plus en plus ses pas pourtant déterminé.

La détonation, estompée par le chahut de la pluie rebondissante dans l'herbe, donna une estimation de la distance qui les séparaient.


Bloody hell !


Le coeur battant la chamade, le jeune homme changea de cap vers le bosquet le plus proche, s'agrippant encore plus à la poignée de la valise en vieux carton et cuir cabossé. Il sentait l'eau dégouliner de sa manche sur sa main en un flot presque constant.
L'herbe devint plus grande pendant un temps, léchant ses genoux, en mouillant ce qui ne pouvait l'être plus encore. La boue n'aidait aucunement, il devait réajuster sa course, dérapant par moment, déstabilisé par la valise bien remplie. Comme un pantin désarticulé, il essayait de ne pas glisser et tomber tout en gardant la vitesse nécessaire à son salut.

Une autre détonation se fit entendre et une autre immédiatement après et cette fois-ci, il sentit l'air changer un instant, comme un rideau de pluie transpercé par des sifflements léthaux.

La gorge déchirée et les poumons en feu, l'homme sembla se recroqueviller un instant dans sa course infernale pour reprendre encore plus de vitesse dans une petite pente descendante menant au bosquet.
Les arbres ne laissaient percer aucune lumière dans cet espace salvateur, la végétation plus dense sortant de ses abords à travers ses buissons et arbustes.

Le pied droit dérapa dans la boue une fois de plus, mais cette fois-ci, il ne réussit pas l'impossible et évitant la glissade et malgré une main gauche visant à atténuer la chute, il ne réussit pas à utiliser sa main droite ancrée férocement sur la poignée de la valise et il s'étala de tout son long dans l'herbe humide et boueuse, le visage heurtant un caillou dans l'herbe.
Pas de temps pour gémir ou se plaindre, il se releva, titubant un peu. L'adrénaline faisait son travail et permettait au corps de subjuguer ses forces habituelles. L'adrénaline et cette boule au sein des viscères
qui rappelle que l'Homme dispose du même instinct de survie que les autres mammifères.

Endolori légèrement au niveau de sa cheville, elle ne répondait pas comme à l'accoutumée.


God d@mmit !


Il tituba et accéléra comme il le pouvait pour rejoindre enfin un arbuste et batailla pour le passer un instant, sans prendre en considération les déchirures causées à sa veste. Il attrapa de sa main sa casquette et cracha un peu de boue qui s'était surement insinuée dans la bouche lors de sa chute.
Il força et sous la pression et avec beaucoup d'énergie, une branche se brisa et le jeune homme traversa et arrachant la valise prise au piège de l'arbuste touffu.

Dans l'ombre du bosquet ombragé, il chercha une issue à cette mésaventure.







Le rapport de la police Zélandienne confirma le meurtre de trois personnes attablées à un pub Damanien d'un village non loin de Siegmarinen.
Les témoins ont confirmé qu'une voiture Eurysienne s'est arrêtée devant l'établissement à l'heure de midi et après une brève fusillade, deux hommes ont pourchassé un jeune homme à travers une ruelle et vers les champs bordant le bourg.
Les témoins et la police n'ont pas pu donner plus amples informations, sauf que l'accent des personnes attablées était fort et laissé à penser à des origines Damaniennes.
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Quotidia, Journal généraliste a écrit :
Victoria Cavali, 3 juillet 2013

Guerre en Communaterra: Quand la Fondation Herdonia s'engage à nouveau dans l'humanitaire

L’investisseur-star Toni Herdonia ne fait décidément rien comme les autres. Amoureux du risque financier, cherchant à conciliant la cause humanitaire avec le principe de lucrativité, ce dernier aura marché à pas de géants depuis l’année dernière. En l’espace d’un an, la « Fondation Herdonia » aura été l’une des sociétés dont l’action à la bourse de Velsna a certainement connu la plus forte croissance. Les raisons de ce succès ? « Moi. » répond modestement l’intéressé. Si la Fondation Herdonia est aujourd’hui une entreprise prospère, le jeune PDG admet volontiers que son modèle de prise de risque lui aura valu quelques sueurs froides. Ainsi, le coup fut dur lors de l’ouverture du marché Wanmirien, ce dernier n’ayant pas prévu les besoins réels de ce pays si particulier, de son propre aveu. Cette franchise, elle est devenue sa marque de fabrique : tout assumer, ne rien renier, y compris les échecs. Résultat des courses : un siège social en face de la basilique San Stefano de Velsna et un résultat net de 2 milliards de florius pour l’année fiscale 2013.

Pour ce faire, Herdonia n’a pas hésité à concilier ses compétences en management avec son intérêt toujours renouvelé pour l’aide à la personne en zone de guerre et le soutien humanitaire. L’entreprise s’est fait tout particulièrement connaître par son activité durant la guerre d’Okaristan, durant laquelle les franchisés, que Herdonia surnomme les « iboat », ont permis le passage de plusieurs milliers de réfugiés, nommés « ipassengers » par le personnel de l’entreprise. Herdonia n’a pas hésité à promouvoir la création d’une application permettant la mise en contact directe entre ces réfugiés et les chefs d’entreprises de leurs pays hôtes afin de mettre en place la réinsertion de ces derniers dans la vie civile le plus promptement possible. Avec moins de bonne fortune, ce dernier a tenté de renouveler la même expérience auprès de la main d’œuvre wanmirienne, avant de réaliser que le retard technologique de ce pays ne pouvait pas permettre de renouveler cette entreprise. Cela ne l’a pas arrêté pour autant et ce dernier a su adapter sa tratégie et totalement changer le business plan wanmirien, en réorientant son modèle vers l’aide à l’enfance. Ainsi, afin de lutter contre la misère infantile et le vagabondage, il a procédé à l’ouverture d’un groupe de corrections de courriers diplomatiques, secteur important dans l’économie Wanmirienne, dont le personnel était entièrement composé de mineurs de moins de 16 ans, payés largement plus que ce que le salaire moyen du Wanmiri permet.

