13/07/2013
04:43:00
Index du forum Continents Eurysie Pharois Merirosvo [ARCHIVES] le Pharois Syndikaali

[PRESSE] Brèves de presse, pour une actualité toute en objectivité - Page 3

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Un journal pour les gouverner tous.




Le Doyen Pêcheur en visite dans l'Empire Démocrate Latin Francisquien
Une rencontre sous le signe de la coopération militaire
Certains parlent déjà de réconciliation
Une partie de la population se dit "inquiète" pour la sécurité du Doyen



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Représentant du pays dépourvu de pouvoir politique, le Doyen Makku occupe ce poste depuis 1995 et jouit d'une bonne popularité.


Une entrevue compréhensible dans une période où l'Empire et le Syndikaali apparaissent de plus en plus comme les deux principales puissances militaires de la région.

Ce n'est pas complètement une nouveau, le gouvernement pharois et francisquien s'étaient déjà rencontré il y a quelques mois à Pharot au sujet de la guerre francisco-nhoréenne et pour évoquer le sort de ce qui deviendrait bientôt la Commune de Kotios. Toutefois, c'est la première fois qu'un représentant du Syndikaali se rendra en territoire francisquien, qui plus est le Doyen Pêcheur, peu connu pour se déplacer. Le choix d'inviter plutôt le Doyen Makku qu'un ministre du Gouvernement est perçu comme assez symbolique pour la Libre Entente. Explications :


La figure du Doyen, une personnage sans pouvoir mais hautement symbolique

Le poète Likka consacrait à la figure du Doyen Pêcheur un long paragraphe dans son ouvrage Vision du pays morne, 1943 participant indirectement à officialiser le rôle politique encore flou de ce personnage dans l'imaginaire collectif et plus tard la culture populaire.

« Le grand bateau d’Albi s’est échoué sans cap, sur une plage grise. Il voguait à la dérive depuis des siècles, bienheureux et ivre. Voilà que réinvesti par la mulitude, l’Imperium se réveille, le navire retourne aux flots, mais de nouveaux sans carte et sans compas. Alors qu’ils se bataillent dans les cales obscures, le Doyen est la vigie du Syndikaali. »
Likka, 1943

La métaphore de la vigie sera reprise dès lors dans plusieurs discours officiels et par le Doyen lui-même en 1971 dans son "Discours aux Associés" à l'occasion des 150 ans de la Révolution. La vigie en effet s'avère être une image pertinente : le Doyen ne décide de rien, il n'a ni la main sur la barre ni sur les cartes, mais il veille, figure solitaire et perchée, à ce que le pays ne s'écrase pas sur les rochers. Comme il est également le premier à voir à l'horizon, il est naturellement l'émissaire du Syndikaali, toutefois son rôle ne se substitue jamais aux décideurs, c'est l'avant-garde du gouvernement et des Pharois.

En cela, la rencontre entre l'Impératrice francisquienne et le Doyen s'annonce surtout protocolaire plus qu'une véritable affaire de politique politicienne. Une manière de tenter de renouer entre deux pays autrefois ennemis par l'intermédiaire de figures innofensive. L'occasion également de prendre des photographies et d'envoyer un message au reste du monde : l'Empire Démocratique Latin Francisquien et la Libre Entente peuvent collaborer le cas échéant. De quoi certainement refroidir les ardeurs des puissances étrangères qui auraient pu compter sur la rivalité des deux puissances pour pousser eux-mêmes leurs intérêts dans la région.


Quelles attentes d'une telle rencontre ?

En sous-texte, c'est bien entendu la question de la piraterie pharoise qui sera évoquée, surtout depuis l'affaire du Kauhea qui a donné aux exactions des pirates une dimension plus grave et géopolitique. Une crise militaro-politique qui a mené à la démission de la ministre de la Défense, la capitaine Irja, mais surtout à la destruction d'un navire civil damann pendant la guerre, causant plus d'une vingtaine de morts. Pour le moment le Kauhea n'a pas encore refait surface mais sa menace continue de planer sur la région. Allant dans ce sens, d'après nos sources, l'Impératrice Francisquienne aurait en effet reçu une lettre de menace de la part du sous-marin rouge et de son capitaine, celui qui se fait appeler Hymveri et semble bien être d'origine pharoise.

A croire toutefois que ces enjeux ont toujours été un prétexte pour la Libre Entente afin de rencontrer ses homologues et avancer ses pions dans la région, faisant entrevoir une diminution ou au contraire une aggravation des actes de criminalité comme une conséquence de la réussite ou de l'échec des négociations. On se souvient par exemple du cas de la Lutharovie, importunée par la Fraternité des mers du Nord et qui avait vu les attaques contre ses possessions cesser en échange d'un accord commercial avec le Syndikaali. L'Empire Démocratique Latin FRancisquien à l'inverse avait vu monter en puissance l'influence anarcho-terroriste sur son territoire jusqu'à mener à l'indépendance de la cité de Kotios, désormais aux mains de la Fraternité.

Si bien entendu aucune preuve n'atteste que le gouvernement pharois ait quoi que ce soit à voir avec ces évènements, ils trouvent tout de même une raisonnance particulière au regard de la stratégie diplomatique du pays, entre intimidation et négociation avec ses voisins. Une attitude héritée de son histoire, le Pharois Syndikaali ayant toujours été un territoire particulièrement conflictuel, à la jonction entre les mers de l'Est et de l'Ouest et s'étant plusieurs fois reposé sur des équipages de pirates pour se défendre ou s'en prendre à ses ennemis. Au point d'ailleurs d'avoir compté dans son gouvernement plusieurs criminels reconnus à certaines époques. Aujourd'hui encore, la Capitaine Irja, ex-ministre de la Défense fait l'objet d'enquête pour contrebande et le citoyen Petri, ministre de la terre, des villes et des propriétés a été dans sa jeunesse condamné pour plusieurs homicides et pour piraterie, jugé coupable d'avoir attaqué un navire cargos.

Pour l'heure, nous ne pouvons qu'espérer que la rencontre se déroulera sans heurts. Malgré quelques voix se disant inquiète pour la sécurité du Doyen - l'Empire ayant à son actif quelques exécutions sommaires de citoyens pharois qui restent vivent dans la mémoire collective - la plupart de la population semble trouver qu'une telle rencontre est une bonne idée qui profitera à terme au commerce et à la paix.
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L'économie est un jeu dangereux
Autant en connaitre les règles.


La Libre Entente deuxième puissance économique mondiale :
Les raisons du miracle pharois.


- L’édito Eco ce matin, avec le citoyen Pertii : le miracle économique Pharois, réelle anomalie ou illusion anthropocentriste ? Aujourd’hui donc vous nous proposez une analyse détaillée d’une stratégie qui semble avoir fonctionné ?

- Absolument ! Les chiffres de l'année 2004 sont donc tombés officiellement, depuis la grande réouverture du monde, le Pharois Syndikaali fait partie du peloton de tête des pays ayant réussi à tirer leur épingle du jeu. Première puissance économique d’Eurysie, seconde puissance du monde en termes de PIB, rien ne prédestinait pourtant ce petit pays aride et sur bien des aspects en retard par rapport à ses voisins à devenir en l’espace d’un peu plus d’un an une nation de premier plan.

- Mais alors Pertti comment peut-on expliquer ce phénomène ?

- Eh bien pour comprendre cette réussite en détails, il faut à la fois se pencher sur l’histoire de notre pays depuis la grande réouverture mais également affiner un peu nos données car vous le savez comme moi : les chiffres peuvent en cacher d’autres...

Alors pour commencer, que savons-nous ? Comme je l’ai dit en introduction, le Pharois Syndikaali se hisse désormais sur le podium des économies mondiales avec un PIB annuel estimé en 2004 à plus de 700 milliards d’écailles ce qui en fait la deuxième puissance économique mondiale devant l’Empire Démocratique Latin Francisquien, le Walserreich et le Grand Kah. Ajoutez à cela que rapporté par habitant, le PIB a dépassé ce mois-ci les 80 000 couronnes par citoyen pharois ce qui fait du pays l’un des plus productif du monde.

Des chiffres qui auront de quoi étonner le citoyen lambda lui-même : après tout il suffit de regarder l’état du pays au quotidien pour se rendre compte que contrairement à certains de nos voisins, dont le Genevier, le Syndikaali ne fait pas figure de paradis moderne et luxueux. Bâtiments en bétons, services et bâtiments publics cherchant plus la praticité que l’esthétisme, concentration des habitations autour des ports industriels, bien sûr une part de ces choix de développement s’explique par les particularités culturelles pharoises, nation historiquement attaché à une certaine sobriété architecturale et dont les infrastructures urbaines ont longtemps été considérées comme un mal nécessaire à l’entretien du cœur véritable du pays : l’océan et ses navires.

Mais cela n’explique pas tout. Le XXème siècle a fait son chemin et notre industrie n’est pas moins développée que chez nos voisins, charriant son lot de travailleurs à loger et nécessitant un cadre de vie agréable. D’où vient donc que la richesse du pays se voit assez peu au quotidien ?

Une première explication tient à la géographie du Syndikaali. Si Helmi est connue pour ses immenses côtes portuaires, ses digues et ses entrepôts à perte de vue, le besoin stratégique de la ville de se doter en infrastructures économiques a conduit à privilégier le béton et les lignes droites. Helmi a toujours été un lieu de travail avant d’être un lieu de vie, au point que la ville a longtemps eu un âge moyen bien plus bas que la moyenne, attirant les jeunes ouvriers et marins le temps d’amasser assez d’argent pour émigrer. A l’inverse Kanavaportti, quoique plus discrète, possède une architecture albienne plus traditionnelle et raffinée. La proximité du Genevier et de la Tapiolie ainsi que de l’ancienne capitale ont contribué au développement précoce dans l’histoire de la région d’un centre urbain historique très apprécié des touristes. Pharot, quant à elle, s’est développée pour répondre aux besoins d’Albigark dans un premier temps, et a donc eut pour rôle dans toute la seconde partie du XIXème siècle d’être un centre industriel de transit sans ambitions architecturales autre qu’une certaine efficacité de ses transports en commun. Ce n’est qu’au XXème siècle qu’avec le développement rapide de la région la cité a eut besoin de loger en masse un grand nombre de nouveaux travailleurs, entrainant la construction rapide des grandes barres d’immeubles au style brutaliste que nous connaissons.

Ces explications toutefois ne nous disent pas pourquoi le Syndikaali semble figé dans un paysage évoquant la fin de la révolution industrielle – voire son début pour les régions les plus traditionalistes. Tout d’abord, il faut nuancer un peu cette impression. Le développement du train a par exemple été un grand bouleversement dans notre conception du territoire en facilitant entre-autre le déplacement entre les grands centres urbains sans en passer forcément par un voyage en mer ce qui ralentissait et réduisant la distance parcourable possible en un court laps de temps. Ensuite, de nombreux travaux sont effectués en permanence un peu partout. Les statistiques du ministère de la Planification indique ainsi une augmentation de près de 200% des travaux publics sur l’année 2004, si le Syndikaali semble donc toujours aussi bordélique, c’est qu’il l’est littéralement.


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Voyageur profitant du monorail de Pharot, symbole de prospérité du Pharois Syndikaali


Mais au-delà de tout cela, ce sont avant tout deux grandes raisons principales qui expliquent cette particularité nationale :


1) Un rapport ambigüe à l’Etat.

C’est un poncif bien connu au Syndikaali et qui date de la Révolution de 1820 : « le plus grand ennemi des Pharois, c’est l’Etat ! » il faut dire que la faction républicaine, bien que majoritaire à l’époque, a dû dès son accession au pouvoir composer avec les forces socialistes, communistes, anarchistes et plus globalement les flottes pirates qui l’avaient secondé dans la guerre d’indépendance. Un équilibre qui laisse des traces encore aujourd’hui avec un paysage politique penchant encore largement à gauche et une certaine méfiance pour les tentatives centralisatrices et coercitives du pouvoir. En résulte cette mentalité unique que certains désignent comme « l’instabilité structurelle pharoise » mais que d’autres préfèrent appeler « esprit d’indépendance », un réflexe quasi pavlovien de résistance à toutes les initiatives venant « d’en haut » ou prenant une tournure trop hiérarchisante.

Cela n’empêche pas bien sûr le pays de se doter d’institutions démocratiques, au contraire, mais celles-ci sont flanquées de nombreux contre-pouvoirs dont les deux chambres et désignées par plusieurs modes de scrutins censés assurer une bonne représentativité de la population. Autre exception dans le monde, la pluralité des camps politiques qui composent le gouvernement et empêche une certaine unicité au sein de l’exécutif. Si certains déplorent un manque d’efficacité et de communication entre les ministères, de récents sondages confirment l’amour que la population voue à ce mode de scrutin, osons le mot, un peu bordélique.

Au-delà de l’aspect politique, c’est également la dimension économique qui est impactée. Peu de restrictions, peu de taxes, une certaines permissivité autour des initiatives privées menées à l’étranger y compris au risque de se brouiller avec ses voisins sans compter les actes de piraterie, contrebande venant nourrir l’économie parallèle dans la région qui sont tacitement tolérés. Le Syndikaali en prélève toujours une certaine retombée indirectement, au détriment des nations concurrentes.

Cette tolérance élargie favorise assez naturellement l’esprit d’entreprise et l’innovation ce qui, pour plusieurs économistes, explique le dynamisme de l’économie pharoise. Mais cette-dernière est pourtant en trompe-l’œil. Le Syndikaali est ainsi loin de rester passif dans se gestion du domaine public, même si ce dernier reste plus réduit qu’ailleurs. Certains services sont ainsi complètement collectivisés et pris en charge par l’impôt pour donner suite aux accords passés avec les syndicats et forces socialistes et communistes au fil du temps. Mais certains domaines comme l’éducation et la recherche bénéficient également des largesses de l’Etat, parfois dans une relative discrétion. En effet si certaines formations politiques mettent en avant l’importance de la tradition, le Syndikaali reste un pays toujours tourné vers l’avenir : les pirates qui l’habitaient et l’habitent encore savent la précarité de leur situation les poussant sans cesse à une sorte de course en avant. Un réflexe historique qui encourage indirectement aux investissements stratégique et explique sans doute la tolérance de la population aux subventions aux secteurs stratégiques tels que la recherche fondamentale dans le domaine militaire.

Un robinet d’argent parfois assez mal géré faute d'expérience et d'une administration compétente qui a conduit parfois à une inondation de liquidité en raison d’une gestion très irréfléchie de la dépense publique. En découle un secteur éducatif très dynamique quoique majoritairement privé, et une recherche de pointe ayant des retombés dans l’industrie notamment navale. Si quelques pays possèdent encore une certaine avance dans ce domaine, le Syndikaali fait tout de même figure de tête de pont dans l’amélioration des techniques de pêche et d’excavation sous-marine ce qui dynamisme à nouveau d’autant plus l’économie et permettant aux coopératives pharoises d’être particulièrement concurrentielles par rapport à leurs homologues étrangères.


