18/08/2014
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Actualités clovaniennes - Page 6

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Vague d'attentats en Clovanie : les devotis contre-attaquent

L'un des lieux touchés par les attentats devotis : l'église Saint-Pierre-du-Cheminement à Erdaim.

Les Clovaniens retenaient leur souffle après la victoire de l'Armée Impériale sur les traîtres de Lorminion, n'osant se soulager de cette victoire militaire. Tous craignaient un retour de bâton désespéré des hérétiques, que l'on sait prêts à tout pour faire triompher leur idéologie meurtrière et barbare. On avait raison de s'inquiéter, car la réponse des devotis ne se fit pas longue. Cinq attentats ont eu lieu cette nuit et ce matin dans toute la Clovanie. Les devotis firent une bonne fois pour toutes montre de leur folie meurtrière et de leur volonté de plonger la Clovanie dans le chaos.

La première attaque eut lieu à Legkibourg, en plein centre de la capitale, à une heure du matin. Le couvre-feu venait d'être levé après la victoire de Norient, et quelques Legkibourgeois bravaient la peur collective sur la place de Malgrad, passant du bon temps entre amis. Un homme surgit d'une ruelle armé d'un fusil d'assaut et ouvrit le feu sur le groupe de personnes stationnés là. L'attaque fit trois morts et une vingtaine de blessés. Le terroriste fut abattu en moins d'une minute par des soldats de l'Armée Impériale qui patrouillaient sur les lieux, pas assez rapidement pour éviter le deuil à trois familles innocentes.

Le second attentat meurtrit la seconde ville du pays, Leongrad, sans causer la mort d'aucun civil. À trois heures du matin, le quartier de la Victoire fut soudainement réveillé par une grande déflagration. Un fanatique devotis venait de se faire exploser sur le parvis de l'église Sainte-Catherine, provoquant la destruction d'une bonne partie de la façade de l'édifice. Un graffiti dessiné sur le sol juste avant son odieux suicide révèle le fanatisme barbare du terroriste : "Jupiter vaincra".

Alors que les forces de l'ordre étaient en ébullition toute la nuit suite à ces deux attaques, elles n'empêchèrent pas que les dévotis continuassent leur vengeance meurtrière. À six heures, alors que le marché de la place Alexandre de Koslov grouillait de monde, un homme, une arme de guerre à la main, tira en rafales sur la foule, assassinant lâchement une dizaine de personnes et en en blessant treize autres. L'homme, après avoir hurlé vengeance pour ses "312 frères tués sur le champ de Mars", fut capturé vivant par l'Armée Impériale.

Puis, à six heures et demi, ce fut à nouveau Legkibourg qui paya le prix de l'hérésie devotis, lorsqu'un homme armé d'un couteau tenta de pénétrer dans le Palais de la Gloire. Il poignarda sans les tuer deux des gardes qui tentaient de l'arrêter. Il voulait, selon ses dires, trouver le Prince Clément pour lui offrir vengeance. Cette attaque au siège même du pouvoir Impérial n'empêcha pas la perpétration d'un dernier forfait, à l'église Saint-Pierre-du-Cheminement d'Erdaim.

Au moment de la messe, aux alentours de dix heures et demi, un homme armé d'un pistolet assassinat quatre fidèles ortholiques et blessa à l'épaule le prêtre qui disait son homélie.

Cette ignoble et sanglante vague d'attentats qui a tué cette nuit et ce matin dix-sept de nos concitoyens, innocents travailleurs, étudiants ou fidèles, nous touche au plus profond de notre cœur. Cette fois-ci, les barbares ne s'attaquent plus à nos croyances, à notre Armée, à l'État. Ils meurtrissent aujourd'hui des civils sans défense, nos frères et nos sœurs, nos pères et nos mères. Il est grand temps de mettre fin à leurs agissements. Le peuple attend une réponse des plus fermes de la part de son Empereur.

En attendant, prions pour les victimes de la barbarie.

Journal de Legkibourg
Olivier Stritski,
Pour le Journal de Legkibourg
21/06/2014
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Les coupables des attentats arrêtés : Robolioubov risque la mort

Le moins qu'on puisse dire est que les forces de police n'ont pas chômé pour remonter la piste des attentats de cette nuit et de ce matin. Ces attaques ayant eu lieu à Legkibourg, Leongrad, Koslov et Erdaim, ont causé la mort de dix-sept civils et ont été perpétrés au nom de la foi devotis, prouvant au monde la barbarie ignoble de ce néo-paganisme. D'après les toutes récentes déclarations du 1er Département de Police, le réseau devotis auraient été ratissé jusqu'aux principaux commanditaires des attaques.

Ainsi, 45 devotis ont été interpellés par les forces de l'ordre et sont en attente de jugement. Parmi ces coupables, on trouve le très célèbre Duc de Robolioubov, chef de file spirituel des devotis. Il était celui qui indiquait aux devotis leur ligne de conduite depuis l'arrestation du Comte de Malmon. Sa grande proximité avec l'Impératrice lui valait une position extrêmement favorable aux yeux du pouvoir, ce qui pouvait expliquer sa relative tranquillité, contrastant avec sa très grande impopularité.

Le Duc de Robolioubov est désormais derrière les barreaux, en tant que principal commanditaire des attentats. Le meurtrier de dix-sept de nos frères et sœurs est donc en attente de son jugement. Il risque la peine capitale, comme l'indique la loi, et nous espérons tous que la Justice accomplira son devoir comme il se doit.

L'Empereur s'est refusé à communiquer sur les événements, encore accaparé par ses graves problèmes de santé. Le Premier Ministre Impérial, Aurélien Bergé, a quant à lui déclaré que les coupables seront condamnés avec la plus sévère des fermetés. Le couvre-feu sur l'ensemble de la Clovanie a été à nouveau déclenché. L'état d'urgence est toujours en vigueur. Selon les propos du Premier Ministre Impérial, la guerre civile n'est pas finie et il faut encore que les Clovaniens aient la conscience du danger historique auquel fait face leur Nation.


Journal de Legkibourg
Paul Ardois,
Pour le Journal de Legkibourg
21/06/2014
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Un jugement expéditif : les traîtres devotis condamnés à mort

L'État ne perd pas le moindre seconde depuis que la Clovanie a été touchée en plein cœur et par la vague d'attentat devotis. Après des troubles intenses qui ont causé de nombreux morts et blessés et engendré une sécession d'un régiment de l'Armée Impériale, alors que la Clovanie est encore cloitrée par le couvre-feu et que l'état d'urgence n'a pas été levé par Sa Seigneurie Impériale, le jugement tant attendu des coupables s'est déroulé à huis-clos cette après-midi.

Premièrement, le Comte de Malmon a été condamné à la peine capitale pour le meurtre d'Alfred de Minksi lors du duel qui avait opposé les deux hommes en avril. Cet événement avait été le point déclencheur des émeutes anti-devotis et de la guerre civile. Ensuite, la Justice s'est penchée sur le cas de l'ancien Général de Lorminion, coupable du crime de trahison de la Patrie pour avoir déclaré sécession, entraînant avec lui tout un régiment. Le traître avait trahi en vertu de sa fausse foi devotis et de son accointance avec certains de ses confrères en hérésie, haut-placés dans le régime Impérial. Le général déchu a été condamné à la peine capitale.

Les 1666 soldats qui ont suivi son exemple et qui ont été faits prisonniers n'ont pas encore été jugés, signe que la Justice agit davantage pour répondre aux inquiétudes de l'opinion que pour appliquer protocolairement son devoir. Nul ne sait ce que deviendront ces hommes, qui se sont rendus coupable du pire crime, celui consistant à trahir son devoir pour pointer ses armes sur ses frères.

Enfin, le Duc de Robolioubov, commanditaire des attentats ayant causé la mort de 17 Clovaniens et Clovaniennes cette nuit et ce matin, a également été condamné à mort. Sa grande amitié avec l'Impératrice Marine cause toujours de grands débats en Clovanie.

Le Prince Clément, frère de l'Empereur, fervent opposant des devotis et ayant participé en personne à la bataille de Norient, n'épargne pas l'Impératrice dans ses propos. Pour lui, la menace devotis ne pourra être véritablement écartée que lorsque le Palais de la Gloire aura complètement été débarrassé de l'hérésie. Il réclame notamment une enquête visant l'Impératrice Marine, la compatibilité de sa foi avec la place qu'elle occupe et surtout son implication dans les derniers événements.

Journal de Legkibourg
Damien Marinov,
Pour le Journal de Legkibourg
21/04/2014
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Procès à venir de l'Impératrice Marine : le Prince Clément s'acharne !

Le Prince Clément, accusateur de l'Impératrice Marine

Alors que la guerre civile semble s'achever au grand soulagement de tous les Clovaniens, le Prince Clément réclame encore la destitution de l'Impératrice Marine. Selon ses discours, les devotis cesseront de mettre le pays à feu et à sang lorsqu'on ne trouvera plus nulle trace de l'hérésie au Palais de la Gloire, et surtout aux côtés de l'Empereur. Voici ce qu'il écrit dans une lettre ouverte à la Clovanie :

Prince Clément a écrit :"Clovaniens,

Ces derniers temps, les devotis ont fait couler sang et larmes dans notre patrie. Ils ont arraché le cœur de nos frères, de nos sœurs, profané nos églises et souillé notre foi. Je sais que votre cœur est las de cette guerre civile dont vous ne percevez pas l'utilité, dont vous ne voyez pas le bout. Je sais que votre seule volonté est de continuer à œuvrer en paix pour le bien-être et la gloire de la Nation. Je sais que votre esprit soupire à l'écoute de chaque nouvel événement qui vient troubler votre tranquillité. Sachez bien que je partage entièrement vos doutes, vos craintes, vos espoirs et votre ardent désir de retourner à une Clovanie unie et fière.

Le Palais de la Gloire n'est pas exempt de graves crises, il en est même à la source. Ainsi, si j'adhère pleinement aux volontés de paix de tous les Clovaniens, je suis bien placé pour apercevoir comment nous extraire du chaos. Vous le savez, Sa Seigneurie Impériale, mon frère, est gravement malade. Ses prises de positions et ses décisions souffrent du manque d'assurance accordés aux faibles d'esprit. Je déplore amèrement la perte d'un esprit clairvoyant, qui a su pendant de longues années diriger notre Nation d'une main de fer. Désormais, ses facultés mentales s'embrument occasionnellement, et je dois l'avouer, de plus en plus fréquemment.

L'Impératrice, quant à elle, fut gagnée il y a déjà longtemps par la fausse foi devotis. Elle fut l'amie proche du Duc de Robolioubov, ignoble meurtrier et profanateur, ainsi que de nombreux devotis. Ainsi, comment voulez-vous que la guerre civile prenne fin alors qu'une complice des traîtres à la Nation siège en ce moment même aux côtés de notre Empereur, lequel ne parvient plus à exercer dignement son pouvoir ? Vous avez vu le bout de ce conflit douloureux lorsque les criminels ont été condamnés à mort : sachez bien que c'est uniquement grâce à mes lourdes sollicitations que cette décision fut prise. L'inaction de l'Empereur les mois qui précédèrent n'est due qu'à l'influence de l'Impératrice Marine, laquelle a préféré sauver ses amis et son dogme schismatique plutôt que préserver l'intégrité de la Patrie, du peuple qu'elle fut amenée à gouverner.

Ainsi, si vous désirez voir la fin des troubles et l'élimination complète des devotis de notre Nation, l'Impératrice Marine doit être jugée et déchue. Seule cette solution pourra permettre la mise en place d'une politique raisonnable pouvant guider notre peuple vers la paix qu'il chérit.

