Ministère des affaires étrangères - Page 10

Excellence,

Quel plaisir d'enfin entendre parler de vous. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu le plaisir d'une de vos missives, cela nous avait naturellement porté à croire que la République ne s'intéressait pas au fait d'établir des relations constructives avec l'Union. Vous nous voyez tous très satisfaits de lire le contraire.

Voyez-vous, le Grand Kah ne souffre d’aucun pré-sujet à l’encontre de votre pays : votre animosité est à sens unique. Pourtant ce simple fait nous impose des conclusions assez contraires à la volonté que vous affichez ici de construire avec notre union une relation saine et apaisée : notamment, il est difficile de ne pas accuser de duplicité qui refuse tout à la fois d’apporter le minimum d’estime ou de confiance à notre nation jusqu’au moment où cela devient stratégiquement viable à court terme. D’autres occasions s’étaient présentées et vous avez préféré les rejeter, là où d’autres nations telle que le Duché de Sylva ont été capables de faire la part des choses et de conserver d’excellentes relations avec le Grand Kah, c’est-à-dire, à été en fait capable de ne pas refuser toute coopération, à quelque niveau que ce soit, sous prétexte que d’autres collaborations les liait à la Fédération d’Alguarena.

Cela étant dit nous sommes, profondément, pour la paix, et il ne faut pas croire que nous apportions une grande importance à la logique des blocs ou à cette idée selon laquelle il existerait une guerre secrète entre certains gouvernements : cette idée empoisonne les gouvernements d’extrême droite du Lofoten, de Novigrad, ce que nous avons clairement défini comme le cercle dur et interventionniste de l’ONC. D’autres pays de ce même groupe – Fortuna, le Banairah – travaillent en étroite collaboration avec l’Union sur de nombreux point et conservent du reste d’excellentes relations avec notre gouvernement et certains de nos autres partenaires. Nous ne vous répondons donc pas dans une logique de bloc mais bien en tant que nation seule.

Cela étant dit et pour répondre plus spécifiquement au cœur de votre missive.

Cette action militaire n’est pas unilatérale mais déclenchée dans la continuité d’accords signés avec la Communaterra nous autorisant à organiser une Égide – c’est-à-dire des enquêtes internes – au sein de leur territoire. Comme expliqué à plusieurs reprises par mon gouvernement ce traité n’a pas été appliqué parle parti Communaterra qui a menacé nos camarades du pire s’ils venaient effectivement enquêter sur la question. Nous avons donc fait en sorte de maintenir l’application des traités. C'était, dans ce sens, une affaire bilatérale ne nécessitant pas une action commune.

D’autre part, et pour vous reprendre : « Certes le pays s'est livré à une répression d'opposants mais cela ne justifie pas une opération militaire, qui est de surcroît unilatérale » est un argument que nous eussions apprécier entendre lorsque d’autres pays ont envahi par exemple l’ancienne république communiste du Prodnov ou les territoires Afaréens de Listonie. Ces arguments quasi-moraux ne sauraient selon nous être crédibles ou entendable dès-lors qu’ils s’avèrent à deux vitesses et nous sommes obligés de vous répondre, froidement, que votre avis ne nous concerne pas puisqu'il ne tient à première vue pas d'une ligne diplomatique cohérente, ou plutôt d'une ligne diplomatique appliquant la logique des blocs que nous rejetions plus haut.

Cependant et pour vous répondre : les acteurs régionaux du Paltoterra continental sont en courant de nos intentions et, enfin, plusieurs nations de la communauté internationale ont été informées de notre opération et nous donnent leur soutien par des canaux officiels. Celles-là participeront d’ailleurs à nos efforts post-conflits visant à établir les faits ayant mené à la mort de 10 000 communoteranos. De fait, il n’y a aucun risque de guerre généralisée dans la région : sauf bien entendu si vous souhaitez nous indiquer clairement quels pays envisagerait d’entrer en guerre et pour quelles raisons. Zelandia accueille nos soldats, Catarad a envisagé de nous assister, Sylva soutien notre action et ouvre la voie à nos armes et soldats. Quels acteurs, donc, pourrez se sentir menacé par cette action de police ? Quels acteurs directement concernés ? Et sur quelles bases ?

Parlons franchement, voulez-vous ?