2) La forte hausse des inégalités.

Si cette nouvelle peut en faire bondir certains, qu’ils se rassurent, la hausse des inégalités n’a été que dans un sens vertueux : de nombreux citoyens ont pu accéder à d’importants taux de concentration de richesses alors que le niveau de vie général n’a quant à lui pas baissé. On ne vit donc pas plus mal au Syndikaali mais certains vivent beaucoup mieux. Pour entrer dans le détail, le Syndikaali compte environ un million de personnes sous le seuil de pauvreté (60 % du revenu médian), soit un peu moins de 1/9 de la population active. Un chiffre qui peut paraitre alarmant mais qui est en trompe-l’œil. Tout d’abord une partie non-négligeable de la population semble avoir choisi ce mode de vie. Ce courant de pensée minimaliste s’incarne généralement dans le vote du Parti des flots mais peut également se retrouver dans toutes les sensibilités politiques : il s’agit de citoyens pour qui leur maison sur la côte et le travail manuel suffit à leur bonheur. Mécaniquement, les activités traditionnelles de pêche et de chasse rapportent peu comparées à certaines profession, entrainant mécaniquement une descente sous le niveau de pauvreté du pays.
Ensuite, la faible taxation au Syndikaali et le coût de la vie étant assez bas, il est possible de vivre correctement avec un revenu très bas. Conséquence logique de la première explication, assez peu de citoyens sont locataires, le prix des maisons et appartements est assez abordable et permet à tout le monde de se loger. Certains n’hésitent pas non plus à vivre dans leurs navires ce qui induit une baisse des dépenses des ménages supplémentaires. Le poisson est abondant, les services sont proposées par un grand nombre d’indépendants soumis à la concurrence les uns des autres ce qui fait chuter les prix. Enfin, certains secteurs ont fait l’objet d’un grand plan d’investissement au tournant de la moitié du siècle dernier, permettant à toutes les populations urbaines d’avoir accès à l’électricité et l’eau potable de manière quasi gratuite.

Ainsi, une part importante du Syndikaali se suffit d’un mode de vie relativement austère, y trouvant même une sorte de fierté. Néanmoins, ces chiffres sont à relativiser au regard de l’importance de l’économie souterraine dans notre pays qui forcément fausse les statistiques. Si certains pharois sont, pour l’Etat, en situation de pauvreté, cela ne les empêche pas parfois d’accéder à des niveau de vie tout à fait considérables en s’enrichissant par des voies non déclarées.

Mais cette pauvreté de façade ne saurait à elle seule expliquer l’énorme taux d’inégalité dans le pays. En effet, notre nation compte un nombre tout à fait considérable de fortunes privées comparé à certains de nos voisins. Souvent réunies sous la forme de coopérative qui, divisées par le nombre de leurs collaborateurs, leur permet de jouir d’un capital économique tout à fait considérable, le pays est également friand des fonds de pensions qui font du moindre citoyen un actionnaire potentiellement riche. Le paradoxe se trouve d’ailleurs là : dans le système financier pharois qui fait figure d’exception dans le monde, sorte de chimère ultra-capitaliste et pourtant à fortes inspirations socialisantes.

En effet, si les taxes sont quasi inexistantes au Syndikaali, elles s’élèvent toutefois à hauteur de 90% sur les dividendes, poussant naturellement la population à préféré réinvestir son argent dans de nouvelles entreprises plutôt que d’accumuler les rentes. Autre point important à noter, près de 80% des entreprises privées du pays s’organisent sous forme de coopératives, une forme d’association largement sous-taxée par rapport à toutes les autres. La fortunes des Pharois se fait donc grâce à la revente de leurs parts lorsqu’ils quittent leurs coopératives, motivant à la fois à faire prospérer leur business pour s’enrichir mais stimulant également la création d’entreprises puisqu’il est particulièrement rentable de repartir régulièrement de rien en espérant bénéficier plus tard d’une gigantesque plus-value.

Ainsi, la majeure partie du capital pharois travaille en permanence et circule très vite ce qui conduit à ce paradoxe d’une population à la fois très fortunée et productive mais vivant largement en dessous de ses moyens. La raison tient en une phrase : il est quasi impossible d’être rentier au Syndikaali et la fortune des individus, conditionnée à l’emploi dans les coopératives, ne peut pas être stockée et accumulée à l’infinie.



C’est cette alchimie surprenante, fruit de l’esprit d’entreprendre méritocratique et libéral, du désamour profond pour l’Etat et des aspirations sociales et égalitaires qui produit cette situation exceptionnelle et manifestement efficace puisque le taux de croissance du pays continue de se maintenir à des pourcentages tout à fait conséquents.
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Un journal pour les gouverner tous.




Nuit rouge à Pohjoishammas !
La Citoyenne Fanni au chevet de la diaspora francisquienne :
Celle qui avait su incarner les espoirs des immigrés francisquiens a souhaité s'entretenir avec la communauté endeuillée.
La co-ministre de la Défense Territoriale promet une réponse ferme aux exactions violentes des milices.
L'opinion publique divisée, des appels au calme côtoient la réaffirmation antifasciste.
Que faisaient les garde-côtes ?



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Les francisquiens une nouvelle fois victimes de leurs démons.


Près d'une quarantaine de francisquiens sont actuellement portés disparus à Pohjoishammas.


C’est un nouveau drame qui vient frapper la communauté francisquienne, pourtant bien loin de chez elle. Si on avait pu penser que l’éloignement de l’Empire et de ses mœurs autoritaires aurait pu assurer aux immigrés des perspectives de vies plus douces, il semble que la diaspora ait été une fois de plus rattrapée par ses démons. Le bilan est pour le moment de quarante-trois disparus ou lynchés dans le quartier des halls de Pohjoishammas, célèbre depuis plusieurs mois pour accueillir une partie des migrants venus de l’Empire, en transit vers le Pharois Syndikaali. Pour rappel, le Doyen Makku, en concertation avec le gouvernement de l’époque, avait au moment de la première guerre francisco-pharoise promis l’asile aux réfugiés de l’Empire, provoquant l’arrivée d'une vague de migrant désireux de fuir la barbarie de l’Empereur-Boucher sur le territoire du Syndikaali. Ce flot s'est quelque peu tari depuis que Kotios et la Damanie offrent deux nouvelles perspectives d'immigrations pour les populations libertaires de l'Empire, mais reste tout de même relativement important dans le Détroit en tant que place commerciale stratégique de la région.

Malheureusement, la sociologie de ces migrants semble par bien des aspects plus complexe que les jugements un peu trop caricaturaux ne permettaient de l’envisager au départ. Contrairement aux prévisions du gouvernement qui avait tenu un discours rassurant au moment de l‘ouverture de ses frontières, il apparait que ne soient pas entrée sur le territoire que la frange la plus démocrate de la population francisquienne, comme certains avaient pu le diagnostiquer au moment des annonces de la loge Doyenne. Une constatation qui amène les autorités locales à revoir leur copie alors qu’à Helmi l’intégration semblait avoir au contraire plutôt réussi. Interrogé à ce sujet le citoyen Aako, directeur du centre de Vastes Etudes en Sciences Sociales Internationales (VESSI), demande à ne pas confondre la diaspora d’Helmi, composée majoritairement de primo-réfugiés arrivés lors de la première guerre, avec celle de Pohjoishammas qui en tant que ville carrefour dans le Détroit accueille toutes sortes d’individus sans encadrement particulier. Cité portuaire, les communautés y sont nombreuses et diversifiées d’autant que sa faible taxation et sa position stratégique entre les mers de l’Est et de l’Ouest assure à Pohjoishammas un brassage de population aux intérêts commerciaux et de cultures fortement diversifiées. Une cohabitation sous le signe des affaires qui a peut-être trouvé ses premières limites avec la nuit rouge vécue dans le quartier des halls.

« Ce n’est pas mon rôle de dire s’il y a eu ou non un manquement des autorités pharoises à Pohjoishammas, ce qui est toutefois certain c’est qu’en tant que ville-monde, Pohjoishammas cristallise les tensions du reste de l’Eurysie. Les rancœurs et conflits accumulés s’expriment dans les endroits où les communautés se côtoient au quotidien, c’est naturel, il y a dans l’Empire Démocratique Latin Francisquien de fortes disparités d’opinions au sein de la population comme l’a prouvé la révolution kotioïte : qui aurait pu prévoir qu’une communauté anarchiste était capable de se réveiller dans un Empire aussi autoritaire. Il est donc prévisible que ces disparités se retrouvent dans les diasporas francisquiennes émigrées, c’est une donnée à prendre en compte dans les politiques publiques qui leurs sont adressées sinon on risque soit de tomber dans l’amalgame, soit dans l’angélisme. »
Citoyen Aako, directeur de recherche du centre VESSI

Dans l’immédiat toutefois, c’est à la police de prendre les choses en charge afin d’éviter de nouvelles exactions, protéger les populations locales et retrouver de potentiels disparus. Le quartier a été bouclé pour les prochaines 72h et le port fait l’objet de contrôle pour empêcher les possesseurs d’un passeport francisquien de quitter la ville le temps de l’enquête. Les garde-côtes sont sur place et plusieurs mandats ont été délivrés par la Cour Pénale de Grande Instance de Pohjoishammas pour des perquisitions ciblées afin de retrouver les miliciens. Des contrôles d’identité sont également organisés sur place afin d’y voir plus clair sur les allées-et-venues de chacun.

Ce n’est bien entendu pas la première altercation qui tourne en fusillade au Syndikaali, la présence de grands stocks d’armes sur place ainsi que le tempérament revanchard des pharois a plusieurs fois conduit à des drames sanglants au cours du dernier siècle. Néanmoins, la tuerie de Pohjoishammas a cela d’exceptionnelle que pour la première fois elle concerne des ressortissants étrangers sur le sol national mais également qu’elle a visé des civiles dans le but intentionnel de tuer. Si les règlements de comptes entre factions politiques ou équipages pirates ont toujours été plus ou moins tolérés tant qu’ils concernaient des protagonistes armés dans chaque camps et engagés pour la défense de leurs intérêts, l’exécution de sang froid d’innocent est une chose bien plus condamnable. D’ailleurs les réactions de la classe politique ont été unanimes pour condamner ses exactions, certains n’hésitant pas à se servir de l’évènement pour mettre en avant leurs agendas politiques quand d’autres craignent à la récupération.

En tant que ministre de la Défense Territoriale, la citoyenne Fanni s’est personnellement déplacée à Pohjoishammas dans le quartier des halls pour aller à la rencontre des familles francisquiennes endeuillées. Une opération visant à rassurer les populations et sonder auprès d’elles les raisons de ce drame, et qui a duré toute la journée avant de se terminer en conférence de presse dont voici une partie de la retranscription :

« Les évènements de Pohjoishammas nous rappellent encore une fois de ne pas baisser notre garde face à la menace fasciste qui gangrène l’Eurysie septentrionale depuis trop longtemps. Le fascisme tue, le fascisme corrompt, le fascisme divise. Nous ne nous laisserons ni tuer, ni corrompre, ni diviser. Notre pays a toujours su résister aux sirènes de la peste brune et c’est parce que cela leur était insupportable que les fascistes ont visés nos amis. Les Francisquiens sont les bienvenues au Pharois Syndikaali, que ce soit dit et répété, tous ceux qui fuiront l’oppression et la guerre pourront trouver un refuge sur nos terres, à la condition qu’ils en partagent ces valeurs fondamentales : liberté et humanisme. Le reste n'est que littérature. Les Francisquiens sont les bienvenues et c’est parce qu’ils sont les bienvenues qu’on les a tué en ce jour. C’est parce que leur intégration dans la société pharoise était une injure aux esprits assassins, aux diviseurs des peuples qui voient dans l’arbitraire des frontières des arbitraires d’altérité, ceux qui ventaient la race et le génie de leur nation n’ont pas supporté que des Francisquiens et des Pharois puissent devenir sœurs et frères. Voila pourquoi ils ont tué et voila pourquoi nous sommes en guerre contre eux : l’obscurantisme sera écrasé sous la masse du prolétariat uni et sans frontière ! Les nationalistes, les capitalistes, pourvoyeurs de toute haine et de toute division se briseront sur la fermeté de nos liens ! Le peuple, uni, ne sera jamais vaincu ! Vive l’humanité, vive la Libre Association et vive les Francisquiens libres ! »
Citoyenne Fanni, première secrétaire à la Défense Territoriale et colistière du ministre Sakari

Un discours qui s’il a reçu un accueil plutôt chaleureux sur place n’a pas manqué de faire réagir les autres formations politiques et notamment la droite et la Meremme, déplorant « une propagande communiste qui n’a rien à faire dans la bouche d’un ministre du gouvernement au service des intérêts nationaux du Syndikaali ». Néanmoins la situation ne se prêtant guère aux querelles de chapelles les réactions sont restées relativement consensuelles pour l’heure. Ils sont également plusieurs à avoir appelé de leurs vœux une normalisation des relations avec l’Empire suite à ce drame, argumentant que les regains de tentions en mer du Nord encourageaient indirectement les divisions et ce genre d’exactions. Une position toutefois très minoritaire et balayée par le Citoyen Kaapo, le chef des Garde-Côtes, qui a pris la parole après l’intervention de la Citoyenne Fanni.

« On ne négocie par avec les terroristes. On ne se compromet pas par peur, ce n’est pas l’esprit qui nous anime. Si des petites merdes nazillonnes pensent pouvoir nous impressionner, ils vont assez vite comprendre qui est le saumon et qui est le pêcheur dans cette histoire ! Ça montre les muscles mais c’est pas foutu d’avoir la moindre idéologie cohérente, putain, ça me dégoute, croyez moi les mecs doivent être en train de se pisser dessus à l’heure qu’il est parce que quand on les aura choppé c’est directe au croc d’écorchage à baleine que je vais te les suspendre moi ! »
Citoyen Kaapo, chef des Garde-Côtes

Des propos immédiatement démentis par la citoyenne Fanni qui a pris le temps de revenir dans la salle de conférence pour rappeler que les Garde-Côtes agissent dans le respect de la loi et qu’aucune répression aveugle ne sera tolérée sans jugement rendu au préalable.
Si l’enquête continue donc de se poursuivre à Pohjoishammas, nul doute toutefois que de nouveaux rebondissements auront lieux dans les prochains jours.
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Allez hop,
On y va
C'est parti pour l'aventure socialiste !




Face à la menace fasciste
Riposte antifasciste !



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Appels aux Francisquiens à nous rejoindre : pas de fascistes dans nos quartiers, pas de quartier pour les fascistes !


Partout où ressurgit la menace fasciste se dresse la défense antifasciste ! Voila nos principes, voila nos idées ! Nous n'abandonnerons pas la rue à l'ennemi, nous n'abandonnerons pas le peuple à la terreur des bandes armées et violentes. Chaque pavé, chaque rue leur sera contestée et demain comme hier, nous renverrons les rats aux égouts de la pensée dont jamais ils n'auraient dû sortir !

