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Activités étrangères au Pontarbello - Page 2

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10 mai 2009 - CONFIDENTIEL - Des milliers de fusils d’assaut alguarenos sont prévus pour rééquiper la force Ascara mais la question de son financement demeure.


RAA-80 déployés au sein d'unités de la défense territoriale pontarbelloise.
Identifiée comme l’une des meilleures unités combattantes au monde, la force Ascara fait le choix d’un équipement qualitatif, pour rehausser son niveau opérationnel.


La recomposition actuellement en cours au sein de la force pontarbelloise Ascara, impose l’acquisition de nombreux équipements que les autorités se voient contraintes d’acquérir auprès de leur voisin hispanophone, leader dans ce marché. Les besoins opérationnels des militaires affectés à la force Ascara sont connus des autorités pontarbelloises, après qu’un groupe de travail composé des principaux officiers de l’Armée Nationale du Pontarbello Libre ait défini la composante de cette unité d’excellence qui a d’ores et déjà marqué l’histoire du pays, par sa contribution des plus actives et impactantes lors de la guerre d’indépendance.

Véhicules, engins blindés, hélicoptères et fusils d’assaut, tout semble aujourd’hui manquer, à la fois sur un plan quantitatif mais aussi qualitatif, ce qui oblige les autorités pontarbelloises, jusqu’ici assez isolationnistes, à investir la scène internationale pour y dénicher les fournisseurs les plus adéquats.

En la matière, l’offre entretenue par les industriels de l’armement alguarenos, la société Benca et les Industries Marbone, constitue un point de repère emprunt de fiabilité. Dès lors, les négociations ont vocation à aller bon train, pour accorder les demandes pontarbelloises avec les offres alguarenas, considérant le contexte sécuritaire permanent qu’a longtemps entretenu ce pays d'Aleucie face aux menaces venues de l’étranger. Répondre à une nouvelle manoeuvre invasive en provenance du Grand Kah ou du Pharois Syndikaali, oblige la République d’Union Nationale du Pontarbello à reconsidérer ses moyens et à trouver des solutions de financements pour restaurer les outils de défense jusqu’ici prêtés par l’Empire listonien. Des solutions de financement pour lesquelles les autorités de l’ANPL ne souhaitent s’interdire aucune option, la commercialisation de ressources naturelles ou la mise en place d’accords migratoires moyennant financement étranger demeurent à ce jour celles largement en tête.

Il faut dire que l’instabilité du Pontarbello, mêlée à une relative faiblesse économique, peut légitimement provoquer le départ de citoyens pontarbellois pour l’étranger, et à ce titre la Fédération d’Alguarena pourrait apparaître parmi les destinations privilégiées. La Fédération d’Alguarena, peut enclin à accueillir de nouvelles populations faiblement qualifiées, pourrait alors faire le choix de financer tout ou partie des projets de développement économique au Pontarbello, de sorte à prévenir toute hémorragie démographique dans la région, susceptible de ricocher sur sa situation économique locale.

Payer le Pontarbello pour qu’il tienne ses frontières, notamment maritimes, ne serait pas le premier agissement de ce type à l’international, considérant les nombreux flux migratoires permanents négociés entre les nations, particulièrement celles présentes en Eurysie car c’est là-bas que le contexte géopolitique y est le plus difficile, invitant nombre des strates de la population, à partir pour une contrée jugée meilleure.

Intendance militaire pontarbelloise a écrit :Donations alguarenas de 19 328 fusils d'assaut de marque RAA-80 destinés à la défense territoriale pontarbelloise (soit 19 328 Armes légères d'infanterie lvl 5).
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L’horreur

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C’est une vidéo toute simple, prise d’un seul plan, venant souligner en contraste toute la froide brutalité des images. Dans un décor luxuriant, s’avancent sur un terrain de terre quatre individus en habits civils. Un homme fin et élancé, vêtu d’un costume quelque peu étrange pour le climat, à ses côté un homme barbu et vêtu légèrement, bedonnant. Deux mètres devant eux, un Pharois, reconnaissable sinon à son uniforme – la marine du Syndikaali n’en porte pas – aux couleurs de l’écusson sur son épaule, orange, noir et blanc. Un zoom attentif sur celui-ci révèle son statut de capitaine et d’officier. A son bras va une élégante jeune femme, elle sourit, habillée d’une robe blanche qui s’agite dans la brise. Elle semble heureuse et salue ce qu’un léger travelling de la caméra révèle être une colonne de véhicules militaire, arborant pavillon pontarbellois. Le Pharois porte un microphone à sa bouche :

- « Chers amis, vous vous trouvez ci-présent en face d'un territoire Pharois souverain. Les diplomates à mes côtés sont madame Evangelista Isaias mandatée par le gouverneur O Prefeito du Shibh Jazirat Alriyh, monsieur Arthuro Leon diplomate de la République Hafenoise et monsieur Fabricio di Flor porte-parole de Porto Mundo, tous trois acteurs majeurs dans le processus d'indépendance des ex-colonies listoniennes. »

On le voit ensuite réaliser, de son bras libre, un salut militaire en direction de la colonne de véhicule.

- « Capitaine Jaska, officier de marine du Pharois Syndikaali, votre représentant est le bienvenue pour venir discuter en bonne compagnie. »

Le temps semble soudain suspendu et puis…
… l’horreur.

Plusieurs éclairs de lumières proviennent des pontarbellois et la robe blanche éclate de rouge et le chaos, la caméra peine à suivre, probablement que le soldat qui la manipule a ouvert le feu également. Les détonations saturent le son et les vibrations dans l’air, provoquées par les coups de feu, brouille l’image qui tremble. Le rouge, juste le rouge. Le rouge sur une robe blanche. L’horreur.


L’annonce de l’attaque de l’enclave pharoise du Pontarbello avait été suivi par une communication relativement discrète de la part des autorités du Syndikaali, comme si celles-ci avaient tenue à préparer leur communication, ou à laisser monter l’émoi et l’incompréhension de la population face à une situation difficilement compréhensible.
Puis, un matin, avait été annoncé à la presse une prise de parole conjointe de la part de l’Amirale Iines, cheffe de l’état-major du Syndikaali, accompagnée du ministre de la Défense territoriale, le Citoyen Sakari, ainsi que du maire de Porto Mundo, Edmudo Estrella, du délégué présidentiel de la République Hafenoise, monsieur André Marquez, et de monsieur Filipe Guimor, représentant du Gouverneur de Shati Alqahwa, son Excellence Paolo O Prefeito.

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L'Amirale Iines, le ministre Sakari de la Défense territoriale, le maire de Porto Mundo, Edmudo Estrella

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Le délégué présidentiel André Marquez, le représentant impérial monsieur Filipe Guimor

Les quatre entités politiques à avoir perdu un ambassadeur ce jour-là, lâchement assassinés par une force militaire manifestement hostile au dialogue, et prête à toutes les horreurs, y compris bafouer les règles de la diplomatie internationale pour leur soif de sang.

Alors que cessait le crépitement des flashs d’appareils photos, le ministre Sakari, qui était le plus jeune du groupe, approcha son micro.

Sakari : « Je vous remercie d’être présents pour cette conférence de presse. Nous sommes désolés d’avoir tardé à développer la position officielle du Syndikkali et donner de plus amples explications sur les événements tragiques du Pontarbello mais étant donné la manière dont ceux-ci se sont déroulés et les différents acteurs impliqués et venus de plusieurs pays différents il nous était impensable de nous précipiter pour vous offrir des explications qui n’aient pas été coordonnées au préalable.

Je vais d’abord laisser la parole à l’Amirale Iines pour un bref récapitulatif de la situation, puis ces messieurs de Porto Mundo, de la République Hafenoise et de l’Empire Listonien prendront la parole, ainsi que moi-même, pour exprimer nos positions respectives quant aux suites à donner à cette affaire. Amirale Iines, je vous en prie. »

Iines : « Merci monsieur le ministre. La situation, mesdames et messieurs, et relativement simple au point que cela en puisse être déroutant. Comme personne ne l’ignore, le Syndikaali a signé le 4 octobre 2006 le Traité de Fraternité avec l’Empire Listonien, lui accordant, contre divers engagements politiques et militaires, une présence locale sur chacune des provinces impériales d’outre-mer. Un traité bénéfique à la fois pour l’Empire, qui peut encore aujourd’hui compter sur le soutien de la marine pharoise et de son économie, mais également pour les populations locales qui ont obtenu l’aide du Syndikaali lors de la crise impériale ayant coupé les populations locales de leur métropole. Shati Alqahwa, la République Hafenoise et Porto Mundo pourront en attester.

Au regard du Traité de Fraternité, une cinquantaine de militaires se trouvaient en Aleucie du sud, sur le territoire pharois de ce qui est aujourd’hui le Pontarbello. Une collaboration parfaitement pacifique avec les populations locales ayant mené, malgré une faible présence humaine, à divers actes de collaboration entre civils et militaire tout au long des trois années où les Pharois ont été sur place. Nous avons assisté, de loin, à la lente chute de la région vers un régime de plus en plus dictatorial et autoritaire, des rapports réguliers que notre présence sur place, en tant qu’observateurs, ont permis d’établir.

Nous pensons que c’est notre présence, à même de pouvoir dénoncer les crimes commis par les nouvelles autorités du Pontarbello, qui a conduit à la nécessité pour le régime de s’en prendre aux Pharois. Le 20 novembre 2008, comme le montre la vidéo que nous venons de passer, plusieurs diplomates venus des colonies listoniennes idépendantes se sont présentés face aux forces militaire du Pontarbello, enjoignant à l’ouverture d’un dialogue.

Notre souhait été, a minima, de pouvoir négocier, aux côtés des différents territoires indépendantistes, une position commune à tenir pour l’avenir de ces régions, lors des discussions avec l’Empire. Une position que le Syndikaali a tenu au Shibh Jazirat Alriyh, aux côtés de son excellence le Gouverneur O Prefeito et de ses équipes, ayant mené pour l’heure à une désescalade des tensions dans la région.

Je ne commenterai pas le triste spectacle que documente la vidéo, comme vous avez pu le constater, l’armée du Pontarbello a ouvert sur des civils, se rendant coupable de crimes de guerre envers plusieurs nations souveraines. Nous déplorons la mort du Capitaine Jaska, le délégué Pharois, de monsieur Fabricio di Flor le porte-parole de Porto Mundo, monsieur Arthuro Leon, le diplomate de la République Hafenoise et de madame Evangelista Isaias mandatée par le gouverneur O Prefeito du Shibh Jazirat Alriyh, ainsi que de six soldats de la marine pharoise, lâchement abattus lors de ces négociations.

Pour l’état-major Pharois, c’est un crime et une acte de guerre caractérisé, appelant à une réponse ferme et ambitieuse, je laisserai le citoyen ministre Sakari développer plus longuement. Je salue le courage des hommes tombés dans ce simulacre de combat, ils étaient des fils et des filles de la mer, nous ne les oublions pas. »

Sakari : « La parole est à monsieur Edmundo Estrella, maire de Porto Mundo. »

Estrella : « Bien. Je ne chargerai pas la mulle, ce qui s’est passé au Pontarbello est une crime qui aurait pu être évité avec un peu plus de préparation et deux fois moins de naïveté. Nous pensions que ces gens étaient disposés à discuter, ils ne le sont pas. Soit. Fabricio di Flor était un ami loyal, je n’ai pas pour habitude de laisser ce genre de saloperie arriver sans réagir. Porto Mundo rendra coup pour coup, cela je peux vous le garantir, et ces pseudos compatriotes pèseront très vite les conséquences de leurs actes.

Les Listoniens ne laisseront pas passer un pareil affront et j’engage ma responsabilité et mon honneur dans le rétablissement de cette opération. Je n’ai pas, comme ces messieurs-dames du Pharois, perdu de soldats au Pontarbello, mais je considère qu’aucun de mes compatriotes n’a à subir la présence d’une dictature métèque sur un territoire impérial souverain. Nous avons tout donné au Pontarbello, et voilà que sous la houlette d’un régime fantoche ceux-là se pensent en mesure de nous attaquer ? Ils découvriront rapidement ce qu’implique la colère d’Edmundo Estrella, et que ma croix de chevalier de l’Ordre de Saint-Hugo n’a pas été gagnée en assassinant des civils venus parlementer. »

Sakari : « Je… vous remercie monsieur le maire, monsieur André Marquez vous portez la parole de la République Hafenoise. »

Marquez : « Oui, je voulais avec vous partager ma peine et ma consternation face à l’évidence des crimes de guerre commis par le Pontarbello et qui font, bien entendu, s’inquiéter sur l’état du pays où pareil exactions sont commises impunéments. La dictature pontarbelloise n’a pas présenté d’excuses et elle semble multiplier les provocations diplomatiques, protégée qu’elle se croit par sa voisine l’Alguarena. Il y a assurément association de malfaiteur et un axe du mal se dessine en direct sous nos yeux peinés. J’ai… excusez-moi… »

Sakari : « Prenez votre temps… »

Marquez : « Je connaissez personnellement monsieur Arthuro Leon dont revoir la mort a été… dur… je vous l’avoue. La République Hafenoise est un petit territoire, c’est certain, et le conseil municipal ne compte pas beaucoup de gens, nous sommes pour ainsi dire une famille. Je pense à la veuve de monsieur Leon, Isabella, et les enfants qu’il laisse derrière lui. C’est un crime odieux, assurément, et nous condamnons avec la plus grande fermeté ces agissements assassins. Nous pensions pouvoir travailler, malgré nos divergences, avec le Pontarbello en tant que territoires listoniens indépendants mais la cruauté et la vilenie du régime ont empêché toute action allant en ce sens, j’en suis navré, vraiment. Il nous est impossible de reconnaître le Pontarbello comme l’un de nos pairs à présent, et ce qui aurait put être une belle indépendance semble se dessiner comme un massacre sordide. Ceux qui collaborent et collaboreront aujourd’hui et demain avec ce régime ont du sang sur les mains, assurément, et je pense malheureusement aux mercenaires de la Brigade Jaguar, un groupuscule militaire alguarenos qui s’était déjà rendu coupable de crimes similaires.

Tout cela n’augure assurément rien de bon et en tant qu’Aleucien, je me sens particulièrement concerné par ces événements. Nous allons prendre des mesures appropriées sur le territoire Hafenois, afin de nous protéger de toute ingérence équivalente et monsieur le maire José Esteban a annoncé qu’il prendrait contact sous peu avec le Pharois Syndikaali et la République de Saint-Marquise pour renforcer la protection militaire de ces deux nations sur notre sol, afin d’empêcher tout événement comparable de se reproduire.

A Port-Hafen, nous pensons que la paix est un processus qui se construit dans le temps, comme l’indépendance. Port-Hafen est la première colonie listonienne a avoir acté son indépendance, dans un moment où les temps nous étaient particulièrement défavorables. Aujourd’hui, grâce à la collaboration de nos alliés régionaux et internationaux, notre territoire se porte bien, malgré sa taille. Cet exemple, nous l’avons voulu inspirant pour les autres territoires d’outre-mer et nous pensons pouvoir envoyer un message simple : la démocratie, le débat, sont des valeurs cardinales pour l’instauration d’une paix régionale durable, voilà le chemin que nous avons souhaité montrer et incarner, loin de la violence et des crimes. Je vous remercie. »

Sakari : « Monsieur Filipe Guimor ? »

Guimor : « Je me permets de rebondir sur l’intervention de mon compatriote Hafenois mais d’abord, bien évidemment, je dois parler de nos pertes et mes pensées vont à la famille d’Evangelista Isaias. Une personnalité délicieuse et appréciée de tous à la cour de Son Excellence O Prefeito, également une diplomate de talent qui aimait les voyages plus que tout. Elle est née à Listonia en 1970 et est morte assassinée à 38 ans, après plus de dix ans à parcourir l’Afarée pour les services du Gouverneur. C’était un continent qu’elle aimait par-dessus tout, et je suis certain qu’elle aurait aimé y revenir et y passer encore de longues et heureuses années en compagnie de son fiancé. Evangelista, ce fut un honneur de te connaître et nous ne laisserons pas ton crime impuni.

Comme l’a esquissé monsieur Marquez, l’indépendance est un processus complexe et très circonstancié régionalement. Le Shibh Jazirat Alriyh en est un exemple frappant puisque, contrairement à nos compatriotes Mundistes et Hafenois, notre indépendance n’a pas été proclamé, bien que le Gouverneur O Prefeito ait plusieurs fois réaffirmé, soutenu par sa voisine Althaljir, la nécessité absolue de gagner en autonomie par rapport à l’Empire. L’indépendance, si l’on veut éviter les bains de sang, est loin d’être un long fleuve tranquille. En témoigne les événements du Kodeda et l’établissement de la dictature pontarbelloise. Pour autant, il est certains territoires où cela s’est passé sans heurts et je pense à la République Hafenoise, à Porto Mundo et dans une certaine mesure, à la Commune d’Albigärk bien que pour cette-dernière, le contexte historique en fasse un exemple peu généralisable.

Je ne me permettrai pas de conjectures abusives, néanmoins, je tiens à souligner tout de même qu’un facteur récurrent dans ces situations est toujours la présence du Syndikaali qui a su, par sa doctrine internationaliste, accompagner les régions vers plus d’autonomie, grâce à un processus démocratique et pacifique. Les Pharois ont toujours tenu parole quant à leur engagement vis-à-vis des populations locales et sans leur intervention, le Shibh Jazirat Alriyh aurait dépérit économiquement, plongeant mes cocitoyens dans la famine. »

Marquez : « Ce fut la même chose en République Hafenoise. »

Guimor : « En effet, nous sommes nombreux à pouvoir le confirmer. »

Sakari : « Je vous remercie. La fraternité n’est pas un vain mot au Syndikaali et nous avons toujours tenté d’apporter notre aide, sans la conditionner à une quelconque forme de domination ou de vassalisation. Ce sont les valeurs libertaires d’humanisme qui nous animent. »

Guimor : « Et sans aucun doute cela a contribué à vous voir accorder la confiance et le crédit de nos gouvernements respectifs, fussent-ils républicains comme à Port-Hafen, de gouverneur délégué comme au Shibh Jazirat Alriyh ou… »

Estrella : « ? »

Guimor : « Municipal.

Estrella : « Hmpf. »

Guimor : « Si nous avions des doutes encore hier, force est de reconnaître la pertinence des diagnostiques libertaires aujourd’hui : toute volonté indépendantiste doit s’ancrer dans un processus d’interconnexions régionales et menée par la volonté populaire. Ceux qui prennent leur indépendance sans pouvoir s’appuyer sur ces deux piliers ne peuvent que finir comme de sordides dictatures, massacrant ceux qui étaient hier encore leurs compatriotes. Pour tous les peuples du monde, deux chemins se dessinent désormais, le Pontarbello a cristallisé les limites d’un modèle, Port-Hafen, Porto Mundo ou le Shibh Jazirat Alriyh sont les expressions d’un autre et il appartient désormais aux populations qui se projettent dans l’indépendance de choisir leur destin en connaissance de cause. J’en ai terminé. »

Sakari : « Je vous remercie monsieur Guimor. En ce qui concerne le Syndikaali à présent, notre position et celle de l’état-major est claire : en pénétrant sur un territoire souverain Pharois, en assassinant des civils et des diplomates, et en ouvrant le feu sur des soldats Pharois, le Pontarbello s’est ouvertement rendu coupable de crimes de guerre à l’encontre des Pharois. La dernière fois qu’un tel scénario s’est produit, il s’agissait des exactions commises par l’Empire Latin Francisquien, ayant conduit à une entrée en guerre et la mise en place d’une Fatwarrr! sur décision du Doyen Pêcheur, en concertation avec le gouvernement du Syndikaali.

Les crimes du Pontarbello sont d’une gravité extrême, appelant à une réponse proportionnée et internationale. J’ai autorité, accordé par la majorité des deux chambres, et ratifiée par le Doyen Pêcheur, pour déclarer la Fatwarrr! à l’encontre du Pontarbello, ce qui implique la légalisation de tous les actes de pirateries qui ne soient pas des crimes de sang sur ses possessions terrestres et maritimes. A cela s’ajoute, concernant le Syndikaali, le bannissement des navires pontarbellois des ZEE pharoises et assimilées, coupant de fait plusieurs routes commerciales. Nous annonçons enfin la mise en place de sanctions économiques ciblées dont la liste détaillée sera fournie à la presse à la fin de cette conférence.

Il est évident qu’en l’état, nous avons conscience que ces sanctions ne peuvent à elles seules déstabiliser le gouvernement pontarbellois, toutefois nous attendons, au vu de l’évidence des crimes de guerre commis par ce régime, le soutien des nations frontalières, à commencer par celui du Grand Kah et des Îles Fédérées de l’Alguarena, sans quoi leur complicité avec le régime de Santialche serait un déshonneur et la confirmation de leur soutien à des Etats voyous.

Je prends à présent la parole au nom de nos quatre entités politiques, et sous le contrôle de ces messieurs leurs délégués ici présent, pour affirmer la non-reconnaissance du Pontarbello en tant qu’entité indépendante de l’Empire Listonien, mais comme un groupe terroriste et criminel ayant pris possession illégalement d’un territoire souverain sur lequel ils exercent la terreur et la rétention des populations locales. En conséquence de quoi, nous adapterons notre comportement politique et militaire pour nous adapter à ce nouveau contexte international. Je vous remercie de votre attention. »

Comprenant que les discours viennent de se terminer, les flashs des appareils photos reprennent alors que plusieurs mains se lèvent à présent dans le parterre des journalistes pour pouvoir poser des questions. Un assistant, resté discret jusque-là, s’avance sur l’estrade pour organiser le tour de parole.

