FREEDOM PARTIES
Une jeunesse insouciante et aspirant à être heureuse, vraiment ?
Le phénomène des "Freedom Parties" se multiplie dans les Provinces Unies, est-ce la l'expression des symptômes d'une jeunesse désabusée et en manque de repères ou simplement la manifestation d'une insouciance exacerbée et d'une volonté de rechercher le bien-être à court-terme et le bonheur à tout prix ?
Mais qu'est-ce qu'une Freedom Party au juste ? D'après le créateur de la première d'entre elles, Rasmus Frederikksen, elle est tout simplement née d'une furieuse envie de vivre et de jouir de toutes les libertés individuelles possible. Concrètement, il s'agit d'organiser dans un délai très court une gigantesque fête, généralement à ciel ouvert ou dans un bâtiment désaffecté, type entrepôt ou friche industrielle, et d'y diffuser de la musique très forte en continu, le plus souvent électronique. Les participants dansent ainsi toute la nuit, et il n'existe aucune condition d'âge, de sexe, de tenue pour y entrer, à part que les armes sont interdites, et qu'il faut payer un droit d'entrée somme toute très minime, plus symbolique qu'autre chose. Mais ce qui les distingue le plus des autres établissements classiques de divertissements nocturnes est que les Freedom Parties se terminent généralement en véritables orgies. Le sexe étant une composante revendiquée comme un "moyen de se libérer davantage" d'après Rasmus. Ce dernier déclarait avoir au moins 3 à 4 rapports sexuels à chaque Freedom Party, avec des femmes et des hommes de tout âge et toute condition sociale.
"Vous avez vu le monde dans lequel on vit ? L'Eurysie c'est la guerre ou la dictature, et le reste des habitants de la planète sont au mieux anesthésiés, ou bien n'ont d'autre horizon et perspective qu'une vie faite entièrement de labeur et le maigre espoir d'une pension de retraite pour survivre à leurs vieux jours. Nous avons la chance de vivre dans un pays libre, riche et en paix, alors tant que cela dure, on a bien l'intention d'en profiter et de crier à la face du monde : bordel mais réveillez vous, jouissez de la vie, fuyez l'austérité de vos existences aliénées, rechercher le bonheur, c'est la seule quête qui prévaut ! ".
Les premières Freedom Parties étaient artisanales, aux moyens limités, et tenaient plus des fêtes de garage d'adolescents, mais leur réputation et leur impact sur la société a été beaucoup plus large qu'attendu Autant dire que ce qui caractérise ces fêtes sont le déversement et la consommation ininterrompue d'alcool et de substances pyscho-actives. Rappelons que la vente et la production de plusieurs drogues dites de loisirs et récréatifs sont sous le contrôle strict des Provinces et du gouvernement fédéral, par l'intermédiaire du Département Fédéral de la Santé. Ce dernier gère les réseaux de distribution, et régule les quantités vendues sur le marché, moyennant de fortes taxes sur la valeur de ces produits bien entendu. LSD, héroïne, crack, restent formellement interdites, et sont considérées comme des substances dangereuses au même titre que le cynanure et l'arsenic. En revanche, cannabis, amphétamines, ecstasy, MDMA, cocaïne et poppers se retrouvent en grande quantité, et bien souvent de manière légale, dans les Freedom Parties et engendrent les problèmes récurrents que l'on est en droit de s'attendre lorsque le cocktail détonnant d'alcool, de drogues, et de jeunes désinhibés est réuni : coma éthyliques, overdoses, agressions et abus sexuels, même si les chiffres sont relativement stables et qu'ils dénotent qu'en relatif ces faits sont plutôt anecdotiques, mais ils n'en sont pas moins inquiétant du fait que les Freedom Parties sont en pleine expansion.
La MDMA et l'Ecstasy seraient les drogues reines lors de ces soirées, au moins 40% des participants déclarent être sous l'effet de substance psychotropesD'abord le fait de quelques marginaux et fêtards anarchistes qui voulaient être en dehors du système, ces fêtes ont été dans un premier temps l'apanage de la communauté LGBT, qui souffrait de ne pas avoir de lieux dédiés ou qui était tout simplement rejetée des établissements classiques. Nous oublions que trop rarement que cette communauté a été longtemps réprimée et persécutée du temps où le protestantisme était la croyance majoritaire et était très influente sur nos institutions. Les Freedom Parties étaient alors considérées comme illégales et nourrissaient tous les fantasmes et les préjugés. Le très chrétien-conservateur Chancelier Vallkenberg incarnation politique de l'Ere du Grand Repli disait des homosexuels qu'ils sont un "virus corrupteur de jeunesse" selon ses propres mots. Puis lors de la libéralisation et de la légalisation de tous les mœurs, le concept a attiré de plus en plus une jeunesse dorée, des étudiants, de jeunes actifs, et des curieux en mal de sensations. Les moyens aussi ont évolué, d'abord très modestes pour ne pas dire rudimentaires, avec une simple platine et des basses bricolés dans le garage, désormais le matériel utilisé est de type professionnel et les enceintes sont les mêmes que l'on retrouvent dans les concerts, et même parfois des feux d'artifices sont tirés. Cette débauche de moyens provient du fait que tous les participants contribuent à la Freedom Party et doivent ramener leurs alcool, leurs boissons, comme une sorte de pot commun, chacun à la hauteur de ses moyens bien entendu. Et il s'avère que les gens sont plutôt généreux en la matière.
