07/06/2013
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Activités étrangères en Damanie - Page 3

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[BLOODY FRIDAY - VENDREDI SANGLANT
Ville d'Aenbecan]


Vendredi 15 janvier 2006



[Régie Nationale des Installations portuaires d'Aenbecan]



mouvementdisachld
Une des affiches du syndicat Dilseachd qui avaient pullulé et qui désormais étaient visible sur chaque mur de chaque maison Aenbecan, malgré les campagnes d'arrachage systématique du gouvernement local


Cela faisait des jours voire des semaines que la contestation sociale impulsée et animée par le syndicat des dockers le fameux Dilseachd secouait toutes les couches de la société damann, et plus particulièrement les classes populaires et les familles d'ouvriers, à la fois encensés par la propagande communiste, et méprisés par les instances dirigeantes et les officiels du parti, considérant les "cols bleus" comme une main d'oeuvre laborieuse, dont le premier devoir patriotique consistait à obéir, et dans un second temps à être corvéable à souhait.

L'ex-bastion libéral, le dernier à être tombé dans l'escarcelle des Milices Rouges, avait toujours été réfractaire à la prise de pouvoir du Parti Rouge, et nourrissait un ressentiment assez tenace, considérant, à juste titre, que la faction socialiste avait trahit ses anciens alliés lors de la dissolution du front démocrate.

Depuis la fin de l'année 2005, les grèves générales à répétition s'étaient intensifiées, ainsi que les marches pour les droits civiques qui s'étaient multipliées, et ne se cantonnaient plus aux centre-villes et régions urbaines, dont la population plus éduquée et industrieuse était plus sensible aux questions économiques. Non désormais la grogne et la contestation touchaient désormais les campagnes environnantes bien que les causes sous-jacentes soient différentes.

En effet, les paysans s'étaient vus confisqués de larges portions de leurs terres ancestrales, pour la plupart héritées des traditions féodales. Et la terre où reposaient les ancêtres de ces familles de cultivateurs, pour certaines centenaires et s'étalant sur plusieurs générations, avaient une signification et un impact spirituel et religieux provenant des croyances druidiques et celtiques que les Rouges avaient sous estimé.

La Confédération Générale Paysanne de la Province de Caodaig avait décidé d'apporter son soutien unilatéral et inconditionnel à Dilseachd, par solidarité, et parce qu'ils étaient las d'être harassés par les plans quinquennaux et autres quotas de production agricoles inatteignables et irréalistes fixés par les Commissaires aux Plans, fonctionnaires notoirement corrompus, dont le seul but était de plaire et de s'attirer les faveurs du Comité Central de Baidhenor.

Ce vendredi 15 janvier avait été désigné comme la journée de marche pour la revendication des droits civiques et sociaux de tout le Sud de la Damanie. Le syndicat Dilseachd avait réussi l'exploit de fédérer et de rallier à sa cause les innombrables fédérations et associations syndicales de Caodaig et de Aenbecan, et avait à force de persuasion, de lobby, et de pression finalement obtenu le droit de manifester et de marcher, depuis le centre-ville de la cité portuaire, de la Place des Martyrs de la Révolution, jusqu'aux docks principaux du port industriel, devant le quartier général de la régie des chantiers navals. Les autorités du Comité Central probablement préoccupés par la venue de nombreuses délégations étrangères en leur capitale, avaient très probablement sous-estimé l'adhésion populaire du syndicat Dilseachd, pourtant considéré comme d'obédience socialiste, qui cristallisait l'angoisse et la frustration de la population sud-daman, qui endurait mille privations et pénuries tout en subissant une forme de discrimination voir de persécution des autres factions et communautés du Daman. En effet, les sud-daman avaient toujours été perçus comme des contre-révolutionnaires ou des foyers contestataires, raison pour laquelle un important contingent de soldats stationnait dans la garnison militaire à l'extérieur de la ville, à l'Ouest, non loin des quartiers dits populaires, qui avaient toujours été perçus par le pouvoir central comme potentiellement contestataires.

À la fin de l'année 2005, 29 barricades avaient été mises en place par des membres du syndicat Dilseachd, et notamment par ses sections de jeunesse, de jeunes ouvriers pour la plupart âgés de 16 à 18 ans, pour empêcher l'accès à ce qui était connu comme le Free Aenbecan, un pâté de maison séparant le centre-ville du quartier ouvrier. 16 d'entre elles étaient impraticables, même pour les véhicules blindés des milices rouges. Le vendredi matin, le leader de Dilseachd, Aiden Fearghaíl , avait multiplié les appels au calme et à ne surtout pas provoquer les forces de sécurité et les milices rouges, qui s'étaient déployées dans la ville, notamment aux ponts d'accès principaux, et dans certaines rues adjacentes à la Place des Martyrs de la Révolution. Sur un camion, ce dernier prit un mégaphone, et s'adressa à une foule toujours plus nombreuse et compacte.

Aiden Fearghaíl : "Camarades, je vous demande instamment de marcher pacifiquement, et de ne pas céder aux provocations des Rouges. Personne ici ne veut d'un conflit, nous devons montrer à toutes les nations étrangères actuellement réunies à Baidhenor, que non, la population du Daman n'est pas entièrement soumise à l'auto-proclamée première consule, que non, le peuple n'a pas renoncé à ses libertés et ses aspirations pour plus de justice sociale, mais de grâce, je vous demande de ne pas lancer la première pierre ! Nous avons obtenu le droit de marcher, je vous demande de suivre l'itinéraire prévu et de ne pas perdre de vue le véhicule de tête du cortège".


cortegeprincipal

A 11heures, alors que la foule prit la direction du port, tout en scandant "NOUS SOMMES LE PEUPLE, NOUS SOMMES LE PEUPLE !", des manifestants avaient prévu de marcher vers l'hôtel de ville Aenbecan, qui avait été sécurisé par la milice, et était solidement défendue par la police locale, qui avait pris soin de disposer sacs de sables et mitrailleuses lourdes, afin de dissuader tout assaut frontal.


Cependant, les Milices Rouges, qui avait clairement pour objectif de mater le mouvement de contestation sociale, avaient sournoisement conçus des "checks points" afin de modifier le parcours, et rediriger le maximum de manifestants vers le Free Aenbecan Corner, une partie du vieux quartier adjacent au centre ville, faits d'impasses et de rues sinueuses. Un groupe d'adolescents se sépara du cortège principal et tenta de franchir le check-point pour marcher vers l'Hôtel de Ville, ce qui avait été anticipé par les autorités communiste. Une bande de jeunes arrivèrent au niveau de la barricade tenue par la Milice Rouge, qu'ils commencèrent à attaquer avec des pierres. À ce stade, un canon à eau, des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc furent utilisées pour disperser les émeutiers. Ces affrontements entre les miliciens et les jeunes étaient peu intenses et s'étaient jusqu'à présent limités à quelques provocations, mais cette fois, un seuil avait été franchi.

A 13 heures, le cortège était désormais divisé en deux manifestations distinctes. La plus importante, la manifestation principale suivait le trajet initial, tandis que le seconde manifestation, majoritairement composée de jeunes se retrouvait prise en tenaille entre les milices et leurs propres barricades.

A 14h retentit le premier coup de feu, semblant provenir des rangs des manifestants, auquel répliqua presque immédiatement et sans sommation aucune le feu des forces de sécurité de la ville, appuyées par les fanatiques des Milices Rouges.

La secrétaire de la sous-commission inter-syndicale Aisling Leary, qui avait été séparée du groupe principal par inadvertance, continuait à haranguait les manifestants :
Aisling Leary : "Pas de panique, ils tirent des balles en caoutchouc, gardez votre calme et dirigez vous vers le port".

Mais lorsque les premiers corps s'écroulèrent, et que des cris d'effroi retentirent, un indescriptible chaos s'empara de toutes les personnes présentes dans les rues.

