Certaines choses ne changeaient pas, peu importe la distance ou le passage du temps fut-il de quelques années ou de plusieurs décennies. Les goûts et les couleurs sont choses actés dès les premières lueurs de la vie n'en déplaise aux théoriciens du mouvement perpétuel, c'est là le propre du genre humain que d'avoir ses préférences, ses envies, ses ambitions et de s'en tenir à ces dernières et ce même s'il existe des exceptions pour confirmer la règle. Plus d'une semi décennie, un peu moins d'une entière, autant de temps que Patrice et Triumvir, cousins de sang ne s'étaient plus vus pour autant, chacun restait fidèle à lui même, à ses origines. Cela allait certainement faciliter les choses auprès du gouvernement renversé qui estimais grandement lorsque les requêtes qu'on venait lui adresser impliquait une vision assumée et cohérente, non pas que ce qu'entrevoyait le Concile était toujours similaire à ce qu'on lui quémandait, mais cela avait au strict minimum la qualité de faire preuve d'une certaine compétence ou tout du moins d'une assurance qui était chose nécessaire afin de naviguer sur les eaux tourmentés du monde. Ce même si le Grand et Noble Jeu, apprécié de tous, tranchait parfois nettement avec les livres ouverts.
Dom Sergio - << La Dame est comme cela, souriant aux audacieux et ce dont les convictions ne comprennent aucun regrets. Qu'importe la finalité, honnis soient les indécis et les lâches car le Destin peut être modelé à la force des convictions et au simple sourire de la Fortune.
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Résonnèrent alors les voix uniformes des serviteurs et autres laquais non loin qui avaient entendu la maxime clairement énoncée. "Louée soit la Dame, grâce soit fait de son regard." tel fut l'écho des croyants préférant placer leur foi dans une existence moins cruelle et plus juste aux yeux de tous. Après tout, le hasard et la chance se moquaient bien des statuts et frappait au gré de leurs humeurs, favorisant certains et traînant par le bas d'autres ce sans aucune forme de discrimination. Chacun avait sa chance, encore fallait-il ne pas la laisser filer car chacune d'entre elle pouvait se révéler fugace autant que capricieuse. Malheur au fainéant et au maladroit après tout. Pour le reste, le Patricien se fendit d'un sourire à la remarque portant sur les Zélandiens. Pensée typique des contrées du nord.Dom Sergio - << L'excellence est une quête que beaucoup prennent à coeur ici. C'est là le rêve exposé par la République, un idéal, un paradis, une utopie, à peine à portée de main pour quiconque se donne les moyens de la saisir et ainsi sortir de la fange et la médiocrité. Peu importent leurs défauts disgracieux tant qu'ils sont capables d'user de leur main comme on l'attend et à la fin ils se plient en quatre afin d'offrir mille remerciements quand à cette chance leur ayant été offerte, bien trop heureux d'avoir trouvé une place ou se fixer et perdurer. Il en faut peu pour être heureux comme l'on dit pour les simples d'esprits.
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Tel Velsnien tel cousin Fortunéen. Les moeurs de certains au delà du miroir avaient la dent dure et ce en dépit de la tête d'affiche que la Sérénissime République tendait à présenter ci et là aux yeux du monde. Les revers de la tolérance et de l'universalisme dirait-on, après tout s'il fallait de tout pour faire un monde, l'on ne faisait jamais non plus dans la charité absolue. Un investissement peu importe sa forme devait avoir un retour, c'était une loi universelle. Bienveillance intéressée, c'était là le maître mot. Pour autant, était-ce un mal ou bien ? Cela dépendait des points de vue, mais assurément au coeur de la Lagune il était clair que c'était toujours une finalité plus enviable que beaucoup d'autres existences. De la Transblêmie à la Communaterra en passant par le Prodnov ou le Pontarbello, les exemples ne manquaient guère. Herbe plus verte ailleurs comme on dit.