Cette lettre ouverte a été diffusée dans les journaux, à la radio et à la télévision. Aucun Clovanien n'ignore donc que l'Impératrice Marine sera jugée prochainement. Malheureusement pour lui, le Prince Clément a seulement obtenu que l'Impératrice soit jugée religieusement, pour contrevenir à la Ve Maxime Impériale, selon laquelle "l'Ortholicisme doit toujours demeurer la religion d'Etat". Le chef d'accusation concernant son implication dans les attentats et la sécession de Lorminion n'a pas été retenu pour l'instant.

Journal de Legkibourg
Olivier Stritski,
Pour le Journal de Legkibourg
30/06/2014
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LE PROCÈS RELIGIEUX DE L'IMPÉRATRICE MARINE

Retransmission en direct.


DIRECT1, La Clovanie en temps réel.

Le 30 juillet 2014, 12h57.

DIRECT1, La Clovanie en temps réel.

Animateur : Clovaniens, Clovaniennes, vous êtes de retour sur Direct1, la première chaine d'information en direct de Clovanie. Tous les regards sont tournés cet après-midi vers la Sainte Créopole de Legkibourg, siège du Papriarche Zosime XII, à l'heure où se prépare l'un des procès les plus importants de notre histoire, celui qui pourrait mettre un terme à la guerre civile provoquée par les devotis. Les conflits et les attentats qui ont causé la mort d'un peu moins de quatre-cents hommes et femmes ont suscité chez chacun d'entre nous la ferme volonté de voir tous les devotis derrière les barreaux, ou sur le poteau d'exécution. Alors que cette période troublée semble toucher à sa fin, Son Excellence le Prince Clément, frère de l'Empereur a réclamé auprès du Papriarche Zosime XII qu'un procès religieux se tienne à l'encontre de Sa Seigneurie l'Impératrice Marine.

L'amitié de l'Impératrice avec de nombreux devotis, dont le Duc de Robolioubov récemment condamné à mort pour avoir dirigé les attentats du 21 juin, est la source d'innombrables rumeurs en Clovanie et dans les cercles du pouvoir. On affirme que l'Impératrice serait devotis, qu'elle empêcherait l'Empereur Pétroléon V de prendre les bonnes décisions pour mettre fin aux troubles, et on lui prête une réputation d'adultère, non sans lien avec le caractère libertin des mœurs devotis. Dans un récent communiqué, le Prince Clément a annoncé que la condamnation de l'Impératrice mettrait fin une bonne fois pour toutes à l'hécatombe que nous déplorons parmi les militaires et les civils clovaniens. Il l'accuse entre autres de trahir la Ve Maxime Impériale, selon laquelle l'Ortholicisme doit demeurer religion d'État. C'est ce chef d'accusation que le Prince a réclamé auprès du Papriarche Zosime XII, lequel a accepté sans réserve que l'Impératrice soit examinée au cours d'un procès en religion.

Rappelons toutefois que le pouvoir de l'Empereur est légalement supérieur à celui du Papriarche. Ainsi, quelle que sera la décision finale prise par le Saint Conseil des Cardinaux et par Sa Sainteté le Papriarche, elle sera soumise à la validation ultime de l'Empereur. Celui-ci a cependant accepté la tenue du procès, affirmant que la vertu de l'Impératrice n'avait rien à cacher et qu'il se soumettrait à la décision de son directeur spirituel, en qui il place toute sa confiance. Il a décidé, conjointement avec le Papriarche, de retransmettre le procès en direct à la télévision afin que "la vérité soit entièrement mise à nue devant les questions du peuple clovanien."

Nous transmettons l'antenne à nos collaborateurs situés au plus proche des événements, dans l'immense Tribunal Inquisitoire de la Sainte Créopole de Legkibourg.

La Sainte Créopole de Legkibourg, dans laquelle prend place le procès religieux de l'Impératrice Marine.

Latence...

Journaliste : Exactement, nous nous situons aux premières loges du procès de l'Impératrice Marine, vers qui tous les regards sont tournés cet après-midi, dans la formidable salle du Tribunal Inquisitoire de la Sainte Créopole. Chacun attend de savoir la véritable implication de l'Impératrice dans la guerre civile ainsi que dans les attentats commandités par le Duc de Robolioubov. L'Impératrice est-elle complice de la morts de 17 innocents ? Est-elle impliquée dans la sécession du Général de Lorminion qui a transformé le petit village de Norient en champs de bataille ? Autant de questions qui agitent l'esprit des Clovaniens, mais il en demeure surtout une : la paix reviendra-t-elle après ce procès ?

Toute la haute société clovanienne est présente ici sous les lustres et les fresques de la salle de procès. Nous comptons dans les premiers rangs une bonne partie de la Famille Impériale, le Prince Clément en tête, accompagné du Prince Éric, fils de l'Empereur et héritier du trône. Éric semble proche du Prince Clément et échange des sourires avec son oncle, alors même que celui-ci réclame la condamnation de sa mère pour hérésie. Le fils de l'Empereur n'a pas communiqué pendant toute la guerre civile, nous apercevons seulement par de vagues indices comme celui-ci qu'il se rangerait plutôt du côté des accusateurs de sa mère l'Impératrice. Le Prince Louis est aussi présent, la mine grave comme à son habitude, son regard d'adolescent se promène sur les grandes fresques de la salle.

L'Empereur Pétroléon V est présent également, mais siège sur le banc des témoins. Ses graves problèmes de santé inquiètent toujours plus la population, d'autant plus après les dernières déclaration de son frère Clément. Selon ses dires, l'Empereur ne serait même plus capable d'exercer le pouvoir, laissant le trône à la merci de ceux qui peuvent le plus facilement influencer ses prises de décision, l'Impératrice en tête. Voilà pourquoi ce procès est si important : si l'Impératrice est vraiment à la source de l'inaction de Pétroléon V concernant les devotis, sa destitution promettrait un retour à l'ordre et à la paix le plus rapidement possible. En revanche, si le procès révèle son innocence ou que la paix ne revient pas après sa condamnation, le Prince Clément serait confondu dans l'erreur et devrait alors rendre des comptes au peuple.

Sur les hautes chaises situées au fond de la salle, les huit Cardinaux de la Sainte Créopole entourent le chef suprême de la religion Ortholique, Sa Sainteté le Papriarche Zosime XII. Ce dernier adresse quelques salutations aux environs et s'assoit dans sa grande chaire. Le silence se fait dans la grande salle, il semble que le Papriarche s'apprête à prendre la parole !

Sa Sainteté Zosime XII : Votre Seigneurie Impériale, Vos Seigneuries les membres de la Famille Impériale, Votre Excellence l'Impératrice, Messieurs les Cardinaux, vous êtes réunis ici afin que se tienne le procès de Sa Seigneurie l'Impératrice Marine, procès demandé par Son Excellence le Prince Clément. Sa Seigneurie l'Impératrice sera examinée aujourd'hui par moi-même ainsi que par les huit Cardinaux de Clovanie, afin de déterminer, si repentance il doit y avoir, quelle voie vers le salut devra emprunter Sa Seigneurie l'Impératrice. Cet examen que nous effectuerons sur Sa Seigneurie l'Impératrice sera d'ordre strictement spirituel, il déterminera si sa conscience demeure compatible avec les hautes fonctions qu'elle occupe. Nous écouterons en tout premier lieu les allégations de l'accusation, avant que soient entendues les paroles des potentiels témoins pouvant appuyer ses dires. Ensuite, nous prêterons la parole à la principale intéressée, Sa Seigneurie l'Impératrice, afin que ses arguments de défense à l'égard du vrai Dieu soit entendus. Nous laisserons également parler Sa Seigneurie Impériale Pétroléon V. Enfin, la délibération des Cardinaux aura lieu, lesquels voteront pour établir ou non la repentance attribuée au nom du Seigneur à Sa Seigneurie l'Impératrice. Ce vote sera soumis à l'ultime validation de Notre Sainteté Zosime XII, Papriarche. La décision finale établie sous ma validation sera enfin soumise à l'assentiment de Son Excellence Impériale Pétroléon V, lequel pourra accepter ou rejeter la sentence appliquée à Sa Seigneurie l'Impératrice Marine.

Commençons par rappeler les accusations qui portent sur Sa Seigneurie l'Impératrice. Sa Seigneurie le Prince Clément, frère de l'Empereur et deuxième dans l'ordre de succession au trône, accuse l'Impératrice de souscrire à la fausse foi devotis. Cette hérésie a dernièrement été sujette d'une bulle émanant de Notre Sainteté, la condamnant comme paganisme auquel nul Clovanien ne saurait adhérer. Par ailleurs, la Ve des Maximes Impériales régissant la conduite du pouvoir par l'Empereur exige que l'Ortholicisme demeure la religion d'État. Ainsi, nous examinerons si la présumée fausse foi de Sa Seigneurie l'Impératrice contrevient à cette Ve Maxime Impériale.

D'autre part, Sa Seigneurie l'Impératrice est accusée de complicité avec les devotis ayant conduit la guerre civile meurtrière dont la menace plane encore sur la Clovanie. Cette complicité, combinée avec son schismatisme présumé, l'aurait poussée dans les retranchement de la vertu et de la pudeur, la compromettant avec ses complices en hérésie. En d'autres termes, le péché de luxure aurait été consommé au moins une fois entre Sa Seigneurie l'Impératrice et l'un ou plusieurs de ses acolytes devotis.

Nous souhaitons maintenant donner la parole à Sa Seigneurie le Prince Clément, accusateur de Sa Seigneurie l'Impératrice Marine. Prince Clément, que reprochez-vous devant Dieu à l'Impératrice de Clovanie ?

Le Prince Clément se lève lentement, et se dirige d'un pas assuré devant la grande chaire du Papriarche. Se plaçant devant lui et après lui avoir adressé l'inclinaison corporelle de coutume, il commence son discours.

Prince Clément : Votre Sainteté, Messieurs les Cardinaux, Votre Excellence Impériale, Vos Excellences, bonjour. En effet, vous êtes réunis ici par mon initiative, celle de redonner à la Clovanie la paix qu'elle mérite. Je ne vous apprendrais rien si je vous décrivais la tension extrême qui m'habite depuis des mois au sujet du destin de notre Nation. Celle-ci se relève lentement de la trahison de certaines de ses plus hautes élites, doublement meurtrie dans sa chair et dans sa fierté. Vous connaissez tristement l'angoisse de ne pas savoir vers où se dirige votre propre peuple, avec lequel vous pensiez partager des valeurs communes, des valeurs d'unité et de piété qui permettaient à la sûreté nationale et à nos traditions de demeurer stables. Cette angoisse terrible, celle d'ignorer si votre voisin vous veut du bien ou si les officiers ayant juré de vous protéger ne troqueront pas leur serment contre le vice et la traîtrise suprême, cette angoisse ne devrait pas exister. Aussi essayons-nous tous de la fuir le plus vite possible, fermant parfois les yeux sur ses causes toujours bien vivantes.

Par ce procédé de l'esprit, auquel je vous pardonne entièrement la soumission, beaucoup d'entre vous doivent penser que ce procès que j'intente à la première femme de Clovanie est inutile. Nombre de Clovaniens pensent très certainement que les troubles sont derrière nous, que la guerre civile est terminée, et qu'attaquer l'Impératrice dans un procès religieux n'ajoutera que de l'huile sur un feu qui s'étendrait doucement. Détrompez-vous : il n'en est rien ! Je peux affirmer, en tant que frère de Sa Seigneurie Impériale Pétroléon V, que le pouvoir Impérial est toujours ouvert à tous les vents. Ne vous réjouissez pas d'un affaiblissement de nos ennemis en abandonnant toute vigilance ! Lorsque votre maison est inondée par une tempête, profitez-vous d'une courte accalmie pour vous réjouir et reprendre votre travail comme s'il n'en était rien, ou vous dépêchez-vous plutôt de colmater les ouvertures sur votre toit ? Par ailleurs, les condamnations des hérétiques fauteurs de guerre civile n'ont été ordonnées que parce que j'occupe une position favorable auprès de l'Empereur mon frère.

