Posté le : 25 mai 2024 à 12:43:27
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Velsna libérée a écrit : Gerogia Faliera, 31 aout 2013
Un indice de démocratie qui pose question
Un indice de démocratie qui pose question
Dernièrement a été mis au point par nos confrères du Globe diplomatique de Teyla en collaboration avec l’association Amnistie mondiale un nouvel outil de calcul, cette fois-ci afin de déterminer le degré de liberté politique dans un certain nombre de pays. En théorie, il pourrait s’agir là d’un instrument très utile pouvant permettre à des gouvernements de se remettre en question. En pratique, la méthodologie de recueil de données n’est pas sans provoquer de vives discussions dans les rédactions, à commencer par la nôtre. Et les résultats relatifs à cette étude ne sont pas sans donner raison aux sceptiques qui n’y voient là qu’une occasion de certains Etats de se dédouaner des problématiques auxquelles ils font face en y apportant des résultats qui prêtent à quelques doutes. Inquiétant : cette tendance semble générale et affecte tout type de régime, un phénomène sur lequel nous allons nous pencher.
Une méthodologie douteuse :
En premier lieu, il convient de souligner le manque de moyens manifeste que les auteurs de cette étude se sont accordés. En effet, il semblerait qu’Amnistie mondiale et le Globe Diplomatique n’aient pas au sens propre des équipes dédiées et le personnel nécessaire afin de procéder eux même à une collecte de données. Cela peut être compréhensif : cette démarche serait plus couteuse en moyens financiers et humains. Conséquence : en absence manifeste de véritables méthodes d’enquête se reflète dans les résultats obtenus. Pourquoi ? Parce que les équipes de l’association humanitaire ont dû avoir recours à des sources pour le moins discutables et partiales, laissant toute latitude à des acteurs intéressés afin de concevoir un propre bilan de leurs institutions, car dans certains cas il est évident que ce sont les Etats eux même qui ont mis les données à disposition, des données qui bien entendu montrent la vie politique de ces pays sous un jour pour le moins positif. Ainsi, l’index démocratique n’est pas tant une étude qu’une compilation de données partiales dont il faut faire soigneusement le tri et qu’il est urgent de réévaluer sous peine de faire perdre toute pertinence à l’étude.
Autre angle d’attaque des critiques de cet index, certains acteurs se sont inquiétés du caractère « subjectif » des questions de l’enquête, les considérant comme trop « libéro-centré ». En effet, selon les critères de cette étude, certains pays seraient tous simplement inclassables dans certains domaines et verraient ainsi une perte notable de points sur leur note finale, faussant un peu plus la pertinence de l’index. C’est le cas du Pharois, constitué en démocratie directe dotée de caractéristiques libertaires, voire anarchistes où la notion de corruption revêt d’un aspect extrêmement différent de nos régimes eurysiens de l’ouest. Cette nation se retrouve ainsi en vertu de la défaillance de ces critères d’étude, dans le ventre mou du peloton des démocraties imparfaites.
Des contributeurs louches et des informations peu sourcées :
Au-delà même d’une méthodologie de travail discutable, il faut reconnaître que le point faible majeur de cette démarche se trouve chez les contributeurs de cette étude eux-mêmes. En effet, les résultats obtenus par certains pays laissent parfois pantois, voire incrédule. Nous citerons donc les exemples qui figurent parmi les plus aberrants à notre sens et selon nos propres observations. En premier lieu, intéressons-nous au cas de la Loduarie, qui est intéressant car l’étude loduarienne semble de toute évidence avoir été réalisée par l’Etat lui-même.