Journaliste 1 : « Citoyenne Marjaana, pour le Journal de Pharot, quelle position le Syndikaali va-t-il adopter pour la libération de nos concitoyens retenus au Pontarbello ? Une réaction par rapport au collectif ayant voulu les traduire devant tribunal international ? »

Sakari : « En ce qui concerne nos concitoyens, nous travaillons actuellement à négocier leur libération qui sera effective le plus rapidement possible. Le Pontarbello est criminel, mais il connaît les répercussions politiques qu’aurait la maltraitance de prisonniers de guerre Pharois. La priorité du gouvernement est donc de trouver une porte de sortie pour nos concitoyens et nous vous tiendrons informés de l’évolution des discussions. En ce qui concerne les coups de mentons nationalistes, vous savez qu’il ne faut pas accorder trop d’importance à ce genre de chose. En se rendant coupable de crimes de guerre, le Pontarbello s’est ostracisé de la communauté internationale, autant vous dire qu’un tribunal international serait très national, les concernant, en plus de tourner à la parodie judiciaire. Je demanderai aux citoyens du Syndikaali de ne pas se laisser gagner par l’agacement au vu de ces comportements de matamores. Les Etats voyous survivent avant toute chose par leurs outrances et nous savons que la montée des tensions les sers en leur permettant de fédérer leur population autour d’un récit victimaire. C’est à nous qu’il appartient de ne pas entrer dans ce jeu. Comme dit le proverbe « froid comme l’océan ».

Journaliste 2 : Aapeli Esa, pour la gazette universitaire d’Albigärk, doit-on considérer les Îles Fédérées de l’Alguarena comme complices de la situation ? Sommes nous en droit d’attendre une collaboration de leur part ? »

Sakari : « Le Capitaine Mainio attendait la tenue de cette conférence de presse pour interpeller la communauté internationale sur les événements du Pontarbello et il est évident que nous considérons – au moins par défaut – l’Alguarena comme un partenaire dans la baisse des tensions et la libération des prisonniers de guerre. Etant donné le poids économique et militaire qu’exerce les Îles Fédérées sur le Pontarbello, leur responsabilité est engagée dans les exactions du régime et il est naturel d’attendre que le gouvernement d’Aserjuco prenne position, sans quoi les faits démontreraient son soutien politique à une dictature criminelle. »

Journaliste 3 : « Felicio Lua, pour El Diaro Mundo et monsieur Edmundo Estrella, vos mots sont durs à l’égard du Pontarbello, assez éloigné de la retenue professionnelle de vos homologues, ne craignez vous pas d’agraver les tensions que le ministre Sakari souhaite apaiser ? »

Estrella : « Pardon mais c’est du journalisme à charge que vous me faites-là ? »

Journaliste 3 : « Une simple question que se posent nos compatriotes. »

Estrella : « Je ne pensais pas mes compatriotes si demeurés alors, je crois plutôt que vous essayez de faire votre petit buzz sur un événement tragique. »

Journaliste 3 : « Non pas du tout… »

Estrella : « Laissez moi vous répondre quand même. Nous sommes face à un acte de guerre, qui, si ce n’était la bonne volonté du Syndikaali, aurait pu conduire à une intervention armée sur le sol du Pontarbello. Dans un contexte pareil, non les mots ne sont pas trop dur, ce qui est dur c'est de perdre des proches sous un feu nourri, voilà ce qui est dur, tout journaliste politique avec un minimum de cervelle se rendrait compte que face à des barbares, l’apaisement des tensions est aussi une démonstration de force, il y a des régimes qu’on calme avec une paire de claques. »

Journaliste 4 : « Sandoval Rogério pour l’Hafenois Libéré, monsieur Marquez, comment la République qui ne dispose pas d’armée propre, entend-elle contribuer autrement que diplomatiquement pour réclamer justice pour nos morts ? »

Marquez : « Je vous remercie pour votre question. Assurément Port-Hafen a conscience de son poids modeste sur la scène internationale. Néanmoins, contrairement au Pontarbello, nous pouvons compter sur un grand nombre de soutiens internationaux qui ont reconnu notre gouvernement et, permettez moi de le dire, la diplomatie est une arme, sans conteste, car elle mobilise derrière elle bien plus que ne le ferait un fusil brandit. Otre contribution sera proportionnelle à nos moyens, mais nous prendrons part autant que possible à cette demande de justice. »

Journaliste 5 : « Antonio Banderas, pour Porto Mundo Soir, monsieur le maire, vous vous êtes exprimé au nom de l’Empire Listonien lors de votre intervention, n’est-ce pas paradoxal de vous placer aux côtés de régions indépendantistes tout en revendiquant votre héritage impérial. »

Estrella : « Je m’appelle Edmundo Estrella, je suis né en métropole, qu’est-ce que je suis censé faire ? Renoncer à mes origines ? J’ai déjà payé le prix de la liberté pour mes compatriotes, en devenant un criminel aux yeux de mon pays d’origine, pour le crime d’avoir abandonné en rase campagne un Empereur impuissant, est-ce que cela veut dire que je dois haïr tous les Listoniens ? Pour la faute d’un seul homme ? Non, certainement pas ! Je reste attaché aux miens et je n’oublie pas que le Pontarbello est un territoire peuplé de compatriotes, soumis à un régime criminel, et ma solidarité vis-à-vis d’eux n’a rien à voir avec mon positionnement politique par ailleurs. Êtes vous à ce point binaire pour n’envisager le monde qu’en termes de calculs géopolitiques ? Bordel c’est la foire aux cons ou quoi ce soir ? »

Journaliste 6 : « Monsieur Guimor, votre présence ici au nom de Son Excellence O Prefeito acte-t-elle l’ambition de ce-dernier de se positionner politiquement comme porteur d’une parole indépendante à l’international ? Ou votre position est-elle également celle de la Listonie ? »

Guimor : « Ma position n’engage que la voix de Son Excellence le Gouverneur Paolo O Prefeito, je ne sais pas si l’Empire Listonien souhaite réagir ni son positionnement vis-à-vis du Pontarbello. Cela n’empêche pas Son Excellence, qui a mandaté sa déléguée et qui fut assassinée, de prendre position en son nom propre. Nous aussi n’oublions pas que nous comptons des compatriotes au Pontarbello et que nos pensées vont d’abord à eux, qui doivent désormais vivre sous le joug du régime de Santialche. »

Journaliste 7 : « Citoyen Armas pour le Trois Mats, le Pharois Syndikaali s’est-il rendu coupable de négligences en laissant sa base militaire peu armée face à une dictature hostile ? »

Iines : « Les choix ayant conduit à la situation actuelle sont en effet malheureux, néanmoins il faut également prendre en compte qu’un renforcement militaire dans la région aurait pu être perçu comme une marque d’hostilité vis-à-vis des puissances politiques voisines. Une position que nous savions intenable, et c’est ce qui explique le faible développement de ce territoire et la présence très limitée de soldats sur place. Nous estimions possible d’engager des pourparlers rapidement avec le régime de Santialche qui alors n’avait pas encore révélé son caractère criminel. Ce fut une erreur d’appréciation et nous le regrettons car nos concitoyens en payent le prix aujourd’hui. Néanmoins, il a été convenu qu’il n’y avait pas vraiment de solution convenable pour la situation très précaire de ce territoire, n’étant pas stratégique militairement et souffrant d’un manque de compétitivité évident par rapport aux routes commerciales du Grand Kah, au sud. Peut-être que la meilleure solution aurait été de tout simplement l’abandonner, mais nous tenions à nous rendre disponible pour les populations locales, comme nous l’avons été à Port-Hafen, Porto Mundo, Jadida et dans la plupart des autres territoires ultra-marins de la Listonie quand ceux-ci furent coupés de la métropoles et livrés à eux-mêmes. »

Journaliste 7 : « Portez vous le même diagnostique sur les autres enclaves qui pourraient faire l’objet d’une conquête militaire rapide de leurs voisins ? »

Iines : « L’état-major a observé chaque situation au cas par cas et à ce jour, hormis l’enclave du Tahoku, il ne nous apparaît pas que celles-ci soient menacées par des pouvoirs autoritaires. Dans quasiment tous les cas nous avons pu établir des liens diplomatiques solides avec les puissances régionales ce qui nous rend confiants vis-à-vis du futur de ces régions. Par ailleurs, ces enclaves ne semblent pas avoir émis le souhait de se diriger vers l’indépendance, de fait elles sont toujours des territoires listoniens souverains et il n’est pas de la responsabilité politique ou militaire du Syndikaali de défendre l’empire de la Listonie, notre présence est avant tout une aide pour les locaux, et une force de dissuasion. »

Journaliste 7 : « Qui n’a pas très bien fonctionné au Pontarbello. »

Iines : « Pour le moment. »

Journaliste 8 : « L’écho des dunes pour monsieur Guimor, même question que mon confrère de l’Hafenois Libéré, quelle marge de manœuvre possède le Shibh Jazirat Alriyh en tant que territoire rattaché à l’Empire ? Les positions d’O Prefeito engagent-elles plus que sa parole ? »

Guimor : « A l’image de nos compatriotes de Port-Hafen, Son Excellence le Gouverneur jouit d’une popularité certaines dans les milieux aristocrates listoniens et appartient à la famille éloignée de l’Empereur. Nul doute que sa voix saura trouver son oreille. Par ailleurs, nous pouvons compter sur le soutien de l’Althlaj qui fut toujours à nos côtés dans les situations critiques, ainsi, non, la parole de Son Excellence porte assurément plus loin que sa seule province. »

Sakari : « Bien, je vous remercie pour vos questions, nous allons à présent laisser la parole à la presse internationale. »
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La vidéo de l'armée nationale du Pontarbello ouvrant le feu sur des diplomates et des civils ébranle le récit du régime.
Ceux qui faisaient hier la fierté de la petite province se révèlent avoir les mains souillées de sang innocent.


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« Les terroristes sont comme les rats, il faut les enfumer pour les faire sortir de leur trou. »
Voilà peu ou prou ce qu’aurait, selon des sources journalistiques proches de l’hôtel de ville de Porto Mundo, exprimé Edmundo Estrella à l’annonce par les autorités pontarbelloises de la survie des diplomates. Il est vrai qu’avoir dû attendre plus de deux semaines pour se voir confirmer qui était mort et qui ne l’était pas, en plus de sonner aux oreilles comme un jeu de dupe sordide, démontre aux yeux de la communauté internationale le caractère fondamentalement malhonnête et inhumain du régime du Pontarbello.

« Ils pourraient bien dire qu’untel ou untel a survécu, la réalité est qu’ils essayent certainement de se rattraper aux branches pour camoufler l’horreur de leur crime, maintenant qu'il a été révélé au monde entier. »
Joignant de nouveau leurs voix, Port-Hafen, Porto Mundo et le Shibh Jazirat Alriyh ont réclamé la libération immédiate de leurs ambassadeurs.

« Qu’on nous donne les preuves de leur survie, sans quoi nous devrons nous résoudre à l’idée d’dérangeante que non comptant de la leur avoir ôté, les Pontarbellois continuent de jouer avec la vie de nos concitoyens. » a ainsi déclaré Paolo O Prefeito à la radio listonienne.
Côté Pharois, on ironise sur le récit du régime de Santialche « qui ne tient pas debout. »

« Le Pontarbello pourra bien nous dérouler encore et encore son récit larmoyant de légitime défense, les faits sont là. Ces gens ont ouvert le feu sur des civils, et des soldats qui appelaient ouvertement à la négociation. Les Pharois étaient chez eux, sur un territoire qui leur avait été vendu légitimement bien avant la prise de pouvoir du gouvernement de Santialche, et n’avaient donc pas à être à l’initiative de pourparlers. Sans doute naïvement, nous attentions un geste, une prise de contact, un appel téléphonique aurait pu suffire. Le seul message que ces gens ont su envoyer, ce sont des rafales de balles.

Si la seule diplomatie que connaît le Pontarbello est la barbarie, il faudra en tenir compte dans les prochains mois.
»

La vidéo de la robe blanche, éclaboussée de rouge, est rapidement devenue virale, autant pour l’attrait morbide qu’elle suscite que pour sa valeur historique. « Il y a un début d’escalade, c’est certain. Les derniers à avoir tué des civils Pharois, c’étaient les Francisquiens, et ça ne s’est pas très bien fini pour eux… ».

Depuis les mers du nord, le puissant Syndikaali semble en effet avoir commencé à remuer son corps de géant et déjà les téléphones du monde entier sonnent et les conférences de presses s'accumulent pour délivrer la même vérité évidente : le Pontarbello s’est rendu coupable de crime de guerre, et les preuves sont accablantes. La parole de la petite dictature aleucienne, perdue dans sa jungle et sans aucun soutien diplomatique, vaut bien peu de chose en comparaison des puissants réseaux de communication du Syndikaali qui peut compter sur des relais et des alliés partout à travers le monde. Et c'est compter l'influence de sa diaspora, férue de nouvelles du pays et prompt à les diffuser comme s'il s'agissait de l'actualité la plus brulante du moment, même à l'autre bout du globe.

Une manière de miner avant l’heure le terrain de la communication, car à part Santialche qui persiste à nier, qui prendra la défense d’un pays ayant ouvert le feu sur des diplomates ? Sur une femme innocente ? Certes il se trouvera bien quelques esprits taquins pour souligner qu’avoir placé des civils en première ligne n’était sans doute pas l’idée du siècle, et qu'en terme de stratégie militaire, l'attitude des Pharois confine au mieux à la naïveté et au pire au cynisme, mais ce son de cloche n’ose guère se faire entendre, confronté qu'il est à l’extrême horreur de la tragédie, qui paralyse d’émotion toute tentative d’analyser froidement de la situation. Il serait de mauvais goût de commencer à chipoter pour contrebalancer le caractère dramatique de la scène.

Pire pour le Pontarbello, la petite musique des colonies listoniennes indépendante pourrait trouver un écho au sein de l’intelligentsia. « Il y a deux manières de se décoloniser : par la force, et par la douceur. Au vu de leur brutal isolement de la scène politique internationale, la société civile Pontarbelloise, autrefois reliée au puissant et cosmopolite Empire Listonien, pourraient bien commencer à penser qu’ils ont choisi le mauvais cheval et s'est enfermée toute seule dans son petit bout de terre, confinée à une politique autoritaire médiocre et sans envergure internationale. »

« Regardez Port-Hafen, à peine 8 000 habitants et de multiples partenariats économiques, une intégration parfaite dans la sphère politique de sa région. Porto Mundo pareil, une croissance sans équivalent au cœur des routes du nord. Ces gens vont à l'université où ils le veulent, achètent des voitures du Walserreich, du Jashuria, et nous ? Et le Pontarbello ? Le Pontarbello fait des parades militaires et tire sur des femmes. Voilà à quoi nous avons occupé notre temps. »
Le drapeau dont était si fier le gouvernement national vient soudain d’être éclaboussé de sang et le prestige tiré des victoires militaires que Santialche n’a cessé de mettre en avant pour fédérer son peuple, est désormais ébranlé par le doute. Ces soldats qui hier rendaient si fiers, ceux-là ne sont-ils que des bouchers ? Et ces victoires tant vantées par le pouvoir, ont-elles elles aussi le goût amer d'avoir commis une effroyable atrocité ? A la révélation des images, l'euphorie qu'espérait susciter le gouvernement chez sa population ne peut que retomber et c'est toute une nation qui se réveille ensanglantée par les crimes de ceux qui prétendaient la défendre.

Comment acclamer en héros des soldats qui ouvrent le feu sur des femmes désarmées ? Comment fêter sans amertume les victoires militaires, pourtant pilier de la propagande du régime ? Comment se réjouir des exploits de l'armée nationale, si celle-ci s'adonne à de pareils exactions ? Et sans cette vidéo ? Sans le dispositif de captation de l'image déployé par les Pharois ? Qui aurait eu vent de ces crimes ? N'aurions nous pas continué à croire le gouvernement aveuglément ? N'aurions nous pas continué de chanter, fêter ce qui n'était que de sordides crimes, inconscients de leur véritable nature ? Combien d'autres demi-vérités ? Combien d'autres tragédies passées sous silence, effacée pour un récit lissé ? Combien d'autres femmes ? D'autres robes blanches ensanglantées ?

Le doute s'insinue soudain, plus ravageur que la peste. Plus mortel que le poison.

Sur ce terreau meuble, la pression politique pour la libération des prisonniers vient de s’accentuer très violemment depuis la révélation de la vidéo par l'état-major du Syndikaali, obligeant le Pontarbello à rétropédaler sur sa victoire et s’embourber dans des explications que les images persistent à contredire. En s’entêtant dans un récit que chaque image rend de moins en moins crédible, le gouvernement prend le risque de révéler sa véritable nature : une dictature incapable de se soumettre au moindre examen critique, prête à avoir recours aux actes les plus abominables pour écraser tout ce qu’elle estime être un danger, à tort ou à raison, et à mentir pour couvrir ses crimes.

Pontarbello, régime paranoïaque ? C’est bien l’analyse qui semble se faire à l’écoute des justifications du pouvoir, justifiant la mort de dix personnes et le fait d’avoir ouvert le feu sur des civils pour une obscure raison de lutte contre la contrebande. « Lutter contre la contrebande implique de tirer sur tout ce qui bouge sans essayer de négocier ? Face à des individus retranchés, même la police sait que la première étape est toujours d’ouvrir le dialogue. »

Deux conclusions découlent de ce constat glaçant : d’un part le Pontarbello, en agissant au mépris de toute logique, a causé la mort de quatre de ses soldats – pour à peine dix pertes pharoises, face à des militaires largement inférieurs en nombre et en moyens. Il a fallu des hélicoptères et des blindés à l'ANPL pour causer tout juste deux fois plus de morts que leurs adversaires, loin de disposer d'un tel arsenal. Autant dire un bilan ridicule pour l’Armée Nationale, qui s'est inutilement mise en danger pour obéir aux ordres criminels et inconséquents de sa hiérarchie. Cette victoire, si tant est qu'elle mérite ce nom, est d’ailleurs à relativiser au regard de la présence de civils pacifiques et sans formation militaire dans le camp Pharois, qui devait donc composer avec des cibles désarmées et exposées à défendre, quand les Pontarbellois se sont contentés d'arroser sans distinction. Autant dire que le triomphe dont se vantait hier les autorités ressemble beaucoup plus à un fiasco, doublé d’un jeu de massacre.
Mais le pire n’est pas là. Si le régime de Santialche justifie d’ouvrir le feu sur des civils au motif que ceux-ci « pourraient » représenter une menace… quel sort est en droit d’attendre la population de la province pour elle-même ? A quel destin doivent se préparer les habitants, désormais ?

« Ils ont massacré des Listoniens et des Pharois, d’accord, mais quand il n’y en aura plus, il faudra bien qu'ils trouvent quelqu’un d’autre à massacrer. »
Pour de nombreux analystes en géopolitique, le parcours du Pontarbello fait terriblement penser à l’escalade paranoïaque des dictatures les plus sanguinaires. « D’abord vous commencez par vous en prendre à tout ce qui échappe un tant soit peu à votre contrôle, puis vous vous inventez des ennemis. A ce train-là, il ne va pas falloir longtemps avant que le régime ne se retourne contre son propre peuple, obsédé par l’idée que l’ennemi peut être n’importe qui, même une innocente diplomate. »

Profitant de l’indignation justifiée face aux crimes du Pontarbello, le Syndikaali en a profité pour réaffirmer ses exigences, en la prise de parole publique du Capitaine Mainio.

« J’ai dit au chef de ce groupe : la condition préalable à toute discussion est la libération des otages. Je réitère ce message simple. Des Pharois, des Hafenois, des Mundistes, des Listoniens sont actuellement retenus criminellement dans les geôles de Santialche. Ces hommes et ces femmes innocentes doivent non seulement être libérés mais également soignés, et rendus à leurs familles et leurs amis. Ouvrir le feu sur des civils et des diplomates est un crime de guerre caractérisé. Les retenir en mépris de tout droit est une injure à la communauté internationale et aux diplomates du monde entier. Il ne pourra y avoir la moindre considération pour le régime de Santialche tant que celui-ci s’obstinera, au mépris de toute raison, à se comporter comme un vulgaire preneur d’otage. »
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3 juin 2009 - CONFIDENTIEL - La Fédération d’Alguarena à la reconquête de son influence dans le Sud-Aleucien.


Le Général Leopoldo Sapateiro, commandant-en-chef des forces de l'Armée Nationale du Pontarbello Libre, en échange diplomatique avec des correspondants alguarenos.
Le Général Leopoldo Sapateiro, à la tête des forces de l'ANPL, est une figure de plus en plus influente, ou influencée, au sein de la région d'Aleucie du Sud.


La Fédération d’Alguarena a annoncé plutôt dans l’année, avoir démarré les premières livraisons d’armes au profit de la Brigade paramilitaire du jaguar Paltoterran, d’autres livraisons ont quant à elles étaient adressées à l’Armée Nationale du Pontarbello Libre. Un moyen selon elle, de garantir la défense de la souveraineté des états nouvellement indépendants dans la région, alors que le Pontarbello a cumulé ses dernières années, différents points de tensions, d’abord contre le régime impérial colonial listonien, puis ses alliés de circonstances à travers les brigades solaires kah-tanaises et finalement les soldats du Pharois Syndikaali. En marge de ses rivalités, la géopolitique n’exclut pas la Cobaricie, un État aleucien qui avait exprimé différentes revendications territoriales sur l’espace souverain pontarbellois.

Par ces fournitures d’armement, tantôt à des entités paramilitaires et tantôt à des états souverains, la Fédération d’Alguarena semble à minima changer de stratégie, voire de doctrine puisqu’on comprend qu’elle mise désormais autant sur sa capacité à défendre des parties tierces, qu’à compter au sein des nations amies ou simplement limitrophes, des forces militaires et entités politiques en mesure de se défendre elles-mêmes. “Depuis le Varanya, notre état-major et au-dessus de lui, notre gouvernement, ont considérablement réduit leurs engagements militaires à l’international, ce qui pourtant n’amène pas à penser que la Fédération se soit privée de soutenir les différents belligérants, puisque les donations d’équipements militaires ont largement augmenté, à destination du Pontarbello et du Jaguar Paltoterran (société militaire privée). Nous omettons d’évoquer le cas des armements secrètement fournis au clan Saadin puisque ceux-ci ont fait l’objet d’une transaction commerciale, mettant en défaut l’idée d’une donation les concernant…” explique un agent du renseignement alguareno lorsqu’il déroule sa présentation en vidéo-projection à un parterre d’officiers et hauts fonctionnaires de l’agence du renseignement.

