Pontarbello - Quelque part dans la jungle
Le Centre de Recherches de Three Points Island, site secret propriété de la Thylacine Corporation
LABORATOIRE P3 - Département d'études génomique - Unité des essais cliniquesauteur a écrit :A : ulysses.tobjorn@thylacine-corp.upl
cc : clinicalstudies@thylacine-corp.upl
Objet : CONFIDENTIEL - Projet #09967
Pièce jointe : Oui - Synthesis_Report_Project _#09967.docx (fichier encrypté)
Bonjour M. Tobjörn,
Comme convenu veuillez trouver ci joint mon rapport de synthèse confidentiel. Le code de décryptage temporaire est disponible à l’adresse suivante sur le serveur sécurisé avec vos identifiants de connexion habituels :
https//1279gft55/ftp.thylacine.corp/safetylock.credentialsCode projet : #09967
Nom du projet : Projet Død
Essai : # 456
Sexe du sujet : Masculin
Age du sujet : 26 ans
Profil génétique : Kah-tanais, blanc nazuméen
Groupe sanguin/rhesus : AB+
Examen pré-clinique : Le sujet présente plusieurs cicatrices sur l’abdomen, dûs à une appendicectomie réalisée à l’adolescence, ainsi qu’une large entaille sur la cuisse gauche, depuis l’aisne jusqu’à la rotule dû à un objet tranchant. Blessure partiellement cicatrisée ne présentant pas de signes infectieux. Recommandations : administration d’antibiotiques à large spectre préalable à toute étude. 10cc d’Interféron 800 au moins 10 jours avant le début de l’étude clinique.
Anatomopathologie préliminaire : Analyses sanguines normales, glycémie faible, pas de marqueurs enzymatiques liées à des maladies auto-immunes ou génétiques. Détection d’une légère malformation cardiaque sur le ventricule droit, probabilité de 65% que le sujet présente un souffle au coeur commun.
Analyse psychiatrique : pas de signes distinctifs d’une pathologie mentale nécessitant un traitement adapté.
% de critères d’éligibilité à l’étude clinique du projet Død : 78%
Décision du conseil scientifique : “sujet valable pour l’étude, procéder au protocole 165-AB”
Jour 1 : Le sujet est un homme de race blanche nazuméenne, en état de conscience. Le cocktail d’antiviraux et d’antibiotiques administré ont fait effet, le sujet est considéré comme en pleine forme physique et pleinement en possession de ses facultés mentales et psychiques. Injection d’une dose de 0,250 ml de la souche virale RV-2 par intraveineuse le lundi 23 mars à 18h45, heure locale.Jour 3 : Premières manifestations cliniques d’une infection classique : le sujet est en proie à des douleurs spasmodiques abdominales légères à moyennes, ainsi qu’à des sueurs nocturnes. Les réflexes sont normaux, tension à 13.2 et température corporelle à 38.5°C. La dilatation des pupilles est élevée, le sujet se plaint constamment de sensations de nausée.Jour 5 : L’état général du patient se dégrade plus vite que prévu. Excellent, nous atteindrons les conditions immunologiques souhaitées plus rapidement. De petites lésions cutanées sont apparues à divers endroits du corps, notamment sur les aisselles et sur certains plis du visage, notamment aux commissures des lèvres. Elles forment de petites vésicules circulaires rouges, signes inflammatoires très localisés. Elles sont particulièrement douloureuses.Jour 7 : le nombre et la taille des vésicules ont sensiblement augmenté, je procède à un prélèvement pour l’analyse microbiologique et toxicologique. Les douleurs abdominales sont maintenant considérées comme insupportables par le patient, ce dernier éprouve des difficultés à boire et à manger, et est très agité, il crie et souhaite qu’on lui vienne en aide.
On l’attache fermement au lit, et on lui administre un sédatif modéré pour le maintenir éveillé tout en faisant diminuer son état d’agitation. Je procède à une biopsie. Le sujet hurle et gémit des mots en kah-tanais incompréhensibles.Jour 10 : l’état général du patient est stable bien que notablement dégradé, la biopsie a révélé que les tissus intestinaux sont infestés d’endotoxines et de polypes viraux. C’est fascinant. L’urine du sujet contient désormais du sang.
Jour 12 : Le sujet a des pétéchies dans les yeux et ne peut plus s’alimenter correctement sous les effets de la douleur. On ne lui administre aucun tranquillisant cette fois, la gestion des seuils de douleurs fait désormais parti du protocole. On lui a posé une poche stomachale ainsi qu’une sonde gastrique. Le sujet est alimenté par intermittence en intraveineuse. Les lésions cutanées s'étendent désormais à 60% de la surface corporelle, l’infestation de la souche virale RV-2 est en phase de développement final.
Afin d’empêcher ses hurlements d’être entendus par les autres sujets de l’étude, il est bâillonné.
