Grand discours de l'Empereur Pétroléon V à l'occasion de la nouvelle année
Alors que le monde chrétien célèbre une fois de plus le passage à la nouvelle année, le peuple clovanien s'est réuni en ce premier janvier devant le Palais de la Gloire, du haut duquel Sa Seigneurie Impériale devait donner un grand discours. Ce dernier a été retransmis sur toutes les chaînes de télévision du pays et sur toutes les antennes de radio. Il s'agit là du premier discours Impérial à l'occasion de la nouvelle année, ce qui augure peut-être quelque chose de spécial, ou qui émane d'une volonté d'imposer son image paternelle de la part de notre souverain. Quoiqu'il en soit, la foule a applaudi à tout rompre les mots de son Empereur, signifiant par là la portée et le sens des mots transmis par la bouche du pouvoir.
Le discours du souverain de Clovanie a été retranscrit ici par nos soins :
"Peuple de Clovanie,
Hommes, femmes et enfants clovaniens,
Vous qui, chaque jour que Dieu fait, contribuez à l'avancement incroyable de notre grande nation,
Nous vous souhaitons la bonne année.
Il est vrai que Nous n'avons jamais fait de discours célébrant le nouvel an par le passé, aussi ce grand discours doit-il vous sembler étrange et inhabituel. Vous aviez l'habitude de célébrer cette fête en famille ou entre amis, avec vos proches, et voilà que Nous vous convions à ce grand bain de foule !
Mais aujourd'hui, c'est Nous, Empereur de Clovanie, qui célébrons le nouvel an en famille. Car oui, la Clovanie est une immense famille, dont tous les membres sont liés ! Nous ne signifions pas par là qu'un sentiment d'amour anime chacun de vous envers tous les autres Clovaniens, chacun peut avoir des brouilles avec ses voisins, ou détester un homme qui lui a fait du mal, peu importe sa nationalité. Vous pouvez vous entendre mille fois mieux avec un Travien ou avec un Gondolais qu'avec le Clovanien de l'étage du dessus ! Certes.
Mais il est une chose que l'on ne peut nier, et qui tient sa preuve du sentiment qui habite votre cœur lorsque Nous prononçons ces mots, et dont la chaleur brave la rudesse de notre hiver. Cette vérité élémentaire, c'est que chacun de vous est lié par un héritage commun, par des lieux, des souvenirs, une langue, une culture, des mœurs, des idéaux communs. Le cœur de chacun de vous bat au son de Vive l'Empereur, partage l'amour du Comte de Prostine ou de la Basilique Saint-Michel. Nous pleurons les mêmes morts, nous respirons les mêmes parfums, nous goûtons les mêmes goûts. Nos oreilles s'adoucissent au son des mêmes oiseaux, et nos yeux s'agrandissent à la vue des mêmes colonnes de marbres.
Nous marchons tous dans la même direction.
Certains choisissent souvent de laisser de côté les festivités de la nouvelle année, tout comme ils ne célèbrent guère leur anniversaire. Ils considèrent absurde de célébrer une simple borne temporelle, alors que le temps, impitoyable, ne s'arrête jamais. Ce choix relève de leur domaine privé, mais laissez-Nous conjecturer la raison de celui-ci. Il n'est guère agréable de fêter le passage à une nouvelle ère, si celle-ci est synonyme de dévaluation. Si tous les aspects de notre vie se dégradent, marquer le passage à une nouvelle période ne procure que tristesse en soulignant le caractère irrécupérable du temps passé.
En célébrant avec vous cette nouvelle année, Nous voulons illuminer le temps écoulé, justement parce que la Clovanie ne cesse de s'élever parmi les nations. Qu'il est agréable, mes enfants, de souligner le temps qui passe lorsque nous pouvons contempler le chemin parcouru avec honneur et fierté, lorsque nous pouvons proclamer haut et fort : je suis meilleur que l'année précédente !
C'est ce que Nous vous demandons à tous de crier ce premier janvier, et pour les décennies à venir ! Le temps n'est désagréable qu'à celui qui le gaspille, il est lumière et source de vie pour ceux qui s'accordent avec les volontés du Ciel.
Grand est le destin de notre Patrie, grande est la tâche qui nous incombe dans ce bas monde, et immense sera la récompense accordée par la sueur de notre travail. Nous sommes aujourd'hui immensément fier de voir la Clovanie honorer son héritage, et disposer avec plénitude de tous les présents que Dieu a su lui accorder.
Bonne année, Clovaniens et Clovaniennes, et qu'à jamais résonnent dans vos cœurs les mots de Patrie, d'Honneur, de Travail, et de Beauté.
Après ce retentissant discours, les Clovaniens se sont tournés vers la Sainte Créopole de Legkibourd, située en face du Palais de la Gloire, pour assister à la bénédiction du Papriarche Zosime XII (voir photographie). Un long défilé militaire a ensuite démarré le long de l'avenue des Dames, mené par les officiers de l'Armée Impériale.
Patrice Combe,
Pour le
Journal de Legkibourg01/01/2013