15/06/2013
16:03:30
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Activités étrangères dans l'Empire Listonien - Page 22

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L’horreur

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C’est une vidéo toute simple, prise d’un seul plan, venant souligner en contraste toute la froide brutalité des images. Dans un décor luxuriant, s’avancent sur un terrain de terre quatre individus en habits civils. Un homme fin et élancé, vêtu d’un costume quelque peu étrange pour le climat, à ses côté un homme barbu et vêtu légèrement, bedonnant. Deux mètres devant eux, un Pharois, reconnaissable sinon à son uniforme – la marine du Syndikaali n’en porte pas – aux couleurs de l’écusson sur son épaule, orange, noir et blanc. Un zoom attentif sur celui-ci révèle son statut de capitaine et d’officier. A son bras va une élégante jeune femme, elle sourit, habillée d’une robe blanche qui s’agite dans la brise. Elle semble heureuse et salue ce qu’un léger travelling de la caméra révèle être une colonne de véhicules militaire, arborant pavillon pontarbellois. Le Pharois porte un microphone à sa bouche :

- « Chers amis, vous vous trouvez ci-présent en face d'un territoire Pharois souverain. Les diplomates à mes côtés sont madame Evangelista Isaias mandatée par le gouverneur O Prefeito du Shibh Jazirat Alriyh, monsieur Arthuro Leon diplomate de la République Hafenoise et monsieur Fabricio di Flor porte-parole de Porto Mundo, tous trois acteurs majeurs dans le processus d'indépendance des ex-colonies listoniennes. »

On le voit ensuite réaliser, de son bras libre, un salut militaire en direction de la colonne de véhicule.

- « Capitaine Jaska, officier de marine du Pharois Syndikaali, votre représentant est le bienvenue pour venir discuter en bonne compagnie. »

Le temps semble soudain suspendu et puis…
… l’horreur.

Plusieurs éclairs de lumières proviennent des pontarbellois et la robe blanche éclate de rouge et le chaos, la caméra peine à suivre, probablement que le soldat qui la manipule a ouvert le feu également. Les détonations saturent le son et les vibrations dans l’air, provoquées par les coups de feu, brouille l’image qui tremble. Le rouge, juste le rouge. Le rouge sur une robe blanche. L’horreur.


L’annonce de l’attaque de l’enclave pharoise du Pontarbello avait été suivi par une communication relativement discrète de la part des autorités du Syndikaali, comme si celles-ci avaient tenue à préparer leur communication, ou à laisser monter l’émoi et l’incompréhension de la population face à une situation difficilement compréhensible.
Puis, un matin, avait été annoncé à la presse une prise de parole conjointe de la part de l’Amirale Iines, cheffe de l’état-major du Syndikaali, accompagnée du ministre de la Défense territoriale, le Citoyen Sakari, ainsi que du maire de Porto Mundo, Edmudo Estrella, du délégué présidentiel de la République Hafenoise, monsieur André Marquez, et de monsieur Filipe Guimor, représentant du Gouverneur de Shati Alqahwa, son Excellence Paolo O Prefeito.

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L'Amirale Iines, le ministre Sakari de la Défense territoriale, le maire de Porto Mundo, Edmudo Estrella

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Le délégué présidentiel André Marquez, le représentant impérial monsieur Filipe Guimor

Les quatre entités politiques à avoir perdu un ambassadeur ce jour-là, lâchement assassinés par une force militaire manifestement hostile au dialogue, et prête à toutes les horreurs, y compris bafouer les règles de la diplomatie internationale pour leur soif de sang.

Alors que cessait le crépitement des flashs d’appareils photos, le ministre Sakari, qui était le plus jeune du groupe, approcha son micro.

Sakari : « Je vous remercie d’être présents pour cette conférence de presse. Nous sommes désolés d’avoir tardé à développer la position officielle du Syndikkali et donner de plus amples explications sur les événements tragiques du Pontarbello mais étant donné la manière dont ceux-ci se sont déroulés et les différents acteurs impliqués et venus de plusieurs pays différents il nous était impensable de nous précipiter pour vous offrir des explications qui n’aient pas été coordonnées au préalable.

Je vais d’abord laisser la parole à l’Amirale Iines pour un bref récapitulatif de la situation, puis ces messieurs de Porto Mundo, de la République Hafenoise et de l’Empire Listonien prendront la parole, ainsi que moi-même, pour exprimer nos positions respectives quant aux suites à donner à cette affaire. Amirale Iines, je vous en prie. »

Iines : « Merci monsieur le ministre. La situation, mesdames et messieurs, et relativement simple au point que cela en puisse être déroutant. Comme personne ne l’ignore, le Syndikaali a signé le 4 octobre 2006 le Traité de Fraternité avec l’Empire Listonien, lui accordant, contre divers engagements politiques et militaires, une présence locale sur chacune des provinces impériales d’outre-mer. Un traité bénéfique à la fois pour l’Empire, qui peut encore aujourd’hui compter sur le soutien de la marine pharoise et de son économie, mais également pour les populations locales qui ont obtenu l’aide du Syndikaali lors de la crise impériale ayant coupé les populations locales de leur métropole. Shati Alqahwa, la République Hafenoise et Porto Mundo pourront en attester.

Au regard du Traité de Fraternité, une cinquantaine de militaires se trouvaient en Aleucie du sud, sur le territoire pharois de ce qui est aujourd’hui le Pontarbello. Une collaboration parfaitement pacifique avec les populations locales ayant mené, malgré une faible présence humaine, à divers actes de collaboration entre civils et militaire tout au long des trois années où les Pharois ont été sur place. Nous avons assisté, de loin, à la lente chute de la région vers un régime de plus en plus dictatorial et autoritaire, des rapports réguliers que notre présence sur place, en tant qu’observateurs, ont permis d’établir.

Nous pensons que c’est notre présence, à même de pouvoir dénoncer les crimes commis par les nouvelles autorités du Pontarbello, qui a conduit à la nécessité pour le régime de s’en prendre aux Pharois. Le 20 novembre 2008, comme le montre la vidéo que nous venons de passer, plusieurs diplomates venus des colonies listoniennes idépendantes se sont présentés face aux forces militaire du Pontarbello, enjoignant à l’ouverture d’un dialogue.

Notre souhait été, a minima, de pouvoir négocier, aux côtés des différents territoires indépendantistes, une position commune à tenir pour l’avenir de ces régions, lors des discussions avec l’Empire. Une position que le Syndikaali a tenu au Shibh Jazirat Alriyh, aux côtés de son excellence le Gouverneur O Prefeito et de ses équipes, ayant mené pour l’heure à une désescalade des tensions dans la région.

Je ne commenterai pas le triste spectacle que documente la vidéo, comme vous avez pu le constater, l’armée du Pontarbello a ouvert sur des civils, se rendant coupable de crimes de guerre envers plusieurs nations souveraines. Nous déplorons la mort du Capitaine Jaska, le délégué Pharois, de monsieur Fabricio di Flor le porte-parole de Porto Mundo, monsieur Arthuro Leon, le diplomate de la République Hafenoise et de madame Evangelista Isaias mandatée par le gouverneur O Prefeito du Shibh Jazirat Alriyh, ainsi que de six soldats de la marine pharoise, lâchement abattus lors de ces négociations.

Pour l’état-major Pharois, c’est un crime et une acte de guerre caractérisé, appelant à une réponse ferme et ambitieuse, je laisserai le citoyen ministre Sakari développer plus longuement. Je salue le courage des hommes tombés dans ce simulacre de combat, ils étaient des fils et des filles de la mer, nous ne les oublions pas. »

Sakari : « La parole est à monsieur Edmundo Estrella, maire de Porto Mundo. »

Estrella : « Bien. Je ne chargerai pas la mulle, ce qui s’est passé au Pontarbello est une crime qui aurait pu être évité avec un peu plus de préparation et deux fois moins de naïveté. Nous pensions que ces gens étaient disposés à discuter, ils ne le sont pas. Soit. Fabricio di Flor était un ami loyal, je n’ai pas pour habitude de laisser ce genre de saloperie arriver sans réagir. Porto Mundo rendra coup pour coup, cela je peux vous le garantir, et ces pseudos compatriotes pèseront très vite les conséquences de leurs actes.

Les Listoniens ne laisseront pas passer un pareil affront et j’engage ma responsabilité et mon honneur dans le rétablissement de cette opération. Je n’ai pas, comme ces messieurs-dames du Pharois, perdu de soldats au Pontarbello, mais je considère qu’aucun de mes compatriotes n’a à subir la présence d’une dictature métèque sur un territoire impérial souverain. Nous avons tout donné au Pontarbello, et voilà que sous la houlette d’un régime fantoche ceux-là se pensent en mesure de nous attaquer ? Ils découvriront rapidement ce qu’implique la colère d’Edmundo Estrella, et que ma croix de chevalier de l’Ordre de Saint-Hugo n’a pas été gagnée en assassinant des civils venus parlementer. »

Sakari : « Je… vous remercie monsieur le maire, monsieur André Marquez vous portez la parole de la République Hafenoise. »

Marquez : « Oui, je voulais avec vous partager ma peine et ma consternation face à l’évidence des crimes de guerre commis par le Pontarbello et qui font, bien entendu, s’inquiéter sur l’état du pays où pareil exactions sont commises impunéments. La dictature pontarbelloise n’a pas présenté d’excuses et elle semble multiplier les provocations diplomatiques, protégée qu’elle se croit par sa voisine l’Alguarena. Il y a assurément association de malfaiteur et un axe du mal se dessine en direct sous nos yeux peinés. J’ai… excusez-moi… »

Sakari : « Prenez votre temps… »

Marquez : « Je connaissez personnellement monsieur Arthuro Leon dont revoir la mort a été… dur… je vous l’avoue. La République Hafenoise est un petit territoire, c’est certain, et le conseil municipal ne compte pas beaucoup de gens, nous sommes pour ainsi dire une famille. Je pense à la veuve de monsieur Leon, Isabella, et les enfants qu’il laisse derrière lui. C’est un crime odieux, assurément, et nous condamnons avec la plus grande fermeté ces agissements assassins. Nous pensions pouvoir travailler, malgré nos divergences, avec le Pontarbello en tant que territoires listoniens indépendants mais la cruauté et la vilenie du régime ont empêché toute action allant en ce sens, j’en suis navré, vraiment. Il nous est impossible de reconnaître le Pontarbello comme l’un de nos pairs à présent, et ce qui aurait put être une belle indépendance semble se dessiner comme un massacre sordide. Ceux qui collaborent et collaboreront aujourd’hui et demain avec ce régime ont du sang sur les mains, assurément, et je pense malheureusement aux mercenaires de la Brigade Jaguar, un groupuscule militaire alguarenos qui s’était déjà rendu coupable de crimes similaires.

Tout cela n’augure assurément rien de bon et en tant qu’Aleucien, je me sens particulièrement concerné par ces événements. Nous allons prendre des mesures appropriées sur le territoire Hafenois, afin de nous protéger de toute ingérence équivalente et monsieur le maire José Esteban a annoncé qu’il prendrait contact sous peu avec le Pharois Syndikaali et la République de Saint-Marquise pour renforcer la protection militaire de ces deux nations sur notre sol, afin d’empêcher tout événement comparable de se reproduire.

A Port-Hafen, nous pensons que la paix est un processus qui se construit dans le temps, comme l’indépendance. Port-Hafen est la première colonie listonienne a avoir acté son indépendance, dans un moment où les temps nous étaient particulièrement défavorables. Aujourd’hui, grâce à la collaboration de nos alliés régionaux et internationaux, notre territoire se porte bien, malgré sa taille. Cet exemple, nous l’avons voulu inspirant pour les autres territoires d’outre-mer et nous pensons pouvoir envoyer un message simple : la démocratie, le débat, sont des valeurs cardinales pour l’instauration d’une paix régionale durable, voilà le chemin que nous avons souhaité montrer et incarner, loin de la violence et des crimes. Je vous remercie. »

Sakari : « Monsieur Filipe Guimor ? »

Guimor : « Je me permets de rebondir sur l’intervention de mon compatriote Hafenois mais d’abord, bien évidemment, je dois parler de nos pertes et mes pensées vont à la famille d’Evangelista Isaias. Une personnalité délicieuse et appréciée de tous à la cour de Son Excellence O Prefeito, également une diplomate de talent qui aimait les voyages plus que tout. Elle est née à Listonia en 1970 et est morte assassinée à 38 ans, après plus de dix ans à parcourir l’Afarée pour les services du Gouverneur. C’était un continent qu’elle aimait par-dessus tout, et je suis certain qu’elle aurait aimé y revenir et y passer encore de longues et heureuses années en compagnie de son fiancé. Evangelista, ce fut un honneur de te connaître et nous ne laisserons pas ton crime impuni.

Comme l’a esquissé monsieur Marquez, l’indépendance est un processus complexe et très circonstancié régionalement. Le Shibh Jazirat Alriyh en est un exemple frappant puisque, contrairement à nos compatriotes Mundistes et Hafenois, notre indépendance n’a pas été proclamé, bien que le Gouverneur O Prefeito ait plusieurs fois réaffirmé, soutenu par sa voisine Althaljir, la nécessité absolue de gagner en autonomie par rapport à l’Empire. L’indépendance, si l’on veut éviter les bains de sang, est loin d’être un long fleuve tranquille. En témoigne les événements du Kodeda et l’établissement de la dictature pontarbelloise. Pour autant, il est certains territoires où cela s’est passé sans heurts et je pense à la République Hafenoise, à Porto Mundo et dans une certaine mesure, à la Commune d’Albigärk bien que pour cette-dernière, le contexte historique en fasse un exemple peu généralisable.

Je ne me permettrai pas de conjectures abusives, néanmoins, je tiens à souligner tout de même qu’un facteur récurrent dans ces situations est toujours la présence du Syndikaali qui a su, par sa doctrine internationaliste, accompagner les régions vers plus d’autonomie, grâce à un processus démocratique et pacifique. Les Pharois ont toujours tenu parole quant à leur engagement vis-à-vis des populations locales et sans leur intervention, le Shibh Jazirat Alriyh aurait dépérit économiquement, plongeant mes cocitoyens dans la famine. »

Marquez : « Ce fut la même chose en République Hafenoise. »

Guimor : « En effet, nous sommes nombreux à pouvoir le confirmer. »

Sakari : « Je vous remercie. La fraternité n’est pas un vain mot au Syndikaali et nous avons toujours tenté d’apporter notre aide, sans la conditionner à une quelconque forme de domination ou de vassalisation. Ce sont les valeurs libertaires d’humanisme qui nous animent. »

Guimor : « Et sans aucun doute cela a contribué à vous voir accorder la confiance et le crédit de nos gouvernements respectifs, fussent-ils républicains comme à Port-Hafen, de gouverneur délégué comme au Shibh Jazirat Alriyh ou… »

Estrella : « ? »

Guimor : « Municipal.

