15/06/2013
14:32:12
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[Empire du Nord, Loduarie, Sylva, Tanska, Teyla] Entre impérialistes

De toutes les rencontres auxquelles la Duchesse avait participé, celle ci était la plus épineuse. Elle aurait encore préféré rencontrer le dirigeant de l'Empire Listonien pour parler de ses méfaits à Port Hafen. L'enjeu était grand, puisqu'il s'agissait d'une possibilité d'apaiser la situation entre deux nations qui se détestent donc l'une avec qui s'entend Sylva. La deuxième difficulté était que la nation sujette à toutes ces tensions était dirigée par un individu réputé impulsif et paranoïaque. D'ailleurs, se rendra-t-il sur place ? Enverra t-il un représentant ? Ou sera t-il présent en visioconférence via un ordinateur apporté par un lieutenant ?

C'est donc en ce 14 juillet 2012 que se faisait cette rencontre, au Bourg des Mahoganys où le temps alternait entre des pluies diluviennes et des soleils intenses transformant les rues en sona. "J'espère que cela ne contribuera pas à échauffer les esprits" pensa pour elle même la dirigeante tout en jetant un oeil au ciel. On voyait un avion radar patrouiller en plus de quelques autres chasseurs faisant partie de l'important dispositif. C'était juste une situation bien trop risquée pour en plus se permettre des imprévus.


Arrivèrent un à un les délégations de chaque pays invité : Loduarie, Empire, Tanska et Teyla. Ces deux derniers étaient conviés malgré la bien moindre inimitié entretenue avec la Loduarie, qui tenait plus des accrochages frontaliers que de la réelle rivalité. Mais ils avaient malgré tout été appelés à se joindre à cette médiation de par l'actualité. C'est dans une pièce aux couleurs douces parsemée de bois (estimé comme étant le mélange le plus apaisant et adapté à une telle rencontre), que se firent les discussions.
C'est d'une voix forte qu'elle prit la parole, empreinte d'une certaine sévérité. Celle de la mère qui gronde des enfants, ou de la dirigeante harassée par une actualité diplomatique chargée et délicate ? Elle posa quoiqu'il en soit le ton sans attendre.

-Mesdames et messieurs, nous sommes ici pour effectuer un travail délicat sur lequel reposent nombre de tensions. C'est en conséquence que j'attends de vous toute la patience et la maturité de la part d'un dirigeant. Nul offense à ce que je vous le rappelle, sachez juste que les attaques personnelles ne seront nullement bienvenues. Nous sommes là pour mettre fin à une dynamique néfaste pour l'Eurysie et allons devoir y déployer des efforts.

Elle parcourut des yeux l'ensemble des invités, croisant bien le regard de chacun.

-Nous allons devoir aborder de façon factuelle et pragmatique la situation, qui dans l'ensemble peut se résumer à deux points. Si j'en ai appelé précédemment à votre calme, c'est parce que l'on devra nommer les choses telles qu'elles sont. Le premier point, donc, concerne la rivalité entre l'Empire du Nord et la Loduarie Communiste.

Elle se tourna vers la délégation loduarienne, avec cette fois ci une expression neutre, puis vers celle de l'Empire du Nord. Autant froisser la Loduarie n'était pas idéale mais ne changerait pas davantage la situation actuelle, autant faire de même avec l'Empire aurait des conséquences tangibles. Pour autant Alexandra devait s'efforcer à ne faire aucun favoritisme que ce soit pour trouver un réel terrain d'entente plutôt qu'une négociation qui ne tiendra qu'un an, et parce que

-Messieurs, cette rivalité tient de la lutte d'influence pour ou contre le communisme, ou plutôt la façon dont elle se fait. Disons les choses clairement, quand le communisme s'impose et se maintient par la force en réprimant la contestation, il n'est aucunement justifié d'utiliser les moyens semblables pour le soutenir. Et réciproquement, quand le communisme ou n'importe quelle autre idéologie qui ne se fait pas au détriment du genre humain s'implante pacifiquement selon la volonté du peuple, et n'implique aucune menace pour les intérêts de chacun, alors il y a aussi peu de justification à déployer la force pour le réprimer.

