Canal diplomatique - Page 2

Cher monsieur Ctislav Valasek,

Il va sans dire que ne pas vous prévenir à l'avance fut une faute que je m'engage à réparer à l'avenir, soyez en certain. La précipitation et la soudaineté de l'escalade vogimskane, pour des motifs à ce jour encore inexplicables pour un esprit doté de rationalité, nous a conduit à engager une réponse rapide afin d'éviter toute nouvelle tentative de déstabilisation de la région. Comprenant toutefois vos griefs, je me proposais d'ouvrir avec vos services une ligne téléphonique permanente afin que nos états-majors restent en contact en direct pour ce genre de crise, qu'en pensez-vous ?

Sachez en tout cas que nous avons tenté une prise de contact avec le Vogimska - pour le moment restée lettre morte - afin de régler ce petit problème par la voie diplomatique. Je ne peux qu'espérer que ce-dernier ne tardera pas à répondre car enfin, il ne serait pas bon pour son économie de demeurer longtemps sous embargo.
Le Syndikaali n'a jamais eu à cœur que la paix dans l'océan du Nord, une paix régulièrement troublée par des influences extérieures, j'en ai peur, mais qui finira par s'imposer, à force de travail, de dialogue et de bonne volonté.

J'en profite par ailleurs pour vous proposer l'établissement d'ambassades respectivement dans nos deux nations, ce qui au vu de nos rapprochements récents me semble une nécessité naturelle. Le Pharois SYndikaali a pu accueillir il y a de cela quelques années des réfugiés venus de l'Empire Démocratique Latin Francisquien qui, contrairement à ce que son nom indique, pratiquait la religion orthodoxe. Certains de ces réfugiés, conformément à la politique de multiculturalisme pharoise, ont pu intégrer nos corps diplomatiques et je me proposais de vous envoyer une équipe partiellement composée de russophones, ce qui devrait faciliter le dialogue.

Ce qui me permet d'aborder un deuxième point avec vous : grâce à notre proximité avec le monde slave et la Lutharovie ainsi que plus récemment la République du Prodnov, le Syndikaali compte un grand nombre de russophones sur son territoire. Néanmoins, que penseriez vous de proposer - dans les écoles qui l'accepteront bien entendu - l'apprentissage du Nouveau Pharois en option ? Nous serions heureux de vous fournir en enseignants et je pense que la proximité linguistique, en plus de nos liens géographiques naturels, pourrait contribuer, à un rythme lent, à l'intégration de l'Empire Karpok à un univers mondialisé.
C'est évidement un travail de plusieurs années ce qui laisse largement le temps à votre peuple de s'adapter aux changements, sachez toutefois que nous serions heureux de pouvoir mettre en place des échanges universitaires et scolaires avec vos écoles. Le Syndikaali a toujours pensé que la jeunesse était le pilier de l'avenir et que nous, adultes, vivons en vérité dans le passé. Le monde de demain appartient à nos nouvelles générations, tâchons donc d'en faire de bonnes amies.

Je vous informe également avoir pris contact avec la République Libertaire de Bolthorkhoy afin de les inviter à un sommet tripartite avec vous-mêmes et le Pharois Syndikaali. Je suis actuellement en attente de leur réponse.

Enfin et pour conclure, j'ai le plaisir de vous annoncer que nous travaillons depuis peu à la mise en place d'un axe commerciale extrêmement ambitieux reliant le sud du Nazum avec le Syndikaali. Cette route passerait par trois zones maritimes : l'océan du Nord, la mer Blême et l'océan des Perles. En tant que nation située à l'articulation de deux de ces zones, l'Empire Karpok en serait naturellement un acteur majeur et nous pensions rapidement rentabiliser la zone commerciale de Kariekowka par ce biais.
Si le projet vous intéresse, n'hésitez pas à me le faire savoir et nous vous réserverons bien entendu une place à la table des négociations.

Nous pensions inviter également la Troisième République du Jashuria - qui a déjà accepté - la République Directe de Banairah, les enclaves fortunéennes de la région, le Bolthorkhoy bien tendu, la République de Peprolov et la Commune Révolutionnaire Constituante de Jadida dont la position centrale est extrêmement stratégique et où nous possédons une enclave militaire.

Cela fait beaucoup de projets, j'en ai conscience, dites moi si ceux-ci vous inspirent.

Cher monsieur Ctislav Valasek,

Je me permet de me présenter, Paullus Volcatius, j'ai l'honneur d'avoir été nommé diplomate pour le Syndikaali en Karpokie.
Le bâtiment mis à la disposition de ma délégation est une merveille qui me rappelle l'architecture de mon pays natal, l'Empire Francisquien. Si mon patronyme détonne avec celui de mes homologues Pharois, c'est que plusieurs années de cela, je fus des réfugiés politiques francisquiens à trouver une main secourable en terre Pharoise, devenue depuis ma patrie.

Etant de confession orthodoxe, comme la majeure partie de mes compatriotes, le Capitaine Ministre Mainio a jugé approprié de me laisser faire mes armes dans votre Empire. Que cela vous rassure néanmoins, ma foi en Jésus Christ n'est pas mon unique qualité, j'espère avoir l'occasion de vous le prouver bientôt.

Cher monsieur Ctislav Valasek,

Voilà presque six mois que j'ai pris mon poste d'ambassadeur des Pharois au sein du Saint Empire et je tenais à vous réaffirmer le plaisir que j'éprouve à représenter le Syndikaali pour votre glorieuse nation. J'ai chaque jour le plaisir de constater la générosité du peuple karpokien, la grandeur de sa culture et la qualité de ses traditions.

