Le Shanawat est une région de culture du riz, d'accord, mais est-ce uniquement ça ? La réponse est non comme l'auront deviné nos lecteurs les plus avertis qui connaissent peut-être la plus démocratisée culture d'huile de palme et l'appréciée culture de dattes. Ces deux cultures réunies regroupent un demi-million de palmiers, faisant de l'oasis du Shanawat une des oasis les plus plantées du monde. La vente de dattes et d'huile de palme est, elle, destinée à un public plus large. Les dattes font partie des fruits les plus régulièrement consommés par les Banairais qui n'hésitent pas à en acheter des branches entières pour leur famille durant la récolte. Elles se servent seules, accompagnées avec des pâtisseries, ou sont transformées en liqueur -il en existe plusieurs sortes dans la région ainsi que dans l'ensemble du pays- qui se dégustent durant les fêtes agricoles, les marriages ou les fêtes nationales. L'huile de palme est quant à elle vendue à l'industrie agroalimentaire qui l'utilise dans de nombreuses recettes de produits transformés (confiseries, pâtes à tartiner étrangères...). Avec ces trois produits phares aux publics complémentaires, le Shanawat se garantit des revenus importants qui font de la région une région dynamique malgré la puissance économique attractrice d'Al Kara, le premier centre urbain du sud du pays. L'avantage est aussi agricole et climatique : ce sont les palmiers-dattiers et les palmiers à huile qui protègent le sol du dessèchement et ainsi permettent aux agriculteurs de cultiver l'Al Hassawi. Autrement, tout ceci serait impossible, ou assécherait l'oasis en quelques années. Comme quoi, la combinaison de cultures complémentaires est une stratégie viable et enviable contrairement à ce que laissent penser les monocultures eurysiennes qui se basent entièrement sur la richesse de leur sol et la clémence de leur climat.
Le résultat par ailleurs est magnifique à voir : lorsqu'on visite le Shanawat, on peut admirer le vert des palmes, la taille impressionnante des palmiers-dattiers et se promener sous leur ombre protectrice. Durant la saison des récoltes, des charrues et camions transportent le précieux fruit du travail des habitants qui peuvent festoyer pour célébrer l'occasion. L'effet de masse des grains de riz est subjuguant, la masse rouge-brune offre à l'œil une couleur délicieuse qui donne envie de goûter. Dans une plantation aussi grande, on oublie tout simplement que l'on est au milieu d'un désert. "Et c'est cette atmosphère particulière que nous défendons." affirme Allad, riziculteur père de deux enfants. "Lorsque mes enfants pourront eux aussi s'occuper de l'exploitation, je leur apprendrai comment faire et ils pourront à leur tour transmettre cet héritage. On est tous attaché à lui ici, ça fait partie de notre identité, et les enfants adorent nous aider. Ce sont des champs, mais je pense que c'est aussi notre jardin secret" nous confie-t-il.