Je regrette cruellement que mon frère aîné, lequel m'a toujours été d'un soutien spirituel et moral inébranlable et a toujours su offrir aux Clovaniens une politique de fer, soit aujourd'hui atteint dans son esprit par un mal qui le ronge. Ses périodes d'absence sont de plus en plus fréquentes, et je dois avouer, comme je l'ai affirmé récemment, que l'Empereur n'est plus capable d'exercer son pouvoir. Voilà pourquoi il a fallu que je soustraie sa conscience de l'influence des schismatiques pour que la Justice condamne les traîtres. Voilà pourquoi il m'a fallu construire autour de moi un réseau d'alliés fiables, afin d'insuffler un nouveau vent dans les voiles de notre Nation.

Dans cette quête historique de paix et de sérénité nationale, il nous reste un obstacle à éliminer. Je l'ai déjà affirmé publiquement, cet obstacle est sans aucun doute l'Impératrice Marine.

J'entends déjà vos plaintes intérieures, la douleur de vos âmes encore une fois trahies par les plus hautes sphères de ceux ayant juré de nous gouverner selon la vertu et la Justice. La vérité, dans sa nudité crue et éclatante, peut choquer, mais il est du devoir de l'homme de bien d'en montrer la teneur à ses concitoyens. Aussi endossé-je ce rôle. Dans l'urgence de la situation, il n'est plus temps de prêter des égards aux sensibilités de tous. La lumière doit vous aveugler, comme elle m'aveugla lors de mes découvertes, afin que nous puissions ensemble nous diriger vers le Bien commun.

Votre Sainteté, Messieurs les Cardinaux, Votre Seigneurie Impériale, je vous demande de m'aider. Aujourd'hui est le jour où peut enfin périr la menace qui pèse depuis des mois sur notre Mère Patrie.

Voici donc les accusations que je porte à l'encontre de Sa Seigneurie l'Impératrice Marine. Marine a été il y a deux ans corrompue par la fausse foi devotis. J'ai moi-même été témoin de son parcours vers le vice et de son abandon progressif de la vraie Foi ortholique. Chacun connaît l'amitié de longue date qui liait l'Impératrice et le Duc de Robolioubov. Les deux amis s'étaient connus bien avant que mon frère ne prenne Marine en épousailles. Elle conservait une fidélité extrême en cette amitié, et le Duc était l'invité que nous voyions le plus souvent lors des dîners donnés par le couple Impérial. Pas un bal, pas une cérémonie, pas un voyage ne se faisait sans que le Duc de Robolioubov suive l'Impératrice. Il faisait partie des meubles, et Marine le considérait tantôt comme un frère, tantôt comme un père lui offrant conseils et exhortation pour mener sa vie.

Je respectais le Duc de Robolioubov. Il était un homme loyal et droit, qui n'avait jamais franchi les limites de la bienséance. Jamais, jusqu'en 2010, lorsqu'il se convertit brusquement à l'hérésie que vous connaissez déjà trop aujourd'hui. Du jour au lendemain, le Duc rejeta en bloc les dogmes et les cérémonies ortholiques. Il affichait haut et fort sa doctrine dans les dîners, clamait l'avance qu'il avait sur ses contemporains. Son charisme joua en sa faveur, et nombre d'aristocrates se convertirent à leur tour sous son influence. Un jour, en 2012, ce qui devait arriver arriva : l'Impératrice cessa progressivement, à son tour, d'assister à la messe dominicale, rituel auquel s'astreint pourtant le couple Impérial depuis des siècles. Lorsque Robolioubov profanait en paroles la vraie Foi, en présence même de l'Empereur, elle ne le contredisait plus, et finit même par se ranger plusieurs fois de son côté.

Je puis affirmer sans aucun doute possible que l'Impératrice a plusieurs fois méprisé par ses paroles l'Ortholicisme. Ce n'est un secret pour aucun des proches de la Famille Impériale ayant assisté aux conversations qui se tenaient entre elle et le Duc de Robolioubov. Je puis aussi vous assurer que le banc réservé à l'Impératrice dans la chapelle du Palais de la Gloire est vide chaque dimanche depuis un an et demi. Marine ne porte plus aucun signe Ortholique sur elle, a abandonné la lecture des textes saints, et refuse de se prosterner devant le Vrai Dieu.

Mon frère l'Empereur a longtemps pardonné la voie que prenait son épouse, bien que le sujet soit cause de nombreux débats au sein du couple. Il ne mesurait pas l'étendue de la menace qui planait sur le pays. Pour lui, les devotis n'étaient que les victimes d'une mode éphémère, les effets d'un vent passager qui les reconduirait bien vite à la raison. Puis, ses attaques cérébrales arrivèrent, ce qui fut le prétexte pour l'Impératrice d'ordonner son isolement le plus souvent possible. Moi-même, frère de l'Empereur, pouvais difficilement obtenir une audience avec lui, et devais passer d'abord par l'Impératrice pour qu'elle m'autorise à m'entretenir avec lui. Tout cela était bien entendu placé sous le sceau de la santé de l'Empereur Pétroléon, excuse qu'on ne pouvait violer sans s'affubler du comble de l'indécence.

Aujourd'hui, il est trop tard pour réaliser que le vide que je rencontre dans les yeux de mon frère a très certainement été précipité par son isolement, par les manœuvres sournoises dont il fut victime. Avec l'aide précieuse de l'Impératrice, le Duc de Robolioubov pouvait préparer l'avènement de son grand dessein sans que l'Empereur ne fût informé de rien. La Clovanie s'est inquiétée, et a rugi devant l'inaction de son souverain lorsqu'Alfred de Minski fut tué. Si l'Empereur n'a pas réagi, c'est qu'il n'en savait strictement rien. Personne ne pouvait s'entretenir avec lui, seuls les devotis comme Robolioubov pénétraient dans son cabinet. En insistant lourdement auprès de Son Excellence l'Impératrice Marine, je parvins à obtenir une entrevue avec Son Excellence Pétroléon V, au début de juin. Suite à cette conversation au cours de laquelle je l'entretins de la situation en Clovanie, l'Impératrice prépara en urgence une prise de parole de l'Empereur. Ce discours servait également à faire taire les rumeurs qui pesaient sur elle.

Ainsi, la conduite de l'Impératrice n'était un secret pour personne au Palais et en Clovanie, ce qui me permis de m'enfoncer dans cette brèche déjà ouverte pour arriver à la condamnation des traîtres. Malheureusement, je ne pus éviter la mort de dizaines de mes concitoyens. J'ignore le degré d'implication de l'Impératrice dans les attentats du 21 juin ainsi que dans la sécession du Général de Lorminion, mais sa responsabilité est extrêmement lourde dans l'inaction de l'Empereur et dans son ignorance de la situation. J'ignore si elle contint Sa Seigneurie Impériale dans la pénombre par obéissance aveugle envers le Duc de Robolioubov, ou si elle agit ainsi en pleine connaissance des risques nationaux que permettait son comportement. Je suppose que c'est à elle de nous répondre quant à cette partie de l'histoire, si son hérésie ne lui a pas ôté le sens suprême de la vérité.

Ainsi, devant vous, Messieurs les Cardinaux, Votre Sainteté, Votre Seigneurie Impériale mon frère, dont je ne souhaite que du bien, et devant le peuple Clovanien, j'accuse Sa Seigneurie l'Impératrice de contrevenir à la Ve Maxime Impériale, laquelle astreint l'Empereur à conserver l'Ortholicisme comme religion d'État. Au regard de ce que je viens de vous exposer, il est clair que l'Impératrice affichait ouvertement sa confession devotis, et surtout que cette fausse foi a fortement influencé les décisions de l'Empereur. Ne vous méprenez pas en pensant que la Ve Maxime Impériale est intacte du moment que l'Empereur est ortholique : les derniers événements nous ont montré que si son épouse, la personne dont il est le plus proche, était convaincue par une foi divergente, le pays entier pouvait être divisé. Ainsi, l'Impératrice a fortement contribué à la sécession de Lorminion, trahison suprême d'une partie de l'Armée Impériale envers son peuple, en vertu d'une foi contraire à celle du vrai Dieu. J'accuse aussi Sa Seigneurie l'Impératrice d'avoir trahi son lien de mariage avec Sa Seigneurie Impériale Pétroléon V, lequel est placé sous le sceau de la religion ortholique. Sans faire mention des potentiels actes de lubricité commis par l'Impératrice Marine au cours de ses messes devotis, sa simple foi constitue déjà en une rupture du contrat matrimonial le plus sacré de Clovanie, à savoir celui de son Empereur. Enfin, j'accuse l'Impératrice Marine d'avoir profané l'un des lieux les plus sacrés de Clovanie, le Palais de la Gloire. Celui-ci fut sanctifié au moment de la Sainte-Union, au Ve siècle de notre ère. L'Impératrice a profané ce lieu en paroles, par ses provocations orales à l'encontre de la vraie Foi, ainsi qu'en actes, par des messes païennes. Ces cérémonies occultes furent gardées secrètes, de façon à ce que nul ne sache quels péchés étaient commis en ces lieux, mais montrant bien que les devotis connaissaient pertinemment le caractère profane et interdit de leurs actes.

Avant que l'Impératrice ne prenne la parole, je désirerais d'abord faire appel à un témoin, si les accusations que je prononce au péril de mon honneur ne vous suffisent pas. Je n'ai pas été témoin direct des actes d'impiété commis par l'Impératrice, mais son serviteur le plus proche, le page Olive Freysse, garda un regard silencieux sur ces actes pendant plus d'un an. Guidé par les voies de l'honnêteté et de la droiture, il vint il y a peu m'en faire récit, et s'apprête maintenant à dévoiler son secret devant les plus hautes instances de la religion Ortholique.

Un petit homme, habillé d'un costume simple décoré d'une cocarde blanche, avance timidement vers la grande chaire. Âgé d'une trentaine d'année, il est rasé de près et ses cheveux sont soigneusement coiffés pour l'occasion. Le Prince Clément le salue et regagne son banc après lui avoir indiqué la place à prendre d'un regard encourageant. Olive Freysse se signe et s'éclaircit la voix.

Olive Freysse : Votre Sainteté, Messieurs les Cardinaux, mes hommages. Son Excellence le Prince Clément dit vrai, j'ai été le témoin pendant plus d'un an des actes hérétiques de Son Excellence l'Impératrice. Je m'excuse platement, envers vous comme envers le Très-Haut, pour ne pas en avoir fait part plus tôt aux prêtres de mon entourage. C'est que, vous devez sûrement comprendre, je n'ai pas d'autre travail que celui que je faisais. Si je peux manger aujourd'hui, c'est bien parce que Son Excellence le Prince Clément m'a gracieusement aidé afin que je puisse dire la vérité devant vous. J'ai toujours été page de Sa Seigneurie l'Impératrice, depuis que j'ai dix-neuf ans. Pour sûr, Son Excellence l'Impératrice a toujours été le comble de la bienveillance envers moi. Elle m'a toujours bien traité, je vous l'assure, même lorsqu'elle pratiquait ses actes dogmatiques... schismatiques !

Sa Sainteté Zosime XII : Allons droit aux faits, Monsieur Freysse ! Quel fut le premier acte impie de l'Impératrice dont vous fûtes le témoin ?