Aisling Leary : " Oh mon Dieu, ils tirent à balles réelles, FUYEZ "

confusiontotale

Une effroyable et indiscible confusion régnait alors parmi les manifestants qui fuyaient et couraient dans tous les sens.....les fumées des grenades lacrymogènes ajoutaient à l'atmosphère suffocante et apocalyptique du centre ville d'Aenbecan, dont les murs résonnaient des détonations et des tirs d'armes automatiques.
Un journaliste du "Lofoten News" se trouvait parmi les manifestants, et malgré les risques, prit soin de réalise run maximum de photographies de cette sanglante journée.
Des agents du FSD, en civil, se trouvaient également dans le cortège de tête, aux côtés des leaders syndicalistes de Dilseachd. Si les rapports d'activité et de surveillance avaient fait état de tensions importantes et d'envie manifeste de la jeunesse d'en découdre avec les autorités, ils n'avaient clairement pas anticiper de tels évènements.
Toutefois le Chief Executor avait été clair dans ses directives : pas d'interaction avec la population, ni d'intervention directe. "Observation, repérage, identification, prises de contacts," voilà le périmètre du mandat de mission qui avait été assigné à la branche Damann du FSD.
À 16 h 00, l'état major du Daman autorisa à entrer dans le Free Aenbecan Corner pour y rétablir l’ordre selon le vocable officiel, ce que les soldats traduisirent sur place par abattre les éléments subversifs et potentiellement hostiles. La première victime, fut Jackie O'Donnell, une riveteuse de 19 ans du chantier naval, surprise parmi la foule qui s'enfuyait. Elle courait aux côtés d'un étudiant-infirmier, lorsqu'elle fut abattue dans le dos. Ce dernier, Aethan Conegan, tenta de lui prodiguer les premiers secours et de la ranimer en vain.
La poursuite des violences par les troupes communistes s'intensifia et finalement l'ordre fut donné de mobiliser les troupes dans une opération d'arrestation des manifestants pour "troubles à l'ordre public", "rébellion", "sédition" et "atteinte contre l'état". Tous ces synonymes et prétextes fallacieux dont seuls les communiste sont le secret pour étouffer et neutraliser toute opposition.

confusion

A 18h, le commandant en chef des forces de police d' Aenbecan proclama un ordre de cessez-le-feu, alors que plus d'une centaine de cartouches furent tirées directement dans la foule par les troupes sous le commandement des Milices Rouges, les véritables donneur d'ordre, qui n'avaient cure de leur "image" à l'international.
Douze autres personnes furent tuées, et beaucoup d'entre elles tentaient d'aider celles déjà tombées sous les balles. Quatorze autres furent gravement blessées, douze par des tirs de soldats et deux renversées par des véhicules blindés.
Une ambulance a également été ciblée et criblée de balles sans que la provenance des tirs ait été formellement identifiée.

arrestation

Bien entendu les autorités du daman prirent grand soin d'étouffer l'affaire et confisquèrent tous les appareils photographiques et caméras qu'ils purent trouver, mais ne purent empêcher la diffusion de certains clichés et témoignages, qui diffusèrent, certes lentement mais surement, parmi la population de la sud-damanie.
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[BLOODY FRIDAY - VENDREDI SANGLANT
Ville d'Aenbecan]


Mercredi 07 février 2006



[Régie Nationale des Installations portuaires d'Aenbecan]




mouvementdisachld


Réunion du comité central de direction de la section des travailleurs du chantier naval de Dilseachd



Le leader de Dilseachd, Aiden Fearghaíl , avait à la suite des évènements dits du Bloody Friday dans le centre ville d'AAenbecan demandé expressément une réunion de tous les membres du comité central de direction, qui avaient tous répondu favorablement et s'étaient ainsi regroupés dans la section des travailleurs de la régie du chantier naval, qui était l'organe principal représentatif historique du syndicat Dilseachd.



reunionsyndicale

Aiden Fearghaíl : "Camarades, je pense que vous n'êtes pas surpris de vous voir ainsi convoqués au pied levé, surtout après les évènements dramatiques qui nous ont tous secoué dernièrement dans le Free Aenbecan Corner , et qui sont encore fermement gravés dans nos esprits. Plusieurs sujets à aborder et à discuter avec vous, notamment de la marche à suivre, de la conduite à adopter face à ce que nous venons de vivre. Nous devons êtres clairs, fermes, et maintenir la communication ouverte avec Baidhenor autant que faire se peut.

Aisling Leary : Camarade Fearghaíl , j'étais au milieu des manifestants quand les premiers coup de feu ont été tirés, j'étais tellement près que je pouvais sentir l'odeur de la poudre, et j'ai vu la détermination et la haine dans leurs yeux. Que pouvons nous communiquez d'autre à part que c'est la preuve irréfutable de leur détermination à nous faire payer notre insubordination à tout prix, dont celui du sang ? Je pense aux victimes et aux familles de victimes, qui aujourd'hui réclâment vengeance !



Riodhan O' Malley : " Mais c'est exactement ce qu'ils veulent, que notre syndicat qui a aujourd'hui toujours milité dans la non violence et fait des revendications légitimes, raisonnables, et pacifiques, tombe dans la guerilla, l'appel aux armes, et soit décrédibilisé aux yeux du monde entier. C'est un piège cynique et grossier tendu par Buseid l'Infame "


Aisling Leary : Camarade O'Malley , permets moi d'être en désaccord, c'est justement parc'ils nous considère comme des faibles, des républicains, des démocrates, des pacifistes qu'ils se sont permis de commettre de telles exactions contre le peuple. Des revendications légitimes oui mais pour nous, pas pour eux. A leur yeux nous ne sommes que des contre-révolutionnaires à la botte de puissances étrangères, alors que le peuple tout entier est derrière nous, nous avons des familles entières, tout Aenbecan est prête à se soulever et à marcher derrière nous

Aiden Fearghaíl : "Camarade Leary, je comprends ta colère et ton amertume, mais nous sommes encore échaudés par ce que nous venons de vivre, nous avons la fureur dans le sang, et l'esprit empli de désir de vengeance, et c'est tout à fait compréhensible je suis d'accord avec le camarade O'Malley, nous ne devons pas dévier de ce qui a toujours été notre stratégie et notre politique. Nous ne pouvons décemment pas appeler le peuple à se révolter, et à prendre les armes contre le gouvernement, cela serait irresponsable de notre part, parce que tout simplement nous n'en avons pas les moyens, et que le tribut en vie humaines à payer risque d'être élevé, bien plus élevé que notre organisation peut être prête à l'assumer !

Siobhan Ferguson : Et si nous en avions les moyens Camarade Fearghaíl ? Il se trouve que j'ai été approchée par le secrétaire-adjoint de la section des acieries de Caodaigh et il m'a appris que son beau-frère est l'officier de la capitainerie principale, notamment chargé de délivrer les patentes commerciales aux navires étrangers qui accostent dans les quais d'Aenbecan , et il partage totalement notre cause et nos idéaux

Riodhan O' Malley : " Quoi ? Mais il est officier de l'administration centrale maritime, tu te rends compte, c'est peut être un agent double, un traître, que sais je, non on ne peut pas faire confiance aux nôtres qui sont de près ou de loin affiliés au pouvoir central camarade ! Les Rouges ont des espions partout, peut être même parmi nous... "

Siobhan Ferguson : Je ne crois pas, il est marié à la petite dernière de la famille Conegan. Et tu n'es pas sans savoir que leur aîné est tombé sous les balles des Rouges.

Aiden Fearghaíl : Je connais fort bien la famille Conegan, de vrais patriotes, des républicains purs et durs. Ne nous divisons pas mon cher O'Malley, s'il y a bien une chose que l'on peut être sûre c'est que chaque famille de la sud damanie connaît quelqu'un ou connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui a un compte à régler avec Baidhenor ou la Première Consule.

Siobhan Ferguson : Toujours est il que cet homme a de bonnes relations, très bonnes relations avec quelqu'un qui pourrait nous aider, quelqu'un qui a de bons contacts, assez hauts placé, parmi une puissance qui nous soutient depuis les débuts, les Provinces-Unies du Lofoten

Aisling Leary : Ils nous soutiennent nous vriament ? Tu crois qu'ils sont sensibles à notre cause, au bien au marché que l'on représente ?

Riodhan O' Malley : " Est-ce vraiment important Aisling ? Tout soutien est bon à prendre, et celui là n'est pas négligeable, de tous les grands de ce monde, très peu semblent sensibles à la cause des démocrates du Daman, c'est tout juste s'ils connaissent notre existence, quand la plupart s'inclinent comme des laquais devant cette fourbasse de Sineag, qui se sert du prétexte du missile francisquien pour pleurer auprès du monde entier, alors que nous savons très bien qu'elle se réjouit de ces morts, enfin, ils lui apportent la crédibilité et l'assise qui lui manquait. Désormais, elle passe aux yeux du monde comme une victime"

Aisling Leary : "Notre cause est celle du peuple Daman, pas celui d'une puissance étrangère. Et que proposent t ils ? Jusqu'à présents nous avons toujours été seuls, et on s'en est très bien sortis "

Aiden Fearghaíl : "Nous avons été seuls en première ligne c'est vrai, mais pensez vous sincèrement que nous aurions réussi tout ce que nous avons accompli, à fédérer autant de mouvements syndicaux, et être la voix du peuple libre sans aide extérieure ? Tu as été trésorière du syndicat à ses débuts Aisling, tu ne peux donc ignorer les importants financements que nous avons eu de la part de généreux donateurs. Je te laisse devinez qui étaient ces généreux donateurs."

Siobhan Ferguson : "En plus d'un soutien financier, je vous parle de quelque chose de plus concret, de plus palpable, qui pourra certainement donner une autre mesure, une autre ampleur à notre mouvement.
J'ai également reçu le soutien de la confédération des dockers du port de la Province de Chriost. Ils soutiennent nos revendications et se joindront à la lutte !"


Riodhan O' Malley : Et peut on en savoir plus sur cette aide inespérée Camarade Ferguson, vous avez aiguisé ma curiosité, et j'en trépigne d'impatience ?

Siobhan Ferguson : Et bien dans quelques jours, un cargo transportant une importante cargaison de fioul domestique doit accoster et...

Bam, bam, bam,...trois bruits sourds se firent entendre, on avait frappé de manière énergique et insistante sur l'un des murs de plâtre de la salle de réunion.

