Le premier site qui devrait voire l'arrivée ce ce projet n'est autre que l'aile du levant de la commune de Mawikiko, en amont des marais de Kouhou, choisi pour sa topographie plate et son faible impact sur les forêts environnantes, se veut un modèle de durabilité. Cette ville innovante se déploiera sur près 324 miles carrés, intégrant harmonieusement l'environnement naturel et les besoins modernes. Avec ses 27 criques, Mawikiko doit composer avec des débits fluviaux variables, accentués par les importantes saisons humides. Ce premier plan urbain intègre ces variations naturelles, transformant les défis en opportunités. Après examen du fonctionnement de la dilatation et de la contraction des rivières locales, des choix ont été fait dans le plan d'aménagement pour faire place à cette eau, traiter cette force comme un organisme à part entière. Au-delà des partis pris purement techniques sur la responsabilité du milieu et la relative autonomie matérielle et politique de ce nouveau modèle, le plan pour Mawikiko a mis en valeur la nécessité de se réapproprier les intentions sociales et sociétales attachées aux architectures et plans d'urbanisme types des constructions contemporaines. Les Quartiers Zen chercheront ainsi à mettre en avant l'identité locale et nationale, tout comme les principes injectées dans l'architecture ylmasienne et créole maronhienne, n'hésitant pas à allier les anciennes et les nouvelles voies, mais aussi à recentrer les habitations et quartiers autour de la famille et de la communauté, dans une certaine visée personnaliste, et ce par la disposition des espaces, la mise en place de lieux de sociabilité et la centralisation des habitations autour des espaces communs. Une modernisation de la maison de bourg créole maronhienne avec cour centrale semble particulièrement privilégiée, capable d'accueillir trois à quatre générations d'une même famille, et donc rêvé pour le renouveau de l'idéal sédentaire, car, en effet, ce n'est plus la massification de l'interconnexion qui est recherchée pour pallier aux problèmes liés à l'enclavement du territoire, mais bien une nouvelle répartition de la population, des ressources et des activités pour une démocratisation des villes moyennes et de leur autonomie partielle. Ainsi, la ville de demain se doit de porter la famille d'hier, déjà bien plus préservée en Maronhi qu'ailleurs dans les parties du monde opérant une poursuite du progrès technique.
La réalisation de cette vague des Quartiers Zen se fera par phases, sur une période de 20 à 30 ans, nécessitant des partenariats public-privé et des investissements soutenus. La première phase devrait être achevée dans les deux à cinq prochaines années pour les plans initiaux, posant les fondations de villes où la modernité respecte au mieux l'identité de ses habitants, ainsi que son milieu, et où le développement économique va de pair avec le bien-être de ceux-ci. En accord avec le principe de subsidiarité, le grand mandat mannal vise à chercher l'avenir de la Maronhi dans une opposition à la concentration, à la monopolisation, à la métropolisation, ce en encourageant des formes de ruralités inventives. C'est donc une urbanité sociale qui vise à être mise en terre, un modèle entre la ville et le village, un modèle favorable au maintien du famialialisme, de la verticalité éducatrice ainsi qu'à la démocratisation de la propriété et des initiatives de coopératives. Alors que la démarche de l'État pourrait sembler curieuse, proche d'une forme de simplicité volontaire tant la promesse de succès semble incertaine, la Gran Man, dame Awara Kouyouri a tenu à affirmer que la Maronhi pouvait se permettre et se devait d'en faire le pari. « Le désir est le problème principal, si vous savez vous satisfaire de désirs limités, alors le bonheur s’installe. Vous devez connaître la différence entre besoins et envies. L'étude des valeurs maronhiennes apprend le rejet des trois poisons : le désir, la colère et l'ignorance » a t-elle ajouté au sujet de la résilience qui incomberait sûrement à toutes les Maronhiennes et à tous les Maronhiens. En intégrant une position maximale de la place que doit prendre l'éthique et la moralité sur le développement urbain, notamment en injectant quelques principes bouddhistes à la nature du projet, les Quartiers Zen représenteront sans doute une vision audacieuse d'urbanisation durable, identitaire et contemporaine. Ce projet pionnier pourrait bien devenir un modèle pour de futures ambitions urbanistiques en milieu équatorial et au-delà.
L'article ci-dessus, rédigé par Yangwa Lyuhian, journaliste indépendant, a été publié dans le journal Hintārando Toshi-ka.