Aujourd’hui, le jeune entrepreneur est de retour avec une nouvelle idée, comme toujours. Se mettant régulièrement au courant de l’actualité, c’est désormais le conflit entre Communaterra et le Grand Kah qui attire désormais son attention. Bien que l’intéressé ne se rende que rarement sur le terrain, il a été confirmé que Herdonia ait été aperçu dans le territoire de l’enclave de Porto Real, ville zélandienne à la frontière du territoire de Communaterra, le tout accompagné de certains de ses franchisés, repérant sans doute le terrain et commençant à réaliser des démarches afin d’acquérir des quais attitrés et un siège régional. On connait déjà l’affection qu’Herdonia porte au modèle zélandien, décrivant le pays comme une véritable « patrie de la liberté d’entreprendre ». Lorsque ce dernier eut été interrogé sur son activité en Paltoterra, ce dernier a seulement répliqué avec son slogan devenu célèbre, le tout avec un sourire charmeur : « Un vrai humanitaire ne révèle jamais ses secrets. ». Toujours est-il que nous sommes parvenus à nous fournir en indices de ses futures activités dans la région. Fidèle à la recette qui marche, certains franchisés ne se sont pas cachés de l’important dispositif de passage de réfugiés devant être mis en place entre les plages de Communaterra et les embarcadères et ports de fortune de Zélandia et de Sylva dans la région. En tout, c’est une cinquantaine d’embarcations que le velsnien entend faire transiter d’un pays à l’autre, tout en assurant que les dispositifs de sécurité se sont améliorés depuis la guerre d’Okaristan. On nous rapporte ainsi qu’Herdonia a fait signer des décharges de responsabilité auprès de tous ses franchisés, les rendant juridiquement responsables dans le droit velsnien de tout naufrage causé par une surcharge des navires. Il n’en a pas fallu davantage aux franchisés pour revoir à la baisse le nombre de « ipessengers » autorisés à prendre la mer. Cette problématique n’avait pas été sans poser de problèmes en Okaristan, où on a rapporté douze cas de naufrages de franchisés de la Fondation Herdonia, occasionnant par la même occasion l’puverture d’un nouveau service de la Fondation Herdonia : « irecup », se réumant à des missions de récupération des biens et effets matériels des victimes de naufrage. « Si tout ce passe bien, on aura pas besoin de « irecup » cette fois », affirme l’un des franchisés.

Toutefois, l’expérience du Wanmiri a prouvé que l’on ne pouvait pas transposer toutes les situations. Les impératifs et les conditions de la guerre en Communaterra diffèrent en bien des façons du conflit okaristanais. Ainsi, « Yuri », franchisé déjà actif en Okaristan et dont nous tairons le vrai nom, présente la situation ainsi :
« Communaterra, c’est différent de l’Okaristan. Je ne sais pas si ça va marcher pour être honnête. Les okaristanais VOULAIENT quitter leur pays contre des pièces sonnantes et trébuchantes. Les gens d’ici que j’ai croisé…ils me font un peu peur. C’est comme s’ils sont animés d’un seul esprit. Un esprit de ruche comme dirait l’autre. C’est peut-être ça la puissance du socialisme j’imagine. Ça et il y a le Grand Kah. On a une toute petite fenêtre pour dégager de grands bénéfices, parce que lorsque le Grand Kah occupera tout le pays, je ne pense pas que nous pourrons continuer nos activités. Il faut faire vite, donc, avec une population beaucoup plus…obtue qu’en Okaristan. D’autant que cette fois, on aura de la concurrence, puisque je pense que les pays voisins vont peut-être émettre en place des couloirs de réfugiés. Je suis du genre optimiste d’habitude mais là…je dirais qu’il faut s’appeler Herdonia pour mettre la tête dans ce guêpier. »

A ces réserves émises par les associés d’Herdonia s’ajoutent des difficultés auxquelles l’investisseur a voulu répondre. Le prix des tickets de bateaux pour les « ipessengers » a été revu à la baisse, et a été mis en place un système de places lowcoast, où les « ipessengers cheap » seraient munis de gilets de sauvetage moins onéreux. De même, si les nations riveraines de la Manche Blanche avaient vu avec indifférence l’activité de la Fondation Herdonia, le continent paltoterran est peuplé d’acteurs politiques autrement différent, et il n’y a pas de garantie que les sylviens acceptent ces réfugiés. De plus, l’accès à l’application « findboat », qui en théorie devrait aider les éventuels « ipessengers » à géolocaliser les franchisés à l’accostage, n’est pas garanti. En effet, le faible revenu par habitant du pays ne garantit en rien qu’un nombre satisfaisant de « ipessengers » soient touchés par les notifications de l’application. Si nous devions évaluer avec les informations à notre disposition les perspectives de profits de ce nouveau projet, nous pourrions dire qu’il s’agit d’un investissement à risque dans la lignée de ce qu’a toujours proposé la Fondation Herdonia, mais dont les gains potentiels peuvent se chiffrer grandement. Seul le flair de l’investisseur, allié à un peu de chance, nous dira ce qu’il en est d’ici quelques mois.



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