Une stratégie de fourniture d’armement jusqu’ici payante, puisque pour le cas pontarbellois, ce dernier a pu tenir tête à différentes forces militaires occupantes, avant et après l’indépendance de son territoire. “La capacité du Pontarbello à défaire lui-même ses ennemis tend à légitimer ses instances gouvernantes, présentement militaires, à la tête du pays. Le fait de ne pas s’investir militairement vient donc:
  • limiter les crispations de notre opinion publique par l’enregistrement de pertes et mutilés au retour de la guerre,
  • pousser le gouvernement allié à construire son narratif qui déterminera le niveau de soutien à l’échelle nationale.

Tout cela va donc au final et à moindre coûts, contribuer au développement de la stabilité régionale et au rayonnement politique et culturel de la Fédération hispanophone d’Alguarena, par le renforcement durable des factions amicales. Dans cette optique, la société militaire du Jaguar Paltoterran tractent perpétuellement avec l’état-major alguareno, pour négocier la donation de nouveaux équipements, difficiles d’accès sur le plan financier mais, sous réserve d’être déstockés par l’armée fédérale alguarena, peuvent être cédés d’un commun accord, le commandement alguareno s’épargnant des frais d’entretien inutile et une rentrée d’argent modeste, là le Jaguar Paltoterran peut, via ces acquisitions, s’offrir de nouvelles opportunités commerciales, par la conduite d’opérations navales, qu’elles soient dédiées à la garde-côtière ou l’escorte de bâtiments maritimes.

Outre le fait qu’il y ait des donations ainsi que des cessions d’équipements militaires, parfois stratégiques, la coopération développée par la Fédération d’Alguarena tend aussi vers un renforcement des liens politiques unissant les classes dirigeantes des pays ciblés.

Car bien que conscient que le Pontarbello n’est pas une démocratie et que la gouvernance actuelle se limite à la présence d’une junte militaire omnipotente, il est nécessaire de considérer le Général Leopoldo Sapateiro comme un interlocuteur légitime sur le plan local, par sa capacité à limiter ou au contraire, entretenir, les tensions armées sur ce théâtre d’opérations directement limitrophes à la Fédération archipélagique d’Alguarena. “Les victoires militaires du Général Leopoldo Sapateiro se sont transformées en victoires politiques et il jouit désormais d’une certaine notoriété locale. Débuter des coopérations vers le Pontarbello ne pourra pas se faire sans le concours et l’aval du Général Sapateiro… C’est un fait qui, plaisant ou non, ne peut plus être nié.”

A l’initiative de la présidente fédérale Mazeri Abrogara, par le biais de son département attaché aux affaires étrangères, la Fédération d’Alguarena et la République d’Union Nationale du Pontarbello ont accompli, ce mois de juin, les premières rencontres officielles entre chefs d’états depuis l’indépendance du Pontarbello. Un échange diplomatique particulièrement stratégique, compte tenu de l’imbrication du Pontarbello entre la politique étrangère du Pharois Syndikaali et celle de la Fédération d’Alguarena. “Le Pontarbello a les moyens de provoquer une guerre chaude entre le Pharois Syndikaali et la Fédération d’Alguarena…” ont d’ores et déjà prévenus plusieurs officiers du renseignement alguareno, constatant la volonté pontarbelloise d’aller au front si nécessaire, face au Pharois Syndikaali.

Compte-tenu de l’attachement alguareno à la pointe sud-aleucienne, une région jugée des plus stratégiques pour le maintien et le développement de ses flux économiques ainsi que commerciaux, la Fédération d’Alguarena est nécessairement partie prenante du réchauffement des relations entre le Pontarbello et le Pharois Syndikaali, une troisième partie prenante qui fait le jeu des autorités pontarbelloises installées à Santialche, puisqu’elle suffit à motiver la politique de réarmement de son pays, en sortie d’indépendance. Une politique de réarmement largement soutenue par le premier producteur d’armements au monde, tant sur un plan quantitatif que qualitatif : la Fédération d’Alguarena. “Une grande partie de l’Histoire de la décennie à venir s’écrira au Pontarbello et au Prodnov, car ce sont à ce jour, les deux points de crispation entre les principales puissances mondiales. Des points de crispation sur lesquels des lignes rouges ont d’ores et déjà été tracées. Le dossier prodnovien et celui pontarbellois, sont en mesure, dans le cadre d’une surenchère, de motiver à eux-seuls un affrontement direct entre les forces armées pharoises et alguarenas…” Le Pontarbello et le Prodnov sont donc des cibles de choix pour la conduite d’opérations séduction, car le conditionnement de leur politique étrangère sera susceptible de téléguider l’évolution des relations entre le Pharois Syndikaali et l’Alguarena.

A l’occasion du salon de l’aéronautique militaire d’Aserjuco, il se pourrait donc bien que l’autorité pontarbelloise soit finalement présente et représentée par un officiel de haut rang, bien qu’aucune communication publique n’est confirmée ou infirmée la présence d’officiers généraux pontarbellois à ce salon, connu et reconnu pour ses simulations aériennes, à même de décider l’état-major du Général Leopoldo Sapateiro, à solliciter les acquisitions d’équipements militaires identifiés parmi les plus pertinentes.

Parallèlement à ces transferts d’armement, la République d’Union Nationale du Pontarbello cherche à obtenir plusieurs millions d’aides économiques, pour réindustrialiser le nord de sa province, où les destructions d’usines et les déplacements de populations ont été relativement nombreux, lors des affrontements armées opposant l’Armée Nationale du Pontarbello Libre et les Brigades Solaires kah-tanaises.

L’indépendance militaire aura effectivement un impact toujours trop limité, si les autorités gouvernementales pontarbelloises ne peuvent reconstruire l’entièreté des biens et des infrastructures détruits par les combats survenus lors de l’invasion kah-tanaise. Carosinhos par exemple, a été une ville particulièrement exposée lors des affrontements entre l’ANPL et les milices kah-tanaises, des infrastructures, industrielles ou commerciales ont été détruites, les assureurs, pour partie d’entre eux listoniens, ont généralement renoncé au remboursement des dommages subis par les pontarbellois, compte tenu du nouveau statut octroyé à la région, désormais indépendante. Ce manque à gagner doit dès lors inciter les autorités pontarbelloises à chercher des pistes, des solutions pour compenser ces pertes et ensuite apporter de nouveaux financements aux industriels et aux commerçants locaux qui souhaiteraient ouvrir une nouvelle activité sur zone.

A ce titre, la Fédération d’Alguarena a d’ores et déjà promis une aide économique estimé à neuf millions de pesetas alguarenas, une aide destinée, à la reconstruction de la petite zone d’activité industrielle installée en périphérie de Carosinhos, un village martyr de l’invasion kah-tanaises où des destructions colossales ont pu être enregistrées. Une aide économique qui en suit d’autres, toujours inscrites au sein du programme de redynamisation du Pontarbello d'après-guerre.

Ces aides, militaires ou économiques, visent nécessairement à maintenir la présence alguarena en Aleucie du Sud, car l’avantage de côtoyer les dictatures semblables à la République d’Union Nationale du Pontarbello, c’est que le soutien du pays s’acquiert sur une poignée d’hommes seulement, rendant cette influence plus malléable que les états où les opinions publiques jouissent de plus d’influences, de plus de libertés, pour orienter le débat politique et contraindre les gouvernances à opter pour une position déterminée, voire la réviser lorsque les choix initiaux n’ont su satisfaire la volonté populaire.

Préalablement à toutes ces actions, la reconnaissance officielle de l’état du Pontarbello constituera la base la plus concrète du rapprochement des deux états. Un premier soutien politique d’importance, qui pourrait ouvrir la voie à d’autres actions de politiques étrangères, permettant la reconnaissance du Pontarbello auprès d’un large public de nations. Une intronisation souhaitée par le Général Leopoldo Sapateiro, mais qui ne pourrait se concrétiser que grâce au concours des autorités fédérales alguarenas, à même de pouvoir donner une certaine visibilité médiatique à cette micronation connue pour être un foyer de tensions avant tout autre chose.

Intendance militaire a écrit :Transfert de navires de guerre vers la Brigade du Jaguar Paltoterran, chargé de constituer une flotte paramilitaire au Pontarbello où la société militaire privée a établi son siège social et y assure des opérations de sécurisation du territoire :
  • 11 patrouilleurs lvl 1
  • 2 patrouilleurs lvl 2
  • 1 dragueur de mines
  • 1 pétrolier-ravitailleur lvl 6
  • 1 sous-marin lance-missiles lvl 1
  • 891 mines navales lvl 3
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Réunion au sommet des falaises

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L'hôtel de ville de Porto Mundo, dominant la ville et le Détroit

Dans le grand salon de l’hôtel de ville on continua de débattre de l'actualité jusqu’à 16h, puis la séance fut levée, puis elle reprit à 19h et durant tout ce temps un observateur peu averti de la manière dont se déroulaient les affaires à Porto Mundo n’aurait jamais, pas à un seul moment, pas le plus bref des instants, imaginé qu’il était en train d’assister à une réunion du conseil municipal.
C’était pourtant le cas, et quel conseil ! Ramassis de pirates et d’aventuriers Pharois – ce qui est sensiblement la même chose – des gueules pas possibles du pouilleux de service avec ses chicots en or à l’endimanché dont les dentelles froufroutent au moindre de ses gestes empathiques, sans oublier les femmes, plus hommes que les hommes, et les deux pieds sur la table à fumer comme des pompières et à pianoter d’un air sévère sur des téléphones portables pour gérer les affaires à l’autre bout du monde ou le mari débordé par la colique du bébé à la maison.
En face, parce qu’on n’est pas encore assez amis pour se mélanger et que Porto Mundo tient plus à la poigne de fer de son maire qu’aux affinités des uns et des autres, il y a les Listoniens. Ex-bureaucrates de l’administration coloniale, vétérans de guerre fuyant un Empire apathique, derniers nés de fins de races désargentées en quête d’un sursaut de gloire, et que ça se lisse la moustache et que sa se caresse le menton glabre comme un cul de gosse, et que ça fume mais autrement plus chic que le tabac infâme dont se contentent les Pharois, dressés à quelques siècles de privation et de « on fera avec ce qu’on a tant pis ».

Mais ce serait aller vite en affaires que de dire que ça sait se tenir d’un côté et pas de l’autre. La vérité est que c’est un bordel sans nom parce qu’Edmundo Estrella ne s’est pas tant entouré de nationalités que de gens aux dents longues, arrivistes et opportunistes, le genre de type qu’on ne veut pas dans son équipe. Lui les a tous récupérés et les tiens au bout de sa botte, par leur nombre qui n’en rend aucun indispensable, et parce qu’à les mettre en concurrence personne ne parvient à tirer son épingle du jeu sans que LUI en ait décidé ainsi.

Et il trône, le maire de Porto Mundo, il trône au centre de la table et laisse parler les gens s’engueuler, se crier dessus oui il les laisse. Quand il prend la parole, tout le monde se tait.

- Aujourd’hui j’aimerai vous introduire quelques amis.

On se tait, donc.

- Certains visages paraîtront peut-être familiers à quelques-uns d’entre vous.

Les surprises ne sont jamais bonnes, c’est une règle tacite quand on veut faire carrière dans un panier de crabe. Maintenant tout le monde se demande pourquoi le maire a cru bon de convoquer l’ensemble du conseil municipal et de les garder jusque si tard. D’un geste qui confine au mélodramatique, Estrella désigne la double porte en bois qui ferme la salle et tonne : « Entrez ! »

On entre. Sur un air de marche militaire.
Dix. Vingt. Non attendez… combien sont-ils, ces soldats en livrées ? Bien jeune pour certains, mais quelques-uns dans le lot lorgnent d’un œil revanchard les dorures de la salle de réunion qui jadis était leur.

Estrella jubile comme un gosse qui vient de faire une bonne blague.

- Colonel Monteiro ! Un peu de parfum manquait à cette atmosphère.

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Le colonel Monteiro, ex-officier supérieur de l'armée listonienne, sorti de sa retraite pour une dernière campagne.

La salle n’est pas extensible et les Listoniens, pour entrer, doivent à présenter contourner la grande table ronde autour de laquelle sont attablés les membres du conseil municipal. Si certains assis se contentent de regarder d’un œil torve ces étrangers pénétrer en arme à l’intérieur de la pièce, d’autres affichent un faciès plus anxieux. Les Listoniens ont la roideur des militaires, disons, pour le dire vite, que les dos sont droits. Même les quelques gamins à qui on ne donne pas vingt ans affichent pour l’heure une espèce d’impassibilité froide qui contraste fortement avec la clique de loustic grimaçants qu’ils encerclent à présent.

Le dénommé Monteiro avise la pièce quelques secondes, on croirait presque qu’il ignore délibérément Estrella, le fou ! Mais non, c’est finalement sur lui que son regard se dépose et il hoche la tête. « Monsieur le maire. »

Quelques Pharois attablés croient soudain deviner d’où Edmundo Estrella tire son air farouche : visiblement, c’est un trait national en Listonie.
Estrella jubile toujours, moins comme un gosse cette fois, plutôt comme un maniaque, cet homme aime le pouvoir, c’est l’évidence, et ceux qui viennent d’entrer dans la pièce lui en apportent.

- Chers amis, dit-il a tout l’assemblée, j’ai pris acte des faiblesses de l’Empire et compte reprendre son œuvre là où il ne peut la mener lui-même. Ce bleu-bite de Cortés est trop occupé en Afarée pour tenir les affaires courantes et pendant qu’il perd son temps sur ses ruines, on nous tue des Listoniens au Pontarbello.

Les visages des Listoniens se creusent, surtout parmi les derniers arrivés. Ceux qui se tenaient déjà assis autour de la table paraissent moins concernés, les Pharois, eux, s’en foutent carrément et semblent même se demander dans quelle galère sans nom on les embarque. Heureusement Estrella est parti dans un monologue diabolique et les explications viennent.

- Un putain de gouvernement de métèques tellement terrorisé au fond de sa jungle qu’il parie toutes ses billes sur sa voisine l’Alguarena la putain. Des bâtards d’hispaniques !

Le regard qu’il lance à ses compatriotes est sans ambiguïté sur son ironie et provoque quelques ricanements parmi les Listoniens. Moins sensibles aux questions racistes, les Pharois observent et pour certains commencent à se faire chier. Visiblement c’est une blague que seul un Empire colonial lusophone peut comprendre.

- J’entends ne pas laisser ces demi-singes me tuer mes hommes impunément. Quand j’envoie un ambassadeur, j’attends qu’on me le rende en vie, il faut savoir se faire respecter n’est-ce pas ?

Dans l'assistance, on hoche quelques têtes sans fol enthousiasme.

- Et vous autres !!

Celle-ci est pour les Pharois dont le réflexe est de virer les pieds de la table et de se raidir dans les fauteuils.

- Je vois bien ce qui s’agite dans vos petits crânes… mais où est mon profit ? Et mes bénéfices ? Et qu’est-ce que je vais aller foutre au Paltoterra alors que monsieur Ilmarinen m’a spécifiquement dit de laisser l’Alguarena aux professionnels… ?

Deux personnes échangent un regard, les autres froncent les sourcils. Silencieusement, Estrella note dans un coin de sa tête le nom de ceux qui savent. Des espions. Des putains d’espions du Syndikaali. Il y en a certainement d’autres dans la pièce, plus malins, plus discrets, mais ceux-là viennent de se faire piéger, échanger un regard silencieux d’incompréhension « comment sait-il ça, lui qui n’a pas accès au secret, lui qui ne gravite pas dans les arcanes de la piraterie et des Etats Généraux ? ». Il ne faut pas être con pour comprendre que le Syndikaali tient ses molosses en laisse, sans quoi ce serait l’anarchie, et que le Pharois n’a aucune envie de provoquer un incident diplomatique.
Il n’y a pas besoin de voir les rouages pour deviner la machination, et Edmundo Estrella n’est pas la dernière des andouilles, un militaire brutal, sans doute, mais un gouverneur colonial, un politicien ambitieux, un noble élevé dans les arts des lettres, de l’épée et du poison. Il sait, Estrella, qu’à quelques centaines de kilomètres de là, à Pharot, les Pharois lisent ses plans de bataille presque comme s’ils étaient penchés sur son épaule et il sait qu’on le laisse faire. Qu’on s’arrangera même pour lui trouver des armes si besoin. Alors Estrella va confiant. Il avance appuyé sur les échasses de deux géants : le Saint Empire Platan de Listonia et le Pharois Syndikaali.

- Ne craignez rien. Il y a bien un gâteau à découper.

Un geste et il désigne derrière lui les fenêtres qui ouvrent sur Porto Mundo, la ville sur le fjord, ensommeillée d’éclairage public et au loin cet abîme noir d’encre, la mer.

- Porto Mundo ! La ville qui tranche la tête des terroristes. J’entends faire de cette cité le bras armé de la justice et asseoir définitivement notre place parmi les grands de ce monde.

Il prend le temps de dévisager chaque visage Pharois, avec leur peau pâle et leurs faciès à mi-chemin entre le slave et le civilisé. Même les espions ont droit au sourire d’Edmundo Estrella, gardien du Détroit, maître de Porto Mundo.

- Et pour m’avoir été fidèles, chacun d’entre vous sera dûment payé.

L’argent, il n’y a que cela qui les motive, ces foutus pêcheurs. Pas la gloire, pas l’honneur, pas l’élévation morale ou spirituelle. L’argent. Et ce concept vague qu’ils nomment aventure, ou « geste », et consiste généralement à disparaître en mer sans un mot d’explication. Probablement noyé en braillant sur une tempête.
Aux Listoniens la grandeur, aux Pharois la caillasse, tout le monde est heureux.

Ce que ne dit pas Estrella, c'est qu'il compte sur ce coup d'éclat pour revenir dans les petits papiers de l'Empire. Les Pharois sont trop dangereux, et leurs armées se pressent et s'entrainent sous ses fenêtres. Estrella sait que malgré sa gendarmerie, il suffira de peu pour que les ministres de Pharot ne décide un matin d'envoyer un hélicoptère exploser sa vitre et le trainer devant un tribunal pour despotisme. Qui ira le pleurer ? Ses courtisans s'envoleront comme une volée de moineau, ils ont trop peurs des exécuteurs de la C.A.R.P.E. et sont trop perdus sans lui. Quant aux Listoniens, son exécution fera la Une de leurs journaux comme une info cocasse. Estrella est seul, mais projeté par la force de gravitation des puissances qui se disputent sa loyauté, il est un météore, destiné à détruire tout ce qui se place en travers de sa route.

- Dans cette entreprise, le colonel Monteiro nous fait le plaisir de se joindre à nous accompagné de ses… combien m'avez-vous dit ?

- Nous partîmes trois cents mais nous vîmes le double en arrivant au port. D’autres viendront encore.

- Bien. Il semble que la vieille duchesse ne soit pas complétement sèche du con, elle enfante encore quelques âmes vaillantes en ce début de siècle.

Il frappa dans ses mains.

- Qu’on nous apporte des chaises et qu’on fasse de la place, nous allons y passer la nuit ! Monteiro est-ce que tu as ce que je t’ai demandé ?

- L’ensemble des données sur le Pontarbello collectées par l’Empire au cours du siècle dernier. J’ai même les relevés pluviométriques s’il t’amuse d’en dresser des moyennes.

- Va savoir. J’entends les éplucher jusqu’à ce qu’elles saignent. Vous êtes dans cette pièce cinquante et je n’ai confiance en aucun d’entre vous, il y a tout à gagner dans cette opération et rien à perdre, si ce n’est une poignée de vie et un peu de matériel, alors que chacun mette du cœur à l’ouvrage car les efforts de ce soir se paieront demain.

Cadeau du général Cortés, mais officiellement, Monteiro les avaient tout simplement volées à l'Empire. Listonia préférait éviter de se mouiller trop directement dans cette affaire et tous les Listoniens présents à Porto Mundo ce soir savaient que la mère patrie hésiterait peu à les qualifier de déserteurs en cas d'échec. S'ils réussissaient, en revanche, c'était la gloire assurée, et de sacrées plans de carrière pour chacun d'eux.
Seuls les vétérans et officiers à la retraite étaient là pour le panache, l'honneur, et une certaine idée de la grandeur de l'Empire.

- Capitaine Kylli, je veux un résumé de ce qui se passe au Grand Kah.

On apportait des chaises pendant qu’en bout de table, une femme grande dont les bras repliés lui donnaient des airs de mente religieuse, ajustait ses lunettes face à un document qu’aucun curieux n’aurait pu lire. Correspondance cryptée en direct des marchés noirs Paltoterrans, on y flairait le fond de l’air et l’air du temps.

- Des amis à l’ambassade pharoise me confirment que le cas échéants, et sous les conditions de discrétion habituelles, le Grand Kah apportera son aide pour nous servir de couverture. Il faudra néanmoins établir un protocole de contact avec les communes éspérantines, je doute qu’on puisse simplement leur demander de garder le secret quant à la présence de centaines de soldats en armes sur leur sol.

- Oui oui, j’appellerai le Grand Kah demain pour les détails, franchement ils nous le doivent bien vu comment leurs brigades ont merdé, quoique je ne sais pas si je préfère une dictature de singes ou un dictatures de bridés là-bas, Capitaine Bartolomeu, des nouvelles de vos contacts au Pontarbello ?

Ce fut au tour d’un Listonien de se raidir à l’appel de son nom et percevant quelques regards en biais de la part de ses anciens compatriotes, se sentit rougir. Pharo-Listonien suite à l’intégration de Porto Mundo dans le Syndikaali, il avait choisi d’adopter la tradition pharoise en devenant capitaine et abandonné son nom de famille pour ne plus arborer qu’un titre et un prénom.
Face à la rangée de militaires impériaux, son choix lui sembla soudain un peu plus difficile à assumer.

- Oui… les dictatures ne font pas que des heureux et la liquidation de la bureaucratie impériale a endeuillé pas mal de monde…

- Et donc… ?!

- Et donc nous ne sommes pas encore en mesure d’identifier formellement l’endroit où sont détenus les soldats Pharois capturés.

- Vous déconnez Capitaine ?

L’emphase mise sur ce dernier mot laissait transpirer le mépris d’Estrella pour le nouveau nom de baptême de son compatriote. Ce-dernier déglutit.