Aiden Fearghaíl : C'est le signal ! Cela doit être une descente de police ! Vite, vous connaissez tous la conduite à adopter ! On va surement être arrêtés, surtout pas de geste brusque, n'opposez pas la moindre résistance !

Quatre hommes en uniforme gris anthracite firent soudainement irruption dans la salle, armes à la main, képis rouge sang arborant la faucille et le marteau brodés de couleur or vissés sur la tête, surmontant des visages fermés et crispés.


Officier de police : "Halte, au nom de la police du peuple du Daman, vous devez tous être contrôlés et subir un interrogatoire pour une inspection de routine au Commissariat. Veuillez n'opposer aucune résistance, l'usage de la force ne sera employée que si vous ne vous montrez pas coopératif. "

Tous les membres du Comité de Direction central de Dilseachd furent emmenés manu militari dans les locaux du commissariat politique de d'Aebencan.

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Presse

TENSIONS ET MANOEUVRES DANS LE GOLFE DU DAMAN, LE BRAS DE FER CONTINUE


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De nouveaux exercices militaires ont eu lieu au large des côtes Est de la Damanie par la flotte lofotène de l'UP Navy, en collaboration étroite avec l'UP Air Force.
En effet les aéronefs des Provinces-Unies ont multiplié ces derniers temps les vols de reconnaissance à proximité des eaux territoriales du détroit ou Golfe du Daman. De très nombreux chalutiers et embarcations de pêcheurs corroborent et confirment avoir été survolés à de nombreuses reprises par des avions de chasse, certains affirment même avoir aperçu un avion ravitailleur en pleine opération de ravitaillement aérien.

Contrôle, l'autre nom de l'Etat-Major des Provinces-Unies n'a pas démenti pour l'heure ces informations, il semblerait donc se confirmer que les manœuvres militaires et exercices navals aient vu leur fréquence sensiblement augmenter ces derniers temps, et reflètent l'extrême tension qui règne dans la partie occidentale de l'Eurysie, comme un écho au bras de fer que la Chancelière S. Olfgarson ne semble pas vouloir perdre cette fois, après les échecs successifs de l'Opération Umbrella à Kotios et de l'Opération Unitaid lors de la guerre civile du Daman.

D'aucuns disent qu'il s'agit non seulement de faire monter la pression sur les autorités de l'état communiste, mais également de montrer à l'EDLF, que les Provinces-Unies sont désormais une puissance qui compte, bien que les spécialistes et économistes ont démontré que les intérêts lofotènes en Damanie ne sont plus si essentiels et vitaux que ça, la question de la sécurisation des routes commerciales étant en effet désormais partiellement résolu grâce à l'émergence d'un consensus issu du rapprochement des quatres puissances libérales et commerciales que sont la Fédération Alguarenaise, la République Jashurienne, et l'état insulaire de Fortuna.
En effet, les tractations secrètes auraient permis de s'exonérer de l'attitude cavalière et imprévisible des puissances impérialistes que sont le Pharois et l'EDLF, qui depuis plusieurs semaines, faisait craindre des menaces et tensions de plus en plus palpables sur les flux et routes commerciales empruntant les mers intérieures de ce continent agité.

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Les Lofotènes avaient d'ailleurs émis des protestations publiques à l'endroit du "chantage" imposé par les Pharois, ce qui avait nourri le sentiment anti-eursyien de plus en plus pregnant au sein de la démocratie nordique. Selon un dernier sondage réalisé auprès de l'Institut de sondage privé "ThinkTwice", les Lofotènes étaient 52% à penser que le Pharois et l'EDLF étaient des menaces sérieuses contre la sécurité nationale.

Quoiqu'il en soit, ce qui a retenu l'attention des acteurs régionaux est le déploiement de la flotte, ainsi que les tirs et explosions engendrées par ces exercices, qui ont permit selon une source proche de l'état-major, de perfectionner les réponses à apporter en cas de détection ennemie sous-marine, ainsi que l'utilisation, l'application, et l'observation des dégâts et impacts que peuvent procurer les mines marines.

Rappelons que notre pays a produit en grande quantité ces engins explosifs, et affirme avoir miné les eaux nationales, et les endroits stratégiques relevant de son autorité. Ces mines, d'une nouvelle génération, sont activables et désactivables à distance, par fréquence électromagnétique, et seraient disséminés en grand nombre dans la baie de Tårpil, en Listherburg, l'une des bases navales opérationnelles qui sert également de port d'attache à nos navires et sous-marins.
Des mines de nouvelle génération, indétectables au sonar, et représentant une véritable capacité de nuisance, seraient également en préparation d'après Contrôle.

Une alerte en provenance des gardes-côtes du Daman a été émise et réceptionnée par le FSD. Le contenu de l'alerte n'est pas connu, mais il semblerait que cela soit lié aux évènements récents ayant eu lieu dans le sud de la Damanie. En effet depuis plusieurs jours, une fronde et un contestation inédite des habitants secouent cette région plutôt industrielle et éloignée de la capitale.
Le syndicat Diseachld, qui est à l'origine une association syndicale de travailleurs des embarcadères du Port d'Aenbecan, a fédéré et rassemblé autour de lui et de son leader charismatique Aiden Fearghaíl la plupart des mécontents et opposants de longue date au pouvoir du Parti communiste Les Rouges de la Première Consule Sineag Buseid, dont la prise de pouvoir brutale et l'autorité n'a jamais été entièrement acceptée par la population située très au sud et bastion historique des démocrates et libéraux pendant la guerre civile. Les syndicalistes, pourtant d'obédience socialistes, se sont dressés à la surprise générale contre les institutions locales, qu'elles jugent paradoxalement anti-socialistes et anti-libertaires. Les cadences infernales, les quotas de production, et la non représentativité semblent aussi avoir eu des impacts majeurs sur la population, excédée de ne pas être entendue ou muselée par les fonctionnaires de Baidhenor, plus intéressés par leur ascension sociale au sein de l'intelligentsia damane.

Malgré de très nombreuses manifestations, et une indicible répression, les pouvoirs locaux semblent bien en mal de maîtriser une situation explosive qui peut leur échapper à tout instant. Le rôle des Provinces-Unies dans ces évènements n'est pas clairement établi mais le Département Fédéral des Affaires Etrangères a affirmé soutenir les aspirations légitimes et revendications démocratique du peuple du Sud Daman, et qu'il interviendrait en cas de crime manifeste contre la population. Le FSD, de par son emblêmatique directeur, M. Markus Finnigan, a également nié toute implication directe ou soutien financier à ces mouvements séparatistes, tout en affirmant qu'il "était favorable à de tels mouvements et qu’entretenir leur cause serait profitable d'un point de vue de la sécurité nationale". M. Finnigan est connu pour ses déclarations ambigües et lourdes de sens. Nul doute qu'il y a du vrai et du faux derrière ce message crypté.


directeurFSD
Le Chief Officer du FSD, Markus Finnigan, farouche anticommuniste, connu pour ses prises de position en faveur d'une intervention armée à Kotios qui n'a jamais eu lieu.


Bien que Contrôle ait démenti que cela signifiait une éventuelle invasion ou débarquement pour soutenir et protéger la rebellion, un proche conseiller du Sky Marshall Trygve Røyneland avait confié : "Toutes les hypothèses sont sur la table, mais de toutes, l'intervention directe de nos forces armées est celle que nous privilégions le moins."
Un commentaire sybillin qui ne manque pas d'alimenter de très nombreux débats sur les relations diplomatiques entre les Provinces-Unies et la Damanie, dont le paroxysme semble être la Conférence de Ciardhai, point d'orgue de la politique étrangère de la Chancelière Fédérale.
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Deux navires flanqués du drapeau rouge et semblant sortir d’un autre âge viennent d’accoster en Damanie. La coque, bien que nettoyée, peine à dissimuler d'évidentes traces de rouille et d'usure. A leur bord, un contingent bigarré de Pharois. Ceux-ci, toutefois, n’ont pas cette gueule de truands sympathiques et pas mal bordéliques qu’on attend généralement de ce peuple.
Le pas est cadencé, un officier gueule des ordres dans un mégaphone et les uniformes de fourrure ont l’uniformité des armées de métier. Ils n’en restent pas moins élimés et usés par le temps. Seul élément rutilant de leur costume : l’étoile rouge à liserés blancs que chacun porte accrochée à la poitrine.

Ce bataillon là donne l’impression de sortir tout droit des années 60. Peut-être est-ce le cas ? N’en reste pas moins que la Damanie vient de recevoir le soutient des Stations Libres du Syndikaali, cette région polaire sous statut d’exception, réseau de galeries sous-terraines enfouies sous la banquise, gardiens de la flamme du communisme orthodoxe, attendant leur heure, l’heure du Grand Soir, attendant l’effondrement, prêt à raviver au moment opportun une doctrine passéiste mais toujours vivante.
Le cercle polaire semble avoir fait caisson de cryogénisation pour ces partisans de l’avant-garde et de l’entrisme politique.

Voila pourtant que les Stations Libres se réveillent, un peu.

Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées
2022
Hymveri face aux vanille-fraises

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« Je m’en vais causer aux glaces vanille-fraises ! » est une phrase célèbre de l’histoire contemporaine pharoise, prononcée en 1960 par le Capitaine Heikki « ours zazou » alors ministre des Intérêts internationaux au gouvernement. Un bon mot, un brin moqueur, lancé aux journalistes depuis le pont de son navire tandis qu’il prenait le large pour rencontrer les représentants des stations libres, à l’occasion de l’anniversaire de la révolution d’hiver.
Depuis, seul le nom du parfum est resté, faisant référence aux uniformes de camouflage de cette armée rouge revêtue de blanc. Une plaisanterie innocente et cynique - affective que les Pharois adressent à leurs compatriotes engagés dans ce projet révolutionnaire un peu fou consistant à s’exiler dans les glaces pour y entretenir la véritable doctrine communiste, loin des compromissions et égarements de leurs camarades devenus pour moitié des libéraux, pour l’autre des autoritaires étatistes.

Entrisme, débats de niches, pas mal de poisson en conserve et quelques tentatives d’assassinats, on aurait tôt fait d’oublier l’existence des stations libres si celles-ci ne ressurgissaient pas ponctuellement, envoyant un contingent de moines soldats garnir les rangs d’une cause jugée digne par les délégués du Parti. Dans leurs assemblées enfouies, cette caste militante ultra-orthodoxe débat, pèse et soupèse chaque initiative de leurs camarades, espionnent et envoie ses observateurs, jusqu’à finalement décider ou non de rejoindre le combat.

Il a fallu plus d’un an aux stations libres pour se résoudre à soutenir la Damanie, mais les voilà. Enfin.

Et sur le quai, une figure juvénile et nerveuse, entourée d’une poignée de pirates, vient leur faire accueil. Le Capitaine Hymveri et l’équipage du Kauhea au complet, du moins ce qu’il en reste, équipage sans navire, capitaine sans cap.

Alors que d’un pas cadencé plusieurs dizaines de soldats posent en rang le pied à Ciardhai, un officier s’est dirigé vers Hymveri. Le camarade Flocon – les stations libres ont normalisé les noms de code depuis longtemps – lui tend une main gantée de noir après un bref salut protocolaire, poing gauche fermé et dressé.

Flocon : « Camarade, nous avons des choses à nous dire. »


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Edition du 3 août 2007


SORTIR DU COMMUNISME
Eoghan, militant communaliste en Damanie, témoigne

Eoghan a 22 ans. Etudiant à Baidhenor, il a été frappé de pleins fouets par les divers conflits. Membre du Mouvement communaliste de Baidhenor, il témoigne aujourd'hui de ses expériences devant Roten Seite.

Portrait

Comment avez-vous vécu la guerre civile ?

Je faisais parti d'une école de commerce à Baidhenor, au lendemain de la Révolution celte - qui a unifié les royaumes féodaux en une République démocratique, sous le consul Anduin Deoir. A cette époque la Damanie avait un avenir très prometteur ; on voyait l'implantation de nombreuses firmes internationales, l'ouverture au monde était incroyable.

J'ai commencé à fréquenter les premiers "syndicats", qui étaient autoproclamées puisque l'Etat, tout nouveau, ne reconnaissait pas encore les Syndicats. A l'époque les Syndicats avaient un rôle plutôt politique, aspirant à une multitude de nouvelles idées. Le premier syndicat que j'ai fréquenté, c'était le Syndicat du Commerce, basé à Baidhenor. C'était un assez puissant syndicat, qui regroupait des Damann de tout le pays - et pas seulement des étudiants.

Puis tout a été remis en cause avec Sineag Buiseid. Cette femme, héroïne de la révolution, était admirée par de nombreuses personnes - mais au sein du Syndicat, c'était le diable en personne. Cependant, quand elle est arrivée au pouvoir, on a vu s'installer une sorte d'Etat très centralisé, et très puissant. Le régime était "impressionnant", c'est le mot qui le qualifiait le mieux. Pendant les 24 heures rouges, elle avait impressionné par le retournement de situation de la part des Communistes sur les Libéraux.

Sineag Buiseid incarnait le pouvoir fort, autoritaire, tout en étant ouverte d'esprit, notamment avec son "Assemblée des Idées". C'està cette époque que les dissensions commencèrent au sein du Syndicat du Commerce. Nombreux étaient les ex libéraux, qui, face au nouveau pouvoir, avaient pensé que le communisme de Buiseid n'était en fait pas si mal.

Mais c'était un leurre. Le pays sombrait petit à petit dans l'isolation diplomatique, renié par tous ses anciens alliés, et attaqué par les Francisquiens. J'ai toujours refusé de rejoindre les Communistes, mais il semblait aussi que les Libéraux tendaient de plus en plus à être corrompus par la communauté étrangère.

J'ai donc quitté le Syndicat du Commerce, mais refusé de rejoindre les Communistes. Pendant un moment, c'est vers les Pluralistes que j'ai voulu me diriger, mais leurs objectifs étaient pour moi bien trop sombres, et il ne représentaient pas, selon moi, une véritable alternative.

Il faut savoir que je suis de profession chrétienne, et que je fais partie de la minorité catholique de Baidhenor. J'allais donc souvent à l'église, et là, j'ai rencontré le frère Franz, originaire de Kaulthie. Il était, lui, Catholique impérial (la branche catholique dont l'Empereur kaulthique est le chef spirituel), mais contrairement à la plupart des Kaulthes, il n'avait aucune aversion pour les Catholiques romains. Franz était communaliste, et tout en prêchant la parole du Christ, il prêchait le système communaliste d'Albert Valheimer.

C'est à cette époque que je suis devenu communaliste. Aujourd'hui, je le suis toujours, et j'en suis encore plus convaincu, surtout face aux échecs incessants du régime communiste, et à l'abus d'autorité de la Première Consule.

Être communaliste en Damanie, ça veut dire quoi ?

Tout d'abord être Communaliste c'est quoi ? Je pense qu'il y a de nombreux sens. Le courant le plus connu, c'est sûrement celui du Kah. C'est un Communalisme qui s'est construit au fil des révolution, et qui, pour moi, est plutôt un système descentralisé de démocratie direct, très impregné des courants libertaires.

Cependant, le Communalisme décrit par Albert Valheimer n'est pas explicitement libertaire. Le Communalisme kaulthique est peu imprégné des courants socialistes, égalitaires ou libertaires. S'étant principalement développé en Kaulthie, il a été assez influencé par le Conservatisme kaulthique, et les valeurs chrétiennes. La grande différence entre Communalisme kaulthique (ou "eurysien") et Communalisme kah-tanais est là, selon moi. L'un prône juste un système démocratique qui respecte les valeurs traditionnelles régionales, l'autre prône tout une pensée philosophique plutôt libertaire, qu'ils appellent le Kah, justement.

Après je ne suis jamais allé ni en Kaulthie, ni au Grand Kah. Je vous rapporte ce que j'ai appris par les militants du coin.

Pour en revenir à la question, moi je me revendique donc Communaliste eurysien. Je rejette la pensée kah-tanaise, et je ne veux pas qu'elle s'installe en Damanie. Je veux un nouveau système, corporatiste, déscentralisé et purement démocratique, à l'image de celui des Communalistes de Kaulthie. Je veux un système qui respecte mes valeurs, chrétiennes, et les valeurs de la Damanie, héritées de la féodalité.

Mais être un Communaliste eurysien ne m'empêche pas pour autant de garder de très bons contacts avec les Communalistes inspirés du Kah, qui sont d'ailleurs assez majoritaires en Damanie. D'ailleurs, puisque l'Alterkah (le nom que se sont données les Communalistes de Kaulthie) est en pleine guerre civile et a du mal à maintenir des contacts à l'internationale, c'est plutôt le Grand Kah qui tisse des liens avec les militants damann.

Et c'est peut-être ça qui fait qu'aujourd'hui, les Communalistes sont assez peu persécutés par le régime. Buiseid a peur du Grand Kah, ça ne fait aucun doutes. Le Grand Kah qui, d'ailleurs, s'entendait très bien avec son prédecesseur, Deoir. Buiseid a une pression constante.

Donc aujourd'hui, la situation c'est que les Libéraux sont persécutés par le régime, que les Communistes sont hués par les Libéraux, et que nous, Communalistes, ne provoquont que l'indifférence pour chacun des deux camps - et nous sommes mêmes attractifs, puisque plusieurs militants communistes ou libéraux deviennent communalistes !

Le Communalisme, c'est la véritable tolérance, et la seule idéologie qui pourrait permettre l'installation d'un régime democratique en Damanie. Nous sommes l'avenir de la Damanie !

Quels projets de la part des Communalistes pour la Damanie ?

Alors personnellement, je fais parti d'un mouvement, le Mouvement communaliste de Damanie. C'est, à ma connaissance, le seul - les autres mouvements n'osent pas se mettrent au grand jour, craignant l'oppression. Ils ont tort.