C'était maintenant qu'il fallait le faire, dire les choses qui fâchent. Aucun de ses deux interlocuteurs ne pouvait bien prendre les remarques qui allaient suivre. Avaient ils seulement les intérêts pour bien les prendre et en tenir compte pour poursuivre leurs doctrines et politiques étrangères ? Samara, Okaristan, Tchérie, se succédaient dans l'esprit d'Alexandra différents pays qu'elle avait étudié préalablement à sa réunion. Dans chacun d'eux, Loduarie ou Empire avait des torts.

-Vos deux nations ont eux dans divers pays des pratiques impérialistes, dans la volonté de lutter pour ou contre le communisme. Chaque action "illégitime" de l'un renforce la détermination de l'autre. Je ne vais pas établir une liste des exactions de chacun, des interventions, et autres manœuvres douteuses. Là n'est pas le sujet de cette rencontre de déterminer qui a le plus de tort, mais en l'état, comment vos intérêts s'opposent, et qu'est ce que l'on peut attendre de chacun.
J'insiste sur l'inutilité de se cloitrer dans le passé, et de chercher à venger les morts. Nous devons nous tourner vers la fin de ces morts inutiles et la reconstruction.
Donc pour commencer, j'invite l'Empire du Nord et la Loduarie Communiste a exprimer tour à tour la situation actuelle, que ce soit au sujet du blocus, de l'Okaristan ou autre. Quels points actuellement représentent des sources de tension et menace pour chacun ?

C'était le moment le plus difficile, où toute la violence allait se déchainer malgré les appels aux calme préventif de la Duchesse. Elle était d'autant plus mal à l'aise qu'elle avait l'impression d'être une psychologue invitant un couple à discuter. Mais quelle autre façon de gérer une mésentente entre deux pays se répondant à coup d'interventions et de missiles ?
C'est en même temps que les majordomes proposèrent des boissons et amuse gueules aux représentants de Tanska et Teyla, qui n'avait pas encore à parler pour le moment.
Putain il pleut.

Il avait suffit d'un coup d'œil par le hublot pour rendre Lorenzo irritable. Enfin, irritable, c'est beaucoup dire. Il avait toujours été vulgaire, depuis les Années Sombres. Et même le pouvoir n'avait pas réussi à remédier à tout cela.

On va avoir de la pluie longtemps encore, là ?

Un commandant, à bord de l'avion, lui répondit.

Plus pour très longtemps, Camarade Secrétaire Général . Mais faut pas rêver, le temps en cette région est assez pourri.

Raaaah. Ça fait quand même bien chiez, ça.

Et il continua à regarder par le hublot.


Comme prévu (ah?) il cessa de pleuvoir, un peu avant que Lorenzo ne descende de son avion. La chaleur le surpris néanmoins, et ceux qui étaient assez proches de lui purent entendre un :

"Foutu temps tropical de merde."

La suite s'enchaîna assez facilement. Lorenzo n'avait jamais été très exigent à ce niveau là. Même si il avait des limites.


Lorenzo observa rapidement la pièce autour de lui. Du bois ? Raaaah, où était le bon vieux marbre ? Où était l'imposition de la pièce, sensé appuyer le possesseur de la pièce ? Sylva avait eu une approche pacifique de la situation. Mais tout cela manquait d'imposition et de pouvoir.

Il écouta longuement la Duchesse. En passant son temps à étudier chacune des personnes avec qui il aurait à discuter, afin d'en tirer le meilleur parti. Il avait toujours réussi à s'imposer et à faire sensation lors de moments comparables, et il y arriverait encore. Bon, en même temps, il avait (litérallement) plusieurs tours dans sa manche.

Puis vint le moment de parler. Il vit d'un assez mauvais œil qu'on ne lui propose rien à boire, mais tant pis. Il devait tenter de se passer d'alcool fort, là.

