Cabinet des affaires étrangères de Loduarie - Page 4

Cher monsieur Lorenzo,

Je suis sincèrement ravi d'avoir de vos nouvelles bien qu'il me peine que celles-ci ne surviennent qu'en des temps aussi troublés que les nôtres. Il n'est pas de bonne conversation qui ne se mène sous un ciel orageux, on est toujours distrait par les éclairs et la peur que ceux-ci ne nous frappent soudainement. J'aime à choisir les causeries confortables, mais on ne choisit pas toujours...

J'ai parfaitement compris votre requête et sachez que je partage votre projet à 100% ! Il n'est rien de plus terrible qu'un peuple qui se meurt et la pénurie tue autant que les balles. Ainsi, c'est tout naturellement que nous laisserons passer vos navires - avec comme vous l'avez souligné un contrôle d'usage, je ne voudrai pas que se cache sous les médicaments quelques armes lourdes. On n'apprend pas à un vieux contrebandier son métier, n'est-ce pas ? et je confesse avoir un peu de bouteille, mais c'étaient d'autres temps.

Une réflexion stratégique toutefois me vient à l'esprit. Le Syndikaali, à l'heure actuelle, condamne fermement les agissements du gouvernement prodnovien et l'élection d'un nouveau dirigeant issu du même parti que l'ancien boucher, une élection qui se fit dans le sang, ne nous inspire rien de bon. J'ai la crainte chevillée au corps de voir vos ressources humanitaires détournées voire détruites sitôt qu'elles auront posé le pied sur le sol du Prodnov.

Dans ces conditions, vous laisser simplement débarquer serait inconséquent, ayons l'honnêteté de le dire. Que pensez-vous de négocier un couloir humanitaire sous contrôle de la marine pharoise ? Nous pourrions nous assurer que les vivres et médicaments parviendront bel et bien à la population en supervisant nous-mêmes leur distribution grâce à vos humanitaires et nos soldats.

Bien sûr, cela n'est envisageable qu'avec l'accord des autorités du Prodnov, mais si c'est le prix à payer pour sauver quelques vies, le Syndikaali le paiera volontiers.

Salutations fraternelles à nos camarades communistes, je m'adresse à vous en ma qualité de secrétaire général du Parti Communiste Pharois qui, vous ne l'ignorez pas, représente un tiers de la coalition gouvernementale.

Bien que le communisme loduarien ne soit pas libertaire, nous avons l'honnêteté de reconnaitre que votre régime est moins violent et autoritaire que celui de notre voisin, le Prodnov.

Monsieur Lorenzo, je ne m'éparpillerai pas en commentaires inutiles : si le Prodnov ne fait pas un grand pas vers plus de démocratie et d'Etat de droit, le Syndikaali ne le laissera pas continuer à massacrer sa population sans réagir. Honnêtement, le matérialisme m'oblige à reconnaitre que je ne crois pas en une sortie de crise pacifique, toutefois je ne perds pas complètement espoir.

Monsieur Lorenzo, parlez avec le Prodnov. Aujourd'hui, vous seul pouvez empêcher une escalade dramatique.

Camarade,

Je prends la peine de vous contacter car les premières informations remontant de la côte prodnovienne sont inquiétantes. Je reste en permanence en contact avec l'état-major pharois mais à ce stade tout semble confirmer que les soldats prodnoviens aient ouvert le feu sur des humanitaires, dans la zone réservée à ceux-ci.
Les choses sont confuses, j'ai eu la confirmation que la marine pharoise organise la retraite et l'évacuation de votre ambassadeur, il vous confirmera être en bonne santé dès qu'il aura embarqué sur l'un de nos navires.

Je suis absolument navré du tour que prennent les choses, soyez en assuré. Le Capitaine Mainio s'exprimera certainement très prochainement sur la situation mais le Parti Communiste Pharois tenait à vous renouveler sa solidarité dans ces moments tragiques.

Cher monsieur Lorenzo,