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[PRESSE] Journal du Kongoinko | Maison des Lettres du Savoir - Page 5

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Urbanisation : construire la Maronhi de demain

20 mai 2013



Suivant le plan de post-métropolisation commandé par dame Kouyouri, la Commission d'enquête d'aménagement du territoire, les pouvoirs publics locaux ainsi que les associations d'architecture et d'urbanisation lancent un vaste projet d'aménagement du territoire et de développement urbain, ayant une vision maximale de son rôle, aussi bien sur responsabilités vis à vis des écosystèmes que sur les rapports sociaux, la culture et l'identité.


Au cœur du grand bois, un important remaniement urbanistique et géodémographique est en marche, censé recentrer notre rapport à l'innovation, notre rapport à la production, mais aussi, plus simplement, notre rapport aux autres. Le projet des Quartiers Zen, porté nationalement par la Commission d'enquête d'aménagement du territoire et localement par diverses associations d'architecture ou d'urbanisation, vise à créer des espaces urbanisés durables alliant principes moraux propres aux cultures maronhiennes et nécessités d'espaces urbanisés attractifs et modernes. Ce projet entre dans dans un plan plus grand de démétropolisation du territoire. En effet, la métropolisation est un modèle singulier d’urbanisation, celui de la ville-monde, avec un rythme de croissance des villes, quasi exponentiel depuis quatre à cinq décennies. Ceci est le fait d'une ère dans laquelle les activités urbaines se dématérialisent, la rente immobilière s'accroît et les économies urbaines évoluent par tertiarisation et tri des populations. Ce fait géographique global est aussi total, car les citadins sont encouragés à modifier leurs modes de vie, et ce par nombre de projets urbains similaires, avec toujours plus de mouvements et de fluidité, de connexion et d’agilité, de divertissement et de festivités. Sur le plan politique maintenant, ces agglomérations se dotent de nouveaux pouvoirs avec, dans de nombreux pays, des réformes dites “territoriales” qui entérinent ce processus de croissance urbaine par de nouveaux échelons institutionnels et éloignent toujours plus les habitants de leur capacité de peser sur les politiques d'une localité. Enfin, il apparait que l'artificialisation requise pour massifier les peuplements, l’exploitation totale des ressources pour tenir à ce point toutes et tous agglomérés, et donc faire fructifier la richesse métropolitaine, dévastent tous les milieux et les écosystèmes, mais aussi, aggravent les risques sur la santé des urbains. Ainsi, ce vaste projet à visée quasi post-urbaine cherche à prendre la tête du cortège de l'innovation, pour que la modernité en Maronhi ne soit plus subie, mais entièrement sienne.

Le premier site qui devrait voire l'arrivée ce ce projet n'est autre que l'aile du levant de la commune de Mawikiko, en amont des marais de Kouhou, choisi pour sa topographie plate et son faible impact sur les forêts environnantes, se veut un modèle de durabilité. Cette ville innovante se déploiera sur près 324 miles carrés, intégrant harmonieusement l'environnement naturel et les besoins modernes. Avec ses 27 criques, Mawikiko doit composer avec des débits fluviaux variables, accentués par les importantes saisons humides. Ce premier plan urbain intègre ces variations naturelles, transformant les défis en opportunités. Après examen du fonctionnement de la dilatation et de la contraction des rivières locales, des choix ont été fait dans le plan d'aménagement pour faire place à cette eau, traiter cette force comme un organisme à part entière. Au-delà des partis pris purement techniques sur la responsabilité du milieu et la relative autonomie matérielle et politique de ce nouveau modèle, le plan pour Mawikiko a mis en valeur la nécessité de se réapproprier les intentions sociales et sociétales attachées aux architectures et plans d'urbanisme types des constructions contemporaines. Les Quartiers Zen chercheront ainsi à mettre en avant l'identité locale et nationale, tout comme les principes injectées dans l'architecture ylmasienne et créole maronhienne, n'hésitant pas à allier les anciennes et les nouvelles voies, mais aussi à recentrer les habitations et quartiers autour de la famille et de la communauté, dans une certaine visée personnaliste, et ce par la disposition des espaces, la mise en place de lieux de sociabilité et la centralisation des habitations autour des espaces communs. Une modernisation de la maison de bourg créole maronhienne avec cour centrale semble particulièrement privilégiée, capable d'accueillir trois à quatre générations d'une même famille, et donc rêvé pour le renouveau de l'idéal sédentaire, car, en effet, ce n'est plus la massification de l'interconnexion qui est recherchée pour pallier aux problèmes liés à l'enclavement du territoire, mais bien une nouvelle répartition de la population, des ressources et des activités pour une démocratisation des villes moyennes et de leur autonomie partielle. Ainsi, la ville de demain se doit de porter la famille d'hier, déjà bien plus préservée en Maronhi qu'ailleurs dans les parties du monde opérant une poursuite du progrès technique.

Infrastructures types envisagées pour le projet des Quartiers Zen, visualisations 3d, 2013.
Infrastructures types envisagées pour le projet des Quartiers Zen en Maronhi, visualisations 3d, 2013.

Le projet des Quartiers Zen ne se contente pas de répondre aux exigences environnementales ; il cherche également à revitaliser l’économie locale. « Certaines parties de l'arrière et d'avant pays sont quelque peu déprimées sur le plan économique. Dame Kouyouri s'inquiète du fait que des jeunes quittent leur terre natale pour se concentrer dans les métropoles côtières du pays. L'enclavement étant tel, ceux qui chercheraient à changer de situation socioprofessionnelle en dehors de la voie côtière ne voient pas d’avenir en raison du manque d’opportunités d’éducation et d’emploi. Son Excellence veut les ramener », explique sieur Akasariko, rapporteur à la Commission d'enquête d’aménagement du territoire. Pour retenir cette jeunesse, la ville offrira des emplois dans la recherche, l’innovation et d'autres secteurs prometteurs, alignés avec les critères que sont le bien-être psychologique, la santé, l'utilisation du temps, l'éducation, le niveau de vie, la diversité écologique et la résilience, les offres culturelles, la bonne gouvernance, la vitalité de la communauté. Les Quartiers Zen se distingueront par leurs infrastructures innovantes. Les bâtiments seront construits avec des matériaux naturels d’origine locale, comme la pierre, le bois massif et le bambou guadua. Des modèles de ponts sur fleuves et rivières, véritables symboles de ces audacieuses initiatives, seront non seulement des structures de transport, mais aussi des lieux de rassemblement communautaire et de production énergétique. Certains plans d'aménagement verront sans doute l'ajout d'un barrage hydroélectrique, en remplacement ou en appoint des centrales à biomasse, pour fournir l’énergie nécessaire à l'autonomie du nouveau quartier ou de la nouvelle ville, tout en générant des revenus grâce à la vente d’électricité à d'autres territoires, tandis que dans le même temps, la côte semble se tourner vers les dernières générations de réacteurs nucléaires burujois ; une initiative qui posera la question d'une future implantation dans l'arrière-pays tant la solution hydroélectrique poserait des soucis sur les axes de communication et les milieux si elle se trouvait massifiée.

La réalisation de cette vague des Quartiers Zen se fera par phases, sur une période de 20 à 30 ans, nécessitant des partenariats public-privé et des investissements soutenus. La première phase devrait être achevée dans les deux à cinq prochaines années pour les plans initiaux, posant les fondations de villes où la modernité respecte au mieux l'identité de ses habitants, ainsi que son milieu, et où le développement économique va de pair avec le bien-être de ceux-ci. En accord avec le principe de subsidiarité, le grand mandat mannal vise à chercher l'avenir de la Maronhi dans une opposition à la concentration, à la monopolisation, à la métropolisation, ce en encourageant des formes de ruralités inventives. C'est donc une urbanité sociale qui vise à être mise en terre, un modèle entre la ville et le village, un modèle favorable au maintien du famialialisme, de la verticalité éducatrice ainsi qu'à la démocratisation de la propriété et des initiatives de coopératives. Alors que la démarche de l'État pourrait sembler curieuse, proche d'une forme de simplicité volontaire tant la promesse de succès semble incertaine, la Gran Man, dame Awara Kouyouri a tenu à affirmer que la Maronhi pouvait se permettre et se devait d'en faire le pari. « Le désir est le problème principal, si vous savez vous satisfaire de désirs limités, alors le bonheur s’installe. Vous devez connaître la différence entre besoins et envies. L'étude des valeurs maronhiennes apprend le rejet des trois poisons : le désir, la colère et l'ignorance » a t-elle ajouté au sujet de la résilience qui incomberait sûrement à toutes les Maronhiennes et à tous les Maronhiens. En intégrant une position maximale de la place que doit prendre l'éthique et la moralité sur le développement urbain, notamment en injectant quelques principes bouddhistes à la nature du projet, les Quartiers Zen représenteront sans doute une vision audacieuse d'urbanisation durable, identitaire et contemporaine. Ce projet pionnier pourrait bien devenir un modèle pour de futures ambitions urbanistiques en milieu équatorial et au-delà.




L'article ci-dessus, rédigé par Yangwa Lyuhian, journaliste indépendant, a été publié dans le journal Hintārando Toshi-ka.