On a tué dans le quartier des halls et les tueurs courent encore. Ne pouvant faire confiance au travail des Garde-Côtes pour assurer la protection de chacun, ne pouvant accorder notre confiance à un gouvernement capitalistes et prospérant sur le chaos et malgré nos affinités avec la Ministre Fanni, notre stratégie reste toujours la même : autodéfense populaire ! Au devant de la population francisquienne et pohjoishammassienne, nous appelons au front unitaire socialiste : seule la solidarité de classe et le regroupement autour d'intérêts communs clairement identifiés nous permettra de repousser l'ennemi organisé. C'est parce qu'ils sont organisés qu'ils nous veulent dispersés. C'est parce qu'ils sont unis qu'ils nous veulent fractionnés. Leurs intérêts sont clairs : divisions de classe, divisions de races, divisions nationales. Refusons d'entrer dans leur jeu ! Le prolétariat doit avancer vers sa propre libération et rejeter toute menace répressive ou intimidante, qu'elle vienne de l'Etat ou des milices.

Nous appelons nos amis de Pohjoishammas et d'ailleurs à se réunir ce samedi au complexe des Espérant, 7 rue du chat qui fume, salle du ballon d'eau au 2ème étage, pour organiser ensemble la riposte antifasciste. Nous n'abandonnerons ni la rue ni nos alliés.
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Un regard plus léger sur l'Humanité



L'appel des profondeurs : comprendre le rêve pharois

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Nous sommes le 17 avril 2005, à quelques kilomètres du port de Merirosvo, deux étudiants en ingénierie réalisent des relevés en amateur sur le taux de salinisation de la mer dans la région. Leur objectif : comprendre l’impact de la fonte périodique des glaces dans cette partie du grand nord sur le niveau de sel présent dans l’eau. Derrière ce travail de fourmi, une idée les obsède : mieux comprendre le fonctionnement de la pression afin de construire le meilleur sous-marin possible.


A plus d’une journée de navigation de là, à Pharot, une petite foule se masse sur les quais pour assister comme chaque jour à la cérémonie de la remontée. Ils sont une vingtaine aujourd’hui, c’est peu pour une ville comptant plus d’une centaine de milliers d’habitants mais ce ne sont pas toujours les mêmes qui participent. Installés sur des petits bateaux de papiers, bougies, fruits et fleurs séchées sont lâchées dans l’eau où elles ne tarderont pas à couler. Elles sont censées parvenir aux marins qui, dans les abysses, attendent leur heure pour revenir au royaume des vivants.


Quel lien peut-on faire entre une expédition scientifique amateur montée par deux adolescents et une cérémonie folklorico-mystique ayant lieu tous les soirs dans le port de la capitale ?
La réponse se trouve dans la fascination du peuple pharois pour les abysses. Une curiosité qui ne date pas d’hier et que nous nous proposons d’explorer dans le numéro d’aujourd’hui. Explications :


Nous ne reviendrons pas dans cette article sur le rôle de l’Église Abyssale, dont l’histoire a déjà été évoquée dans un précédent papier (1) et qui fait plus aujourd’hui figure de folklore que d’un véritable culte, bien que ses ministres tentent encore parfois de peser sur les décisions politiques notamment via le Parti des flots et plus récemment certaines branches du Front de Défense Océanique qui ont pris pour stratégie d’associer la protection de l’environnement avec le respect du folklore maritime régional.

L’intérêt des Pharois pour les abysses se retrouve tout au long de leur histoire. Au XVème siècle, Le long poème chanté évoque lors de plusieurs chapitres des rencontres merveilleuses avec les habitants des profondeurs. Plusieurs légendes locales font écho d’animaux étranges perçus au large des côtes et qui ont parfois provoqué de véritables mouvement de paniques ou au contraire d’euphorie, comme l’épisode de la grande désertion de la région de Karkuruus, où un petit village côtier fut complètement abandonné par ses habitants suite à la disparition de plusieurs enfants prétendument enlevés par des créatures sorties des vagues. A Tanssi, dans les îles du nord, une étrange statue au centre du village célèbre selon le folklore l’aide apportée aux pêcheurs qui, pris dans une énorme tempête, se seraient vu porter secours par un animal au dos plat et recouvert d’algues grandes comme des arbres dans lesquels les Pharois auraient trouvé refuge.

Ces histoires légendaires, chaque localité en possède dans ses archives et elles ont eu d’autant plus de succès que l’organisation de ce qui serait le futur territoire pharois, basé sur des petites exploitations côtières proches des phares et ravitaillées par des marchands en bateau, favorisaient la circulation des légendes et des mythes. Ainsi plusieurs contes ont pu subir des déformations et déclinaisons à force de circuler le long de la côte et contribué à la constitution d’un début de folklore national dès le XIVème siècle, quand les terres pharoises étaient encore sous-développées par rapport au reste d’Albi.

Toutefois, on ne peut résumer la fascination pour les abysses au simple reliquat de légendes poussiéreuses. De nos jours encore, alors que le Pharois Syndikaali avance de pleins pieds dans la modernité, des témoignages étranges venant de pêcheurs continuent de nous parvenir, amplifiés par une presse spécialisée dans ce genre d’histoires et peu regardante sur la véracité des faits, ainsi que les débuts d’internet qui semble faciliter la circulation d’informations. Si pour l’heure les vidéos prisent restent de très mauvaise qualité et ne permettent en aucun cas de voir plus que ce qui pourrait être de simples baleines dans la nuit, plusieurs émissions de télévision, généralement diffusées tard, se proposent de compiler et de commenter à l’aide de soi-disant experts en biologie et faune marine les images recueillies. Il y a donc un business de l’étrange qui se développe et dont la population semble friande ce qui laisse à penser que le folklore pharois a encore de beaux jours devant lui.

Bien que minoritaires, certains mouvements ultra-réactionnaires et mystiques accusent depuis plusieurs décennies le gouvernement et la société pharoise d’outrager les créatures marines en ne respectant pas des traditions et cultes locaux ancestraux. Une vision qui s’incarne particulièrement dans un vote pour le célèbre Parti des flots, une organisation politique militant pour un plus grand respect des modes de vie traditionnels, de la mer et des créatures qui y résident. On ne parle ici évidemment pas de simples poissons – la pêche est un élément économiquement fondamental dans la société pharoise – mais de monstres et divinités supposément endormies ou cachées dans les fonds marins et censés remonter périodiquement à la surface afin de laisser libre cour à leur colère ou au contraire réaliser des miracles. Une croyance pouvant tourner au millénarisme puisque certains mouvements de croyants évoquent ainsi très sérieusement le réveil du Macreaun, un poisson gigantesque qui balaiera la péninsule d’Albi de sa nageoire avant de noyer le monde entier en élevant le niveau de la mer. Ces mouvements quoique d’apparence fantaisiste sont surveillés de près par les observatoires des tendances sectaires – nombreuses au Syndikaali.

Toutefois puisqu’il ne faut négliger aucune option, nous sommes en droit de nous interroger : y a-t-il une chance que certaines de ces légendes soient vraies ? Plusieurs histoires sèment le trouble. Ainsi en 1949, le citoyen Jaakko refait surface après deux ans de disparition en mer. Ses collègues sur un chalutier avaient pourtant juré l’avoir vu passer par-dessus bord dans un océan agité et Jaakko avait été reconnu officiellement disparu et décédé depuis ce jour. Aucune terre à l’horizon et tout le monde sait qu’on ne survit pas longtemps dans l’eau glacial des mers du Nord. Comment a-t-il alors survécu ? Canular ? Arnaque ? Miracle ? Lui nous explique seulement avoir bu la tasse et jure ensuite n’avoir aucun souvenir des deux années qui ont suivi. Un peu gros à entendre quoique qu’une amnésie de cette ampleur puisse arriver parfois lors d’évènements traumatisants. Sa femme l’a en tout cas formellement reconnu, ainsi que ses collègues, laissant peu de places à l’hypothèse d’une usurpation d’identité. Le citoyen Jaakko mourra quatre ans plus tard d’une pneumonie.

Ce témoignage n’est toutefois pas isolé, bien qu’ils soient devenues de plus en plus rares depuis le début du XXème siècle. Jusque-là, la croyance qu’un marin puisse parfois revenir après une longue période de disparition était fortement ancrée dans l’imaginaire collectif de la population. Bien sûr, l’Histoire pharoise a révélé plusieurs cas d’impostures : la légende urbaine était fort pratique pour permettre à certains marins de disparaitre un temps, pour fuir leurs familles ou leurs dettes, déclarés pour mort et lavés de leurs obligations ils revenaient après quelques années passées à l’étranger et racontaient avoir été accueillis par des créatures de l’océan. Pour amusante que soit cette explication, il semble que cette pratique de disparition ait été particulièrement importante notamment au XIIème siècle alors que le taux d’imposition de la couronne était extrêmement haut afin de financer les divers tentatives de conquêtes à l’étranger de la royauté albienne. Des familles entières pouvaient ainsi « se noyer » en mer, léguer leurs possessions à un parent proche, éviter les taxes pendant une période plus ou moins longue et revenir ensuite récupérer leur patrimoine et reprendre le cours légal de leur vie en prétextant une « remontée ».

Plus tristement, les terres pharoises ont toujours été dures à vivres et ses mers encore plus. L’océan gelé du nord, les nombreux morceaux de glace flottant parfois en dessous du niveau de la mer et qui brisent les coques des bateaux, les pratiques dangereuses telles que la chasse à la baleine et les nombreuses tempêtes que connait la région ont tout au long de l’histoire de notre pays provoqué de grands drames, y compris parmi les populations les plus jeunes (2). L’idée qu’il puisse exister un phénomène de « remontée », que certains des proches disparus reviendront un jour où qu’ils ne sont pas morts mais festoient dans quelques palais sous-marins a sans aucun doute pu apporter du réconfort aux familles endeuillées par la perte de l’un des leurs. Encore aujourd’hui des cérémonies sont réalisées dans le but de rappeler à l’être aimé que sa famille l’attend et peut-être l’encourager à « remonter » des paradis liquides où sans doute l’existence est plus douce qu’à la surface.

Outre la constitution d’un folklore nationale marqué et ayant pu servir de socle à la construction d’une identité pharoise distincte de ses voisins, la fascination pour les abysses a entraîné des conséquences très concrètes dans certains choix politiques et stratégiques du pays. Ainsi, le Pharois Syndikaali investit énormément dans l’exploitation des sols en eaux profondes et la recherche et développement en biologie marine.
Alors que d’autres rêvent de marcher sur la lune, la Libre Association s’est depuis longtemps fixée comme objectifs de repousser les limites de l’exploration des abysses et d’être capable de descendre plus bas que nul autre. Un fantasme qui a eu des effets très concrets en poussant le pays à parier sur le développement d’une flotte de sous-marins militaires avant-gardiste et ayant eu l’occasion de faire ses preuves face aux francisquiens. Cet amour pour les secrets des fonds marins n’est toutefois pas uniquement important pour des applications militairement stratégiques, il ouvre également des perspectives quant à une possible meilleure compréhension des écosystèmes marins ainsi que du déplacement des courants, les phénomènes météorologiques et climatiques qu’ils entrainements, ainsi que les migrations des bancs de poissons en Eurysie.

Plus généralement, la société pharoise se distingue par un nombre particulièrement élevé de jeunes s’engageant dans des filières de biologie et géologie marine. Cette nouvelle génération d’ingénieurs et de scientifiques sera d’ailleurs peut-être celle qui achèvera le rêve de nos ancêtres : enfin découvrir les plus grands secrets des abysses.


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Un regard plus léger sur l'Humanité



Les deux visages du Pharois Syndikaali

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Tous les Pharois ont à l’esprit les nombreuses différences – y compris culturelles – existantes entre la côté nord du Syndikaali et sa côte sud. Une polarisation du pays qui donne d’ailleurs lieux à de nombreuses plaisanteries et une rivalité potache, s’exprimant lors des compétitions sportives ou pendant les fêtes nationales lorsque les différentes localités rivalisent d’ingéniosité pour attirer à elles le plus de fêtards possibles.

Il est vrai qu’entre Helmi, agglomération industrielle et bétonnée, et Kanavaportti, l’élégante cité touristique à l’architecture traditionnelle et boisée, les différences sautent aux yeux. La disposition générale du Syndikaali le prédestine en effet à des réalités contingentes tout à fait diverses sur chacun de ses deux versants, dédiés historiquement à des fonctions économiques et politiques distinctes. Ainsi, la côte sud qui abrite la capitale historique et encercle la baie d’Albi, en contact direct avec le Genevier, a toujours été plus sûre et prospère que la côte nord, exposée aux mers gelées et ouvrant sur le Détroit, un bras de mer tristement célèbre pour ses nombreux dangers et ses eaux traitres.

Le Syndikaali toutefois a activement cherché à en tirer profit, d’où le ralliement des deux cités libres : Pohjoishammas et Etelähammas, « les deux dents de la mâchoire » et l’industrialisation rapide d’Helmi pour en faire une place stratégique et bien défendue. Le contrôle du Détroit, de sa passe stratégique et de ses richesses a ainsi toujours été un enjeu historique pour le Syndikaali qui y a multiplié les places fortes afin de se protéger des pirates mais également d’assurer sa domination sur la région vis-à-vis de ses voisins. Plus généralement, la côte nord fait office de porte vers l’international : c’est de là que partent les principaux convois d’exportation et c’est également le meilleur moyen de rejoindre les îles du Nord, autrefois particulièrement importantes pour les marins Pharois s’en allant pêcher la baleine et aujourd’hui encore puisqu’elles hébergent les travailleurs des plateformes offshore du pays.
La côte nord a donc longtemps été un lieu de transit et de travail, peu hospitalier, fonctionnel et bien défendu, exposé aux intempéries, les Pharois lui ont souvent préféré le calme et le climat plus doux de la côte sud. La côte nord reste encore aujourd’hui dans l’imaginaire collectif un lieu plus sauvage et périlleux, mais également une terre d’opportunités. Sa côte relativement peu habitée laisse de la place pour l’installation et sa proximité avec le Détroit favorise l’implantation des entreprises travaillant à l’extérieur du pays. C’est un espace privilégiant l’efficacité à l’esthétisme, brassant de larges populations hétérogènes réparties en quartiers ethniques et bigarrés. L’insécurité y est également plus élevé que dans le reste du pays notamment dû à la présence des pirates plus ou moins tacitement autorisés à prendre leurs quartiers en ville avent de retourner en mer.


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Photo d'Helmi sous la neige.

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Helmi l'industrielle se caractérise par une population dense et des paysages bétonnés s'étendant sur plusieurs kilomètres de côte.

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Les paysages de la côte nord sont reconnaissables du fait de l'isolement sauvage des usines et des habitations tout le long du front de mer, vestige de l'ancien mode de vie pharois.


