La tasse de Molly. Un peu antique, mais elle faisait passer le message. Et il pouvait y avoir pot avec.Il fallait dire que les explorateurs étaient des gros nuls. Non quand même. On savait que des peuples vivaient dans la région, mais qu'ils aient réussi les prouesses technologiques dont étaient capables les Shuharris forçaient le respect, surtout le respect des glisois pour qui toute victoire contre la nature était une preuve de leur force. La proposition des Shuharris avait donc été reçue d'abord comme une surprise (puisque les explorateurs d'après-révolution n'avaient noté que des peuples locaux dérisoires), puis avec stupeur quand on avait appris la teneur de l'offre des étrangers (ce n'était pas tous les jours qu'on apprenait qu'il était possible de faire pousser des choses sur la banquise), à l’effervescence habituelle lorsqu'il s'agit de leur répondre.
Molly Harris, qui avait depuis peu adopté la doctrine Dallassienne d'agir "comme une glisoise" pour reprendre contrôle du pays, s'était jetée dans une frénésie d'apprentissage et de mobilisation des milliers d'acteurs que comptait maintenant le pays. Elle alla d'abord voir son service d'intelligence pour qu'ils lui disent ce qu'ils avaient pu trouver en si peu de temps sur leurs nouveaux voisins. Après avoir déterminé qu'il ne s'agirait probablement pas d'une menace pour la révolution et un premier pot pour fêter ça, elle se rendit au département financier en plein chaos (cette fois à cause de l'arrivée imminente d'un représentant Kah-tanais qui allait entre autres chercher à inspecter comme ce foutoir fonctionnait tant bien que mal), réussit à leur arracher 2 heures de leur temps ainsi qu'une analyse de l'effet d'importation locales de nourriture shuharrie. Après avoir leur avoir fait envoyer la caisse de liqueur promise en échange de l'analyse, elle prit un deuxième pot et se dirigea vers le Purgatoire, qu'elle gratifia d'un court discours après avoir interrompu les débats en tirant en l'air pour "leur informer que le pays avait ouvert des relation avec un voisin prometteur". Elle repartit sans avoir prit un troisième pot, entre autres pour éviter de se retrouver la cible de 3 duels d'honneur différents qu'elle avait remis à plus tard pour se consacrer à son travail. Elle s'installa ensuite derrière le bureau du nouveau musée d'art moderne glisois (NMAM) où elle avait accepté trois jours plus tôt de faire de la figuration pour l'ouverture, et jongla pendant le reste de l'après-midi entre poignées de main expéditives, pots clandestins avec les secrétaires de l'accueil et rédaction de la lettre aux shuharris. Voici la lettre qu'elle envoya après 3 heures de cuisine intellectuelle.De Molly Harris, Maire suppléante des Eglises Australes Unies,
A Yuu aon Laonko, représentante de l'Organisation Étatique de l'Union des Terres australes de Shuharri
Madame Yuu aon Laonko,
C'est avec un plaisir que je peux vous annoncer l'ouverture officielle de relations diplomatiques entre nos deux pays. Pour étendre quelque peu sur les accords proposés en premier lieu au sujet des échanges de nourriture et d'hydrocarbures, nous souhaiterions ajouter une coopération au niveau de la signalisation de la circulation sur la banquise, notamment en mettant en commun notre carte de navigations des différentes personnes qui sont actuellement d'y naviguer. Cela nous permettrait de nous venir en aide mutuellement en cas de besoin, en plus de permettre d'ouvrir une route terrestre entre nous pendant l'été, lorsque les voies marines seront gelées. Avec ceci, nous proposons aussi la mise en place de communications en ce qui concerne nos services sismologiques, vitaux pour la navigation, pour les mêmes raisons que pour les radars.
Veuillez d'ailleurs recevoir d'ores et déjà cette bouteille de liqueur d'oursin, un régal pour le palais.
Puissions-nous tenir l'hiver ensemble,
Molly Harris, Maire suppléante des Eglises Australes Unies.La fameuse liqueur.