Ce qui ressort, c’est que les autorités loduariennes semblent associer le degré de pluralisme politique en rapport au nombre de partis politiques, ce qui dans la réalité de ce pays, est bien entendu beaucoup plus complexe. En effet, il convient de rappeler que ce critère est également conditionné par le degré de présence de formations issues de l’opposition dans les institutions et les temps d’antenne qui lui est accordé dans les médias. Or, l’Assemblée loduarienne est de notoriété connue en Eurysie pour être avant tout un parlement croupion, en théorie habilité à proposer et voter la loi, mais dont ces derniers sont dans les faits limités par le cabinet du secrétaire général. Quant à une présence médiatique, le Loduarien libéré, seul titre de presse connu et sans doute contrôlé par l’Etat loduarien, n’en a jamais fait état (il faut également prendre en compte que la Loduarie communique de manière générale très peu sur ses problématiques politiques, laissant apparaître des institutions relativement opaques). Pour cette situation, la Loduarie a cru bon de s’attribuer la note de 6/10. Inconvenant de l’avis de la plupart des observateurs. Quant à la note relative au partage des pouvoirs, c’est un « modeste » 5 qui lui a été réservé. Là encore, la majorité des commentateurs politiques diront que l’exécutif loduarien accapare l’intégralité du processus politique du pays et qu’il s’agit d’un résultat faussé.
Ce cas là n’est que le premier d’une très longue liste de coquilles qui peuvent participer à remettre en question l’intérêt de l’expérience. Ainsi, par exemple, l’enquête astérienne considère les institutions du pays comme étant d’une solidité à toute épreuve, quand au même moment, des attentats terroristes d’une ampleur inédite ont frappé le pays, provoquant la mort de plusieurs dizaines d’enfants. Là encore, le terme de « solidité » peut être soumis à débat, à savoir en cela que cela désigne avant tout la légitimité perçue par les citoyens de leur gouvernement. Si terrorisme il y a, il est peu probable que les groupes qui en sont à l’origine reconnaissent cette dite légitimité politique. Du reste, l’étude présente une nation dans un état de quasi-utopie dénuée de tout problème, comme si l’Histoire s’était arrêtée en Astérie.
A un degré moindre, la même observation peut être faite dans le cadre de l’étude du Lofoten, avec une certaine schizophrénie de la part des observateurs locaux. Ainsi, les auteurs appliquent un 10/10 au pluralisme politique, tout en vantant le fait que l’absence de financement public des partis politiques serait bénéfique. Dans les faits, ce phénomène tend au contraire à invisibiliser des plateformes minoritaires et sur le long terme, il y a un risque important pour que l’offre électorale soit cannibalisée par quelques partis, réduisant considérablement cette dernière. Il y a une différence notable entre égalité et équité, mot utilisé par le Lofoten pour décrire sa situation, et que leurs observateurs ne semblent pas avoir appréhendé. Dans la même étude, on nous présente cette absence de financement comme une garantie de processus électoral sain. Dans les faits, la tendance inverse s’observe lorsque les budgets de campagne n’ont aucune limite, et là encore, il suffit d’y placer sa monnaie comme au casino pour avoir une omniprésence publique, et ainsi cannibaliser des adversaires politiques par simple pression médiatique. Bref, encore une fois, on vend à Amnistie mondiale des mesures nuisibles dans un emballage utopique puisque le Lofoten, là encore, s’est gratifié d’une note quasi parfaite.
Dans le même registre schizophrénique, mais cette fois un cas plus extrême et moins subtil que celui du Lofoten, Rus’ve. Apparemment, les observateurs nationaux de cette nation considèrent que la possibilité d’interdire des partis politiques mérite une note quasi parfaite (justifié par des possibilités d’interdire des formations politiques dangereuses, mais sur quels critères ?). Le processus électoral, lui aussi semble être loin de la perfection, puisqu’il faudrait, pour le simple fait d’avoir une investiture législative le soutien d’un quart des maires de la circonscription dans laquelle on se présente. Cela élimine de fait tout candidat manquant de relations politiques, ou n’ayant pas d’investiture d’un parti politique. De même, il ne faudrait pas avoir le malheur d’appartenir à une formation politique disposant de peu de maires et magistrats. Pour ce qui est du droit de grève et de manifestation, les observatoires du Rus’ve ont tout de même eu l’audace d’afficher un 9/10 tout en admettant que des manifestations sont interdites pour la simple raison qu’elles ne conviendraient pas aux positions gouvernementales.