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Société : droits autochtones, pour une société de privilèges

29 juin 2013



Au-delà d'une uniformité des droits, les Maronhos luttent pour la reconnaissance de leurs droits spécifiques pour inclure des privilèges liés à leur identité, ce sur leurs propres terres. Cette revendication soulève des débats sur l'unité des droits et la préservation culturelle, en envisageant des systèmes différenciés pour protéger les diverses communautés de Maronhi. Reconnaître ces droits implique de redéfinir le découpage administratif du territoire national ainsi que les droits d'installation et d'assimilation pour mieux répondre aux besoins uniques de chaque communauté.


Luttant pour la reconnaissance de leurs droits spécifiques, les Maronhos, indigènes de Maronhi, se trouvent au cœur de questionnements sur l'uniformité du droit maronhien, et donc de débats sociaux et politiques entre les nouveaux représentants des conseils coutumiers à l'Assemblée mannale. En effet, ces revendications ne se limitent plus à l'égalité des droits avec le reste de la population, mais s'étendent à la reconnaissance de droits distincts, inhérents à leur identité maronhos, à leur autochtonie. Cette lutte soulève des questions profondes sur le rapport à l'égalité des droits, à la liberté de circulation et sur le modèle de société vers lequel la Maronhi pourrait être amenée à évoluer, évoquant des parallèles avec les systèmes antérieurs à l'instauration de la première république maronhienne en 1852, caractérisés par des droits différenciés selon les territoires et les populations, en d'autres termes, des privilèges. Tout au long de la première partie du XXe siècle, les autochtones de Maronhi ont mené des combats pour l'égalité des droits. Cependant, ces luttes ont souvent occulté une dimension essentielle de leurs revendications : la reconnaissance de leur statut particulier et de leurs droits spécifiques. Ces droits ne sont pas simplement des privilèges octroyés, mais des éléments fondamentaux de leur identité culturelle, historique et territoriale. Les premières revendications pour l'égalité des droits se sont concentrées sur l'accès équitable à l'éducation, à la santé et aux opportunités économiques. Ces luttes ont permis d'obtenir des avancées significatives, mais elles n'ont pas réussi à pleinement adresser les besoins uniques des communautés indigènes, qui nécessitent une reconnaissance et une protection spéciales, en vertu des mouvements de populations à l'intérieur du territoire maronhien et des différences de vitalité démographique d'une communauté à une autre.

Les droits spécifiques revendiqués par les identitaires maronhos comprennent la souveraineté sur les terres peuplées majoritairement par leurs ethnies, la préservation de leurs langues et traditions, le contrôle ou la limitation de l'installation des étrangers à la communauté dans leur espace, ainsi que le contrôle sur les ressources naturelles présentes sur leurs territoires. Ces droits sont envisagés comme essentiels pour maintenir leur mode de vie et leur identité culturelle face à la pression potentielle de l'assimilation, de l’acculturation ou du remplacement ethnique. Du fait de dispositions naturelles liées à la géographie maronhienne et de convictions profondément enracinées dans les mentalités, les communautés du pays demeurent encore bien distinguables les unes des autres, et donc encore enclines à faire l'objet de nouvelles délimitations de leurs droits. La reconnaissance de ces droits implique de redéfinir, non seulement le découpage administratif du territoire national, mais aussi la conception égalitaire de certains droits, ce dans un contexte où l'uniformité de ces dits droits pourrait mener à nuire aux communautés menacées. En effet, l'égalitarisme, dans sa forme la plus stricte, pourrait effacer les particularités et les besoins spécifiques des communautés autochtones. Ainsi, un modèle de droits différenciés pourrait mieux répondre à ces enjeux, en permettant aux indigènes de préserver et de promouvoir leur culture unique. La reconnaissance de droits spécifiques pour les autochtones soulève des questions délicates sur le rapport à l'unité et à l'égalité. En accordant des droits particuliers à une communauté, ne risque-t-on pas de créer des inégalités et des divisions au sein de la société ? Ce débat n'est pas sans rappeler le fonctionnement des systèmes de la Maronhi durant sa période coloniale et shogunale, où les droits et les devoirs des individus variaient non seulement en fonction de leur statut, mais surtout de leur territoire et de leur origine. Cependant, les droits revendiqués par les autochtones ne sont pas uniquement des faveurs accordées à une minorité, mais des éléments essentiels de leur survie ethnique et culturelle ainsi que de leur dignité. La reconnaissance de ces droits ne peut être vue comme une forme de justice réparatrice, visant à corriger les injustices historiques subies par les peuples indigènes, mais plutôt comme une protection contre de potentielles injustices à venir.

Rassemblement de femmes maronhos de l'ethnie amjahos dans le province de Teyoteko, photographie, 2013. / Carte de la répartition des territoires des communautés ethnoculturelles en Maronhi, 2013.
(Gauche) Rassemblement de femmes maronhos de l'ethnie amjahos dans le province de Teyoteko, photographie, 2013.
(Droite) Carte de la répartition des territoires des communautés ethnoculturelles en Maronhi, 2013.

Une des conséquences potentielles d'une reconnaissance de droits spécifiques aux autochtones, puis probablement aux autres identités régionales de Maronhi, est l'instauration de systèmes de contrôle des mobilités, probablement pour la seule installation, en dehors du recours à un justificatif, ce à l'intérieur même du territoire maronhien. Cette mesure, bien que controversée, pourrait permettre de protéger les territoires indigènes des pressions extérieures et de préserver leur intégrité culturelle et ethnique. Il s'agirait, dans son application la plus probable, tout en protégeant les identités par des restrictions sur l'installation et l'assimilation, d'entretenir la cohésion commune par le maintien de la liberté de mobilité et d'une relative flexibilité sur lesdites restrictions. Certains territoires, à l'image des quelques métropoles qui jalonnent la Maronhi, pourraient conserver un statut de libre installation. La mise en place de passeports internes ou de permis d'établissement pour les allogènes, mêmes Maronhiens, sur un territoire communautaire qui leur serait étranger, pourrait sembler restrictive, mais elle peut être justifiée par la nécessité de protéger ces communautés vulnérables des influences destructrices, même non-conscientisées. Ce type de système pourrait puiser son inspiration dans de nombreuses régulations du Shogunat Susano, où les déplacements étaient souvent soumis à des contrôles stricts pour des raisons de sécurité et de préservation des ressources locales. Ainsi, une telle initiative entérinerait des changements drastiques nécessitant une refonte du territoire et de l'État lui-même. La revendication de droits spécifiques et la mise en place de contrôles des installations soulèvent des questions sur le modèle de société vers lequel la Maronhi pourrait évoluer. En effet, ces mesures peuvent être perçues comme un rejet de l'égalité des droits et de la liberté de circulation. Cependant, il est possible de concilier ces exigences avec une vision plus nuancée de l'unité nationale, souvent perçue lors de sa construction au XIXe siècle moins comme une identité supplémentaire, mais comme une alternative. Un anti-libéralisme modéré, prenant en compte les besoins particuliers des communautés autochtones, pourrait permettre de construire une société plus en phase avec ses composantes. Il s'agit de reconnaître que l'uniformité des droits ne garantit pas toujours l'égalité réelle et que des mesures différenciées peuvent être nécessaires pour protéger les minorités et préserver la diversité culturelle.

Les luttes des Maronhos pour leurs droits spécifiques soulèvent des questions fondamentales sur le rapport à l'unité égalitaire et sur le modèle de société que nous souhaitons bâtir et léguer aux générations à venir. En reconnaissant la nécessité de droits différenciés, nous devons redéfinir notre conception de la répartition et de l'application des droits de chacun sur diverses parties du territoire préalablement attribuées à des communautés de la société maronhienne, en tenant compte des particularités et des besoins uniques desdites communautés. Cette démarche implique de repenser certains principes apportés avec le libéralisme, dans son sens classique, au XVIIIe siècle, et de s'ouvrir à des modèles de gouvernance plus flexibles et adaptés à la réalité des peuples de Maronhi. Le défi est de trouver un équilibre entre la protection des droits spécifiques et la promotion de l'unité nationale, en construisant une société où l'altérité, les particularités d'une communauté ou d'une autre, sont non seulement tolérées mais valorisées et protégées. Un tel modèle entrainerait logiquement l'application d'un certain nombre d'exceptions et de justificatifs, par exemple pour des mutations liées au travail ou des unions entre membres de communautés différentes, voire d'autres statuts de privilèges, par exemple pour les porteurs d'identités multiples. En somme, la reconnaissance des droits spécifiques des Maronhos n'est pas une menace pour l'unité nationale, mais une avancée vers une forme de territorialisation plus respectueuse de la diversité ethnoculturelle. Ainsi, il pourrait ne pas s'agir d'accorder seulement ces droits spécifiques aux seuls Maronhos ou aux seules communautés menacées, mais à toutes celles qui peuvent faire reconnaitre l'existence d'une identité propre sur un territoire et des populations. En effet, un traitement dissemblable basé sur des justifications réparatrices ou une purgation morale serait à la fois une lésion aux descendants non-responsables de quelques maux passés, ainsi qu'un retournement de statut qui pourrait prendre quelques visages vengeurs, sans recherche d'apaisement ou de construction réelle d'avenir stable entre les communautés. Si une future application de ces droits spécifiques voyait le jour, il s'agirait sans doute d'un pas essentiel pour bâtir un avenir où chaque communauté détiendrait le pouvoir de s'épanouir dans le respect de ses traditions et de son identité.