Ce fut, étrangement, d'une voix calme qu'il s'exprima.
La Nation Communiste a plusieurs limites et lignes rouges. Les principales étant sa souveraineté nationale, la deuxième celle de ses alliés, et la troisième, qui est plus une condition à tout cela, l'assurance des choses précédemment évoqués.

Nous menons une opération militaire spéciale en Okaristan pour ces raisons.
Nous menons un blocus préventif contre l'Empire pour ces raisons.
Nous soutenons le communisme à l'international pour ces raisons.

Nos actions, nous les avons motivés par cela. Par ces conditions. Car voyez vous, avec le temps, je ne crois presque plus qu'à la force brute. Je vous le dis très clairement. Prouvez moi que la diplomatie a encore une chance de fonctionner. Je suis ici car une part en moi me dit que c'est encore possible. Que la diplomatie existe encore.
Mais j'attends que vous me le pouviez, ou je serai venu pour rien.

Ce n'était apparemment pas au tour du Royaume de Teyla de prendre la parole, mais le ministre délégué avait reçu pour mission des instructions très claire quant aux différents comportements à adopter selon les évolutions possibles de la rencontre. Alors avant même que le représentant de l'Empire du Nord puisse répondre, le ministre délégué aux affaires étrangères, Julien Rousseau, prend aussitôt la parole, sur un ton sec et volontairement cassant.

-Pour un homme que le Royaume a fait reculé par deux fois, pour un homme que le Royaume à fait subir deux défaites militaires vous semblez bien agressif. Le Royaume vous voit comme un homme paranoïaque, vous semblait correspondre à ce profil-là. Le gouvernement de Sa Majesté sera surprit d'apprendre qu'en une déclation vous venez de menacer tous les pays présent. Je cite : "La force brute". Ah la force brute ? Qu''est ce donc ? Celle que vous utilisez pour museler vos concitoyens ou celle qui vous sert à massacrer des populations civils ? Que nous sachons par laquelle des forces brutes vous venez de menacer les nations ici présente.
Le sourire formel de la Duchesse s’était crispé en une grimace. Elle s’était attendue à se voir déchainer contre elle des reproches sur son résumé, et à la place le représentant de Teyla venait déjà de descendre Lorenzo. Elle n’eut même pas le courage d’intervenir et se contenta de s’asseoir.
Lorenzo eu un rictus.

Exactement ce à quoi je m'attendais. Vous êtes tellement prévisibles, vous les Teylais...

Mais il perdit son sourire.

Mais là, ayez l'obligeance de vous taire. Je ne crois pas que vous ayez envie de faire capoter cette rencontre, et encore moins de porter un très fort coup à la crédibilité diplomatique de votre allié, n'est-ce pas ?
Nous aurons tout le loisir de discuter de cela, et de nous insulter en bonne et dûe forme, mais après.
Alors fermez la.
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François-Adolphe Rouzet, nouveau Ministres des Affaires Étrangères Impériales

Le nouveau ministre des Affaires Étrangères se retint de rigoler un peu. Il était un vieux loup rodé à la diplomatie et s'amusait un peu de cette dispute.

- Si nous ne commencions pas à compter les points. Il aurait été courtois de ne pas répondre à ces provocations Général, quant à vos excellences teylaises, il me semble que c'était à nous de parler. Repartons sur des bases seines et réengageons le dialogue. Je ne tiens pas particulièrement à perdre une après-midi pour rien. Nous sommes ici pour discuter et s'avancer vers une retombée des tensions, alors faisons-le ! Sinon, je prendrais plus de plaisir à retourner siroter un jus de raisin en terre impériale, mais nous sommes tous adultes, civilisés et par-dessus tout, animé par un désir d'apaisement.