Dans cette même région, l’étude l’Antérie se démarque également en quelques points particulièrement cocasses au niveau de l’application de la justice et de la solidité du gouvernement, puisqu’apparemment, le pays apparente la qualité de ses institutions à la sévérité des peines de prisons observées sur son territoire. Pourquoi pas.
Certains pays réussissent à nuancer quelque peu la qualité de leurs systèmes, sans pour autant mettre des notes trop basses. Par exemple, le seuil de représentativité au parlement kolisien est de 8% des voix du scrutin législatif. Il s’agit là d’un seuil assez élevé selon n’importe quel standard démocratique qui aurait peut-être mérité une note plus basse qu’un 8/10. Là aussi, le financement des partis extrêmement limité bien qu’existant, semble mérité la note de 8,5/10 là où une sévérité accrue aurait été de mise avec des observateurs étrangers et objectifs.
Toutefois, nous voudrions terminer cet article avec ce qui semblerait être la palme de la subjectivité et qui illustre bien le demi-échec qu’est cette expérience d’index (qui nous aura apprit que beaucoup de services de propagande du monde sont défaillants au passage) : le cas translave. Les observateurs nous présentent un pays où la politique se fait suivant un processus individualisé à l’extrême où toute formation politique est interdite. Cela constitue certes une catastrophe pour la constitution de groupes d’intérêts citoyens indispensables à toute démocratie, mais cela mérite toutefois 10/10 car après tout, les partis sont bien connus pour être des « machines à fanatisme ». Nous pouvons bien entendu traduire fanatisme par « opposition politique ». On nous présente également l’exclusion des personnes handicapées du processus politique comme étant une bonne chose pour la démocratie. Soit. Il n’y a également pas de syndicats, pas de grèves recensées par les observateurs, aucune contestation. L’état de droit est présenté comme un concept irrationnel tandis que la science est sacralisée comme si, ironie, il s’agissait d’un acte de foi.
Voilà donc notre résumé d’un potpourri et de ce qui se produit lorsque des moyens conséquents ne sont pas mis en place pour s’assurer de la fiabilité d’un index. Si cette expérience avait pour origine le but de mesurer la vitalité démocratique des nations de ce beau monde, elle aura avant tout fait surchauffer les esprits imaginatifs des grands départements de propagande. Si le Globe diplomatique et Amnistie mondiale ont vraiment la volonté d’effectuer un travail utile, peut-être faudrait-il en premier lieu déployer des observateurs réellement indépendants sur le terrain. Pour le reste, voici le classement personnel de notre journal, fondé sur une prise en compte sérieuse des observations des différents pays s’étant prêtés à l’expérience. Celle-ci n’a aucune valeur, mais elle se rapprocherait sans doute davantage de la réalité des choses.
Classement par pays corrigé par notre journal :
9.5 – Pharois
Entre 8.5 et 9.5 - Grand-kah
Entre 8 et 9 (propagande probable cependant) - Astérie
8.60 - Tanska
8.52 (inchangé) - Confédération miloise
8.08 (inchangé) - Caratrad
8.00 (inchangé) - Akaltie
7.80 - Empire du Nord
7 .5 - Rus've
7.58 - Osno
7.50 - Stérus
7.33 (inchangé) - Valinor
7.17 (inchangé) – Sitade
7 – Achos
7 - Antérine
6.00 - Antegrad
Entre 6 et 7 - Kolisburg
Entre 6 et 7 - Empire Raskenois
Entre 6 et 7 - Fortuna
5.5 - Velsna
5.5 - Hotsaline
5 - Avène
Entre 2 et 3 – Loduarie
Entre 1 et 2 – Translavye