L'article ci-dessus, rédigé par Horiki Korekawa, journaliste indépendant, a été publié dans le journal Mawonho Buzoku Nisshi.

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Recherche : les raisons du rejet du scientisme

14 juillet 2013



Mondialement, la domination croissante du scientisme, où la méthode scientifique est appliquée de manière inappropriée à des domaines non scientifiques, vient à dévaloriser l'intuition et l'expérience humaine. Ainsi, l'obsession pour les chiffres et les statistiques conduit à une perte de la compréhension intuitive et qualitative des comportements humains. L'intuition et le ressenti sont essentiels pour appréhender pleinement la nature humaine et préserver la dignité et le sens de l'existence.


Nous, êtres humains, nous sommes humains justement parce que nous ne tenons pas entre les uns et les zéros. Nous avons tellement laissé à la science le monopole de la vérité que nous ne nous considérons même plus capable de comprendre quoi que ce soit de manière légitime si cela n’a pas été "validé" par une étude. Nous n’avons aucunement besoin d’études pour comprendre intuitivement ce qui se dégage dans un regard, et qu’un regard effectivement, nous dit beaucoup de la personne que l'on observe. Nous ne pouvons prouver notre ressenti, mais le seul fait de le ressentir suffit à nous donner l’intime certitude que notre ressenti est conforme à une réalité. La science jouit d’un prestige qui est celui de l’exactitude, tandis que la nature humaine perd de plus en plus de crédit du fait qu’elle est faillible et sensible. L’intuition a le sens inouï de ne pas être chiffrable. La linguiste Ai Chikusa, chercheuse pour le laboratoire Wakiya, parle d’une tentation au scientisme qui se traduit par les chiffres. « Pour certains de nos collègues, sans chiffres, sans statistiques, il n’y a pas de connaissance scientifique. » Nous pouvons définir ledit scientisme comme la l’imitation de la méthode scientifique dans des domaines qui ne sont pas ceux de la science, comme la croyance que la science est la seule voie d’accès à la vérité, que la science serait en mesure de tout expliquer, et que ce qu’elle ne pourrait expliquer, n’existe tout simplement pas. Petit à petit, c’est l’intuition qui se perd, la capacité de sentir et de comprendre au-delà des chiffres et des statistiques. Cette fascination pour la science en vient à détruire le sens commun et nous, à rejeter toute croyance non-scientifique, ce qui équivaut à une négation de la valeur et de la dignité humaine. La vérité, c’est que notre expérience est à mis chemin entre les faits et les opinions. Le monde compris par la science n’est pas tout à fait celui dans lequel nous habitons. Si nous voulons comprendre les comportements humains et les institutions sociales, c’est notre rapport au monde et nos croyances qu’il faut interroger. La même vérité se retrouve généralement partout où nous avons à expliquer la conduite humaines envers les choses : elles ne doivent pas alors être définies d’après ce que nous pourrions découvrir à leur sujet par les méthodes objectives de la science, mais d’après ce que la personne qui agit pense à leur sujet. Autrement dit, ce qui doit compter en sciences humaines, ce n’est pas tant la « vérité objective » des énoncés que nous tenons pour vrais, mais le fait que les gens les croient vrais et agissent en conséquence. Il y a quelque chose proche du sentiment de sécurité dans la rigueur scientifique, et il est vrai quand de nombreuses circonstances nous ne baserions pas notre confiance, particulièrement en matière de santé, à un énergumène faisant l’éloge de son intuition. Mais, pour tout ce qui touche à l’Homme dans ce qu’il a de plus immatériel, de plus réfractaire à la statistique et aux angles droits, l’intuition, la compréhension par sympathie, demeurent toujours ce que nous avons de mieux.

Renouer avec l’intuition, c’est soigner la nature humaine, et conserver à la nature humaine un espace d’expression. Parce que en dépit du ridicule qu’il semble y avoir pour certains à parler d’âme ou d’esprit, chacun sent bien, dans sa manière de vivre le monde, de vivre la vie, qu’il n’est pas qu’un assemblage d’atomes et que quelque chose en lui résiste à la matière. Le réductionnisme matérialiste résume le monde à ce qui est visible, et donc, le langage, fait humain et spirituel par excellence, devait faire les frais du scientisme et de son encombrante maladresse. Ainsi, certains parlent du langage comme d’une pratique dont les ressorts se situent entièrement dans notre cerveau, et à un niveau si bêtement mécanique qu’il échappe à nôtre contrôle. De façon symptomatique, les adeptes de ces pratiques ne disent pas « nous », en faisant référence aux gens comme à des personnes, ils disent « notre cerveau », comme si nous nous y réduisions. Les études qui s’appuient sur ces visions et ces pratiques sortent le langage de son fonctionnement normal pour le placer dans les conditions artificielles de l’expérience scientifique. Alors, tout naturellement, moyennant phrases incongrues et protocoles orientés, nous faisons des découvertes étonnantes. Mais, la nature soit louée, nous ne parlons aucunement comme dans les laboratoires de ces expériences. Nous sommes des êtres vivants, avec un corps, des yeux, une conscience, nous parlons toujours dans un contexte, que nous vivons, que nous ressentons, et à partir duquel nous interprétons les phrases, un contexte qui lève, dans la plupart des cas, toute ambiguïté quant à la manière dont il faut interpréter. Nous pouvons comprendre ce genre de cas à partir de la distinction faite entre intelligence et intuition. L’intelligence, qui est solidaire de la méthode scientifique, doit figer ses objets, conjurer la fluidité du vivant pour opérer ses divisions. Ce que l’intelligence fait, c’est toujours séparer et compartimenter. L’intuition, quant à elle, est justement la voie d’accès à ce qui est vivant et fluide. Le changement pur, la durée réelle, est chose spirituelle ou imprégnée de spiritualité. L’intuition est ce qui atteint l’esprit, la durée, le changement pur. Or, le langage, dans la réalité pratique de tous les jours, procède nécessairement de la durée, c’est-à-dire de la vie. Cela ne fait donc peu de sens de chercher à savoir ce qui pourrait se passer dans la tête des individus en dehors de cette réalité, puisque ce n’est qu’en elle que le langage fonctionne. Chaque phrase que nous entendons, que nous prononçons, que nous lisons, nous l’entendons, nous la prononçons et nous la lisons dans le flux continue de l’existence sensible. Ainsi, le vrai langage baigne dans des odeurs, des bruits, des désirs, des préoccupations, des intentions, des regards, des tons, soit tout ce qui est absent des conditions où nous prétendons cibler ses failles.

"Blancheur sur les vagues et les vents folâtres", photographie, 2013. / "Le contact et l'intuition", estampe encre et couleur sur papier, 1876.
(Gauche) "Blancheur sur les vagues et les vents folâtres", photographie, 2013.
(Droite) "Le contact et l'intuition", estampe encre et couleur sur papier, 1876.

Le cas du langage est particulièrement révélateur du complexe des sciences humaines vis-à-vis des sciences dures, qui les poussent à en imiter les méthodes et à troquer la compréhension pour un savoir dégradé. Le scientisme est hostile à la compréhension parce qu’il évacue par principe le cadre de toute compréhension. Nous comprenons, au sens propre, à partir de notre articulation charnelle et affective au monde. Dans toute situation, nous sommes toujours, d’abord, saisis par une impression d’ensemble ; et le caractère affectif de ce que nous percevons n’est pas une conséquence de la perception mais sa condition de possibilité. Nous percevons d’emblée quelque chose qui vibre comme agréable ou triste, paisible ou inquiétant. Et ce n’est qu’ensuite, grâce à son atténuation progressive, que nous pouvons détacher de cette impression affective originelle, des qualités sensibles, des informations objectives. Le fond affectif fonde le champ de l’objectivité. Toute découverte s’effectue à partir de l’affectivité. Voilà pourquoi le scientisme ne peut qu’échouer à rendre compte de l’expérience humaine, parce qu’il est dans la nature de son fonctionnement d’en négliger l’essentiel. L’expérience humaine est fondamentalement qualitative ; or le scientisme se distingue par le fait de tout réduire à la quantité, et de considérer que tout ce qui ne s’y réduit pas, d’une certaine manière, n’existe pas. Il y a dans certains aspects de la modernité, encore plus en Occident, une hostilité au mystère, une phobie de l’incertain que nous recherchons à éradiquer au prix même de notre raison d’être. Parce que, ce qui disparait avec l’intangible, c’est tout ce qui donne du sens à la vie. En perdant de vue l’aspect qualitatif des choses, nous perdons de vue le fond moral de l’existence. Le fait que nos manières de vivre le monde, de vivre les autres, n’ont rien à voir avec la géométrie ou la physique des particules. Ce qui nous guide d’abord, c’est le sens commun, le sentiment intuitif de certaines valeurs, l’évidence continue que nous n’habitons pas le monde de la même manière que les objets. Le dernier effet du scientisme, et le plus pervers, c’est de miner la distinction fondamentale entre personne et objet. La science, en se détournant des évidences, aboutit à une sorte de passion du souterrain. Ils oublient que nous ne réagissons pas en fonction de ce qui se trament dans nos cerveaux, mais en fonction de que nous ressentons, vivons, percevons. Ils mettent alors sur pied des expériences pour mettre au jour le biais caché qui met à mal nos convictions. Cela s’explique très bien car la science est par essence tournée vers la découverte, elle est par essence dans un rapport d’opposition au sens commun. C’est très bien comme cela s’agissant de la science au sens propre ; nous ne faisons pas de la science pour découvrir ce que nous savons. Mais donc, lorsque nous jouons au scientifique, nécessairement, nous jouons à découvrir. Une étude sur un domaine neutre n’est quasi exclusivement portée par le vœu d’en découvrir le vice caché.