Pour vous répondre, chère Duchesse, les motivations de l'Empire sont quelque peu similaires. Je ne reviendrai pas sur les accusations maladroites d'exactions de votre part, si cela est nécessaire, je vous enverrai un PDF détaillant que nous n'avons pas de sangs sur les mains, mais je n'ai pas l'intention de vous froisser, ni de commencer à entrer dans une rhétorique de bac-à-sable de : c'est lui qui l'a fait. À l'instar de la Loduarie, l'Empire défend et lutte pour une idéologie. Celle-ci est radicalement opposée à celle dite eurycommuniste, que la Loduarie défend à corps perdu. Je dois avouer à titre personnel que votre dévouement envers votre idéologie et votre zèle à le faire pourrait presque être louable si j'étais légèrement moins arbitraire et partial.

L'Empire a également comme objectifs et limites de lutter pour sa sécurité, sa prospérité et ce qu'il juge noble. C'est le lot de chaque nation, il me semble, chercher à étendre ses relations, son influence et défendre ses intérêts et ses idées, et parfois cela rentre en contradiction avec d'autre nation. C'est ce que nous vivons avec la Loduarie. Mais des solutions pour éviter des morts, des affrontements et des réactions trop brutales sont possibles, j'en suis persuadé. Nous n'allons pas nous voiler la face, nous ne serons jamais en harmonie en l'état idéologique et nous aurons toujours des intérêts et des idées divergentes. Cependant, dans l'intérêt supérieur de nos nations, du monde et de l'espèce humaine, il est nécessaire de se doter d'outils de désescalades. Nous opposer sur certaines idées et actions n'est pas grave en soi, ce serait d'en payer le prix par de vies humaines qui le serait.
La République Fédérale de Tanska n'avait pas jugé nécessaire de déléguer son ministre des Affaires étrangères et des Droits humains. Tanska disposant d'un corps de diplomate de métier, c'était donc l'ambassadeur de Tanska en Sylva qui fut envoyé à cette réunion, étant déjà présent dans la capitale.

Arngarður Hafliðason a écrit :
Visiblement, une ou plusieurs délégations ici présentes auraient peut être mieux fait de nous laisser simplement entre diplomates de métier si cela revient à s'asséner des insultes dénuées d'intérêt.

Monsieur Lorenzo, si vous le permettez, il me semble que prétendre défendre la souveraineté nationale tout en violant au passage celle de plusieurs Etats souverains ne devrait guère servir d'argument vous défendant. Si vous voulez que les Etats respectent votre souveraineté, ce qui est le cas de mon pays, respectez aussi la leur. La réciprocité du respect des souverainetés est quelque peu l'un des principes fondateur de la diplomatie, un diplomate de métier le saurait.

Nous ne saurions vous considérer comme un interlocuteur crédible, et je m'adresse ici à votre nation, si elle ne respecte pas elle-même les propres engagements qu'elle entend se voir accorder de la part d'autres Etats. Rassurez vous, vous n'êtes pas le seul Etat en cette basse terre à qui cette critique peut être adressée.

Si vous voulez croire à la diplomatie, laissez lui une chance. Enfin, cela ne doit pas devenir une vaine, bien que non dénuée de fondement, invective contre vous, nous aurions pu le faire par un communiqué à la suite de la libération de vos aéronefs lorsque nous avons appris que votre Etat-Major avait menti sur les raisons de son survol. Je vous remercie toutefois de l'avoir énoncé ici plus clairement qu'ils n'ont su le faire. Cela me permet de croire qu'il y a tout de même quelques axes de progrès autour de cette table.
Alexandra regarda sa montre à gousset avant de s'exprimer.

-Messieurs, il est 15h04, la réunion ayant commencé à 15h02 précisément. Merci d'attendre 15h15 avant les prochaines invectives. J'appuie monsieur Rouzet, nous sommes ici pour trouver des solutions, inutile de sombrer dans les provocations.
Monsieur Lorenzo, la question n'est pas seulement de savoir si la diplomatie fonctionne, mais si la force brute fonctionne aussi. Force est de constater qu'aussi aisé soit il de sombrer dans son usage, elle ne parvient rarement, seule en tout cas, à des situations prospères et stables sur la durée. La diplomatie, c'est difficile, long et demande des efforts qui prennent du temps à payer, mais ça fini par payer. Est ce le cas de vos efforts militaires actuels ? Ont-ils assuré une paix durable à vos citoyens et à vos alliés ?