- Nous savons ce que la presse et le gouvernement ont annoncé mais… impossible de dire si c’est vrai… monsieur le maire.

- Évidemment. Et vous n’avez pas été foutu de débaucher un gardien de prison j’imagine ?

- Monsieur le maire… le Pontarbello est un petit territoire et… la plupart des membres du gouvernement sont des militaires, leur loyauté ne s’achète pas…

- Foutaises ! Tout s’achète.

Considérant qu’il allait bel et bien devoir passer un coup de téléphone au Capitaine Ilmarinen, Estrella se rembrunit.

- Peu importe, j’aurai ces informations d’une manière ou d’une autre. Bartolomeu vous êtes un imbécile, Monteiro vous connaissez les infrastructures de la région, vous y avez été en poste pendant quinze ans, je veux une liste de toutes les zones pénitentiaires susceptibles d’accueillir des prisonniers de guerre.

Le maire se tourna ensuite de nouveau vers le capitaine Bartolomeu.

- Si vous n’êtes pas foutu de me dire où on a envoyé ces pauvres types, vous pouvez au moins me faire un compte-rendu des chantiers entrepris depuis la prise du pouvoir. Ces foutus métèques ne savent rien construire par eux-mêmes, ils sont ultra dépendant de la logistique listonienne c’est leur faiblesse, soit ils utilisent toujours les mêmes bâtiments et on en a les plans, soit ils ont construit de nouvelles infrastructures et même planquées dans la jungle c’est pas le genre de truc qui se cache longtemps, une zone secret défense.

Constatant que tout le monde le dévisageait, Estrella frappa du poing sur la table.

- Allez ! Je veux que la moindre faille de ce territoire soit entourée d’un grand cercle rouge d’ici demain matin ! Moi, j’ai des coups de fil à passer…
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7 juin 2009 - CONFIDENTIEL - La Fédération d'Alguarena pourrait recourir à des bâtiments maritimes d’un groupe paramilitaire, pour concourir à la sécurisation du détroit et du foyer de tension pontarbellois.


Ecran radar au sein d'une des stations radars embarquées à bord des navires chargés de la sécurisation du détroit d'Alguarena.
Dans le détroit de la Fédération d’Alguarena, les flottes du Jaguar Paltoterran et de la marine fédérale se réunissent pour concourir à la sécurisation du pourtour sud-aleucien.


Le dernier trimestre 2008, consécutif à l’affrontement armé des forces militaires d'occupation pharoises au Pontarbello et les éléments de la force de réaction rapide pontarbelloise, la Force Ascara, a vu se rencontrer pour la première fois les amiraux alguarenos et les généraux pontarbellois. Des officiers généraux représentants des deux pays se sont réunis, considérant la nécessité de créer une flotte permanente dédiée à la sécurisation du détroit, après le cumul des tensions armés entre feu le pavillon de l’albastre, les brigades solaires solaires kah-tanaises, l’Empire listonien, la garde côtière cobaricienne, et plus récemment les forces de l’armée régulière pharoises.

Considérant le développement exponentiel des capacités navales du Jaguar Paltoterran, un groupe paramilitaire très proche des intérêts alguarenos et qui compte parmi les premières sociétés militaires privées à jouir d’une flotte de guerre, l’association de cet acteur aux problématiques locales tendait vers l’évidence.

De plus, installée au Pontarbello même, après l’ouverture de son siège social à Santialche, la Brigade du Jaguar Paltoterran est techniquement partie prenante de tous les conflits présents et futurs sur le territoire péninsulaire, puisque ses intérêts sont directement menacés par la survenue d’une force invasive susceptible de rompre l’entente cordiale débutée avec le gouvernement du Général Leopoldo Sapateiro.

En sus des amirautés alguarenas et pontarbellosies, ce sont également quelques personnalités dirigeantes du Jaguar Paltoterran qui pourraient rejoindre ces réunions organisées en comité restreint. Destinées à rassembler tous les décisionnaires des forces militaires régionales, ces entrevues soumises à la confidentialité et d’un niveau secret défense, viennent coordonner l’effort local dans la sécurisation de l’espace régional. Partagés entre le siège social du Jaguar Paltoterran, puis les bâtiments institutionnels pontarbellois et alguarenos, ces échanges diplomatiques tripartites se sont peu à peu construits sur la base d’une mutualisation des moyens, entraînant l’armement progressif d’une flotte de guerre paramilitaire et son imbrication au sein des manoeuvres militaires fédérales, comme supplétifs à la force dissuasive alguarena.

Lors de ces correspondances, les autorités présentes font donc le point sur les moyens mobilisables en ce qui concerne la sécurisation du détroit alguareno, bordant la pointe sud-aleucienne pour aller toucher du doigt celle au nord du continent paltoterran. L’activation de moyens maritimes pour jadis surveiller les côtes izcales où erraient les membres du pavillon de l’albastre avant leur démantèlement par les autorités locales, a aujourd’hui motivé leur report sur les côtes pontarbelloises, considérant les nombreux sujets de tensions, entre l’invasion militaire du Grand Kah, les provocations en mer des autorités cobariciennes et récemment les échauffourés militaires entre l'ANPL et le Pharois Syndikaali.

carte de l'espace maritime environnant le détroit d'Alguarena
Radars terrestres et maritimes embarqués sur navires, véhicules de transmission radio, astreintes des forces aériennes et navales en Alguarena et au Pontarbello, patrouilles maritimes, systèmes de défense antiaériens terrestres et navals, le pourtour pontarbellois est l'une des zones les plus scrutées au monde avec les frontières prodnoviennes - clic gauche pour agrandir

Intendance militaire a écrit :Transfert d'aéronefs militaires vers la Brigade du Jaguar Paltoterran :
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10 juin 2009 - CONFIDENTIEL - Les radars transhorizon alguarenos de type Villariga : un garde frontière implacable capable de soutenir la défense territoriale pontarbelloise.


Station radar transhorizon
Les stations radars transhorizons alguarenas, des vigies de qualité pour la sécurisation des espaces souverains pontarbellois.


Les radars transhorizons sont capables de détecter des navires ou aéronefs volant à basse altitude ou se situant sous la ligne d’horizon et ce, jusqu’à 3 000 kilomètres de distance.
Forte d’une maîtrise technologique qui comprend plusieurs actions de recherche et d’innovation dans les programmes de détection radar, la Fédération possède à ce jour différents moyens de prévention des menaces à travers le déploiement d’une demi-dizaine de stations radar fixes transhorizons.

Balayant un champ d’action étendu de 360°, ces installations militaires étrangères sont capables d’employer des moyens de détection particulièrement novateurs, sur une distance allant jusqu’à 1 000/1 500 km (soit 2 000/3 000 km de diamètre).

Pour ce faire, ces stations radars transhorizons viennent identifier et exploiter la réflexion des ondes de fréquence (radio, moteur, etc…), de sorte à détecter les ondes de surface et onde de ciel, de telle manière à pouvoir détecter l’entièreté des menaces présentes sur la zone surveillée.

Considérant la portée actuelle de tels appareils militaires, il est à noter que l’entièreté de l’espace territorial pontarbellois, côtier et maritime, est couvert par le système de radar transhorizon alguareno. Et considérant toujours la menace émise par plusieurs états étrangers, le Grand Kah qui a envahi le Pontarbello en 2007, la Cobaricie qui a revendiqué plusieurs provinces pontarbelloises et violé son intégrité territoriale et maritime, le Pavillon de l’Albastre qui a favorisé l’entrée des brigades solaires kah-tanaises sur le territoire pontarbellois et plus récemment le Pharois Syndikaali, la coopération entre les services du renseignement alguarenos et les armées pontarbelloises reste prioritaire et conforme aux intérêts des deux parties.

Dans ces circonstances, il est acquis le fait selon lequel la détection de menaces aériennes ou maritimes aux abords de l’espace territorial pontarbellois par les autorités fédérales alguarenas, serait un fait nécessairement rapporté aux autorités militaires du Pontarbello.

Dès lors, la menace exercée contre les intérêts du Pontarbello et susceptible de bousculer la stabilité politique ou encore l’ordre local établi, doit considérer de pairs les contremesures pontarbelloises mais aussi celles alguarenas, faussant sensiblement les conditions de réussite que l’entité menaçante serait tentée de spéculer, à l’aube du lancement de son opération.

Comparatif entre les radars conventionnels et ceux transhorizon
Image comparative des menaces détectées entre le radar conventionnel (une seule menace sur deux détectée) et le radar transhorizon (toutesl es menaces sont détectées).


La présence de ces radars novateurs et l'échange d'informations qui en découle, sont susceptibles d'orienter les patrouilles des forces maritimes et aériennes, qu'elles soient alguarenas, pontarbelloises, et même issues de la Brigade du Jaguar Paltoterran, une société militaire privée installée au Pontarbello et qui œuvre activement à sa sécurisation (après avoir lutté pour sa libération, notamment face aux forces invasives des brigades solaires kah-tanaises). Cette capacité de détection, apparaît donc comme une aubaine pour le petit régime militaire et ses alliés de circonstance dans la région, compte tenu de l'immensité des espaces maritimes et aériens à couvrir, ne permettant pas le maintien continu d'une force de surveillance.
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Pontarbello - Quelque part dans la jungle



centrerecherchepontarbello
Le Centre de Recherches de Three Points Island, site secret propriété de la Thylacine Corporation


LABORATOIRE P3 - Département d'études génomique - Unité des essais cliniques


laboratoirethylacine




auteur a écrit :A : ulysses.tobjorn@thylacine-corp.upl
cc : clinicalstudies@thylacine-corp.upl
Objet : CONFIDENTIEL - Projet #09967
Pièce jointe : Oui - Synthesis_Report_Project _#09967.docx (fichier encrypté)



Bonjour M. Tobjörn,

Comme convenu veuillez trouver ci joint mon rapport de synthèse confidentiel. Le code de décryptage temporaire est disponible à l’adresse suivante sur le serveur sécurisé avec vos identifiants de connexion habituels :


https//1279gft55/ftp.thylacine.corp/safetylock.credentials



Code projet : #09967
Nom du projet : Projet Død

Essai : # 456
Sexe du sujet : Masculin
Age du sujet : 26 ans
Profil génétique : Kah-tanais, blanc nazuméen
Groupe sanguin/rhesus : AB+

Examen pré-clinique : Le sujet présente plusieurs cicatrices sur l’abdomen, dûs à une appendicectomie réalisée à l’adolescence, ainsi qu’une large entaille sur la cuisse gauche, depuis l’aisne jusqu’à la rotule dû à un objet tranchant. Blessure partiellement cicatrisée ne présentant pas de signes infectieux. Recommandations : administration d’antibiotiques à large spectre préalable à toute étude. 10cc d’Interféron 800 au moins 10 jours avant le début de l’étude clinique.


Anatomopathologie préliminaire :
Analyses sanguines normales, glycémie faible, pas de marqueurs enzymatiques liées à des maladies auto-immunes ou génétiques. Détection d’une légère malformation cardiaque sur le ventricule droit, probabilité de 65% que le sujet présente un souffle au coeur commun.

Analyse psychiatrique : pas de signes distinctifs d’une pathologie mentale nécessitant un traitement adapté.

% de critères d’éligibilité à l’étude clinique du projet Død : 78%
Décision du conseil scientifique : “sujet valable pour l’étude, procéder au protocole 165-AB”


Jour 1 : Le sujet est un homme de race blanche nazuméenne, en état de conscience. Le cocktail d’antiviraux et d’antibiotiques administré ont fait effet, le sujet est considéré comme en pleine forme physique et pleinement en possession de ses facultés mentales et psychiques. Injection d’une dose de 0,250 ml de la souche virale RV-2 par intraveineuse le lundi 23 mars à 18h45, heure locale.

Jour 3 : Premières manifestations cliniques d’une infection classique : le sujet est en proie à des douleurs spasmodiques abdominales légères à moyennes, ainsi qu’à des sueurs nocturnes. Les réflexes sont normaux, tension à 13.2 et température corporelle à 38.5°C. La dilatation des pupilles est élevée, le sujet se plaint constamment de sensations de nausée.

Jour 5 : L’état général du patient se dégrade plus vite que prévu. Excellent, nous atteindrons les conditions immunologiques souhaitées plus rapidement. De petites lésions cutanées sont apparues à divers endroits du corps, notamment sur les aisselles et sur certains plis du visage, notamment aux commissures des lèvres. Elles forment de petites vésicules circulaires rouges, signes inflammatoires très localisés. Elles sont particulièrement douloureuses.

Jour 7 : le nombre et la taille des vésicules ont sensiblement augmenté, je procède à un prélèvement pour l’analyse microbiologique et toxicologique. Les douleurs abdominales sont maintenant considérées comme insupportables par le patient, ce dernier éprouve des difficultés à boire et à manger, et est très agité, il crie et souhaite qu’on lui vienne en aide.
On l’attache fermement au lit, et on lui administre un sédatif modéré pour le maintenir éveillé tout en faisant diminuer son état d’agitation. Je procède à une biopsie. Le sujet hurle et gémit des mots en kah-tanais incompréhensibles.


Jour 10 : l’état général du patient est stable bien que notablement dégradé, la biopsie a révélé que les tissus intestinaux sont infestés d’endotoxines et de polypes viraux. C’est fascinant. L’urine du sujet contient désormais du sang.


Jour 12 :
Le sujet a des pétéchies dans les yeux et ne peut plus s’alimenter correctement sous les effets de la douleur. On ne lui administre aucun tranquillisant cette fois, la gestion des seuils de douleurs fait désormais parti du protocole. On lui a posé une poche stomachale ainsi qu’une sonde gastrique. Le sujet est alimenté par intermittence en intraveineuse. Les lésions cutanées s'étendent désormais à 60% de la surface corporelle, l’infestation de la souche virale RV-2 est en phase de développement final.
Afin d’empêcher ses hurlements d’être entendus par les autres sujets de l’étude, il est bâillonné.


Jour 16 :
Certaines vésicules ont éclaté, laissant s’écouler une liquide épais, mélange de sang, de lymphe et de fluide infectieux. Une partie de la chair est désormais à vif, et on observe une dépigmentation générale de la peau, celle-ci est devenue blanche, a perdu environ 50% de son hydratation, et à certains endroits laisse apparaître la chair à vif, ainsi que les couches inférieures du derme. C’est très intéressant, voilà un effet clinique visible que nous ignorions. La jambe gauche est particulièrement touchée est présente des signes avancés de gangrène et de nécrose des tissus externes. Ses constantes vitales sont faibles, la température corporelle a atteint les 40°C. A ce stade, c’est presque étonnant qu’il soit encore conscient. L’analyse par centrifugeuse des sécrétions n’a quant à elle rien révélé d'intéressant.

Jour 18 :
Ah nous y voilà, le sujet a perdu conscience, mais les pulsations cardiaques sont bien présentes bien que faibles. Une dose de 50 cc d’adrénaline lui est administrée pour le réveiller. J’ai bien eu peur que ses cris n’alertent les autres sujets. Conformément au protocole, nous réalisons une injection intraoculaire de la solution Tricell B-52. Nous sommes également obligés d’amputer sa jambe gauche. C’est pas comme si il allait en avoir besoin après tout. Vu que l’on est à court d'anesthésiant, le sujet a été sédaté mais est pleinement conscient de l’intervention qu’on réalise sur lui. Je me demande l’effet que cela fait de voir un propre morceau de son corps se détacher de l’ensemble…

Jour 22 : Le sujet vient de perdre l’usage de ses facultés psycho-motrices, toutefois la température corporelle est descendue brusquement à 36°C. La disparition totale des vésicules infectées et autres ulcérations cutanées est impressionnante, toutefois, la dégradation des tissus externes est irrémédiable. On procède à des ponctions lombaires toutes les 2 heures. Les constantes vitales sont extrêmement faibles. Le taux de leucocytes blancs est de 0.0006mg / L en revanche, la quantité d’endotoxines dans tissus intestinaux est plus faible qu’attendue, seulement 20 UFC (unités formant colonies).


Jour 25 :
La destruction cellulaire par la souche virale RV-2 est complète, la solution Tricell B-52 ne semble n’avoir eu qu’un impact limité sur la vitesse de dégradation des tissus externes. Oh et le sujet est décédé bien entendu. J’avoue que bien que le résultat ne soit pas concluant, je suis soulagé de ne plus entendre ses gémissements et ses cris stridents. Il est difficile de se concentrer et de réfléchir dans ses conditions. Dans tous les cas, j’ai hâte de procéder à l’autopsie et à la dissection des organes. J’ai préparé la salle d’histologie comparative…


Commentaire d’étude : Ces kah-tanais ne tiennent vraiment pas la route. Leur système immunologique est comme l’on pouvait s’y attendre beaucoup moins réceptif à nos essais. Ils présentent des allèles sur leur génotype qui ne sont hélas pas compatibles avec nos souches virales eurysiennes et nord-aleuciennes. Je suis persuadé que les souches de Peste Dysplasique sont trop virulentes pour leur profil génétique. La Fièvre Hémorragique de Coburg serait peut être un vecteur plus adapté, toutefois, ce filovirus est bien plus imprévisible, et difficile à se procurer. Dommage, j’aurais adoré travaillé sur cet agent pathogène, ca me donne des frissons rien que d’y penser.
Les Kah-tanais, leur sang n’est pas cher c’est vrai, mais j’espère que le prochain matériau sur lequel je travaillerais sera de bien meilleure qualité, et ne présenteras pas de blessures de guerre. Cela complique considérablement le protocole. Je ne vais pas à chaque fois prendre le risque que les sujets développent des septicémies à chaque début d’essai ! Certes, on fait avec ce qu’on a, mais j’espère avoir bientôt les matériaux pharois que j’ai réclamé la semaine dernière. Et de première jeunesse idéalement. Le Docteur Kendall Royce me les as promis !



Conclusion de l’Essai # 456 : Non concluant.

Recommandation pour le prochain essai :
Diminuer la concentration de la souche virale RV-2, et procéder à plusieurs injections espacées de 2 jours. Utilisation de matériel avec un profil génétique eurysien ou aleucien.

Réservéà l'Unité de Confinement: le sujet a été autopsié. Voir rapport d’autopsie n°1996-A. Ses reins, ses poumons, son estomac, ainsi que son pancréas et son rachis ont été conservés en chambre froide spéciale n°65 du laboratoire P4. Les restes du sujet ainsi que ses effets personnels ont été pris en charge et envoyés à l’incinérateur du bâtiment 5 par l'Unité de Confinement n°4, avec 6 autres corps provenant du Département de Médecine Histologique.

Date : 16 avril 2009
Signature : Dr. Allister E. Sullivan

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Le contre-modèle pontarbellois comme vecteur de rapprochement pour les ex-colonies listoniennes

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Les ruines de l'Empire laissent le champ libre à tous les destins.

C’est une prise de conscience, « un tragique éclat de lucidité » dira le poète Orlando Pesao, farouche partisan du décolonialisme qui s’est engagé à travers ses œuvres en faveur d’un relâchement progressif de l’autorité impériale listonienne et pour l’intégration des territoires coloniaux au sein de sphères régionales qui leurs sont plus naturelles.

« Il faut faire confiance aux mouvements de l’histoire » écrivait-il déjà en 1997, puis « les empires sont des archaïsmes, comme les arbres ils doivent perdre leurs feuilles quand s’en vient l’automne ».

« Des mots, juste des mots » commente-t-il amer aujourd’hui, lorsqu’on lui demande son avis sur l’évolution du projet décolonial listonien. « J’ai naïvement pensé qu’en renouant avec leurs sphères culturelles précoloniales, mes compatriotes s’émanciperaient progressivement des jougs qui leur étaient imposés. J’ai trop cru dans le poids de la culture, de l’art, j’ai sous-estimé les autres forces de ce monde, je le regrette aujourd’hui. »

La raison de ce revirement intellectuel ? Le triste destin du Pontarbello, un petit Etat terroriste situé sur la pointe sud de l’Aleucie, et dont les crimes de guerre ont été rendus publics quelques mois plus tôt, de la pire des manières possible. « Nous étions beaucoup à penser que notre passé colonial nous jetterait naturellement dans les bras les uns des autres, mais en assassinant brutalement quatre ambassadeurs, le Pontarbello nous a montré que cette fraternité était loin d’être acquise. »

Si les chefs d’Etat ont rapidement pris acte de l’apparition sur la scène internationale d’un Etat terroriste, pour les intellectuels, penseurs et artistes Listoniens et ex-Listoniens, le coup est plus difficile à encaisser. Beaucoup avaient fondé de grands espoirs sur le mouvement décolonial qui touchait l’Empire depuis presque deux ans et n’est à ce jour toujours pas achevé. Inédit dans son ampleur, il laissait espérer l’avènement de valeurs post-coloniales et anti-impérialistes à travers le monde grâce à l’émergence d’une avant-garde libérale et démocrate.
Mais s’émanciper d’un Empire ne présuppose en rien la qualité du régime amené à le remplacer, voici la dure leçon qu’a enseigné le Pontarbello aux Listoniens.

« Nous pensions à un mouvement un peu mécanique de l’histoire, il y avait quelque chose de positiviste chez nous, je sais que cela peut sembler un peu archaïque mais quand vous avez vécu toute votre vie sous l’autorité féodale de Listonia, croyez-moi le progrès n’est pas un mot creux. Finalement il faut reconnaître que la décolonisation peut aussi bien être une grande avancée qu’une régression. »

En toile de fond de ces réflexions se dessine la théorie « des deux chemins » qui renvoie dos à dos progrès et réaction.

« L’Empire Listonien est littéralement une force conservatrice : elle veut maintenir le statu quo, préserver l’ordre dans ses possessions, par la force si nécessaire. Face à cette puissance conservatrice, il y a deux outils pour combattre : le progrès, ou la réaction. Le progrès émancipe, la réaction échange une force brutale contre une autre, concurrente. Je ne dis pas que l’un ou l’autre de ces outils est meilleur ou plus efficace, il faut simplement acter qu’il existe deux chemins et que tout le mouvement décolonial doit en avoir conscience si nous ne voulons pas répéter les erreurs commises au Pontarbello. »
En raison du caractère spectaculaire et très actuels des processus de décolonisation engagés dans l’Empire Listonien, ces-derniers ont bénéficié d’une grande attention médiatique et sont, depuis deux ans, scrutés à la loupe par les journalistes et chercheurs du monde entier.
A l’origine de la théorie « des deux chemins », il y a l’analyse comparée de la trajectoire de plusieurs territoires aujourd’hui totalement indépendants vis-à-vis de l’Empire.