Ce que souhaite le mouvement, à terme, c'est de proclamer une Union des Communes Damann. Mais il reste encore un long chemin à faire. Ce qu'on voudrait tout d'abord faire, c'est parvenir à convaincre la Première Consule de nous accorder une place dans son Assemblée des Idées. C'est une tâche ardue : sa tolérance a des limites, ces derniers temps. Mais le Communalisme gagne en popularité, alors on y croit.

Nous cherchons aussi à convaincre le Grand Kah de nous apporter un soutien officiel. C'est moins compliqué, mais l'administration kah-tanaise est bien trop occupé à travailler ses autres desseins.

Enfin, nous cherchons à gagner en visibilité et à convaincre d'autres personnes de rejoindre le mouvement. C'est d'ailleurs une des raisons de ma présence ici aujourd'hui !
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Edition du 28 août 2007


MARCHE SOLIDAIRE
Un instrument de diffusion du Communalisme

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"1 noeud d'argent les 5 kilos de pommes de terre Mesdames et Messieurs ! 1 noeud ! C'est la Ligue communaliste qui paie !"

Isbail Ros a 60 ans, et ça faisait 20 ans en 2006 qu'elle était présidente de l'Association de la Solidarité de Brus (ASB). Brus, petit village de l'Alpainn, en Damanie.

L'ASB avait pour but principal de créer une chaîne alimentaire "solidaire". En vendant des calendriers, des mugs, ou encore en récoltant des dons, l'ASB avait réussi à créer une marché solidaire, ouvert aux personnes les plus démunies.

Mais récemment, Isbail a renoncé à l'ASB pour fonder une nouvelle association : les Solidaires de la Commune de Brus.

"Tout a commencé en janvier 2006. Deux mutilés de guerre était venus au marché solidaire, et la discussion était tellement intéressente que moi et Magalie, ma collègue, les avions inviter à dîner juste après la fermeture du marché. Ils nous ont raconté les horreurs du front, et l'un d'eux est parti sur une grande réflexion sur l'utilité de cette guerre ; réflexion qui a fini sur l'absurdité des systèmes libéraux et communistes. L'un des soldats lui a répondu en le rayant, lui disant qu'il n'avait qu'à lire les écrits de Valheimer s'il cherchait une "troisième voie". Le premier soldat ne savait pas qui était Valheimer, et le second lui a raconté. C'était à ce moment-là que Magalie et moi on découvrait "vraiment" l'idéologie de Valheimer."

Isbail se renseigna alors sur Valheimer, et sur ses écrits, qui la convaincquèrent. Pour elle, c'était sûr : le Communalisme était la seule issue au conflit idéologique de la Damanie. Elle rejoint alors la Ligue communaliste eurysienne, un mouvement qui tente de réunir tous les Communalistes d'Eurysie.

"J'avais peu de liens avec la Ligue, puisqu'elle était basée en Kaulthie et qu'elle n'avait pas d'antenne en Damanie à cette époque. C'est là que j'ai eu l'idée de créer cette antenne."

Isbail n'y est pas parvenu : trop éloignée des villes, son initiative n'a pas pris assez d'ampleur. Finalement, le Mouvement Communaliste de Baidhenor (MCB) a décidé d'adhérer à la Ligue, devenant cette antenne.

"C'est un peu après l'adhésion du MCB que j'en ai rencontré les grands meneurs du mouvement. Je vous avoue que je m'attendais à mieux *rires*. Non je dis ça parce que le président est un sextagénaire passionné des films kah-tanais, et le vice-président est un jeune informaticien, et son grand exploit, selon le Mouvement, c'est qu'il a créé le site web."

Isbail explique ensutie qu'elle a participé à une réunion, et que le président avait demandé aux membres de "faire le maximum de pub" pour le Communalisme.

"Et c'est là que m'est venue l'idée d'utiliser mon petit marché solidaire. La transition vers l'association "Solidaires de la Commune de Brus" ne s'est pas faite sans engueulades *rires*. Finalement, tous les membres de l'ASB ont accepté de me suivre dans mon projet, et le lendemain, le marché solidaire de Brus brandissait le drapeau rouge à la torche, et était "subventionné", si j'ose dire, par la Ligue. Le grand avantage des financements, c'est qu'on a pû ouvrir le marché solidaire à beaucoup plus de monde, et pas seulement aux plus démunis, tout en rendant certains produits gratuits, comme les serviettes hygiéniques."

Isbail accueille aujourd'hui 300 personnes par jour dans son marché, parfois venus d'assez loin dans la campagne.

"Un exploit pour Brus ! Et pour les superbes pommes de terre du vieux Samuel, qui ont du succès au-delà de Brus, grâce aux personnes qui viennent de loin juste pour le Marché Solidaire *rires*."

Si l'anecdote du Marché Solidaire de Brus peut paraître anodine, elle est pourtant représentative d'une explosion d'associations caricatives financés directement par la Ligue communaliste eurysienne, ou indirectement via ses antennes, notamment le Mouvement Communaliste de Baidhenor. Aujourd'hui, c'est près de 450 associations caritatives qui le sont, à travers toute la Damanie.

Ce sont de véritables instruments de diffusion du Communalisme, qui sont tellement discrets qu'elles n'attirent même pas vraiment l'attention du régime communiste.
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D’un geste lent, l’homme qui portait une chemise rouge rajusta ses lunettes, cherchant visiblement la ligne où reprenait son texte. Un silence de cathédral régnait dans la salle, malgré les quelques trois-cents personnes qui s’y tenaient assis, quelques-uns avaient le cou tordu, s’étaient posés le menton contre le torse pour somnoler, mais la plupart se tenaient encore droits. Les plus zélés prenaient des notes sur des petits carnets uniformes à l’aide de crayons dont les mines grasses – avaient-elles étaient choisies pour cela ? – ne faisaient presque aucun bruit en grattant sur le papier.

Après quelques instants, une lueur de satisfaction s’aperçut dans le regard de l’homme à la chemise rouge, et celui-ci hocha la tête.

- « Bien cela… conclue notre réunion hebdomadaire. Quelqu’un souhaite-t-il ajouter quelque chose et sinon je ne retiens personne, nous avons tous faim. »

Quelques ricanements discrets vinrent saluer cette boutade mais à peine de quoi fendre le silence de la pièce. Un main se leva toutefois dans l’assistance, que l’homme à la chemise rouge mit un peu de temps à apercevoir à cause de ses lunettes qui semblaient décidément mal ajustées et parce que celle qui la levait n’était pas bien grande et se perdait un peu dans la masse des gens devant elle.

- « Oui ? Camarade Haikara ? »

La camarade Haikara était une jeune femme qui avait dû être fluette, mais que des années de service et de travail dans le grand nord avaient rendues affûtée et nerveuse comme une lame. De l’adolescente anorexique qu’elle avait été un jour ne restait plus qu’une voix un peu fluette, qui trahissait son âge, et l’impression que chacun de ses gestes étaient contrôlés, rendus précis et bref comme les aiguilles d’une horloge.

- « Merci camarade Paita, j’aimerai soumettre une proposition au vote, concernant l’ensemble du bataillon déployé en Damanie. »

L’annonce provoqua quelques remous, la plupart des hommes assemblés s’étant retourné afin de savoir de quoi il s’agissait. Il était rare qu’un sujet de vote concerne absolument tout le bataillon, les vanilles-fraises, puisque c’était leur surnom, étaient connus pour leur efficacité interne, parfois proche du rigorisme, et la plupart des doléances ou des questions touchant à la vie quotidienne étaient prises en charge par des commissions spécialisées. Ayant poussé la division du travail jusqu’à l’obsession, il n’était pas une tâche qui ne soit attribuée, et comme on avait à cœur la démocratie de conseil, ils étaient souvent trois ou quatre sur le coup. Cela rendait la machine de guerre des stations libres lourde, sans doute, mais également implacable lorsque les décisions étaient prises.

L’homme à la chemise rouge griffonna quelque chose sur son papier puis reporta son regard sur Haikara.

- « Nous vous écoutons. »

- « Proposition de changement de direction militaire, soumise à ultimatum. »

Cette fois-ci tous les visages s’étaient tournés vers la camarade Haikara. En quelques mots, la banale réunion hebdomadaire de gestion des affaires courantes du bataillon de Paix et de Protection Damann venait de se transformer en bouleversement politique majeur au sein du groupe. Chaque mot résonnait administrativement de tout son poids : changement de direction militaire signifiait qu’une fronde interne couvait au sein de l’état-major ou des soldats du bataillon, soumise à ultimatum impliquait qu’en cas d’échec de la votation, ceux qui s’étaient prononcés pour seraient en droit d’utiliser leur droit de retrait et de quitter le bataillon.

Tout comme les équipages pharois, les troupes des stations libres accordaient une grande importance au respect du caractère démocratique de leurs procédures de décision et se réservaient le droit de révoquer leur état-major en cas de désaccord majeur. Ce principe était à utiliser avec parcimonie, il fallait s’assurer d’être largement majoritaire avant même que ne débute le vote, dans les situations les plus critiques l’état-major qu’on n’avait pas réussi à renvoyer était parfaitement légitime à traduire dans la foulée les votant devant une cour martiale improvisée avec pour chef d’inculpation la désertion et l’insubordination.