Olive Freysse : Bien sûr, Votre Sainteté, toutes mes excuses. Je fus le témoin, pour ainsi dire, du premier acte impie de Sa Seigneurie l'Impératrice autour de 2012. Comme l'a dit Son Excellence le Prince Clément, c'est cette année, au printemps, que Sa Seigneurie l'Impératrice a commencé à ne plus vouloir assister à la messe. Voyez-vous, je regrettais beaucoup ce choix, quant à moi. Même si l'on me demandait peu mon avis, c'était une sacrée chance de pouvoir m'asseoir dans la chapelle du Palais, avec tous ces Princes et ces Excellences. Mais je suivais Son Excellence l'Impératrice, car c'est pour ainsi dire mon travail voyez-vous ? Je gardais en moi une foule de bons sentiment envers le Vrai Dieu, oui, je peux vous l'assurer, mais si l'on me demande de suivre Son Excellence l'Impératrice quelque part, je la suis ! Enfin, je la suivais pour ainsi dire, puisque je travaille maintenant pour Son Excellence le Prince Clément.

Enfin, le premier acte impie, puisque c'est là la demande de Votre Sainteté, ce fut lorsque Sa Seigneurie l'Impératrice refusa brusquement de mettre sa médaille le matin. Voyez-vous, je devais lui donner tous les matins la médaille qu'elle possédait, avec un portrait de la Vierge Marie dessus. Et bien, un matin, alors que je lui tendais sa médaille comme à mon habitude, elle me rejeta brusquement. Elle prit la médaille que j'avais dans la main et la jeta à l'autre bout de la pièce, voyez-vous. J'étais choqué, pour ainsi dire, et je déguerpis aussitôt.

Et puis, à partir de ce moment-là, ce fut pour ainsi dire de pire en pire. Sa Seigneurie l'Impératrice n'arrêtait jamais de profaner la religion ortholique dès qu'elle en avait l'occasion. Elle se permettait tout, dans la mesure où Son Excellence Impériale l'Empereur ne faisait pas grand chose pour l'arrêter. Elle disait très souvent être fidèle au dogme devotis. Elle disait que, pour ainsi dire, elle et ses camarades étaient porteurs d'un grand message pour l'humanité, et qu'il fallait bâtir des temples dans toute la Clovanie. Parfois, je me signais en entendant de telles paroles, et elle me regardait d'un air sombre, en me disant que la colère des dieux, de Jupiter, de Mars et de tous les autres allait s'abattre bientôt sur tous ceux qui croyaient encore aux vieux dogmes. Alors, je me signais de plus belle ! Voyez-vous je peux comprendre que dix dieux, ça fasse plus peur qu'un seul, mais je pouvais pas croire à de telles sornettes. Je pensais, sûrement comme l'Empereur, que cette idéologie était une passade chez Sa Seigneurie l'Impératrice, qu'elle s'était prise de cette nouvelle religion comme on se prend à une mode, pour pas faire comme les autres, voyez-vous ?

Sa Sainteté Zosime XII : Monsieur Freysse, avez-vous suivi l'Impératrice dans une de ses messes hérétiques, ou assisté à l'une de ces messes ?

Olive Freysse : Comme je vous l'ai dit, Votre Sainteté, si Sa Seigneurie l'Impératrice me disait de la suivre quelque part, je la suivais ! C'était, pour ainsi dire, l'essentiel de mon travail. Alors, qu'on me pardonne pour ça, mais oui j'ai bien assisté à des messes devotis. Toutes ces messes étaient présidées par le Duc de Robolioubov. À vrai dire, je ne pouvais pas vraiment savoir qu'il s'agissait de messes hérétiques et contraires à la vraie Foi, puisque le Duc parlait de choses incompréhensibles, parfois en latin ou en d'autres langues pour que nous ne comprenions pas, nous autres domestiques. Alors bien sûr, je savais, au vu du comportement général, pour ainsi dire, de Sa Seigneurie l'Impératrice, que ces assemblées n'étaient pas très en accord avec les enseignements du vrai Dieu. D'ailleurs, je devais garder le secret du lieu où se tenaient ces messes. Aujourd'hui, je peux le dire, il y en eut plusieurs dans des salons du Palais de la Gloire. Voyez-vous, j'ai beaucoup honte de ne pas en avoir fait part aux autorités, ou carrément à Son Excellence Impériale l'Empereur, lequel n'était pas au courant. Je pensais simplement que d'humbles gens de ma sorte n'avaient pas à se mêler à ces grandes histoires. Qui suis-je pour affirmer à Son Excellence l'Impératrice ou à Son Excellence Impériale l'Empereur que tel ou tel n'est pas le vrai Dieu ? Non, mon travail à moi, c'était d'obéir à Son Excellence l'Impératrice, un point c'est tout. C'est pour cela que j'étais payé, nourri, logé et blanchi, pas pour discuter.

Sa Sainteté Zosime XII : Monsieur Freysse, avez-vous assisté aux actes compromettants dont on accuse l'Impératrice depuis quelques mois ?

Olive Freysse : Oui, Votre Sainteté, comme je vous l'ai expliqué, les messes noires et tout cela. L'Impératrice était devotis, pour sûr, les rumeurs sont vraies, et j'en suis le témoin, pour ainsi dire, et...

Sa Sainteté Zosime XII : Je ne parle pas de cela, Monsieur Freysse, je fais ici mention des actes compromettants... qui prêtent une réputation à l'Impératrice d'une grande liberté de mœurs maritales.

Olive Freysse : Pour sûr, Son Excellence l'Impératrice était d'une grande liberté, Son Excellence Impériale la laissait fréquenter ses amis devotis assez souvent sans le lui reprocher, du moins pas en ma présence.

Sa Sainteté Zosime XII : Avez-vous été témoin de la consommation par Sa Seigneurie l'Impératrice d'un acte de lubricité ?

Olive Freysse : Je ne comprends pas vraiment, Votre Sainteté, ce que vous entendez par acte de lubricité... S'il s'agit d'une pâtisserie, pour sûr, Sa Seigneurie l'Impératrice en est très friande, alors il est possible qu'elle en ait consommé...

Sa Sainteté Zosime XII : Monsieur Freysse ! Je veux parler du péché d'adultère ! L'Impératrice a-t-elle couché avec un de ses complices devotis en votre présence, ou participé à n'importe quelle sorte d'acte sexuel ?

Olive Freysse : Oh ! Mes plates excuses Votre Sainteté... en effet, les rumeurs ne parlent que de cela... Quant à cela, je peux vous l'assurer, je n'ai assisté à aucun acte de la sorte. L'Impératrice n'a jamais commis d'adultère dans ses messes devotis, ni nulle part ailleurs !

Sa Sainteté Zosime XII : En êtes-vous absolument sûr ? Tout ce que vous prononcez ici est placé sous le serment le plus sacré... Vous êtes maintenant délivré de la soumission qui vous liait à Son Excellence l'Impératrice et vous devez révéler tout ce que vous avez vu ou entendu en sa présence, sans rien omettre, il en va de votre parole d'honneur.

Olive Freysse : Je peux le jurer par tous les saints, Son Excellence l'impératrice n'a jamais commis le péché d'adultère ! Je ne saurais même pas l'imaginer...

Sa Sainteté Zosime XII : Très bien, Monsieur Freysse. Merci pour votre témoignage. Nous appelons maintenant Son Excellence l'Impératrice à se défendre.

Olive Freysse quitte sa place après un signe de croix et se rassoit timidement sur son banc. De l'autre côté de la salle, l'Impératrice Marine, vêtue d'une robe rose et blanche, traverse les rangs pour se diriger vers le couloir central. Elle s'avance la tête haute vers le Papriarche. Celui-ci la fixe d'un regard sévère et attend qu'elle prenne la parole. Ôtant son grand chapeau rose, elle commence son discours.

L'Impératrice devant Sa Sainteté le Papriarche Zosime XII et les huit Cardinaux, dans la grande salle du Tribunal Inquisitoire de la Sainte Créopole de Legkibourg.

L'Impératrice Marine : Votre Sainteté, Messieurs les Cardinaux, Votre Seigneurie Impériale, les paroles que je prononcerai devant vous occasionneront certainement émoi et étonnement dans vos esprits, et bien que je me soumette à l'implacable raison de vos jugements, j'espère qu'ils provoqueront également un peu de pitié dans vos cœurs. Ce que je m'apprête à délivrer dans cette salle n'aura de limites que celles de la vérité. Oui, c'est la vérité toute entière que je vous offrirai, sans qu'elle ne souffre aucune déformation ni omission.

En guise de première confession, je vous livrerai celle que vous attendez sûrement le plus : oui, je suis devotis. Le Prince Clément a dit vrai sur ce point. Comme il l'a expliqué, j'ai perdu la foi en Dieu il y a de cela deux ans et, comme par coïncidence, le Duc de Robolioubov (l'Impératrice retient un sanglot...) m'a fait connaître cette nouvelle religion dont il était l'un des premiers représentants en Clovanie. Le Duc était l'un de mes plus chers amis, si ce n'est mon plus cher ami, et je savais reconnaître dans ses yeux la lueur indiquant qu'il croyait fermement au bien fondé de sa doctrine. Après des dizaines et des dizaines de conversations avec lui, je compris qu'il était persuadé que la religion devotis devait remplacer l'Ortholicisme pour le bien de chacun. Il arguait que l'humanité avait enfin trouvé son but, et que pour l'atteindre il était nécessaire d'abandonner tous les vieux dogmes, toutes les vieilles croyances castratrices. Pour lui, le dogme devotis était celui de la liberté, celui qui pouvait permettre à l'homme de connaître les vraies forces de l'Univers, tout en se libérant des traditions ortholiques qui l'empêchent d'accéder à cette ultime connaissance.

Que Votre Sainteté me croie quand je vous dit que j'ai tout fait, au début, pour le faire revenir à la foi ortholique. Je lui disais sans cesse que cette nouvelle doctrine devait être gardée secrète, qu'elle ne pouvait occasionner que la division au sein du pouvoir. Mais le Duc portait en lui un feu inépuisable. Il débattait sans répit avec toutes les personnes qu'il rencontrait, il démontrait, affirmait, convainquait. Ainsi, il réunit autour de lui un grand groupe de fidèles. À ses côtés, le Comte de Malmon avait pris la tête de la mouvance. Robolioubov s'occupait de recruter les fidèles, tandis que Malmon élaborait la doctrine. Pardonnez-moi, Votre Sainteté, si ma foi ne fut pas assez forte pour résister aux instances de mon plus cher ami. Ce dernier me pressait sans arrêt à rejoindre les rangs des devotis. Il affirmait que si une femme aussi importante que moi se convertissait, il ne leur resterait plus qu'une marche à franchir avant d'accéder au pouvoir et de répandre le bonheur et la liberté en Clovanie. Ainsi, je cédai peu à peu à ses sollicitations et me laissai convaincre de la véracité du culte devotis.

Cette nouvelle conviction raviva en moi la flamme de la Foi qui s'était éteinte. J'apercevais une réponse claire et lumineuse à tous les doutes qui avaient germé en mon esprit les derniers mois. Aujourd'hui, devant les atroces dérives du culte devotis, il me faut avouer que ces doutes persistent toujours en mon esprit. Mon chemin spirituel n'est pas arrêté. Mais puisqu'il me faut avouer devant vous mes péchés, j'admets être encore gagnée par la foi que vous dénommez fausse. C'est certainement cette foi qui m'a poussée à obéir à des actes qui m'ont fait trahir ma Patrie, mon époux et Empereur, ma Famille.

Encore une fois, le Prince Clément a dit vrai concernant le silence de l'Empereur. Oui, c'était moi qui empêchais le plus possible l'entourage de mon époux de le voir, et cet acte coupable n'avait rien à voir avec sa maladie. (l'Impératrice se tourne vers son mari d'un air implorant, les larmes aux yeux) Mon époux, je vous conjure de pardonner mon errance de ces dernières semaines, ainsi que les mensonges par lesquels je vous ai déshonoré. Le Duc de Robolioubov gardait sur moi une emprise dont je ne pouvais me dégager. En plus de la dette que je lui devais par le simple fait de notre longue et ancienne amitié, j'étais à ce moment soumise à lui spirituellement. Il incarnait pour moi la voix qui m'avait fait retrouver la lumière, le sens de l'existence. Je lui étais ainsi redevable en tout point, et chaque mission qu'il me confiait était placée sous le sceau du bien ultime de l'humanité. J'ai ainsi été conduite à cacher la vérité à celui auquel j'avais juré fidélité : je pensais que cette étape était nécessaire afin que le Bien advienne universellement, et qu'il me pardonnerait cela une fois qu'il verrait les bienfaits du culte devotis.