La côte sud, donc, jouit à l’inverse d’une réputation plus douce. C’est une destination privilégiée pour le tourisme et la villégiature et plus de 70% des Pharois expriment le souhait d’y passer leurs vieux jours. Kanavaportti, « la ville du canal » assure la liaison entre la Tapiolie et le Genevier, deux pays partenaires et possédant un excellent niveau de vie. La culture traditionnelle albienne s’y fait ici mieux ressentir que ce soit par l’architecture que nombreux sont ceux à la qualifier de « pittoresque » et « d’apaisante » mais également dans les mentalités. Le temps plus clément autorise des été doux et les intempéries se font moins ressentir puisque les tempêtes et la houle sont en général arrêtées par la péninsule. Hylkeenlahti et Majakka, les deux petites villes portuaires longeant la baie sont également très prisées par la population pour leurs plages et accueillent chaque année un grand nombre de vacanciers venus de tout le pays.
A une époque où la mondialisation et le commerce international n’étaient pas encore les deux principaux facteurs de développement économique, la côte sud restait indiscutablement la région la plus prospère du Syndikaali. Protégée des pirates, abritant l’ancienne capitale, la baie d’Albi faisait figure de mer intérieure devenue un havre commerçant et pré-industriel florissant qui attirait à lui les forces vives de tout le pays. Sa proximité avec l’ex-Empire Lutharovien assurait également richesse et sécurité à la région. C’est dans ce cadre qu’une part de la culture traditionnelle albienne fut façonnée, privilégiant les arts et un mode de vie doux et calme, à l’image de sa mer où il n’est encore pas rare de voir briller à l’horizon la myriade de lumières des navires qui y commercent de jour comme de nuit.

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L'architecture traditionnelle adlbienne de Kanavaportti, utilisant principalement le bois, en fait une cité particulièrement agréable à l'oeil.



Pharot, la ville entre deux mondes :

Après la révolution et la scission du pays en trois, le Syndikaali, alors encore nommé République Pharoise, a dû se doter d’une nouvelle capitale. Au XIXème siècle tout le monde avait déjà commencé à comprendre l’importance que revêtirait le Détroit dans la prospérité du pays au regard du rôle militaire stratégique qu’il avait joué lors de la guerre civile. De plus, l’aide des équipages pirates pour l’indépendance de la jeune République n’était pas négligeable puisque leurs forces cumulées représentaient alors plus d’un tiers de l’armée coalisée. Installés dans les mers du Nord, ces-derniers exigeaient une certaine reconnaissance que le choix d’une ville située sur la côte sud ne permettait pas. Enfin, le Syndikaali était encore à l’époque très dépendant des voies de circulation maritime et avait pu expérimenter à plusieurs reprises les effets des sièges navals sur les ports de la région.

Une conscience qui poussera les autorités républicaines à opter pour la petite ville de Pharot comme nouvelle capitale. Celle-ci possédait en effet l’avantage stratégique majeur d’ouvrir à la fois sur les mers du nord et sur la baie d’Albi, ce qui en plus d’être un geste symbolique pour les habitants de la côte nord permettait d’obliger un éventuel assiégeant ou blocus marin de diviser par deux ses forces s’il souhaitait en bloquer les ports. En effet, construite sur un bras de terre, Pharot possède deux ports réunis par un canal central permettant d’épargner aux voyageurs le détour par la pointe du pays.

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Le tramway de Pharot permet de traverser la ville d'un bout à l'autre en moins d'une demi-heure.


Si la ville était alors tout à fait modeste, elle s’est rapidement développée tout au long du XIXème siècle pour devenir aujourd’hui l’agglomération la plus peuplée du pays. De manière amusante, de nombreux commentateurs ont fait remarquer que Pharot n’était pas la fusion des cultures du nord et du sud mais simplement leur rencontre : en effet, il est de notoriété publique que le port nord de la ville est bien plus utilisé pour le commerce et industrieux et populaire alors que le port sud se veut plus tranquille, presque de plaisance, et un quartier agréable pour les résidents. Pharot cristallise donc au sein d’une même capitale les deux visages d’un pays péninsulaire : aussi doux et raffiné que brutal et dangereux. Une vision quelque peu caricaturale bien entendu mais très répandue au sein de l’opinion publique pharoise qui entretient cette bipolarité en jouant sur les différences culturelles régionales ce qui contribue à en faire un archétype autoréalisateur.

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Le port nord de Pharot "port des condottieres" offre une vision de paysages industrialisés où transite de nombreux navires de commerce.

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A l'inverse, le port sud de Pharot "port des goélettes" se veut un endroit plus agréable et préservé. Les bords de mers végétalisés et les larges digues permettent à la population de venir flâner en profitant des commerces.
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Un journal pour les gouverner tous.




Tuerie à Helmi :
La piste d'un règlement de compte entre équipages concurrents privilégiée.
Un drame qui surprend et choque par son professionnalisme.
Faut-il craindre une moindre distinction entre terre et mer à l'avenir ?



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La banlieue ouest, connue pour servir d'abri aux équipages pirates en repos, a été le théâtre de représailles sanglantes entre trafiquants concurrents.


Le drame ne peut manquer de faire écho à la dernière tuerie des francisquiens à Pohjoishammas qui avait entrainé la mort de plus d'une quarantaine de personnes innocentes.


Dimanche 6 juin 2005, 1h du matin. Dans le bar « Le bruit de mer », à Helmi, une douzaine de personnes chantent et dansent encore malgré l’heure tardive. L’identité des individus n’est pas anodine, tous appartiennent à l’équipage du Sillon noir, un navire pirate faisant autorité dans le milieu de la contrebande de drogues. A l’intérieur, leur capitaine fait partie du groupe des fêtards, entouré de sa garde rapprochée. Il ne faut toutefois que quelques secondes pour que la soirée ne vire au drame : d’après un témoin, deux grenades lacrymogènes sont envoyées à l’intérieur du bar suivi d’une grenade incendiaire. Les locaux prennent immédiatement feu, créant la panique et poussent les pirates à sortir dans la rue où ils sont cueillis par trois tireurs en voiture qui mitraillent pendant plus de deux minutes tout ce qui remue encore.

Résultat : un carnage et plus d’une quinzaine de morts incluant en plus des pirates le patron du bar et ses deux salariés. Le professionnalisme des méthodes et l’équipement employé laissent peu de doutes sur la nature préméditée de la tuerie, les enquêteurs dépêchés sur place privilégiant désormais la thèse d’un « règlement de compte » entre trafiquants concurrents.

Rares sont les épisodes d’une telle violence au Syndikaali qui malgré une culture des armes bien ancrée au sein de la population a également su garder ses escarmouches et accrochages les plus professionnels à l’extérieur des villes : en mer. Cette dichotomie très forte entre le monde marin – laissé relativement hors des lois – et celui plus préservé de la terre où une certaine tolérance pacifiste est de mise a longtemps permis de préserver la société pharoise éloignée de conflits au demeurant particulièrement tragiques. Ce qui s’est passé dans la nuit du samedi au dimanche 6 juin est manifestement d’une toute autre ampleur et rappelle douloureusement un règlement de compte effectués dans des conditions assez similaires le 30 octobre 2002 : pour rappel, bloquées dans une ruelle par un camion de déménagement, deux voitures conduisant un baron de la marijuana et ses acolytes avaient été scellées de l’extérieur par un produit collant extra-rapide et dynamitées par en dessous. A ce jour, les coupables de ces actes n’avaient toujours pas été retrouvés.

Bien que la plupart des drogues soient parfaitement légales au Syndikaali, le pays n’en produit que de manière anecdotique et dans des infrastructures couteuses du fait de son climat quasi-polaire. Une situation qui encourage les trafiquants à importer de la marchandise, soit pour la revendre à moindre coût, soit pour se servir du territoire pharois comme d’une plaque tournante en Eurysie et permettant d’aller facilement inonder les marchés des pays voisins. Un trafic bien connu du gouvernement mais qui ne fait finalement l’objet que d’assez peu de répressions puisque qu’en « blanchissant » la drogue sur ses côtes via des circuits légaux, le Syndikaali empoche une part des revenus générés grâce aux taxes.

Néanmoins, à la question du business vient se confronter celle de la paix sociale : faut-il au nom des sommes engagées sacrifier la tranquillité de ceux qui au quotidien doivent vivre avec les pirates ? Une question laissée relativement en suspend ces dernières année mais qui ressurgit soudain violemment dans le débat public à la suite des évènements de la veille. Plusieurs voix se sont en effet élevées pour un meilleur encadrement des secteurs économiques connus pour avoir des liens avec le crime organisé, quand d’autres se sont prudemment contenté de déplorer « des bisbilles n’ayant rien à faire sur le sol pharois » sous-entendu que ce genre de règlement de compte devait se résoudre en mer, loin des yeux et peut-être également loin du cœur.
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Un regard plus léger sur l'Humanité



Boxe : pluie de médailles aux compétitions d'Izcalie
Regard historique et social sur la pratique sportive au Pharois Syndikaali


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Les résultats sont tombés et sont à la hauteur des attentes du pays avec trois médailles d’or pour le Pharois Syndikaali et cinq de bronze ce qui nous place en tête du nombre de places sur le podium, toutes catégories confondues. Des récompenses qui, si elles sont évidement de nature à nous réjouir, peuvent également faire l’objet d’une analyse un peu détaillée sur la place du sport dans notre beau pays.



Le sport, un enjeu politique aussi bien que pratique


On ne le redira jamais assez tant cette donnée a son importance mais encore aujourd'hui, chacun en aura fait l'expérience, le Pharois Syndikaali se caractérise par son climat rude et inhospitalier ainsi qu’une faible démographie. Deux variables particulièrement fondamentales pour comprendre les dynamiques du pays puisqu’elles ont conduit tout au long de son histoire ses dirigeants à réfléchir leurs politiques économiques et militaires en termes d’économie de ses forces vives. Ainsi au XVIIIème et XIXème siècle qui ont vu l’essor des théories organicistes et de l’encadrement des sociétés par l’ingénierie sociale, le sport a naturellement été un outil privilégié pour modeler et discipliner la jeune République Pharoise, connue pour son caractère rétif à l'autorité et l’hétérogénéité de ses intérêts.

Une vision des choses très étatiste et verticale qui ne survivra pas au nouveau régime succédant à la République : celui du Syndikaali. Toutefois, la graine était germée et pendant plusieurs décennies, tout au long du XXème siècle, les loisirs et l’éducation physique destinés aux enfants restèrent profondément marqués par cette optique utilitariste. Il fallait non seulement affermir les muscles pour rendre le corps en mesure d’effectuer les durs travaux en mer, mais également fortifier l’esprit, le rendre capable d’endurer la douleur et la privation, de faire abstraction de l’inconfort. Autant de qualités nécessaires à la vie de marin qui – rappelons-le – a toujours servi de modèle esthétique et politique à notre civilisation.

Le Pharois se devait donc d’être fort dès son adolescence, afin de pouvoir aider ses parents sur le bateau familial, capable de se défendre dans une société tolérante vis-à-vis de la violence physique, mais également en mesure de prendre sur lui physiquement et mentalement afin de ne pas paniquer et de rester rationnel et méthodique par exemple en cas de naufrage en attendant les secours. Cette vision pragmatique du corps et de l’esprit a d’ailleurs été renforcée tout au long et jusqu'à la fin du XIXème siècle par la montée en épingle de plusieurs anecdotes fortement médiatisées telle que le périple du jeune Samuli, adolescent âgé de 17 ans, et qui a survécu sept jours sur un iceberg avant d’être retrouvé par les sauveteurs. Son récit inspirant fut largement repris dans la presse et même dans les écoles où le jeune homme fut sollicité pour des interventions sur les réflexes pratiques à adopter en cas de naufrage. A cette époque on vit également nombre de petits manuels de survie adressés aux enfants expliquant par exemple comment chasser et pêcher sans arme sur la banquise, ne pas succomber à l’hypothermie, allumer un feu, se rationner, distiller l’eau de mer et tout un tas d’autres savoirs jugés utiles à la société de l’époque. Samuli avait en effet expliqué son endurance et sa capacité de résistance par sa pratique assidue de la natation en mer ce qui lui avait permis de ne pas paniquer en étant projeté dans l’eau gelé après son naufrage.

D’autres histoires similaires – quoique celle-ci soit la plus emblématique – ont ainsi contribué à forger dans l’opinion publique du début du XXème siècle une conception utilitaire voire nécessaire de la pratique de sports exigeants, y percevant souvent une question concrète de santé pour leurs enfants. On peut ainsi observer à cette époque fleurir la demande pour ce genre d’activités de survie, y compris chez des populations indirectement en contact avec la mer. Les écoles privées (100% au Syndikaali) réagirent à cette nouvelle tendance en proposant très vite une grande gamme de cours et de formations pratiques pour endurcir les enfants et leur enseigner les bons réflexes, faisant même, dans un contexte de concurrence extrême entre les établissements, de leurs infrastructures et de leurs intervenants des arguments de vente. A noter d’ailleurs que ce besoin en « expert » y compris dans les grandes villes répondit en parti au problème structurel de chômage des pêcheurs, marins et même pirates à la retraite car incapables de supporter de longues traversées en mer et les efforts physiques que cela nécessitait. Beaucoup se reconvertirent ainsi en conférenciers, maîtres-nageurs et autres professions du secteur tertiaire pour répondre à la demande croissante de leurs témoignages. Certaines écoles choisirent même de vanter à demi-mots la présence d’anciens pirates dans leurs équipes pédagogiques, pariant sur l’aura d’autorité que ceux-ci inspiraient aux parents d’élèves quant à leurs capacités à imposer une certaine discipline à leur progéniture, mais sous-entendant également qu’un pirate serait toujours le mieux placé pour enseigner un certain esprit de débrouillardise et d’autonomie aux enfants.



La démocratisation du sport, passer de l’utile à l’agréable :

C’est dans ce contexte qu’un certain nombre de sports furent mis à l’honneur. Naturellement ceux tournant autour de la mer : natation, nage synchronisé, waterpolo et plus tard la voile et l’aviron (pendant longtemps les sports nautiques nécessitant des embarcations furent considérés avec une certaine méfiance au Syndikaali, jugés faire doublon avec la pratique réelle de la pêche ou être une activité de citadins cherchant à reconnecter artificiellement avec la navigation). A cela s’ajoutèrent également les sports de combats, réputés pour faire gagner en endurance et en tolérance à la douleur ou au choc, comme la boxe, les arts martiaux venus de l’Est et différentes formes de combat rapproché. A la différence de ses voisins, le Syndikaali n’a historiquement jamais accordé une grande importance aux sports de glisses, ne bénéficiant de toute façon pas de reliefs notables et surtout, ces derniers se trouvant dans les terres, des espaces généralement désertés par les habitants.