Ces situations restaient toutefois relativement anecdotiques, les soldats des stations libres se révélant plus zélés et disciplines que les anarchistes et les pirates, la mutinerie n’était pas monnaie courante et concernait en général des écarts par trop flagrants à l’orthodoxie matérialiste qui en toute chose dictait les actions de l’armée rouge et blanche.

Lentement, le camarade Paita, l’homme à la chemise rouge, traça quelques mots sur son papier.

- « La proposition est inscrite à l’ordre du jour, nous vous écoutons. »

La camarade Haikara se leva. Même ainsi, sa tête ne dépassait que de peu le sommet du crâne de la majorité des membres de l’assemblée.

- « Est proposé la destitution du camarade amiral Saukko et de le remplacer par le camarade Hymveri. »

- « Hymveri n’est pas soldat des stations libres ! » s’insurgea quelqu’un.

- « Césarisme ! » cria un autre.

La camarade Haikara ne leur accorda pas un regard. « Le camarade Hymveri a rejoint les stations libres ce matin même, en tant que recrue en formation, vérifiez camarade Paita, au nom de Soini. »

L’homme à la chemise rouge se pencha à l’oreille de son voisin de table pendant qu’on murmurait dans la salle. Avec un empressement quelque peu fébrile, on alla chercher dans les documents étalés sur les tables auxiliaires une épais fichier jaune dont on retira un feuillet. Sur la courte liste énumérant les hommes et les femmes recrutées en Damanie, le véritable nom d’Hymveri, Soini, figurait tout en bas, largement passé inaperçu pour ceux ignorant sa véritable identité.

- « Soini est inscrit sur la liste. » confirma le voisin de l’homme à la chemise rouge. Celui-ci hocha la tête. « Continuez camarade Haikara. »

- « En prenant la parole ce soir, j’espère exprimer une opinion majoritaire ou sinon vous convaincre que celle-ci est la plus juste pour notre cause. La mission en Damanie s’est ancrée dans l’immobilisme. Nous avons été déployé avec clairvoyance par l’état-major des stations libres lorsque le pays était en proie aux pillages et aux assassinats du funeste Empire. Désormais, voilà plus d’un an que nous n’avons plus entendu parler de la Francisquia Militia et la Damanie n’est plus menacée. Pourtant, nos officiers et l’amiral Saukko persistent à maintenir notre mission sur place pour des raisons diplomatiques. Personne ici n’ignore que les stations libres ambitionnent de se rapprocher des autres nations du socialisme réel. C’est un projet de longue date visant à nous émanciper diplomatiquement de la tutelle pharoise, de manière à ne pas avoir à obéir en cas de divergences géostratégiques, comme c’est le cas aujourd’hui au Prodnov. »

- « Droit de réponse. »

L’homme à la chemise rouge secoua la tête.

- « Droit de réponse refusé, vous parlerez à la fin du discours amiral Saukko. »

L’homme, que rien ne distinguait du reste de l’assemblée si ce n’est le nombre de liserais rouges aux manches de sa veste en fourrure blanche, se rassit sans protester.

- « La menace que fait peser l’ONC sur le monde a rebattu les cartes de nos ambitions. Ce que nous tenions pour une guerre de siège, en attendant que s’écroulent ou se fragilisent les économies capitalistes, vient de passer à une guerre de mouvement. Les témoignages provenant de Loduarie, de Kaulthie et bien entendu la dramatique crise du Prodnov impose aux stations libres d’agir et de revenir à des stratégies de déstabilisation économique et de guérillas. »

- « Le Parti de l’Action Directe n’est pas majoritaire au Collège ! » cria-t-on.

- « Camarade Vessa, vous prenez trois jours de chiourme pour interruption intempestive, reprenez camarade Haikara. »

- « Camarades ! Face à l’échec structurel de leur modèle politique, les faucons du capitalisme et de l’impérialisme se font et se feront de plus en plus agressifs. Pontarbello, Prodnov, le déploiement listonien en Afarée et le crime de masse de Carnavale la folle dans l’Empire Francisquien sont autant d’alertes que nous devons prendre au sérieux : nos ennemis ont décidé d’agir, mais agir est une stratégie risquée car on se dévoile toujours en faisant cela. En attaquant le Prodnov, l’ONC a tombé le masque et prouvé ses intentions tyranniques et impérialistes. Plus prosaïquement, là où se concentre sa flotte, ses flancs sont à découvert. Certains de nos alliés naturels ne peuvent agir sans provoquer son ire ! Nous, nous le pouvons. Nous pouvons rendre coup pour coup sans jamais craindre d’être inquiétés. Grâce à la puissance militaire des stations libres et leur imprenabilité, nous deviendrons une épée de Damoclès au-dessus des oiseaux de proies. »

L’amiral Saukko se leva une seconde fois, la main gauche à hauteur de nez.

- « Droit de réponse. »

Cette fois, l’homme à la chemise rouge hocha la tête. « Allez-y amiral. »

- « Si je souscris partiellement à l’analyse de la camarade Haikara, je désapprouve ses méthodes. La sécurité des stations libres a toujours été précaire, encore aujourd’hui. Le Syndikaali ne consent que depuis très peu de temps à nous déléguer une potentiel militaro-industriel digne de ce nom, tout juste de quoi maintenir nos flottes à flot. Que cela plaise ou non, nous sommes dépendants du grand-frère, notre positionnement arctique est aussi bien un avantage stratégique qu’un énorme défaut qui nous refuse toute autosuffisance. D’une manière plus générale, à l’image des pirates pharois, la course à la technologie que se livrent les grandes nations du monde nous exclue d’office et réduit à rien nos prétentions à maintenir sans aide une capacité de nuisance digne de ce nom. La position du Citoyen Sakari – et nous savons qu’il s’exprime avec les mots du Capitaine Mainio – est claire : pas de remous pour le moment. Le Collège des stations libres est le seul à ce jour habilité à voter pour désobéir à l’état-major pharois, notre bataillon n’a aucune légitimité pour cela. Le vote que vous proposez, camarade Haikara, c’est celui de la désertion. »

Il y eut un silence étrange, l’intéressée ne semblant pas décidée à répondre à l’amiral. Tous deux se tenaient debout, au milieu d’une marée de visage allant de l’un à l’autre, attendant que reprenne l’échange.

- « Vous avez dit les termes, amiral. »

Cette fois, la voix venait du fond de la salle. Assis dans un coin – était-il entré discrètement au cours de la réunion ou avait-il toujours été là ? – se tenait Hymveri, les jambes croisées et sur le visage l’éternel air juvénile et suffisant de ceux qui veulent donner le sentiment d’avoir toujours un coup d’avance sur les autres.

- « Capi… Camarade Soini vous n’avez pas la par… » voulu l’interrompre l’homme à la chemise rouge mais déjà Hymveri s’était levé, formant avec Haikara et Saukko un triangle des Bermudes.

- « Ce vote n’a pas vocation à être gagné. »

Sa réponse fut accueillie par un silence, l’homme à la chemise rouge oubliant également de protester.
Manifestement satisfait de son petit effet, Hymveri hocha la tête.

- « Il n’a pour but que de nous compter. Une fois perdu, ceux qui le voudront pourront rejoindre mon équipage. Les stations libres seront placées devant le fait accompli, et aux yeux du reste du monde, nous reviendrons de simples criminels en cavale. Rien de bien nouveau en somme. »

Il se tourna vers l’amiral.

- « Amiral Saukko, vous avez dit partager le diagnostique de mon amie Haikara. Je ne vous demande pas votre vote, juste votre aide. Lorsque nous aurons échoué à vous destituer, vous entamerez une procédure de justice pour sédition contre moi. Cela provoquera des troubles et je disparaîtrai avant que vous n’ayez pu me mettre la main dessus. D’ici quelques heures, vous découvrirez qu’il vous manque plusieurs navires et de l’équipement, détourné par mes hommes. Vous rendrez votre rapport aux stations libres ce qui… blanchira votre soutien. »

- « Je pourrai également vous faire arrêter vraiment et fusiller dans la nuit. »

- « Outre que cela peinerait certainement madame la première Consule, je me dois de vous prévenir que ce n’est pas une très bonne idée puisque… »

Il n’acheva pas, laissant ses mots en suspens, un poing s’était levé non loin de lui, anonyme dans la foule de l’assemblée. Puis un deuxième et un troisième suivirent et soudain se furent plusieurs centaines de poings levés qui se dressaient comme une forêt au sein des soldats.

- « Vous n’êtes pas majoritaire, amiral. Ma solution vous permet de garder votre poste, et de suivre votre cœur. C’est une solution gagnant-gagnant. Sinon… eh bien, je serai l’Amiral Hymveri ce soir, cela pourrait m’aller, je suppose. »

L’amiral Saukko pris le temps de promener son regard sur la forêt de poings levés. Il avait l’œil torve et la bouche figée en permanence, dans une éternelle moue froide et désapprobatrice qui avait fait dire à certains que s’ils ne souriait jamais, c’était qu’un accident vasculaire cérébral l’avait privé de motricité à hauteur de ses zygomatiques.