L'Empereur regarde son épouse d'un air hagard, sidéré par ses révélations.

Cependant, et je le jure, je n'ai pas participé à la sécession du Général de Lorminion, ni aux attentats commandités par le Duc de Robolioubov. Je me suis seulement contentée de garder l'Empereur dans l'ignorance, et de le dissuader de prendre la parole suite au scandale ayant éclaté entre Malmon et Minski. Cette faute est déjà immense, je l'admets pleinement devant Votre Sainteté et devant vous, Messieurs les Cardinaux. Je supplie l'Empereur de me pardonner pour cela. Par ailleurs, je jure solennellement n'avoir participé à aucun acte de lubricité. Rien de la sorte n'a jamais eu lieu en ma présence, bien que je sache que le Duc forniquait avec ses maîtresses en les persuadant que ces actes faisaient partie des rites devotis. Ma fidélité envers l'Empereur était plus forte que les insinuations de Robolioubov.

Lorsque le Général de Lorminion a pris parti contre l'Empereur en déclarant sécession, j'ai senti que la doctrine allait trop loin, et que le processus dans lequel j'étais entraînée me conduirait bien vite à l'abîme si je continuais à obéir à Robolioubov. Lorsqu'il me parla des attentats qu'il comptait organiser, c'est là qu'intervint notre rupture. Nous nous disputâmes intensément. Je voulais qu'il renonce à son projet, mais il insistait, affirmait que la guerre avait été déclarée et qu'il fallait la gagner. Je lui dis alors que je n'étais plus de son côté, et qu'il ne fallait plus qu'on se voie. Bien sûr, il me menaça de dévoiler publiquement que j'étais devotis et que je l'avais aidé à contrôler le silence de l'Empereur si je le dénonçais.

Je me soumets maintenant à votre jugement, dont je sais qu'il sera juste et qu'il m'aidera à trouver la voie vers le salut.

Sa Sainteté Zosime XII : Votre Seigneurie l'Impératrice, j'espère pour votre âme que Dieu vous prendra en miséricorde. Pouvez-vous formellement prouver votre innocence dans la guerre civile et les attentats du 21 juin ?

L'Impératrice Marine : Je ne le peux pas, Votre Sainteté. Le Duc de Robolioubov étant mort, aucun témoignage ne pourra jamais prouver que je n'ai pas participé avec lui à la guerre et aux attentats. Je vous prie seulement de constater ma sincérité d'aujourd'hui, et la soumission totale dont je fais preuve envers votre jugement.

Sa Sainteté Zosime XII : Bien, je vous demande de vous rasseoir, Votre Seigneurie.

L'Impératrice se redirige vers sa place, sortant un mouchoir de sa poche pour se tamponner les yeux. L'Empereur tourne légèrement la tête vers elle, toujours bouche bée.

Sa Sainteté Zosime XII : Il est temps d'écouter Sa Seigneurie Impériale Pétroléon V, lequel est présent aujourd'hui pour défendre son épouse l'Impératrice.

Quelques secondes s'écoulent, au cours desquels les regards se tournent progressivement vers l'Empereur. Celui-ci tarde à se lever et à marcher lentement, le regard fixe, vers la chaire du Papriarche.

Votre Seigneurie Impériale Pétroléon V, qu'avez-vous à dire pour la défense de Son Excellence l'Impératrice Marine ?

Pétroléon V : (après quelques secondes d'attente) Il semble... Votre Sainteté... qu'il n'y ait rien à dire aujourd'hui devant vous. Nous sommes moins présent à ce procès pour affirmer que pour écouter... écouter et apprendre. Le Prince Clément, mon frère... l'a bien dit : la vérité... lorsqu'elle vous atteint de plein fouet... peut heurter profondément le cœur de l'homme. Lui laisser à jamais des marques profondes. Aujourd'hui, Nous avons appris la trahison de mon épouse de sa propre voix... et par la même occasion Notre honteuse faute. (l'Empereur garde le regard vissé sur un des ornements de la chaire)

Oui... Votre Sainteté (Il lève soudain le regard vers le Papriarche), Nous ne sommes pas là pour affirmer... ou pour défendre Notre épouse... mais si Nous pouvons présenter quelque chose au peuple clovanien, ce sont bien des excuses... mes excuses les plus plates et les plus sincères. J'ai été trompé, lourdement trompé, mais les frais de cette trahison sont loin de Nous avoir accablé... Nous seul. La principale victime de ce forfait fut le peuple clovanien, qui fut meurtri dans son âme et dans sa chair... comme l'a bien dit Clément... à cause de mon inaction. Pour vous dire les choses crûment, Nous ne savons pas où Nous allons... Nous Nous soumettrons à votre décision, mais Nous ne savons pas si Nous faisons encore confiance à l'Impératrice Marine.

Le bon sens voudrait que le lien de mariage soit rompu le plus rapidement possible, que l'Impératrice soit mise en exil, ou pire, mise à mort. C'est précisément ce que souhaite certainement le peuple clovanien, et c'est pourquoi Nous Nous soumettrons à cette sentence si elle venait à être dictée. Cependant j'ai... Nous avons le puissant sentiment que l'Impératrice est sincère dans ses excuses, sentiment inexplicable, n'est-ce pas ? Il apparaît pourtant le plus clairement du monde, ce sentiment, devant Nos yeux de mortel, la vérité est que l'Impératrice ne Nous veut que du bien, qu'elle a agi sincèrement, dans l'erreur... certes... mais sincèrement. Ce sentiment va tellement à l'encontre de la raison, de l'implacable observation des faits dans leur objectivité la plus crue, qu'on se demande comment il apparaît dans Notre esprit. C'est un secret, diantre quel secret Votre Sainteté ! Mais un secret qui est caché dans le cœur de chacun d'entre nous. Vous voulez, Votre Sainteté que je vous le livre, ce secret ? C'est... le secret de la Foi. Il s'agit là d'une beauté intuitive, qu'on ne peut saisir qu'en se cramponnant à la Foi la plus solide, la Foi en la Vérité... Foi en le Pardon divin. Il y a là une Vérité insoluble n'est-ce pas ? (l'Empereur pointe un doigt en direction du ciel) Une Vérité qu'on ne peut pas saisir, ni l'Empereur, ni le Papriarche, et il se situe précisément ici, le mystère de la Foi. Le secret... Votre Sainteté... c'est que Dieu n'a laissé que des énigmes...

Enfin... Nous Nous soumettons à votre décision, Messieurs les Cardinaux, Votre Sainteté.

Sa Sainteté Zosime XII : Nous vous remercions, Votre Seigneurie Impériale. Nous allons maintenant procéder au vote des Cardinaux, lesquels décideront de la sentence appliquée ou non sur Sa Seigneurie l'impératrice. Rappelons les accusations qui pèsent sur Son Excellence l'Impératrice Marine.

Son Excellence l'Impératrice Marine est accusée d'avoir trahi son lien matrimonial avec Son Excellence Impériale Pétroléon V en reniant la foi ortholique sous le sceau de laquelle ce lien était placé. Plus encore, par le mensonge et la manipulation, ainsi que par l'aggravation de l'état de santé de son époux, Son Excellence l'Impératrice est accusée de trahison envers ce dernier. L'Impératrice est encore accusée de trahison devant toute la communauté ortholique, à savoir le peuple clovanien dans son immense majorité, pour avoir corrompu les décisions de son Empereur face à l'hérésie et ses dérives meurtrières. L'Impératrice doit aussi rendre des comptes concernant la profanation des lieux sacrés de l'Ortholicisme, notamment le Palais de la Gloire, lequel fut l'objet de sacrilèges lors de messes devotis s'y étant tenues. Par dessus tout, l'Impératrice est accusée de connivence active avec le Duc de Robolioubov, lequel a mené et déclenché la guerre civile en Clovanie et ordonné l'assassinat de dix-sept innocents. Enfin, l'Impératrice Marine est accusée d'avoir contrevenu à la Ve Maxime Impériale qui précise que l'Ortholicisme doit demeurer religion d'État, puisque sa renonciation à la vraie Foi a divisé le couple Impérial, et poussé l'Empereur à abandonner cette maxime au profit d'une laïcité meurtrière.

Messieurs les Cardinaux, Nous vous prions de bien vouloir vous prononcer, chacun votre tour, sur l'issue de ce procès. Monsieur Jérôme de Pardignan, Cardinal des Rioltaves, vous avez l'honneur de commencer.

Le Cardinal de Pardignan, debout tout à gauche, se redresse et joint ses mains en signe de réflexion. En tant que premier Cardinal à donner son avis, c'est lui qui donnera le premier le ton sur la sentence infligée à l'Impératrice, mais cette position est inconfortable à bien des égards, puisque son vote sera loin d'être décisif. C'est d'ailleurs pourquoi le Cardinal de Legkibourg, le plus en vue du Papriarche, est placé tout à droite, position indiquée au dernier votant. Le Cardinal des Rioltaves se racle la gorge et, d'une voix rauque indiquant un âge avancé, délivre son verdict.

Cardinal des Rioltaves : Je remercie Votre Sainteté de m'accorder ce privilège ; je tâcherai de m'en montrer digne. À mes humbles yeux, Sa Seigneurie l'Impératrice a commis une immense faute en se laissant manipuler par le Duc de Robolioubov. Il ne fait pas de doute que sa responsabilité est grande dans la mort des fidèles ortholiques victimes des devotis. Par ailleurs, son péché est immense concernant la profanation des lieux saints de notre Nation. Par son hérésie, elle a corrompu la sainteté du couple impérial, lequel doit demeurer ortholique comme l'indique la Ve Maxime Impériale. Sa faute est donc grande à l'égard de la communauté ortholique, du peuple clovanien, et du Seigneur.

Malgré cela, je pense que Sa Seigneurie l'Impératrice peut encore trouver la rédemption. Son âme peut encore être sauvée de l'erreur dans laquelle elle a plongé, et peut encore trouver une voie vers le salut.

Ainsi, il apparaît pour moi évident que l'Impératrice doit être démise de ses fonctions. Il est impensable que le pardon lui soit accordé si vite, alors que sa foi est encore hésitante, sinon éteinte. Le lien de mariage entre Sa Seigneurie Impériale et l'impératrice Marine doit donc être dissout, afin de préserver la pureté du pouvoir clovanien, son unité et sa vigueur. Par ailleurs, je recommande également le couvent fermé à vie pour l'Impératrice, laquelle ne doit plus être nommée de la sorte, afin qu'elle trouve entre les murs la pénitence qu'elle cherche. Voilà ma sentence, Votre Sainteté.

Sa Sainteté Zosime XII : Le Cardinal des Rioltaves demande donc la destitution de l'Impératrice Marine ainsi que la pénitence à vie au couvent fermé. Écoutons à présent le Cardinal Charles Padorov de l'Entre-deux mers.

Charles Padorov lève sa tête brune vers la foule et pose ses deux mains à plat sur sa table. Son visage énergique laisse transparaître une fermeté implacable.

Cardinal de l'Entre-deux mers : La faute de l'impératrice Marine ne saurait se voir accorder le moindre pardon de notre part. Seul le Seigneur est digne de juger un tel amas de péchés, au moment du Jugement Dernier. Il n'est nul besoin de répéter les ignominies commises par l'Impératrice, qui ont causé mort, dévastation et vallées de larmes en Clovanie. L'Impératrice doit être déchue et mise à mort. Voilà ma sentence, Votre Sainteté.