Estrella : « Hmpf. »

Guimor : « Si nous avions des doutes encore hier, force est de reconnaître la pertinence des diagnostiques libertaires aujourd’hui : toute volonté indépendantiste doit s’ancrer dans un processus d’interconnexions régionales et menée par la volonté populaire. Ceux qui prennent leur indépendance sans pouvoir s’appuyer sur ces deux piliers ne peuvent que finir comme de sordides dictatures, massacrant ceux qui étaient hier encore leurs compatriotes. Pour tous les peuples du monde, deux chemins se dessinent désormais, le Pontarbello a cristallisé les limites d’un modèle, Port-Hafen, Porto Mundo ou le Shibh Jazirat Alriyh sont les expressions d’un autre et il appartient désormais aux populations qui se projettent dans l’indépendance de choisir leur destin en connaissance de cause. J’en ai terminé. »

Sakari : « Je vous remercie monsieur Guimor. En ce qui concerne le Syndikaali à présent, notre position et celle de l’état-major est claire : en pénétrant sur un territoire souverain Pharois, en assassinant des civils et des diplomates, et en ouvrant le feu sur des soldats Pharois, le Pontarbello s’est ouvertement rendu coupable de crimes de guerre à l’encontre des Pharois. La dernière fois qu’un tel scénario s’est produit, il s’agissait des exactions commises par l’Empire Latin Francisquien, ayant conduit à une entrée en guerre et la mise en place d’une Fatwarrr! sur décision du Doyen Pêcheur, en concertation avec le gouvernement du Syndikaali.

Les crimes du Pontarbello sont d’une gravité extrême, appelant à une réponse proportionnée et internationale. J’ai autorité, accordé par la majorité des deux chambres, et ratifiée par le Doyen Pêcheur, pour déclarer la Fatwarrr! à l’encontre du Pontarbello, ce qui implique la légalisation de tous les actes de pirateries qui ne soient pas des crimes de sang sur ses possessions terrestres et maritimes. A cela s’ajoute, concernant le Syndikaali, le bannissement des navires pontarbellois des ZEE pharoises et assimilées, coupant de fait plusieurs routes commerciales. Nous annonçons enfin la mise en place de sanctions économiques ciblées dont la liste détaillée sera fournie à la presse à la fin de cette conférence.

Il est évident qu’en l’état, nous avons conscience que ces sanctions ne peuvent à elles seules déstabiliser le gouvernement pontarbellois, toutefois nous attendons, au vu de l’évidence des crimes de guerre commis par ce régime, le soutien des nations frontalières, à commencer par celui du Grand Kah et des Îles Fédérées de l’Alguarena, sans quoi leur complicité avec le régime de Santialche serait un déshonneur et la confirmation de leur soutien à des Etats voyous.

Je prends à présent la parole au nom de nos quatre entités politiques, et sous le contrôle de ces messieurs leurs délégués ici présent, pour affirmer la non-reconnaissance du Pontarbello en tant qu’entité indépendante de l’Empire Listonien, mais comme un groupe terroriste et criminel ayant pris possession illégalement d’un territoire souverain sur lequel ils exercent la terreur et la rétention des populations locales. En conséquence de quoi, nous adapterons notre comportement politique et militaire pour nous adapter à ce nouveau contexte international. Je vous remercie de votre attention. »

Comprenant que les discours viennent de se terminer, les flashs des appareils photos reprennent alors que plusieurs mains se lèvent à présent dans le parterre des journalistes pour pouvoir poser des questions. Un assistant, resté discret jusque-là, s’avance sur l’estrade pour organiser le tour de parole.

Journaliste 1 : « Citoyenne Marjaana, pour le Journal de Pharot, quelle position le Syndikaali va-t-il adopter pour la libération de nos concitoyens retenus au Pontarbello ? Une réaction par rapport au collectif ayant voulu les traduire devant tribunal international ? »

Sakari : « En ce qui concerne nos concitoyens, nous travaillons actuellement à négocier leur libération qui sera effective le plus rapidement possible. Le Pontarbello est criminel, mais il connaît les répercussions politiques qu’aurait la maltraitance de prisonniers de guerre Pharois. La priorité du gouvernement est donc de trouver une porte de sortie pour nos concitoyens et nous vous tiendrons informés de l’évolution des discussions. En ce qui concerne les coups de mentons nationalistes, vous savez qu’il ne faut pas accorder trop d’importance à ce genre de chose. En se rendant coupable de crimes de guerre, le Pontarbello s’est ostracisé de la communauté internationale, autant vous dire qu’un tribunal international serait très national, les concernant, en plus de tourner à la parodie judiciaire. Je demanderai aux citoyens du Syndikaali de ne pas se laisser gagner par l’agacement au vu de ces comportements de matamores. Les Etats voyous survivent avant toute chose par leurs outrances et nous savons que la montée des tensions les sers en leur permettant de fédérer leur population autour d’un récit victimaire. C’est à nous qu’il appartient de ne pas entrer dans ce jeu. Comme dit le proverbe « froid comme l’océan ».

Journaliste 2 : Aapeli Esa, pour la gazette universitaire d’Albigärk, doit-on considérer les Îles Fédérées de l’Alguarena comme complices de la situation ? Sommes nous en droit d’attendre une collaboration de leur part ? »

Sakari : « Le Capitaine Mainio attendait la tenue de cette conférence de presse pour interpeller la communauté internationale sur les événements du Pontarbello et il est évident que nous considérons – au moins par défaut – l’Alguarena comme un partenaire dans la baisse des tensions et la libération des prisonniers de guerre. Etant donné le poids économique et militaire qu’exerce les Îles Fédérées sur le Pontarbello, leur responsabilité est engagée dans les exactions du régime et il est naturel d’attendre que le gouvernement d’Aserjuco prenne position, sans quoi les faits démontreraient son soutien politique à une dictature criminelle. »

Journaliste 3 : « Felicio Lua, pour El Diaro Mundo et monsieur Edmundo Estrella, vos mots sont durs à l’égard du Pontarbello, assez éloigné de la retenue professionnelle de vos homologues, ne craignez vous pas d’agraver les tensions que le ministre Sakari souhaite apaiser ? »

Estrella : « Pardon mais c’est du journalisme à charge que vous me faites-là ? »

Journaliste 3 : « Une simple question que se posent nos compatriotes. »

Estrella : « Je ne pensais pas mes compatriotes si demeurés alors, je crois plutôt que vous essayez de faire votre petit buzz sur un événement tragique. »

Journaliste 3 : « Non pas du tout… »

Estrella : « Laissez moi vous répondre quand même. Nous sommes face à un acte de guerre, qui, si ce n’était la bonne volonté du Syndikaali, aurait pu conduire à une intervention armée sur le sol du Pontarbello. Dans un contexte pareil, non les mots ne sont pas trop dur, ce qui est dur c'est de perdre des proches sous un feu nourri, voilà ce qui est dur, tout journaliste politique avec un minimum de cervelle se rendrait compte que face à des barbares, l’apaisement des tensions est aussi une démonstration de force, il y a des régimes qu’on calme avec une paire de claques. »

Journaliste 4 : « Sandoval Rogério pour l’Hafenois Libéré, monsieur Marquez, comment la République qui ne dispose pas d’armée propre, entend-elle contribuer autrement que diplomatiquement pour réclamer justice pour nos morts ? »

Marquez : « Je vous remercie pour votre question. Assurément Port-Hafen a conscience de son poids modeste sur la scène internationale. Néanmoins, contrairement au Pontarbello, nous pouvons compter sur un grand nombre de soutiens internationaux qui ont reconnu notre gouvernement et, permettez moi de le dire, la diplomatie est une arme, sans conteste, car elle mobilise derrière elle bien plus que ne le ferait un fusil brandit. Otre contribution sera proportionnelle à nos moyens, mais nous prendrons part autant que possible à cette demande de justice. »

Journaliste 5 : « Antonio Banderas, pour Porto Mundo Soir, monsieur le maire, vous vous êtes exprimé au nom de l’Empire Listonien lors de votre intervention, n’est-ce pas paradoxal de vous placer aux côtés de régions indépendantistes tout en revendiquant votre héritage impérial. »

Estrella : « Je m’appelle Edmundo Estrella, je suis né en métropole, qu’est-ce que je suis censé faire ? Renoncer à mes origines ? J’ai déjà payé le prix de la liberté pour mes compatriotes, en devenant un criminel aux yeux de mon pays d’origine, pour le crime d’avoir abandonné en rase campagne un Empereur impuissant, est-ce que cela veut dire que je dois haïr tous les Listoniens ? Pour la faute d’un seul homme ? Non, certainement pas ! Je reste attaché aux miens et je n’oublie pas que le Pontarbello est un territoire peuplé de compatriotes, soumis à un régime criminel, et ma solidarité vis-à-vis d’eux n’a rien à voir avec mon positionnement politique par ailleurs. Êtes vous à ce point binaire pour n’envisager le monde qu’en termes de calculs géopolitiques ? Bordel c’est la foire aux cons ou quoi ce soir ? »

Journaliste 6 : « Monsieur Guimor, votre présence ici au nom de Son Excellence O Prefeito acte-t-elle l’ambition de ce-dernier de se positionner politiquement comme porteur d’une parole indépendante à l’international ? Ou votre position est-elle également celle de la Listonie ? »

Guimor : « Ma position n’engage que la voix de Son Excellence le Gouverneur Paolo O Prefeito, je ne sais pas si l’Empire Listonien souhaite réagir ni son positionnement vis-à-vis du Pontarbello. Cela n’empêche pas Son Excellence, qui a mandaté sa déléguée et qui fut assassinée, de prendre position en son nom propre. Nous aussi n’oublions pas que nous comptons des compatriotes au Pontarbello et que nos pensées vont d’abord à eux, qui doivent désormais vivre sous le joug du régime de Santialche. »

Journaliste 7 : « Citoyen Armas pour le Trois Mats, le Pharois Syndikaali s’est-il rendu coupable de négligences en laissant sa base militaire peu armée face à une dictature hostile ? »

Iines : « Les choix ayant conduit à la situation actuelle sont en effet malheureux, néanmoins il faut également prendre en compte qu’un renforcement militaire dans la région aurait pu être perçu comme une marque d’hostilité vis-à-vis des puissances politiques voisines. Une position que nous savions intenable, et c’est ce qui explique le faible développement de ce territoire et la présence très limitée de soldats sur place. Nous estimions possible d’engager des pourparlers rapidement avec le régime de Santialche qui alors n’avait pas encore révélé son caractère criminel. Ce fut une erreur d’appréciation et nous le regrettons car nos concitoyens en payent le prix aujourd’hui. Néanmoins, il a été convenu qu’il n’y avait pas vraiment de solution convenable pour la situation très précaire de ce territoire, n’étant pas stratégique militairement et souffrant d’un manque de compétitivité évident par rapport aux routes commerciales du Grand Kah, au sud. Peut-être que la meilleure solution aurait été de tout simplement l’abandonner, mais nous tenions à nous rendre disponible pour les populations locales, comme nous l’avons été à Port-Hafen, Porto Mundo, Jadida et dans la plupart des autres territoires ultra-marins de la Listonie quand ceux-ci furent coupés de la métropoles et livrés à eux-mêmes. »

Journaliste 7 : « Portez vous le même diagnostique sur les autres enclaves qui pourraient faire l’objet d’une conquête militaire rapide de leurs voisins ? »

Iines : « L’état-major a observé chaque situation au cas par cas et à ce jour, hormis l’enclave du Tahoku, il ne nous apparaît pas que celles-ci soient menacées par des pouvoirs autoritaires. Dans quasiment tous les cas nous avons pu établir des liens diplomatiques solides avec les puissances régionales ce qui nous rend confiants vis-à-vis du futur de ces régions. Par ailleurs, ces enclaves ne semblent pas avoir émis le souhait de se diriger vers l’indépendance, de fait elles sont toujours des territoires listoniens souverains et il n’est pas de la responsabilité politique ou militaire du Syndikaali de défendre l’empire de la Listonie, notre présence est avant tout une aide pour les locaux, et une force de dissuasion. »

Journaliste 7 : « Qui n’a pas très bien fonctionné au Pontarbello. »

Iines : « Pour le moment. »

Journaliste 8 : « L’écho des dunes pour monsieur Guimor, même question que mon confrère de l’Hafenois Libéré, quelle marge de manœuvre possède le Shibh Jazirat Alriyh en tant que territoire rattaché à l’Empire ? Les positions d’O Prefeito engagent-elles plus que sa parole ? »

Guimor : « A l’image de nos compatriotes de Port-Hafen, Son Excellence le Gouverneur jouit d’une popularité certaines dans les milieux aristocrates listoniens et appartient à la famille éloignée de l’Empereur. Nul doute que sa voix saura trouver son oreille. Par ailleurs, nous pouvons compter sur le soutien de l’Althlaj qui fut toujours à nos côtés dans les situations critiques, ainsi, non, la parole de Son Excellence porte assurément plus loin que sa seule province. »

Sakari : « Bien, je vous remercie pour vos questions, nous allons à présent laisser la parole à la presse internationale. »
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A distance, Estrella et O Prefeito mêlent leurs voix pour sensibiliser la haute société listonienne à la situation du Pontarbello

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C'est une parole qui s'est rapidement répandu au sein des cercles militaires et intellectuels de Listonia. Une haute société qui pour certains de ses membres suit de près la situation internationale et les ébranlements de son empire. En jeu, des fortunes, du pouvoir. Dans un tel contexte, la figure d'Edmundo Estrella, maire de Porto Mundo dont l'autorité a lentement glissé des mains de la Listonie au profit de celles de son gouverneur, fait figure atypique. Loin de José Esteban, élu sur un programme de rupture avec la métropole, ou de Jadida qui a eut recours aux armes pour chasser le gouvernement colonial, Estrella sait ménager la chèvre et le chou et s'est bien gardé d'expulser les entreprises impériales de son territoire. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas un hasard s'il s'est entouré en grande partie de Listoniens dans ses cercles proches, ce qui lui permet de maintenir un lien économique avec sa patrie.

Ainsi, lorsque le maire a souhaité porter un message officiel à la haute noblesse, celui-ci n'a pas tardé à circuler dans les salons et les journaux d'influence, comme objet de curiosité.

« Le régime métèque de Santialche multiplie les exactions à l’égard de l’Empire et de nos concitoyens, cette situation n’a que trop duré, l’indépendance est une chose, mais l’établissement d’un gouvernement terroriste sur le sol de l’Empire est un étape supplémentaire dans la guerre menée aux Listoniens.

C’est une guerre politique qui est menée par ces gens, un Listocide, n’ayons pas peur des mots, car leur objectif assumé est de nous massacrer jusqu’au dernier. Ils ne sont que haine, que vengeance et mesquinerie, pas un mot de reconnaissance pour les routes et les hôpitaux que nous avons construit, ce sont les nôtres qui ont travaillé là-bas pour offrir un peu de confort à ce peuple fainéant, et comment nous remercient-ils ? En nous assassinant lâchement, en nous égorgeant dans notre sommeil pour porter au pouvoir un régime criminel et barbare ? Allons nous laisser les notre impunément crever, par lâcheté ? La Listonie est un grand pays, avec un grand sang, tout ce que nous avons construit, nous l’avons fait à la sueur de nos fronts et à la force de nos armes. C’est cet héritage qu’ils entendent voler aujourd’hui, je le demande, allons-nous laisser faire ? »

Même à distance, la voix d’Edmundo Estrella parvient à trouver un écho au sein de l’aristocratie listonienne à laquelle il appartient. Plus mesurée est la diatribe de Son Excellence Paolo O Prefeito qui, s’il occupe encore une place ambiguë au sein de la haute noblesse de l’Empire, n’en reste pas moins parent éloigné de l’Empereur Philipe Ongro III dont le prestige rejaillit sur la parole du Gouverneur.

Si la noblesse décadente de Listonia a délégué les affaires politiques et militaires au Général Cortes, elle n’en reste pas moins sensible à l’honneur du pays, et peut peser, par son poids politique et financier, sur la politique de l’Empire. Une pression avant tout symbolique, mais qu’il est nécessaire d’avoir en tête pour comprendre les rouages de la haute société listonienne, encore sous régime nobiliaire, où les grandes décisions de la nation se prennent encore à l’aune des intérêts marchands des uns et des autres, et de leur proximité avec Sa Majesté Ongro III.