Elle se tourna à nouveau vers monsieur Rouzet.

-Monsieur, vos corrections ne me porteront aucun ombrage. Si mon énoncé était empreint d'erreurs, alors il est tout à votre honneur, et même devoir, d'y apporter les corrections nécessaires pour l'avancée concrète de cette discussion.

Reprenant la discussion pour l'ensemble des membres présents,

-Bien, ont été exprimés dans les grandes lignes les points de litiges. Je suggère d'aborder en détail ces points maintenant. Messieurs, pouvez-vous donner des exemples précis des causes de ces tensions ? Qu'est ce qui a justifié le Pacte Anti-bolchévique ? Puis qu'a concrètement été fait avec ledit Pacte pour justifier le blocus ? Quel est le dernier exemple en date sur lequel vos deux nations sont en conflit ?
Lorenzo acquiesca après la prise de parole du représentant de l'Empire.

Heureux d'entendre ça, monsieur. Si je suis ici, c'est exactement pour empêcher tout débordement mortel entre notre rivalité.

Puis il s'adressa à l'intégralité des personnes présentes dans la salle.

Néanmoins, avant de continuer cette discussion, je vous prierai d'arrêter de m'appeler Monsieur. Il y a des termes adaptés à certaines choses, et en plus de mon hostilité à l'égard de ce terme bourgeois, cela ne me correspond pas. Appellez moi Secrétaire Général, Général tout court ou même camarade, mais pas de Monsieur. Merci.

Bien. Passons donc à ce que vous me demandez.

Notre rivalité avec l'Empire a véritablement commencé avec la crise Inglienne. À cette époque, l'Inglie était en pleine guerre civile contre le régime communiste en place, et nous avions fait peser de lourdes menaces d'intervention militaire après que nous ayons appris que les révolutionnaires Ingliens aient massacré des civils Loduariens. À l'époque, l'Empire avait failli intervenir militairement en Inglie, avant que nous n'intervions pour les en empêcher. La raison : pas de présence militaire étrangère à l'Eurysie en Eurysie. Nous avons, par le passé, déjà expérimenté une telle expérience, et nous tenions à ce que cela ne se reproduise plus. La Loduarie avait donc initié un premier blocus militaire contre l'Empire.

Ce blocus, nous l'avons remis sur la table récemment, après avoir appris que l'Empire se permettait de mener une opération militaire, encore une fois, en Eurysie. Notre rhétorique n'a pas changé : pas de présence militaire étrangère à l'Eurysie en Eurysie.

Concernant le Pacte Anti-Bolchevique, nous n'avons rien contre. Tant que ce Pacte ne vise que la sécurisation des ses états membres, quelle est la raison de s'inquiéter ? Il nous dérangerait si il était utilisé pour justifier une intervention mondiale contre le communisme, à l'instar de L'ONC, et franchement, nous le considérons comme hors d'âge. Rien que le nom n'est plus d'actualité : le bolchevisme fait état d'un ancien parti communiste en Lutharovie, qui a changé de nom il y a belle lurette.

En l'état, la Loduarie ne considère pas l'Empire comme étant une menace sérieuse pour la Loduarie, et ne nous fait pas peur, du moins pour le moment. Néanmoins, il en représente une pour le communisme à l'international. Mais ce n'est rien par rapport à la force acharnée dont fait preuve l'ONC pour nous éliminer, je vous le concède.
La rencontre était pour le dire sobrement, un véritable fiasco qui avait vu s'évaporer en quelques minutes toutes les chances d'issues constructives. La première intervention même de la Loduarie semblait avoir scellé l'impossibilité d'atteindre l'objectif. "Qu'elle idée m'est passé par l'esprit ?" se questionnait mentalement la Duchesse. "À vouloir jouer à la médiatrice, je n'ai plus qu'à assumer." Elle prit la parole en déployant un intense effort pour occulter sa lassitude.