Un murmure parcourt la foule. Chacun sait que le pouvoir religieux n'est pas en mesure de donner la mort, mais on s'attend à tout dans ces temps troublés. Après tout, si l'Impératrice est reconnue coupable du crime de trahison de la Patrie, la peine capitale lui est destinée selon la loi clovanienne. Ainsi, si l'Empereur validait une condamnation à mort de son épouse "recommandée" par le Papriarche, l'exécution de cette dernière serait tout à fait légitime.

Sa Sainteté Zosime XII : Le Cardinal de l'Entre-deux mers demande donc la destitution et la mise à mort de l'Impératrice Marine. Monsieur Maurice de Pergelès, Cardinal des Polites, nous attendons votre sentence.

Le Cardinal des Polites, petit homme à l'âge avancé qui semble avoir gagné sa place moins par vertu que par ancienneté, pose ses lunettes sur son nez et entame la lecture des notes qu'il a prises tout au long du procès.

Cardinal des Polites : Votre Sainteté, je rejoins pour ma part l'avis de mon confrère, Monsieur le Cardinal des Rioltaves. L'Impératrice a commis plusieurs péché que la communauté clovanienne et ortholique ne saurait pardonner. La présence de l'Impératrice au pouvoir et dans le peuple est dangereuse pour tous. Elle doit donc être destituée et envoyée au couvent fermé pour le restant de sa vie. Ainsi seulement elle pourra trouver à nouveau le chemin de la vraie Foi, celui qui la guidera vers le pardon de son Dieu. Voilà ma sentence, Votre Sainteté.

Sa Sainteté Zosime XII : Le Cardinal des Polites demande donc la destitution de Sa Seigneurie l'Impératrice Marine, ainsi que sa réclusion à vie en couvent fermé. Monsieur Gaston de Pskova, Cardinal du Pereryv, c'est maintenant à vous de nous donner votre sentence.

Gaston de Pskova est un homme calme, d'une cinquantaine d'années. Les rides barrant son front et les yeux rétrécis se cachant derrière son binocle indiquent une grande fatigue, celle d'un travail accompli sans relâche depuis des années. La mine grave, il s'apprête à prononcer les paroles les plus importantes de son existence.

Cardinal du Pereryv : Votre Sainteté, l'Impératrice, dans son errance, a laissé se produire la tragédie nationale que nous connaissons tous. Manipulée, influencée, trahie par le Duc de Robolioubov, elle pensait agir pour le bien de son époux alors qu'elle le conduisait vers l'abîme. Ainsi, sa faute est grave et l'errance de sa Foi est manifeste. L'impératrice a perdu le chemin du vrai Dieu, mais elle peut le retrouver.

Ce n'est pas l'Impératrice qui a causé la guerre civile, ni les attentats. Elle ne fut qu'un pion dans le plan d'un homme qui a déjà été condamné. Sa présence aux côtés de l'Empereur contrevient à la Ve Maxime Impériale, mais elle ne constitue plus un danger pour la Clovanie. Il n'y a pas de fumée sans feu, dit-on : l'Impératrice était la fumée, et le feu s'est éteint.

Ainsi, je recommande également la destitution de l'Impératrice Marine, et la rupture de son lien de mariage avec Sa Seigneurie Impériale. L'Impératrice doit aussi être envoyée au couvent ouvert à vie afin qu'elle y recherche son salut. Voilà ma sentence, Votre Sainteté.

Sa Sainteté Zosime XII : Le Cardinal du Pereryv demande donc la destitution de Sa seigneurie l'Impératrice Marine ainsi que son envoi au couvent ouvert à vie. Écoutons maintenant Monsieur Alexandre Druise, Cardinal de Yug.

Le Cardinal Druise tarde à prendre la parole. Il semble réfléchir douloureusement à sa décision, qui pourrait incliner très fortement la décision finale des Cardinaux. Pour l'instant, deux votes vont vers le couvent fermé à vie, un vers la mort de l'Impératrice, et un autre pour le couvent ouvert à vie. Si la voix du Cardinal de Yug était donnée au couvent fermé à vie, il donnerait un grand avantage à cette issue. Après avoir tourné toutes les options dans son esprit, le Cardinal se décide à rendre son verdict.

Cardinal de Yug : Votre Sainteté, mon avis rejoint celui de mes confrères des Rioltaves et des Polites. L'Impératrice mérite destitution et réclusion au couvent fermé à vie. C'est pour moi la seule option qui pourra lui garantir une chance de rédemption tout en préservant la Clovanie des conséquences de ses péchés. Mes deux confrères ont très bien exposé les raisons de leur jugement, aussi n'aurai-je pas la prétention d'ajouter à leurs propos. Voilà ma sentence, Votre Sainteté.

Sa Sainteté Zosime XII : Le Cardinal de Yug demande donc la destitution de Sa Seigneurie l'Impératrice Marine, ainsi que sa réclusion en couvent fermé pour le restant de ses jours. Prenons dès lors l'avis de Monsieur Boris de Platskov, Cardinal du Bereg.

Le Cardinal du Bereg affiche une moue renfrognée. La tournure que prend le vote des Cardinaux n'est sûrement pas celle qu'il aurait souhaitée.

Cardinal du Bereg : Ma sentence rejoindra celle exprimée si justement par le Cardinal de l'Entre-deux mers. Qui sommes-nous, simples et humbles mortels, pour décider du pardon accordée à une pécheresse si éminente ? Non, mes frères, seul Dieu peut accorder pardon et salut à l'âme de l'Impératrice Marine. Notre besogne est seulement de l'écarter du pouvoir et des Clovaniens, afin que l'instabilité de sa personne ne trouble plus notre Nation. Je recommande donc la mise à mort dans les plus brefs délais et sans souffrance de Sa Seigneurie l'Impératrice, après que son lien de mariage avec Sa Seigneurie Impériale Pétroléon V ait été absout. Seule cette décision pourra rendre à la Clovanie la paix et la sérénité. Voilà ma sentence, Votre Sainteté.

Sa Sainteté Zosime XII : Le Cardinal du Bereg demande donc la destitution et la mise à mort de l'Impératrice Marine. Écoutons alors la sentence de Monsieur Paul de Fanches, Cardinal du Septentrion.

La tension est à son comble dans la grande salle. L'Impératrice peine à cacher son angoisse, ayant vu deux des Cardinaux énoncer froidement la recommandation de sa mise à mort. L'Empereur, de son côté, garde le visage fermé et écoute attentivement les sentences des Cardinaux. Il sait qu'il aura le dernier mot sur leurs décisions, mais il sait aussi qu'il a promis de se soumettre à ces dernières. Sur son siège, le Prince Clément affiche un air confiant : dans tous les cas, l'Impératrice sera au moins envoyée au couvent et donc hors d'état de nuire. Par ailleurs, il n'aura pas à s'alourdir de la responsabilité de la mort de l'Impératrice si elle advenait, puisque cette décision, si elle remporte le vote, devra subir la double validation du Papriarche, puis de l'Empereur. Le Cardinal du Septentrion prend nerveusement la parole.

Cardinal du Septentrion : Votre Sainteté, je pense que la responsabilité que l'on veut faire porter à l'Impératrice est bien moindre qu'on ne le pense. Elle ne fut qu'un outil dans la réalisation du plan de Robolioubov et ne constitue donc plus un danger de mort pour les Clovaniens. Bien sûr, elle agit en faveur des devotis en pleine connaissance de cause, mais pour ne causer la mort de personne. Elle usa du mensonge et de l'abus de faiblesse pour convaincre l'Empereur à l'inaction, ce qui mérite destitution et dissolution du contrat de mariage, mais le reste de ses péchés ne saurait être puni davantage que par le couvent ouvert à vie. Voilà ma sentence, Votre Sainteté.

Sa Sainteté Zosime XII : Le Cardinal du Septentrion demande donc la destitution et la réclusion au couvent ouvert à vie pour l'Impératrice Marine. Rendons-nous maintenant au jugement de Monsieur de la Tour, Cardinal de Legkibourg.

Le vote est à présent très serré. Trois cardinaux demandent l'envoi au couvent fermé à vie de l'Impératrice, deux demandent son envoie en couvent ouvert, et deux demandent sa mise à mort. En cas d'égalité, il faudrait effectuer un second tour entre les proposition ayant obtenu le plus de voix. Chacun se tourne alors vers le Cardinal de Legkibourg, lequel décidera par son vote de l'envoi ou non de l'Impératrice en couvent fermé à vie. Monsieur de la Tour est un homme d'une soixantaine d'années aux cheveux grisonnants. Ses yeux d'un bleu perçants semblent regorger d'un savoir pénétrant, d'une autorité naturelle qui ne souffre aucune forme de doute. Humectant ses fines lèvres, il fixe l'Impératrice d'un regard acéré et prononce sa sentence décisive.

Cardinal de Legkibourg : Votre Sainteté, Messieurs les Cardinaux... Il me semble, comme pour vous, que les actes pécheurs de l'Impératrice méritent la dissolution immédiate du lien de mariage la liant à notre Empereur Pétroléon V. Sa responsabilité, directe ou indirecte, est indéniable dans la guerre civile, du moins dans l'éclatement des troubles meurtriers qui ont semé la mort en Clovanie. Aujourd'hui, les flammes s'éteignent peu à peu, et le regard bienveillant du Seigneur semble nous guider sur le bon chemin.

Rien n'est fait, et encore beaucoup d'actes sont à accomplir pour débarrasser notre sol des devotis. Il faut d'abord les éradiquer du pouvoir, en destituant l'Impératrice, mais je n'irais pas jusqu'à recommander sa mise à mort. Chers confrères, notre rôle est spirituel, il est destiné, non à punir, mais à guider l'Impératrice vers la voie de la vraie Foi. Ainsi, la seule solution pour elle d'effectuer sa rédemption et de s'offrir une chance de salut est le couvent fermé à vie. Voilà ma sentence, Votre Sainteté.

La tension baisse d'un cran dans la salle de procès, et des murmures se font entendre. Les têtes se tournent, chacun semble prendre brutalement conscience de la chaleur étouffante de la salle dans laquelle on se tient depuis plusieurs heures. L'Impératrice essuie de son mouchoir les gouttes de sueur qui avaient perlé sur son front, et se redresse d'un air digne. Elle semble déjà accepter sa nouvelle vie conventuelle.

Sa Sainteté Zosime XII : Le Cardinal de Legkibourg demande donc la destitution de l'Impératrice Marine ainsi que sa réclusion au couvent fermé à vie. Les Cardinaux ont rendu leur sentence, et ont décidé de la destitution et de l'envoi au couvent fermé à vie de l'Impératrice Marine. Au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, Notre Sainteté le Papriarche Zosime XII valide cette sentence. Nous appelons maintenant Son Excellence Impériale Pétroléon V à donner sa sentence concernant la décision prise par les Cardinaux et par Notre Sainteté. Si l'Empereur valide notre sentence, la rupture du lien de mariage prendra effet immédiatement.

L'Empereur, toujours l'air égaré, se dirige péniblement vers la chaire du Papriarche. Rencontrant son regard dur et froid, il chasse une larme de sa joue et prend la parole.

Pétroléon V : Votre Sainteté... Nous avons entendu votre jugement, et écouté attentivement les sentences des Cardinaux. À ceux qui ont souhaité la mort de mon épouse... Nous ne vous en voulons pas... Nous comprenons maintenant dans quel état se trouve Notre peuple... celui que Nous avons passé tant d'années à défendre et à chérir. Aussi est-il normal qu'un puissant besoin de justice se fasse sentir en vos cœur... même s'il doit se manifester par un désir de mort. Répondre à la mort par la mort... Mais ce n'est pas la sentence qui a été élue par vos dignes jugements, Messieurs... les Cardinaux.

