13 Novembre 2003
Varanya, Capitale de Thadimis,
Quelque part en centre ville,
Un arrière goût de mascarade
La porte de la victoire, l'entrée phare de ThadimisLe soleil était déjà bien haut dans le ciel et baignait la ville de son implacable lumière, n'hésitant pas à faire monter les températures jusqu'à des sommets insoupçonnés. Pourtant, d'après les calendriers occidentaux, le monde se préparait à entrer dans sa phase hivernale, chose que l'on ne voyait pas véritablement en ces terres exotiques. Toutefois, ce qui semblait encore plus absent de ces terres et surtout en cette ville, était l'atmosphère propre à une guerre civile qui pourtant se déroulait non loin techniquement. Non, l'on ne pouvait décidément pas affirmer que les habitants de Thadimis était au fait des réalités du pays, largement mis à l'abri des "mauvaises nouvelles" par le gouvernement impériale, ils pouvaient ainsi apprécier la quiétude de leur quotidien.
Léone, siégeant à la terrasse d'un café, café à portée, journal en main, lunettes teintés sur le nez et panama sur le crâne observait ceci d'un air désapprobateur. Un rapide coup d'oeil au canard qu'il avait acheté à un de ces colporteurs courant les rues sur le chemin lui laissa même un goût amer. "Une éclatante victoire de l'armée impériale, les insurgés à nouveau repoussés", tel était le titre majeur de ce torchon que l'on nommait en cette cité journal. Les services de propagande et de censure du Shah veillait vraisemblablement au grain, mais pouvait-on leur reprocher ? Sans doutes pas. Après tout, les véritables nouvelles du "front" qui n'étaient pas nécessairement en faveur des forces impériales permettrait à une panique malvenue de se répandre allègrement dans la capitale, ce que tous et toutes au sein du palais voulait assurément éviter. En revanche, l'on ne pouvait pas véritablement féliciter les forces de sécurité locales, celles ci devrait théoriquement s'assurer en bonne et due formes que n'importe qui ne rentre ou ne sort de la ville en temps normale et pourtant... Quelques contacts, et un certains nombre de pierres précieuses, la seule chose qui à l'avenir risquait d'avoir de la valeur dans l'hypothèse où l'économie Varanyene s'effondrerait, c'est tout ce qu'il avait fallut à l'agent Fortunéen pour pénétrer au sein du siège du pouvoir, la ville du Shah. Cela faisait déjà un mois au bas mot qu'il était présent, ceci afin d'accomplir la tâche que lui avait confié son "Padrone", la raison de sa présence.
L'homme au panama jeta un rapide coup d'oeil à une montre à gousset qu'il sorti délicatement d'une poche de son costume. Il allait être l'heure, achevant le contenu de sa tasse de café déjà bien entamé, il abandonna le journal sur place, préférant emporter en main un porte-document. Une dizaine de minutes et quelques détours à travers plusieurs rues et allées et l'intéressé se trouva sur les abords de la "Voie Impériale", un nom bien évidement traduit approximativement de sa véritable appellation Varanyene. En soit, il s'agissait d'une immense avenue qui traversait de part en part la capitale et se voulait relier le Palais au principal réseau d'infrastructure du pays, et dont le rendez-vous auquel Léone devait attendre avait été fixé en son "centre", là où une série de bâtisses dont on pouvait estimer la hauteur à environ 30 mètres faisait office de coeur moderne et économique de la ville. Plus précisément, l'on se trouvait aussi devant le siège de l'Altara, l'une des banques majeures du Pays appartenant aux Litaris, des Patriciens Fortunéen concernés par la loi d'exil au pays et proche du pouvoir impériale Varanyen. Il ne fallut pas attendre longtemps pour voir arriver au loin, le long de l'axe routier un cortège de trois voitures d'ébènes aux vitres teintés, celles ci s'arrêtèrent devant l'établissement de finance et virent en émerger une volée de ce que l'on devinait aisément être des gardes du corps tandis que le chauffeur de la voiture du centre, descendu à la va vite, ouvrait la portière de son véhicule afin de laisser en émerger son passager.
Le dénommé "Leone" à gauche, agent du Doge - Dom Salvadore Litaris à droite, Patriarche de la dynastie patricienne éponymeDom Salvadore Litaris - Léone je suppose... Ma foi, moi qui croyais à une cruelle farce de la part d'Il Palazzo Ducale...Vous voilà en chaire et en os, ici à Thadimis...
L'intéressé tait vieux, terriblement vieux et pour cause, le patriarche des Litaris avait dépassé les 80 ans cette année, pourtant sa fortune qui lui permettait de s'offrir les meilleurs médecins et les traitements les plus hors de prix semblait lui permettre de rester en grande forme. Si ce n'était pour ses cheveux gris et cette canne sculptée sur laquelle il s'appuyait, on jurerait qu'il était encore de première jeunesse.Leone - La ville qui sombre chérie ses enfants, ce même lorsque leurs pairs ne tolèrent plus leur présence Signore.
