CABINET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU DUCHÉÀ l'attention de Monsieur Giel Rutter, Secrétaire fédéral aux affaires étrangères des Communes Zélandiennes.
Monsieur,
Je tiens dans un premier temps à vous remercier pour l'honneur que vous faites au Duché par votre proposition. C'est assurément une marque de confiance que vous nous donnez, aussi j'insiste pour ne pas frapper cette réponse du sceau de l'ingratitude. Mais si je vous dit cela, c'est que la suite de ce courrier risque de remettre en cause votre vision de la situation eurysienne - sans opposition de principe, croyez-le bien.
Nous avons pris un engagement public dernièrement, qui est de garder une neutralité totale dans le contentieux qui oppose l'aviation sylvoise à la marine loduarienne. S'il est bien nécessaire de faire toute la lumière sur cet acte de guerre réciproque, je n'en disconviens pas, nous devons nous poser la question des gens qui sont amenés à enquêter sur la situation. Vous qualifiez la Fédération de "neutre", et vous insistez, je crois, sur ce point. Vous en voulez pour preuve votre non-adhésion au Conseil Militaire de l'OND et votre participation à l'International Libertaire. Un tel argumentaire ne saurait être retenu. La Fédération zélandienne est membre de l'OND, et vous le dites vous-même : alliée de Sylva. De l'autre côté, le Liberalintern est la bête noire du régime loduarien, "socialisante" ou pas ; comment éluder que libertaires et eurycommunistes en sont venus à croiser le fer lors de l'affaire communaterrienne ? Il me semble clair, à moi et à l'ensemble de la Diplomatie gallèsante, que votre fédération est au moins en apparence l'alliée d'un camp et pas de l'autre.
Je ne remets pas en cause votre bonne foi ici, ni l'impartialité de vos enquêteurs, mais lorsque l'on fait de la diplomatie, les symboles comptent. La Fédération, seule aux manette d'une enquête qui s'imposerait de l'étranger, enverrait un autre signe de manque de considération à Lorenzo Geraert-Wotjkowiak, alors même que c'est un homme susceptible. Ce que vous proposez achèverait de le froisser. Lorsque en plus vous prétendez vous saisir du croiseur-amiral loduarien, ce que
le gouvernement de ce pays a ouvertement défendu quiconque de faire, vous attisez les braises d'une guerre que les parties prenantes du conflit ont brillamment réussi à éviter jusque là.
Outre ces problème que j'appellerais "problèmes de forme", l'objectif même d'une telle enquête poursuivrait des objectifs qui ne conviennent pas au gouvernement que je représente. Nommément, l'idée de trouver des "coupables". Il n'y a pas, je crois, meilleur moyen de remettre une pièce dans la machine. Car nous savons très bien ce que dirons les uns et les autres : quel que soit le résultat de l'enquête, il sera interprété par chaque camp, et je gage qu'il le sera de manière différente.
Nous pensons que la solution, si tant est qu'il y en ait une autre que se taire et laisser l'eau couler sous les ponts, réside dans l'échange entre les deux parties. S'il le faut avec une médiation, que la Fédération aurait toute légitimité à conduire, et dans laquelle le Duché pourrait l'accompagner. Mais en aucun cas une enquête venue de l'étranger ayant pour but de retrouver et punir des coupables, sur la base d'un Droit inexistant puisque aucune convention de la guerre ou de la justice n'a été signée entre la Loduarie et Sylva, ne pourra éloigner de nous le spectre d'une guerre dévastatrice.
Du reste, je ne vous jette pas la pierre, ni à vous ni à personne, et ne discrédite pas totalement votre projet. La Gallouèse n'enverra pas d'enquêteur, et vous enjoint par la présente à y renoncer vous aussi ; néanmoins nous accordons du crédit à votre proposition d'opération de sauvetage. Seulement, les deux parties prenantes du contentieux
ont annoncé être capable de mener à bien une telle opération, et la pire chose que nous pourrions faire, gallèsants comme zélandiens, serait d'aller à l'encontre de leur volonté. Il convient donc, si nous intervenons à vos côtés, d'en demander la permission préalablement à la Démocratie Communiste de Loduarie, dont le territoire maritime serait violé, pour le moins selon leur conception du Droit de la mer. C'est pourquoi concernant votre deuxième proposition, à savoir de sécuriser le lieu de l'incident, nous nous refusons à une telle ingérence.
S'il est d'autres aspects de votre projet dont vous souhaitez nous faire part, je reste à votre disposition. Comme je l'ai fait ici, nous reviendrons vers vous avec les points sur lesquels nous sommes prêts à vous suivre, comme vous le dites "sous votre pavillon". En dernier lieu, je me permet d'insister au nom de mon gouvernement et des population d'Eusysie occidentale : renoncez à toute extraterritorialité de votre Droit onédien sur la Loduarie. La Paix vous en conjure.
Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, monsieur le secrétaire fédéral, l'expression de mes salutations distinguées.
Ligert, le 17 décembre 2013
M. Gwetran de l’Hairdre, ministre des affaires étrangères du Duché,
officier chargé de la diplomatie au Conseil exécutif du Duché