Donc, la science humaine, qui veut fonctionner comme la science dure, finit par remplacer son mandat de transmission par un mandat de découverte, et plutôt que d’œuvrer au partage d'un ensemble de connaissances, elle travaille le cœur léger à son saccage méthodique. Si la science nous a permis de sortir d’un état sauvage, elle risque de nous y reconduire en étouffant l’esprit auquel elle avait d’abord donné de l’air. Le scientisme confine à une perte totale de sens, et voir la vie selon ses lois, c’est faire une croix sur l’enthousiasme. À partir du moment où nous pensons l’amour en termes d’ocytocines et de circuit de la récompense pour prendre un autre exemple, d’une certaine manière ça ne vaut plus la peine de se lever le matin. Pour tirer sainement profit de la curiosité qui nous pousse à examiner des rats, il faut ne pas être un rat soi-même. À force de mesurer ce qu’il se passe dans les têtes, nous perdons de vue de qui pourrit dans les cœurs. La science est incapable de répondre aux questions qui comptent le plus et les acteurs des sciences humaines qui s’en inspirent se tuent à être exact dans l’inessentiel. Comment ne pas ruiner tout sens des valeurs, quelles soient morales ou esthétiques, à partir où nous disons croire au Mal ou au Beau dans la seule mesure où nous pourrions en découvrir l’existence au microscope ? Le règne de la quantité, c’est nécessairement celui du relativisme, de l’équivalence générale. L’obsession des moyens, et l’oublie total des fins, sans lesquelles la technique n’a aucun sens, c’est l’essence du relativisme scientifique et le terreau d’un monde sans vérité. La valeur est ressenti, elle est fonction de l’intuition, elles est inscrite dans le fond affectif de l’existence, et donc, écarter le ressenti, c’est supprimer la valeur. L’intuition est à la raison ce que la conscience est à la vertu : le guide voilé, l’éclaireur souterrain, l’avertisseur inconnu, mais renseigné, la vigie sur la cime sombre. Là où le raisonnement s’arrête, l’intuition continue. Est voué à systématiquement échouer celui qui n’en tient pas compte, et qui n’emploie pas à sa philosophie et à la sagesse ce regard fixe de l’aigle intérieur sur le soleil moral. Il y a quelque chose d’éternel dans ce qui est juste, beau et bon, et c’est tout ce que le scientisme ne peut pas voir, par l’essence de son élan qui est celui de la nouveauté et de la découverte : découvrir à tout prix, au prix même de ce qui rend la vie digne d’être vécue.




L'article ci-dessus, rédigé par Takefusa Hagiwara, directeur du pôle humanités à l'université d'Habata de Fujiao, a été publié dans le journal Habata Kyanpasu.

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Enquête : l'intérieur eurysien ou le grossier au temps de la technique

09 août 2013



Avec pour objectif l'examen prudent des moyens de modernisation des États étrangers, nous avons étudié l'évolution de l'architecture intérieure en Eurysie. Influencés par des changements sociologiques et économiques, la mondialisation, les nouvelles normes de logement, et la montée des grands distributeurs de meubles, des intérieurs uniformes, fonctionnels, aux prétentions égalitaires ont été favorisés au détriment d'intérieurs plus durables, esthétiques et adaptées aux aspirations d'élévation. Le rôle prépondérant de nouveaux architectes et urbanistes aux ambitions maximalistes, ainsi que l'absence d'une éducation esthétique contribuent à la prédominance de ces nouveaux espaces de vie impersonnels.


À l’ombre de l'évidente transformation extérieure sur l'architecture entre la fin du XIXe siècle et notre époque, se cache une évolution encore plus significative : celle des intérieurs, plus encore en particulier ceux du monde occidental, et tout spécialement de l'Eurysie occidentale. Comment cette région a pu passer en quelques générations de décorations raffinées à base de bois et visant au plaisir esthétique à des meubles en agglomérés et impersonnels ? Une large partie de la population vit dans des intérieurs qui se ressemblent souvent. Les murs sont d’un blanc omniprésent. Les meubles sont fait de contreplaqués à monter soi-même, en coloris blanc, noir ou peint. Les décorations sont faites de posters, de photos, d’autocollants et de figurines en plastique. Les livres se font rare. Et la vaisselle ne dépareillerait pas dans une cantine scolaire. De plus, l’ordinateur ou la télévision trône en bonne place. Ce constat semble valable pour la plupart des strates sociales. À l’inverse, il y a encore chez les ainés, des intérieurs qui témoignent de ce qui était la norme par le passé. Les meubles sont principalement en bois et de style cohérent. La vaisselle est pléthorique, avec des ménagères de couverts en métal argenté et des verres en cristal par paquets de douze, pour l’eau, le vin, le champagne, parfois la liqueur, et des services à thé et à café. On y trouve encore du linge brodé ou crocheté. Il y a souvent quelques peintures ou bibelots pour orner le tout. Tout ceci n’étant pas limité aux grandes villes d’ailleurs, puisque du mobilier en bois ouvragé se trouve jusque dans la plupart des campagnes. Qu’est-ce qui a donc bien pu se passer entre le XIXe siècle et aujourd’hui pour expliquer un tel écart esthétique des intérieurs eurysiens ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes d’abord penchés sur le marché du meuble actuel. Il s'agit d'un marché cyclique, connaissant des moments de hausses en automne. La cuisine représente à elle seule pas loin de 30% des dépenses, soit presque autant que tous les autres meubles de l’habitat, lits et fauteuils exclus. Il s’agit d’un chiffre conséquent puisque, en effet, il est deux fois plus important que la literie où tout un chacun passe plus ou moins huit heures par jour. Bien que producteurs de meubles, les pays développés eurysiens, de l’Ouest principalement, ont pour la plupart un déficit commercial en la matière et importent de plus en plus de mobiliers depuis d’autres régions du monde. La vente de meubles se fait surtout chez des grands distributeurs de l’ameublement, puis chez des spécialistes, notamment pour les cuisines intégrées, et de plus en plus vie l’e-commerce.

Pour avoir une meilleure perspective historique, nous avons eu la chance de mettre la main sur un document de 1993 sur le marché du mobilier en Eurysie occidentale. On y découvre déjà, à l’époque, que le meuble est de moins en moins originaire des pays de la région, avec une chute de la production par rapport aux années 80. Il y a déjà, de sûrcroit, un déficit commercial. On découvre aussi que la cuisine a pris une place de plus en plus importante dans les dépenses depuis la décennie 1980, et que le marché de cuisine intégrée représente une dépense historiquement inédite et conséquente. Mais rien de tout ceci ne suffit à expliquer pourquoi les meubles qui se vendent sont moins recherchés et travaillés qu’avant. En sondant les principaux concernés, c’est-à-dire les Eurysiens occidentaux eux-même, la première explication donnée massivement était plutôt d’ordre sociologique. Le monde a changé, notre société aussi et les meubles refléteraient ce changement. À partir du XXe siècle, la fabrication des meubles est sortie de la main des petits artisans locaux pour devenir un enjeu de grandes entreprises et de mondialisation. Les intérieurs ont été pour partie façonnés par des modes contribuant à faire disparaitre le bois de notre mobilier. Lesdits intérieurs s’adaptent aussi aux impératifs nouveaux, comme celui de l’électroménager - (dont nous reviendrons à parler dans un prochain article sur le principe de l'Esthétique de l'Intégration Technologique). Et certaines pièces changent de statut, comme la cuisine qui, par le passé ne se voyait pas alors qu’elle se doit aujourd’hui d’être intégrée. Dans le cas de la cuisine, c’est probablement le fantasme nostalgique d’une ripaille que son utilisation courante qui explique qu’autant d’efforts y soit consacrés. Autre évolution sociologique, le travail des femmes fait des logements des endroits vides pendant l’essentiel de la journée, ce qui n’était pas toujours le cas par le passé. Moins d’invités y sont reçus que jadis, les logements sont plutôt des espaces individuels que collectifs. Par exemple, il est rare de nos jours que les gens possèdent des ménagères de vingt-quatre couverts ou même des tables pour plus de quatre ou six personnes. L’investissement dans les intérieurs s’est déplacé depuis des objets sociaux, notamment de réception, vers des objets d’usage récréatif et individuel comme les consoles de jeux vidéos. L’effondrement du nombre de mariages s’accompagne aussi d’un effondrement des traditions de « création du foyer ». Il est de coutume, par exemple, pour les pays de culture latine de la région, mais pas seulement, que les mariés se voient offrir précisément une bonne partie de la vaisselle et du mobilier à l’occasion du mariage. Et le fait qu’il s’agisse de cadeaux, des invités ou des parents, tend à favoriser des objets plutôt soignés et raffinés. Mais cette tradition elle-même change puisque les mariés se font souvent offrir des voyages ou de l’électroménager désormais, et elle est de moins en moins pratiquée puisque la taux de mariages a baissé.