Dans cette basse-cour, Edmundo Estrella n’a pas complétement perdu de son prestige, d’autant qu’aucun décret officiel de l’Empire ne l’a pour l’heure déchu de ses titres. Si, pas fou, il ne prend pas le risque de rentrer au pays sans escorte et préfère régner depuis son palais à Porto Mundo, ses liens avec la noblesse listonienne ont été savamment entretenus de manière plus ou moins informelle pendant les deux dernières années. Entouré d’un cercle de fidèles où vont et viennent les délégués de certaines grandes familles de l’aristocratie, Estrella n’a pas manqué de se rappeler aux bonnes amitiés de ceux qui, autrefois, purent être des camarades de classe, des frères d’armes dans l’armées ou des conquêtes amoureuses lors des partis fines des salons de madame Ivonica à Listonia.

Paolo O Prefeito, de son côté, se fait plus discret. L’homme a quitté la métropole par soif d’aventure et pour combler un caractère contemplatif et mélancolique. Cela n’en fait pas moins un politicien retord, mais plus féru de livres et de peinture que de conquêtes militaires. Sa force lui vient du Shibh Jazirat Alriyh et de son statut de protecteur des humbles. Lorsque la crise listonienne débuta, c’est lui qui prit la mesure du danger et entreprit de transformer radicalement la colonie pour l’adapter aux nouveaux enjeux régionaux : sa proximité avec l’Althalj, et la liaison aux routes commerciales pharoises, fussent-elles noires.
En conflit admis avec le Général Cortes a qui il a tenu tête, Paolo O Prefeito peut compter sur des alliés puissants mais aussi sur la protection relative que lui valent ses liens avec la famille royale impériale et ses cousins restés au pays.

Paolo n’est sans doute pas le genre d’homme pour qui l’on meurt et Edmundo Estrella laisse derrière lui le souvenir d’un homme brutal et sans pitié, reste qu’en prenant la défense du peuple, ils placent la noblesse métropolitaine face à ses contradictions et l’obligent à se positionner. Les citoyens Listoniens méritent-ils d’être abandonnés à leur sort ? A la famine ? A l’oppression ? N’est-il pas du devoir de l’aristocratie de protéger ses gens, comme elle s’y est engagée par le contrat féodal qui la lie au tiers état ?
Les privilèges ne vont pas sans devoir, voilà ce qu’ont rappelé ces messieurs O Prefeito et Estrella, et si leur parole a pu sembler en contradiction avec leurs actes, eux qui travaillèrent à offrir plus d’autonomie, voire à l’indépendance des territoires qu’ils administrent, c’est au nom de la protection de leurs concitoyens que ceux-ci furent justifiés. Citoyens susceptibles de mourir de faim, susceptibles de tomber dans les bras de régimes criminels et revanchards, faisant payer au colon sa présence, au nom d’un récit nationaliste artificiel.

Le gouvernement de Santialche est de ceux-là, du moins présenté ainsi. Une dictature sanguinaire, prête à faire couleur le sang listonien pour attiser les passions cruelles et le ressentiment des autochtones. Combien sont-ils morts, ces serviteurs de l’Empire, pour qu’émerge le Pontarbello ? Contrairement à Port-Hafen ou Porto Mundo, la prise de pouvoir s’est faite dans le sang et le sang continue et continuera de couler si personne n’a le courage de prendre position.

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Le contre-modèle pontarbellois comme vecteur de rapprochement pour les ex-colonies listoniennes

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Les ruines de l'Empire laissent le champ libre à tous les destins.

C’est une prise de conscience, « un tragique éclat de lucidité » dira le poète Orlando Pesao, farouche partisan du décolonialisme qui s’est engagé à travers ses œuvres en faveur d’un relâchement progressif de l’autorité impériale listonienne et pour l’intégration des territoires coloniaux au sein de sphères régionales qui leurs sont plus naturelles.

« Il faut faire confiance aux mouvements de l’histoire » écrivait-il déjà en 1997, puis « les empires sont des archaïsmes, comme les arbres ils doivent perdre leurs feuilles quand s’en vient l’automne ».

« Des mots, juste des mots » commente-t-il amer aujourd’hui, lorsqu’on lui demande son avis sur l’évolution du projet décolonial listonien. « J’ai naïvement pensé qu’en renouant avec leurs sphères culturelles précoloniales, mes compatriotes s’émanciperaient progressivement des jougs qui leur étaient imposés. J’ai trop cru dans le poids de la culture, de l’art, j’ai sous-estimé les autres forces de ce monde, je le regrette aujourd’hui. »

La raison de ce revirement intellectuel ? Le triste destin du Pontarbello, un petit Etat terroriste situé sur la pointe sud de l’Aleucie, et dont les crimes de guerre ont été rendus publics quelques mois plus tôt, de la pire des manières possible. « Nous étions beaucoup à penser que notre passé colonial nous jetterait naturellement dans les bras les uns des autres, mais en assassinant brutalement quatre ambassadeurs, le Pontarbello nous a montré que cette fraternité était loin d’être acquise. »

Si les chefs d’Etat ont rapidement pris acte de l’apparition sur la scène internationale d’un Etat terroriste, pour les intellectuels, penseurs et artistes Listoniens et ex-Listoniens, le coup est plus difficile à encaisser. Beaucoup avaient fondé de grands espoirs sur le mouvement décolonial qui touchait l’Empire depuis presque deux ans et n’est à ce jour toujours pas achevé. Inédit dans son ampleur, il laissait espérer l’avènement de valeurs post-coloniales et anti-impérialistes à travers le monde grâce à l’émergence d’une avant-garde libérale et démocrate.
Mais s’émanciper d’un Empire ne présuppose en rien la qualité du régime amené à le remplacer, voici la dure leçon qu’a enseigné le Pontarbello aux Listoniens.

« Nous pensions à un mouvement un peu mécanique de l’histoire, il y avait quelque chose de positiviste chez nous, je sais que cela peut sembler un peu archaïque mais quand vous avez vécu toute votre vie sous l’autorité féodale de Listonia, croyez-moi le progrès n’est pas un mot creux. Finalement il faut reconnaître que la décolonisation peut aussi bien être une grande avancée qu’une régression. »


En toile de fond de ces réflexions se dessine la théorie « des deux chemins » qui renvoie dos à dos progrès et réaction.

« L’Empire Listonien est littéralement une force conservatrice : elle veut maintenir le statu quo, préserver l’ordre dans ses possessions, par la force si nécessaire. Face à cette puissance conservatrice, il y a deux outils pour combattre : le progrès, ou la réaction. Le progrès émancipe, la réaction échange une force brutale contre une autre, concurrente. Je ne dis pas que l’un ou l’autre de ces outils est meilleur ou plus efficace, il faut simplement acter qu’il existe deux chemins et que tout le mouvement décolonial doit en avoir conscience si nous ne voulons pas répéter les erreurs commises au Pontarbello. »

En raison du caractère spectaculaire et très actuels des processus de décolonisation engagés dans l’Empire Listonien, ces-derniers ont bénéficié d’une grande attention médiatique et sont, depuis deux ans, scrutés à la loupe par les journalistes et chercheurs du monde entier.
A l’origine de la théorie « des deux chemins », il y a l’analyse comparée de la trajectoire de plusieurs territoires aujourd’hui totalement indépendants vis-à-vis de l’Empire.

D’un côté, le cas canonique de la République Hafenoise illustre parfaitement « un chemin » : celui de l’indépendance par la volonté populaire et sa réalisation grâce à un processus démocratique non-violent. On se souvient que lorsque certains groupuscules révolutionnaires avaient essayé de prendre le pouvoir à Port-Hafen en se servant de l’indépendance comme prétexte, le maire de la ville, monsieur José Esteban, avait mis le holà à ces manifestations sécessionnistes et imposé la tenue d’un referendum afin de laisser le peuple décider souverainement de son avenir.
Un pari réussi puisque les Hafenois ont voté massivement pour l’indépendance de leur territoire, qui s’est donc déroulée sans aucune effusion de sang, et avec l’aide de la communauté internationale. En Aleucie, plusieurs pays frontaliers tels que la République de Saint-Marquise et le Reynaume Aumérinois ont ainsi apporté leur soutien politique et économique à la jeune République Hafenoise, lui permettant de survivre à la coupure brutale des relations avec sa métropole.

Aujourd’hui, Port-Hafen est parfaitement intégré au tissu économique de sa région, bénéficie de la protection de plusieurs nations et participe pleinement aux prises de décision des instances continentales. En multipliant les protecteurs, à l’instar de la Commune de Kotios, la République Hafenoise a su préserver sa souveraineté aussi bien économique que politique et fait figure de modèle à suivre pour la plupart des partis indépendantistes non-révolutionnaires.

Pour ceux qui, au contraire, n’envisagent la décolonisation que comme une part de la lutte des classes, c’est l’indépendance de Jadida qui est plus généralement convoqué en exemple. Suite à la rupture des communications entre Listonia et ses colonies, Jadida a dû rapidement apprendre à composer avec cette nouvelle donne en s’engageant sur le chemin de l’autonomie et en nouant des liens avec les territoires frontaliers, à commencer par celui de la République directe de Banairah. Un parti indépendantiste a vu le jour et proposé un projet politique à la population dont il a finalement obtenu l’adhésion.
Toutefois, contrairement à Port-Hafen, les autorités impériales de Jadida ont refusé de laisser leur destin aux mains du peuple par la mise en place d’un referendum d’autonomie. Dans une impasse, les indépendantistes de Jadida ont donc été contraints de faire fuir le gouvernement colonial pour restaurer un minimum de souveraineté populaire. Ce renversement du pouvoir s’est fait dans la violence mais sans effusions de sang majeures. Aujourd’hui, Jadida a adopté le modèle communal révolutionnaire qui place le peuple au centre du jeu politique grâce à des processus de vote et de consultation populaire. Le soutien rapide et affiché des grandes puissances régionales a permis à Jadida de conserver l’indépendance et la souveraineté qu’elle venait de conquérir.

Plus en phase avec les ambitions révolutionnaires d’inspirations communaliste et socialiste, le cas de Jadida fait lui aussi figure de modèle pour les mouvements indépendantistes et décoloniaux à travers le monde.

Avec Jadida et Port-Hafen, la communauté internationale a pu observer deux situations prototypiques d’indépendances réussies, tendant vers plus de démocratie, de souveraineté populaire et de libertés individuelles face à un Empire Listonien au fonctionnement encore d’inspiration féodale.


Comparé à ces deux territoires, le cas du Pontarbello apparaît alors comme un contre-modèle évident.

Arrivée à la tête du gouvernement grâce à un coup d’Etat militaire, on aurait pu espérer que la junte décide après sa victoire de rompre avec la tradition de féodalité listonienne en mettant en place un processus constituant pour rendre le pouvoir au peuple, grâce à l’usage de la démocratie. Il n’en fut rien, ce qui ne manqua pas, déjà à l’époque, d’inquiéter certains observateurs internationaux.
Tout au long des mois qui suivirent son arrivée au pouvoir, la junte s’activa à renforcer son emprise sur ce nouveau territoire qu’elle ne contrôlait que très superficiellement, faute de pouvoir s’appuyer sur une véritable force militaire autonome. Elle eut alors recours au mercenariat, allant jusqu’à se transformer rapidement en Etat client, dont la légitimité ne tenait qu’à sa capacité à maintenir la paix sociale par la violence et parce qu’elle avait recours à l’achat d’armes aux industries Benca, triste visage du complexe militaro-industriel Alguarenos.

A noter que si la République de Saint-Marquise ou le Banairah travaillèrent chacun activement pour accompagner les colonies indépendantes dans leurs processus d’émancipation démocratique, il est notable d’observer que l’Alguarena préféra cyniquement maintenir à sa frontière ce qui, dans les années qui suivirent, aller devenir un véritable Etat terroriste.
Peu dupe de la situation, la communauté internationale s’émue d’ailleurs assez peu de cette « indépendance » aux airs de chaises musicales pour dictateurs, et contrairement à Port-Hafen qui fut reconnu par un grand nombre de nations et reçu la visite de plusieurs chefs d’Etat, ou de Jadida qui put bénéficier de la reconnaissance des principaux acteurs politiques régionaux, seule l’Alguarena reconnu à l’époque le Pontarbello. Ni le Grand Kah, ni l’Izcalie, ni la République Copabaricienne ni aucune nation d’Aleucie ne considéra ce petit territoire comme autre chose qu’une scorie dictatoriale, confirmant que sa légitimité politique ne tenait qu’à la force brute.

Toutefois, il faut se replacer dans le contexte des années 2007-2008 et reconnaître qu’alors la situation dans l’Empire Listonien était particulièrement confuse. C’est pour cette raison, et faisant acte de foi, que plusieurs territoires et ex-territoires impériaux, récemment indépendants ou en phase de l’être, décidèrent d’envoyer au Pontarbello leurs ambassadeurs, afin d’initier un dialogue déjà entamé entre eux, et inclure tous les territoires Listoniens indépendants sans présupposer de leur capacité à s’intégrer à la communauté internationale.

La suite, nous la connaissons. Une colonne de véhicules ouvre le feu sur les ambassadeurs, tuant plusieurs civils désarmés alors que ces-derniers avaient manifesté explicitement leur intention d’engager des pourparlers.

Un crime de guerre authentique, filmé de plein pied, qui a valu au Pontarbello d’être immédiatement rangé parmi les territoires terroristes, ce-dernier étant incapable de mettre en place une diplomatie internationale avec d’autres nations que ses maîtres.


C’est de cette comparaison que naît la théorie « des deux chemins ».

Indiscutablement, la République Hafenoise, Jadida ou le Pontarbello sont aujourd’hui des territoires indépendants de l’Empire Listonien.
La chose est à nuancer pour le Shibh Jazirat Alriyh qui est toujours sous autorité impériale, Albigärk qui fut rétrocédée ou Porto Mundo qui a choisi d’adopter le statut de port-libre du Syndikaali – un système politique spécifique à la région du Détroit qui permet à des territoires politiquement indépendants de se placer sous la protection militaire du Pharois en intégrant son système fédéral. Chacun de ces trois territoires présente des spécificités particulières liées à son histoire, d’où le fait de ne nous concentrer dans notre analyse que sur les trois pays précédemment décrits.

Puisque indépendants, République Hafenoise, la Commune Révolutionnaire Constituante de Jadida et le Pontarbello peuvent chacun à leur manière servir d’exemple pour les partis indépendantistes cherchant eux-aussi à acquérir leur souveraineté. Une situation qu’ont parfaitement compris les ex-colonies Listoniennes et dont le maire de Port-Hafen, monsieur José Esteban, compte bien se servir pour faire entendre sa voix au sein de la communauté internationale, malgré son statut de micro-nation.

Le cas d’Albigärk mis à part, qui n’obtint l’autonomie que grâce à la pression militaire du Syndikaali pour lui rendre son indépendance, la République Hafenoise est la première nation post-coloniale listonienne à avoir acquis son indépendance par elle-même et pour elle-même. Une primauté qui lui donne un statut très particulier auprès des mouvements indépendantistes du monde entier et dont son Président a déjà usé pour apporter son soutien à plusieurs initiatives décoloniales, telle que celle de Porto Mundo ou du Shibh Jazirat Alriyh.


Mais José Esteban ne semble pas vouloir s’en tenir à si bon compte et rehaussé de l’amitié Saint-Marquoise et Pharoise, il entend désormais jouer un rôle plus actif dans la décolonisation listonienne.