Révélateur de cet engouement nouveau pour ces activités, le 9 novembre 1911, le ministre Jaino et le ministre Apuuli règlent une divergence politique dans un match de boxe qui verra le ministre de la Planification mettre KO en deux rounds celui des propriétés publiques et du Bien Commun. Une démonstration largement médiatisée et dont la pratique se répandra largement au sein de la société pharoise, venant remplacer les anciens duels au pistolet ou règlements de comptes qui pouvaient parfois finir en abordages une fois au large. S’il serait un peu exagéré de dire que la pratique du sport a pacifié le quotidien des Pharois, il n’en est pas moins indéniable qu’elle y a participé non seulement en offrant un exutoire aux nombreuses querelles et tensions d’une société aux intérêts très hétérogènes, mais également en enseignant à la population quelques techniques et réflexes basiques afin d’éviter de se blesser, bien tomber, savoir encaisser ou viser les points capables d’assommer un adversaire sans nécessairement s’acharner sur lui ce qui entraina au bout du compte une baisse des incidents graves à échelle du pays.

Au milieu du XXème siècle, la pratique des sports de combat et notamment des compétitions sportives devient une véritable institution au Syndikaali, donnant lieu à de grands rendez-vous médiatiques alors que la télévision se démocratise et permet de suivre en direct les tournois. Ceux-ci restent néanmoins toujours principalement circonscrits aux sports autrefois jugés « utiles » et d’autres pratiques rencontrent un intérêt plus limité auprès de la population. L’intérêt historique du peuple pharois pour les activités nautiques contribue ainsi à institutionaliser des compétitions désormais célèbres comme « le tour de la pointe » consistant à partir d’Helmi pour rejoindre Kanavaportti en contournant la pointe du pays dans une course entre voiliers. La diversification des catégories de compétition et notamment celle faisant concourir des navires à moteurs contribue d’ailleurs indirectement à la recherche scientifique dans le domaine de la navigation, cherchant à rendre les appareils de plus en plus rapides et aérodynamiques, s’aidant à la fois des énergies fossiles et du vent tout en cherchant à rester le plus léger et maniable possible pour éviter les icebergs.


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Progressivement, par les compétitions, le sport se professionnalise donc et à mesure que la société pharoise diminue sa dépendance aux travaux halieutiques, l’activité physique devient petit à petit un divertissement et un hobbies plus qu’un devoir ou un enjeu professionnel. On s’inspire désormais surtout des performances héroïcisées des grandes stars mondiales plutôt que du modèle parental tourné vers la rentabilité immédiate de l’effort. De nouveaux sports font ainsi de plus en plus leur apparition, poussés par de nouvelles problématiques comme l’esthétisme ou le développement personnel, bien que ces-derniers restent encore marginaux par rapport aux activités traditionnelles de combat et de nage. Bizarreries accueillies d’abord avec scepticisme, des piscines publiques voient le jour dans les grandes villes, au sein d’un pays qui continue encore ici et là à protester contre ce genre « d’eau enfermée et stérile » dont la fréquentation est perçue comme une dénaturation de la « vraie vie en mer ».

Dans les écoles, la pratique sportive reste néanmoins la norme, solidement ancrée dans la culture populaire, le corps se doit d’être ferme et musclé, dès le plus jeune âge. Une discipline ici et là dénoncée par les spécialistes de l’enfance mais dont le discours reste marginal. La prise d’indépendance rapide des adolescents pharois implique une entrée sur le marché du travail jeune, parfois dès seize ans, pour une large partie de la population qui se forme directement au contact des navires ou plateformes. Les études longues sont rarement strictement théoriques du fait de la méfiance des autorités politiques à l’égard des « chercheurs de chambres » et le service militaire (deux ans obligatoires) comme les nombreux stages imposés dans les cursus scolaires participent à mettre en contact les jeunes Pharois avec l’effort physique et l’entrainement sportif.



Exception culturelle ou résultat de politiques de mixité efficace ?
La grande homogénéité des résultats sportifs féminins et masculins :

Historiquement, la société pharoise mit très tôt en avant la place de la femme dans son organisation du travail. Ces dernières ont toujours aidé en mer et se trouvent de fait à partager les activités des hommes. On l’avait évoqué dans un précédent article mais l’histoire de la région est émaillée de figures pirates féminines(1) et aujourd’hui encore les inégalités femme-homme restent à des taux particulièrement bas comparés à certains de nos voisins.

Il est donc naturel que cette égalité se retrouve en partie dans la pratique sportive qui n’échappe toutefois pas à des compétitions séparées – différences physiques obligent – mais où femmes et hommes sont toutefois réunis dans certains disciplines ne nécessitant pas une stricte comparaison en termes de force brute. Ainsi les tournois de navigation sont mixtes, comme ceux de natation synchronisée, de surf ou de tir. Également, la tradition veut que jusqu’à un certain âge, filles et garçons pratiquent dans des équipes mixtes à l’école. Enfin, le service militaire pharois – sur lequel nous reviendrons à l’occasion – se caractérise également par sa mixité, tous les genres se retrouvant sur les mêmes navires. Une proximité considérée avec une certaine bienveillance par les adultes qui perçoivent ces moments de vie commune comme une école aussi bien de la discipline que des sentiments voire de la sexualité, à un âge où tout reste encore à découvrir. Des questions envisagées sans tabous au sein d’une société qui a su faire de l’expression des émotions et de la sensibilité une dimension fondamentale et à part entière de son esthétique de vie.

Plusieurs travaux en gender studies pointent d’ailleurs cette déconstruction historique de la figure traditionnelle de la « virilité » associée à la force et la conquête, comme un important facteur dans l'élaboration progressive et progressiste du modèle égalitaire pharois. Associant à la fois des valeurs en général associées au pôle mâle (dans une vision binaire des genres et désormais archaïque, bien entendu) telles que l’esprit de conquête et de domination, la violence et la force, à des valeurs plus généralement féminines comme l’émotivité, la compréhension, l’empathie et la douceur, la figure du pirate pharois posé en modèle culturel incarne ainsi une ambiguïté hermaphrodite en opposition avec le manichéisme masculin/féminin classique des sociétés eurysiennes. Une ambiguïté qui convient parfaitement à cet archétype fondamentalement en rupture avec les codes et les mœurs imposés verticalement par des institutions étatiques ou religieuses.

On peut ainsi expliquer par la présence de ces contre-modèles civilisationnels, valorisant la rupture avec l’ordre établi, la précoce tolérance des Pharois vis-à-vis de la présence de femmes dans la vie politique et militaire du pays, ainsi que son intérêt pour les questions de féminisme, en en faisant sur cet aspect un pays relativement à l’avant-garde de sa sphère culturelle. Des traditions ayant des effets particulièrement concrets puisqu’ils n’ont pas retardé l’entrée des filles et des femmes dans les compétitions sportives et contribué à poser comme un acquis leur droit à pouvoir user de leur physique comme les hommes. Ainsi de nombreux tabous entourant la prétendue « fragilité » de la femme et sa « douceur » innée ont depuis longtemps été remis en question ou reconsidérés sous le prisme de la fierté plutôt que celui de la honte ou de l’infirmité « par rapport » à des valeurs masculines.



Des questions très politiques qui donnent néanmoins des résultats visibles aujourd’hui puisque – avec des performances relatives à leurs catégories – la pratique des sports au Syndikaali est finalement relativement peu genrée, à quelques exceptions près hommes et femmes s’adonnant aux mêmes activités ce qui se constate dans les résultats des compétitions sportives internationales. Ainsi, sur huit médailles remportées, quatre sont le fait de femmes et quatre d’hommes, une symétrie quasi parfaite, seulement brisée par les places obtenues sur les podium.




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Un regard plus léger sur l'Humanité



L'origine des citoyens, ou pourquoi les Pharois n'ont-ils pas de nom de famille ?

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Pourquoi au Syndikaali les gens s’appellent seulement par leur prénom ?

C’est vrai ça, pourquoi ?

Et bin on va voir ça tout de suite !


C’est une particularité qui a quelque peu détonné suite aux premiers résultats sportifs en boxe ayant consacré notre pays, les habitants du Syndikaali sont officiellement nommés seulement d’après leur prénom, généralement apposé à un titre ou un rang. Ce-dernier peut naturellement sauter lorsque deux pharois s’adressent l’un à l’autre de manière informelle, mais lorsqu’on ne connait pas bien la personne en face, il est de bon ton de lui donner de son titre.


Ces titres, quels sont-ils et quelle est leur histoire ?

Des titres, on en compte plus d’une demi-douzaine. Le plus courant est bien entendu celui de « citoyen » qui remonte à la première révolution pharoise en 1820. Moins courant quoique répandu, on trouvera le titre de « capitaine » puis des titres plus spécifiques liés à des fonctions honorifiques « cardinale », « ministre », « docteur » ou plus officieux « pirate », « camarade » chez les socialistes. Certains enfin sont donnés à titre purement humoristique ou communautaire, ainsi il est courant chez les adolescents de s’appeler « kumppani » un dérivé argotique de « compagnon » ou « copain » utilisé par les plus jeunes pour distinguer les étrangers et les adultes de ceux qui font parti de leur cercle social. Ainsi deux élèves peuvent se donner du « citoyen » en classe et du « kumppani » dans la cour de récréation et désigner volontairement quelqu’un de son âge par « citoyen » dans un cadre informel revient à poser une distance avec lui et peut même être un marqueur d’hostilité ou d’ostracisation lors de phénomènes de harcèlement.

L’origine de ces titres remonte ainsi à la première révolution. La noblesse ayant été abolie par les forces républicaines, il fut décidé de ramener tout le monde au même rang social en dénommant les anciens « seigneurs » comme de simples « citoyens ». Comme souvent avec certaines particularités culturelles trouvant leur origine à cette époque, les pirates revendiquèrent pour leur part le droit de se donner du « capitaine » recréant de fait immédiatement de nouvelles distinctions. Le titre de « Capitaine » avait alors un sens précis puisqu’il rappelait à tous que celui qui le portait possédait en propre la force militaire et contribuait donc à la préservation et la défense du territoire. Si ce titre ne donnait accès à aucun privilèges, rendant controversées l’utilisation du terme « d’aristocratie martiale » pour parler du régime de la première République Pharoise, il n’en reste pas moins qu’il renforça à l’époque la distinction entre les gens de la mer, officiant derrière un capitaine et les gens de la terre, simples citoyens.

Avec l’instauration du régime du Syndikaali, le titre de « camarade » qui désignait les forces socialistes attachées à l’égalité, vint concurrencer le prestige des « capitaines » en relativisant le pouvoir des chefs au profit de celui des masses organisées. Également, la période autour de la moitié du XXème siècle dite « période yoyo » vit fleurir de nombreux titres fantasques qui achevèrent de ringardiser l’importance donnée à la distinction.

Aujourd’hui, on parle toujours de « capitaine » pour qui commande un navire, ou en a commandé un. A ces titres peuvent s’en ajouter d’autres composés, le plus connu étant celui de capitaine ministre pour le capitaine ministre Kaapo, Mainio et l’ancienne capitaine ministre Irja. A noter néanmoins que ces titres n’ont rien d’obligatoire quoiqu’il soit parfois connoté d’appeler volontairement quelqu’un « citoyen » si celui-ci peut prétendre au titre de capitaine, une manière de le rappeler à son égalité devant la loi.

Qu’en est-il alors des noms de famille ? Ces derniers ont bien sûr existé avant 1820 et continuent encore d’être utilisés sur les documents officiels du Syndikaali. Il est simplement assez mal vu d’en faire usage au quotidien pour se désigner, cela pouvant être vu comme une manière de rejeter les acquis et valeurs de la révolution. Un procédé utilisé parfois par certaines franges de l’extrême droite en guise de provocation mais qui reste largement assez mal vu au sein de l’opinion publique.

Toutefois, la question des titres a récemment pris une nouvelle dimension avec l’arrivée récente de nombreux immigrés sur le territoire pharois. Si certains ont rapidement adopté l’usage de se faire appeler par leur prénom précédé du titre de citoyen, d’autres s’accrochent à leur nom de famille, par fierté ou par habitude. Une pratique relativement bénigne mais qui a pu occasionnellement être instrumentalisée pour dénoncer « un manque de volonté d’intégration de ces populations » et le mépris pour les valeurs et la culture nationale. Un phénomène de distinction donc venant souligner volontairement ou non le caractère allogène de certains immigrés récents, de nature à irriter encore plus ceux qui voyaient déjà dans leur venue une source de tension.
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Allez hop,
On y va
C'est parti pour l'aventure socialiste !




« Matière contemporaine »
Entretien avec le camarade Nyyrikki.


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Professeur émérite à l'université de Philosophie Politique de Pharot et membre d'honneur du cercle du Vallankumouksellinen Hotelli de Merengrad, le camarade Nyyrikki a bien voulu répondre à nos questions.




Journaliste - Les attentats d’extrême droite qui se multiplient ces derniers mois un peu partout dans le monde, le dernier en date et le plus meurtrier celui qui a touché le Lofoten et causé la mort de plus d’une soixantaine de jeunes militants, une augmentation des tensions qui n’a pas non plus épargné le Syndikaali avec la tuerie causée par ces groupes paramilitaires francisquiens, aujourd’hui notre invité le politologue et philosophe professeur camarade Nyyrikki, professeur camarade Nyyrikki bonsoir.

Nyyrikki - Bonsoir.

Journaliste - Alors déjà peut-être un mot pour les victimes lofotenoises et ensuite vous nous proposerez votre analyse puisque vous avez écrit une série d’articles pour le journal de Pharot et également dans la Revue Rouge de Merengrad, ce journal proche des penseurs néo-dialecticien et qui vous fait poser une diagnostique assez radical, vous prédisez entre autres une recrudescence de ce type de violence dans les années à venir ?

Nyyrikki - Oui absolument et merci de votre invitation, bien sûr pour commencer je voudrai redire toute ma peine et mon soutien aux familles endeuillées partout dans le monde, victime d’une guerre qui n’était pas la leur du moins le pensaient-ils et qui nous montre que le danger de l’extrême droite est loin d’être écarté malgré, parce qu’il faut bien dire, un certain recul des mouvements fascistes et militaristes dans le monde.

Journaliste - Parce que vous nous dites, ce sont des symptômes normaux d’une montée en puissance des contradictions internes des démocraties libérales.

Nyyrikki - Oui tout à fait c’est exactement symptomatique qu’alors même que comme je le disais les régimes très autoritaires semblent de plus en plus s’aligner sur un modèle économique et donc social qui favorise l’Etat de droit et...

Journaliste - ... vous pensez à l’Empire Démocratique Latin Francisquien par exemple ?

Nyyrikki - Alors oui par exemple puisqu’ils ont voté il y a peu l’abolition de l’esclavage mais je pense aussi au Magermelk et la suppression il y a quelques semaines de leur controversée échelle des races, puis l’échec de la Fédération d’Albel à fédérer justement autour d’elle un pôle anticommuniste et autoritaire, il y très clairement une prise de conscience de ces régimes de leur incapacité individuelle à s’unir ce qui n’est pas surprenant d’ailleurs puisque les nationalismes sont en concurrence les uns avec les autres et donc on ne peut pas attendre d’eux, surtout en temps de paix, de véritable rapprochements politiques.