Dom Salvadore Litaris - Bien évidemment. Pourtant, la république ne se prive pas de participer à la ruine de ma famille en soutenant cette racaille insurgée dans le sud du pays. Vous ne me ferez pas croire, jeune homme, que le Doge et ses amis, les Riminis n'ont pas d'arrière pensée concernant ce pays. Infrastructure, conseillers, mercenaires et même des livraisons d'armes... Ainsi que dernièrement des hélicoptères de transport... Fortuna fait sa part. Mais la question demeure, le Doge veut nous transmettre un message, quel est-il ? Devons nous implorer le pardon des Di Fortuna ? Livrer notre fortune ? Ceci afin d'être épargné ?
Le vieillard s'exprimait sur un ton amer, fronçant les sourcils et ne cherchant même pas à déguiser une mine exprimant le dégoût. Ce qui n'en laissa pas moins son interlocuteur de marbre.Leone - Rien de tout ceci j'en ai peur. La Signora Francesca Federica n'est point comme son père, et comme je l'ai dis, la république chérit ses enfants.
Il marqua une pause, entrouvrant son porte-document afin d'en sortir une partie de son contenu qu'il présenta au patriarche des Litaris qui parcoura celui ci avec plus ou moins d'attention, fronçant plus encore les sourcils.
Leone - Le Doge envisage de révoquer la loi d'exil concernant votre famille et en l'attente de la réalisation du décret et de la séance du sénat qui suivra vous offre à vous et vos gens un sauf-conduit jusqu'à la cité avec l'assurance par les présents documents que nul ne puisse agir contre sans contrevenir à la volonté de la république. En d'autres termes, Padrone ne souhaite pas vous voir mourir emportée par une foule en colère sous ce soleil ardent, mais préfère enterrer la "hache de guerre". L'exil est terminée Signore, vous pouvez rentrer chez vous...
Dom Salvadore Litaris - Voilà qui est fort aimable de la part du Doge... Fort aimable et inattendu... Presque trop beau pour être vrai.
Leone - Tout est on ne peut plus vrai Signore, je le crains. L'ensemble des documents contenue dans cet attaché arbore le sceau officiel d'Il Palazzo Ducale.
Faisant suite à ces mots, il déposa ledit attaché par terre, laissant l'occasion à l'un des gardes du patriarche Litaris de le récupérer sur un signe de main de son employeur. D'un preste geste, il jeta un oeil à sa montre à gousset. Presque midi. Sa part était faites, il était temps de partir.Leone - Sur ce, maintenant que ceci vous a été transmis, ma tâche est terminée et je me dois d'aller rendre compte à sa Grâce. Bien évidemment, je n'ai jamais quitté Fortuna.
Dom Salvadore Litaris - Bien évidemment... En ce cas, faites bon voyage "Signore".
Leone tourna ainsi les talons, s'éloignant à coup de grandes enjambée jusqu'à disparaître au détour d'une ruelle, montre à gousset toujours en main et regard fixé sur les aiguilles, ceci tandis que Dom Salvadore pénétrait à nouveau dans son véhicule. Bientôt, les cloches de l'église San Maria, site religieux édifié par les Litaris afin d'adresser quelques prières aux cieux en ces terres lointaines, firent sonner les douze coups. Et comme d'un commun accord, le ciel fit savoir au patriarche en exil qu'il avait écouté ses suppliques. En effet, ce dernier à bord de son véhicule était désormais dans les airs, propulsé à 33 mètres au dessus du sol par une imposante explosion qui venait d'avoir lieu en dessous de son transport peu avant qu'il démarre, celui ci franchit par ailleurs le toit d'un immeuble voisin, passant au dessus avant de terminer sa course cette fois ci 33 mètres plus bas de l'autre côté du bâtiment, ne laissant qu'une carcasse broyée. Et tandis que des hurlements d'horreur s'élevait et que les quelques badauds se précipitaient afin d'observer le macabre résultat de l'opération, à savoir les restes de la voiture et surtout l'énorme cratère qui venait de se former sur la "Voie Impériale", Leone lui, qui continuait d'aller de ruelles en ruelles, souriait, sa mission était définitivement terminée.Résumé de l'action FortunéenneUne nouvelle livraison d'armes comprenant 2500 armes légères individuelles et 50 mortiers tractés de Niveau 1 ainsi que 10 hélicoptères de transports moyens a été accomplis par les Riminis en faveur des insurgés pro-démocratie.[*]L'assassinat du patriarche des Litaris, patriciens exilés et proches soutiens économiques du pouvoir du Shah a été organisé par le Doge à la fois dans une optique de "pousser le soutient", mais surtout pour continuer une vendetta datant de plusieurs décennies. Ceci en brouillant les pistes grâce à la transmission d'une série de documents laissant entendre qu'une levée de l'exil était envisagée.