Intérieur ombre de style ylmasien moderne avec principe d'Esthétique de l'Intégration Technologique, photographie, 2013. / Intérieur urbain blanc contemporain occidentalisé de type minimaliste, maquette 3d publicitaire, 2013.
(Gauche) Intérieur ombre de style ylmasien moderne avec principe d'Esthétique de l'Intégration Technologique, maquette 3d publicitaire, 2013.
(Droite) Intérieur urbain blanc contemporain occidentalisé de type minimaliste, maquette 3d publicitaire, 2013.

Une deuxième piste d’explication dégagée de nos sondages était d’ordre économique. Spontanément, on s’attendrait à ce que les gens cherchent pour leurs intérieurs des objets travaillés et durables, hors l’on constate que c’est de moins en moins ce qu’ils achètent. On peut pointer un doigt accusateur vers certaines dérives de la mondialisation et du capitalisme comme l’obsolescence programmée. En rendant certains meubles difficilement réparables, le cycle de remplacement des produits se trouve artificiellement accéléré. L’intérêt du marchand de meubles est de vendre souvent, et tous les moyens sont bons, qu’ils relèvent du marketing, comme des changements de modes du mobilier, ou de la technique, comme avec les fragilités de conception. Dans une région où l’on parle de plus en plus des dégâts écologiques de la mode vestimentaire, il faut bien admettre que lesdits intérieurs sont entrain de suivre le même chemin que la fast-fashion que d’aucuns veulent réglementer. Mais c’est un phénomène d’autant plus surprenant qu’il existe un gros marché de l’occasion. En chinant dans une brocante d’Eurysie occidentale, dans une vente aux enchères ou bien sur des sites de ventes d’occasion de la région, il est facilement constatable qu’il est courant de trouver des meubles de styles en merisier ou en chêne pour moins cher qu’un meuble étranger en contreplaqué, meuble qui soit dit en passant s’apparente à du semi-jetable et qui ne sera gardé que rarement plus de quinze ans. Le mystère semble donc demeurer entier ; les Eurysiens n’ont jamais eu autant de possibilités techniques pour réaliser leurs aspirations esthétiques, et pourtant produisent de plus en plus grossier et éphémère. Il existe plus de machines et outils pour travailler le bois qu’il n’y en a jamais eu, et pourtant, les meubles en aggloméré trônent sur des pieds cylindriques ou rectangulaires absolument basiques qui se cassent au bout de quelques années. Derrière les industriels, il se cache des gens qui ont non seulement préparé le terrain aux industriels, mais encore favorisé l’uniformisation des intérieurs. En cherchant à définir le logement décent au début du XX siècle, de nombreux ministères ont adopté, dès la moitié du même siècle, un certain nombre de normes pour la construction de logements sociaux, régissant exclusivement la taille et le nombre de pièces, rien de plus. En outre, les architectes puristes, brutalistes et rationalistes étaient fait pour s’entendre avec les bureaucrates et les urbanistes, non par leur simple carrière d’architecte, mais aussi en tant que visionnaires et réformateurs sociaux en puissance. Ils voyaient dans leurs capitales un fatras s’étalant sur le sol, comme une croûte sêche qu’il convenait de retirer pour faire place à des gratte-ciel en verre. C’est dans cet esprit qu’une grande partie des pavillons de la classe ouvrière a été nettoyée et emportée, pour être remplacée par la ville « verticale ». Quant aux bâtiments eux-mêmes, ils se présentent avec force comme des « machines à habiter », même si « à subsister » serait peut-être plus juste. Ligne droite et angle droit règnent en maîtres : aucune courbe, aucune touche décorative légère, aucun matériau apaisant ne vient ajouter de la chaleur à l’acier, au verre et au béton, rien de ce que ce milieu d’architectes aurait condamné comme « spéculation esthétique ».

Que pensent les locataires de leurs immeubles ? Ils nous le disent avec leur urine. Les espaces publics et les ascenseurs des immeubles de logements sociaux dérivés du brutalisme, du purisme et du rationalisme sont régulièrement imprégnés d’urine, d’une telle profondeur que l’odeur est impossible à faire partir. Et tout ce qui pouvait l’être a été cassé. Les personnes qui habitent ces appartements sont complètement isolées. Tout ce qui les relie, c’est le bruit qu’elles font, souvent considérable, qui traverse les murs, les plafonds et les sols de piètre qualité. La vague crainte que les normes sur la dignité de l’habitat ne puissent pas suffire à assurer une vie urbaine digne a fini par se frayer un chemin dans l’esprit des fonctionnaires. Pour seule réponse, une vague de construction de centres communautaires a vu le jour, tous construits en béton, coupés en grandes pièces grises et tristes, radicalement impossibles à chauffer. Ces architectes maximalistes ne souhaitent pas se contenter de faire des façades et des plans pour répartir les pièces à vivre, veulent aussi déterminer le mobilier, la décoration intérieure et le mode de vie des habitants. Il s’agit bien souvent d’idéologues aux relents totalisants, qui construisent des cités quasi-carcérales, où les habitants ont presque autant de liberté que les petites figurines de maquettes d’architecture. D’ailleurs, ceux-ci pensent généralement des intérieurs qu’ils doivent être vidés de toutes décorations personnelles pour être homogènes et blancs, une pensée ayant donné une tirade quelque peu plus connue et qui laisse transparaitre l’argument marketing : « Chaque citoyen est tenu de remplacer ses tentures, ses damas, ses papiers peints, ses pochoirs, par une couche pure de peinture blanche. On fait propre chez soi : il n’y a plus de coin sale, ni de coin sombre : tout se montre comme ça est. Vous serez ensuite maître de vous. » Toujours pour ceux-ci, vouloir décorer son intérieur est déjà une prétention « d’épicier parvenu », dont ils soupçonnent qu’il aspire secrètement à l’aristocratie. Ils suggèrent donc, partout d’imposer un décors blanc, minimaliste, vidé de toute personnalisation, et cet intérieur homogène et blanc vidé de toute scorie bourgeoise accompagne l’égalitarisme auquel ils aspirent. Les constructions auxquelles ont participé lesdits architectes, particulièrement des mouvements architecturaux cités précédemment, ou qu’ils ont inspiré à d’autres architectes privent ainsi la plupart des Eurysiens du plaisir des amitiés ou du lien social tout en atrophiant le sens esthétique et l’émerveillement du commun. Ils ont, plus encore, le tort d’avoir rompu l’éducation esthétique qui allait naturellement avec des intérieurs plus richement meublés et décorés, car, si d’aventure les habitants veulent se révolter contre les intérieurs impersonnels, un obstacle nouveau se dresse sur leur route, celui de la méconnaissance. En effet, et ce sera le mot de la fin, un autre de nos sondages sur la même population nous a permis de révéler que la moitié des sondés avouaient ne connaître aucun style de meuble parmi une sélection de quatre styles eurysiens du XVIII et XIXe siècles, et que deux tiers de ceci n’arrivaient pas à distinguer au moins deux des quatre styles présentés.




L'article ci-dessus, rédigé par Nishi & Nagatani Uchiwaga, journalistes professionnels, a été publié dans le journal Akitekucha no rebyu.

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Société : annonce de plébiscite pour une mutation du régime

13 septembre 2013



Les récentes élections locales ont bouleversé la structure centralisée de Maronhi, poussant les institutions à envisager une transformation radicale vers un modèle de gouvernance plus décentralisé. Alors que des voix influentes au sein de l'assemblée mannale appellent à un modèle fédéralisé, les tensions entre centralisation et autonomie locale deviennent de plus en plus pressantes. Cette transition, marquée par des aspirations autonomistes croissantes, pourrait réformer profondément le paysage politique et social du pays. Un plébiscite national sera donc prochainement organiser pour sonder l'opinion populaire sur les modalités d'une telle mutation.


Depuis des décennies, le pays est dirigé par une structure centralisée sous l'autorité de la Gran Man, le conseil de l'assemblée mannale et le système des sept provinces. Cependant, la nouvelle dynamique entamé par les dernières élections locales a poussé les institutions maronhiennes à envisager plus sérieusement une transformation radicale, déjà mentionné par le clan Kouyouri, vers un modèle plus favorable aux prises d'initiatives locales, pour les localités elles-mêmes, ce en échange d'une consolidation de la prise de décisions au niveau du régalien entre les mains du grand mandat mannal. Les prises de position favorables à une telle transformation se chargent d'autant plus en importance qu'elles prennent racine dans un contexte de débat poussant à séparer dans nos réflexions l'objet régime politique de l'objet pays. Il convient alors, de plus en plus, que le bien de l'un n'est pas forcément en adéquation avec le bien de l'autre, et que les constituants d'un régime se doivent d'apprendre à adapter celui-ci aux besoins d'un temps spécifique, de tendre et de détendre des institutions selon l'idéal fixé, de s'auto-réformer pour éviter toute implosion. La Maronhi a longtemps été caractérisée par une gouvernance centralisée, bien qu'à l'écoute des territoires, ce par un système de représentation national fait expressément pour permettre une constante dynamique entre le pouvoir et l'ensemble des communes du pays. La Gran Man, en tant que guide, et l'assemblée mannale, représentant les diverses régions, ont maintenu une unité nationale forte jusqu'à aujourd'hui, ce après le terrible déchirement que connu le territoire dans la décennie 1950. Cette structure a permis de stabiliser le pays après des périodes de conflits internes et d'invasions étrangères. Cependant, l'homogénéisation exaltée par l'assemblée mannale sous notre régime dans ses premières décennies, principalement politique, quelquefois culturelle, a parfois étouffé les particularismes régionaux et les identités locales. Au fil des années, des revendications autonomistes et identitaires ont émergé, et si parfois des concessions ont été faites en raison de la favorabilité accrue des représentants officiels des territoires pour celles-ci, nombreuses sont les demandes qui se sont heurtées au principes fondamentaux de notre régime, et notamment à sa constitution. Des incidents récents ont mis en lumière les tensions qu'une telle situation pouvait entraîner, avec des manifestations et des heurts entre habitants anciennement et nouvellement installés, ainsi qu'avec les représentants du pouvoir central.


