Souvent, la diplomatie se fait de loin, entre des étrangers qui ne se connaissent pas, qui ne se sont jamais vus ou dont les pays sont si éloignés qu'ils ne sauraient même pas les placer sur une carte. Seul des historiens obscurs et des géographes particulièrement déterminés ont des connaissances sur le sujet ; ou encore des étudiants en quête de sensations y sont allés, une fois. Mais parfois, la diplomatie se fait entre voisins. On se rend compte que celui-ci est sympathique, ou tout du moins pas trop barbare, on s’invite, on boit un coup et on se promet de se revoir. C’était le cas de la diplomatie tansko-caratradienne. Trois rencontres étaient planifiées pour se dérouler quasi-simultanément sur trois fuseaux horaires différents. Les deux États s’étaient accordés sur le lieu le plus fort symboliquement, leur frontière commune sur l’isthme afaréen, pour la première d'entre-elles. Le mauvais temps du mois d’avril était passé, et la température de ces territoires désertiques avoisinait déjà les 30 degrés. Si les locaux y étaient habitués, ce n’était certainement pas le cas des Eurysiens, dont les teints clairs craignaient le soleil qui frappait déjà durement le paysage aride qu’était celui de la frontière. Un petit grillage surmonté de barbelés mal entretenu semblait s’étirer à l’infini en travers du paysage aride, marque physique du trait de crayon qui avait jadis coupé en deux le désert à cet endroit. En l'absence de réelles infrastructures autres que les petits postes de douane, une large tente climatisée, dont on avait tenté à la hâte d’effacer le marquage tanskien “Forces de Défenses Nationales”, avait été montée pour accueillir la rencontre, au plus grand soulagement des Eurysiens. Lorsque les deux délégations débarquèrent de leurs convois de voitures, Padraig Cunningham se fit la réflexion que, visuellement, on aurait plus dit qu’il s’agissait d’une rencontre afaréo-eurysienne que d’autres choses. De la vingtaine de personnalités présentes, la majorité étaient originaires de Twls Dwyrain ou de Kýli, auquels s’ajoutaient Mar Lofftson, le ministre tanskien des Affaires Étrangères, un amiral tanskien dont Cunningham avait oublié le nom, ainsi que de lui-même. Dès que Cunningham l’aperçut, il se dirigea vers le ministre tanskien afin de lui serrer la main, le geste évidemment calculé ayant lieu à mi-chemin des deux postes-frontières.
Monsieur le Ministre, c’est un honneur d’enfin vous rencontrer. Je pense que nous avons beaucoup à nous dire, mais je dois vous avouer que le milieu du désert levantin ne me semble pas être le meilleur endroit pour discuter.