Vous utilisez des termes généraux pour ne pas dire clairement ce qu’il en est : il est dans l’intérêt stratégique du Miridian et de ses partenaires de l’ONC de limiter l’action du Grand Kah qui porte en elle la possibilité d’un succès vous étant désagréable. Vous faites écho à des craintes que les pays de la région n’ont pas exprimés car ils ne les ressentent pas : ma chancellerie s'en est assure. Si vous êtes sincères, ne vous inquiétez plus ! Si vous ne l’êtes pas commençons donc à parler ouvertement, sans quoi cet échange ne peut aboutir à quoi que ce soi d'utile.

Enfin et pour finir : nous avons effectivement proposés à l’OND l’envoi d’observateurs internationaux. N’estimez pas que cette situation nous a été imposé, elle était prévue dès les premières heures de l’opération et dans un souci de transparence et d'ouverture. L'OND, contrairement à la République et à ses partenaires les plus proches, a fait preuve d'un respect et d'une excellente conduite diplomatique bien en amont de ces évènements, générant les conditions nécessaires à la mise en place de relation de confiance, rendant cette collaboration possible.

Cependant c'est en tant que parti concerné par les exactions de la Communaterra que l'OND a été invité. Et nous sommes sûrs que la République et ses partenaires trouveront le travail des observateurs de l'OND très satisfaisant. Ce sera notre réponse à cette heure : l'OND est notre gage de sûreté et de transparence, nous ne saurions assez vous inciter à ne pas remettre en cause la valeur de cette organisation qui n'a pour le moment pas fauté. Cela vous convient-il ?

Du reste s'il doit y avoir rapprochement entre la République et l'Union, peut-être pourrions nous commencer par d'autres dossiers ne tenant pas aussi ouvertement de nos intérêts stratégiques et de vos craintes concernant l'Union, je pense que cela serait très apprécié par la Convention et ouvrirait potentiellement la voie à d'autres collaborations, y compris du genre que vous réclamez.

Salut et fraternité,

Excellence,

Je ne saurais assez vous inciter de garder vos discours militants pour la presse ou les parlementaires : le fait est, et nous le savons, que votre amitié avec l'Alguarena, si elle se fait pour des raisons stratégiques entendables, ne peut se faire sans une forme d'animosité pour l'Union. Votre interprétation des évènements de Port-Hafen est quant à elle très discutable : nous ne tenterons pas de vous convaincre, cet échange n'a pas vocation de débat et nous avons conscience des mécaniques de la realpolitik, ce qui nous impose du reste une certaine incrédulité quant à façon de nous pointer du doigt dans des actions que nous avons menés en toute connaissance de cause et, en l’occurrence, sans les arrières pensées discutable que vous nous prêtez. J'irai jusqu'à dire que votre description des évènements de Port-Hafen a sa place dans vos comités gouvernementaux mais pas dans une missive se voulant diplomatique. En qualifiant une action humanitaire comme vous le faites, vous nous insultez tous.

Heureusement la fiction diplomatique intéresse très peu les kah-tanais. Nous nous intéressons aux causes matérielles des choses et des politiques. Pour en finir sur Port-Hafen je tiens à le répéter : vous n’avez pas dénoncé l’invasion du Kronos ou du Prodnov, vous n’avez pas non-plus souhaité lier vos efforts à ceux de la communauté internationale à Port-Hafen. Dans l’ensemble ces actions visaient à permettre une ligne diplomatique cohérente avec vos alliés : vous avez refusé, pour reprendre les mots exacts de notre missive, de prendre part à un concert de nations visant à assurer aide humanitaire et reconnaissance diplomatique à Port-Hafen. Soit. Parce qu'une action de la communauté internationale incarnée en puissance indépendantes ne fait pas l'affaire de vos partenaires. Nous l'entendons. Nous ne vous reprochons quoi qu'il en soit pas votre cynisme et savons qu'il est important pour certaines sphères diplomatiques d'assumer jusqu'au bout les positions les plus incohérentes. C'était aussi pour cela que nous vous proposions de sortir du domaine de la morale - discutable et par essence prompt à se briser sous le poids des réalités - pour entrer dans celui des faits.

Du reste : si la Fédération Alguarena se sent menacé par ce qui se passe au sein du continent Paltoterra et qu’elle décide d’intervenir c’est bien elle qui menace l’équilibre continental. Il n’est pas du devoir du Grand Kah et de ses partenaires de marcher sur des œufs de peur de la réaction qu’une puissance, quelle qu’elle soit, pourrait avoir. Je suis très curieuse, par ailleurs, de savoir quels territoires Alguarenos se trouvent précisément sur le Paltoterra continental, où se trouvent nos hommes. Non. La Fédération n'a pas peur d'une invasion : ces gens ne sont pas stupides, pas plus que vous. Ils savent que ce n'est pas à l'ordre du jour. Il leur déplaît simplement de nous voir intervenir.