D’un côté, le cas canonique de la République Hafenoise illustre parfaitement « un chemin » : celui de l’indépendance par la volonté populaire et sa réalisation grâce à un processus démocratique non-violent. On se souvient que lorsque certains groupuscules révolutionnaires avaient essayé de prendre le pouvoir à Port-Hafen en se servant de l’indépendance comme prétexte, le maire de la ville, monsieur José Esteban, avait mis le holà à ces manifestations sécessionnistes et imposé la tenue d’un referendum afin de laisser le peuple décider souverainement de son avenir.
Un pari réussi puisque les Hafenois ont voté massivement pour l’indépendance de leur territoire, qui s’est donc déroulée sans aucune effusion de sang, et avec l’aide de la communauté internationale. En Aleucie, plusieurs pays frontaliers tels que la République de Saint-Marquise et le Reynaume Aumérinois ont ainsi apporté leur soutien politique et économique à la jeune République Hafenoise, lui permettant de survivre à la coupure brutale des relations avec sa métropole.

Aujourd’hui, Port-Hafen est parfaitement intégré au tissu économique de sa région, bénéficie de la protection de plusieurs nations et participe pleinement aux prises de décision des instances continentales. En multipliant les protecteurs, à l’instar de la Commune de Kotios, la République Hafenoise a su préserver sa souveraineté aussi bien économique que politique et fait figure de modèle à suivre pour la plupart des partis indépendantistes non-révolutionnaires.

Pour ceux qui, au contraire, n’envisagent la décolonisation que comme une part de la lutte des classes, c’est l’indépendance de Jadida qui est plus généralement convoqué en exemple. Suite à la rupture des communications entre Listonia et ses colonies, Jadida a dû rapidement apprendre à composer avec cette nouvelle donne en s’engageant sur le chemin de l’autonomie et en nouant des liens avec les territoires frontaliers, à commencer par celui de la République directe de Banairah. Un parti indépendantiste a vu le jour et proposé un projet politique à la population dont il a finalement obtenu l’adhésion.
Toutefois, contrairement à Port-Hafen, les autorités impériales de Jadida ont refusé de laisser leur destin aux mains du peuple par la mise en place d’un referendum d’autonomie. Dans une impasse, les indépendantistes de Jadida ont donc été contraints de faire fuir le gouvernement colonial pour restaurer un minimum de souveraineté populaire. Ce renversement du pouvoir s’est fait dans la violence mais sans effusions de sang majeures. Aujourd’hui, Jadida a adopté le modèle communal révolutionnaire qui place le peuple au centre du jeu politique grâce à des processus de vote et de consultation populaire. Le soutien rapide et affiché des grandes puissances régionales a permis à Jadida de conserver l’indépendance et la souveraineté qu’elle venait de conquérir.

Plus en phase avec les ambitions révolutionnaires d’inspirations communaliste et socialiste, le cas de Jadida fait lui aussi figure de modèle pour les mouvements indépendantistes et décoloniaux à travers le monde.

Avec Jadida et Port-Hafen, la communauté internationale a pu observer deux situations prototypiques d’indépendances réussies, tendant vers plus de démocratie, de souveraineté populaire et de libertés individuelles face à un Empire Listonien au fonctionnement encore d’inspiration féodale.


Comparé à ces deux territoires, le cas du Pontarbello apparaît alors comme un contre-modèle évident.

Arrivée à la tête du gouvernement grâce à un coup d’Etat militaire, on aurait pu espérer que la junte décide après sa victoire de rompre avec la tradition de féodalité listonienne en mettant en place un processus constituant pour rendre le pouvoir au peuple, grâce à l’usage de la démocratie. Il n’en fut rien, ce qui ne manqua pas, déjà à l’époque, d’inquiéter certains observateurs internationaux.
Tout au long des mois qui suivirent son arrivée au pouvoir, la junte s’activa à renforcer son emprise sur ce nouveau territoire qu’elle ne contrôlait que très superficiellement, faute de pouvoir s’appuyer sur une véritable force militaire autonome. Elle eut alors recours au mercenariat, allant jusqu’à se transformer rapidement en Etat client, dont la légitimité ne tenait qu’à sa capacité à maintenir la paix sociale par la violence et parce qu’elle avait recours à l’achat d’armes aux industries Benca, triste visage du complexe militaro-industriel Alguarenos.

A noter que si la République de Saint-Marquise ou le Banairah travaillèrent chacun activement pour accompagner les colonies indépendantes dans leurs processus d’émancipation démocratique, il est notable d’observer que l’Alguarena préféra cyniquement maintenir à sa frontière ce qui, dans les années qui suivirent, aller devenir un véritable Etat terroriste.
Peu dupe de la situation, la communauté internationale s’émue d’ailleurs assez peu de cette « indépendance » aux airs de chaises musicales pour dictateurs, et contrairement à Port-Hafen qui fut reconnu par un grand nombre de nations et reçu la visite de plusieurs chefs d’Etat, ou de Jadida qui put bénéficier de la reconnaissance des principaux acteurs politiques régionaux, seule l’Alguarena reconnu à l’époque le Pontarbello. Ni le Grand Kah, ni l’Izcalie, ni la République Copabaricienne ni aucune nation d’Aleucie ne considéra ce petit territoire comme autre chose qu’une scorie dictatoriale, confirmant que sa légitimité politique ne tenait qu’à la force brute.

Toutefois, il faut se replacer dans le contexte des années 2007-2008 et reconnaître qu’alors la situation dans l’Empire Listonien était particulièrement confuse. C’est pour cette raison, et faisant acte de foi, que plusieurs territoires et ex-territoires impériaux, récemment indépendants ou en phase de l’être, décidèrent d’envoyer au Pontarbello leurs ambassadeurs, afin d’initier un dialogue déjà entamé entre eux, et inclure tous les territoires Listoniens indépendants sans présupposer de leur capacité à s’intégrer à la communauté internationale.

La suite, nous la connaissons. Une colonne de véhicules ouvre le feu sur les ambassadeurs, tuant plusieurs civils désarmés alors que ces-derniers avaient manifesté explicitement leur intention d’engager des pourparlers.

Un crime de guerre authentique, filmé de plein pied, qui a valu au Pontarbello d’être immédiatement rangé parmi les territoires terroristes, ce-dernier étant incapable de mettre en place une diplomatie internationale avec d’autres nations que ses maîtres.


C’est de cette comparaison que naît la théorie « des deux chemins ».

Indiscutablement, la République Hafenoise, Jadida ou le Pontarbello sont aujourd’hui des territoires indépendants de l’Empire Listonien.
La chose est à nuancer pour le Shibh Jazirat Alriyh qui est toujours sous autorité impériale, Albigärk qui fut rétrocédée ou Porto Mundo qui a choisi d’adopter le statut de port-libre du Syndikaali – un système politique spécifique à la région du Détroit qui permet à des territoires politiquement indépendants de se placer sous la protection militaire du Pharois en intégrant son système fédéral. Chacun de ces trois territoires présente des spécificités particulières liées à son histoire, d’où le fait de ne nous concentrer dans notre analyse que sur les trois pays précédemment décrits.

Puisque indépendants, République Hafenoise, la Commune Révolutionnaire Constituante de Jadida et le Pontarbello peuvent chacun à leur manière servir d’exemple pour les partis indépendantistes cherchant eux-aussi à acquérir leur souveraineté. Une situation qu’ont parfaitement compris les ex-colonies Listoniennes et dont le maire de Port-Hafen, monsieur José Esteban, compte bien se servir pour faire entendre sa voix au sein de la communauté internationale, malgré son statut de micro-nation.

Le cas d’Albigärk mis à part, qui n’obtint l’autonomie que grâce à la pression militaire du Syndikaali pour lui rendre son indépendance, la République Hafenoise est la première nation post-coloniale listonienne à avoir acquis son indépendance par elle-même et pour elle-même. Une primauté qui lui donne un statut très particulier auprès des mouvements indépendantistes du monde entier et dont son Président a déjà usé pour apporter son soutien à plusieurs initiatives décoloniales, telle que celle de Porto Mundo ou du Shibh Jazirat Alriyh.


Mais José Esteban ne semble pas vouloir s’en tenir à si bon compte et rehaussé de l’amitié Saint-Marquoise et Pharoise, il entend désormais jouer un rôle plus actif dans la décolonisation listonienne.

« Pour ceux qui rêvent d’indépendance » a-t-il ainsi commencé son discours face aux caméras de la presse internationale amassées devant son hôtel de ville « il n’y a que deux destins possibles : la liberté, ou une nouvelle soumission, plus terrible encore. »

Dans la ligne de mire du maire de Port-Hafen, le Pontarbello et sa vassalisation aux Îles Fédérées de l’Alguarena, qui en ont fait un sordide pantin grâce à la pression militaire qu’elles exercent sur ce petit territoire aleucien.

« Quand donc les Pontarbellois ont-ils été consultés ? Et s’ils l’avaient été, qu’auraient-ils pu choisir entre le fouet de l’Empire et les fusils de la junte ? Ceux qui un jour levèrent les yeux vers les étoiles et purent prononcer le doux nom de liberté, ceux-là reposent aujourd’hui dans les fausses communes de la dictature. »
Mais José Esteban ne semble pas souhaiter se cantonner au rôle de dénonciateur dans le vent. Fort de son aura à l’internationale et chez les Listoniens en tant que président du premier territoire à avoir acquis son indépendance, soutenu par le Pharois Syndikaali et la République de Saint-Marquise, deux nations connues pour la force de leur réseau diplomatique, José Esteban a promis de ne pas « se laisser reproduire le drame pontarbellois » et de « lutter de toutes [ses] forces contre la tentation terroriste ».

Mais quels moyens pour de telles ambitions ? Celle de former, avec les autres colonies listoniennes, une ligue politique, capable de s’exprimer d’une seule voix sur les question de colonialisme, et de peser diplomatiquement sur les grandes nations du monde pour encourager et accompagner « le chemin de l’émancipation par la démocratie ».

José Esteban le reconnaît lui-même : « le Pontarbello a été un électrochoc, nous réalisons que si ils sont laissés à eux-mêmes, les mouvements de libération nationale peuvent tomber sous la coupe de nations voyous et prendre des formes de régimes parfois pires encore que celui de l’Empire Listonien. »

Conscient que les choses sont difficiles au Pontarbello, José Esteban a tout de même souhaité adresser des mots réconfortants à ceux qui, il y a encore deux ans, étaient ses compatriotes :

« Nous ne vous oublions pas. Nous savons qu’un même sang nous rapproche, une même culture, une même langue, dans sa diversité, mais aussi dans ses similitudes qui nous imposent aujourd’hui une fraternité commune. Comme nous, vous avez rêvé de liberté, d’émancipation et pour vous, le rêve s’est transformé en cauchemar. L’étau froid de l’oppression que vous avez combattu s’est refermé encore plus durement sur vous et dans cette marmite plombée, le soleil peine à passer.

Mais il brille, ce soleil ! N’en doutez jamais ! Par-delà le couvercle noir, par-delà la peur, la servitude, il brille et nous pouvons en attester car pour nous, oui, il brille bel et bien. Notre vœu le plus cher est à présent de pouvoir partager avec vous, vous qui fûtes nos compatriotes hier et être aujourd’hui toujours nos frères, nous voulons partager le bonheur de ce soleil qu’on appelle liberté, et qui est nécessaire aux hommes pour vivre.

Ne perdez pas espoirs, Pontarbellois, ne perdez jamais espoir. Une bataille perdue, peut-être oui, mais la guerre, elle, ne cesse jamais qu’une fois la victoire remportée. Cette liberté, cette joie, vous y goûterez aussi, pourvu que vous teniez bon et lorsque le couvercle noir tombera, lorsque dans le grincement sinistre de sa chute le soleil de nouveau apparaîtra, nous serons là, prêts à vous tendre la main et à partager avec vous cette joie authentique, cette joie conquise contre l’oppresseur. Tous les oppresseurs. »

Un discours qui marquera l’histoire, pour de nombreux observateurs internationaux, et qui inaugure une nouvelle phase du décolonialisme que certains politologues qualifient déjà de « tardive ». Alors qu’il parvenait à la fin de son discours, monsieur José Esteban a assuré qu’il engagerait dès cette après-midi un processus de rapprochement diplomatique avec tous les gouvernements et partis indépendantistes de l’Empire.
Si les ambitions de ce rapprochement se confinent pour l’heure à la seule sphère listonienne, un conseiller municipal nous a confirmé que José Esteban ne comptait pas s’arrêter là et souhaitait constituer une force politique capable de soutenir toutes les ambitions décoloniales à travers le monde, sans distinction de colonisateur.

« En tant qu’homme politique engagé dans ce mouvement, je pense avoir une responsabilité dans la tournure des événements du Pontarbello. Nous aurions pu apporter notre aide, notre soutien, envoyer des observateurs. Au lieu de quoi nous avons laissé ce régime terroriste s’installer et si j’espère que tout cela finira bien, je ne peux qu’appréhender les souffrances que devront subir d’ici là les Pontarbellois. » déclare Esteban ensuite, face aux questions des journalistes.
Cette prise de position, très médiatisée, en se posant comme un contre-modèle au Pontarbello, achève d’ostraciser ce-dernier déjà particulièrement isolé sur la scène internationale. La nature terroriste du régime et les preuves de crimes de guerre apportées contre lui le place mécaniquement au ban des nations et monsieur José Esteban entend personnellement dénoncer de toute ses forces le caractère criminel du gouvernement en place.

« Comme beaucoup à Port-Hafen, je pleure la perte d’un ami qui m’était cher, monsieur Arthuro Leon, notre ambassadeur. C’était un homme admirable, très érudit et attaché aux enjeux décoloniaux, il espérait porter la parole des Listoniens libérés et c’est pourquoi il s’est porté tout de suite volontaire pour représenter la République Hafenoise au Pontarbello. Sa mort est un véritable drame, il a été tué pour ses idées, pour ses valeurs. Voilà pourquoi il est particulièrement important, aujourd’hui, de rappeler notre attachement à la liberté, à la démocratie, à la fraternité, contre ceux qui pensent être en mesure de nous intimider. »

Sans doute préalablement informés des ambitions d’Esteban, les autres territoires indépendants de l’Empire Listonien n’ont pas tardé à réagir au discours du Président.

A Porto Mundo, le maire Edmundo Estrella qui devait suivre en direct le discours de son homologue, s’est immédiatement mis en scène au téléphone où il répondait favorablement à la proposition de se rencontrer avec José Esteban.
Interrogé sur la présence du Gouverneur O Prefeito, José Esteban a expliqué « ne pas vouloir parler au nom de Son Excellence » sachant que la situation au Shibh Jazirat Alriyh pouvait le mettre dans une position difficile vis-à-vis de l’Empire dont l’indépendance n’est pas actée, malgré le soutien de sa voisine althaljir en faveur d’un tel processus.
Enfin, la Commune d’Albigärk a annoncé mettre préparer immédiatement la tenue d’une Assemblée Générale afin de discuter de son engagement dans l’action décoloniale.

Si donc les ambitions d’Esteban semblent prometteuses, une dernière inconnue demeure : quelle légitimité accorder à certains acteurs décoloniaux lorsque plusieurs prétendent au titre sur un même territoire ?
La question du Kodeda est rapidement arrivée dans la conversation, plusieurs journalistes souhaitant connaître la position de José Esteban vis-à-vis du clan Saadin ou du PIK. A cela, le Président de la République a expliqué qu’il ne pouvait prendre au sérieux que des mouvements se réclamant explicitement de la démocratie et de la liberté :

« Le cas du Pontarbello est édifiant, je sais que dans les premières heures du décolonialisme, beaucoup d’intellectuels ont insisté sur l’importance de ne pas faire preuve d’une forme de nouvel impérialisme idéologique, en imposant un modèle eurysien à des territoires qui, historiquement, n’ont jamais été favorables à nos systèmes politiques modernes. Mais je crois que ces précautions se heurtent aux faits : si nous n’insistons pas sur l’importance de nos valeurs dans le processus de décolonisation, nous risquons de troquer un tyran pour un autre. Tous les Listoniens ont droit à la liberté et je crois, parce que je m’inscris dans la tradition humaniste, que nous aspirons tous à un socle commun de droits fondamentaux.
Je peux comprendre l’importance donnée à la tradition, et je ne suis pas le dernier à mettre en avant les spécificités culturelles hafenoises, mais je ne peux pas engager le dialogue avec quelqu’un qui ne me donnerait pas les garanties suffisantes que le projet qu’il défend permettra à mes compatriotes de ne plus être asservis.

Voilà pourquoi j’assume avoir parlé récemment avec plusieurs représentants du PIK et grâce aux renseignements d’observateurs internationaux respectables au Kodeda, dont le Pharois Syndikaali, l’Athalj ou encore la Sérénissime de Fortuna, il m’apparaît aujourd’hui que le PIK est le seul parti véritablement de libération nationale au Kodeda. Ses représentants seront donc officiellement conviés à notre rencontre. »

Une prise de position qui n’était pas forcément évidente, ni facile à prendre, mais qui a le mérite d’affirmer très clairement les ambitions et les exigences du mouvement décolonial listonien. José Esteban ne cache donc pas sa conscience de devoir s’exprimer avec fermeté auprès de la communauté internationale, sur des questions pourtant hautement sensibles.
Si certains y ont vu « la carrure d’un chef d’Etat », d’autres journalistes se sont inquiétés qu’en exprimant dès maintenant son soutien à tels partis plutôt que d’autres, le mouvement décolonial ne se retrouve divisé en cas de défaite de ces-derniers.

« Divisé, nous le sommes déjà, le Pontarbello l’a prouvé. » commente Orlando Pesao, le poète. « Maintenant il faut agir. »


La question pharoise, moins innocente qu'il n'y parait.

Enfin, la question pharoise a naturellement été abordée, le journaliste interrogeant le maire à ce sujet a d’ailleurs tenu à souligner un potentiel conflit d’intérêt, les forces militaires du Syndikaali se trouvant en territoire hafenois – à leur invitation cependant.
A cette question, José Esteban a assuré renouveler sa confiance au gouvernement Pharois « un allié précieux aujourd’hui comme hier, pour tous ceux qui rêvent d’émancipation. »

Loin de se cantonner à un banal rapport de force, l’enjeu de la présence pharoise dans les colonies listoniennes est en effet très sérieusement abordée par les experts et commentateurs internationaux. Cette dernière est en effet paradoxal : tous les territoires coloniaux listoniens se sont vu, en 2007, doté d’une base pharoise, plus ou moins développée, mais comptant a minima une cinquantaine de militaires pour tenir le drapeau. Tout mouvement indépendantiste doit donc composer avec une présence étrangère sur son territoire, présence notoirement connue pour son attachement aux valeurs libertaires et décoloniales.
Pour autant, les Pharois ne sont jamais intervenus militairement sur les territoires sécessionistes. Port-Hafen a eu recourt à un referendum, Porto Mundo également, Albigärk a été rétrocédée avant la signature du pacte de Fraternité, Jadida s’est contenté d’ignorer les forces pharoises sur place et le Pontarbello a fait son coup d’Etat dans son coin.

Le Syndikaali n’est donc, a première vue, pas une force émancipatrice active sur laquelle un mouvement révolutionnaire armé pourrait s’appuyer et pour cause : officiellement Pharois et Listoniens sont alliés. C’est d’ailleurs au nom de cette alliance que le Syndikaali a apporté son aide aux populations listoniennes lorsque celles-ci se sont trouvées isolées brutalement de la métropole en 2007.

Le paradoxe est là : si le Syndikaali n’est jamais intervenu militairement pour « libérer » un territoire, il a toutefois permis à un grand nombre de ces-derniers de survivre malgré la rupture des liens avec Listonia. Une action coûteuse mais loin d’être anodine puisqu’en plus de renforcer la confiance des Listoniens envers les Pharois, elle a permis de créer les conditions de l’indépendance, sans pour autant y pousser. Ainsi, c’est parce que Port-Hafen a réalisé que son intégration au sein des sphères économiques saint-marquoise lui était tout aussi profitable sinon plus que d’appartenir à l’Empire qu’on commencé à rapidement apparaître des mouvements indépendantistes.
Un cas proche de celui de Porto Mundo qui a compris l’intérêt d’intégrer le système fédéral pharois particulièrement permissif, plutôt que de continuer à suivre la politique protectionniste de l’Empire qui le rendait peu concurrentiel face aux autres port-libres du Détroit.
Bien qu’il ne soit pas indépendant, le Shibh Jazirat Alriyh suit une chemin similaire : l’intervention pharoise et althaljir dans l’économie de la province et leur présence militaire ont permis au Gouverneur Paolo O Prefeito de prendre des initiatives politiques qui lui auraient valu une destitution voire une arrestation s’il s’était trouvé seul face aux autorités impériales.

La présence pharoise est donc un vecteur d’émancipation, plus qu’un acteur. On ne peut dire que le Syndikaali ait pris politiquement une part active dans l’indépendance des colonies, mais il est incontestable que sans lui, ces-dernières auraient connu un destin beaucoup plus complexe et sans doute sanglant.
Au regard de cette analyse, la situation au Pontarbello nous apparaît sous un jour plus clair : en choisissant de constituer le Syndikaali comme un ennemi plutôt qu’un allié, les indépendantistes pontarbellois n’ont eut d’autres choix que d’avoir recours des moyens plus violents pour asseoir leur légitimité sur le territoire. Se vendre à des compagnies de mercenaire et imposer un gouvernement par la force brute ont été des solutions logiques pour une junte en mal de légitimité.