Vous avez choisi de destituer mon épouse l'Impératrice de son rang... je m'attendais à cette décision. Je l'accepte et la valide. Pour ce qui est de son envoi au couvent fermé jusqu'à la fin de sa vie, cette décision me cause... douleur et regret. Mais... j'ai promis au peuple de respecter la sentence qui émanerait de Votre Sainteté. Je valide ainsi toute la sentence appliquée à l'Impératrice.

L'ensemble de la Famille Impériale se regarde, étonnée. L'Empereur perd peu à peu l'usage du Nous Impérial, et tend maintenant ses bras vers le plafond.

Voilà, vous avez reçu de ma bouche les mots que vous désiriez ! Il est temps maintenant de me retirer. J'ignore... j'ignore si je suis encore capable de faire mon devoir... vous savez... gouverner la Clovanie. Je présente encore mes excuses aux Clovaniens... mon erreur fut fatale à des dizaines d'entre vous... j'en suis profondément consterné. Je ne m'excuse pas seulement en tant que Nous... Empereur de Clovanie... mais en tant que moi... Pétroléon... Pétroléon Pétroléonovitch. Quel nom... il m'arrive rarement de le prononcer. On y sent toute la lourdeur du destin qui fut le mien, Pétroléon Pétroléonovitch... pouvait-on mieux rappeler que dans mes humbles veines coule le sang de Pétroléon le Grand ? J'espère l'avoir porté avec dignité pendant toutes ces années...

L'Empereur sourit doucement. Sa bouche est déformée, de sorte qu'il ne sourit que d'un seul côté.

Simplement... il est un temps... où chaque homme doit disparaître... Même les Pétroléon Pétroléonovitch, ha ! N'est-ce... n'est-ce pas... lorsqu'on s'est acquitté de notre dette... lorsqu'on a achevé... de remercier le Seigneur pour toute cette beauté... cette vie qui nous est offerte...

Pétroléon V s'effondre alors sur le sol, d'une chute lente ; ses yeux se tournent vers le Papriarche, puis vers les membres de la Famille Impériale. Son regard se porte vers le Prince Louis Césarévitch, assis non loin de lui, les yeux ébahis.

Toi, mon petit... tu es l'avenir de la race...

Sa tête heurte une marche située derrière lui, provoquant un bruit sourd qui résonne dans toute la salle. Tout le monde s'agite, trois gardes personnels se ruent sur le corps inerte de l'Empereur pour lui venir en aide. Un mince filet de sang s'écoule du crâne du souverain, dont les yeux fixent toujours intensément les moulures du plafond.

L'image se brouille quelques instants avant de revenir vers les journalistes présents dans la salle. Ils remettent leurs oreillettes et ajustent leurs micros par des gestes pressés, visiblement surpris de se retrouver si vite sous le feu de la caméra.


Journaliste : Chers téléspectateurs qui assistez au procès en direct au procès de l'impératrice, nous sommes aussi surpris que vous par ce qui vient de se passer sous nos yeux... Il semblerait que Sa Seigneurie Impériale Pétroléon V ait à nouveau été victime d'une attaque cérébrale. La salle est en train d'être évacuée...

Les journalistes se font pousser dans le dos par des gardes armés, la foule les entraîne peu à peu à l'extérieur de la salle de procès.

En tout cas, comme vous l'avez constaté de vos yeux, l'issue du procès a tout juste eu le temps d'être conclue : l'Empereur a donné sa validation concernant la rupture du lien de mariage entre lui et l'Impératrice, ainsi que pour l'envoi au couvent fermé à vie pour cette dernière.

On aperçoit, sortant de la salle de procès et entouré de gardes, le Prince Clément, le pas pressé et la mine sombre. Son neveu le Prince Éric, héritier direct du trône, marche à ses côtés.

Voilà le Prince Clément qui sort de la salle de procès ! Nous allons tenter de lui poser quelques questions...

Le journaliste parvient à tendre son micro au Prince Clément, qui s'arrête pour répondre à ses questions.

Votre Excellence, vous estimez-vous satisfait de la sentence infligée à l'Impératrice Marine ?

Prince Clément : Croyez-vous qu'il est le moment de parler de la sentence ou de l'impératrice, ne voyez-vous pas que mon frère l'Empereur est dans un état grave ? D'ailleurs, il ne faut plus parler de l'impératrice, mais de Marine Olivérovitch ! Cette femme n'est plus l'Impératrice de Clovanie...

Journaliste : L'état de l'Empereur est-il si grave que cela ? Doit-on craindre pour sa vie ?

Prince Clément : Je ne peux rien affirmer... les médecins font tout ce qui est en leurs...

Un homme surgit soudain derrière le journaliste, le bouscule et éloigne le micro du Prince. Armé d'un couteau, il se jette sur lui et lui assène trois coups violents à la gorge et au visage. Des bruits confus et stridents se font entendre à mesure que le micro est piétiné par les gardes et les journalistes, le Prince Éric se jette au secours de son oncle en empoignant l'agresseur.

Terrorriste : JUPITER VAINCRA !

En une fraction de secondes, le Prince Éric lutte à terre avec le terroriste, du sang gicle et colore les dalles du sol. Plusieurs coups de feu retentissent alors et la lutte cesse. L'agresseur devotis vient de recevoir, en guise de gratification pour son héroïsme, une paire de balles dans le cerveau. Le Prince Éric peine à se relever, il parvient à se mettre à quatre pattes, du sang coule de sa poitrine. Crachant un filet de sang, il s'effondre sur le carrelage. L'image se coupe.



1877
L’Empereur entre la vie et la mort ! Nouvel attentat devotis à l’issue du procès de Marine !

Le procès de l’Impératrice, sur lequel toute la Clovanie avait les yeux rivés, s’est soldé par un atroce bain de sang. Alors que le jugement venait d’être rendu et que Marine était déchue de ses fonctions d’Impératrice et envoyée au couvent fermé pour le restant de ses jours, l’Empereur fut victime d’une nouvelle crise cérébrale. Il venait juste de valider la sentence du Papriarche quand il s’effondra brusquement sur le sol. Sa tête heurta une marche située derrière lui. Son état est toujours incertain, nous attendons dans l’angoisse la plus totale les nouvelles des médecins du Palais.

Mais cet événement fut loin d’être le seul à perturber la sérénité du procès. Alors que le Prince Clément sortait de la grande salle du Tribunal Inquisitoire, un homme armé d’un couteau le poignarda devant les caméras, hurlant le nom de Jupiter et revendiquant ainsi son acte par la foi devotis ! Le Prince Éric, dans un sacrifice héroïque digne de son sang mais qui n’épargna pas ce dernier, se jeta sur le terroriste pour défendre son oncle, mais fut aussi poignardé à la poitrine. Le terroriste a été abattu en quelques secondes par les gardes présents, mais leur défense ne suffit pas à sauver les deux hommes de la mort.

La Clovanie est plus bouleversée que jamais, perdant deux des membres les plus précieux de la Famille Impériale. Le Prince Éric était promis à un grand destin en tant qu’héritier direct du trône de Clovanie ; il perdit trop tôt, dans la fougue de sa jeunesse et du tumulte de notre époque, sa vie dont on attendait tant. Le Prince Clément, qui avait su redresser la situation politique du pays en condamnant les hérétiques à mort et en mettant au jour les traîtrises de l’Impératrice, nous attriste aussi terriblement par son décès précipité.

Alors que nous ne savons rien de l’état de santé notre souverain, les regards se tournent vers le Prince Louis, âgé seulement de quatorze ans, qui devient maintenant l’héritier du trône.

Clovaniens, joignez vos prières pour le salut de notre Nation !


Journal de Legkibourg
Pierre Bernard,
Pour le Journal de Legkibourg
30/07/2014
2464
Communiqué Impérial à l’intention du peuple clovanien

Communiqué Impérial

Clovaniens, Clovaniennes,

Les heures que notre Nation traverse sont douloureuses. Aucun homme officiant aux hauts postes du gouvernement ne s'est accordé la moindre seconde de sommeil depuis quatre jours. Vous savez comme moi la douleur causée par la perte du Prince Clément et du Prince Éric, lâchement assassinés à la sortie du procès religieux de Marine Olivérovitch. Le coupable de cet attentat, un fanatique devotis, a été abattu par les gardes présents sur les lieux, l'enquête est encore en cours pour connaître ses potentiels complices ainsi que la manière dont il a pu pénétrer dans le vestibule de la grande salle du Tribunal Inquisitoire de la Sainte Créopole.

Mais la douleur qui nous arrache le cœur et nous torture l'esprit ce soir émane d'une nouvelle cause, d'autant plus accablante. L'Empereur, victime d'une attaque cérébrale à la fin du procès de son ex-épouse, était dans un état incertain, entre la vie et la mort. Tout à l'heure, à 19h57, les cieux ont rappelé à eux l'un des plus grands souverains de notre histoire. L'Empereur est mort, vive l'Empereur !

Pendant des décennies, Pétroléon V guida notre pays d'une main de fer sur les voies de la prospérité et du progrès. Dans tous les domaines, la Clovanie releva toutes les difficultés, grâce à l'esprit infatigable de son Empereur. Capitaine d'un immense navire dont nous composons tous l'équipage, il sut mener nos voiles vers des océans calmes et riches d'opportunités. Malheureusement, à l'heure où son esprit fut atteint, la tempête gagna notre Patrie, plongeant son peuple dans le deuil et la désolation.

Les funérailles officielles de feu Pétroléon V auront lieu à Legkibourg dans les prochains jours. Le cercueil traversera la capitale à partir de la mer avant de reposer dans le Mausolée Impérial, dans le Palais de la Gloire. La dépouille de notre Empereur sera accompagnée de celles de son fils et de son frère, les Princes Éric Pétroléonovitch et Clément Pétroléonovitch.

L'héritier au trône de Clovanie est le Prince Louis Césarévitch ; j'assurerai la régence avant son sacre qui aura lieu le plus tôt possible.

Clovaniens, Clovaniennes, c'est parfois dans le plus grand chaos que naissent les plus scintillantes des étoiles. Ne perdez pas la foi en votre Nation. Celle-ci est belle et grande, elle a su relever les plus grands défis que l'histoire a pu lui poser. Les devotis sont définitivement exclus des sphères dirigeantes : le gouvernement que j'ai le triste honneur de diriger peut à présent poser les bases d'une politique ferme et droite, afin que le règne de Louis Césarévitch puisse redonner à la Clovanie la paix qu'elle demande et mérite.

Le deuil national est déclaré pour cette semaine.

Accablé de tristesse, je demeure votre éternel serviteur,


Aurélien Bergé, Premier Ministre Régent. Gloire à l'Empire.


31/07/2014
3343
Funérailles de l'Empereur Pétroléon V et des Princes Éric et Clément

C'est donc le 2 août que les funérailles de l'Empereur Pétroléon V, de son frère Clément et de son fils Éric, se sont tenues dans les rues de Legkibourg. Le cercueil de Pétroléon V a d'abord été apporté par bateau, comme le veut la tradition des funérailles impériales en Clovanie. La Flèche, frégate construite sous le règne du défunt Empereur, a été choisie pour apporter le cercueil au port de Legkibourg. La bière contenait déjà la dépouille de Pétroléon V qui y avait été déposée quelques heures après sa mort, une fois que les médecins avaient effectués les examens d'usage.

La frégate La Flèche amenant le cercueil de Pétroléon V au port de Legkibourg.