C'est, une fois de plus, entendable.

Ce qui l'est moins, maintenant, c'est de nous reprocher de ne pas vous avoir prévenu : nous n’avons pas contactés le Miridian concernant cette affaire car c’est une nation d’Aleucie, éloignée de la situation, n'étant pas concernée par cette dernière : nous ne pouvions pas deviner que vous jugiez les affaires du continent si proches de vos intérêts. Et à quel titre, maintenant, il peut être pertinent de se le demander. J'informerai nos partenaires régionaux de votre désir de vous introduire dans les affaires politiques du Paltoterra, si vous le souhaitez. Après tout eux non-plus ne peuvent pas le deviner seuls.

Enfin pour vous répondre : les observateurs de Miridian ne seront, compte tenu du vocabulaire utilisé dans votre missive et de votre positionnement, pas acceptés sans de très solides garanties. La posture quasi-révisionniste de votre gouvernement et de ses partenaires les plus important nous confine à la prudence. En attendant vous vous contenterez des résultats de l’OND et des nations indépendantes et leur ferez savoir à eux plutôt qu’à nous si vos partenaires ne considèrent pas leur travail satisfaisant : là encore je suis curieuse d'entendre à quel titre.

Je reviendrai vers vous pour la question des échanges éducatifs. Elle devrait recevoir une nette approbation à la convention nationale, même s'il faudra encore en définir les contours. Notez tout de même que l’on ne met pas, par chez nous, la charrue avant les bœufs. Votre gouvernement emploi une rhétorique qui ne nous pousse pas à la confiance, nous n'avons aucune raison d'accéder à ses demandes si celles-là ne sont pas faites dans un bon esprit.


Salut et fraternité,

Excellence,

Soyez donc rassuré d'apprendre que le duché de Sylva est lui-même soutenu par l'Union et soutien de cette opération, si discret et souhaitant éviter les débordements diplomatiques. Le duché conservant une position non-alignée vis à vis de la Fédération il est évident qu'il ne tolérerait pas un soutien risquant les intérêts de celle-là. Mais assez parlé de la Communaterra : ce sujet est clos. Si des pays membres de l'ONC décident d'intervenir il se rouvrir peut-être mais, en attendant, il n'y a rien à ajouter d'autre que "les conclusions des observateurs de l'OND seront diffusées publiquement". Vous pourrez aussi contacter notre directoire militaire sur place si vous avez la moindre crainte quant aux conditions matérielles du conflit et au résultat humanitaire de ce dernier.

Bien.

Concernant un potentiel rapprochement entre nos deux pays, je pense au contraire que nous devons avance, j'expliquais simplement devoir attendre la validation des communes pour pouvoir vous donner un début de réponse. Notre modèle démocratique, que vous sembliez apprécier, nous impose parfois quelques lenteurs, quand la situation le permets.

Permettez-moi de vous proposer la chose suivante : une rencontre d’État entre nos deux pays. Qui se ferait sur notre sol ou sur le votre selon vos préférences. Au cours de cette rencontre nous tiendrions des discussions sur les secteurs et méthodes de coopération entre nos deux pays. Nous tiendrions aussi une conférence de presse ou nous dirions publiquement tout les mots doux que nous nous disons ici en privé : notre respect mutuel, notre volonté de ne pas ingérer et menacer les affaires de l'autre, des mots en faveur de la paix et de l'amitié des peuples qui ne coûtent rien et poussent les citoyens à comprendre la position de leur gouvernement de façon claire et formelle.

Si vous nous donnez des preuves publiques de votre volonté de paix et de coopération, des preuves susceptibles de vexer ceux qui voudraient nous voir entrer en conflit, nos relations ne pourront qu'aller vers du mieux, du mieux, du sans-cesse mieux. Qu'en dites-vous ?


Salut et fraternité,

Excellence,

Nous vous remercions pour vos condoléances. Il en va hélas ainsi des guerres et interventions armées, bien que le contexte précis de ces morts soit celui d'une traîtrise détestable entérinant de fait la nature purement terroriste de la Communaterra.

Pour le reste : c'est parfait, je n'ai rien à opposer à une rencontre organisée dans les plus brefs délais. Au plaisir de bientôt vous rencontrer en personne.

Salut et fraternité,