Face à ces pressions, la Gran Man et l'assemblée mannale ont reconnu la nécessité d'un changement. Des voix influentes au sein de l'assemblée ont proposé une transition vers un modèle fédéralisé, où les régions auraient plus de contrôle sur leurs affaires internes, ce couplé à une prise d'initiatives plus conséquente accordée aux communes. La Maronhi, de par sa situation géographique particulière, et son histoire marquée par une installation des populations en colonies, fait face à une situation où une même population peut être dispersée en diverses localités sur le territoire national tout en ayant plusieurs populations situées en de petits espaces. Il s'agirait donc, en plus d'accentuer le caractère démocratique exclusivement local des communes, d'offrir aux populations maronhiennes les moyens de protéger leurs particularités. Il existe un risque que l'application de telles modalités exacerbe les différences, menaçant ainsi l'unité nationale. Cette proposition vise donc à poursuivre la politique de restauration de privilèges au-delà des limites imposées par les lois fondamentales de la République Nationale-Socialiste de Maronhi en se détachant de celles-ci par une mutation du régime. Il sera néanmoins essentiel de trouver un équilibre entre autonomie locale et solidarité nationale pour éviter toutes dérives sécessionnistes. La transition vers un modèle fédéralisé ne sera pas sans résistances. Certains membres de l'élite politique, habitués mais surtout convaincus par la centralisation actuelle ou le modèle de l'État unitaire, aujourd'hui minoritaires dans la représentation nationale mais néanmoins influents, pourraient voir cette évolution comme une menace à leur incidence dans la politique publique. Convaincre ces acteurs de l'importance et des bénéfices de la réforme sera crucial. Mettre en place un système fédéralisé nécessite une révision complète de la constitution et des lois. La redéfinition des compétences entre le gouvernement mannal, les entités provinciales et les localités sera une tâche complexe, nécessitant un temps d'adaptabilité et une adhésion populaire. C'est pourquoi une telle mutation ne pourra se faire qu'après la validation populaire par plébiscite national une fois qu'un programme de transformations à venir sera officialisé.

Aman de l'assamblée mannale en tenues d'apparat avec sabres de fonction, photographie, 2013. / Sanctuaire de la Grande Patrie à Siwa, photographie, 2013..
(Gauche) Aman de l'assamblée mannale en tenues d'apparat avec sabres de fonction, photographie, 2013.
(Droite) Sanctuaire de la Grande Patrie à Siwa, photographie, 2013.

L'histoire et la situation mondiale sont telles qu'un processus de réforme réussi doit nécessairement, par les temps que nous traversons, impliquer une large consultation publique. Ainsi, les Maronhiens, les organisations civiles et les représentants locaux doivent être vivement inclus dans le débat précédant le plébiscite définitif pour garantir que la transition reflète au mieux les aspirations de la population. La révision de la constitution et des lois fondamentales seront des étapes cruciales. Les changements devront définir clairement les compétences et les responsabilités des différents niveaux de gouvernement, tout en établissant des mécanismes de coopération et de résolution des conflits. La création de nouvelles institutions provinciales efficaces sera essentielle pour assurer une gouvernance locale autonome et responsable. Ces institutions devront être dotées des ressources et des pouvoirs nécessaires pour remplir leurs nouvelles fonctions. Par exemple, chaque province (kuni) pourrait disposer d'une autonomie significative, tout en faisant partie intégrante d'une fédération forte, qu'incarnerait donc la Maronhi, placée entre les mains du grand mandat mannal s'assurant principalement de l'exercice du pouvoir régalien. Un modèle comme celui-ci, dont des déclinaisons existent bel et bien au quatre coins du monde, montre comment l'équilibre entre autonomie régionale et unité nationale peut être atteint, et comment une coopération intergouvernementale efficace peut être mise en place. Le système de communautés autonomes offre un autre exemple d'application d'idéal fédéraliste, bien que plus complexe, mais qui pourrait bien trouver un ancrage en Maronhi. L'expérience de contrées calquées sur ce dernier modèle souligne l'importance de permettre des spécificités territoriales tout en maintenant l'intégrité nationale.



La transition vers un modèle fédéralisé pourrait renforcer et éclaircir les secteurs d'application d'expériences démocratiques en Maronhi, dont l'idéal qui semble se dégager jusqu'ici chercherait non une participation occasionnelle à la nomination d'un gouvernant pour justifier la pérénnité d'une caste, mais une application direct, sur les localités, les réalités tangibles et le quotidien des Maronhiens, ce en rapprochant une partie du pouvoir, la prise de décisions, au plus proche de ceux-ci. Les petites mesures politiques étant fortement liées aux grandes, et notamment pour la situation économique du pays sur les situations personnelles des travailleurs, la représentation des localités à l'échelle nationale - par l'intermédiaire de l'assemblée mannale - de par l'importance qu'elle constitue, verra sans doute son existence se poursuivre. Il est d'ailleurs possible que puisse s'y ajouter un système de représentation locale auprès d'assemblées provinciales afin de seconder les gouverneurs mis en place par le grand mandat mannal. Cette participation accrue des populations locales aux processus décisionnels, visiblement attendus selon les derniers sondages sur la question, pourrait revitaliser la politique locale tour en renforçant rapidement la légitimité de toutes nouvelles institutions. Une mutation du régime permettrait donc de passer outre les limitations imposées par le paysage politique lors de la composition de l'Union Nationale pour instaurer la paix et la stabilité entre les seigneurs de guerre au lendemain de la guerre civile. L'actuelle politique économique distributivisante pourrait, de la même manière, être poursuivie en éliminant les limites socialisantes inscrites dans les lois fondamentales de la patrie, libéraliser et privatiser à petites échelles - par un dispositif anti-concentration et antitrust - en remettant les secteurs publics aux mains d'associations de métier. En reconnaissant les aspirations des localités et des provinces à plus d'autonomie et en s'engageant dans une réforme constitutionnelle audacieuse, la Gran Man et l'assemblée mannale pourraient ouvrir une nouvelle ère de prospérité. Le succès de cette transition dépendra de la volonté politique, de la participation populaire et de la capacité à équilibrer les intérêts régionaux et nationaux.




L'article original ci-dessus, rédigé par Maitowa Masanobu, journaliste indépendant, a été commandé par le Kongoinko.

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Triomphe : victoire de la Gran Man sur une conspiration moïste

23 octobre 2013



La Gran Man a tenu hier un triomphe sur la Voie Dorée en l'honneur de sa victoire et de celle du pays tout entier sur une conspiration impliquant des représentants politiques, des militaires et des orpailleurs illégaux en vue de déstabiliser les territoires. Acclamée comme Shōgun au sanctuaire de Matsui par l'Assemblée mannale après l'ovation de la population et des armées, Dame Awara Kouyouri a renforcé son pouvoir et unifié la patrie, ouvrant une nouvelle ère politique pour la Maronhi.


En cette fin de période de bal des fantômes, où les Maronhiens et Maronhiennes sortent en famille la nuit tombée pour provoquer quelques frissons, la grande patrie de Maronhi a été témoin d'une victoire éclatante, menée à bien par sa dirigeante, la Gran Man Awara Kouyouri, dite « la nourricière » qui, à la suite d'une conspiration déjouée derrière le voile du grand bois, s'affirme plus que jamais comme une figure de paix et de stabilité. La récente conspiration, qui impliquait quelques uns des représentants de l'Assemblée des Man, des élus locaux, certains éléments des armées, ainsi que des orpailleurs illégaux, visait à déstabiliser le pays par une entreprise de détournement de matériel militaire, de corruption de représentants locaux et de formation de groupuscules armés. Mais la détermination et la perspicacité du grand mandat mannal et de ses soutiens ont permis de mettre en échec cette menace. En premier lieu, cette affaire s'engage par une opération classique de démantèlement de camp d'orpaillage illégal dans les profondeurs de l'arrière-pays maronhien, en zone forestière. Ce qui semblait être une simple mission de routine s'est rapidement transformé en une découverte stupéfiante. Les orpailleurs arrêtés n'étaient pas de simples exploiteurs de ressources naturelles à la recherche de quelques richesse à portée de pioche ; ils étaient les rouages d'une entreprise bien plus vaste impliquant des personnalités de la représentation nationale et des armées. Il a été révélé que ces orpailleurs étaient en réalité financés par des éléments élus et/ou dissidents, et qu'ils servaient eux-mêmes à financer des groupuscules armés moïsto-socialistes. Ces groupuscules avaient pour objectif de fomenter des insurrections dans l'arrière-pays, menaçant ainsi la stabilité et la sécurité de toute la Maronhi. La découverte de ces liens inquiétants a déclenché une série d'enquêtes qui ont permis de remonter la piste jusqu'à des individus influents au sein même de l'Assemblée des Man et d'autres élus locaux, puis de tuer directement dans l'œuf cette ébauche de conspiration. Ces figures, en complicité avec certains éléments déviants des armées, avaient pour ambition de fragiliser le gouvernement central et de promouvoir des intérêts séditieux ou tout simplement hostiles au clan Kouyouri. Mais c'était sans compter sur la vigilance de la Gran Man ainsi que des sections d'espionnage et d'enquête associés à son mandat.