-Bien, les interventions impériales en Eurysie constituent le principal problème de la Loduarie, mais en quoi le sont-elles ? La Loduarie semble défendre une politique hégémoniste en Eurysie, à vouloir maintenir des modèles gouvernementaux et sociétaux rejetés par les citoyens eux-mêmes. D'abord en Tcharnovie puis en Okaristan, la Loduarie et de façon générale le communisme autoritaire (ou eurycommunisme) sont farouchement répugnés par les peuples au point qu'ils en prennent les armes. User de force pour maintenir ces gouvernements n'est aucunement une situation d'avenir et se contentera d'entretenir les conflits.
Ainsi, du point de vu de Sylva, et tous les membres ici présent peuvent y apporter les rectifications requises, la meilleur solution à cette situation est simplement que la Loduarie renonce à intervenir ainsi par ci par là pour maintenir en place des dictatures agonisantes phagocytés par des révolutions populaires plus que justifiées.
Je me doute que la Loduarie ne saurait voir la chose de cet œil, et c'est pourquoi je propose un compromis : qu'elle cesse de maintenir debout des régimes illégitimes et mener des opérations d'ingérences. Là, alors, ni l'Empire du Nord, Tanska ou Teyla n'auront de raisons d'entretenir le moindre reproche qui amènerait à des actions coercitives tel que ce fut le cas avec l'interception de la chasse loduarienne.

Elle prit une inspiration et regarda droit dans les yeux Lorenzo.

-Secrétaire Lorenzo, vous aviez dit ne compter à présent que sur la force après m'avoir indiqué par missive être prêt à vous engager sur le chemin de la paix. Que vous a t'elle apporté, cette force ? Aucune des victoires (déjà peu nombreuses) n'a su fournir de bénéfices sur le long terme; La Loduarie s'enferme dans un cercle de guerre sans fin ni résultat. L'initiative d'y mettre fin vous revient, mais vous ne pouvez attendre de qui que ce soit de ne fournir aucun secours à une population opprimée cherchant à briser les chaines de son gouvernement tyrannique, quand bien même vous souhaitez maintenir ces chaînes. Ce n'est pas comme cela que vous ferez valoir les intérêts de la Loduarie contre l'ONC ou l'OND, loin de là.
Putain, j'aurais vraiment du descendre une bouteille avant de descendre de l'avion, pensa Lorenzo pour lui même. Il avait (comme c'est étrange) de plus en plus de mal à croire que la Loduarie pourrait sortir entière, ce de manière bénéfique, de ce choc l'opposant à l'ONC. La seule visible bonne manière de sortir était encore de faire preuve de violence, encore.

Mais Lorenzo croyait juste assez à une dernière possibilité de diplomatie.

Ce fut d'une voix dure qu'il parla.
Il est hors de question que je laisse de telles choses se passer en Eurysie. La Loduarie a participé à la toute première crise Prodnovienne, au moment où vos nations étaient encore dans un errement diplomatique important. Nous sommes rentrés brutalement, avec l'aide d'alliés de circonstance, dans les forces de L'ONC et contre les prétendue "forces révolutionnaires Prodnoviennes". Nous avons réussi à sortir intacts de cette crise, mais avec une grande perte : celle du Prodnov, et surtout, la paix. Aujourd'hui, qui peut me dire quel est le résultat de la crise Prodnovienne ? Une guerre meurtrière, opposant le même peuple. Une guerre alimentée par les grandes puissance de L'ONC autant que par les Pharois. Une ultime guerre, entre le communisme et le capitalisme, pour le pire et uniquement pour le pire.

Que vous le vouliez ou non, nous maintenons la paix en nous déployant dans le monde, et ce fut le cas aussi bien en Chérchérie qu'en Okaristan. Je suis d'ailleurs même surpris de voir que les Tcharnoves ne sont pas à cette conférence; c'est en effet grâce à eux et à leur acte inconsidéré d'invasion de l'Okaristan que nous en sommes là.