Journaliste - Et vous dites, le revers de la médaille c’est la montée en puissance des groupes paramilitaires d’extrême droite et des attentats ?

Nyyrikki - Exactement en fait l’erreur fondamentale des démocraties libérales et de fonctionner à partir d’un système de marché des idées, un héritage de la Renaissance du XVIème siècle, et qui a su être à son époque un puissant coup de butoir face aux despotismes féodaux. Le problème est que si le marché des idées et plus généralement la conception libérale de la société peut emboutir des régimes politiques autoritaires, l'inverse est tout aussi vrai également proportionnel. En fait, chaque idée est l'antithèse de l'autre d'un point de vue moral, sauf que la morale est contingente à l'époque et ces deux conceptions de la société libérale et illibérale ont leurs contradictions internes ce qui mène toujours l'une dans les bras de l'autre et ainsi de suite. Il n'y a pas de dépassement, vous voyez parce qu'il n'y a pas de rapport dialectique à la pensée.

Journaliste - Vous voulez dire que ça ne progresse pas ?

Nyyrikki - C’est ça, la pensée dialectique impose toujours un dépassement de la contradiction par le haut, mais le marché des idées n’a qu’une approche très pauvre de la contradiction qu’elle résume à la concurrence et...

Journaliste - Attendez parce qu’on ne comprend pas bien ! Pourriez-vous être plus clair ?

Nyyrikki - Oui bon. La pensée dialectique, vous voyez, c’est que des individus ayant une expérience de vie différente, développent régulièrement des idées contradictoires c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas cohabiter, l’une implique la négation de l’autre, et donc la dialectique c’est le dépassement de la contradiction, voyez, l’idée 1 s’oppose à l’idée 2, thèse, antithèse, et cela forme une idée 3, synthèse et ensuite on recommence.

Journaliste - Et cela les démocraties libérales ne le font pas ?

Nyyrikki - Non, en abandonnant le principe dialectique au profit d’un principe de marché des idées, il n’y a pas de dépassement, la thèse et l’antithèse se rencontrent, par exemple dans un débat, et le marché désigne l’une des deux comme étant la bonne idée, souvent assez maladroitement d’ailleurs, soit par des principes numéraires, la majorité a raison, soit par des questions de rentabilité économique.

Journaliste - Et en quoi cela favorise les attentats ?

Nyyrikki - Alors déjà comme je le disais sans dépassement on peut très bien passer de la thèse à l’antithèse puis revenir à la thèse, et ainsi de suite. En fait c'est thèse, antithèse, antithèse, antithèse à l'infini... Archétypalement, on passe de la gauche à la droite puis on oublie ce que c’était la gauche alors on y revient, on oublie la droite et ainsi de suite.

Journaliste - Comme un balancier ?

Nyyrikki - Comme un balancier, exactement. Et comme il n’y a pas de dépassement au bout du compte eh bien tout se vaut, les idées n’ont pas de valeur intrinsèques, peu importe leur rapport à la réalité par exemple, à la vérité, ce qui compte c’est la valeur dont elles sont investies par des affects à un moment donné. L’effet très concret de cela c’est qu’on ne se débarrasse pas d’une idée. Alors que certaines choses semblent acquises le marché des idées, s’il juge qu’une idée a en elle un potentiel d’attraction peut la faire ressurgir sans aucune considération pour son contenu, c’est une conception a-substantielle de la pensée, vous voyez ?

Journaliste - Un peu mieux en effet, mais cela ne répond pas à la question des attentats.

Nyyrikki - Eh bien j’y viens. Le balancier fait que même une démocratie libérale dotée d’institutions censées la protéger, comme elle place le marché des idées au cœur de sa raison d’être, n’est pas à l’abri d’un retour du fascisme ou d’idées antidémocrates. En somme elle porte en elle le potentiel de son propre anéantissement. C’est un paradoxe terrible, à la fois le marché des idées suppose l’absence de valeur des idées et donc l’absence d’une hiérarchie autre que circonstancielle, et en même temps l’action politique en elle-même impose à un moment des idées dont les applications sont coercitives.

Journaliste - Je ne suis pas sûr de comprendre...

Nyyrikki - Bon à la fois la liberté d’expression et le débat démocratique supposent qu’aucune idée n’est meilleure qu’une autre tant qu’elle n’a pas été sélectionnée par le marché (à l’aide du vote par exemple) mais en même temps une fois que l’idée a été sélectionnée elle doit s’appliquer à tout le monde et donc possède en elle-même le potentiel d’être tyrannique, surtout qu’il s’agit d’une tyrannie des idées et non du réel et donc qu’elle possède un pouvoir extrêmement destructeur pour l’être humain qui se verra obligé de se soumettre à des concepts parfois délirants sous prétexte qu’ils ont été validés par la démocratie.

Journaliste - Ah ba c’est plus clair.

Nyyrikki - Oui, mais concentrez-vous. Ce paradoxe libéral donne indiscutablement un avantage à l’extrême droite : les démocrates consentent à la reproduction d’institutions pouvant causer leur perte en favorisant l’émergence d’idées antidémocratiques. En plus de cela, les marchés des idées comme ils ne hiérarchisent rien, permettent de mettre au pouvoir des idées « tyranniques » déconnectées du réel. Tout cela créé forcément un mouvement de frustration interne et une ambition de toute puissance. Imaginez assister chaque jour à la démonstration de la tyrannie des idées, y compris les plus délirantes, mais alors il y a une prime au délire ! Pourquoi se montrer raisonnable et démocrate quand n’importe quel petit fantasme venu permet de s’imaginer imposer sans condition ses idées au reste du monde ? La démocratie part avec un déficit de désirabilité et tend à moyen et long terme à faire grandir les idées délirantes et donc fascistes.

Journaliste - Quand vous parlez d’idées délirantes...

Nyyrikki - Il faut comprendre des idées détachées du réel. Le nationalisme, la suprématisme, ce sont des grilles de lecture basées sur des concepts sans fondement, une frontière n’est qu’une pure construction ce qui implique qu’elle aurait pu ne pas être, il n’y a aucune nécessité à cette entité et donc elle peut être défaite, c’est un rapport de pouvoir, simplement. La gravité, à l’inverse, l’économie, la production, ce sont des choses auxquelles rien ne peut s’opposer, on ne s’oppose pas au progrès technique il s’impose à nous.

Journaliste - Donc vous appelez idée délirante des idées qui sont le produits de constructions sociales ?

Nyyrikki - C’est pire que ça, c’est que la construction devient elle-même déterminante. On fantasme une culture et ce fantasme est autoréalisateur. Mais comme il n’est fondé sur rien de tangible, alors il peut disparaitre à la seconde où les gens cessent d’y croire, il éclate comme une bulle ce qui donne lieu à des mouvements de révoltes très violents, imaginez, votre monde, votre système de valeur s'écroule, les gens découvrent qu'il était basé sur du vent. Et si comme certains ont tenté de le faire dans des délires nationalistes, de calquer les institutions de production marchande sur des modèles idéalistes, des modèles qui correspondent à des idées, alors cette production devient intenable, tout à fait intenable. Ce sont ces dictateurs qui cherchent à imposer leurs idées par la force, à tordre le réel, cela créé toujours du fascisme.

Journaliste - A vous écouter néanmoins on ne comprend pas pourquoi les grands pays fascistes comme l’Empire Démocratique Latin Francisquien ou la République Chrétienne Démocrate du Magermelk font chemin inverse ? Est-ce que ça ne devrait pas être le contraire puisque vous dites que les idées délirantes sont souvent plus désirables dans les démocraties libérales.

Nyyrikki - Eh bien c’est ce que je dis sur le délire : le délire est très puissant pour accéder au pouvoir, mais il a également beaucoup de mal à s’y maintenir sans devenir tyrannique. Imaginez imposer aux êtres humains de purs fantasmes de société idéale et ce sans aucune attache au réel, mais enfin c’est l’échec assuré, ces pays sombrent dans la dictature, dans le totalitarisme puis s’essoufflent et reviennent à des formes plus libérales. Cela peut simplement prendre quelques années, le temps qu'une personnalité meurt par exemple.

Journaliste - C’est le balancier.

Nyyrikki - Exactement, démocratie libérale et fascisme sont la thèse et l’antithèse politique.

Journaliste - Et quelle serait la synthèse alors ?

Nyyrikki - Oh, le communisme bien entendu, c’est-à-dire accomplir le véritable rêve de la république des philosophes où le débat d’idée serait guidé par la recherche de la vérité et non plus la validation des affects.

Journaliste - N’est-ce pas justement une conception idéaliste des choses ?

Nyyrikki - Idéaliste au sens profane c'est à dire synonyme d'utopie, mais je ne pense même pas que ce mot soit juste puisque nous nous opposons justement au socialisme utopique c'est un dire un socialisme fonctionnant sur le principe de la pensée magique : je veux donc cela est. Le réel se fiche de vos idées, il a sa logique interne. Ainsi nous faisons nous du socialisme scientifique donc fondé sur une conception matérialiste de l’économie et du monde plus généralement. Ainsi nous nous épargnons la tyrannie des idées et nous y substituons la tyrannie du réel.

Journaliste - C’est une tyrannie pour une autre.

Nyyrikki - Oui c’est vrai, mais enfin le réel est le réel, même avec beaucoup de bonne volonté deux plus deux feront toujours quatre, même si certains voudraient vous faire dire le contraire, et la gravité ne disparaitra pas demain par ma seule volonté. Et puis la tyrannie du réel est une douce tyrannie je pense, puisqu’elle impose aux humains de chercher des solutions ensembles pour aménager les choses. On aménage pas une idée, surtout radicale, c’est le problème.

Journaliste - Donc pour résumer les pays d’extrême droite sont voués à s’écrouler, c’est votre prédiction, mais les attaques contre la démocratie libérale vont se multiplier dans le reste du monde.

Nyyrikki - C’est cela, c’est ce que je crois.

Journaliste - Et donc si vous aviez un conseil ? De préférence qui ne soit pas de faire la révolution.

Nyyrikki - Un conseil ? Eh bien je recommanderai aux libéraux de faire l’examen de leurs échecs comme nous avons fait des nôtres et de ne pas essayer de marchandiser ce qui à terme les détruira. Les idées d’extrême droite et plus généralement tout ce qui encourage la pensée délirante donc la pensée toute-puissante ce qui est finalement de l’ordre du fantasme adolescent c’est-à-dire qui ne se confronte pas à la réalité des êtres humains et de leurs pratiques quotidiennes, ces idées là sont séduisantes pour beaucoup de gens et il serait tentant de les légitimer pour pouvoir profiter de leur attraction. C’est une erreur, le libéralisme et l’extrême droite sont antithétiques, que l’un tolère l’autre voire essaye de l’instrumentaliser et ils se détruiront mutuellement tout comme le capitalisme a marchandisé la religion, les cultures dites « traditionnelles », l’histoire, tout cela, il n’y a pas de place pour une alliance libérale-fasciste alors que paradoxalement, eh bien, ils sont des alliés objectifs puisque les deux pôles d’un balancier, chacun se nourrissant des contradictions de l'autre.

Journaliste - Eh bien merci professeur camarade Nyyrikki, c’est un plaisir de vous avoir eu pour ce premier épisode de « Matière contemporaine » notre émission philo-politique.

Nyyrikki - Merci à vous.

Journaliste - Et on se retrouve la semaine prochaine pour parler du pouvoir de la fiction en politique.
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Un journal pour les gouverner tous.




Comment la guerre francisco-damann s'exporte au Syndikaali
Douze morts pharois dans la destruction de l'aéroport de Baidhenor
Les braises de l'hostilité francisco-pharoise ravivées par les derniers évènements



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Imprévisible et meurtrier, le missile balistique a fauché la vie de nos compatriotes.


Les dernières estimations de la destruction de l'aéroport civil de Baidhenor font état de la mort de deux-cent quatre-vingt-sept innocents. Une nouvelle tragédie pour la Damanie, et pour le Pharois qui comptait douze de ses ressortissants dans le nombre.


C’est une bien triste cérémonie qui s’est déroulée ce matin sur les quais sud de Pharot. La crémation noyée des douze Pharois décédés dans la destruction de l’aéroport civil de Baidhenor par ce qu’on sait désormais être un tir de missile balistique Francisquien.

Cette fois encore, le Doyen Pêcheur ainsi que plusieurs membres du gouvernement se sont déplacés en personne pour présenter leurs condoléances aux familles des victimes et prodiguer des mots doux et rassurants. Le Doyen Makku s’est empêché dans un discours sur la nature éphémère de l’existence et le ministre Petri a récité un peu de poésie.
Scène poignante au moment de la mise à feu des barques mortuaires, tirées aux larges par les canot des pompes funèbres, plusieurs familles en pleurs et des au revoir touchant qui auront arraché quelques larmes au journaliste chevronné que je suis.

Ils étaient douze, ils étaient des enfants de la mer, de fiers Pharois, ne les oublions jamais.

  • Niilo, 45 ans, était ouvrier paysagiste
  • Olli, 38 ans, était consultant bancaire
  • Piritta, 47 ans, était capitaine de navire
  • Vilhelmiina, 21 ans, était étudiante en échange
  • Niko, 81 ans, était à la retraite, présent en Damanie pour le tourisme
  • Loovisa, 34 ans, était militante de l’ONG Maanpuolustus pour la défense des droits des travailleurs
  • Kustaa, 31 ans, était militante de l’ONG Maanpuolustus pour la défense des droits des travailleurs
  • Ersa, 46 ans, était militante de l’ONG Maanpuolustus pour la défense des droits des travailleurs
  • Marko, 29 ans, était militant de l’ONG Maanpuolustus pour la défense des droits des travailleurs
  • Kaarina, 39 ans, était cadre du Parti Communiste Pharois, en Damanie comme observatrice politique
  • Kertuu, 35 ans, était marin
  • Rikard, 12 ans, venait d’entrer en troisième année dans le secondaire


Bien que la plupart des responsables politiques et membres des familles présents ont tous abondés en faveur de la désescalade, ce dernier évènement tragique vient alimenter la colère d’une partie de la population envers l’Empire Démocratique Latin Francisquien. Les autorités alertaient déjà depuis quelques semaines sur des troubles entre la diaspora francisquienne d’Helmi et certains groupuscules politiques d’extrême droite, et plus généralement la jeunesse pharoise à la recherche de prétextes pour se défouler.
Si l’éclatement des réfugiés à Helmi a permis de favoriser leur intégration au sein de la population, la situation est plus compliquée à Pohjoishammas où les francisquiens sont réunis dans le quartier des halls de la cité cosmopolite. Un regroupement qui a déjà été à l’origine d’un drame quelques mois plus tôt avec le massacre de plusieurs dizaines de francisquien par un escadron de la mort composé de leurs propres ressortissants. Si la plupart des criminels ont aujourd’hui été arrêtés et attendent leur procès, cet évènement tragique qui a conduit à boucler le quartier pendant plusieurs jours a indiscutablement marqué l’opinion publique en consacrant l’idée que les francisquiens représentaient un éventuel danger pour leurs nouveaux compatriotes.