Face à cette menace, la Gran Man Awara Kouyouri a su agir avec une efficacité et une exemplarité redoutables, dignes des préceptes de sagesse confucéenne et des bénédictions lui ayant été accordées par l'empereur Tadashi à Siwa. Les forces loyalistes, sous son commandement direct, ont rapidement neutralisé les comploteurs. Les arrestations se sont succédé, démontrant une coordination exemplaire entre les divers corps des armées, les services de renseignement et la police. Les orpailleurs arrêtés ont été interrogés et leurs aveux ont permis de mettre à jour l'étendue du complot. Les investigations ont révélé non seulement les noms des principaux conspirateurs, mais aussi les détails de leurs plans pervers pour déstabiliser le pays par ses voies les moins vaillantes. En réponse à ces événements, la Gran Man a ordonné une série temporaire de mesures de sécurité renforcées, notamment autour des institutions clefs et des zones sensibles. Selon ses propres déclarations par voies radiophonique et télévisuelle, les représentants impliqués dans la conspiration ont été immédiatement destitués de leurs fonctions et mis en état d'arrestation, en attendant leur procès ; les enquêtes se poursuivent pour identifier d'éventuels acolytes encore non démasqués et pouvant être d'un atout considérable dans la bataille juridique prochaine. Cette prise de parole publique a aussi été l'occasion d'annoncer aux Maronhiens une nouvelle grossesse dont le terme serait prévu pour la fin du mois de mai de l'an prochain, ce accompagné très naturellement d'une retraite partielle des affaires de l'État pour les derniers mois de cette dite grossesse. Ce recul des affaires publiques devrait coïncider avec les dernières phases de discussions en compagnie du Pavillon des laborieux, de l'Assemblée mannale, des commissions d'enquête et d'autres instances représentatifs des territoires pour une potentielle mutation du régime, et amenuiser ainsi au mieux l'ingérence du grand mandat mannal dans les prises de décision. Dame Hatsue Yanuwo, Dame Lyu Sato et Sieur Inaba Masawi formeront en son absence un corps tricéphale, un triumvirat, pour mener à bien les missions et prérogatives de la Gran Man.

Les Aman acclament Dame Kouyouri par le titre de Shogūn devant la Chaire du Triomphe au sanctuaire de Matsui, photographie, 2013. / Portrait de Dame Awara Kouyouri, Gran Man et Shogūn de Maronhi, salle d'armes du fort de Matsui, photographie, 2013.
(Gauche) Les Aman acclament Dame Kouyouri par le titre de Shogūn devant la Chaire du Triomphe au sanctuaire de Matsui, photographie, 2013.
(Droite) Portrait de Dame Awara Kouyouri, Gran Man et Shogūn de Maronhi, salle d'armes du fort de Matsui, photographie, 2013.

Les peuples de Maronhi, profondément attachés à la figure de Dame Kouyouri, avec le concours des Aman et des armées, ont tenu à exprimer leur reconnaissance à celle qui a su déjouer, en compagnie des éléments loyaux au gouvernement et au mandat mannal, une conspiration aussi périlleuse pour la sécurité des territoires enclavés du grands bois. La cité de Siwa, capitale bicentenaire de Maronhi, a tenu à être le théâtre du triomphe et des célébrations organisées en l'honneur de la Gran Man Awara. Des foules immenses se sont rassemblées sur la Voie Dorée, la grande avenue qui traverse la ville, pour saluer leur dirigeante et son escorte. Alors qu'une pluie aussi abrupte qu'intense semblait menacer le bon déroulé du triomphe, les femmes d'Urawa, de Waji et des Îles de Nacre qui composent généralement l'escorte féminine de Dame Kouyouri ont entonné en chœur le chant des larmes des démons par-dessus la cacophonie de la foule et du déluge, faisant aussi tôt cesser cette dernière dans un grand moment de déférence que semblaient témoigner tant l'assemblée que les éléments. Après la population, ce sont les armées elles-mêmes qui ont acclamé la dirigeante. Les festivités ont culminé lorsque la Gran Man, accompagnée de ses plus proches conseillers et alliés, a parcouru la Voie Dorée en char de parade jusqu'au sanctuaire de Matsui, lieu symbolique s'il en est. Là, l'Assemblée mannale, en reconnaissance de ses actions déterminées et de sa capacité à maintenir l'harmonie dans le pays, lui a conféré le titre honorifique de Shōgun et l'a acclamé à huit reprises par celui-ci. Ce titre, jadis réservé aux plus grands généraux pacificateurs de l'histoire maronhienne, symbolise la reconnaissance de la Gran Man non seulement comme cheffe suprême des armées, mais aussi comme garante de la paix et de l'ordre dans toute la Maronhi. Le titre de Shōgun ne fait pas qu'ajouter un prestige supplémentaire à la Gran Man Awara Kouyouri ; il lui confère aussi une autorité morale et politique sans précédent. En devenant Shōgun, la Gran Man incarne désormais l'unité entre le pouvoir militaire et le pouvoir civil, unifiant ainsi sous sa direction les forces armées et les peuples, les aristocraties guerrières et civiles, pour le bien de la grande patrie.

Cette victoire éclatante et la reconnaissance qui en découle ne sont pas seulement des triomphes personnels pour la Gran Man ; elles marquent également un tournant majeur pour la Maronhi, le mandat mannal et la légitimité du clan Kouyouri. Le pays, qui a longtemps lutté contre les menaces externes puis internes, qui s'est rassemblé d'une voix pour sa stabilité en faisant de l'ordre et de la justice ses phares, semble aujourd'hui trouver dans l'harmonisation de sa société et la mise au pas de ses adversaires, l'occasion d'ouvrir une nouvelle ère pour les libertés provinciales ; en témoigne l'extrême loyauté des populations de l'arrière-pays qui permirent la vigoureuse réaction du mandat mannal à cette conspiration. L'acclamation de la Gran Man en tant que Shōgun est perçue par beaucoup comme un présage favorable pour le futur du pays. D'ailleurs, ce triomphe est particulièrement significatif dans le contexte des délibérations actuelles des instances compétentes sur une potentielle mutation du régime. La victoire de la Gran Man et son ascension avec un passage du titre de Shōgunmei, c'est-à-dire de cheffe suprême des armées, à celui de Shōgun, qualité décernée aux dirigeants démontrant leurs vertus dans la victoire militaire, ne font que renforcer sa position et son influence dans ces discussions cruciales. Certains experts politiques n'hésitent pas à affirmer que ce triomphe pourrait être le catalyseur d'une transformation historique du régime, consolidant encore davantage le pouvoir de la Gran Man autour d'un processus de monarchisation et offrant à la Maronhi une nouvelle ère de prospérité, de paix et de liberté civiles. Ainsi, le triomphe de la Gran Man Awara n'est pas simplement une victoire sur une énième conspiration ; c'est une affirmation de la force, de la justice et de l'unité maronhiennes. En tant que Shōgun, la Gran Man incarne désormais la figure de la paix et de l'ordre, guidant la Maronhi vers un avenir où l'harmonie et la stabilité règnent en maîtres. Les célébrations et le triomphe tenus à Siwa ne sont qu'un prélude à la nouvelle ère qui s'annonce, une ère où le plateau maronhien, sous la conduite et les auspices de Dame Kouyouri et de ses successeurs, s'affirme comme une patrie forte, unie, et résolument tournée vers l'avenir par les anciennes et les nouvelles voies.




L'article ci-dessus, rédigé par Atagi Ikomagawa, journaliste indépendant, a été publié dans le journal Siwanyūsu.

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Musique : titres les plus écoutés de 2013

29 novembre 2013



Voici la liste des cinq premiers titres du classement musical reflétant la popularité des musiques les plus vendues et écoutées de l'année 2013 en Maronhi. Comme il en est de coutume, les chanteurs et chanteuses nominés seront appelés pour participer au Grand Concert du solstice d'hiver dans la nuit de 21 au 22 décembre.
Résultats des années 2012, 2011, 2010, 2009, 2008 et 2007.


  • 1
  • Ren Meng - Destin

  • 2
  • Kimi Ara - Terre de beauté

  • 3
  • Caowa Yankogwi - Je vois

  • 4
  • Umi Eoka-Sowaji - Mélodies volatiles

  • 5
  • Tawa Tokopa - Sortir le démon


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    Société : état des discussions préliminaires au plébiscite

    15 janvier 2014



    Les discussions et débats préliminaires au plébiscite pour une mutation du régime maronhien et une adaptation aux exigences de la période portent sur la décentralisation, la redéfinition des pouvoirs, et la modernisation des institutions, avec un consensus émergent autour d'une monarchie héréditaire basant sa légitimité sur le principe confucéen de droit vertueux, alliant une fédéralisation ou décentralisation par subsidiarité avec assermentation du souverain par charte constitutionnelle. Cette transition, perçue comme une opportunité unique pour renforcer les plus hautes comme les plus basses instances du pays, marque potentiellement le début d'une nouvelle ère pour la Maronhi, tant sur le plan institutionnel, économique, diplomatique, qu'idéologique.


