L'heure est grave.
Le massacre délibéré de l'équipage de l'Arbalète a commencé. La première victime qu'ont choisi ces immondes pirates communistes est Nicolas Muichkine, capitaine de cargo.
Nicolas Muichkine avait été formé par notre marine, comme tous les capitaines de navires clovaniens, marchands ou non. Les médailles que vous voyez sur sa poitrine sont le signe d'un mérite incomparable. Rares sont ceux qui parviennent à réunir tant de louanges de notre mère Patrie. Muichkine était l'un des meilleurs, aimé de son équipage avec qui il travaillait depuis plus de 12 ans, pour les plus anciens. Il n'était pas qu'un capitaine. C'était un père. Un père aimant, et prêt à donner sa vie pour ses hommes, comme il l'a montré en se sacrifiant sans regret à des milliers de kilomètres de sa patrie.
Nos enfants, les communistes ont mal compris la Clovanie. Ils ont mal compris la République Impériale. Ils osent affirmer que Nicolas maltraitait les hommes de l'Arbalète, qu'il piochait délibérément dans leurs salaires. Ils insinuent qu'il était un profiteur, un bourgeois parasite. Ils tentent de calquer leur invariable schéma binaire et matérialiste à toutes les situations s'éloignant de leurs idéaux. Mais dans un navire Clovanien, point de bourgeois, point de parasite, point de prolétaire, point d'opprimés.
Un navire Clovanien, ce sont des hommes, unis par une tradition Clovanienne plus ancestrale encore que la Clovanie elle-même. Ce sont des marins travailleurs, dévoués, amoureux des ports et des eaux salées. C'est un capitaine fier de sa carrière, produit de la méritocratie ayant fait tous les efforts nécessaires pour parvenir à un poste d'honneur et de renommée sociale unanime.
Mais les communistes ont horreur de tout ce qui est haut, de tout ce qui rayonne, tout ce qui, finalement, les renvoie à leur propre médiocrité. Ils ne veulent que l'égalité parfaite dans sa plus dystopique définition. Ils ne comprennent pas que dans la nature, l'égalité n'existe pas, comme le disait déjà si bien Julian Skalistyy. Ils ne voient pas que si considère une inégalité, on la considère en vertu d'une échelle de valeur. Nos valeurs sont le courage, le dévouement, la force et la Volonté de Puissance. Si l'on annule les inégalités, l'on n'a plus de valeurs.
Alors oui, il y a une hiérarchie dans un navire, parce que celui qui en occupe le sommet a fait tous les efforts possibles pour y parvenir. Et les autres doivent s'en inspirer. C'est de cette manière qu'avance un groupe, c'est de cette manière que se construit une nation. Nous renvoyons les communistes qui auront la présence d'esprit et la décence d'écouter ces paroles aux fondements de notre Clovanie, aux exploits de Clovan Ier.
Les pirates n'ont donc rien compris à la Clovanie, à son fonctionnement. Il n'y ont vu qu'un souverain plénipotentiaire souhaitant préserver ses traditions et s'alliant avec des souverains portant la même revendication, et ils ont interprété cela comme une monstruosité, comme de la tyrannie.
Ils n'ont rien compris à la Clovanie car ils ont pensé pouvoir tuer un de ses fils sans subir de représailles de sa part. Pirates, Nous vous traquerons, Nous vous trouverons, et Nous vous tuerons. Chaque marin que vous tuerez sera un martyr national et une raison de plus de vous anéantir. Nous ferons tout pour retrouver la dépouille de Nicolas Muichkine afin de lui offrir les honneurs correspondant à son admirable sort. Un mémorial lui sera élevé prochainement et, puisque la mémoire ne suffit pas, une vengeance digne de ce nom lui sera accordée.
Certains de ces marins ont pu communiquer avec leurs proches, leur décrire leurs conditions de réclusion, et, qui sait ? dire un dernier adieu à leurs femmes et à leurs enfants.
N'oublions pas le Capitaine Muichkine.
N'oublions pas nos héros.
À NOS MORTS.
Pétroléon V.