Vous pouvez comptez sur la Loduarie pour ne pas vous menacer si vous le demandez. Vous pouvez compter sur nous. Mais concernant des affaires qui ne vous concernent pas, mais qui nous concernent, nous ne lâcherons pas l'affaire.
Il n'y a que comme ça que nous fonctionnons.
Très grand s'ouvrirent les yeux de la Duchesse en écoutant Lorenzo.

-Hé bien, en effet, la Tcharnovie aurait été présente à cette rencontre si... vous aviez dès le début précisé que ces survols illégaux visaient à les bombarder en Okaristan. Votre état-major a préféré inventer une prétendue opération en Lutharovie, nous laissant en retard prendre conscience de la situation en Okaristan au vu du brouillard de guerre.
Autant dire que le prétendu maintien de la paix que vous vantez, à coup de mensonges, missiles de croisières et bombes au phosphore en Tchétchérie, ne raisonne pas particulièrement avec crédibilité dans nos oreilles.
Soit, mettons de côté les affaires qui ne concernent pas l'OND et penchons-nous sur les autres, tel que le blocus en cours sur l'Empire du Nord. Camarade Lorenzo, ce serait une offense à votre intelligence de vous rappeler que cette opération ne saurait être tenable sans dégénérer en un conflit dans lequel la Loduarie n'a rien à gagner. Arguer que les conflits de l'Eurysie ne doivent concerner que les eurysiens est déjà une rhétorique douteuse, les tcharnoves étant alors légitimes pour résoudre celle de l'Okaristan. Quel reproche faire à l'Empire du Nord de leur porter assistance en conséquence ?
Bref, vous l'aurez compris, cet argument n'a pas de valeur. L'Okaristan est l'exemple fondamental de toutes les tensions : une dictature violente et menaçante pour ses voisins, contre laquelle même le peuple se révolte. Pourquoi s'obstiner à intervenir de façon sanglante pour maintenir un statu quo délétère ? Quel intérêt aurait la Loduarie à ce que le régime politique réprouvé de tous reste au pouvoir de force ? C'est donc cela la paix, garder au pouvoir les autocraties ?
- Argument rhétorique d'autant plus douteux si je peux me permettre quand votre nation se permet des interventions militaires partout dans le monde, je ne citerais ici que le Mokhaï qui donna un résultat... parlant ? S'il y avait eu des survivants, les Jashuriens les auraient ramenés en Loduarie nus.

Cependant, nous voyons donc ici que des efforts de transparences doivent être faits de votre côté. Nous avons décidé de soutenir notre allié et une idéologie. C'est un fait et nous l'assumons, nous l'avons même déclaré officiellement. Appelé cela de l'impérialisme aleucien si vous voulez, mais nous ne cherchons pas à dissimuler cette opération. Mais avoir le culot de violer de nombreux espaces aériens, ce qui parait devenir un baptême de l'air lambda pour les pilotes loduariens, dont celui du Tanska dans lequel vous avez été obligé de vous justifier et même de vous poser, tout en mentant ouvertement est assez culotté. Il me semble, si mes souvenirs sont bons, qu'il y a peu de temps, quelques mois, je dirais, vous souhaitiez entamer une politique d'apaisement diplomatique, je ne vous apprends rien en vous disant que ce n'est pas comme cela que ça fonctionnera. Regardez ce sommet comme un moyen de vous remettre le pied à l'étirer, notamment auprès de vos voisins. L'Okaristan est un nouveau Mokhaï, si ce n'est un nouveau Prodnov. Je ne pense pas qu'il y a d'ici soviétique à ce conflit. C'est la voix du peuple directement, celle que vous vous targuez de défendre, qui s'exprime en se révoltant contre un régime tyrannique. Pourquoi ne voulez-vous pas tenter l'expérience d'une solution non-armée comme un référendum ou la mise en place d'un gouvernement de transition pour un nouvel État démocratique. Pas forcément capitaliste, mais laisser au peuple okaristanais le choix de leurs représentants et possiblement de leurs leaders. S'ils tiennent et veulent rester sous le parti communiste, ils l'exprimeront par les urnes et nous respecterons ce choix.
Oh.