Si la riposte de gauche a été antifasciste et que plusieurs organismes anarchistes et communistes se sont rendu auprès des francisquiens endeuillés pour leur proposer leur aide sous la forme de formations et d’organisation d’autodéfense, l’extrême droite, elle surfe sur les drames pour alimenter le sentiment de danger. La Meremme, le Parti des Flots et le Cœur d’Albi ont appelé à une « marche de la colère » ce samedi à Pohjoishammas pour protester contre l’accueil des migrants venus de l’Empire.

Alors pourtant que l’accueil des réfugiés francisquiens avait au départ été perçu avec une certaine bienveillance par l’opinion publique, l’instabilité manifeste de l’Empire semble éroder cette confiance et de plus en plus de citoyens Pharois s’inquiètent de ce que la présence de la diaspora sur son sol puisse servir un jour de prétexte pour raviver les tensions avec le Syndikaali. La destruction d’un bâtiment de guerre francisquien dans le Détroit Pharois et les récentes annonces de sanctions économiques édictées par le Sénat francisquien laisse entrevoir le spectre d’une nouvelle escalade entre les deux pays. Si jusque là le Syndikaali semble s’en tirer sans trop de pertes comparé à son adversaire, la récente démonstration de force de l’Empire Démocratique Latin Francisquien qui a fait usage de missiles balistiques est de nature à inquiéter.

Pour l’heure, le Doyen Makku s’est montré relativement confiant et l’annonce du départ du capitaine ministre Mainio comme ambassadeur directement sur le sol impérial semble rassurer l’opinion publique. Néanmoins, entre les peurs compréhensibles, le rejet des réfugiés suspectés d’espionnage pour le compte de l’ennemi et la partie de plus en plus conséquente de la population appelant à prendre des mesures drastiques pour régler le « problème francisquien » une bonne fois pour toute, même sans conflit ouvert il n’est pas absurde de dire que les évènements en Damanie ont des répercussions bien concrètes, directement sur le sol du Syndikaali.
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Un journal pour les gouverner tous.




Partenariat économique entre le Reynaume d'Aumérine et le Syndikaali
Les associations dénoncent une attribution de fonds publics douteuse
Les partis anti-impérialistes et nationalistes dans la rue : chacun critique le choix d'un tel allié
Le Parti Populaire salue "une décision de bon sens"



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Le Syndikaali est-il une nation fondamentalement opportuniste pour pêcher ainsi à l'aveugle dans la grande mer d'alliés potentiels ?


Le financement par le Syndikaali de centres de recherche en Aumérine à l'aide d'argent public n'en finit pas de faire couler de l'encre.


Le Syndikaali n'en est pas à sa première alliance surprenante. Le pays qui se dit constitutionnellement "libertaire" pourrait plutôt être qualifié "d'opportuniste" à voir les relations qu'il entretient avec des nations aussi éloignées de ses idéaux que la dictature communiste de Lutharovie ou la vieille monarchie d'Aumérine. C'est du moins ce que pointent du doigt les quelques six mille manifestants qui se sont réunis ce matin devant le ministère des Propriétés Publiques et du Bien Commun où le ministre Juho tenait une conférence de presse.

« Pourquoi aller financer un pays aussi éloigné du notre, que ce soit géographiquement ou idéologiquement, alors qu’il existe de nombreuses nations en Eurysie qui auraient bien plus besoin de notre aide ? Ça n’a pas de sens ! »
Citoyenne Jaanis, porte-parole de l’association d’amitié entre les peuple.

Une remarque qui semble frappée sous le coup du bon sens, mais que certains jugent ne pas aller au fond des choses et dénoncent une vision fondamentalement hypocrite de la part du gouvernement.

« Le ministre du Bien Commun semble oublier que Syndikaali n’est qu’un raccourci. Le véritable nom de notre pays est Libre Entente et je ne vois pas très bien qui a été entendu dans cette affaire. Certes les députés ont voté, mais pour des alliances aussi importantes une consultation de la population est la moindre des choses, sinon nous ouvrons la porte aux conflits d’intérêts et à des calculs géostratégiques opaques. Un citoyen du Syndikaali est avant tout un citoyen éclairé, si le gouvernement fait sa petite tambouille dans son coin, ça ne va pas tenir longtemps. Nous avons notre mot à dire sur la politique internationale du pays, surtout que celle-ci a provoqué plusieurs centaines de morts pharois depuis deux ans dans des conflits dont la nécessité n'est pas toujours aussi justifiée qu'on veut nous le faire croire. »
Citoyen Joonas, organisateur de la manifestation et chef d’entreprise.

Plusieurs représentants de la société civile ont en effet brandit la très juste caricature d’un journal pharois représentant la vieille reine d’Aumérine accumulant des sommes astronomiques d’écailles pharoises sous le regard dépité de la population. Une critique qui touche juste et des arguments qui semble-t-il auront réussi à réunir un grand nombre de manifestants, rassemblés devant le ministère.

« De l’argent pour Kotios ! » pouvait on entendre scander dans les rangs des anarchistes. A quelques rues de là, une seconde manifestation cette fois-ci organisée par les partis réactionnaires, le Parti des Flots et l’extrême droitier parti Meremme avaient quant à eux un autre refrain : « L’argent Eurysien aux Eurysien ! » et « Pas une écaille hors du Syndikaali ! ». Des mots d’ordre qui, s’ils sont représentatifs des idéologies de chacune de ces formations politiques, témoignent toutefois de la désunion du mouvement populaire et des différences d’agendas politique qui traversent la société civile pharoise.

Une désunion sur laquelle le Citoyen Ministre Juho, ministre des Propriétés Publiques et du Bien Commun, semble vouloir capitaliser lors de sa conférence de presse, se positionnant dans la ligne centre-gauche de son parti (Parti des Travailleurs) pour tempérer chacune des deux positions.

« Nous entendons le besoin de transparence de nos concitoyens. Il est tout à l’heure honneur et nous nous engageons à faire toute la lumière sur les motivations de la coalition au gouvernement qui justifient cette décision. Le Syndikaali est une nation ouverte sur le monde, elle l’a toujours été. Bien plus ouverte que les autres ne le sont envers nous, c’est ainsi. Rester cantonnés aux mers du Nord éternellement, voila qui n’est pas dans notre ADN, le peuple Pharois a toujours été composé d’aventuriers et d’explorateurs, l’Aumérine et plus largement le continent Aleucien ne sont qu’une aventure de plus. Un voyage magnifique. Ceux qui voudraient réduire le Syndikaali à la simple Eurysie n'ont rien compris, c’est évident. Toutefois la question de l’utilisation de fonds publics vers un pays étranger n’est pas une chose neutre. Bien que cela ait été entériné démocratiquement, nous comprenons les doutes qui pénètrent certains de nos concitoyens. A cela je réponds deux choses : la première est, ne pouvons nous pas nous le permettre ? Quel prix est donc trop élevé pour un nouvel allié ? Un nouvel ami ? Cet argent n’est pas un le détournement cynique du labeur de quelques-uns, c’est l’investissement de tous au service de tous. Désormais, il n’est pas un Pharois qui n’ait pour frère un Aumérinois. Voila le sens de la fraternité internationale qui nous est si chère. Ces usines sont-elles allées financer des entrepots d'armes ? Ou des produits de consommation courante ? Non. Cet argent a été mis au service de la science. La science triomphante et internationale, qui ne saurait rester étriquée dans le cadre de frontières politiques. Comme pour le Projet Universitas, la science et la culture sont ce qui font l'honneur de l’humanité. Toute l'humanité. Un chercheur, avant d'être Aumérinois ou Pharois, reste un chercheur et c'est à ce titre que la distinction nationale n'a pas de sens et n'en aura jamais.

La seconde chose est la suivante : qui posera la frontière entre le fréquentable et l’infréquentable ? Le gouvernement pharois a plus d’une fois fait la démonstration de sa volonté de s’opposer aux régimes les plus tyranniques et meurtriers. Néanmoins, où commence l’infréquentabilité morale ? Pourquoi s’interdire de discuter avec la Lutharovie et l’Aumérine, mais serrer la main du Lofotèn, où l’absence de solidarité nationale et l’ultra-libéralisme causent chaque année tant de mort ? Chaque nation a du sang sur les mains, c’est le propre de l’Etat, certains en dégoulinent, d’autres l’ont caillé sous les ongles. S’empêcher de serrer cette main de peur de se salir, c’est faire cavalier seul, nous et notre belle morale. Le Syndikaali n’est pas un pays moralisateur, le Parti des Travailleurs défend et défendra toujours un matérialisme libertaire et nous jugerons nos alliés non pas à l’aune de leur fréquentabilité ou de leur infréquentabilité, mais en nous demandons toujours : cette main tendue fait-elle avancer la fraternité mondiale ? Si oui, alors tendons là !
»

Le ministre Juho a terminé la conférence de presse en annonçant toutefois le déblocage de six mille écailles pharoises à destination de la Commune de Kotios pour soutenir la reconstruction de la ville. Une « somme bien en dessous de celle envoyée à l’Aumérine » font remarquer les associations humanitaire mais que le gouvernement justifie par la plus faible population de la Commune. D’autres fonds pourraient en tout cas être débloqués à l’avenir promet Juho.

Une déclaration qui, si elle a quelque peu calmé l’aile gauche du pays, n’a pas complètement convaincu l’aile droite.

« C’est vrai que l’ADN pharois est l’ouverture sur le monde. C’est notre identité. Mais tout de même, les Pharois sont des pirates et des commerçants avant tout également, nous ne faisons pas la charité ! »
Citoyen Joonas, organisateur de la manifestation et chef d’entreprise.

Un débat loin d’être clos pour le moment donc, en attendant l'audit du Gouvernement sur sa stratégie politique et militaire internationale.
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Elections ministérielles au Syndikaali :
retour sur les enjeux de la campagne



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Une fois de plus, le Syndikaali s'apprête à décider de son avenir.


Alors que les premières listes commencent à être déposées, le Syndikaali s'apprête à entrer dans une période de campagne électorale qui déterminera la couleur du pays pour les quatre années à venir.




Comme tous les quatre ans la campagne ministérielle du Syndikaali vient de débuter. Elle vise à désigner les neufs ministres du pays, le corps exécutif pharois. Cette année toutefois les électeurs ne pourront voter que pour huit ministères, le ministère de la Défense territoriale ayant déjà été attribué à la coalition écommuniste pharoise après à la démission de la ministre Irja suite à la crise du Kauhea en 2005. Une alliance vert-rouge que les cadres des deux partis ont choisi de renouveler cette année également pour tenter de capitaliser sur leur succès électoral. C’est donc dix formations politiques déclarées qui s’affronteront pendant ces deux mois de campagne afin de propulser leurs candidats sur les sièges régaliens.

Retour en détail sur les enjeux de ces élections et, pour chaque formation de manière indépendante, une plongée dans les arcanes de la vie politique pharoise dont nous nous proposons dans un article en deux parties de décrypter les rapports de force.


Les spécificités de l’élection exécutive pharoise


Revenons tout d’abord sur cette étrange spécificité du mode de scrutin pharois consistant à élire les membres de l’exécutif. Une pratique atypique au regard du fonctionnement de la plupart des autres systèmes politiques voisins où l’exécutif y est nommé a posteriori par le corps législatif : les députés. Pour expliquer l’origine de cette anormalité, il faut remonter à la constitution de 1821 et la création de la République Pharoise, ancêtre du Syndikaali. Au sortir de la guerre civile, les liens qui unissent les révolutionnaires Pharois sous une seule bannière sont avant tout militaires et économiques. Une coalition opportunistes des forces anarcho-syndicalistes, pirates et démocrates s'étant constituée pour renverser la Royauté Albienne mais une fois la victoire remportée, beaucoup se demandèrent ce qui unissait réellement tous ces gens aux intérêts, ambitions et idéologies très hétéroclites.
Alors que la République Pharoise tente d’établir ses premières institutions et d’écrire sa constitution, les forces autogestionnaires de gauche et les pirates craignent que la mise en place d’un système de démocratie représentative ne penche en leur défaveur : largement décentralisées, sans chef naturel, les syndicalistes et pirates fonctionnent avant tout comme des agrégats ponctuels d’intérêts et sont le reste du temps éclatés par des préoccupations plus régionales. Puisqu’ils ne parviennent pas à se regrouper derrière des partis ou factions clairement rassembleuses, nombreuses sont les voix critiquent d'un parlementarisme accusé de tailler la part du lien aux démocrates, pourtant marginaux militairement.

Un compromis est finalement trouvé après plus d’un an de négociations avec la constitution de 1821 : deux chambres législatives seront établies, chacune ayant le pouvoir de sanctionner politiquement l’autre. La chambre concitoyenne est élue à la proportionnelle au suffrage universel direct. Les listes se partagent selon leurs résultats les quelques cinq cents sièges de l’hémicicle. La second chambre, la chambre confédérale, vise à donner le même poids à chaque région puisque chacune envoie siéger un unique élu, quelle que soit la taille de sa population. Chaque chambre est censée représenter un aspect des forces en présence pharoises : la chambre concitoyenne donne indiscutablement la part belle aux démocrates, plus nombreux et citadins ainsi qu’aux syndicalistes concentrés dans les grands centres industriels et urbains, tandis que la chambre confédérale permet aux factions pirates et indépendants éclatés sur le territoire de peser dans la balance politique.

Cette répartition assumée des moyens de décision se heurte toutefois rapidement à un problème concret : comment choisir laquelle des deux chambres désignera l’exécutif ? Le mode de scrutin de chacune étant très dissemblable, la chambre concitoyenne possédant près de dix fois plus d’élus que la chambre confédérale, l’équilibrage est difficile à trouver. D’ailleurs, quelques voix influentes font entendre que laisser au législatif la tâche de désigner l’exécutif revient en quelque sorte à faire des députés des grands électeurs, ce dont beaucoup se méfient, attachés à un idéal de démocratie directe. Il faut également rappeler que la Royauté Albienne fonctionnait également sur un mode de gouvernance par collégialité de nobles dont la bourgeoisie, les paysans et ouvriers se trouvaient de fait exclus. Un mauvais souvenir qui fait craindre à la jeune république le retour d'une noblesse électorale.

Finalement, un compromis est trouvé : les ministres seront élus au suffrage universel uninominal direct à un tour, un mode de scrutin conservé par le Syndikaali qui préserva d’ailleurs également les ministères historiques, y compris ceux comme le ministère des Explorations d’Outre-Mer dont le rôle est aujourd’hui quelque peu désuet.