Le grand navire accosta donc au port de Legkibourg, accueilli par une foule endeuillée et étroitement ceinturée par des soldats de l'Armée Impériale. Le Premier Ministre Régent a mis l'accent sur la sécurité après les attentats devotis ayant tué le Prince Clément et son neveu le Prince Éric, et l'Armée était présente moins par crainte de débordements que pour rassurer la population présente sur les lieux. De fait, l'ensemble de la cérémonie se déroula sans encombre, malgré le grand nombre de Clovaniens réunis pour assister à l'événement.

Aurélien Bergé, Premier Ministre Régent en l'attente du sacre du jeune Prince Louis, prononça sur le port un discours émouvant encourageant la Clovanie à prendre leçon des derniers événements pour aller de l'avant. Les très nombreux accomplissements effectués sous le règne de l'Empereur défunt furent énumérés avec soin, qu'ils touchent à l'économie comme au domaine militaire, en passant par le développement de la culture clovanienne au sein du pays comme à l'étranger. La politique étrangère de Pétroléon V fut acclamée par Monsieur Bergé, qui plaça tous ses vœux en faveur de la cultivation des alliances nouées par le regretté souverain dans les prochaines années.

Les dépouilles des Princes Clément et Éric furent ensuite amenées de part et d'autre du cercueil de Pétroléon V, une oraison funèbre de la Princesse Béatrice, femme de Clément, eut lieu en leur honneur. Trois coups de canons furent tirés avant que les trois cercueils remontent l'avenue de Dolgoraskovo. Ils traversèrent ainsi la ville par les grandes avenues, marquant leur dernier passage par des pauses émouvantes ponctuées de discours et de dépôts de gerbes par tous les Ministres Impériaux et les membres de la Famille Impériale.

Quelques membres de la Famille Impériale présents lors de la cérémonie funéraire

On s'arrêta devant la Sainte Créopole, là où Sa Sainteté le Papriarche proclama la gloire de Pétroléon V et tout le regret qu'il avait à prononcer son oraison funèbre. Les huit Cardinaux étaient aussi présents, tous vêtus de noir et la tête basse. De nombreuses larmes coulèrent sur le passage des trois cercueils. Le Papriarche Zosime XII insista aussi sur l'héroïsme dont avait fait preuve le Prince Clément. Pour lui, il ne faisait aucun doute que la fin des troubles lui était due à lui seul. Par le procès intenté à l'Impératrice Marine, il avait mis un point final à la crise devotis, et l'avait payé de sa vie. Le Prince Éric fut aussi comblé d'honneurs pour son sacrifice immense accompli en défendant le Prince Clément.

Enfin, Pétroléon V, son fils et son frère furent emmenés au Palais de la Gloire, là où les attendait, béante, la porte du caveau de la Famille Impériale. Le cercueil de Pétroléon V rejoignit le tombeau des Empereurs, et ceux des Princes Éric et Clément allèrent compléter le mausolée dédié aux autres membres de la Famille.

La Clovanie a versé beaucoup de larmes ce jour-là, mais elle a aussi à se réjouir, car le sacre de son nouvel Empereur Louis viendra le lendemain, comme le veut la coutume.

Journal de Legkibourg
Geoffroy Sertinanski,
Pour le Journal de Legkibourg
02/08/2014
5266
Vive l'Empereur !

Le sacre de Sa Seigneurie Impériale Louis Premier a eu lieu dans la Sainte Créopole de Legkibourg !


La foule se masse devant la Sainte Créopole de Legkibourg pour le sacre du nouvel Empereur Louis Premier

Alors que la Clovanie pleurait encore à chaudes larmes, hier, la perte de Sa Seigneurie Impériale Pétroléon V, elle a célébré ce matin le sacre de son nouvel Empereur Louis Ier. La jeunesse du neveu éloigné de Pétroléon V provoque discussions et débats dans les médias clovaniens : chacun se demande à quel point l'adolescent de quatorze ans exercera le pouvoir impérial de manière autonome, et si son jeune âge n'est pas propice à ce que des personnalités mal intentionnées n'en profitent. Les devotis ont tellement profité de la faiblesse de Pétroléon V, provoquant guerre et attentats meurtriers, que l'inquiétude est grande à ce propos.

Mais il semble que Louis Ier ait voulu insister, lors de la cérémonie, sur le fait que le pouvoir serait toujours concentré entre les mains de l'Empereur. Il s'entourera, de ses dires, de personnalités fiables et compétentes qui l'accompagneront avec dévotion dans son exercice de la souveraineté, tout en demeurant le centre de l'appareil politique. Voici un extrait du discours qu'il prononça sur le parvis de la Sainte Créopole, devant la foule de Clovaniens amassés sur la place et devant tous les médias réunis pour l'événement :

"Ces derniers mois, nous avons traversé, ensemble, un des plus grandes crises de notre époque. Nous l'avons payé de notre chair, de notre âme, mais nous l'avons surmontée. La condamnation de Marine, celle de Robolioubov, celle de Malmon, ont montré que nous pouvions réagir, qu'il était inscrit dans notre essence même de punir les traîtres selon leur dû. Un nouvel âge s'ouvre, celui de la réaction, celui du renouveau !
Véritablement, je ferai tout pour que ma politique serve les intérêts de chacun, mais au-dessus de cela, l'intérêt supérieur de la Nation. Seul ce dernier compte, et seule une conduite du pouvoir ne visant qu'à sa préservation pourra rectifier le tir, replacer notre grande Patrie sur la voie de la prospérité !
Je prendrai les mesures nécessaires pour remédier aux dysfonctionnements qui ont permis l'installation des troubles. Considérez bien, malgré mon jeune âge, que je ne vous parle bientôt plus avec ma seule voix. Par mes mots, l'idéal impérial, la voix de tous les souverains passés, celle de ma dynastie, s'exprime. Ainsi, il n'est pas question de mettre en place une politique nouvelle, mais de poursuivre l'idéal que tous ont suivi avant moi : le Bien de la Nation. Cet idéal est simple, il fut suivi avant moi, par notre regretté Pétroléon V, et sera suivi après moi si le Seigneur le veut."


L'étonnement était grand concernant surtout un aspect de l'avènement du Prince Louis : il a été décidé, de commun accord avec les Ministre Impériaux et surtout avec le Premier Ministre Impérial, qu'aucune régence ne soit instaurée avant la majorité de Louis. En effet, la loi prévoit normalement que le Premier Ministre Impérial assure la régence en Clovanie en cas de minorité de l'Empereur, mais Aurélien Bergé et le Prince Louis se sont entendus pour que cette obligation puisse être levée.

Le Prince Louis pénétra ensuite dans la Sainte Créopole, reçu par le Sa Sainteté le Papriarche qui luit remis le costume de sacre. Peut-être un peu trop grand pour sa frêle stature, cette longue cape de velours rouge lui conférait pourtant une certaine prestance. Il regardait le Papriarche d’un œil sérieux, sans sourciller devant l’immensité de ce moment historique. Louis avait déjà revêtu, avec la cape de cérémonie, l’idéal impérial, la volonté d’oublier totalement sa personne individuelle pour se consacrer corps et âme au Bien de la Patrie, jusqu’à la fin de sa vie. Cet idéal est éternel, il se rallume en la personne du Prince Louis, bientôt Louis Premier, aussitôt qu’il s’était éteint dans Pétroléon V.

À un certain moment, aux côtés du Prince Louis, devant les journalistes et les invités d’honneur réunis dans la cathédrale, apparut une jeune femme aux traits fins, aux cheveux bruns ondoyants. Toute la Famille Impériale reconnut en elle Sofia di Grisolia, amie très proche de Louis depuis son premier voyage en terre grisolienne. Louis Césarévitch annonça alors publiquement que Sofia était depuis peu sa fiancée. Cette nouvelle provoqua un tonnerre d’acclamations dans le public et dans la foule réunie dehors, à mesure que la nouvelle se répandait.

Sofia s'avança sur l'estrade, sachant précisément quelles limites elle ne devait pas franchir pour se garantir l'assentiment du peuple clovanien. Sa prédécesseure Marine a sali le titre d'Impératrice par une infâme trahison, laissant aux Clovaniens un arrière-goût de méfiance vis-à-vis de ce rôle, éminemment proche du souverain bien que n'émanant pas directement de sa Famille. Sofia di Grisolia n'est pas encore Impératrice, et elle ne le deviendra qu'au moment de son mariage avec Son Excellence le Prince Louis. Ainsi, elle se garda de trop se mettre en avant et s'assura de montrer au public réuni sa volonté de s'adapter complètement aux habitudes de la cour Impériale clovanienne.

Enfin, le moment tant attendu survint lorsque le Papriarche déposa la couronne d'Empereur de Clovanie sur les cheveux blonds du Prince Louis. Ce dernier s'avança droitement vers son chef spirituel, la petitesse de sa silhouette contrastant avec l'immensité des lieux. L'orgue jouait à tout rompre, déployant un souffle enivrant dans l'esprit de ceux réunis pour ce moment céleste. Chacun fixait le jeune Prince, le corps totalement paralysé, comme transporté hors du temps par la volonté céleste. Il semblait alors qu'advenait réellement la dissociation du corps et de l'esprit chez tous ceux qui regardaient Louis mettre un genou à terre devant Sa Sainteté. Zosime XII déposa enfin la couronne sur la tête de Sa Seigneurie Impériale, notre Empereur Louis Premier.

Le nouvel Empereur Louis Premier couronné par Sa Sainteté le Papriarche Zosime XII

Grande soit sa destinée, glorieux soit son règne ! Vive l'Empereur !

Journal de Legkibourg
Léonard Bernier,
Pour le Journal de Legkibourg
03/08/2014
1912
Impériale Decretum du 2014 :


Louis Ier a écrit :La guerre civile ayant éclos de la sécession du Général de Lorminion du 7ème régiment Hoplite a abouti à la mort de 312 soldats membres de ce régiment au cours des combats. Les 104 d'entre eux ayant pris la fuite ont été jugés et exécutés selon la loi.

Les 1666 membres séditieux du 7e régiment Hoplite s'étant rendus au cours des combats sont divisés en 14 bataillons de 119 soldats appelés bataillons de la Rédemption. Ils forment donc le régiment de la Rédemption dirigé par le Général de Bloiserie, et le 7ème régiment Hoplite est dissout. En conséquence de leurs actes de trahison, Nous leur offrons la chance de se racheter par le service et la dévotion à la Patrie.

Là où ils seront envoyés offrir leur dévouement à la Nation, tous les membres des bataillons de la Rédemption officieront en tant qu'aiglons ; les officiers sont donc déchus de leur grade pour une durée indéterminée. Ces soldats seront répartis dans d'autres bataillons, portant pour seul et unique signe distinctif leur insigne.

Dans leur service de rédemption, les soldats séditieux seront tenus à une discipline extrêmement sévère de la part des officiers et des soldats des régiments qu'ils intègreront et auxquels ils doivent obéissance. Toute incartade ou signe de révolte sera puni par l'annulation de Notre grâce et donc par l'application de la peine réservée aux traîtres nationaux coupables de guerre civile.

Les 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème, 6ème, 7ème et 8ème bataillons de la Rédemption sont envoyés au Gondo, ils intègreront les 1er, 2ème, 4ème et 5ème régiments Joffrin.

Le 9ème bataillon de la Rédemption est envoyé à la base de Chanau, en Travie, où il intégrera le régiment des Basses Plaines.

Le 10ème bataillon de la Rédemption est envoyé dans le 10ème régiment de l'Épée, à Amelikovo.

Le 11ème bataillon de la Rédemption est envoyé dans le 11ème régiment de l'Épée, à Amelikovo.

Le 12ème bataillon de la Rédemption est envoyé dans le 12ème régiment de l'Épée, à Minères.

Le 13ème bataillon de la Rédemption est envoyé dans le 1er régiment du Triomphe, à Erdaim.

Le 14ème bataillon de la Rédemption est envoyé dans le 2ème régiment du Triomphe, à Erdaim.


Signature officielle de l'Empereur
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