« Pour ceux qui rêvent d’indépendance » a-t-il ainsi commencé son discours face aux caméras de la presse internationale amassées devant son hôtel de ville « il n’y a que deux destins possibles : la liberté, ou une nouvelle soumission, plus terrible encore. »

Dans la ligne de mire du maire de Port-Hafen, le Pontarbello et sa vassalisation aux Îles Fédérées de l’Alguarena, qui en ont fait un sordide pantin grâce à la pression militaire qu’elles exercent sur ce petit territoire aleucien.

« Quand donc les Pontarbellois ont-ils été consultés ? Et s’ils l’avaient été, qu’auraient-ils pu choisir entre le fouet de l’Empire et les fusils de la junte ? Ceux qui un jour levèrent les yeux vers les étoiles et purent prononcer le doux nom de liberté, ceux-là reposent aujourd’hui dans les fausses communes de la dictature. »

Mais José Esteban ne semble pas souhaiter se cantonner au rôle de dénonciateur dans le vent. Fort de son aura à l’internationale et chez les Listoniens en tant que président du premier territoire à avoir acquis son indépendance, soutenu par le Pharois Syndikaali et la République de Saint-Marquise, deux nations connues pour la force de leur réseau diplomatique, José Esteban a promis de ne pas « se laisser reproduire le drame pontarbellois » et de « lutter de toutes [ses] forces contre la tentation terroriste ».

Mais quels moyens pour de telles ambitions ? Celle de former, avec les autres colonies listoniennes, une ligue politique, capable de s’exprimer d’une seule voix sur les question de colonialisme, et de peser diplomatiquement sur les grandes nations du monde pour encourager et accompagner « le chemin de l’émancipation par la démocratie ».

José Esteban le reconnaît lui-même : « le Pontarbello a été un électrochoc, nous réalisons que si ils sont laissés à eux-mêmes, les mouvements de libération nationale peuvent tomber sous la coupe de nations voyous et prendre des formes de régimes parfois pires encore que celui de l’Empire Listonien. »

Conscient que les choses sont difficiles au Pontarbello, José Esteban a tout de même souhaité adresser des mots réconfortants à ceux qui, il y a encore deux ans, étaient ses compatriotes :

« Nous ne vous oublions pas. Nous savons qu’un même sang nous rapproche, une même culture, une même langue, dans sa diversité, mais aussi dans ses similitudes qui nous imposent aujourd’hui une fraternité commune. Comme nous, vous avez rêvé de liberté, d’émancipation et pour vous, le rêve s’est transformé en cauchemar. L’étau froid de l’oppression que vous avez combattu s’est refermé encore plus durement sur vous et dans cette marmite plombée, le soleil peine à passer.

Mais il brille, ce soleil ! N’en doutez jamais ! Par-delà le couvercle noir, par-delà la peur, la servitude, il brille et nous pouvons en attester car pour nous, oui, il brille bel et bien. Notre vœu le plus cher est à présent de pouvoir partager avec vous, vous qui fûtes nos compatriotes hier et être aujourd’hui toujours nos frères, nous voulons partager le bonheur de ce soleil qu’on appelle liberté, et qui est nécessaire aux hommes pour vivre.

Ne perdez pas espoirs, Pontarbellois, ne perdez jamais espoir. Une bataille perdue, peut-être oui, mais la guerre, elle, ne cesse jamais qu’une fois la victoire remportée. Cette liberté, cette joie, vous y goûterez aussi, pourvu que vous teniez bon et lorsque le couvercle noir tombera, lorsque dans le grincement sinistre de sa chute le soleil de nouveau apparaîtra, nous serons là, prêts à vous tendre la main et à partager avec vous cette joie authentique, cette joie conquise contre l’oppresseur. Tous les oppresseurs. »

Un discours qui marquera l’histoire, pour de nombreux observateurs internationaux, et qui inaugure une nouvelle phase du décolonialisme que certains politologues qualifient déjà de « tardive ». Alors qu’il parvenait à la fin de son discours, monsieur José Esteban a assuré qu’il engagerait dès cette après-midi un processus de rapprochement diplomatique avec tous les gouvernements et partis indépendantistes de l’Empire.
Si les ambitions de ce rapprochement se confinent pour l’heure à la seule sphère listonienne, un conseiller municipal nous a confirmé que José Esteban ne comptait pas s’arrêter là et souhaitait constituer une force politique capable de soutenir toutes les ambitions décoloniales à travers le monde, sans distinction de colonisateur.

« En tant qu’homme politique engagé dans ce mouvement, je pense avoir une responsabilité dans la tournure des événements du Pontarbello. Nous aurions pu apporter notre aide, notre soutien, envoyer des observateurs. Au lieu de quoi nous avons laissé ce régime terroriste s’installer et si j’espère que tout cela finira bien, je ne peux qu’appréhender les souffrances que devront subir d’ici là les Pontarbellois. » déclare Esteban ensuite, face aux questions des journalistes.

Cette prise de position, très médiatisée, en se posant comme un contre-modèle au Pontarbello, achève d’ostraciser ce-dernier déjà particulièrement isolé sur la scène internationale. La nature terroriste du régime et les preuves de crimes de guerre apportées contre lui le place mécaniquement au ban des nations et monsieur José Esteban entend personnellement dénoncer de toute ses forces le caractère criminel du gouvernement en place.

« Comme beaucoup à Port-Hafen, je pleure la perte d’un ami qui m’était cher, monsieur Arthuro Leon, notre ambassadeur. C’était un homme admirable, très érudit et attaché aux enjeux décoloniaux, il espérait porter la parole des Listoniens libérés et c’est pourquoi il s’est porté tout de suite volontaire pour représenter la République Hafenoise au Pontarbello. Sa mort est un véritable drame, il a été tué pour ses idées, pour ses valeurs. Voilà pourquoi il est particulièrement important, aujourd’hui, de rappeler notre attachement à la liberté, à la démocratie, à la fraternité, contre ceux qui pensent être en mesure de nous intimider. »


Sans doute préalablement informés des ambitions d’Esteban, les autres territoires indépendants de l’Empire Listonien n’ont pas tardé à réagir au discours du Président.

A Porto Mundo, le maire Edmundo Estrella qui devait suivre en direct le discours de son homologue, s’est immédiatement mis en scène au téléphone où il répondait favorablement à la proposition de se rencontrer avec José Esteban.
Interrogé sur la présence du Gouverneur O Prefeito, José Esteban a expliqué « ne pas vouloir parler au nom de Son Excellence » sachant que la situation au Shibh Jazirat Alriyh pouvait le mettre dans une position difficile vis-à-vis de l’Empire dont l’indépendance n’est pas actée, malgré le soutien de sa voisine althaljir en faveur d’un tel processus.
Enfin, la Commune d’Albigärk a annoncé mettre préparer immédiatement la tenue d’une Assemblée Générale afin de discuter de son engagement dans l’action décoloniale.

Si donc les ambitions d’Esteban semblent prometteuses, une dernière inconnue demeure : quelle légitimité accorder à certains acteurs décoloniaux lorsque plusieurs prétendent au titre sur un même territoire ?
La question du Kodeda est rapidement arrivée dans la conversation, plusieurs journalistes souhaitant connaître la position de José Esteban vis-à-vis du clan Saadin ou du PIK. A cela, le Président de la République a expliqué qu’il ne pouvait prendre au sérieux que des mouvements se réclamant explicitement de la démocratie et de la liberté :

« Le cas du Pontarbello est édifiant, je sais que dans les premières heures du décolonialisme, beaucoup d’intellectuels ont insisté sur l’importance de ne pas faire preuve d’une forme de nouvel impérialisme idéologique, en imposant un modèle eurysien à des territoires qui, historiquement, n’ont jamais été favorables à nos systèmes politiques modernes. Mais je crois que ces précautions se heurtent aux faits : si nous n’insistons pas sur l’importance de nos valeurs dans le processus de décolonisation, nous risquons de troquer un tyran pour un autre. Tous les Listoniens ont droit à la liberté et je crois, parce que je m’inscris dans la tradition humaniste, que nous aspirons tous à un socle commun de droits fondamentaux.
Je peux comprendre l’importance donnée à la tradition, et je ne suis pas le dernier à mettre en avant les spécificités culturelles hafenoises, mais je ne peux pas engager le dialogue avec quelqu’un qui ne me donnerait pas les garanties suffisantes que le projet qu’il défend permettra à mes compatriotes de ne plus être asservis.

Voilà pourquoi j’assume avoir parlé récemment avec plusieurs représentants du PIK et grâce aux renseignements d’observateurs internationaux respectables au Kodeda, dont le Pharois Syndikaali, l’Athalj ou encore la Sérénissime de Fortuna, il m’apparaît aujourd’hui que le PIK est le seul parti véritablement de libération nationale au Kodeda. Ses représentants seront donc officiellement conviés à notre rencontre. »

Une prise de position qui n’était pas forcément évidente, ni facile à prendre, mais qui a le mérite d’affirmer très clairement les ambitions et les exigences du mouvement décolonial listonien. José Esteban ne cache donc pas sa conscience de devoir s’exprimer avec fermeté auprès de la communauté internationale, sur des questions pourtant hautement sensibles.
Si certains y ont vu « la carrure d’un chef d’Etat », d’autres journalistes se sont inquiétés qu’en exprimant dès maintenant son soutien à tels partis plutôt que d’autres, le mouvement décolonial ne se retrouve divisé en cas de défaite de ces-derniers.

« Divisé, nous le sommes déjà, le Pontarbello l’a prouvé. » commente Orlando Pesao, le poète. « Maintenant il faut agir. »


La question pharoise, moins innocente qu'il n'y parait.

Enfin, la question pharoise a naturellement été abordée, le journaliste interrogeant le maire à ce sujet a d’ailleurs tenu à souligner un potentiel conflit d’intérêt, les forces militaires du Syndikaali se trouvant en territoire hafenois – à leur invitation cependant.
A cette question, José Esteban a assuré renouveler sa confiance au gouvernement Pharois « un allié précieux aujourd’hui comme hier, pour tous ceux qui rêvent d’émancipation. »

Loin de se cantonner à un banal rapport de force, l’enjeu de la présence pharoise dans les colonies listoniennes est en effet très sérieusement abordée par les experts et commentateurs internationaux. Cette dernière est en effet paradoxal : tous les territoires coloniaux listoniens se sont vu, en 2007, doté d’une base pharoise, plus ou moins développée, mais comptant a minima une cinquantaine de militaires pour tenir le drapeau. Tout mouvement indépendantiste doit donc composer avec une présence étrangère sur son territoire, présence notoirement connue pour son attachement aux valeurs libertaires et décoloniales.
Pour autant, les Pharois ne sont jamais intervenus militairement sur les territoires sécessionistes. Port-Hafen a eu recourt à un referendum, Porto Mundo également, Albigärk a été rétrocédée avant la signature du pacte de Fraternité, Jadida s’est contenté d’ignorer les forces pharoises sur place et le Pontarbello a fait son coup d’Etat dans son coin.

Le Syndikaali n’est donc, a première vue, pas une force émancipatrice active sur laquelle un mouvement révolutionnaire armé pourrait s’appuyer et pour cause : officiellement Pharois et Listoniens sont alliés. C’est d’ailleurs au nom de cette alliance que le Syndikaali a apporté son aide aux populations listoniennes lorsque celles-ci se sont trouvées isolées brutalement de la métropole en 2007.

Le paradoxe est là : si le Syndikaali n’est jamais intervenu militairement pour « libérer » un territoire, il a toutefois permis à un grand nombre de ces-derniers de survivre malgré la rupture des liens avec Listonia. Une action coûteuse mais loin d’être anodine puisqu’en plus de renforcer la confiance des Listoniens envers les Pharois, elle a permis de créer les conditions de l’indépendance, sans pour autant y pousser. Ainsi, c’est parce que Port-Hafen a réalisé que son intégration au sein des sphères économiques saint-marquoise lui était tout aussi profitable sinon plus que d’appartenir à l’Empire qu’on commencé à rapidement apparaître des mouvements indépendantistes.
Un cas proche de celui de Porto Mundo qui a compris l’intérêt d’intégrer le système fédéral pharois particulièrement permissif, plutôt que de continuer à suivre la politique protectionniste de l’Empire qui le rendait peu concurrentiel face aux autres port-libres du Détroit.
Bien qu’il ne soit pas indépendant, le Shibh Jazirat Alriyh suit une chemin similaire : l’intervention pharoise et althaljir dans l’économie de la province et leur présence militaire ont permis au Gouverneur Paolo O Prefeito de prendre des initiatives politiques qui lui auraient valu une destitution voire une arrestation s’il s’était trouvé seul face aux autorités impériales.

La présence pharoise est donc un vecteur d’émancipation, plus qu’un acteur. On ne peut dire que le Syndikaali ait pris politiquement une part active dans l’indépendance des colonies, mais il est incontestable que sans lui, ces-dernières auraient connu un destin beaucoup plus complexe et sans doute sanglant.
Au regard de cette analyse, la situation au Pontarbello nous apparaît sous un jour plus clair : en choisissant de constituer le Syndikaali comme un ennemi plutôt qu’un allié, les indépendantistes pontarbellois n’ont eut d’autres choix que d’avoir recours des moyens plus violents pour asseoir leur légitimité sur le territoire. Se vendre à des compagnies de mercenaire et imposer un gouvernement par la force brute ont été des solutions logiques pour une junte en mal de légitimité.

Ainsi, la théorie « des deux chemins » prend une dimension plus matérialiste. Il s’agit moins de valeurs que de conditions matérielles de libération. Port-Hafen, Jadida, Porto Mundo ou le Shibh Jazirat Alriyh ont tous eut recours, à divers degrés, au réseau diplomatique pharois qui les a mis en lien avec des acteurs régionaux afin de faciliter leur survie, une fois coupés de la métropole. Le Syndikaali, dès la chute de Listonia, a fait parvenir des vivres et des produits de première nécessité, mais conscient qu’il ne pouvait supporter seul le poids d’un Empire croulant, a travaillé dès les premières semaines avec les nations frontalières pour permettre aux colonies de survivre le temps qu’un nouvel ordre international se mette en place.
Le seul territoire à avoir choisi de ne pas mobiliser ce réseau, privé des conditions matérielles de sa survie, a donc été contraint de se vassaliser à son voisin immédiat, l’Alguarena, en devenant un Etat client.

Fort de ce constat, plusieurs commentateurs se sont amusés à parler, pour la théorie « des deux chemins » de modèle miroir « Alguareno-Pharois ». Vous avez le choix entre la junte militaire avec l’Alguarena, ou la démocratie avec le Syndikaali.
Une opposition certainement un peu trop binaire et qui ne prend pas en compte la complexité de chaque situation, mais qui a le mérite d’être simple à comprendre, et facile à médiatiser. Il faut dire que l’escarmouche opposant les forces Kah-Tanaises, nation connue pour son démocratisme, à celles de l’Alguarena autour du Pontarbello trouve une lecture assez amère au regard des derniers événements survenus chez ce-dernier.
Si la victoire de l’aviation des Îles Fédérées a pu être présentée comme quelque chose de positif à l’époque, à présent que le Pontarbello se révèle être devenu un Etat terroriste, plusieurs commentateurs internationaux revoient leurs copies et commencent à se demander si une victoire Kah-Tanaise n’aurait pas été préférable.