Ceci dit, les divagations avaient bon dos et bien assez vite le sujet d'ordre du soir reviens au galop. C'était naturel. Les galeries empruntés depuis le départ des quais tranchaient net avec l'apparence extérieur austère et humide de l'ensemble. De toute évidence, les dalles de marbre finement taillés sur lesquelles un chemin de tapis écarlate avait été disposé, serpentant à travers des couloirs aux gravures et statues encastrés dans des alcoves anciennes mais parfaitement entretenues, tout cela en disait long sur la finalité de cette marche. Sur qui allaient écouter les requêtes. Quand à savoir si les maîtres de la ville qui sombre pourraient les exaucer..Dom Sergio - << Le triomphe est d'autant plus satisfaisant lorsque la victoire finale se profile après maintes épreuves. Bien que j'admette volontiers que des succès aisés soient moins pénibles au quotidien. Mais rien dans ta situation cousin n'est simple ni aisé. Ce que Fortuna peut accomplir va dépendre grandement de ce que tu va lui demander. Non pas que la volonté ou les cartes à jouer manquent après tout la main est large et ce qui se veut impossible à accomplir dans les règles de l'art se compense par des idées saugrenues pouvant se révéler surprenamment efficace.
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Le Patricien marqua une pause, plissant les yeux et laissant échapper un léger soupir de dépit avant de reprendre. Continuant à s'avancer péniblement le long de l'allée aux soieries écarlates alors que l'officier avait pris la tête de la marche sans que l'on s'en rende compte à l'origine.Dom Sergio - << Les cabots qui te servent de rivaux sont fidèles à eux même, des outres gorgées de défauts comme de qualités pour peu que l'on saches les identifier, mais in fine ce ne sont que faire-valoir. Le véritable problème et qui soulève beaucoup de scepticisme parmi certains pans du Concile réside dans les arcanes de la géopolitique régionale d'une part et dans les loups tapis dans les bois environnant qui soutiennent tes concurrents. Quoique, la dernière addition du Concile pourras peut être via ses... Contacts dira-t-on... Faciliter grandement les choses et étendre le champ des possibles. Enfin, je ne vais pas te gâcher la surprise. Tu le reconnaîtras certainement lorsque tu le verras. Après tout c'est un homme qui a déjà décroché sa place de très loin dans les livres d'histoires pour le meilleur comme pour le pire. Certaines de ses idées et ses origines à part, il est de très bonne compagnie, surtout à table, et rusé comme un renard. Et...
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??? - << Ah ! Les voilà, les vedettes de la soirée, les cantateurs qui vont nous composer une sonate nocturne. J'ose espérer que le récit sera à la hauteur des attentes de l'auguste audience qui siège ce soir.
>>Proclama alors une voix enjouée du bout du couloir alors que l'Officier, les Scaela et leurs laquais émergeaient au détour d'un angle. Lunettes à monture noires, barbe finement taillée et chevelure grisonnante coupée courtes avec un sourire que l'on peinait à distinguer s'il fut narquois ou bienveillant, un costume de haute couture taillé sur mesure aux emblèmes de l'arbre des héritiers. Tel était les traits caractéristiques du plus célèbre magnat des médias de la Sérénissime, Mécène reconnu et ténor de la politique, Dom Juan Altarini dont l'Heure des Comptes, son émission phare captivait chaque semaine une audience captivée et exaltée.
Dom Juan Altarini, Patrice de FortunaSi ce dernier semblait en apparence attendre devant d'imposantes portes gardée par une colonne de soldatesques divisées en deux colonnes présentes de chaque côté, il n'en était en réalité rien, il venait simplement d'arriver un peu avant les Scaela et s'était laissé porter par la curiosité de voir qui venait à sa suite après avoir entendu l'écho des voix venir en provenance de l'un des angles.Dom Juan Altarini - << Bien le bonsoir Triumvir, Dom Sergio. La soirée promet d'être sportive, j'espère que vous êtes d'attaque, Dona Ludo et Dona Mancini sont encore à couteaux tirés, n'hésitez pas à faire porter votre voix, face à ces deux furies c'est le minimum syndical afin de se faire entendre. Quoique je doute qu'il y ai du soucis à se faire. Car après tout que ne ferais pas un homme pour "Le Salut et la Gloire de sa Cité"
>>Dom Sergio - << Que ne ferais pas un homme pour le respects des convenances avant tout. Cousin, je te présente Dom Juan Altarini puisque ce dernier préfère s'adonner aux ragots et citations plutôt que de prendre l'initiative de le faire lui même. Patricien, Sénateur, accessoirement le chef de file de notre faction des héritiers de l'autre côté du miroir et la coqueluche de la moitié des plateaux de télévision de ce pays.
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Ainsi que la bête noire de l'autre moitié, car c'était là le lot de la célébrité autant que d'être un rouage clé de la nation en tant que "première force d'opposition" pour ce que cela voulait dire sur la scène du grand théâtre Fortunéen. Dans tous les cas, ce dernier semblait friand des discours à succès à l'étranger.