    Depuis l'annonce de plébiscite pour l'an 2014 depuis la dernière période du Mirage des Lointains, l’actualité maronhienne demeure principalement marquée par les discussions préliminaires autour de la potentielle mutation du régime politique. Ces discussions impliquent l’Assemblée mannale, les commissions d'enquête, le Pavillon des Laborieux, ainsi que des représentants de diverses corporations et des spécialistes constitutionnels des sept provinces. Ces pourparlers, cruciaux pour l'avenir institutionnel du pays, visent à réformer en profondeur les structures de pouvoir, les charges officielles, ainsi que les lois constitutionnelles régissant la Maronhi. Le pays traverse une période de transition politique marquée par une volonté générale d'adapter ses institutions au besoin de l'époque sans trahir l'idéal des pères de la patrie, ce en faisant côtoyer l'idéal aristocratique et le sentiment favorable à la subsidiarité des populations du territoire. La Gran Man, Awara Kouyouri, figure centrale du pouvoir, a initié ces discussions en réponse aux nécessités identitaires et communautaires, aux besoins de participation populaire aux petites et moyennes échelles de l'État, ainsi qu'à l'aspiration du pays pour une nébuleuse d'idéaux dans la verticalité, l'autorité, l'excellence, la voie du milieu, etc. De plus, des événements récents, notamment la mise en échec de la dernière conspiration moïste, ont révélé les liens de confiance et de fidélité mutuelles entre les autorités locales de l'arrière-pays et nationales et encouragé l'assurance des décideurs pour favoriser les libertés locales et provinciales. Plus globalement, situation de l'État a conduit à une réflexion sur la nécessité de réformer le régime pour garantir une meilleure stabilité et cohérence dans l’exercice du pouvoir. Les discussions sont complexes, car elles impliquent de nombreux acteurs ayant des visions parfois divergentes. L’Assemblée mannale, composée de représentants élus et de dignitaires, joue un rôle crucial en tant que plateforme de débat et de décision. Les commissions d’enquête, mandatées pour examiner les lacunes et les défis du système actuel, fournissent des analyses détaillées qui alimentent les discussions. Le Pavillon des Laborieux, regroupant des représentants des classes populaires et ouvrières, met en avant les préoccupations sociales et économiques, tandis que les représentants des corporations expriment les intérêts des différents secteurs économiques.

    Le cœur des discussions porte sur la réorganisation des pouvoirs de gouvernement, de législation et de justice, ainsi que sur la redéfinition des rôles et responsabilités de chacun. La question de la décentralisation est également centrale. Il s'agit de savoir comment articuler un pouvoir central fort avec une autonomie locale accrue, conformément au principe de subsidiarité. Ce principe, qui implique que les décisions soient prises au niveau le plus proche des individus, est au centre des débats sur la décentralisation des pouvoirs. Les réformes proposées incluent également une révision des lois constitutionnelles pour les adapter aux réalités actuelles du pays. Il s’agit de renforcer la légitimité du régime tout en assurant une plus grande participation des populations et des localités à la vie politique. Cela passe par une modernisation des institutions, une clarification des rôles du chef d'État et de ses conseillers, ainsi qu'une meilleure définition des pouvoirs dévolus aux assemblées provinciales ainsi qu'aux communautés. Un consensus semble se dessiner autour d’un modèle de monarchie héréditaire de droit vertueux, décentralisée par subsidiarité et assermentée par charte constitutionnelle. Ce modèle, inspiré par l'héritage distributif et aristocratique maronhiens, les principes confucéens dans la légitimité du gouvernement et la nécessité d'une limitation claire des divers pouvoirs, propose une monarchie où le pouvoir est exercé non seulement en fonction du lignage, mais surtout en vertu des qualités morales et éthiques du souverain. Le principe du droit vertueux, centrale dans la conception politique du confucianisme en Maronhi, implique que le monarque, tout en étant héritier d’une dynastie, doit prouver son aptitude à gouverner selon des principes de justice, d'humanité, de sincérité, de sagesse et de respect. La décentralisation par subsidiarité garantirait quant à elle que les collectivités locales conservent une large autonomie, avec des pouvoirs décisionnels significatifs, tout en étant intégrées dans un cadre national harmonisé. Enfin, l’assermentation par charte constitutionnelle introduirait, comme il est déjà le cas sur les prérogatives du grand mandat mannal de la constitution de 1965, une forme de contrat social où le pouvoir du monarque est limité par des textes fondamentaux, garantissant les droits et les devoirs des citoyens.

    Collection dite des Neuf Confucius dans la cour de la forteresse de Matsui, photographie, 2014. / Représentants élus du Pavillon des Laborieux en sortie de séance à Siwa, photographie, 2014.
    (Gauche) Collection dite des Neuf Confucius dans la cour de la forteresse de Matsui, photographie, 2014.
    (Droite) Représentants élus du Pavillon des Laborieux en sortie de séance à Siwa, photographie, 2014.

    Les discussions préliminaires ont déjà produit des résultats concrets. Un accord de principe a été trouvé pour renforcer les pouvoirs des assemblées locales tout en consolidant l'autorité de la Gran Man au niveau national. Il est également question de redéfinir les fonctions du Shōgun, titre récemment attribué à la Gran Man Awara Kouyouri, afin de mieux intégrer ce rôle dans le nouveau cadre institutionnel. Ce titre, symbole de la pacification et de l’unification du pays, pourrait devenir l’une des clef de voûte du nouveau régime, en incarnant l’autorité morale et militaire nécessaire pour maintenir l’ordre et l’harmonie. Les commissions d’enquête ont recommandé une série de mesures pour renforcer la transparence et l'efficacité du gouvernement, notamment par la création de nouvelles institutions de contrôle et de régulation. Ces mesures visent à prévenir les abus de pouvoir et à garantir que le régime reste fidèle aux principes du droit vertueux. De même, le Pavillon des Laborieux et les représentants des corporations ont mis en avant l’importance de garantir une juste représentation des intérêts populaires et économiques dans les nouvelles structures de pouvoir. Le modèle de monarchie héréditaire de droit vertueux décentralisée par subsidiarité et assermentée par charte constitutionnelle semble rencontrer un large soutien parmi les différents acteurs des discussions. Ce modèle est perçu comme une réponse équilibrée aux défis actuels de la Maronhi, offrant de plus une synthèse des avantages des régimes ayant jalonné l'histoire du pays jusqu'à nos jours, faisant rencontrer centralisation et décentralisation, autorité et participation populaire. Le sentiment majoritaire semble être que ce modèle permettrait de préserver l’unité et la cohésion du pays tout en renforçant les libertés locales et en assurant un gouvernement fort et responsable. Il s’agit de créer un régime qui, tout en respectant les racines historiques et culturelles de la Maronhi, soit capable de s’adapter aux exigences du XXIe siècle. Ce modèle est également vu comme un moyen de renforcer la légitimité de la Gran Man et de garantir que le pouvoir reste entre les mains de ceux qui sont à la fois moralement aptes et soutenus par le peuple.

    Les discussions ne sont pas encore terminées, mais les premières orientations sont encourageantes, et seront suivies par la consultation des localités courant du mois de mars pour d'éventuels retours. La transition vers un régime monarchique héréditaire basée sur une légitimité de droit vertueux, même en rencontrant des oppositions minoritaires, semble désormais probable, avec un calendrier de réformes qui pourrait s’étendre de plusieurs mois à quelques années. Les prochaines semaines seront décisives pour finaliser les détails de cette mutation institutionnelle et pour obtenir le soutien nécessaire à sa mise en œuvre. La bénédiction de la Gran Man, puis son acclamation en tant que Shōgun ont déjà renforcé son autorité et sa légitimité auprès des corps civils et miliaires, et le succès des réformes à venir pourrait bien confirmer sa place dans l’histoire de la Maronhi comme l’une des grandes réformatrices du pays. Donc, si le modèle de monarchie héréditaire de droit vertueux couplé à des principes de décentralisation par subsidiarité et d'assermentation par charte constitutionnelle est adopté, il pourrait marquer le début d’une nouvelle ère dynastique pour le plateau maronhien, pleinement affirmée, gardienne de la sève de l'idéal et passeuse du feu de la tradition, mais aussi sentinelle des libertés laborieuses, entrepreneuriales, locales, familiales et communautaires en des temps où elle devra discerner avec droiture le progrès de la trahison, l'héritage de la stagnation, pour offrir au pays un avenir à la fois stable et prospère. Le processus de mutation du régime, bien que complexe, se révèlera sans aucun doute comme une opportunité unique pour la Maronhi de redéfinir ses institutions et de renforcer son identité en tant que patrie unie et plurielle, mais surtout harmonieuse. Les discussions actuelles montrent que le pays est prêt à relever ce défi, avec une vision claire de ce que pourrait être son avenir. Les prochains mois seront cruciaux pour transformer cette vision en réalité, et pour inscrire la Maronhi dans une nouvelle phase de son histoire politique.




    L'article ci-dessus, rédigé par Ichijowa Michikamori, journaliste indépendant, a été publié dans le journal Ogata Rōdō-Shi.

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