« L’Alguarena a protégé le régime du Pontarbello et celui-ci est maintenant gouverné par une junte militaire qui assassine des civils et des ambassadeurs. On est en droit de se demander à quel jeu jouent les Îles Fédérées et si le gouvernement d’Aserjuco n’a pas cyniquement préféré soutenir des criminels à sa botte qu’une démocratie qui aurait risqué de se rebiffer. »

L’Alguarena, vecteur de dictature ?
Le Syndikaali, porteur de démocratie ?


Quand on voit le destin de la Commune de Kotios ou de celle d’Albigärk, comparé au Pontarbello, on est en droit de le croire, d’autant que c’est précisément à Kotios que les forces pharoises et kah-tanaises ont mis fin à un coup d’Etat fasciste avec succès. Une opération que les Kah-Tanais ont sans doute voulu renouveler au Pontarbello et empêché par l’Alguarena.

Il y a donc matière à faire cogiter les libéraux du monde entier qui voyaient sans doute dans l’Alguarena et son appartenance à l’ONC un champion des valeurs du libre marché, marché économique mais aussi des idées et un vecteur de démocratie libérale. Les faits semblent désormais plus complexe et l’Alguarena apparaît moins comme une démocratie morale que comme une nation cynique, prête à toutes les compromissions pourvu que les gouvernements qui en sortent soient à sa botte.

Portée par des faits objectifs et ruminée dans les cercles de penseurs décoloniaux et libéraux, la théorie des « deux chemins » dessine un futur complexe pour le monde, où les forces de la liberté s’opposeront vraisemblablement à celles de l’oppression et de la dictature.
3372
Le souvenir.


Lorenzo était accoudé au balcon de son bureau, un verre d'eau à la main. C'était la nuit, et il faisait bon. Il se souvint alors. D'une époque lointaine. Un flash-back survint dans sa mémoire.

République de Loduarie, Astrana
22 juin 1999, le soir


La voiture de Lorenzo s'immobilisa devant l'imposante maison de son ami. En pleine nuit, il l'avait appelé alors qu'il préparait un plan pour la révolution qui venait tout juste de commencer. Il possédait déjà la confiance du peuple grâce à son discours historique du 17 juin, et il savait que cet acte allait permettre une grande poussée révolutionnaire à travers toute la Loduarie. Mais diable, que pouvait vouloir Yanis à 1 heure du matin ?
Il sortit de son véhicule, et ferma la portière. Bon dieu, il fallait vraiment qu'il balance cette camelote de voiture Lofotens.
Il se dirigea vers la maison, qui tenait plus de la villa. Les parents de Yanis avaient réussi un coup de force majeur en s'enrichissant grâce à l'élection du nouveau président. Pas de bol, il était déjà mort. La première victime des fascistes.
Il sonna. Yanis ouvrit rapidement la porte, et lui demanda :
Rentre, dépêche !

Lorenzo rentra pendant que Yanis fermait doucement la porte derrière lui. Lorenzo lui adressa son regard inquisiteur : il souhaitait savoir ce qu'il se tramait. Yanis lui fit seulement signe de le suivre.
Ils montèrent les escaliers, sous les yeux des ancêtres de Yanis. Il fallait préciser qu'il était Listonien. Ses grands parents, originaux de la grande et puissante Listonia, s'était retrouvés fauchés à la cour de l'empereur. Anciens nobles, ils n'ont pas eu d'autres choix que de quitter la Listonie pour avoir un meilleur avenir économique avec ce qu'il leur restait, car ils savaient qu'il n'aurait pas pu survivre à Listonia avec leurs minces économies. Mais maintenant, ce qui était sûr, c'est qu'il avait redoré un peu leur blason.
Les Fernandes. Une longue ligné noble, qui avait dû fuir en Loduarie. Quelle ironie, quand même.
Yanis rentra dans sa chambre, puis indiqua à Lorenzo son siège. Le même que dans lequel habituellement, les deux amis se donnaient rendez-vous pour parler politique. Yanis s'installa en face de lui.

Bon ? commença Lorenzo. Une explication ?

Mes parents ont décidé de partir.

Attends, quoi ? Tu rigole ? Tu m'as appelé à 1 heure du matin pour m'annoncer que t'es parents partent ?

Je part aussi.

Ah ! Tout s'explique !

Désolé, mais... Ils emmènent Maria avec eux. Je ne peux pas les laisser partir tous seuls avec Maria, tu comprends ? Elle est tout pour moi, ma petite sœur adorée, tu le sais.

Camarade. Tu est mon ami. Si il y a bien une chose que je défend, c'est que chacun puisse faire ses propres choix. Je ne juge pas ta décision. Je trouve juste dommage que tu ne puisses pas assister à la révolution.

J'ai quand même vu ton discours, et...

Je ne pourrais pas arriver à la tête du pouvoir tant que Maxime ne sera pas mort, tu le sais. Non pas que je veux qu'il meure, c'est un amis après tout, mais c'est impossible.

Je vois. Néanmoins, camarade, bonne chance. Je suis sûr que vous gagnerez la révolution.

Bien sûr que nous la gagnerons, camarade. Bien sûr.


Les deux jeunes hommes se firent un poignée fraternelle, comme ils en avaient l'habitude.

18 minutes plus tard


Adieu, camarade ! lança Lorenzo à son ami Listonien. Il salua les parents de Yanis également ainsi que sa petite sœur Maria, âgé de 6 ans.

Et surtout, n'oublie pas de saluer ces aristocrates Listoniens de ma part !

Je n'y manquerai pas !

Et n'oublie pas de perpétuer la révolution là-bas !

Oh, ne t'inquiète surtout pas pour ça, camarade !


La voiture de Yanis démarra et partit au loin. Ce fut la dernière phrase qu'il entendit de la part de Yanis, son grand ami socialiste Listonien, qui repartait à Listonia. De là où il venait.

Démocratie Communiste de Loduarie, Lyonnars
Actuellement


Camarade Secrétaire Général ? Vous m'avez appelé ?

Le chef du DEL se tenait face à Lorenzo, prêt à noter les ordres.

Oui, camarade. Retrouvez moi Yanis Fernandes, en Listonie. Et surtout. Dites à nos services que nous débarquons bientôt en Listonie.
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Le siècle des milliers de peuples


"Quelque soit les rêves de grandeurs que vous puissiez entretenir vis-à-vis du désert, ses seuls maîtres incontestés sont le sable et la roche".

L'impérialisme est, dans ses fondements, une utopie. L'histoire d'un peuple, quel qu'il soit, s'élevant dans la grandeur en accédant à un règne sur tout le monde connu. Une grande histoire cachant d'innombrables autres histoires. Les Listoniens étaient-ils plus intelligents, civilisés, nés pour régner que le reste du monde ? Et, de manière plus importante, les Listoniens comprenaient-ils mieux les innombrables lieux de vie que tous les autres. L'histoire du Kodeda, du Shibh Jazirat Alriyh, et dans les faits, des innombrables colonies eurysiennes de par le monde, sont empreinte d'une vision civilisatrice eurysienne qui n'a jamais pu être concrétisée. Une bonne partie de l'Histoire de l'Afarée de l'Ouest se joue en-dehors de tout pays, parmi les terres perturbées en permanence, occupées par les nomades et les villages agraires, des peuples certainement pas civilisés dont les manières (et les croyances) arracheraient les cheveux de plus d'un préfet listonien. Des nomades, il en passe dans toute la région, et il n'ont pas oublié qu'avant la colonisation, ces terres restent avant tout une part du désert et de la steppe, leur foyer. Ils en sont convaincu XXIème siècle sera l'ère de leur montée en puissance, cette période importante de leur histoire où ils pourront à nouveau faire entendre leur histoire, leurs rêves, leurs désir. Eux savent coloniser un désert après tout, pas les Listoniens. Et lentement, ils apprennent à comprendre et à s'organiser dans se nouveau monde. Certains se lient à la Roue et rejoignent l'Union à Gokiary et Somagoumbé, d'autres se lient au Traité et rejoignent l'autre Union à Tumgao, d'autres s'associent les uns aux autres, s'organisent, se combattent et font la paix, échangent. Ces villes reconnues internationalement, ne sont plus seulement des parts de leur nation respectives, il deviennent un des lieux importants de la région pour permettre à tout nomade et villageois d'interagir en terrain neutre (et équipé), et d'entrer en contact avec le monde international. Ils souhaitent le faire entendre : l'avenir du monde ne se fera pas sans eux, ils ne se laisseraient pas mener à l'extinction sans rien faire.

En juin 2009, Tumgao est devenu le centre et le relai de transmission de l'une des plus grandes rencontres à ce jour de peuples nomades de la région.

La réunion a lieu à même les steppes shahilies au Nord de Tumgao, au pied des grandes falaises qui bordent la côte. Des échanges continus entre les dizaines de groupements nomades de la région ont alors lieu depuis des mois, certains sont au loin et en déplacement, et ne peuvent donc parler qu'à distance ou par émissaires interposés. Le principe qui prévaut lors de ces rencontre est "viens qui peut, parle qui veut", une bonne partie des conversations ont lieu en petit groupe, et lorsque tout le monde se réunit pour échanger, une bonne partie des conversations ont eu lieu. Les représentants des différentes tribus ne sont souvent pas des professionnels de la diplomatie, la fête, l'humour, la musique et les amitiés sont donc une fonction fondamentales de ces rencontres, et un moyen de désamorcer ou d'atténuer les conflits parfois personnels qui ne manquent pas de se faire jour. La rencontre générale se fait à la fraîcheur du soir et à la lueur des lampes. Les extraits qui suivent sont issues des discussions sur la question listonienne.

Des jours de discussion... Et pas de grand accord sur l'avenir de la région. Faire coopérer des peuples différent et souvent en conflit est difficile, qui l'eut cru ?

"Je pense qu'on est tous d'accord, on doit demander à passer ou à vivre sur ce territoire"
"Eh bien..."
"Eh bien quoi ? C'est évident non ?"
"Tu es sûr qu'il s'agit de le revendiquer pour tout le monde, que se ne soit pas pour ouvrir une terre à une confédération majeq à l'exclusion des autres et des autres peuples ?"
"Un accord pour plus tard, mais pour le moment, c'est face aux Listoniens qu'il faut faire front, c'est eux qui dénient la terre à tout le monde, pas une confédération majeq"
"Aussi, pour appuyer ce qu'il vient de dire, c'est comme ça que les Eurysiens ont colonisé le monde au départ. Ils ont exploité nos divisions. Il est normal d'être en conflit, mais pas face aux Listoniens"
"Tout le monde essaie déjà de tirer son épingle du jeu, on ne peut pas dire qu'on est uni, peut-être qu'on devrait régler ça d'abord"
"Là, tu es parti pour des décennies, il faut bien qu'on s'occupe de la Listonie un jour ou l'autre"

"En fait, le problème, c'est qu'on est loin d'avoir tout le monde. Il est heureux que l'on ait des indépendants avec nous, mais rien ne se fera sans les frères de Gokiary et Somagoumbé"
"Le Banairah intervient aussi, il faudrait peut-être parler à leur groupe aussi, ils interviennent également"

"Et les kodedans, ils accepteraient de voir des nomades passer chez eux, et s'installer dans un pré de temps en temps ?"
"En fait, tu imagine bien qu'on échange déjà avec eux. Il y a par exemple des épiciers qui traversent la frontière pour chercher du lait, de la viande, des légumes, tout ce qui permet de maintenir un semblant de vie normale en fait. Quand à nous voir chez eux, il va falloir leur expliquer que c'est aussi chez nous. Il leur faudrait du temps pour apprendre à vivre avec nous, mais il faut le faire"
"Si déjà, on peut passer la frontière. Le Clan Saadin n'a jamais fait part d'une volonté de laisser une place aux nomades. Tant que l'on n'a pas fait accepter l'idée que l'on existe, on tire des plans sur la comète".

"Peut-être que vous devriez partager le texte que vous discutez avec tout le monde depuis plusieurs jour, je pense qu'il est prêt à la délibération".
"Attends... Non, ça c'est pour le Shibh Jazirat Alriyh, il faudra en reparler... Ça c'est le Kodeda !"

Concernant le statut des peuples des déserts et des steppes d'Afarée de l'Ouest au Kodeda,
Par le présent texte, les institutions ayant ratifié l'accord qui lui est lié reconnaissent que :

1. Les peuples sans état d'Afarée de l'Ouest existent, partagent des intérêts et des revendications communes, et méritent sans exception d'être considérés dignement et traités avec respect.

2. Les décisions importantes concernant les territoires d'Afarée de l'Ouest devraient également donner lieu à consultation des nomades et villageois locaux, tout peuple pour qui ces terres sont leur lieu de vie devraient avoir droit de regard et de décision sur la façon dont elles sont gérées et exploitées.

3. La population et les cultures des nomades et villageois d'Afarée de l'Ouest disposent d'un avenir, la destruction et l'assimilation des peuples à une culture dominante ne doivent pas être toléré.

4. La Listonie a, en colonisant le Kodeda et en y établissant ses frontières, spolié des peuples nomades, notamment majeqa, et tribus villageoises, principalement Icheliiyen. Il s'agit de partis lésées en droit de demander des réparations.

5. Les frontières de la région doivent rester ouvertes aux peuples nomades d'Afarée de l'Ouest, permettre le passage, le pâturage, et le campement sur le territoire, ainsi que les échanges avec la population locale.

6. La mer est un patrimoine commun à l'ensemble de la région, et les nomades et villageois d'Afarée de l'Ouest doivent disposer d'un droit à la navigation et la pêche de subsistances sur les eaux au large du Kodeda, indépendamment de leur citoyenneté ou sujétion au sein de l'état listonien.

7. Nomades et Kodedans sédentaires doivent avoir le droit de s'entraider si les conditions l'exigent. Aucun kodedan ne devrait être inquiété pour avoir accordé l'hospitalité à un nomade, aucun nomade ne devrait être inquiété pour avoir accordé l'hospitalité à un kodedan.

8. Le présent texte ne porte que les revendications les plus urgentes, d'autres discussions pourraient amener à de nouveaux accords.


"Alors ?"
"C'est encore assez vague, et vraiment basique, mais c'est toujours une base qui devrait contenter la plupart des gens ici ! Je suis d'accord avec ce texte, mais ce n'est pas une question close"
"Moi, il me va bien ce texte, c'est pas grand chose, mais vu d'où on part, c'est des vraies revendications. Même dire que l'on existe est une revendication à ce stade"
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Suite de ce poste.

Je n’ai pas peur de la révolution qui vient, pensa Evert Sandberg alors que le wagon continuait son chemin, lent et irrégulier, le long des rails que l’on avait installés un siècle plus tôt pour acheminer le charbon des montagnes jusqu’aux industries de la petite ville de Skaudme. Je n’ai pas peur de la révolution, répéta-t-il intérieurement, et ce mensonge lui jeta comme un goût de vomis dans la bouche, car son ventre était plein d’une acidité qu’il assimilait à la peur, à la fatigue et aux nerfs sur lesquels on tire trop.