Parce que vous croyez sérieusement que je vais vous croire ? Sérieusement ? Si demain, j'ai la garantie que l'Okaristan dispose de son propre gouvernement de transition, vous croyez sérieusement que je vais gober le fait que vous laisserez au peuple okaristanais le choix de leurs représentants ?
Très sérieusement ?

La réponse est non. Je vous le dis, je pose mes bases : si un tel événement doit se produire, ce sera sous la surveillance attentive de la Loduarie. Et si cela se produit, nous nous réserverons de mettre fin à cette transition en cas de fraude, corruption, et tout ce qui va avec dans vos régimes capitalistes.

Et ne tentez même pas de rapprocher l'histoire du Mokhai dans cette conférence. Certes, nous avons perdu beaucoup là-bas; mais au moins nos forces se sont battu héroïquement face à une ennemi plus grand, plus puissant et plus proche. Vous, qu'avez vous fait déjà ? Ah oui, vous avez misérablement abandonné le Mokhai à son sort, le laissant dériver sur une guerre civile qui aura fait des milliers de morts. Alors je pense que à ce niveau là, nous nous en sortons mieux que vous, monsieur.

Et très chère madame, en effet, garder les autocrates au pouvoir est une meilleure garantie de paix que laisser certaines personnes arriver au pouvoir dans vos modèles de démocraties corrompues par l'argent et tous les vices inclus dans le capitalisme. Surtout quand on voit la tête des élections de deux grands pays se disant démocratiques, à savoir le Lofoten et le Novigrad, où c'est ce qu'on appelle l'extrême-droite chez vous qui a gagné.
Alexandra s'essuya le front devant la tournure de la rencontre. Elle pourrait durer des heures à se renvoyer la balle pour savoir qui est responsable de quoi et a raison.

-Messieurs, nous tournons en rond et nous éloignons en même temps du sujet. Soyons pragmatiques : La Loduarie Communiste ne fait pas confiance à nos régimes pour encadrer un gouvernement de transition ? Hé bien dans ce cas que l'OND et la Loduarie s'entendent pour conjointement assister l'Okaristan vers une résolution pacifique du conflit, dans lequel pourra se faire un référendum laissant au peuple décidé. Tous auront la possibilité d'y porter un oeil attentif pour vérifier l'absence de manquements et vices dans la procédure.
Secrétaire Lorenzo, une intervention militaire en Okaristan et les blocus en réponse ne vont qu'indéniablement enliser et prolonger le conflit au détriment des populations, principal concerné dont l'opinion est bafouée. Le référendum est factuellement la seule solution pour éviter une révolte ou répression sanglante sans les interventions qui iront avec de la part de l'un ou l'autre camp.
La Loduarie Communiste a-t-elle une seule raison de s'opposer à une telle solution, la seule à faire valoir la volonté prolétaire ?

Elle prit une gorgée de jus d'ananas, regrettant presque cette manie sylvoise de ne pas mettre à disposition d'alcool avant la fin des rencontres.

-Un référendum et une médiation en Okaristan organisé conjointement entre la Loduarie, l'OND, et la Tcharnovie, serait un exercice délicat. Mais l'accession à la paix semble souvent l'être en Eurysie, et les éventuels gains justifieront tous les efforts sur la question. Toutefois, il serait nécessaire que tous y mettent du sien et, secrétaire Lorenzo, que les mensonges cessent pour qu'une confiance puisse s'établir. Je ne dis pas que la Loduarie est la seule à en proférer, mais qu'elle est la dernière à s'être illustrée sur la chose.
La Loduarie veut la paix et la confiance ? Qu'elle soit prête à la chercher avec les moyens qu'il faut.
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