L'Empire Karpok est un allié précieux pour le Pharois, et un pilier de stabilité dans les mers du nord. Je disais encore hier à monsieur le Capitaine Mainio avec qui j'aime m'entretenir au téléphone que malgré les grandes disparités entre nos deux nations, il est fascinant de voir comment quelques compromis de part et d'autres peuvent forger dans l'adversité une paix durable et un amitié solide. Que vaut la fraternité avec ceux qui nous ressemblent ? C'est en tendant la main à ceux qui nous sont étrangers que nous mesurons ce que valent vraiment nos valeurs.

Monsieur le capitaine Mainio en a d'ailleurs profité pour me demander de vous informer que nos industries venaient de mettre au point l'un des avions civils les plus rapides et sûrs du monde. Une première dont nous sommes particulièrement fiers et que nous souhaitions, car il s'agit de matériel diplomatique, partager avec les nations qui nous sont chères.

Ainsi, si vous l'acceptez, je serai ravi de faire parvenir à votre gouvernement un avion de ligne de classe Flokon, de septième génération. Nous espérons qu'il vous donnera entière satisfaction et ce serait pour le Syndikaali un honneur immense que de savoir que les délégations du Saint Empire s'envolent à travers le monde, portés par des ailes pharoises.

Cher monsieur Ctislav Valasek,

Je suis heureux de voir que nous partageons la même vision de la diplomatie car on ne discute bien avec un pays qu'en l'aimant autant que le sien et c'est en ce qu'il diffère si fort du Pharois Syndikaali ou même de l'Empire Latin Francisquien, mon pays de naissance, que j'apprécie d'autant les qualités du Saint Empire Karpok. Encore quelques années et sans aucun doute j'en ferai ma troisième patrie.

Heureux que ce cadeau vous ait plu. Encore une fois, il s'agirait d'un véritable honneur pour nos industries de vous voir voler dans un tel appareil. Néanmoins, c'est un présent sincère et j'insiste sur le fait qu'il n'est pas besoin de préciser qu'il vient du Pharois. La vérité est que nous ne cherchons pas à nous faire une quelconque publicité mais à conforter les liens qui nous unissent et qui nous sont chers.

Je ne l'avouerai pas aisément car enfin, j'aime me croire indispensable, mais vous savez que la ligne du Capitaine Mainio vous est toujours ouverte. Je suis certain qu'il sera ravis de s'entretenir avec vous sur un sujet aussi chaud et terrible que celui du Vogimska.

Cher monsieur Vacek Czjzek,

Vous me voyez ravi de savoir que les choses se passent bien. Monsieur Volcatius me dit beaucoup de choses positives concernant la situation de l'Empire et pour parler tout à fait honnêtement avec vous, nous faisons face à tant de crises dans l'ouest du monde que savoir que l'Est est sous bonne garde est rassurant. Rien de tel que la stabilité, pour les arts, la politique et le commerce.

De même pour la langue pharoise, nous avons de notre côté commencé à offrir des bourses, notamment pour financer le département de linguistique de la Konkreettisen yliopiston kielitiede d'Albigärk dont les promotions de traducteurs enrichissent considérablement notre accès à la culture des autres. A ce propos, que penseriez-vous d'ouvrir un département d'études karpokiennes à Albigärk, précisément ? Nous sommes friands de sciences humaines et je ne doute pas une seule seconde qu'un certain nombre de nos étudiants seraient intéressés à découvrir plus en profondeur votre pays, son histoire et sa culture.
L'océan du nord est riche de sa diversité, mais c'est une richesse à double tranchant, terriblement insaisissable pour qui ne se donne pas les moyens d'être curieux.

Pour ce qui est des affaires, j'ai les mêmes échos que vous, quoique, je le confesse, notre ministère de l'économie soit assez mauvais pour flécher la provenance de telle ou telle entreprise. Nous avons pris le parti du libre commerce et, comme la justice, parfois l'impartialité demande de s'aveugler volontairement. Aussi je suis ravi d'apprendre que des liens commerciaux et même artistiques se nouent. Car à quoi bon richesse, stabilité ou puissance, si cela ne profite pas à l'élévation de l'âme humaine par les arts, la culture et la spiritualité ?

Pour en revenir maintenant à un sujet moins réjouissant... le Vogimska.
Pour être tout à fait honnête avec vous, nous n'en savons rien. Le gouvernement semble se terrer et ni l'armée ni la police n'ont encore pris parti pour le garder en poste, ou l'en déloger. La contestation populaire ne faiblit pas cependant, il faut dire que le crime est grave.

Entre nous, le Vogimska est héritier de plusieurs décennies de dictature militaire et toutes ses tentatives démocrates sont jusque-là un échec. Le pays est croulant en tout point, seule l'ONC le tient à bras le corps, soucieuse de se préserver une tête de pont dans la région. Vous savez comme moi qu'un animal blessé risque de ruer, je vous conseillerai de rester prudents.
Rien ne laisse penser pour le moment qu'une quelconque attaque contre votre pays se profile, nos renseignements sont formels, néanmoins le Vogimska est connu pour agir vite et brutalement, parfois un peu sans réfléchir. Il l'a prouvé en organisant cette pantalonnade d'attentat pour expulser nos ressortissants. Aussi, je ne peux rien prévoir.

Toutefois, soyez assuré que nous sommes sur place et suivons très attentivement la situation. Si tout se déroule sans trop de mal, le gouvernement démissionnera et l'Empire Karpok comme le Syndikaali pourrons entamer des négociations avec son successeur pour enfin stabiliser la région.