Partout dans l’Empire la situation s’était dégradée. Dégradée pour l’Empire lui-même, déjà, qui sentait venir sa fin comme seuls les grands prédateurs savent le faire, avec ce mélange de prescience et de refus paniqué, qui le rendait de plus en plus erratique et, paradoxalement, plus concentré qu’il ne l’avait jamais été. Dégradée, aussi, pour ses habitants qui maintenant étaient partagés entre la peur et le dégoût. Peur du gros prédateur, des derniers coups de griffe qu’il pourrait donner en mourant, des hurlements et des cris de l’être monstrueux sur pelage duquel jaillissait encore un sang chaud. Le sien, celui de ses proies. Dégoût, enfin, de la même créature qui, ayant perdu sa superbe à l’orée de la mort, ne ressemblait plus qu’à ce qu’elle était, ce qu’elle avait toujours été : passé les illusions et le stress d’une capitale charognarde restait un corps agité de spasmes, la dernière fournée des impérialistes, le dernier champ de la colonisation, marque-page délétère d’une époque terminée depuis cinquante ans. La bête impériale mourrait, ceux cachés et coincés sous son ombre pouvaient déployer leurs ailes et prendre leur envol, libérés de sa funèbre étreinte. La prison de chair exploserait enfin lorsque les gaz accumulés lors de la décomposition se feraient trop pressants contre les parois toujours plus fines de sa peau.

Dégradée, enfin, pour les révolutionnaires qui n’avaient jamais été aussi près de la victoire, jamais été aussi près d’entrer en action de façon violente et décisive. Mais, aussi et surtout, jamais autant en danger. La bête impériale pouvait tuer. Elle n’avait plus peur de le faire. Que perdrait-elle à mourir dans le feu et la superbe ? Puisqu’il fallait mourir autant le faire de la façon la plus brutale qui soi. C’était ce qui faisait peur aux soutiens des révolutionnaires, leur imposer de fonctionner selon un ordre caché, secret, des méthodes chuchotées. On scandait à l’ombre des murs et dans le silence humide des caves. On ne se laissait plus le droit d’aller à ses sentiments réels ailleurs que dans l’intimité. L’intimité même était suspecte pour l’Empire. Tout ce qu’il restait c’était le dégoût et l’attente de l’action : elle finirait bien par avoir lieu, non ? En tout cas Evert le pensait. S’il avait peur de la révolution – de la perspective de son échec et du grand bond en direction du vide qu’elle représentait – il n’avait pas peur de la révolution pour ce qu’elle était idéologiquement parlent. La pratique, enfin, ne le dérangeait plus autant qu’à l’époque de ses premiers engagements. S’il était encore jeune, il était déjà en quelque sorte un vétéran : on était par coursier d’un mouvement révolutionnaire sans l’être, en quelque sorte. Soucieux du détail, intelligent, silencieux, extrêmement fidèle. S’il lui arrivait malheur il tomberait seul, emportant son message et ses secrets dans sa tombe.

Rosborg-Skaudme était rapide à parcourir. Où du moins, n’était pas suffisamment étendue pour représenter plus que quelques heures de routes de traversée. Le train lui-même ne devait sa lenteur qu’à la vétusté des infrastructures d’une région qui n’était, dans l’ensemble, qu’un poste militaire oublié de tous et laissé à lui-même dans le nord nocturne. Rosborg-Skaudme était dépendante de l’Empire, ou d’un autre patron. On ne pouvait pas vivre éternellement de la pêche. D’ailleurs le niveau de vie de la région, tel que désigné par son produit intérieur brut, était évalué à un niveau équivalent de celui de la métropole. Ce que l’on devait notamment à des investissements (timides mais indéniables) de la part de l’Empire : ceux qui ne pêchaient pas étaient fonctionnaires, militaires ou ne comptaient pas. C’était pourtant dans ces populations que l’on trouvait le plus de révolutionnaires potentiels. Au point que l’Empire lui-même le savait, et qu’il avait dépêché ses chiens de garde afaréens et métropolitains pour éviter qu’une fronde de fonctionnaires ne finisse de transformer la région en petit État indépendant de fait.

À vrai dire c’était peine perdue : les afaréens n’étaient pas particulièrement fidèles à leurs maîtres esclavagistes, notamment parce que l’actualité toujours plus brûlante du Kodeda sonnait comme une incitation à retourner leurs canons contre ceux-là qui les leurs avaient donnés. Tout de même, ces gens n’étaient pas du crû, et une relative barrière de la langue les empêchait de pleinement intégrer l’aventure révolutionnaire locale. Ou, pour reprendre les mots d’Ilse, « Ils ont trop à penser pour penser à nous ». Joliment dit, et belle façon d’évacuer la banalité du mal et des collaborateurs impériaux. De toute façon ceux-là seraient pendus, ou renvoyés chez eux. Selon les circonstances qui animeraient les premières et les dernières heures de la révolution : guerre civile ? Coup ? Libératoin bienheureuse ? Invasion ? Personne ne pouvait le prévoir solidement, quoi que chacun tirait la couverture de son côté pour s’assurer une bonne situation une fois le conflit achevé.

Evert Sandberg, pour sa part, ne s’attendait à rien. Il avait déjà envisagé toutes les solutions et se rangeait du côté de ceux qu’on surnommait, non sans ironie, les pragmatiques. Il croyait à la certitude de la violence et des morts prochaines, mais n’estimait pas possible de prévoir exactement la façon dont elles se déchaîneraient. Tout acte d’insurrection était un dérapage contrôlé et lui, pour tout dire, n’était pas exactement au volant. Même pas passager. Il était une pièce de la mécanique. Son initiative s’arrêtait là où commençait celles des autres, l’ensemble s’actionnant dans une belle synergie à la « kotoïtes », comme on disait là-bas pour qualifier l’anarchisme, dont les noirs drapeaux avaient progressivement envahis l’espace philosophique et politique, remplaçant avantageusement les visions rouge sang d’un eurysicommunisme devenant franchement problématique. Pas que le gouvernement impérial ne fasse de différence formelle entre les deux tendances, il était aveugle aux nuances en diplomatie comme en politique

Le train continuait sa route, insensible au vent du changement, mais laissant celui – plus froid encore – du dehors s’infiltrer entre les lattes clouées de ses wagons. Ceux-là sentaient encore le charbon et la bête, des années après leur reconversion. On y avait entassé les rares richesses de la région, les pierres, les combustibles puis les bêtes laineuses. Leur senteur affreuse imprégnait le bois, les esprits. Les passagers se tenaient repliés sur eux-mêmes comme autant de morts en sursis. Ils serraient leurs gants, tiraient sur leurs écharpes ou vérifiaient machinalement que leurs manteaux étaient bien fermés. Tout était glacial et animal, comme une carcasse dans la neige.

Evert faisait de son mieux pour s’invisibiliser, disparaître dans la foule. Fut une époque où, romantique, il se serait caché sous les planches ou dans la toiture. Recette parfaite pour se faire prendre et tuer, où par l’ennemi, ou par le froid et la route. Il s’était lui aussi replié sur lui-même, ses manteaux à rembourages épais sur le dos, quelques secrets cachés dans leurs doublures recousues. Aux aguets. Parfois, à l’occasion d’une secousse, l’ampoule au plafond s’éteignait. La lumière sale qu’elle envoyait peignait traits sombres sur les visages des passagers, coupés par les traits des planches et de la lumière du dehors. Celle-là faiblissait. Il n’y avait pas de lumière dans le grand nord ; Seulement l’illusion pâle et triste de la lumière. Le froid assombrissait tout.

Le train commença à ralentir. On pouvait entendre le crissement aigu des platines usées contre les roues. Les wagons tremblaient, on aurait presque cru qu’ils allaient s’effondrait sous leur propre poids : tout était branlant. Dehors, par les interstices des planches, on apercevait des arbres, quelques panneaux signalétiques peut-être aussi vieux que la voie, ou qui au moins en avaient l’air. Il y avait une station d’arrêt, on était pas tout à fait à Skaudme. Evert se redressa et dirigea son regard vers l’autre paroi du wagon. C’était sans doute un contrôle. Les soldats en faisaient fréquemment, atteints qu’ils étaient par l’ambiance de fin de règne pesant sur la région. On cria quelques ordres, il y eut des bruits de pas désordonné, la porte du wagon fut ouverte et le coursier sortit des faux papiers. La marée humaine passa sans laisser d’écume, quelques hommes furent tirés à quai. Le train reprit sa route.
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15 Janvier 2010 - La gouvernance kronienne de Calabraise : le boucher collectionneur d’armes de destruction massive qui effraie le monde.


L'action kronienne portée par Baldassare Calabraise, une menace permanente et létale pour l'environnement social et économique mondial.
Le régime kronien de Calabraise : 1000 crimes et infamies, avec autant de casus belli, pour définitivement en finir avec la menace (clic gauche pour agrandir).

Calabraise, un boucher sanguinaire.

Si les dictatures totalitaires d’extrême-gauche ne représentent qu’une part infime des nations et des richesses de ce monde, force est aujourd’hui de constater qu’elles représentent néanmoins l’essentiel des foyers de tensions et de conflictualités à l’international. Déjà contrainte de défaire la dictature prodnovienne qui massacrait à tour de bras, la communauté internationale doit-elle s’emparer du cas de Baldassare Calabraise avant qu’il ne commette l’irréparable?

Il a longtemps été permis de citer parmi les bouchers les plus mondialement connus, le cas du dictateur communiste prodnovien Kuklin Viktor, auteur des exécutions sommaires contre sa population à Bridjesko, qu’il accusait d’avoir soutenu des terroristes ayant fait assassiner son prédécesseur. Bridjesko devenait alors à la face du monde, une boucherie à ciel ouvert que les pays eurysiens s’étaient juré de ne plus revoir, considérant la désolation apportée à tout un continent et les troubles persistants au Prodnov qui continuent actuellement de faire paraître un avenir incertain au-dessus de lui. Pourtant et malgré le fait que le nombre de victimes civiles ne surclasse pas (encore) les massacres perpétrés par Kuklin Viktor, d’autres dictateurs d’obédience communiste ont aujourd'hui signé d’une tâche rouge sang indélébile, des méfaits nouveaux. Ainsi, après la disparition du dictateur prodnovien Kuklin Viktor, les morgues et les veuves ont appris à redouter un nouveau bourreau en la personne de Baldassare Calabraise, le despote de la République de Kronos.

Dirigeant liberticide, ce tyran est surtout connu pour avoir ordonné la fermeture de ses frontières avec ses voisins eurysiens, la Youslévie en tête, sur qui il faisait peser la menace permanente d’un conflit armé. Mais cette fermeture des frontières s’est accompagnée d’une autorisation de recours à des tirs létaux contre toutes les personnes désireuses de la franchir. De franchir la frontière dans un sens mais également l’autre, ce qui implique donc l'exécution non chiffrée de civils kroniens ayant tenté de quitter le pays.

A ces exécutions sommaires, pour quiconque souhaiterait “quitter l’eldorado rouge”, s’ajoute également l’accomplissement de travaux forcés au sein d’usines chimiques installées sur le territoire kronien afaréen. La chaîne d’information d’état kronews ne s’en cache pas, à quoi bon se donner cette peine : le gouvernement kronien envoie par la force tout opposant politique (cf : manifestants ou toute personne susceptible d’avoir une pensée contraire à celle formatée par le régime Calabraise) dans des usines chimiques, pour l’accomplissement de travaux dangereux et forcés, avec pour seule contrepartie de pouvoir dormir et manger sur place. Un esclavagisme en Afarée qui ne dit pas son nom.

Le cynisme et la cruauté de la gouvernance kronienne, dirigés indistinctement contre son peuple qu’il devrait chérir, semblent donc ne pas connaître une quelconque limite, par sa capacité à utiliser ses soldats, les protecteurs du pays en personne, pour abattre des citoyens désireux de passer la frontière. Outre ces faits macabres, il est à porter à la connaissance du plus grand nombre, que de nombreux opposants politiques kroniens (comprenez par là, tout citoyen ayant eu envie ou besoin un jour d’exprimer son mécontentement envers la politique gouvernementale) travaillent contraints et forcés au sein d’usines chimiques afaréennes, sans qu’il soit permis que de quelconque protections leur soient fournis (gants, masques, combinaisons, lunettes anti-projection, rince-oeil, etc…). Le gouvernement kronien est une menace pour le monde mais aussi pour son peuple qui se meurt à petit feu sous l'ingéniosité de sa barbarie.

Calabraise, une menace permanente.

Si nous avons longuement pu évoquer la menace que le tyran kronien faisait peser sur son propre peuple, il nous appartient aujourd’hui de ne pas négliger la menace que ce dernier entretient sur la scène internationale. Une menace qui se veut permanente, du fait du rêve exprimé pour qui souhaite l’entendre, d’acquérir des missiles balistiques et projetables à des milliers de kilomètres du Kronos, sous une posture strictement offensive. Des missiles balistiques qu’il souhaite acquérir en très grand nombre, les identifiant comme “bien utile pour la suite” sous entendu utilisables à court, moyen et long terme… Le stockage de missiles balistiques entre les mains d’un boucher et l’attente de voir celui-ci en mesure de projeter sa menace balistique vers n‘importe quelle destination, notamment grâce à l’emploi de sous-marins lanceurs d’engins, laisse poindre un péril encore plus dangereux qu’il ne saurait être présentement.

La capacité d’un dirigeant à faire abattre sa population aux frontières et à la faire mourir à petit feu dans des usines chimiques sous le coup des travaux forcés, doit nous convaincre de l’incompatibilité de ce même dictateur à possiblement détenir de telles armes de destruction massive. Précisons d’ailleurs qu’une fois en leur possession, le dictateur d’Eurysie méridionale s’était targué de pouvoir cibler n’importe quel espace Youslève, zone urbanisée ou non confondues. Un rêve dont il défendait publiquement l’accomplissement sur sa chaîne d'État.

S’il est aujourd’hui indiscutable que les kroniens soient les premières victimes de la politique intérieure sauvageonne déployée par le tyran de Pendragon, la possibilité de voir cette barbarie s’étaler sur la scène internationale, touchant les nations étrangères avec lesquelles Baldassare Calabraise nourrit intentionnellement les conflictualités, n’a jamais été aussi proche que maintenant. Un risque et une menace insoutenables, un risque et une menace permanents, qui doit inviter chaque représentant du monde libre, à empêcher l’accumulation d’une telle capacité de nuisance par le tyran de Pendagron, fut-elle au moyen d’une intervention armée destinée à limiter, voire à supprimer, sa capacité de nuisance… Il faut dire qu’en matière de missiles balistiques, Baldassare Calabraise n’en est pas à son coup d’essai, après l’opportunité manquée pour lui d’implanter des bases militaires (pas moins de trois) dans le Nord-aleucien, auprès de l’Empire du Nord, un régime colonial acoquiné pour des raisons floues et obscures, au tyran de Pendragon.

Des bases installées à la hâte et sur lesquelles la gouvernance Calabraise aurait plein pouvoirs pour y installer des missiles balistiques, mettant à sa dangereuse portée, les populations lofotenoises. Un positionnement inadmissible qui avait obligé les États à faire pression sur l’Empire du Nord, pour entraver l’ouverture et la mise en place opérationnelle de ces bases militaires terriblement menaçantes pour les foyers urbains internationaux.

L’intervention militaire au Kronos, une évidence.

Dans ces circonstances, il est impératif de considérer la politique menée par le dirigeant et dictateur kronien pour ce qu’elle est, une menace permanente et létale pour les populations qui vivent, tant à l’intérieur de ses frontières, qu’à l’extérieur. Le tyran de Pendragon nourrit en effet les foyers de tensions et ses ambitions d’accumuler un nombre exponentiel d’armes de destruction massive, qu’il est prêt à diriger, sous le couvert de ses futurs sous-marins lanceurs d'engins, aux quatre points cardinaux du globe. “Comprenez bien que le tyran de Pendragon ne sera jamais moins menaçant que ce qu’il n’est actuellement. Plus le temps s’installera entre aujourd'hui et le jour de la pacification du gouvernement kronien, plus cette dernière sera coûteuse en vies humaines, considérant l’engagement plein et entier, voire obsessionnel, du dictateur eurysien pour l'entretien d’une force militaire à même de fournir la désolation où il le jugera bon.” explique un politologue de renom en Alguarena, Remicio Granda.