Jour 16 : Certaines vésicules ont éclaté, laissant s’écouler une liquide épais, mélange de sang, de lymphe et de fluide infectieux. Une partie de la chair est désormais à vif, et on observe une dépigmentation générale de la peau, celle-ci est devenue blanche, a perdu environ 50% de son hydratation, et à certains endroits laisse apparaître la chair à vif, ainsi que les couches inférieures du derme. C’est très intéressant, voilà un effet clinique visible que nous ignorions. La jambe gauche est particulièrement touchée est présente des signes avancés de gangrène et de nécrose des tissus externes. Ses constantes vitales sont faibles, la température corporelle a atteint les 40°C. A ce stade, c’est presque étonnant qu’il soit encore conscient. L’analyse par centrifugeuse des sécrétions n’a quant à elle rien révélé d'intéressant.
Jour 18 : Ah nous y voilà, le sujet a perdu conscience, mais les pulsations cardiaques sont bien présentes bien que faibles. Une dose de 50 cc d’adrénaline lui est administrée pour le réveiller. J’ai bien eu peur que ses cris n’alertent les autres sujets. Conformément au protocole, nous réalisons une injection intraoculaire de la solution Tricell B-52. Nous sommes également obligés d’amputer sa jambe gauche. C’est pas comme si il allait en avoir besoin après tout. Vu que l’on est à court d'anesthésiant, le sujet a été sédaté mais est pleinement conscient de l’intervention qu’on réalise sur lui. Je me demande l’effet que cela fait de voir un propre morceau de son corps se détacher de l’ensemble…Jour 22 : Le sujet vient de perdre l’usage de ses facultés psycho-motrices, toutefois la température corporelle est descendue brusquement à 36°C. La disparition totale des vésicules infectées et autres ulcérations cutanées est impressionnante, toutefois, la dégradation des tissus externes est irrémédiable. On procède à des ponctions lombaires toutes les 2 heures. Les constantes vitales sont extrêmement faibles. Le taux de leucocytes blancs est de 0.0006mg / L en revanche, la quantité d’endotoxines dans tissus intestinaux est plus faible qu’attendue, seulement 20 UFC (unités formant colonies).
Jour 25 : La destruction cellulaire par la souche virale RV-2 est complète, la solution Tricell B-52 ne semble n’avoir eu qu’un impact limité sur la vitesse de dégradation des tissus externes. Oh et le sujet est décédé bien entendu. J’avoue que bien que le résultat ne soit pas concluant, je suis soulagé de ne plus entendre ses gémissements et ses cris stridents. Il est difficile de se concentrer et de réfléchir dans ses conditions. Dans tous les cas, j’ai hâte de procéder à l’autopsie et à la dissection des organes. J’ai préparé la salle d’histologie comparative…
Commentaire d’étude : Ces kah-tanais ne tiennent vraiment pas la route. Leur système immunologique est comme l’on pouvait s’y attendre beaucoup moins réceptif à nos essais. Ils présentent des allèles sur leur génotype qui ne sont hélas pas compatibles avec nos souches virales eurysiennes et nord-aleuciennes. Je suis persuadé que les souches de Peste Dysplasique sont trop virulentes pour leur profil génétique. La Fièvre Hémorragique de Coburg serait peut être un vecteur plus adapté, toutefois, ce filovirus est bien plus imprévisible, et difficile à se procurer. Dommage, j’aurais adoré travaillé sur cet agent pathogène, ca me donne des frissons rien que d’y penser.
Les Kah-tanais, leur sang n’est pas cher c’est vrai, mais j’espère que le prochain matériau sur lequel je travaillerais sera de bien meilleure qualité, et ne présenteras pas de blessures de guerre. Cela complique considérablement le protocole. Je ne vais pas à chaque fois prendre le risque que les sujets développent des septicémies à chaque début d’essai ! Certes, on fait avec ce qu’on a, mais j’espère avoir bientôt les matériaux pharois que j’ai réclamé la semaine dernière. Et de première jeunesse idéalement. Le Docteur Kendall Royce me les as promis !Conclusion de l’Essai # 456 : Non concluant.
Recommandation pour le prochain essai : Diminuer la concentration de la souche virale RV-2, et procéder à plusieurs injections espacées de 2 jours. Utilisation de matériel avec un profil génétique eurysien ou aleucien.Réservéà l'Unité de Confinement: le sujet a été autopsié. Voir rapport d’autopsie n°1996-A. Ses reins, ses poumons, son estomac, ainsi que son pancréas et son rachis ont été conservés en chambre froide spéciale n°65 du laboratoire P4. Les restes du sujet ainsi que ses effets personnels ont été pris en charge et envoyés à l’incinérateur du bâtiment 5 par l'Unité de Confinement n°4, avec 6 autres corps provenant du Département de Médecine Histologique.
Date : 16 avril 2009
Signature : Dr. Allister E. Sullivan