- « Soit. » lâcha-t-il finalement.

Hymveri hocha la tête. « La Consule m’a promis un sous-marin, parmi vous je récupère un équipage ! De quoi composer une armada rouge, à l’image de la Varputchina. Rien ne nous arrêtera. »

Ses paroles furent accueillies par un silence ponctué de quelques hochements de têtes.

L’homme à la chemise rouge était du lot.

- « Bien nous allons procéder au vote si tous les partis se sont exprimé. Qui souhaite voir l’amiral Saukko destitué de ses fonctions au profit du camarade Soini ? »

Une cent-cinquantaine de mains, dont celle d’Hymveri, se levèrent.

- « Je vous compte cent-quarante-huit. » dit l’homme à la chemise rouge, après un temps à plisser les yeux. « Qui s’y oppose ? »

Sensiblement plus de mains se levèrent, dont celle de l’amiral et de la camarade Haikara qui ne l’avait toujours pas quitté des yeux.

- « Trois cent-douze… qui s’abstient ? »

Une vingtaine de mains se levèrent.

- « Le vote est donc rejeté. Ceci clôture donc notre réunion, je laisse la parole aux élus pour les messages d’intérêts généraux… »

L’homme à la chemise rouge se leva, laissant sa chaise vide. Plusieurs personnes esquissèrent un mouvement timide en direction de la table mais l’amiral Saukko les dépassa tous.

- « J’annonce la tenue d’une cour martiale contre le camarade Saukko, accusé de trahison, sédition, insubordination et appel à la désertion, soldats, saisissez-vous de sa personne. »

Et puis ce fut l’émeute. Plus de cinq-cents personnes s’empoignèrent dans un grande hurlement sauvage alors qu’Hymveri disparaissait hors de la pièce sans que quiconque n’ait semblé faire le moindre geste pour le retenir.
D’un pas lent, l’amiral contourna la table et esquivant les belligérants qui s’insultaient et se frappaient, s’approcha de la camarade Haikara qui continuait de le fixer.

- « Vous avez choisi la solution la plus raisonnable, amiral. » dit celle-ci quand il l’eut atteint.

Ce-dernier dû hausser le ton pour se faire entendre dans le vacarme. « J’espère que vous savez ce que vous faites, Haikara. Et que vous avez suffisamment préparé votre coup. »

Elle haussa les épaules. « Si on attend d’être prêt on ne fait jamais rien. »

- « Je vous rejoins là-dessus, pouvez vous me rendre un dernier service ? »

- « Bien entendu. »

- « Frappez moi au niveau de la pommette, j’ai besoin d’avoir des contusions réalistes lorsque j’annoncerai aux stations libres et aux autorités pharoises qu’elles viennent encore de se faire détrousser par le capitaine Hymveri. »
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Téarmaíocht / Alrahba

23 Novembre 2005, Baidhenor

*jingle doux et fluet*
…Embarquement immédiat Porte 13, tous les passagers à destination de Walden sont priés de se rendre Porte 13…


«Arrête chéri, je n’ai pas le temps là, on nous appelle… Oui d’accord, je m’en occupe une fois à la maison… Non non, je ne suis pas énervée… Oui, enfin non je ne suis pas stressée quand tu m’appelles… Arrête j’suis pas énervée… bon on en reparle dans quelques heures, tu me serviras un verre de vin… Voilà on fait ça. Oui oui, allez bisou, oui bisous, oui pareil, allez… allez je raccroche… Mes parents te passent le bonjour, bien sûr… tu sais comment nous sommes en Damanie, toujours entre nous… Mais si j’te dis ! J’suis pas énervée ! »

Les passagers faisaient la queue face à un comptoir où ils présentaient leur passeport et un billet d’avion papier, aussi gros qu’un ticket de train Eurysien.
L’aéroport avait un peu vécu, toutefois et avec un contexte extrêmement complexe de conflits internes, et externes, ce hub était fortement utilisé pour les moyens et longs courriers entre l’Aleucie et l’Eurysie, de même que le seul vrai lien actif et visible pour irradier le continent de la portée et culture de la Damanie.
Les tensions du passé s’amenuisaient au fur et à mesure que les vols extérieurs se multipliaient. Les compagnies aériennes provenaient de nombreuses destinations.
Les professionnels regardaient leurs montres et lisaient le journal tandis que les familles tentaient tant bien que mal de se diriger vers les portes et les différents guichets de l’aéroport, une floppée de gamins, à la peau laiteuse, cheveux sombres ou platines, tâches de rousseurs à profusion sur les nez en trompette, tournoyant autour de parents habitués et dont la voix portait naturellement dans une sorte d’organisation cacophonique chaotique efficace.


« Liam, aide ta sœur !
Colum, ramasse le cookie. Oui, tu peux le manger, la règle des 5 secondes.
Siobhan, tiens ton frère par la main.
Deirdre, je ne veux pas t’entendre.
Aemon, t’as ton carnet druidique ?
Aoife !! »

Les familles Damanns étaient assurément nombreuses, pour des raisons culturelles, religieuses, sociétales et ce, d’autant plus dans un régime Buiseidiste.




« Wow !
C’était quoi ça ?!
Non mais… C’était quoi ça ?!!
Appelle la tour de contrôle, maintenant ! »

« Tour de contrôle, ici DAA 1563. Tour de contrôle, ici DAA 1563.
Nous venons de croiser un objet non identifié à très vive allure.
L’objet en question a frôlé la carlingue de l’appareil et semble être en destination du Nord, Nord Est.
Nous ne pouvons pas identifier l’objet en question, ni sa taille, toutefois nous avons été secoués ici.
Tour de contrôle, cet objet n’a pas été signalé, nous avons frôlé la catastrophe ici… »




Les soldats fixaient l’écran et la console jouxtant ce qui s’apparentait à un transformateur ronflant.
Devant les visages inquiets, l’officier commença à donner des ordres simples et efficaces.
Les deux opérateurs, l’un pour la détection radar et l’autre pour l’acquisition de la cible, s’affairaient tandis que l’unité mobile changeait de position, pivotant sur elle-même d’immenses tubes d’où dépassaient des missiles anti-aériens.
L’officier commença à hurler au fur et à mesure que l’objet non identifié semblait se rapprocher de la côte Damann. Il ne fallait guère que quelques secondes dorénavant pour que le pays soit en danger.



Verrouille la cible ! Verrouille ! Verrouille !!!!




« Oui chéri, c’est moi… Non je ne suis pas encore dans l’avion, on doit prendre le bus, comme d’habitude… Ils ne peuvent pas nous mettre la passerelle, c’est plus classe que de prendre le bus là… Oui j’suis énervée… enfin non, je ne suis pas énervée… enfin pas après toi, bon arrête !
Non, je t’appelais comme ça… attend il y a quelques minutes tu voulais continuer à discuter… ah bon je raccroche alors… non, mais tu ne veux pas parler, alors on raccroche… non j’suis pas énervée… attend ça coupe, deux secondes… »

Dans un bus bondé, faisant la navette entre le terminal et les avions plus loin sur le tarmac, une femme collée, debout à la vitre de la porte arrière du bus levait un bras libre afin de capter au dessus des têtes blasées, une barre de réseau GSM.

« là, tu m’entends… allo ? Oui, oui là c’est mieux ? Je te disais que j’avais hâte qu’on se retrouve ce soir… oui t’as sortie la bouteille ?... »

La lumière, le bruit, le chaos ou le souffle ?
Les quatre éléments sont extrêmement dévastateurs sur la normalité psychique.
Le flash fait grimacer et étonne.
Le bruit est tel qu’il prodigue une panique.
Le chaos, les fumées qui s’élèvent, les boules de feu qui boursoufflent, les débris qui sont éjectés massivement, stupéfient.
Le souffle arrache l’air des poumons et rend les victimes atones dans un bruit cataclysmique.
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Téarmaíocht / Alrahba

23 Novembre 2010



Le vent soufflait en cet après midi froid et humide.
Les joues rappelaient avec vivacité que le mois de Novembre pouvait être sans mansuétude.
Et dans la pénombre naissante, si tôt dans la journée, les larmes s'entremêlaient à la bruine et à l'épaisse laine piquante de l'écharpe.

Une boucle de cheveux gris, autrefois aux reflets cuivrés, fureta un instant tandis que les paumes des mains vinrent masquer un visage dont le désarroi et la tristesse ne pouvait plus être retenus.

Agenouillée sur un affleurement rocailleux gris et de lichen sur une butte surplombant une tourbière au parfum doux, acidulé si particulier, la personne ne sanglotait plus et laissait au coeur s'exprimer, les cris perdus dans le vent tourbillonnant, tels les pleurs d'une banshee.

Un homme chaussé de hautes bottes, une sorte de faucille plate et droite sur l'épaule, gardait ses distances.
Il avait arrêté de découper la tourbe entreposée avec expertise en une pile de long segments rectangulaires uniformes et s'était assis sur une charrette vide aux roues largement encroûtées.
Chaque jour, il voyait cette femme triste, fixer l'horizon. Les yeux bleus emplis de mélancolie ne permettaient aucun doute quant à la détresse et le deuil, toutefois aujourd'hui semblait bien différent des jours ordinaires.
Sa gorge se noua et il retint et refoula tant bien que mal l'empathie humaine lui enjoignant de partager cette tristesse extrême. Chaque personne avait son lot de mauvais souvenirs... surtout en Damanie.