Aujourd'hui, on retrouvent même des quarantenaires voir des quinquagénaires pourtant bien établis et avec un fort pouvoir d'achat, symbole d'une époque particulière et d'un désir latent de la population de profiter de tous les instants. Et ces fêtes rassemblent de plus en plus de monde et de profil variés, et deviennent donc un véritable enjeu de sécurité publique.
Un des effets les plus inattendus et étonnant des Freedom Parties est qu'il touche un public de plus en plus large. Une nouvelle proportion de la population plus âgée et plus aisée s'adonnerait à ces fêtes débauchées mais serait selon toute vraisemblance moins sujette à la consommation de drogues au profit de la consommation d'alcool Et il est très difficile de les encadrer ou de les anticiper pour prévoir un dispositif de sécurité, car les endroits où elles se déroulent changent tout le temps et sont tenus secret le plus longtemps possible par les organisateurs. 48h avant, voir 24h avant, et bien souvent tout se passe sur les réseaux sociaux cryptés, ce qui rends difficile voir impossible aux autorités de mettre en place des mesures de surveillance et de prévention des risques.
Et c'est bien entendu l'effet recherché par les organisateurs : aucune contrainte, rien ne doit venir entraver, autant physiquement que psychologiquement ces libertés.
D'après un sondage réalisé auprès des participants de l'une d'entre elles afin d'en connaître plus sur leurs motivations et la raison première de leur participation : 35% viennent pour danser et passer un moment festif entre amis, 29% pour oublier leurs problèmes personnels, 15% d'avoir des rapports sexuels, 10% consommer de l'alcool et de la drogue, 9% et c'est le plus étonnant, par pure curiosité.
Plusieurs sociologues se sont penchés sur ce phénomène qu'ils ont tenté d'expliquer, et il est évident qu'il existe un lien avec l'anxiété et le mal être des jeunes quant à leur avenir, non seulement personnel, mais que la plupart d'entre eux estiment lié avec la crainte globale que font peser les menaces écologiques sur la planète. Rappelons que pour ces jeunes, l'effondrement de la biodiversité, le réchauffement climatique et l'extinction de masse des espèces sont une réalité qu'ils vivent au quotidien, et dont l'impact est ressenti plus gravement que sur les générations précédentes. Mme Odessa Dunham, l'actuelle vice-chancelière avait théorisé sur le "Fardeau Ecologique". Un fardeau que certains ou certains ne semblent plus vouloir supporter sur leurs épaules.
Le désir de jouir au plus vite et au plus tôt des plaisirs de la vie, même de manière artificielle semble la moins mauvaise des options dans un monde où tout semble s'effondrer autour d'eux. Plusieurs suicides de jeunes, qui avaient peu de temps auparavant participé à ces fêtes ont suscité un grand émoi au sein de la population qui a découvert, avec stupeur et il faut le dire incrédulité, ce phénomène, même si aucun lien de causalité n'a pu être établi.
La jeunesse dorée et ses fêtes à n'en plus finir, symbole d'un bonheur artificiel ou d'une véritable joie de vivre ? Le débat divise et semble susciter plus d'interrogations que de véritables réponsesSi les Provinces-Unies sont très libertaires et se targuent d'avoir l'espace de liberté le plus large du monde, elles s'inquiètent de plus en plus des turpitudes de sa jeunesse. Dernièrement, une Freedom Party a été annulée pour cause de menace sur la Sécurité Nationale, en réalité un stratagème du gouvernement pour limiter l'explosion de ces manifestations. Si le Département Fédéral de la sécurité publique semble de mieux en mieux arriver à anticiper et à prévoir ce genre d'évènement en infiltrant les réseaux sociaux, ou se faisant passer pour des fêtards, il appelle à plus d'encadrement et rappelle aux organisateurs que si des crimes sont commis durant leurs Freedom Parties ils demeurent responsables devant la Justice et devront répondre de leurs actes.
Mais une autre conséquence inquiète également le gouvernement et le sacro-saint monde des entreprises privées, ce sont les Freedom Parties qui tendent également à se développer dans le monde professionnel. C'est un tabou mais il serait avéré que ce genre de fêtes orgiaques se dérouleraient désormais sur les lieux de travail et que les salariés des grands groupes et multinationales s'y donneraient à coeur joie. Comment interprêter dès lors ce désir ardent de divertissement et cette quête effrénée de plaisir immédiat qui infuserait jusque dans les milieux considérés comme guindés et austères ? Faut il y voir une société tentant de trouver un remède à un état ambiant de dépression générale lié à un mal-de-vivre ou bien une société libérée du carcan conservateur, sans frustration, sans culpabilité et sans limites en opposition aux nombreuses nations privant ou réprimant fortement les désirs et aspirations de leurs habitants
Une Freedom Party au bureau, ça vous dit ? Ces évènements seraient de plus en plus fréquents dans les sièges sociaux des grandes entreprises.
En attendant, si on ne devait retenir qu'un seul message positif de ce phénomène grandissant c'est que lorsque l'on pose la question aux participants s'ils se sentent globalement heureux, ils sont plus de 70% à répondre oui. Alors la société Lofotène la plus joyeuse du monde, illusion ou réalité ?