Devant un tel dilemme, l’entreprise d’une action armée contre les institutions névrosées kroniennes semble l’évidence, mais il appartient seulement aux acteurs de la scène internationale, de savoir quand jouer cette initiative, considérant le péril grandissant que le tyran de Pendragon semble déterminé à faire pousser à l’intérieur de ses frontières.
La paix contrainte face à Calabraise et Calabraise contraint à la pacification.

Tout n’est pas noir au tableau et de chaque malheur les héros ont l’opportunité de se dresser, serez-vous l’un d’eux? Si tel n’est pas encore le cas, ne tardez pas à considérer les capacités militaires et politiques de Baldassare Calabraise, pour entraver l’installation durable de la paix mondiale, ou encore à maintenir la suspension d’une épée de Damoclès alimentée par l’entretien ainsi que l'accroissement d’armes de destruction massives tirées depuis le sol kronien ou les eaux internationales grâce aux concours de sous-marins spécialisés et dédiés à cette tâche.

Dans ces circonstances, il est aisé de relever les casus belli entourant actuellement la gouvernance du Kronos, incarnée par Baldassare Calabraise. Dangereuse et mortelle, pour son peuple ainsi que celui des autres, l’autorité politique kronienne a entamé un long et dur rapport de force avec la paix, qui ne saurait être résorbé que par la pacification des institutions kroniennes, fut-elle au prix d’une révolution brutale et permanente.
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Tourisme : Porto Mundo tente de séduire la noblesse listonienne

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Pour le secteur du tourisme listonien, le monde vient brutalement de se rétrécir. Appuyé jusqu’ici sur un vaste empire colonial, la multiplication des mouvements (et parfois réussites) indépendantistes et des conflits militaires de manière générale rend un certain nombre de destinations impropres au voyage de plaisance. Les colonies des continents aleucien et paltoterran sont à couteaux tirés avec la Couronne, l’Afarée semble s’enliser dans les tensions, le Nazum reste plus que jamais une terre inquiétante. Quant au nord de l’Eurysie, la situation est au mieux ambiguë.

C’est bien sur cette ambiguïté que compte s’appuyer Edmundo Estrella, maire autocrate de Porto Mundo, qui s’est ces derniers mois lancés dans une vaste opération diplomatique de reconquête de l’opinion publique listonienne, grâce à ses contacts au sein de la haute société nobiliaire. On a écrit des pages et des pages sur la tension dans laquelle se trouve actuellement Estrella, partagé entre sa fidélité au Syndikaali et son héritage Listonien, et contraint pour ne pas se faire écraser par leurs poids de jouer sur les deux tableaux, ménageant l’une comme l’autre selon ses besoins du moment.

En mauvais termes avec son ancienne patrie avec qui il a sans scrupules coupé les ponts lors de son effondrement politique en 2008, Edmundo Estrella semble donc travailler à se racheter une réputation. Les avantages d’une telle opération sont multiples : outre se poser en acteur incontournable de la diplomatie pharo-listonienne et pouvoir à l’occasion jouer l’un contre l’autre, Estrella vise également les retombées économiques pour son petit territoire, pour l’heure dépendant des liquidités pharoises dû à la formation des recrues du Syndikaali.

Or, jouer le sas commercial entre la seconde économie mondiale, et la dix-neuvième, laisse entrevoir des bénéfices tout à fait conséquents si Porto Mundo devenait demain une plate-forme privilégiée d’échange humains, de capitaux et de marchandises entre les deux. Mais pour cela, il faut attirer les investisseurs Listoniens. Le Syndikaali possède bien assez de ses propres paradis fiscaux et ports-libres dédiés au commerce international pour les préférer à Porto Mundo. Listonia, en revanche, a perdu de son assise dans le nord et situé à l’embouchure du Détroit, son ancienne colonie représente plus que jamais un enjeu commercial stratégique. La porte vers l’économie pharoise.

La reconquête passera d’abord et avant tout par le tourisme et notamment l’accès aux ports-libres du Syndikaali, lieux de plaisance et de loisirs. Pour cela, Porto Mundo est idéal. Grâce à son administration largement lusophone et ses accords territoriaux avec le Pharois, il est largement plus intéressant pour un voyageur Listonien de se déclarer aux douanes de la ville sur le Fjord, pour ensuite accéder aux restes des ports-libres.

Mais Porto Mundo « n’a pas vocation à être un simple lieu de transit » explique Edmundo Estrella devant le conseil municipal de la ville. « Porto Mundo est au croisement du monde et forte de ses cultures, de son histoire et de son héritage, a vocation à briller. » On avait rarement entendu le maire aussi lyrique, plus habitués aux saillies hargneuses, celui-ci semble avoir pour l’occasion policé son discours qui se destine d’avantage à l’internationale qu’à ses administrés. Car si les Mundistes ont vu leur niveau de vie augmenter et s’intégrant pleinement au marché intérieur pharois, dont ils bénéficient des subventions militaires, cette richesse n’est rien en comparaison de celle de la noblesse Listonienne, connue pour son opulence fondée sur des siècles d’exploitation coloniale. Société aristocratique et autoritaire où la concentration des niveaux qui rivaliseraient presque avec ceux de Carnavale, attirer à Porto Mundo touristes et investisseurs de la noblesse listonienne représenterait pour Estrella un afflux de capitaux étrangers sans limites.

Le paradoxe à relever, toutefois, est que cette remise en avant de la culture et de l’héritage listonien de Porto Mundo vient après que celle-ci ait précisément été mise à mal par les recours aussi bien à l’émigration des populations locales, qu’à l’immigration des Pharois, puis des Tahokais jugés « nécessaires à la stabilisation de l’économie locale ». Ce que propose Estrella ressemble donc d’avantage à une mise en scène un peu factice, une « parc d’attractionisation » du port de plaisance de la ville, reconfiguré sur mesure pour plaire à la noblesse étrangère amatrice de voyages sans pour autant trop se dépayser.

Cette folklorisassions de la culture listonienne semble donc être une nouvelle étape dans le projet de Porto Mundo de s’abâtardiser, non pas au nom du multiculturalisme libertaire, selon la promesse pharoise, mais du grand capital qui ne voit dans l’histoire et la culture qu’un énième produit de consommation. C’est cela que propose Estrella à ses anciens pairs : consommer les restes prémachés de leur ancienne gloire, le frisson des casinos, des maisons de passes et du luxe ostentatoire des ports-libres, le tout baigné dans un vague air de « bien connu », culture des services et du servage pour assurer à ces messieurs-dames des vacances de rêves, paisiblement déconnectées de tout conséquentialisme.
11403
Il était tôt ce matin dans la capitale de l’Empire listonien, Listonia, mais on ressentait déjà la douceur de ce début de printemps. Pourtant, les personnages que nous suivons ne sont pas là pour profiter de cette journée qui s’annonce ensoleillée, ce n’est pas le genre de ces deux individus bien connus dans le milieu baltos.

Le premier n’est pas un voyou, en tout cas il n’en a certainement pas l’apparence. Iban Haranburu ressemble à n’importe quel vieil homme qui vient d’entrer dans la seconde partie de sa neuvième décennie. Pour cette petite virée loin de Sedjan, le cardinal de la capitale youslève, l’homme le plus important de l’église youslève, a enfilé une tenue noire et un chapeau de la même couleur. Cependant, il ne faut pas se fier à l’allure ni à la profession de cet octogénaire, il est tout sauf inoffensif. Pour preuve, il suffit de jeter un coup d’œil à l’homme qui l’accompagne.
Au contraire de son acolyte de ce jour, Archibaldo Hernantes est dans la force de l’âge. Le jeune trentenaire est l’homme de main préféré de Don Albeledo, le boss de l’Orga, l’association réunissant les différents groupes mafieux de la ville de Baltos. Archibaldo est souvent celui sélectionné pour faire les basses besognes comme aller demander des comptes à ceux un peu trop lents à rembourser leurs crédits ou faire taire les plus bavards. Et pour cela, il n’a jamais échoué ni déçu, sinon il ne serait pas à Listonia aujourd’hui pour accompagne le cardinal.
La vision de ces deux personnages bien différents, l’un voûté et fripé comme après avoir passé des heures dans un bain, l’autre grand et svelte habillé de manière décontractée selon la mode de la plus grande ville portuaire de Youslévie, un jean délavé, un peu serré, avec un tee shirt blanc, lui aussi très ajusté.

« - Merci mon petit, je suis vieux mais je peux encore descendre d’une voiture sans trop d’aide.
- On m’a dit de vous servir et de veiller sur vous, Monseigneur, je m’en voudrai si par malheur vous ne revenez pas en un seul morceau. »

La berline noire venait de se garer devant l’une des nombreuses cathédrales de Listonia. Si on ne savait pas qui étaient ces deux là, on penserait sans doute que c’est un vieil homme fortuné qui voyage avec son petit-fils ou son auxiliaire de vie. Malheureusement, les deux youslèves ne viennent pas de l’autre côté de la péninsule arcanienne pour faire du tourisme.
Non, l’homme qu’ils espèrent trouver n’est pas un guide touristique susceptible de leur faire visiter ce superbe édifice mais bel et bien le maitre de ces lieux, le cardinal Leonardo Pereira. Et ils ont visiblement été remarquablement renseignés par leurs sources car c’est bien ce petit homme bedonnant d’une soixantaine d’année qui est en train de faire l’office devant une petite assemblée composée en majorité de quelques grenouilles de bénitiers fidèles malgré le fait que nous soyons en pleine semaine.

Haranburu et Hernantes vont s’asseoir sur la droite de l’allée, vers les rangées du milieu afin de pouvoir être vu par le Listonien sans être remarqués par les autres personnes présentes.
Leur plan porte ses fruits car Pereira les remarque dès qu’il se retourne. Son visage jusqu’alors neutre et ennuyé s’assombrit soudainement à la vue du vieux vasque et de son homme de main. Il sait que recevoir la visite d’Haranburu n’est jamais bon signe, surtout quand il est accompagné par un homme à l’air peu recommandable et par-dessus tout dans un contexte comme celui-ci. Il avait déjà entendu les histoires narrantes les disparitions et morts mystérieuses de ceux s’étant mis sur le chemin de l’ainé des cardinaux.
Archibaldo avait remarqué que l’homme avec qui ils étaient venus parlementer était subitement devenu livide. Il ne savait pas grand-chose sur la mission, son but et son rôle dans celle-ci mais il n’était pas bête. Il savait que le pape Christophe était décédé il y a peu, il savait aussi que le petit homme ne donnant pas de mine à côté de lui avait les dents et le bras longs. Il en avait donc conclut que cette excursion n’était pas une simple visite de courtoisie, et l’expression qu’esquissait maintenant Pereira le laissait penser qu’il pensait la même chose que lui. « C’est quand même fou l’aura qu’a le cardinal sur les autres ».
Sans suspens, la messe se finit très vite, le cardinal emballant l’affaire en quelques minutes. Les deux spectateurs attendirent que les lieux soient vides pour aller voir Pereira qui se hâtait de ranger l’autel sur lequel il avait exercé. Alors que ce dernier se dernier s’activait encore, les deux hommes arrivèrent à sa hauteur :
« Alors Leonardo, la messe fut courte aujourd’hui. Ce n’est pas dans tes habitudes d’abréger aussi vite la célébration. Y-a-t-il un problème ? »
Haranburu s’était exprimé en latin et ceux pour plusieurs raisons. D’abord, c’était la seule langue avec l’italien que les deux hommes de foi partageaient, rôle ecclésiastique important en Catholagne oblige. Il avait aussi choisit de parler dans une langue morte pour des raisons évidentes de sécurité, ce n’était certainement pas le moment de laisser aux oreilles indiscrètes de quoi se satisfaire.
« Non Monseigneur Haranburu, je me sens juste un peu mal, répondit Pereira, livide.
- Oh, cela est regrettable, j’espère que tu ne verras cependant pas d’inconvénients à ce que nous ayons une petite discussion plus au calme, n’est-ce pas ? Je sais d’expérience que même les murs ont des oreilles, surtout dans les églises.
- C’est-à-dire que j’aurais aimé me reposer…
- Tu en auras tout le loisir une fois que nous serons partis, tu ne vas quand même pas refuser l’hospitalité à un vieillard ayant pris le premier avion pour venir jusqu’ici ?
- Soit, veuillez bien me suivre jusqu’au presbytère. »


Les trois hommes parcoururent alors une petite cour derrière l’immense édifice qu’était la cathédrale avant de rentrer dans une petite bâtisse qui ne payait pas de mine. C’est dans la salle à manger que les deux cardinaux s’installèrent pour discuter, Archibaldo se tenait quant à lui en retrait et jouait avec une pièce de monnaie qu’il avait retrouvé dans sa poche.
« Alors, que voulez-vous Monseigneur. Je sais pertinemment que vous n’êtes pas venu pour me tenir une conversation amicale, surtout avec la tragique disparition de sa sainteté Christophe.
- Tu as raison Leonardo, mais d’abord arrête de me vouvoyez, cela me rappelle trop le fait que je suis au crépuscule de ma vie.
- Comme tu voudras.
- Bien, très bien,
il s’exprimait d’un ton calme et posé comme le ferait n’importe quel vieillard. Il réussissait même à faire oublier toutes les atrocités qui lui étaient reprochées. Tu es au courant aussi bien que moi de la situation qui a prise de court tout la Catholagne et même plus généralement tout le catholicisme. C’est une bien triste nouvelle, un homme si jeune, si compétent et dynamique. Tu veux savoir, je pensais que Christophe m’aurait enterré, pas le contraire. Il ne me reste plus énormément de temps dans ce monde et avec un pape si jeune je ne pensais pas avoir l’occasion d’en voir un nouveau.
Seulement, tu veux savoir ce que j’ai pensé à l’instant où j’ai appris le décès de Christophe ? Je me suis directement fais la réflexion que cette mort n’était pas si accidentelle que ça, c’était un message de Dieu. Il m’a donné une chance, ma dernière avant de le rejoindre, de devenir le successeur de Saint-Pierre en sacrifiant Christophe.