Ainsi, la théorie « des deux chemins » prend une dimension plus matérialiste. Il s’agit moins de valeurs que de conditions matérielles de libération. Port-Hafen, Jadida, Porto Mundo ou le Shibh Jazirat Alriyh ont tous eut recours, à divers degrés, au réseau diplomatique pharois qui les a mis en lien avec des acteurs régionaux afin de faciliter leur survie, une fois coupés de la métropole. Le Syndikaali, dès la chute de Listonia, a fait parvenir des vivres et des produits de première nécessité, mais conscient qu’il ne pouvait supporter seul le poids d’un Empire croulant, a travaillé dès les premières semaines avec les nations frontalières pour permettre aux colonies de survivre le temps qu’un nouvel ordre international se mette en place.
Le seul territoire à avoir choisi de ne pas mobiliser ce réseau, privé des conditions matérielles de sa survie, a donc été contraint de se vassaliser à son voisin immédiat, l’Alguarena, en devenant un Etat client.

Fort de ce constat, plusieurs commentateurs se sont amusés à parler, pour la théorie « des deux chemins » de modèle miroir « Alguareno-Pharois ». Vous avez le choix entre la junte militaire avec l’Alguarena, ou la démocratie avec le Syndikaali.
Une opposition certainement un peu trop binaire et qui ne prend pas en compte la complexité de chaque situation, mais qui a le mérite d’être simple à comprendre, et facile à médiatiser. Il faut dire que l’escarmouche opposant les forces Kah-Tanaises, nation connue pour son démocratisme, à celles de l’Alguarena autour du Pontarbello trouve une lecture assez amère au regard des derniers événements survenus chez ce-dernier.
Si la victoire de l’aviation des Îles Fédérées a pu être présentée comme quelque chose de positif à l’époque, à présent que le Pontarbello se révèle être devenu un Etat terroriste, plusieurs commentateurs internationaux revoient leurs copies et commencent à se demander si une victoire Kah-Tanaise n’aurait pas été préférable.

« L’Alguarena a protégé le régime du Pontarbello et celui-ci est maintenant gouverné par une junte militaire qui assassine des civils et des ambassadeurs. On est en droit de se demander à quel jeu jouent les Îles Fédérées et si le gouvernement d’Aserjuco n’a pas cyniquement préféré soutenir des criminels à sa botte qu’une démocratie qui aurait risqué de se rebiffer. »
L’Alguarena, vecteur de dictature ?
Le Syndikaali, porteur de démocratie ?


Quand on voit le destin de la Commune de Kotios ou de celle d’Albigärk, comparé au Pontarbello, on est en droit de le croire, d’autant que c’est précisément à Kotios que les forces pharoises et kah-tanaises ont mis fin à un coup d’Etat fasciste avec succès. Une opération que les Kah-Tanais ont sans doute voulu renouveler au Pontarbello et empêché par l’Alguarena.

Il y a donc matière à faire cogiter les libéraux du monde entier qui voyaient sans doute dans l’Alguarena et son appartenance à l’ONC un champion des valeurs du libre marché, marché économique mais aussi des idées et un vecteur de démocratie libérale. Les faits semblent désormais plus complexe et l’Alguarena apparaît moins comme une démocratie morale que comme une nation cynique, prête à toutes les compromissions pourvu que les gouvernements qui en sortent soient à sa botte.

Portée par des faits objectifs et ruminée dans les cercles de penseurs décoloniaux et libéraux, la théorie des « deux chemins » dessine un futur complexe pour le monde, où les forces de la liberté s’opposeront vraisemblablement à celles de l’oppression et de la dictature.
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19 juin 2009 - CONFIDENTIEL - Soucieuse de préserver la paix au Pontarbello, la Fédération d’Alguarena semble solliciter le transfert de prisonniers pharois sur son sol en vue de garantir la médiation.

Vers un transfert de prisonniers?
Des prisonniers pharois sur le sol alguareno? Une idée du renseignement fédéral pour contraindre pharois et pontarbellois à la négociation.

Dans le cadre des tensions débutées entre le Pharois Syndikaali et le Pontarbello, occasionnant plusieurs morts et de nombreux prisonniers, les autorités fédérales d’Alguarena s’entendent à dire qu’un risque subsiste en ce qui concerne un nouvel affrontement armé entre les deux pays. Soucieuse de le prévenir, la Fédération d’Alguarena voudrait proposer aux autorités pontarbelloises le transfert desdits prisonniers sur son sol pour contraindre les parties à la négociation.

“La surveillance et la protection des détenus restent à la charge des autorités pontarbelloises, mais nos services s’accordent à placer les prisonniers dans une zone susceptible de les soustraire à une surenchère militaire. Ainsi il nous sera possible de contraindre Pharois et pontarbellois à négocier” expliquait le général d’armée Caïtano Lossada, figure emblématique de l’état-major fédéral d’Alguarena, lors d’une réunion du conseil de Défense. “La Fédération d’Alguarena a les moyens de forcer les autorités pharoises et pontarbelloises à négocier, dans l’intérêt du plus grand nombre, rien à ce jour nous incite à laisser passer notre chance.”

Quarante soldats pharois et quatre personnalités militaires de même nationalité présentes dans le camp lors de la tentative de sécession pharoise, cela fait un nombre conséquent de personnes concernées par ce possible transfert de prisonniers. Alors que l’organisation d’un tribunal militaire se poursuit au Pontarbello, ce transfert de prisonniers pourrait en réalité donner le temps au Pontarbello de préparer les instances du jugement qu’il souhaite mettre en place.

La Fédération d’Alguarena, partie prenante de premier plan en tout ce qui a trait à l’actualité d’Aleucie et de Paltoterra, pouvait difficilement manquer les affrontements armés opposant sous sa fenêtre, les forces pharoises et pontarbelloises. Considérant la capture de prisonniers et leur probable future exécution par l’état-major du Général Leopoldo Sapateiro, la Fédération d’Alguarena se laisse, par ce geste, l’opportunité de limiter les pertes humaines, en concédant le transfert de prisonniers de guerre pharois vers son archipel. Une chance pour les alguarenos, l’identité des prisonniers leur est encore inconnue à ce jour, si bien qu’elles n’auront pas à leur charge de fournir des nouvelles aux proches dans le cas où leur venue dans l’archipel alguareno serait de notoriété publique.

“Ils sont déjà morts” concède le général Caïtano Lossada, “importe désormais de savoir s’ils vont mourir des mains d’un tribunal militaire ou dans de nouveaux combats meurtriers. Notre choix s’est définitivement arrêté sur la première option, un transfert de ces énergumènes chez nous s’impose en ce cas…”

Opposés aux forces de l’ANPL et responsables de la mort de quatre soldats pontarbellois engagés dans l’assaut, il est en effet plus que probable que les autorités totalitaristes du Pontarbello souhaitent faire payer du prix le plus cher, les auteurs de ces crimes que d’aucun sur place n’hésite plus à qualifier d’actes de rébellion. Il nous importe de rappeler qu’au Pontarbello, la peine de mort sanctionne encore les crimes les plus graves, auxquels sont justement associés les actes de rébellion et d’homicides volontaires sur les représentants de l‘ordre public. Reste à savoir si ces prisonniers seront jugés au titre du droit commun ou face à un tribunal militaire mais les premiers éléments en notre possession semblent définitivement pencher à la faveur du second.
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Et soudain, la fête est finie

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Depuis les îles polaires de l’océan du nord, ces froides contrées eurysiennes, là où le soleil ne brille que six mois par ans, la machine de propagande pharoise s’est mise en branle. Forte de son expérience de déstabilisation sur de nombreux théâtres, Kotios, Vogimska, Prodnov, Jadis, Port-Hafen, Shibh Jazirat Alriyh, Empire Latin Francisquien, la C.A.R.P.E. entend souffler le chaud et le froid sur le Pontarbello. Comme l’ont souligné plusieurs spécialistes, elle bénéficie pour cet exercice d’un grand nombre d’avantages, parfois quelque peu contre-intuitifs.

Le premier d’entre eux est sa capacité à appuyer sa propagande sur la langue et la culture partagée entre le petit Etat pontarbellois et plusieurs de ses alliés. Si le Pontarbello pensait pouvoir offrir un contre-modèle culturel face à la machine de guerre pharoise, c’était sans doute en oubliant que la démographie et l’expertise ne sont pas en sa faveur. Caprice Coaste, Porto Mundo, Albigärk, sans oublier les autres colonies listoniennes et la proximité qu’entretiennent les Pharois avec l’Empire, le Syndikaali peut compter sur plusieurs millions de citoyens de culture listonienne et de langue lusophone. En face, le Pontarbello aligne péniblement un million cinq habitants, et un appareil de diffusion culturelle complétement passé à la trappe en comparaison des dépenses militaires engagées par la dictature depuis son arrivée au pouvoir [ndlt : aucune usine culturelle pontarbelloise].

Plus dangereux encore pour le Pontarbello, l’expertise albienne, ressuscitée dans les grandes universités de psychologie, anthropologie, communication et autres disciplines particulièrement utiles pour la propagande, peut s’appuyer sur une large population pharo-listonienne, dépassant à elle seule l’ensemble des habitants du Pontarbello et particulièrement active et militante, étant en grande partie composée d'étudiants.
Le monde est entrée dans l’ère internet et faute d’avoir mis en place des dispositifs de filtrage de l’information – la dictature en a-t-elle seulement les moyens ? – la propagande anti-régime a le champ libre pour se déployer. Face à elle, les mégaphones militaires et allocutions télévisées du général Leopoldo Sapateiro rabâchent des messages nationalistes et virilistes qui peinent à se renouveler.

Des angles morts dans la propagande pontarbelloise, dont le Syndikaali compte bien se servir pour mener son offensive de soft power, une attaque qu’aucun radar, aussi moderne soit-il, ne peut réellement mesurer…


Forte de son expérience, la C.A.R.P.E. entend faire feu de tout bois pour déstabiliser le régime de Santialche
« La piraterie, c’est avant tout un opportunisme » dit une phrase célèbre au Syndikaali. Une maxime astucieuse qui trouve son sens au regard des pratiques des services secrets pharois : tout est bon, tout est à prendre, il en sortira forcément quelque chose.

Forums, réseaux sociaux, groupes de parole, de réflexion, newsletters, blogs, discussion de bar, toute l’infrastructure économique et sociale héritée de l’ancien Empire, dont le Syndikaali a une parfaite connaissance grâce à son expérience dans les colonies et la collaboration des autorités listoniennes, est mise à contribution pour relayer un doute. Un simple mais terrible doute : et si le régime de Santialche avait failli ? Et si l’indépendance était factice ?

Cela peut sembler difficile à croire, au regard de la situation actuelle du Pontarbello, mais dans les premiers moments du projet indépendantiste, construit en se comparant à la trajectoire de la République Hafenoise qui s’émancipait de l’Empire grâce au referendum, les forces pontarbelloises pro-décolonisation rêvaient d’autonomie. Autonomie politique, et autonomie commerciale surtout, des ambitions qui désormais contrastent cruellement avec le devenir réel du Pontarbello. Le tableau est volontairement sombre, mais réaliste : Etat client, totalement dépendant et soumis à la présence de mercenaires Alguarenos, la junte militaire pratiquant la terreur et légitimant son pouvoir grâce à des crimes de guerre, le projet nationaliste pontarbellois a assurément du plomb dans l’aile et les lendemains qui chantent semblent s’éloigner un peu plus chaque jour.

Il faut dire qu’outre les génuflexions désormais devenues quasi quotidiennes de son chef d’Etat qui se met en scène, tout sourire, aux côtés de agents de l’Alguarena, la proximité politique et linguistique avec les Îles Fédérées n’a pas que des avantages. En comparaison du marasme culturel Pontarbellois, le poids de la culture alguarenos est écrasant et menace de manière très concrète l’identité listonienne et aleucienne du territoire. Un situation qui ne poserait pas forcément problème si le gouvernement de Santialche n’avait cessé de mettre en avant les valeurs nationalistes dans sa communication, provoquant progressivement une dissonance évidente entre un discours martiale et ferme vis-à-vis de la souveraineté pontarbelloise, et le constat empirique de la domination de l’Alguarena. Car contrairement à ce qu’une idée un peu grossière pourrait faire penser, la culture listonienne n’est pas similaire à celle de l’Alguarena. Héritée du système féodale, nobiliaire, c’est une société très hiérarchisée et croyante qui s’est construit sous la domination de l’Empire. Certes les langues sont proches, au point qu’un Listonien comprendra globalement ce que dit un Alaguareno, mais ils n’ont en commun ni leur histoire, ni leur culture politique et quand deux forces se rencontrent, le risque de la prédation est grand.

Bien sûr l’Alguarena a pour elle un modèle fédéral qui l’a habitué à faire cohabiter des langues et cultures très différentes sur un même territoire, mais les Listoniens, eux, n’ont pas ces réflexes. D’ailleurs il n’a jamais été question d’intégrer les Îles Fédérées, pour le Pontarbello, et ses habitants sont donc en droit d’attendre que soient défendues leurs particularismes ! Or la junte, concentrée sur les investissements militaires et ouvrant littéralement ses portes aux agents d’Aserjuco, ne semble rien faire pour valoriser et protéger les spécificités de la culture listonienne et autochtone. Dans ces conditions, pour le peuple biberonné aux valeurs nationalistes par son gouvernement, difficile de voir le géant voisin comme autre chose qu’une menace, ou a minima un objet de méfiance. Les discours patriotiques du Général Leopoldo Sapateiro pourraient donc finir par se retourner contre lui, tant les promesses qui avaient valu le soutien populaire au mouvement indépendantiste tardent à se concrétiser.

Pour l’heure, toutefois, la junte tient la société par les couilles et il est assez peu probable que celle-ci lâche le pouvoir au nom de valeurs aussi futiles que « tenir ses engagements » ou « incarner une certaine cohérence politique ». Mais le Syndikaali n’a pas pour ambition de décapiter le Pontarbello, non, il désire tout simplement glisser un grain de sable dans la machine.

Le Capitaine Ilmarinen, mystérieux mais médiatique directeur de la C.A.R.P.E. s’était exprimé de manière générale sur le modèle Pharois et la spécificité de son mode de gouvernance libertaire par rapport à des sociétés plus hiérarchisées. Il peut être utile de réécouter une partie de son interview de 1999, pour le Journal de Pharot :

« On s’imagine souvent qu’une société pyramidale, très dure, est aussi très forte. Les hommes politiques pensent la gouvernance à travers le prisme de l’Etat, depuis le haut : pour eux un état solide, qui tient fermement le pays, avec des moyens répressifs efficaces ou de nombreux leviers d’actions politiques, c’est un outil très efficace pour exercer le pouvoir.

Je pense qu’ils se trompent. Ou en tout cas, qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils manient une arme à double-tranchant. Plus une société est ferme, moins elle est résiliente. Ceux qui se tiennent en haut de la pyramide n’ont qu’une vue très limitée du monde, et bien souvent ils ignorent sur quelle base ils sont assis. Or, tout le monde a déjà joué à ce jeu, avec les morceaux de bois qu’on empile, non ? Une structure pyramidale, il suffit d’enlever un seul élément de la base, et tout s’écroule. Vous savez j’ai… il y a cette comparaison qui me vient en tête, dans le béton parfois il y a des fissures, toutes petites et parfois, une graine se glisse dans la fissure et une plante va commencer à pousser. A ce moment-là, quelle que soit la force du mur, il finit par s’écrouler avec le temps.

C’est pour cette raison qu’un pays comme le Syndikaali, où le pouvoir est extrêmement diffus voire insaisissable, présente certes beaucoup d’angles d’attaque, mais est aussi très résiliant. Je considère le Syndikaali comme un jardin où toutes les graines peuvent pousser. Cela créé du bazar, c’est certain, mais au moins il n’y a pas de mur à faire s’effondrer. Sans institutions centralisatrices, il n’y a tout simplement rien à abattre, et ceux qui nous veulent du mal ne savent pas où tirer.
»

Dix ans plus tard, cette interview sonne comme un écho aux oreilles de ceux qui suivent de près l’actualité du Pontarbello. Une seule graine suffit, et tout peut s’effondrer. En choisissant de s’adresser aux faction libérales et nationalistes du Pontarbello, le Pharois vise les déçus de la dictature, ceux qui en espéraient plus, soit pour le pays, soit pour eux-mêmes.


Leopoldo Sapateiro, traître ou idiot utile ?
Alors que la solidité du récit national pontarbellois s’effrite face à l’offensive culturelle pharoise, plusieurs faiblesses du régime apparaissent désormais clairement. La première est évidement la vassalisation de l’ANPL aux mercenaires Jaguar, pour majorité composés d’étrangers. Un Etat dans l’Etat qui, s’il laisse assez peu de place à l’espoir d’une contre-révolution, n’est pas pour autant satisfaisant pour les cadres et officiers les plus farouchement nationalistes. Or ils sont nombreux, ces militaires à s’être engagés sous les drapeau de l’ANPL en nourrissant le rêve d’une nation libérée des tyrans étrangers. De tous les tyrans étrangers. Formés aux côtés des mercenaires Jaguar, ceux qui étaient encore hier être des frères d’armes se révèlent à présent être une concurrence évidente pour l’ANPL, qui doit partager le monopole de la violence avec des soldats mieux entraînés et équipés sur son propre territoire.

Une concurrence qui s’étend y compris sur les succès militaires revendiqués par Santialche !

Car après tout, qui a vaincu les Kah-Tanais ? L’ANPL ou les Jaguar ? Qui tient dans le creux de la main la politique de défense du pays sinon l’état-major d’Aserjuco ? Et donc, en définitive, qui gouverne ce pays au fond ? La junte ne tire sa légitimité que de ses victoires et de sa brutalité, or il faut bien convenir qu’elle ne semble finalement n’avoir le monopole ni de l’un ni de l’autre. Pour les officiers de l’ANPL, confrontés quasi quotidiennement à la présence d’Alguarenos et de Jaguar, ou obligés de composer avec eux avant la moindre action sur leur territoire, pourtant supposément souverain, le sentiment de servir un pouvoir fantoche se fait de plus en plus concret.
Il s’agit certes d’un sentiment diffus, et face au rouleau compresseur dictatorial, difficile de savoir comment réagir ou protester, mais nous parlons ici de militaires, de vétérans, avec une certaine idée de ce pourquoi ils combattent, et ce pourquoi ils ont mis leur vie en jeu, à plusieurs reprises.

Si la situation pouvait sembler complétement sans espoirs il y a quelques mois, et que les réfractaires et insatisfaits se contentaient alors de ronger leur frein en silence, l’horizon vient de s’entrouvrir depuis peu. L’appel de José Esteban à former une ligue décoloniale pourrait être une alternative intéressante à opposer à la vassalisation Alguarenos. En effet, jusqu’ici le Pontarbello était tout entier dépendant de sa surpuissante voisine pour sa survie et sa défense. Une situation qui imposa presque mécaniquement de collaborer puis de se soumettre aux mercenaires Jaguars, pour arracher l’indépendance contre l’Empire Listonien.
Néanmoins, le fait que les ex-colonies listoniennes choisissent de travailler ensemble les émancipe en partie de la tutelle de leurs alliés respectifs. Elles peuvent désormais porter une voix souveraine à l’internationale, fortes d’une histoire partagée, et compter sur des accords diplomatiques, reconnus par la communauté internationale, qui consacrent leur indépendance. Plus besoin alors de dépendre entièrement de la protection d’une seule grosse nation voisine, ainsi Port-Hafen, grâce au soutien de l’Aumérine, de Saint-Marquise et du Pharois Syndikaali, peut faire jouer la concurrence pour ne se soumettre à aucun des trois. Pareil pour Jadida qui, forte de ses liens avec le Banairah et le Grand Kah, ne risque pas d’être vassalisé par l’un ou l’autre. Des « deux chemins », celui incarné par la République Hafenoise et la Commune de Jadida incarnent bien mieux la souveraineté nationale moderne que les coups de menton du général Leopoldo Sapateiro, archaïques et poussiéreux, qui donnent à voir les gesticulations d'un sordide pantin condamné à ne demeurer que la voix de ses maîtres.

Car en se plaçant au ban de la communauté internationale, en ouvrant le feu sur des ambassadeurs, par ses crimes de guerre, son régimes dictatoriale, et le refus de toute diplomatie avec une autre nation que l’Alguarena, le Pontarbello construit sa propre prison diplomatique. En refusant les alliances et les traités, le pays se rend vulnérable et archi-dépendant de la protection de sa voisine. Un constat qui oblige à se demander si le Général Leopoldo Sapateiro, derrière une apparence d’engagement pour la souveraineté du Pontarbello, ne travaillerait pas au fond en sous-main depuis le début pour l’Alguarena ?
Les soldats de l’ANPL le savent, sans la formation et le soutien logistique des mercenaires Jaguar, jamais leur coup d’Etat n’aurait réussi et si ces choix avaient pu paraître pragmatiques à l’époque, la multiplication des actes de soumission de Sapateiro aux Alguarenos laisse planer le doute sur sa véritable loyauté. Et si, depuis le début, le prétendu héros n’avait jamais été qu’un pion ?

Un comble quand on voit qu’un territoire comme celui de Porto Mundo, pourtant officiellement rattaché au régime du Syndikaali, parvient malgré tout à prendre régulièrement ses distances vis-à-vis du gouvernement de Pharot. Si Edmundo Estrella en est capable, pourquoi Sapateiro s’obstine-t-il à se comporter comme un laquais ?


Quand la peur règne, le courage est une arme politique dévastatrice.
Il n’en faut pas forcément plus pour faire naître la grogne chez les vétérans de l’ANPL, en particulier ceux qui s’estiment maltraités par la dictature. Dans une pyramide, il n’y a pas de place pour tout le monde, ceux qui en côtoient le sommet rêvent de se voir monter d’un cran encore, quant à ceux qui végètent plus bas ils en viennent rapidement à se demander s’ils ne mériteraient pas un peu plus de considération. L’être humain est ainsi fait que rares sont ceux qui s’estiment traités à leur juste valeur.
A mesure que la prise de pouvoir s’éloigne, les impératifs militaires s’effacent devant le politique et la hiérarchie perd de son sens alors que les menaces se font plus floues, ou sont remplacées par d’autres. Le gouvernement a beau mettre en scène sa « victoire » face à l’enclave pharoise, les militaires sont bien placés pour voir que tout cela n’est pas aussi glorieux qu'on le prétend : cinquante hommes dont une demi-douzaine de civils ne représentent pas une menace vitale pour le pays. Pire : l’ANPL, pourtant trois fois plus nombreuse et mieux équipée, a essuyé des pertes proportionnellement beaucoup plus importantes que ses adversaires. Ces derniers se sont certes rendu, mais pour un ratio d’un mort contre deux dans le camp de l’ANPL, cette dernière est loin d’avoir brillé par son efficacité.

