Les restrictions ne passaient pas et malgré la concession obtenue pour les entreprises de rester sur le territoire listonien, les vexations infligées étaient terribles pour le commerce. Tout d’abord, les entreprises étrangères étaient obligées d’accepter au moins 2 membres du conseil listonien du commerce (CLC) dans la direction de leurs entreprises, ce qui constituait un précédent terrible. C’était du jamais vu, d’autant que cette obligation se fichait pas mal de savoir de quelle taille était l’entreprise. Suite à cette annonce, les entrepreneurs avaient hurlé face à cette injustice. En effet, de quel droit se verraient-elles imposer la présence de personnes non-productives ?
Outre la présence obligatoire de membres du CLC dont on se demandait encore d’où le gouvernement listonien les sortaient se doublait l’obligation de se soumettre aux contrôles réguliers et mensuels du MSR en cas de refus. Cette attitude de soupçon était intolérable aux yeux des entreprises, qui y voyaient un moyen pour le gouvernement de pratiquer le pillage industriel et intellectuel en toute simplicité et impunité. Même dans les pires des dictatures, les services secrets ne s’amusaient pas à faire cela. C’était un moyen radical pour tuer les investissements dans une région.
Et puis, il y avait cette justification terrible qui motivait la publication d’une liste détaillée du personnel étranger. D’ordinaire, les listes étaient rendues aux autorités locales car elles permettaient un suivi des étrangers par l’administration et surtout de vérifier les bonnes attributions des impôts sur le revenu dans les bonnes caisses. Du travail administratif standard en somme : pas de quoi inquiéter le chaland. Mais la raison invoquée par les autorités listoniennes avait de quoi faire froid dans le dos. Le gouvernement listonien souhaitait ces listes, non pas pour un point de vue administratif et financier, mais bel et bien parce que les étrangers étaient soupçonnés de vouloir nuire à la sécurité nationale. C’était à la fois ridicule et la réponse était disproportionnée.
De plus, le gouvernement listonien souhaitait aussi contrôler et collecter tout mouvement d’argent qui ne lui plaisait pas. Une belle clef de bras aux flux des capitaux et des marchandises ! De quoi décourager tous les investisseurs ! Mais le plus ridicule était d’imposer la présence de 50% d’employés listoniens dans les entreprises étrangères implantées sur le territoire listonien. Quelle idée ridicule ! Les Listoniens cherchaient à s’approprier sans rien faire le savoir-faire des entrepreneurs étrangers en les forçant à céder leurs biens et en les obligeant à se soumettre à des réglementations injustes.
Il fallait rajouter à cela l'interdiction pour les étrangers d'exercer un métier dans les secteurs que la Listonie avait déclaré comme "stratégique", à savoir les télécommunications, l'énergie, la recherche, ... Cette mesure avait été prise comme un camouflet de la part de la communauté scientifique, notamment la recherche universitaire dans la mesure où cela limiterait grandement le transfert des compétences et les échanges. Les ingénieurs étrangers en territoire listonien n'avaient plus qu'à plier bagage car ils se retrouvaient de fait au chômage. Quant aux chercheurs ... c'étaient tous leurs programmes de recherche qui risquaient de disparaitre et de tomber dans les mains des Listoniens.
Les entreprises étrangères basées à Macao entendaient bien se faire respecter par l’empire. Des grèves monstrueuses avaient été organisées dans toute l’ancienne colonie portuaire et les blocages des chaînes de production et même des petits commerces de bouche rendaient la vie intenable à Macao. Les étrangers entendaient bien montrer au gouvernement et à la mairie que c’étaient eux qui faisaient tourner l’économie des territoires nazuméens et que sans eux, l’économie listonienne serait en berne. En guise d’avertissement, les entreprises étrangères avaient fermé leurs services et défilaient dans les rues de Macao, notamment devant le centre du pouvoir, où la tension était palpable.
Entre sit-in et tribunes déclamées dans les mégaphones, les entreprises s’impatientaient. Cela faisait plusieurs jours qu’elles attendaient d’être reçue par la municipalité et n’avaient essuyé qu’une indifférence insultante. Les meneurs de la grogne continuaient d’attiser le mouvement en réclamant de la mairie un abandon total de ces mesures, mais rien n’y faisait. La mairie restait sourde à leurs demandes.
Si la mairie ne les recevait pas rapidement, d’autres modes d’action seraient envisagés. Il se murmurait dans les rangs des manifestants que la mairie ferait un excellent feu de joie …
Mais une chose était sûre, les entreprises étrangères et les travailleurs étrangers allaient bientôt quitter le territoire s'ils n'obtenaient pas gain de cause. Si la Listonie désirait se fermer aux investissements étrangers et redevenir une région de seconde-zone du monde, elle ne pouvait pas mieux s'y prendre.