Eurysien, Afaréen, Nazuméen, les faciès donnaient quelques indications plausibles quant à leurs origines.
Ils n'étaient guère nombreux dans ce petit salon enfumé. Ce n'était pas vraiment un salon à dire vrai, mais un espace de vie de ce cottage barricadé de volets en bois, de lourds rideaux, de tapis lourds et anciens, meublé d'une large table en bois qu'il était impossible de démonter et remonter au jour le jour. Les tabourets tout autour semblaient avoir différentes générations tandis que deux chaises trônaient en bout de table.

Le stout avait été vidé et un alcool fort local avait dés lors raflé la mousse résiduelle des pintes et godets aussi diverses qu'usés.
Certains étaient restés à l'eau et ce n'était pas un problème en soi.
Alors que la moquerie aurait pris le dessus sur les habitudes sociétales de groupe, ici il n'était nullement l'occasion de rigoler ou de moquer.
Tous et toutes étaient ici pour la même raison et la colère transpirait de chaque pore, de chaque expression, geste et parole... une colère sourde, contenue, canalisée vers un objectif commun. La boisson n'égaillait donc point, elle effaçait temporairement la douleur.

La banshee expliquait depuis déjà plusieurs heures l'engagement des membres ici présents.
Peu de personnes connaissaient le vrai nom de son voisin de table. Cet anonymat ne dérangeait pas, au contraire.

Lorsque l'être est meurtri par la tristesse, le partage ou le repli sur soi sont des réflexes connus.
Cette assemblée ne permettait ni l'un ni l'autre, sauf peut être le partage de la tâche à venir.

Une douzaine... de quoi mettre en danger un groupe qui à présent se connaissait de visu, mais la banshee était confiante.
Le seul fait d'avoir travaillé ces dernières années à rassembler matériels et un réseau nécessaire suffisait à prouver l'engagement et la confiance réciproque de ses membres.



"Le 23 Novembre, c'est décidé."
5507
C'était une bien sombre après-midi d'octobre à Baidhenor. Eòin Beitean, dont ce n'était évidemment pas le vrai nom, foulait tranquillement un trottoir mal entretenu de la grande ville damann d'Alpainn. C'était une rue moche de banlieue, du genre qui apparaissent dans les quartiers construits à la va-vite pour loger tous sous la même laide enseigne "d'égalité". On aimait l'égalité, en Damanie, surtout ces dernières années, et encore, ce n'était pas le cas de tout le monde. C'est précisément ce genre de gardiens du bon goût traditionnel damann qu'allait retrouver Beitean. Des hommes, et des femmes (mais surtout des hommes) qui n'avaient pas peur d'entrer dans la clandestinité pour défendre de belles et grandes idées. Des terroristes, quoi. Avant son départ, son supérieur direct,

Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées


lui avait sagement rappelé que "les pires dictatures, ce sont celles qui n'assassinent pas assez leurs opposants". Cette définition s'appliquait très bien à la Damanie, dictature sage qui se contentait de concentrer tout le pouvoir dans les mains d'une personne sans réprimer fermement l'opposition. Mais on ne sort jamais indemne d'une guerre civile et d'un coup d'état, et les milliers d'exilés qui avaient fui le pays étaient un constant rappel du danger qui ne cesserait jamais de planer sur le pouvoir de Sineag Buiseid. Les beaux discours, le Parlement, la liberté d'expression... Pour certains frustrés et autres extrémistes, cela restait de la poudre aux yeux. L'esprit revanchard des libéraux, la haine des fachos, voilà un sacré cocktail qui ne demandait qu'à être agité.

Beitean s'arrêta au n°159. Dans un autre pays, il ne serait jamais entré par la grande porte dans un lieu de réunion clandestine. Mais on était en Damanie, et les communistes étaient bien trop sûrs d'eux-mêmes. Une petite vieille portant un cardigan rose ouvrit la porte juste avant qu'il ne sonne :

"Bonjour madame, je suis un ami de M. Talmhach, il faudrait que je le voie, j'ai une surprise de la part de M. Sartainn. Il lui adressa un sourire chaleureux, celui qu'un homme entre-deux âges donne à sa belle-mère quand il l'apprécie.
- Mais bien sûr, allez y jeune homme... C'est amusant, il reçoit souvent des amis M. Talmhach..., dit-elle de sa voix légèrement chevrotante.
- C'est qu'il est populaire parmi ses amis, madame. Merci, et bonne journée."

Toujours souriant, Beitean franchit le seuil et grimpa jusqu'au troisième étage. La porte s'ouvrit alors qu'il s'approchait et il s'aventura dans un petit salon. Le jour gris y pénétrait difficilement du fait de la façade aveugle d'un autre immeuble qui bloquait quasiment la vue. Un grand brun se tenait debout au centre de la pièce. Il salua Beitean d'un signe de tête et prit la parole dans un dialecte des Hautes-Terres d'Alpainn :

"A dhaoine uaisle, seo caraid don adhbhar a tha a’ tighinn thugainn o chian. Tha mi ag iarraidh ort fàilte a chuir air a’ chompanach seo san strì le spèis."

Les quatre autres participants saluèrent gravement le nouveau venu. Ils étaient tous grisonnants, dans leur quarantaine ou cinquantaine, à l'exception de celui qui se tenait debout. En fait, si l'âge de Beitean n'avait pas été classé confidentiel, il serait probablement apparu qu'il était le plus jeune dans cette pièce. Mais ils n'étaient pas venus pour mener une discussion de groupe sur la crise des cinquante ans, bien que ce soit ce que la vieille du rez-de-chaussée pensait.

Il poursuivit en dialecte :
"Avant que nous ne commencions cette réunion, messieurs, j'aimerais que nous adressions tous ensemble une prière à Notre Seigneur, et à la Bienheureuse Vierge Marie Sa Mère, afin qu'elle intercède pour nous et pour notre cause auprès de Dieu Notre Père, maintenant et à jamais."
Ils se signèrent et murmurèrent une courte prière en latin. Puis, ils se relevèrent et leurs yeux passèrent du crucifix torturé à la sombre croix qu'arborait un drapeau sur le mur.


Drapeau de la tristement célèbre Garde Noire


"Soyons bref, messieurs. De nombreuses personnes, tant en Damanie qu'à l'extérieur, sont révoltés par la politique de Buiseid. J'en fais partie, et je me tiens devant vous aujourd'hui pour représenter un certain nombre de ces sympathisants. Le colonel Talmhach est un vieil ami, et je suis sûr qu'il vous a déjà assuré tant de ma bonne foi que de mes compétences."
Une ombre passa dans le regard dudit Talmhach, qui n'avait visiblement pas la même définition d'une vieille amitié, mais elle passa inaperçue du fait que tous fixaient Beitean, qui, s'il la vit, n'eût aucune réaction.
"... Or, je pense que le moment est venu d'agir. Combien de temps faudra-t-il supporter l'abomination païenne tolérée par la Consule ? Combien de temps faudra-t-il supporter son régime qui détruit l'essence même des peuples ? Pas plus tard qu'hier, j'ai vu une église démolie pour être remplacée par rien de moins qu'un "centre multiculturel", au titre que plus aucun croyant ne fréquentait le lieu saint. Il faut agir avant qu'il ne soit trop tard, messieurs, et c'est peut-être déjà le cas.
- C'est bien beau tout ça, mais qu'avez vous à apporter à la lutte, monsieur l'étranger ? l'interrompit le plus âgé des participants
- Mais...
L'éclair d'un sourire mauvais traversa les yeux de Beitean.
... Tout ce que vous voudrez. D'ailleurs, si j'étais vous, je commencerais déjà à viser des objectifs. En fonction de vos besoins, je pourrais vous fournir le matériel approprié."

L'après-midi passa lentement, ponctué seulement de protestations de bonne volonté et de discussions interminables quand au méthodes d'action. A la fin, tous les participants étaient "disposés à accepter" l'aide de Beitean sans plus investiguer sur sa source. Il n'avait plus qu'à fournir une preuve de ses capacités.

"-Bien, messieurs, l'après-midi touche à sa fin et le colonel sait comment me contacter, si le besoin se présente. Nous nous reverrons bientôt, j'en suis sûr."

Il serra les mains de tous les participants, et Talmhach le raccompagna jusqu'au seuil, en profitant pour glisser dans sa poche un petit morceau de papier avant de le saluer.

Le soir tombait déjà lorsque Beitean sortit du bâtiment. L'hiver serait bientôt là. En remontant la rue, il sortit le petit papier que le jeune colonel lui avait remis. Il n'y figurait que deux inscriptions :
200kg Sem.
75 000 $

Il le lut, eut un sourire satisfait, puis sortit son briquet et l'alluma en même temps qu'une cigarette. Les cendres du papier étaient depuis longtemps éparpillées lorsque Beitean disparut au coin de la rue.
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