Leonardo Pereira ne savait pas quoi penser des révélations d’Haranburu, il restait donc muet en attendant que le cardinal youslève finisse son histoire.
Et tu le sais, je ne suis que Son serviteur dévoué et aveugle. Si la volonté de Dieu est que je sois couronné pape alors je ne peux que m’y plier et déposer ma candidature au prochain conclave. J’ai décidé d’être dans l’ombre toute ma vie, à tirer les ficelles dans les coulisses, maintenant il semble que mon heure de lumière soit arrivée, un peu comme le soleil qui émet son rayon le plus puissant juste avant de disparaître et de laisser place à la nuit.
- C’est très beau, je suis aussi ravi que vous vous présentiez, mais je doute que vous soyez venu jusqu’ici pour seulement m’annoncer que vous souhaitez devenir le prochain pape, je me trompe ?
- Absolument pas. Tu sais aussi bien que moi comment marche le conclave, le premier tour ne garde que les cinq candidates ayant reçus le plus de voix si aucun ne recueille les deux tiers des suffrages, puis le second en élimine un autre, puis le troisième encore un et ce jusqu’à ce que les deux tiers des cardinaux votent pour un seul et même homme ou qu’il ne reste que deux concurrents, où ça se jouerait à la majorité simple.
Tu sais aussi que nous ne sommes que sept cardinaux youslèves. Plus les trois Farisi qui me doivent disons, un service, cela porte le total à dix votants, ce qui est beaucoup trop peu. Cependant, il y a quarante quatre cardinaux listoniens, la Listonie étant le pays le plus fourni en termes de cardinaux. De plus, tu commences à gagner en popularité du côté de tes confrères dans ton pays, surtout chez les plus progressistes.
Voilà donc ce que je te propose, tu prêches en ma faveur au sein de tes contacts parmi les cardinaux listoniens et autres, et si tu réussis je saurais m’en souvenir quand il faudra distribuer les différents secrétariats d’Etats.
- Monseigneur, je ne sais pas si vous êtes totalement sérieux, en tout cas votre proposition est quelque peu osée. Vous savez, je ne suis pas un homme de lumière ni de responsabilités, je ne sais pas si je suis l’homme de la situation pour occuper un poste aussi haut, je suis bien ici, je vis en paix et l’agitation et les complots de Catholagne ne sont pas ma tasse de thé.
- Oh oui, j’ai été un peu vite en besogne. Tu auras tout le temps de réfléchir à ton avenir une fois que le concile sera passé.
- Non je crains que je ne me suis pas assez bien fait comprendre, je ne suis pas certain d’accepter votre proposition en entière, je ne pense pas être la bonne personne pour pouvoir mener cette mission à bien.

L’expression d’Haranburu changea du tout au tout en l’espace d’une demi-seconde. L’homme âgé à qui on aurait pu donner le bon Dieu sans confession avait maintenant le visage marqué par la colère.
- Je pense plutôt que c’est moi qui ne me suis pas assez bien fait comprendre. Je n’aurais pas du utiliser le terme de « proposition » car ce n’en est pas tout à fait une. Je ne vous oblige pas non plus, je déteste devoir faire quelque chose et j’ai pour principe de ne jamais forcer quelqu’un à faire quoi que ce soit. Vous n’êtes donc pas obligé. Mais sachez que je vous invite grandement à faire ce que je vous demande, il en va de votre intégrité au long, voir au moyen, terme.
- Vous me menacez ?
un filet de sueur s’échappa des rares cheveux qui restaient à Pereira et fila le long de sa tempe. Il cramait sous soutane et le coup de pression qu’Haranburu était en train de lui mettre n’arrangeait rien à son sentiment de surchauffe.
- Non, certainement pas, je vous mets juste en garde. Moi, du haut de mes 85 ans, je suis inoffensif. Par contre mes amis, représentés par mon compagnon derrière, sont beaucoup moins conciliants que moi et eux, je vous le garantis, sont bien plus dangereux que moi et que toutes les autres personnes que vous avez eu l’occasion de croiser dans votre existence.
Vous me répondrez sans doute que vous n’avez pas peur, même si je sais pertinemment que c’est le cas, c’est pourquoi je vais prendre les devants afin de nous éviter de nouvelles minutes longues et désagréables.
Que dites vous si vos petits… dérapages… avec de jeunes enfants de cœurs étaient révélés au grand jour ?
- Comment ? Mais de quoi parlez-vous ?
Pereira commençait réellement à se sentir mal, il ne s’attendait absolument à ces allusions.
- Oh vous savez c’est le bruit qui court, c’est le bruit qui court… et après tout, peu importe que ça soit fondamentalement vrai ou faux, il suffit de trouver un de vos anciens disciples qui corrobore ces dires. Je ne vous mens pas, les jeunes gens en manque d’argent et prêts à accuser un pauvre prêtre pour sortir leur famille de la pauvreté courent les rues, il suffit de se baisser pour en trouver un suffisamment convaincant. De plus ces cas-là sont malheureusement bien trop répandus dans notre si belle Église et personne ne sera réellement choquer de vous voir tomber pour pédophilie.
Donc, vous acceptez ma proposition ?

Pereira était maintenant au bord du malaise. Les rumeurs étaient fondées, celles qui disaient qu’Haranburu n’était qu’un fou avide de pouvoir. Comment cet homme pouvait-il servir Dieu ?
- Vous savez, j’ai besoin de réfléchir…
- Cher ami, tout le monde a ses défauts. Si vous c’est votre goût pour les jeunes garçons moi c’est l’impatience. Je n’aime pas attendre, mes amis non plus d’ailleurs. Donc donnez moi votre réponse tout de suite, auquel cas je serai obligé de prendre votre silence pour un non.
- Oui, c’est oui.
- Bien, je suis si content que vous ayez fait le bon choix. Nous nous revoyons au concile dans ce cas. En attendant essayez de remplir votre mission du mieux que vous pouvez, de toute façon vous connaissez le deal. Archibaldo, on y va.


Les deux Youslèves quittèrent le presbytère, repassèrent dans la cathédrale puis rejoignirent leur voiture, toujours garée devant l’édifice.
- Cet entretient a été fructueux ? demanda Archi
- Je l’espère mon fils, je l’espère.
1738
Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées
3085
Préparatif de la 1ère opération humanitaire du Burujoa dans la colonie listonienne de Tãrtuga

Il y a un mois, l’empereur Tadashi IV convoqua une réunion avec sa garde rapprochée sur l’avenir de l'enclave listonienne d’Hachūrui. Parmi les personnes conviées on retrouve la princesse Keiko des affaires étrangères, le prince Yoshiro de la Défense Nationale ou encore la princesse Nae de l’information et de la propagande et le prince consort Shu de l’Economie. Pendant longtemps, le sort de cette péninsule, autrefois burujoise, désintéressait grandement l'exécutif impérial, la situation intérieure étant trop difficile et les marges de manœuvre inexistantes pour faire quoi que ce soit, tout le contraire de la Listonie. Cependant l’amélioration de la conjoncture économique interne, les difficultés grandissantes de l’empire listonien et la reconstitution d’une véritable armée impériale faisaient de nouveau réfléchir l’empereur burujois sur le sort d’Hachūrui, presque voisine.

Au cours de cette réunion, les hauts dignitaires impériaux ont minutieusement analysé la situation réelle d’Hachūrui : érosion des services publics, concentration autoritaire des pouvoirs, isolement de la colonie du reste de l’empire, etc. Keiko Burujoa a également présenté les fractures de la péninsule : Tartugà, ville attrayante en façade, relèverait davantage de la cité Potemkine s'efforçant à masquer la misère qui règne dans tout Hachūrui et en particulier dans les campagnes, où le sentiment d’appartenance au Burujoa est encore fort, tout comme la croyance en l’Hanaoïsme. Shu Burujoa a ensuite dressé le portrait économique de la Listonie : un PIB de 660 milliards en quasi stagnation pour la Listonie contre 680 milliards pour le Burujoa, avec une croissance économique très marquée mais cependant un budget de fonctionnement militaire 2x fois plus grand, 24 milliards par an pour la Listonie contre seulement 12 milliards pour le Burujoa. Cependant, la situation est plus complexe sur ce point et Yoshiro Burujoa a effectué une présentation militaire plus détaillée. En nombre de soldats, la Listonie surpasse l’empire mais ce n’est pas le point le plus important, sur le plan de l’artillerie les deux pays sont presque à force égales, tout comme sur le plan de la lutte anti aérienne. Le Burujoa dépasse en revanche la Listonie sur les véhicules blindés ou la logistique terrestre, quand c’est le contraire dans les avions de combat. Enfin, sur le plan maritime, les deux pays jouent à armes égales. Toutefois, le général Yoshiro déconseille à l’empereur toute action militaire sur Hachūrui.

Toutefois au regard de la présentation générale des faits, l’empereur décida de lancer une grande opération humanitaire à Hachūrui, il chargea Keiko Burujoa de s’occuper de l’affaire, et de sonder les pays riverains sur leurs intentions sur l’avenir des colonies listoniennes.

Le département impérial des affaires étrangères, dirigé par la princesse Keiko, est en effet un habitué des opérations humanitaires à l’étranger, surtout grâce à son bureau de la coopération internationale, qui permet à l’empire de mener toute sorte d’action : création d’infrastructures essentielles, distribution de nourritures, campagne vaccinale… Pour l’instant, le bureau se contente de dresser la liste de l’ensemble des très nombreux besoins à répondre, avec une attention toute particulière pour les campagnes, foyers de burujois. Mais ce n’est plus qu’une question de jour avant que l’opération Han'ei no kikan soit lancée à Hachūrui.
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Une guerre injuste se déroule au Prodnov et des civils et militaires y sont tués. Encore le produit d'une dictature sanglante ! Cette guerre de réunification insensée touche en premier la population, alors fait un dont aux CdD. Ces dons seront reversés à la RPL.

Envoyé vos dons pour que la paix soit un rêve devenu une réalité au Prodnov !


Les Chevaliers du Devoir

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Arbitrage : opération de corruption d'un politique
Émetteur : Youslévie
Cible : Clergé-électeur listonien

Des voyous de la mafia youslève tentent d'intimider le Cardinal Pereira et de le convaincre de soutenir le Cardinal Haranburu lors du conclave de Catholagne. Ils espèrent que celui-ci va rallier d'autres evêques listoniens en leur nom.

100-80 - Réussite majeure : Le cardinal, redoutant les retombées négatives d’un refus, suit les ordres d’Haranburu et joue de sa potentielle influence au sein du collège des cardinaux pour convaincre ses collègues. (+10 votes)
80-50 - Réussite mineure : Leonardo Pereira, redoutant les retombées négatives d’un refus, suit les ordres d’Haranburu mais ne réussit pas sa seconde mission qui était de convaincre d’autres membres du clergé listonien. (+1 vote)
50-15 - Échec mineur : Leonardo Pereira ne s’est pas laissé intimider et ne rentre pas dans le jeu d’Iban Haranburu.
15-0 - Échec majeur : Le cardinal se fâche et va répandre la nouvelle auprès de ses collègues. Les agents youslèves ne peuvent plus tenter de corrompre le clergé listonien jusqu'à la fin de l'élection.

Résultat : 53
Preuve
Score du lancé de dé 100
4518
Les sœurs de l'OCC débarquent à Jadis (Listonie)

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Photographie représentant les abbesses et les principales supérieures de l'Ordre dans la colonie.

Ces dames, ayant eu vent de l'existence de ce petit territoire d'Aleucie sous souveraineté listonienne, débarquent dans la colonie en tachant de demeurer en bonne intelligence avec les autorités, notamment et surtout l'Inquisition avec laquelle les relations son bonnes, les sœurs affichant publiquement et concrètement une soumission parfaite et sans faille aux injonctions des bons pères inquisiteurs concernant la foi et les mœurs ainsi que quelques autres thématiques. Sur le plan institutionnelle, les dames des l'OCC font jouer leur soumission à l'Inquisition pour en obtenir une protection contre les autres corps de l'Etat Listonien.

L'objectif de l'Ordre en Jadis est d'y développé un véritable système scolaire et social complet et qualitatif afin de palier les manques en la matière que l'on peut constater dans cette petite colonie sinistrée qui a ratée son entrée dans la modernité. Aussi, les investissement de l'Ordre dans ce pays sont-ils inhabituellement denses au regard de l’ampleur plutôt modeste de ses installations (en dehors de la maison de Lofoten qui est plutôt considérable, les maisons de Saint-Marquise et d'Amnystie sont en réalité assez modestes en terme d'implantation). Ainsi donc, le dispositif de l'Ordre se veut imposant au regard la colonie. Il englobe trois aspects : l'éducation, le médical et le social.

L'éducation, d'abord, se composera d'un dispositif complet et intégral (ou visant à l'être, tout du moins se donnant les moyens de l'être), pour ce faire, un fois n'est pas coutume, les six types d'établissement (école, collège lycée, pour chacun des deux sexes) regroupé en deux établissements au cursus complet (filles/garçons). Évidement la structure est adaptée aux effectifs ainsi l'ensemble des six établissement tiendra dans un seul complexe d'une taille relativement considérable mais permettant de rationaliser le transport scolaire. L'instruction donnée ici sera conforme à la pédagogie générale de l'Ordre et les engeances de la très sainte Inquisition. Elle reposera donc, outre l'apprentissage de la lecture, du calcul et de l'écriture, sur l'apprentissage des devoirs moraux et religieux envers Dieu, l'Empereur et le Clergé. En ce qui concerne l'instruction supérieure, impossible de l'organiser la Jadis, les étudiants devront partir vers une université étrangère.

l'établissment
Le complexe d'enseignement : école, collège, lycée, pour les deux sexes, soit six structures.

Pour le système social, un couvent unique sera mis en place à la seule fin de gérer les services sociaux de la colonie ou pour le dire autrement, l'aide aux nécessiteux. Ce qui inclus de nourrir les misérables par des distributions alimentaires, de les vêtir de même par des distributions, leur organiser une crèche pour que les mères puissent travailler, cacher les filles-mères, et tout autres choses semblables d’intérêt publique évident. En outre, un petit orphelinat sera bâti qui conservera une taille familiale.

En ce qui concerne l'aspect médical, l'Ordre installation un hôpital et un hospice, le tout calqué sur le système primain. L’hôpital bien que modeste, inclura toutes les spécialités nécessaires notamment l'urgentisme, l'obstétrique et la médecine générale(et l'on déplacera le patient au besoin dans l'un des centaines d'hopitaux que tient l'Ordre). L'hospice sera unique pour les deux sexes et inclura toutes les catégories de la population : les vieillards, les impotents, les misérables, les drogués et les fous.

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Un hôpital moderne incluant les services essentiels.

Toutes ces installations, qui formeront au final l'ossature du système sanitaire et social de la colonie seront utilisées par pas moins de 435 sœurs (aidées, malgré tout, de quelques employés) et devra servir de vitrine pour l'Ordre, Jadis doit devenir, en quelque sorte, le village Potemkine de l'OCC. Espérons que tout ce passera bien, encore qu'il ne soit pas certain que cette installation intéresse d'autres personnes que les sœurs et les habitants de Jadis.

En ce qui concerne la mise en fonction de tout cet édifice, elle se fera progressivement, le centre social et les deux écoles seront près dans quelques mois, suivi de l'hospice et de l'orphelinat, l’hôpital, en revanche sera plus long à installer, sans doute deux ou trois ans.

En résumé :
Il s'agit d'un dispositif de 335 sœurs pour 6 établissements dont :
  • deux établissements d'enseignement : les trois niveaux pour les deux sexes, le supérieur de faisant à l'étranger.
  • Un centre d'action sociale : présentant de nombreux services à destination des nécessiteux.
  • Un orphelinat : de petite taille pour les quelques orphelins de la colonie, qui n'ont pas vocation à y rester mais à passer à l'adoption.
  • Un hôpital : de petite taille mais fonctionnel et comprenant tout les services essentiels.
  • Un hospice :Pour accueillir les fous, les impotents, les vieillards, les drogués et les misérables, c'est un lieu protégé, un asile donc.
  • 572
    Carnavale se dit prête à financer les guerres de l'Empire Listonien en échange du vote de ses cardinaux en faveur de Bartholoméon de Petipont.

    La noblesse de Carnavale, réunie par le pape noir Glibert Camélia, a décidé d'apporter plus franchement son soutien à son candidat au Saint Siège. Grâce à ses réflexes philanthropiques, elle a réussi à réunir 60 000 Chèques Carnavalais et le soutien militaire des Industries Obéron pour s'acheter les voix des cardinaux Listoniens. Avions, missiles, tout ce qui est nécessaire à l'Empereur Philipe Ongro III pour récupérer ses colonies perdues !

    Désormais c'est certain : Petipont est un requin !

    Bartholoméon de Petipont
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