Une humiliation que le gouvernement n’assumera jamais, mais susceptible d’agacer en interne et qui fait s’interroger sur les choix pris par l’état-major, manifestement plus préoccupé à l’idée de faire des concessions aux mercenaires Jaguar qu’à moderniser l’armée [ndlt : l'armée pontarbelloise souffre d'un manque de financement dommageable, en comparaison aux moyens qu'elle prétend être en mesure de déployer].

Il y a là matière à faire naître des ambitions. Le champ est ouvert pour laisser beaucoup de gens se rêver califes à la place du calife, car l’échec du chef de meute attire la convoitise de ceux qui pourraient prétendre à sa place. La dictature est ainsi faite qu’elle souffre en permanence d’un manque de légitimité et la moindre faiblesse du discours officiel laisse entrevoir sa grande vulnérabilité et son caractère factice. Or les réseaux de propagande pharoise, passés maîtres dans l’art de la diffusion d’idées subversives, jouent maintenant depuis plusieurs mois leur petite musique déstabilisante. Objectif : semer le doute, pour prospérer dessus.


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Frappes chirurgicales ou pêche au gros, la C.A.R.P.E. multiplie les fronts et les méthodes pour imposer son discours.


Le récit Pharois, libre de se diffuser faute d’une contre-proposition véritablement solide ?
La propagande du récit pontarbellois souffre de deux faiblesses qui pourraient bien entraîner rapidement sa décrédibilisation.
La première et la plus évidente est l’archaïsme des discours dictatoriaux au XXIème siècle. Les rares penseurs de la dictature souffrent aujourd’hui de la concurrence avec les nations libérales qui offrent un cadre de vie et des garanties de respect des droits bien plus attractives qu’un régime autoritaire, basé sur la violence et susceptible d’être renversé de l’intérieur comme de l’extérieur. Un calcul qui vaut également pour les investisseurs, la multiplication des marchés, à commencer par celui de l’Alguarena littéralement en face du Pontarbello, laisse peu de doute sur la viabilité d’une économie moderne basée sur l’arbitrarité du pouvoir. Le libéralisme a besoin de garantis pour faire des affaires, et le Pontarbello n’en offre aucune, faute d'avoir mis en place un Etat de droit susceptible d'offrir une protection suffisante et crédible de la propriété privée. Si une dictature peut s'avérer économiquement stratégique pour certains investisseurs, un Etat en constant conflit militaire l'est beaucoup moins. Difficile de concevoir, dans un tel contexte, comment celui-ci pourrait prospérer en dehors de l’Empire Listonien, à moins de se vassaliser économiquement aux Îles Fédérées. Une perspective qui n’enchante assurément pas grand monde, y compris dans les rangs de l’ANPL.

Malheureusement pour la junte Pontarbelloise, son modèle et son discours se trouvent aujourd’hui bien isolés sur la scène internationale où aucune nation du monde – mis à part quelques Empire Nazuméens et les dictatures communistes – ne fait l’apologie d’un pouvoir militaire armé. Même l’Alguarena, pourtant l’allié logique du Pontarbello, possède un régime démocratique et qui plus est décentralisé car fédéral. Autant dire que la position politique du général Leopoldo Sapateiro est particulièrement difficile à légitimer.
Pire : l’autre nation emblématique et mondialement connue pour son autoritarisme au XXIème siècle se trouve être… l’Empire Listonien, dont le Pontarbello cherchait à s’émanciper. Un demi-tour du régime sur lui-même, en quelque sorte, et une rhétorique martiale finalement tautologique : se libérer de l’oppression… pour tomber dans les bras d’une autre.

Privé d’alliés, privé d’écho à l’international, le régime du Pontarbello ne se justifie que par sa force brute, mais celle-ci, décrédibilisée par la place envahissante des mercenaires Jaguar dans l’appareil militaire, tient de moins en moins la route pour ceux qui ont l’opportunité de la contempler de l’intérieur. Forte d’à peine un million cinq d’habitants, l’appareil d’Etat du Pontarbello n’a pas le luxe de noyer les critiques dans une bureaucratie qui rendrait incompréhensible son fonctionnement. La junte et la hiérarchie militaire sont structurées de telle sorte que les responsables sont aisément identifiables… et que l’idée qu’il ne faudrait couper qu’une poignée de tête pour faire tomber l’édifice est séduisante. En personnalisant son pouvoir, Leopoldo Sapateiro s’est rendu terriblement vulnérable à la critique et sa figure cristallise admirablement bien les doutes et les rancœurs.

Pour le peuple qui n’a pas une vision surplombante des rouages du régime, l’isolement du pays est néanmoins une source de crainte pour l’avenir. Bien que l’émancipation de l’Empire a pu être perçue comme un bouleversement politique majeur et positif, le nouveau régime n’est pas à l’abri d’un renversement similaire puisqu’il possède, au fond, les exactes mêmes caractéristiques que le précédent. Une incertitude quant à la pérennité de la dictature, entourée de démocraties surpuissantes, qui ne pousse pas à parier sur la longévité du Général Sapateiro.
Pour les soldats de l’ANPL, la question d’un nouveau coup d’Etat se pose également d’une manière plus crue puisqu’ils se savent être le dernier rempart du gouvernement face à de multiples menaces. Moins qu’étrangères, celles-ci viennent en réalité de l’intérieure et l’on est en droit de craindre à termes des pressions politiques ou militaires de la part d’Aserjuco, si la situation au Pontarbello venait à se montrer trop compliquée ou si la communauté internationale faisait pression sur elle.

Isolé et sans alliés fiables, le général Leopoldo Sapateiro ressemble de plus en plus à un fusible prêt à sauter en cas de problème ce qui n’aide pas du tout à apaiser la situation en interne. Au sein de l’ANPL, on est en droit de se demander s’il ne vaudrait pas mieux changer de régime maintenant, avant de sauter avec celui-ci. Est-on prêt à mourir pour Sapateiro, lui qui apparaît de plus en plus comme un pion sur l’échiquier de son voisin ?

La seconde faiblesse de la propagande pontarbelloise est sa faible mainmise sur la population. Ne disposant pas d’un appareil culturel capable de rivaliser avec celui du Syndikaali et d’Albigärk, le régime de Santialche est contraint de s’appuyer uniquement sur la terreur – et le patriotisme – qu’il inspire, ou, à défaut, sur celui de l’Alguarena. Une nouvelle forme de dépendance qui contraste cruellement avec les ambitions de souveraineté affichées par Sapateiro et les cadres de l’ANPL.

A cette heure, les seuls arguments politiques du régime de Santialche sont ses victoires militaires et le fait d’avoir réussi à expulser l’autorité coloniale listonienne. Un récit fort et attractif, mais qui menace de s’effriter sous plusieurs coups de butoir récents.
Déjà, les crimes de guerre révélés à la population par le Syndikaali entachent l’armée immaculée de Santialche et insinuent le doute quant aux véritables pratiques des militaires. Après tout, ce sont aussi d’ex-Listoniens qui ont été impitoyablement mitraillés au camp Pharois. Des ex-compatriotes, des nationalistes, des indépendantistes eux-aussi… tués de sang-froid par l’ANPL. Une décision assez incompréhensible pour qui ne se content pas d'avaler tout cru la propagande du régime et qui se justifie très maladroitement par Santialche : certes le gouvernement a expliqué que son offensive contre l’enclave du Syndikaali avait pour but de mettre fin à la contrebande. Mais d’une part, le Syndikaali n’a jamais posé problème aux Pontarbellois et n’était une menace qu’aux yeux des militaires. D’autre part, la taille de l’enclave, située à proximité des agglomérations, faisait voir de manière évidente qu’il n’y avait aucune menace d’invasion de prévue, faute de matériel stocké, de véhicules ou d’engins aéronautiques. Enfin, et c’est sans doute le plus crucial, si contrebande il y avait, celle-ci profitait aux populations locales qui pouvaient bénéficier de biens exotique d’importation à très bas coûts puisque complétement détaxés.

En s’attaquant à l’enclave pharoise, le gouvernement du Pontarbello s’est finalement tiré une balle dans le pied, aux yeux de la communauté internationale c’est une évidence, mais également auprès de certaines parties de la population.
Car si l’ANPL est prête à assassiner ses propres compatriotes ex-Listoniens pour servir des ambitions incompréhensibles, il est naturel de se demander jusqu’où elle serait aussi prête à aller pour se maintenir au pouvoir. Les prochains à être criblés de balles seront ils également d’ex-Listoniens ? Des nationalistes ? Des indépendantistes ? Au hasard… des Pontarbellois ?

En s’enfermant dans sa posture de citadelle assiégée, incapable de communiquer auprès de sa population sans brandir des drapeaux ensanglantés, Santialche pourrait perdre progressivement la confiance des Pontarbellois.
Un vent de défiance qui pourrait bien, à défaut d’encourager au soulèvement, donner la poussée nécessaire aux insatisfaits de l’ANPL qui voient de l’intérieur les contradictions et vacillement du régime. Quoi de mieux que les échos de la fronde populaire pour justifier sa légitimité à agir, et trouver le courage de passer à l’action ?


Grâce à la diffusion de la théorie « des deux chemins », la propagande décoloniale entend s’adresser à la branche libérale de l’ANPL.
Une armée n’est pas un monolithe et même les soldats les plus loyaux peuvent avoir des doutes, voire même des idées. Cela tombe bien, les « deux chemins » proposent justement une dichotomie séduisante et facile à comprendre pour qui cherche à mettre des mots sur les limites du régime de Santialche. Face aux faiblesses évidentes de la dictature, il est naturel de voir l’herbe plus verte dans le jardin du voisin, surtout si ce voisin n’hésite pas à mettre en scène ses talents d’horticulteur depuis quelques temps.
Démocratie, droits individuels, ouverture au monde, un gouvernement reconnu à l’international et dont la voix porte au-delà de ses frontières… autant d’arguments que n’a pas le Pontarbello. Un comble quand on voit que la minuscule République Hafenoise parvient à faire bien mieux avec seulement… cinq-mille habitants ! Comment une telle micro-nation peut-elle jouir de tant d’alliances et de marques d’affections, venus de pays très différents, alors que le Pontarbello s’englue dans les scandales et attire sur lui l’opprobre et la critique ?

Pour des militaires, pour des nationalistes, se voir traités de criminels peut tout autant créer de la résilience que de la honte. Honte de ce que l’ANPL est devenue. Honte des crimes qu’elle a commis. Honte de ses compromissions, de sa vassalisation, incapable de tenir le Pontarbello, obligée de se prostituer aux mercenaires Jaguar…
Face à ce constat, la libéralisation du pays semble un horizon intéressant. Réparer les erreurs commises, corriger le faux départ, réintégrer la communauté internationale, se rapprocher des ex-colonies listoniennes, pourquoi pas intégrer l’ONC ? L’Alguarena en est membre, l’adhésion serait logique, et cela permettrait sans aucun doute de nouer des liens avec de nombreuses nations respectables à travers le monde, au lieu de s’enfermer dans une dictature honnie hors de ses frontières.

La perspective de retrouver une respectabilité et de s’ouvrir au monde est tout autant une idée séduisante pour ceux qui aspirent à voir leur pays briller à l’international, que pour ceux qui, dans un soucis de conquérir leur souveraineté, ne verraient pas d’un mauvais œil le fait de multiplier les partenaires, de façon à se rendre moins dépendants de l’Alguarena.

Organisation confuse et disparate, composée de soldats formés sur le tas et venus de nombreux horizons, l’ANPL a toujours été l’unique organisation pontarbelloise à porter un projet d’indépendance. C’est assez naturellement qu’elle a agrégé des soldats venus de milieux socio-culturels et de traditions politiques très différentes. Il est donc normal de s’attendre à ce que, une fois installée au pouvoir, des lignes dissidentes commencent à se dessiner à l’intérieur. Des lignes qui se nourrissent directement de la propagande listonienne et pharoise car c’est bien simple : il y en a pour tous les goûts ! Les libéraux apprécieront sans aucun doute les promesses de démocratie et de gouvernement populaire du modèle Hafenois, ceux qui croient d’avantage dans les vertus d’un nationalisme fort y trouveront matière à réfléchir l’émancipation du joug alguarenos. Enfin, ceux qui ont simplement les dents longues, ne verraient pas d’un mauvais œil que le général Leopoldo Sapateiro se trouve fragilisé et pourquoi pas, renversable.

En fournissant des mots clefs, des idées, des réflexions logiques, mais aussi des espoirs et des contre-modèles, le Syndikaali entend se façonner un terreau fertile pour une implantation locale, directement au cœur de l’ANPL.
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El Grafico
Ce programme vous est présenté grâce à la généreuse participation d'Aldo Carnagas, directeur de l'observatoire pour les investissements à l'étranger.


22 juin 2009 - Le Pontarbello, nouvel acteur majeur de l’espace aleucien?

Le Pontarbello, faut-il investir comme on investirait dans une poule aux oeufs ou doit-on le percevoir comme un puit d'incertitudes.
Justifiant d’une croissance économique record, à +50% sur les deux années écoulées, le Pontarbello peut-il, malgré sa petitesse, se frayer un chemin et se tailler une place sur-mesure dans l’espace économique continental puis mondial?


Faiblement peuplé, mais en plein essor économique depuis la crise politique de 2007 qui émergea sur l’indépendance de son territoire, le Pontarbello peut-il accompagner les mutations nécessaires à la prise d’un leadership sur son espace économique direct? Certains experts l'affirment désormais publiquement, au regard de son développement et de sa croissance exponentielle.

Encore faiblement industrialisé, le Pontarbello ne justifie toujours pas d’une réelle fréquentation de la part des investisseurs alguarenos. Mais le pays, désormais entré en pleine mutation, couvre de nombreuses opportunités à saisir. Aldo Carnagas, directeur de l’observatoire pour les investissements, voudrait convaincre et inviter les industriels alguarenos à se pencher sur la question du potentiel de développement du territoire.

Journaliste : Pour démarrer cette opération séduction, que peut-on dire de la situation économique pontarbelloise?

Aldo Carnagas : Qu’il s’agisse des sources médiatiques pontarbelloises ou des nôtres, il est indéniable que la croissance économique pontarbelloise souffre de peu d’équivalence à l’international, avec, il est vrai, une croissance établie à hauteur de +50% pour les seules deux dernières années. Il est donc permis de croire que le pouvoir d’achat des locaux et la consommation des ménages sur place, seront deux éléments voués à croître pour les cinq prochaines années, possiblement plus. Ces tendances doivent nous inviter à positionner nos produits sur les marchés intérieurs fréquentés par les ménages pontarbellois.

Le PIB par habitant est, rappelons le aux néophytes, un très bon indicateur du niveau de vie local et à ce titre, le Pontarbello n’a pas à rougir puisque, exceptions faites des Provinces-Unies du Lofoten et de la Fédération d’Alguarena ou encore de quelques nations à la marge, le Pontarbello est localement, l’un des pays justifiant du meilleur PIB par habitant, loin devant l’Aumérine ou le Grand Kah.

Et la croissance du pays est vouée à se maintenir, à son plus haut niveau pour la décennie à venir, compte-tenu des réformes économiques à venir et de l’ouverture progressive du pays à l’international. La croissance est effectivement et essentiellement tirée par la consommation intérieure mais c’est une très bonne chose. Il faut en effet comprendre que la croissance directement dépendante des investissements étrangers est plus fluctuante que celle qui correspond aux achats des ménages.

La relative faiblesse des apports financiers étrangers, mêlée à des carences en infrastructures sur le territoire, et finalement associés à une consommation des ménages sans cesse à la hausse, doivent nous inciter à considérer le Pontarbello comme une réelle opportunité commerciale et économique sans pareille dans le monde. Si une image astrologique était permise, je dirais bien que c’est un alignement des planètes que l’on ne retrouve pas pour bon nombre de pays…

Journaliste : Mais pour se développer sur un plan économique, peut-on trouver des freins dans la population limitée sur place et une possible pénurie de main d'œuvre?

Aldo Carnagas : A ce stade, rien n’indique qu’une pénurie de main d’oeuvre aura lieu au Pontarbello mais je vous rejoins sur le fait que le Pontarbello, s’il souhaite se développer, s’industrialiser davantage, va devoir entamer des programmes d’automatisation de ces chaînes de production, de ses outils agricoles.

Une autre solution consisterait à signer des accords migratoires avec la Fédération d’Alguarena, pour permettre le déplacement de populations actives vers le Pontarbello et nourrir ces projets de développement. De la sorte, le Pontarbello pourrait simultanément jouir d’une main d’oeuvre abondante et négocier une rentrée d’argent supplémentaire, car la Fédération d’Alguarena pourrait financer l’installation de citoyens alguarenos là-bas, en échange d’une situation économique assainie au niveau fédéral par la baisse du chômage.

Sur ce genre d’échange gagnant-gagnant, la Fédération d’Alguarena et la République d’Union Nationale du Pontarbello peuvent profiter d’intérêts communs suffisamment nombreux pour aller au bout de la démarche.

Bien que la question soit sans rapport direct avec l’intérêt des entrepreneurs alguarenos pour le Pontarbello, je vous remercie de l’avoir posée car elle entre effectivement dans la prise en compte d’une destination attractive, même si elle dépend directement de décisions gouvernementales sur lesquelles nous ne saurions agir.

Journaliste : Je vous en prie mais en marge de ces éléments que peut-on encore dire sur la situation économique du Pontarbello?

Aldo Carnagas : Le Pontarbello jouit d’assises économiques assez solides et fiables, notamment par le fait qu’il a su magistralement maîtriser son inflation, bien que l’économie locale reste relativement fragile, avec un budget conséquent dédié à la défense, compte-tenu des différentes agressions étatiques essuyées par les autorités pontarbelloises. Malgré cette empreinte militaire locale marquée, le déficit public reste encore faible. Il devrait potentiellement augmenter en 2009, pour permettre l’entretien des équipements militaires nationaux dont une partie d’entre eux est désormais fournie et mise à disposition par la Brigade du Jaguar Paltoterran.

De plus, la monnaie pontarbelloise (cf : l’escudo pontarbellois [EP]) est relativement faible, comparativement à la peseta alguarena [1:2]. C’est-à-dire que le fonds d’investissement alguareno porté sur le sol pontarbellois offrira toujours plus de possibilités, toujours plus de perspectives, que cette même somme d’argent, investie cette fois en Alguarena. C’est une aide à la décision conséquente, pour tous ceux qui possèdent un capital, souhaite l’investir sans avoir encore cerné un choix définitif quant à l’endroit exact où ils comptent investir.

Journaliste : En définitive monsieur Carnagas et toujours selon vous, est-ce le moment idéal pour s’intéresser au Pontarbello?

Aldo Carnagas : Je vous réponds trois fois oui madame. Un récent rapport fournit par mon institut a titré le cas pontarbellois par “Pontarbello, un terrain propice”. Un titre assez expéditif je le conçois mais évocateur pour ce qui concerne les conjonctures actuelles soutenant des investissements sur place. Qu’il soit question de la consommation des ménages, de la maîtrise du déficit publique, de la croissance exponentielle du pays en un temps record, tout porte à croire que la situation du Pontarbello restera favorable sur les cinq, peut-être même dix ans à venir…

Accomplissant ses premiers pas depuis l’indépendance, le Pontarbello vit un tournant historique et souhaite restaurer, pour des raisons politiques, la grandeur du territoire promise sous l’égide de l’Empire listonien. Le Pontarbello décolonisé, il est en effet permis de dire que l’ensemble des dispositions législatives et réglementaires à venir, vont aller dans le sens d’un maintien de l’attractivité pontarbelloise, pour rivaliser de réussite avec ce que fut l’Empire listonien.

Ainsi donc et encore méconnu, si ce n’est pour les tensions politiques et militaires qui l’ont touché les années précédentes, en 2007 ou encore en 2008, le Pontarbello tend à nourrir de nouvelles visions en ce qui concerne son incarnation sur la scène internationale. Malgré une proximité imbattable, la Fédération d’Alguarena semble encore au-dessous de son potentiel d’exportations en ce qui concerne le Pontarbello. Le développement de visites officielles entre les deux pays et l’implication grandissante de la Fédération d’Alguarena dans la stabilisation régionale, devraient entretenir voire accroître le climat propice à de tels investissements.

Il est indéniable que depuis sa décolonisation, le Pontarbello semble vivre une situation idyllique, un état de grâce, à même de le faire renouer avec le statut d’économie prometteuse comme il en était question au meilleur de l’âge d’or impérial listonien.

Mais attention, si je dis que le Pontarbello est propice aux investissements, ne me faites pas dire que tous les investissements là-bas se valent.

Il existe des secteurs porteurs, comme celui des services notamment, car l’absence de digitalisation laisse en effet un boulevard à des entreprises alguarenas désireuses de s’y installer. Considérant les projets de politiques migratoires vers le Pontarbello, l’installation de sociétés tournées vers le bâtiment ou l’immobilier apparaît également comme des investissements fiables au niveau local.

Le secteur de la logistique, considérant la consommation croissante des ménages pontarbellois, a aussi une épingle à tirer, en ce sens que les flux marchands pour le Pontarbello, qu’ils soient entrants ou sortants, ont vocation à croître. Vous avez en ce moment et on en parle que trop peu, une véritable classe moyenne qui se met actuellement en marche dans le pays.
La classe moyenne naissante vient forcément dynamiser certains secteurs, y compris l'agroalimentaire, avec la commercialisation grandissante de biens plus raffinés que ceux bon marché qui occupaient jusqu’ici l’essentiel des étals en grandes surfaces. A titre d’exemple, s’il en fallait nécessairement un, je pourrais citer le cas du vin ou des alcools “nobles” ou des viandes rouges, qui tendent à se vendre davantage, considérant l’élévation du pouvoir d’achat pontarbellois. Le secteur de la santé, est lui aussi en net rebond car les gens disposant de moyens suffisants sont plus enclins à se soigner.

L’imbrication et l’association future du Pontarbello à des évènements sportifs internationaux, sont également des vecteurs d’investissement, autour de différents biens et services directement associés au déroulement de ces manifestations.

Bien que le Pontarbello ne jouisse pas d’une situation archipélagique comme il en est question pour la Fédération d’Alguarena, il convient de noter que, sous une situation géographique péninsulaire, le secteur aéroportuaire continue de tenir une place de choix.

Actuellement et c’est dans l’ordre des choses, nous constatons l’arrivée de plusieurs entreprises du bâtiment travaux publics alguarenas au Pontarbello, pour soutenir et les projets de constructions et d’entretien, des différentes infrastructures nées de ce boom économique.
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Pontarbello : la parution de plusieurs articles de presse confirment en interne les craintes des nationalistes

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L'avenir s'est soudain assombri.

Le futur du Pontarbello se déclinera-t-il exclusivement en jaune et bleu ciel, les couleurs du drapeau de l’Alguarena ? Plusieurs articles de presse abondement relayés par les réseaux les plus suspicieux vis-à-vis de l’hégémonie du voisin latin ont récemment ravivé les craintes des nationalistes, et confirmé plusieurs diagnostiques qui restaient jusque-là affaire de pure spéculation.

C’était l’une des critiques formulées à l’égard du Général Leopoldo Sapateiro, dictateur du petit Etat du Pontarbello en Aleucie : sa trop grande complaisance avec l’Alguarena à qui il doit tout et tend donc à tout céder. Brigade Jaguar et Alguarena, les vrais maîtres du Pontarbello ? Au sein de l’ANPL, les rumeurs insinuées par l’étranger soulignaient depuis maintenant quelques temps les trop nombreuses et fréquentes accointances entre le gouvernement pontarbellois et celui de son voisin, faisant craindre que l’épopée indépendantiste ne se transforme in fine en vassalisation déguisée.

Des rumeurs qui ont récemment trouvé un écho beaucoup plus concret à la suite de la diffusion de plusieurs articles et documents démontrant assez textuellement que les craintes des nationalistes étaient fondées. « Il faut parfois savoir ligne entre les lignes, mais en vérité l’Alguarena ne cache plus du tout sa volonté de domination, et puis pourquoi le ferait-elle ? Les trois quarts des forces armées sur le sol pontarbellois sont à sa solde, c’est à se demander si l’annexion est pour cette année ou la prochaine. »

Sur les réseaux, des analyses fleurissent et si certaines phrases sont sans doute sorties de leur contexte, plusieurs documents sont très attentivement décortiqués par les internautes soucieux de voir leur révolution nationale en passe d’être confisquée par leur puissant voisin. Une écho populaire qui trouve une caisse de résonance chez l’ANPL dont beaucoup des membres sont issus de la population locale et rentrent dîner chaque soir avec leurs familles.

« Un soir mon fils m’a dit ‘papa tu devrais venir lire ça’, et je vois ce type qui commente phrase par phrase une interview d’un Alguarenos, Aldo Carnagas, je connaissais pas, le directeur de l'observatoire pour les investissements à l'étranger. J’avoue que ça met en colère, ces gens se croient chez eux en fait ? »
L’interview en question ? Un plan rendu public d’accaparement des richesses du territoire par l’industrie alguarenos, exposé avec bonhomie aux yeux et aux oreilles de tous. Si certaines phrases peuvent sembler tout à fait innocentes en apparence, elles prennent, à mesure que l’interview avance, un désagréable air de plan de conquête complètement assumé par les fonds d'investissement des Îles Fédérés.

« Quand je vois texto le mec nous dire qu’ils vont importer des populations Alguarenos qualifiées pour diriger les secteurs de l’économie, pardon mais je m’étouffe ! Donc nous on va sortir les poubelles des cadres de l’Alguarena pendant qu’eux se dorent la pilule avec nos ressources ? J’ai pas renversé le gouvernement colonial pour me mettre à cirer les pompes d’étrangers. »
La question de l’immigration cristallise en effet certaines inquiétudes légitimes, il faut dire que l’agencement de l’interview est malheureux : après avoir vanté les opportunités économiques du territoire, Aldo Carnagas propose immédiatement de faire venir ses concitoyens pour les exploiter à la place des locaux.

« Si on avait une vraie politique industrielle nationale, on n’en serait pas là. Mais comme toute la thune passe dans le financement des infrastructure pour accueillir la Brigade Jaguar, c’est sûr qu’après on est obligé d’appeler les voisins au secours, hein. »
Amertume compréhensible pour ceux qui hier encore pensaient voir leur pays rayonner à l’international, le drapeau du Pontarbello flottant sur un territoire libéré des jougs. « Virer l’occupant pour le laisser revenir par les portes de la bourse, belle affaire… ! »

Mais l’interview ne s’arrête pas là. Autre sujet d’amertume, la désinvolture affichée avec laquelle Aldo Carnagas évoque le fait que, depuis le coup d’Etat de Sapateiro, une partie plus que conséquente des revenus nationaux soient engouffrés dans l’entretien des Brigades Jaguar.

« On peine déjà à entretenir nos armes, on travaille dans des conditions dégueulasses parce qu’on a beaucoup trop de matériel mais pas de quoi l’entretenir. Non seulement il faut faire appel à des prestataires étrangers dès qu’il y a une panne, mais en plus nos impôts vont directement dans la poche des Jaguars pour qu’ils se la coulent douce… »
Entre certains vétérans de l’ANPL et la Brigade Jaguar, le chiffon brûle. Il faut dire que le sentiment de s’être fait volés la gloire de la libération nationale est présent et pour ceux qui connaissent les rouages de celle-ci, la place qu’occupe encore aujourd’hui le groupe mercenaire dans la politique de défense nationale du pays peut agacer.

« Dès qu’il y a un choix à faire, Sapateiro préfère toujours lécher les bottes des Jaguars plutôt que de financer l’ANPL et de nous donner vraiment les moyens de concrétiser notre indépendance. Il leur a filé une base, un port, on leur achète littéralement la paix sociale et ces enfoirés nous la font payer cher, l’armée est complétement à la ramasse question infrastructures. Le problème, c’est surtout qu’on dépende des étranger pour tenir le territoire. L’ANPL c’est la seule force militaire légitime du Pontarbello libre, les étrangers doivent dégager maintenant. »
Il est ensuite question de monnaie et la lueur rapace qui brille dans les yeux d’Aldo Carnagas a de quoi donner des frissons à toute personne qui aime sincèrement son pays. Le banquier sournois se pourlèche presque les lèvres en évoquant avec avidité la faiblesse de la monnaie pontarbelloise, objet de fierté nationale, la voici réduite à un simple outil de spéculation.

« Quand j’entends ce mec parler, j’ai l’impression de revoir les percepteurs d’impôts listoniens, toujours à penser les colonies en termes de ressources, d’avantages comparatifs… et les gens qui vivent ici ? Ils en font quoi ? »
Il faut dire que la perspective de voir les entrepreneurs alguarenos fondre sur le Pontarbello pour écraser de leurs fonds une économie en pleine restructuration n’est pas une perspective très réjouissante.

« On commence à peine à relever notre tissu industriel et économique et ces types veulent tout dérégler. L’Alguarena ne nous voit que comme une arrière-cour où produire pour pas cher. »
Car qui dit monnaie faible implique que les investisseurs locaux ne pourront pas suivre la cadence. C’est l’assurance de voir des pans entiers de l’économie être avalés par les grandes fortunes de l’Alguarena, prêtes à se gaver dès l’ouverture des marchés.

« Je suis fier de mon pays, fier de mon drapeau. Je préfère payer mon café un escudo de plus et que l’argent aille dans la poche de mes compatriotes, plutôt que moins cher pour qu’il s’en aille directement enrichir un actionnaire alguarenos. »
Aldo Carnagas le dit d’ailleurs lui-même : le moment est parfait pour investir. L’implicite à peine dissimulé de cette observation est que ceux qui en tireront des bénéfices ne sont certainement pas les tenants de l'indépendance nationale...

« Si le Pontarbello vit un moment idyllique, pourquoi on aurait besoin de l’Alguarena ? Ces types sont des vautours qui veulent juste nous voler le fruit de notre révolution ! »
Logique implacable qui termine d’enterrer cette interview assurément dramatique pour l’image de l’Alguarena auprès des nationalistes de l’ANPL. A croire que tous ces efforts, tous ces combats n’auront au final servi qu’à défricher ce fameux « terrain propice » pour les investisseurs étrangers. Mais on ne se bat pas pour les grandes entreprises du voisin, et ceux tombés au champ d’honneur n’ont pas brandi le drapeau national pour voir celui-ci bradé à la première occasion.

« Quand vous rentrez chez vous et que votre gamin pense que la révolution est un jeu de dupe, ça ne fait pas plaisir. Hier j’étais un héros, et maintenant je serai un pantin ? Des blagues ! »
Une crainte d’autant plus sérieuse que, comme le confirme avec délice Aldo Carnagas à la fin de son interview, l’Alguarena est « déjà là », que ce soit par la force militaire brute des Brigade Jaguar ou celle, plus insidieuse, de ses entreprises de BTP, la révolution semble belle et bien en passe d’être confisquée, faisant ressentir d’autant plus urgemment le besoin d’agir… !


Si seulement il n’y avait que cela…

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L'ANPL est-elle condamnée à baiser la main de ses maîtres ?

Au grand désarroi de ceux qui aiment leur pays et se sont battus pour lui, plusieurs signaux d’alerte proviennent à présent de la presse nationale elle-même et deux articles publiés coup sur coup du journal Pontarbellês résonnent comme un écho sinistre aux analyses d’Aldo Carnagas.

Si en apparence les nouvelles sont plutôt bonnes et énumérées à la manière d’un inventaire à la Prévert, à nouveau il ne faut pas chercher bien loin pour voir que derrière toutes ces « réussites » semblent systématiquement planer le spectre de l’Alguarena.

Stabilité économique ? Certes… grâce aux Jaguars, dont la loyauté de mercenaire va, comme chacun sait, à celui qui les paye.
Une présence militaire Jaguar sans aucun impact sur la politique nationale ? Qui peut croire cela quand plus de 5% du PIB est directement consacré à l’entretenir ? Et surtout, le coup d’Etat de Sapateiro l’a bien prouvé : le pouvoir revient à celui qui possède les armes. Or à ce jeu-là, les Jaguars qui bénéficient du soutien de l’Alguarena ont, par leur simple présence, le poids nécessaire pour tuer dans l’œuf n’importe quelle décision qui irait contre leurs intérêts, ou ceux de leur maître.
L’économie en hausse ? La baisse de l’inflation ? Et toujours ce nom qui revient : Alguarena, Alguarena. Ce qui aurait sans doute été une bonne nouvelle et un partenariat honnête hier devient, par son omniprésence, une domination larvée. Si le Pontarbello n’a pas d’avenir à s’éloigner des intérêts de sa voisine, l’indépendance n’est-elle pas une pathétique illusion ?

La « cerise sur le gâteau » est certainement l’assurance qu’a tenu à offrir le Général Sapateiro de ne jamais nationaliser les entreprises sur son sol, en s'ôtant littéralement certains pouvoirs pourtant régaliens. Une prise de position qui semble donc acter son renoncement à toute ambition de développer un tissu productif indépendant des pouvoirs étrangers. En assurant à l’Alguarena qu’il ne touchera pas à ses investissements et en baissant les taxes pour ses entreprises, Sapateiro a littéralement offert en pâture les Pontarbellois à la prédation de ses voisins, infiniment plus riches.

Ce piège économique qui semble tendu par l’Alguarena au général Leopoldo Sapateiro est d’autant plus rapide à se refermer que ce-dernier s’est coupé de la plupart des autres nations du monde, en assassinant des ambassadeurs étrangers. Les « perspectives économiques aleuciennes » font alors hausser un sourcil car Saint-Marquise, le Reynaume Aumérinois ou le très libéral et progressiste Lofoten iront-ils fraterniser avec un Etat coupable de crimes de guerre ? Le Pontarbello compte-t-il sur la Fédération d’Albel ou le Bochizuela dont le repli protectionniste n’est pas un mystère depuis plusieurs années ?

La vérité est aussi cruelle qu’évidente : à ce jour, le seul partenaire économique du Pontarbello est l’Alguarena, faisant de la petite nation un Etat client sinon en droit, au moins en fait.


Pour les libéraux de l'ANPL, la douche froide vient de l'Alguarena

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Pour les libéraux qui espéraient un assouplissement du régime, contrait et forcé par la situation économique, les nouvelles ne sont pas très bonnes non plus. La faction libérale de l’ANPL qui faisait reposer ses espoirs sur la pression qu’exercerait l’Alguarena sur le territoire pour pousser à sa démocratisation a fait un flop.

« L’Alguarena semble très heureuse de tenir sa petite dictature en laisse, vu les promesses d’accord et de partenariats. Sapateiro sait qu'il ne gardera pas le pouvoir s'il le garde pour lui-même, c'est pour ça qu'il l'offre à Aserjuco. Si on veut un jour voir un début de démocratisation du pays, on ne peut donc plus compter que sur nous-mêmes. »
Conclusion sans appel face à la multiplication des signes d’amitiés entre les Îles Fédérées et le gouvernement terroriste du Pontarbello, plus que jamais isolé, mais conforté sur ses bases. L’absence totale de perspective démocratique a de quoi radicaliser une partie de l’ANPL, celle qui s’était engagé contre l’Empire Listonien en espérant conquérir des droits. Des droits qui se font aujourd’hui complétement absents, alors que toute la communication gouvernementale tourne autour de la mise en valeur des cadeaux qu’il s’apprête à faire aux forces étrangères.



Occupation militaire des Jaguars, occupation économique des investisseurs alguarenos, et maintenant occupation démocratique par la submersion migratoire ?

Ultime coup de couteau dans le dos du Général Sapateiro à son peuple, et signe définitif de son souhait de vendre le pays à son voisin, le dictateur a annoncé entretenir des discussions avec le gouvernement d’Aserjuco pour permettre l’ouverture de ses frontières à des millions d’Alguarenos. Une quantité de migrants capables d’écraser littéralement sous leur poids démographique le petit territoire pontarbellois.

Un projet qui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres du pays.

« Les Listoniens aussi, faisaient des colonies de peuplement. » peut-on entendre murmurer, et l’idée que le Pontarbello vive ses dernières heures en tant que nation souveraine, pourrie de l’intérieure par un gouvernement acquis à des intérêts étrangers, se fait de plus en plus obsédante et concrète…

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Ressuscitée par la figure de Sapateiro et de l'Alguarena, l'ombre coloniale refait surface...
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Despertar

5 juillet 2009 - L’Eglise alguarena voit dans le Pontarbello un foyer de croyants plus pieux qu’au sein de la Fédération.


L'archevêque alguareno César Gálvez, entouré de deux jeunes pratiquants pontarbellois.
L'archevêque alguareno César Gálvez, aux côtés des communautés catholiques pontarbelloises dans la reconstruction économique, politique mais aussi culturelle, de leur pays.


L’Alguarena serait-elle de moins en moins croyante? C’est le constat que semble aujourd’hui partager les historiens des religions et les institutions religieuses du monde catholique en Alguarena.

Si l’Histoire veut que l’Eurysie occidentale soit le berceau du catholicisme à travers le monde, la Fédération d’Alguarena a longtemps été un foyer ardent de sa pratique. En effet, là où les guerres incessantes d’Eurysie, opposant des empires et les royaumes catholiques entre eux, avaient entamé la foi des populations de croyants déchirées par les guerres, la Fédération d’Alguarena a toujours pu justifier en Paltoterra, d’un indéfectible noyau de catholiques pratiquants. Un noyau formé à l’aube des premières expéditions coloniales, d’Eurysie vers la Paltoterra.

“Le colonialisme qui a frappé la Paltoterra et l’Aleucie était motivé par des actions de développement commercial, clairement… Cependant, l’interface débutée entre les colons et les autochtones a motivé la participation grandissante des églises catholiques eurysiennes, incitées à entamer des opérations de missionnaires auprès de ces communautés natives. Si bien qu’in fine, considérant tout cela, vous vous êtes très vite retrouvés avec des foyers de peuplement coloniaux plus fervents catholiques que les nations depuis lesquelles ces expéditions sont parties…” nous invite à réfléchir l’historienne Clemenza Istagarias.

Mais toutes les choses ne sont pas éternelles et la relative hégémonie dont a pu profiter l’Eglise catholique d’Alguarena au sein de la population, semble aujourd’hui s’éroder.

Un triste schéma mais inévitable dans l’ère du temps, considérant les nombreuses avancées technologiques présentes au sein de la Fédération et ayant démystifié le recours à la religion. “De nos jours il y a eu de nombreux progrès dans les domaines médicaux, les gens ont plus de facilités à aller voir leurs médecins que le curé pour guérir telle ou telle affliction..” Tout cela, pour des raisons sociétales ou historiques, est venu entamer, lentement mais durablement, le réservoir de fidèles catholiques, pratiquants ou non, au sein de l’espace fédéral d’Alguarena… Et le lien entre l’Eglise alguarena et sa communauté paltoterrane, fut-il tissé à travers de nombreux siècles, avait dès lors vocation à démettre sans toutefois jamais se rompre.

Par ailleurs, la constitution d’un état fédéral a également empiété sur les prérogatives de la religion catholique car il est incarnation de la première entité supranationale dans une zone géographique où les états fédérés (Arcoa, Encolanas et Heenylth) s’agglomérer également par le biais de la religion.

L’archevêque César Gálvez, l’espoir de raviver la foi.

Connu pour s’être élevé contre l'indifférence des autorités religieuses catholiques suprêmes à l’égard des institutions religieuses alguarenas, l’archevêque César Gálvez est résolument un homme de foi qui ne souhaite pas voir abandonner l’Eglise catholique alguarena, ni des organes supérieurs centralisés en Eurysie, ni des fidèles alguarenos eux-mêmes. Aussi, considérant la situation diamétralement du Pontarbello, où la société civile sur place tend encore à se réfugier dans des figurations paternalistes, la sauvegarde des influences religieuses catholiques en Alguarena serait possiblement défendable par l’entretien d’un prosélytisme réussi dans la péninsule pontarbelloise limitrophe à l’archipel.

Pouvant compter sur le soutien d’un Général Leopoldo Sapateiro assurant la promotion à peine voilée du modèle familial articulé autour de la famille nombreuse, l’Eglise catholique alguarena peut trouver là-bas les pistes nécessaires à sa résurrection, compte tenu d’un important foyer de travailleurs manuels, faiblement intellectualiser, engagés sur les métiers industriels et agricoles sans grande qualification.
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6 juillet 2009 - CONFIDENTIEL - Les institutions religieuses catholiques d'Alguarena, actives dans la reconstruction matérielle et morale de la République d'Union Nationale du Pontarbello.


Prise de vue d'un bain de foule par l'archevêque César Gálvez, accompagné du prêtre pontarbellois de Carosinhos, Ricardo Perruz
L’Eglise alguarena s’installera au Pontarbello pour “soutenir la reconstruction culturelle de la péninsule”, assure l’archevêque César Gálvez à ses plus proches conseillers.


Dès l’apparition d’un Pontarbello libre et indépendant en 2007, l'Église alguareno a œuvré pour se faire une partie prenante influente dans la région, considérant les craintes d’un recul du catholicisme après l’échec politique de l’Empire listonien.

Si l’Eglise alguarena n’a bien évidemment pas de moyens militaires pour asseoir des manoeuvres d’influence au sein d’un état gouverné par la junte militaire, elle n’est pas dépourvue de ressources pour autant. La première d’entre elles est bien sûr d’ordre financier, avec notamment le concours des institutions religieuses alguarenas pour la reconstruction de certains édifices religieux abîmés durant les affrontements ayant opposés les forces de l’Armée Nationale du Pontarbello Libre (ANPL) avec les forces des brigades solaires kah-tanaises.

Et compte tenu de certaines destructions intervenues à Carosinhos (Pontarbello) durant la guerre d’indépendance, l’investissement financier de l’Eglise alguarena pour la reconstruction de la chapelle du village semble tomber à point nommé. Le financement des actions de reconstruction d’un édifice religieux, dans un Pontarbello en recomposition sous une bannière indépendante est par essence l’allégorie même de ce que sont en train de vivre les institutions religieuses alguarenas, une réinvestiture au sein d’un paysage qui avait appris à composer sans elles.

Sa construction initiale ayant été décidée sous l’Empire listonien durant le XVIIe siècle, pour marquer la présence de la foi catholique au milieu des communautés autochtones et colons, détruite lors des heurts armés face aux contingents métèques des Communes Unies du Grand Kah, sa reconstruction par les autorités religieuses de la Fédération d’Alguarena, sainte-sauveuse d’un Pontarbello militairement agressé et envahi, est tout un symbôle.

Dorénavant installée sur une page blanche, l’histoire nationale du Pontarbello a vocation à se recomposer aux côtés de celle des institutions religieuses catholiques, qu’elles soient pontarbelloises ou alguarenas. Quelle aubaine que le Pontarbello !

En effet dans la République d’Union Nationale du Pontarbello, la liberté de culte est un droit inscrit dans la nouvelle constitution nationale, c’est-à-dire que l’exercice des activités religieuses par les institutions catholiques présentes sur place, ne sauraient être interdites, de façon définitive ou même temporaires, sauf si dans ce dernier cas l’interdiction temporaire est liée à une interdiction plus globale et ne visant pas spécifiquement ces seules activités. La religion catholique, en plus de sa liberté précédemment décrite, jouit d’une certaine omniprésence avec des représentants de fidèles mais également des membres de son institution, dans chaque village et faubourg. Avec le Général Leopoldo Sapateiro à sa tête, les institutions religieuses catholiques peuvent espérer une plus forte autorité morale car elles sont en effet un moyen d’influence et d’exercice du pouvoir sur le peuple que personne ne saurait négliger, pas même un dictateur égocentrique et mégalomane.
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