L’importance du calendrier électoral et ses effets boule de neige


Si de grandes tendances se font sentir lors de ces élections – le Parti du Progrès avait par exemple décroché quatre siège ministériels et son allié le Parti des Travailleurs en avait décroché deux – il n’empêche que les Pharois jouent le jeu et la volatilité de l’électorat est devenu presque institutionnelle au Syndikaali. Chaque candidat est évalué selon ses compétences et son programme et les électeurs peuvent estimer un parti compétent sur un aspect de la vie politique et pas un autre. Une situation qui oblige à la cohabitation, la coalition de centre gauche du Parti du progrès et du parti des Travailleurs avait ainsi dû composer en 2002 avec deux ministres du Parti Pirate et une de l’Alliance Septentrionale dont les valeurs politiques sont très éloignées les unes des autres.

Alors que l’on pourrait se demander comment, sans chef d’Etat ni premier ministre, fonctionne la cohabitation de ministères d’obédiences politiques si différentes, il faut impérativement rappeler que l’exécutif reste soumis au cadre de la loi, établi par le législatif. Ainsi si chaque ministre peut influencer les décisions de son ministère selon ses valeurs voire carrément refuser de mettre en place certaines politiques, il n’en reste pas moins que ce sont les deux chambres qui choisissent de valider ou non les lois et ordonnances qui leurs sont soumises.
Ainsi, le ministre de la Défense territoriale, le Citoyen Sakari, bien qu’appartenant à la coalition écommuniste pharoise, restait tributaire de la coalition Progrès-Travailleurs pour les décisions les plus importantes.

NOTE a écrit :

il faut tout de même souligner que ce système d’élection et la segmentation nette des tâches de l’exécutif a permis paradoxalement d’en étendre les prérogatives. Ainsi si le Syndikaali continue de faire figure de laboratoire démocrate en Eurysie, plusieurs politologues ont tenu à souligner la grande liberté d’action dont jouissent les ministres pharois en comparaison de celles de leurs homologues des pays voisins. Dans le système du Syndikaali, le rôle de l’exécutif et du législatif se confondent parfois, du fait de leur mode de désignation. Les Assemblées semblent surtout donner le cap général du pays et faire figure de garde-fou pour les ministères qui, eux, travaillent à satisfaire la population pour consolider un électorat qu’ils savent volatile et capricieux.
Citoyen Samuli, politologue à l’Université de Pharot 3


Un second facteur à prendre en compte est que si l’élection des ministres du Syndikaali est à ce point symbolique, c’est qu’elle précède de quelques semaines l’élection législative des deux chambres. Ainsi, il est coutume de dire que la répartition des ministres donne le ton de celle des assemblées. S’il n’est pas à négliger, ce « ton » est toutefois à nuancer. La différence des modes de scrutin et les populations qui se mobilisent surtout en fonction de leurs intérêts ont montré que les ministérielles permettaient au mieux de faire émerger des tendances et d’indiquer des dynamiques. La multiplicité des partis en lice, parfois coalisés, et les spécificités de leurs électorats respectifs, plus ou moins avantagés selon le monde de scrutin, a jusqu’ici toujours empêché l’émergence de force politique véritablement hégémonique au sein du Syndikaali.




Trois ans après la grande réouverture, un contexte particulièrement chargé d’enjeux



On s’en souvient, c’était il y a quatre ans, l’élection ministérielle de 2002 qui consacrait la victoire de la coalition des partis du Progrès et des Travailleurs en leur offrant une confortable majorité dans les deux chambres et pas moins de six ministères cumulés sur les neufs attribués. Les promesses de la coalition étaient simples : sortir le Syndikaali de l’isolement diplomatique et rejoindre à son tour le concert des nations sous la bannière sociale-démocrate.
Quatre ans plus tard, force est de constater que l’engagement est tenu : le Syndikaali multiplie les rencontres avec ses voisins et la réouverture complète de ses marchés dans le Détroit a propulsé notre pays parmi les grandes puissances du monde. Un coup d’accélérateur économique particulièrement brutal qui a en quelques années profondément chamboulé le pays, traditionnellement plutôt conservateur sur certaines choses, avec le lancement de grands chantiers et la remilitarisation à marche forcée du Syndikaali pour appuyer sa nouvelle doctrine en mer du nord.

Là aussi, difficile de trouver à redire. La montée en gamme des navires de la marine nationale progresse à un rythme soutenu et plusieurs villes de la côté nord, Helmi en tête, bénéficient de plein fouet des retombés financières des chantiers militaires qu’elle abrite. De quoi sortir une partie du territoire du relative marasme dans lequel il pataugeait quelques décennies de cela encore.

Toutefois, si le Parti du Progrès et le Parti des Travailleurs se sont récemment lancés dans la campagne en vantant leur bilan, celui-ci ne s’est pas faits sans heurts et ces quatre années au pouvoir ont autant marqué les esprits pour l’exceptionnelle croissance économique que traverse le pays que pour les nombreux scandales politico-militaires et l’embrasement des tensions régionales ainsi que sur le sol pharois.

La population avait accueilli d’un œil particulièrement dubitatif l’entrée en guerre du Syndikaali face à l’Empire Latin Francisquien en ne s’en était fallu que de notre rapide victoire pour éviter une catastrophe au niveau de la société civile. Les ministres Irja et Mainio avaient à l’époque commencé à plonger dans les sondages, jugés responsables de ne pas avoir su négocier la libération des adolescents pharois retenus par l’Empire, ce qui avait conduit à leur exécution.

A la décharge de la coalition au pouvoir, les crises et les évènements se sont succédé à grande vitesse dès les premiers mois de mandat. Une bonne partie de la nouvelle doctrine a demandé des ajustements opportunistes et stratégiques afin de composer avec les partenaires disponibles du Syndikaali. Ainsi afin d’assurer le contrôle de l’Est, le gouvernement a opéré un rapprochement surprenant avec la Lutharovie, finalement couronné de succès puisqu’il a permis la levé d’un certain nombre de frontières de ce pays pourtant autoritaire et fermé sur lui-même, mais on se souvient des critiques que cette politique avait suscité à l’époque.

Un autre boulet pour la coalition est l’intervention militaire de Kotios ainsi que la destruction du sous-marin francisquien dans le Détroit. Ces deux évènements ont provoqué à eux deux la mort de près de deux-cents soldats de l’armée régulière – sans compter les pertes civiles et paramilitaires. Le Syndikaali ayant historiquement toujours choisi une approche de la diplomatie internationale non-belliqueuse, l’enchaînement des conflits au cœur lesquels notre pays se retrouve a fait également l’objet de vives critiques de la part de l’opposition et d’une partie de la société civile. Heureusement pour la coalition, l’hostilité de la droite à l’égard des francisquiens avait permis de justifier des politiques militaires agressives à l’encontre de l’Empire Latin.



Malgré de bons résultats, les Partis du Progrès et des Travailleurs sont donc loin d’être assurés de conserver leur majorité, surtout que le Syndikaali s’est toujours illustré par des retournements électoraux destinés à sanctionner des politiques jugées contradictoires avec ses intérêts profonds, à empêcher l’émergence de forces partisanes trop dominantes ou tout simplement par ennui, pour susciter le changement et essayer d’autres approches.

Si ces revirements démocratiques pourraient faire craindre l’instabilité, l’histoire semble montrer que le Syndikaali a su en réalité préserver une certaine constance dans son attitude vis-à-vis de ses voisins. Grâce ou à cause d’une forte décentralisation et des nombreux privilèges politiques accordés aux régions et villes du territoires, le pouvoir central ne semble pas à même de véritablement infléchir le destin du pays qui repose majoritairement entre les mains de la société civile et des initiatives privées de ses membres, coopératives, associations, équipages et syndicats.

Toutefois, la réouverture sur le reste du monde et les nombreux enjeux diplomatiques et militaires auxquels doit faire face le pays pourraient changer quelque peu la donne. Les quatre prochaines années seront assurément décisives dans l’histoire du Pharois, consolidant sa position de grande puissance émergente ou au contraire actant son incapacité à se réformer face à des concurrents ambitieux, le scrutin ministériel à venir sera déterminant à plus d’un titre.


Dans la seconde partie de cet article, nous verrons plus en détail l’histoire et les enjeux de chacune des formations politiques présentes à cette élection historique.
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Missiles contre visas
Les accords de Pohjoishammas signés par le ministre Sakari
La faction communiste pharoise à l'offensive sur les valeurs en période éloctorale
Un tournant dans la militarisation du Détroit



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L'installation des rampes à missiles a commencé de chaque côté du Détroit


La nouvelle doctrine pharoise se concrétise sous l'influence de la coalition écommuniste, numéro d'équilibrisme entre militarisation et décentralisation.


Une augmentation de l'autonomie accordée aux villes libres du Détroit


Alors que les déclarations de listes des partis continuent de se faire progressivement, à quelques mois des élections, une autre actualité accaparait l’attention de la scène politique pharoise : les négociations entre les villes libres du Détroit et le gouvernement quant à la militarisation de la région.

C’est un dossier brûlant et aux multiples enjeux. Tout d’abord, c’est une étape importante pour la mise en place de la nouvelle doctrine militaire pharoise. Depuis près de 30 ans maintenant, en réponse à la prise d’Albigärk par l’Empire Listonien, le Syndikaali a pris acte de son retard technologique et militaire et entreprit une série de réformes visant à doter le pays d’une force de dissuasion capable de défendre son territoire et surtout sa partie la plus stratégique : le passage du Détroit. Dans cette optique, les deux villes libres de Pohjoishammas et Etelähammas, ralliées à la Libre Association contre la concession de leur relative autonomie politique dans la région, jouent un rôle fondamental. Situées de chaque côté du Détroit, leurs espaces maritimes coupent littéralement le passage en deux et permettent au Syndikaali de stationner ses bâtiments de guerre pour empêcher le passage de tout navire étranger.

Une stratégie qui a déjà fait ses preuves à l’occasion de la révolution vogimskane – vécue comme un test diplomatique pour le Syndikaali – qui a pris la décision de fermer le passage aux bâtiments militaires étrangers et d’exiger une taxe d’escorte aux navires de commerce. L’apogée de cette opération fut naturellement la destruction du sous-marin francisquien tentant de passer malgré le barrage et qui servit de démonstration de force aux pays de la région. Le Syndikaali est maître de ces eaux et prêt à aller jusqu’à ouvrir le feu pour les protéger.

Si ces décisions ont provoqué des protestations, des lointaines Provinces Unies du Lofoten jusqu’à la voisine Bundesrepublik Walserreich, pour l’état-major pharois et le gouvernement le test est concluant. Désormais, il faudra compter avec la souveraineté du Syndikaali dans ce bras de mer.

L’étape suivante de cette politique fut l’annonce mardi dernier par le ministre Sakari de l’installation de silos à missiles sol-mer et balistiques sur les provinces de Pohjoishammas et Etelähammas, afin de disposer de rampes de lancement capables de défendre le Détroit depuis l’intérieur des terres. Une décision qui avant même de risquer éventuellement de provoquer la colère des voisins du Syndikaali devra compter avec les conseils régionaux des deux villes libres – auxquels s’ajoutera bientôt celui de la Caprice Coast dont le statut de ville libre est également en cours de négociation. En effet, les lois liant ces régions au Syndikaali sont claires : ce dernier possède une complète autorité quant aux moyens de la mise en place de sa doctrine militaire sur l’ensemble du territoire, y compris en imposant des décisions aux autorités régionales ; toutefois ces dernières possèdent quant à elles un pouvoir de décision sur la gestion des terres et territoires sous leur juridiction, largement urbanisées et donc en pénurie d'espace disponible pour ce genre de projets. L’installation de rampes de missiles est donc au carrefour de ces deux autorités, à la fois dépendante des décisions du gouvernement pharois et en même temps devant recevoir l’approbation des autorités locales souveraines sur leur territoire.

Un épineux problème juridique qui oblige le gouvernement central à négocier et dont comptent bien se servir les villes libres pour peser dans le rapport de force et réclamer de nouvelles concessions de celui-ci en faveur de leurs intérêts.

A cette situation déjà complexe s’ajoute l’ambiguïté des ambitions du ministre Sakari, dont une partie de la marge d'action est dictée par les deux chambres législatives contrôlées encore par la coalition de centre-gauche Progrès – Travaillistes, mais qui suit pour sa part un agendas politique plus radicalement de gauche puisqu’il a été élu grâce aux voix de la coalition communiste – écologiste. Dans ce conflit d’autorité, la personnalité du ministre Sakari avait donc un espace d’expression lui permettant de mettre en avant ses propres valeurs.

C’est sans doute tous ces paramètres qui permettent d’expliquer la conclusion de l’accord passé avec les deux villes libres.



La gouvernement central délègue aux villes libres la gestion de leur immigration


La question démographique a longtemps été centrale au Syndikaali. Ce petit pays au territoire largement inhospitalier a pendant des siècles dû compter avec une émigration massive d’aventuriers, marins et pirates décidés à tenter leurs chances hors des eaux froides de l’océan du nord. Un phénomène soutenu dans le temps qui permit l’installation de nombreuses diasporas pharoises à travers le monde sur lesquelles le Syndikaali s’appuie encore aujourd’hui pour promouvoir ses politiques culturelles et sa diplomatie.

Toutefois, cet exode n’est pas sans conséquences et en ce qui concerne sa politique intérieure le pays a toujours dû composer avec une démographie stagnante, voire parfois négative. Peuple peu cultivateur, tourné vers la mer, les Pharois n’ont jamais été très friands des familles nombreuses, difficiles à embarquer dans des voyages parfois dangereux et qui obligeaient l’un des membres du couple à rester à terre. De fait, le seuil de renouvellement de la population n’a longtemps été atteint que grâce à l’immigration venue des autres territoires albien : Tapiolie et Genevier dont une part des ressortissants étaient attirés par le pôle économique de la capitale Albigärk.

Après la révolution, toutefois, la situation devint largement plus critique. Ne pouvant plus bénéficier ni de l’attractivité d’Albigärk ni de l’immigration albienne, le Syndikaali a vu sa population commencer à décliner lentement. Une tendance heureusement contrecarrée par l’industrialisation rapide du pays, produisant de grands centres urbains jusqu’alors inconnus sur le territoire ce qui permis d’accéder vers la fin du XIXème siècle à une sorte de statut quo démographique, la population totale du pays stagnant autour de cinq millions d’habitants.

Une situation qui perdurera jusqu’à la moitié du XXème siècle et le début de la nouvelle doctrine pharoise. Des politiques natalistes furent prises à grande échelle avec la mise en place de service publiques de garde d’enfants et la généralisation des chèques éducations censés permettre d’offrir aux petits pharois un accès systématique à l’école, on vit également se démocratiser les systèmes de pensionnats qui permettaient au parents de partir en mer plusieurs mois et laisser leur progéniture à la surveillance d’éducateurs spécialisés.
En parallèle de cela, le gouvernement assouplit les lois sur l’immigration afin de permettre aux régions et communes le souhaitant d’accueillir des travailleurs étrangers pour lutter contre le déclin démographique de certaines portions du territoire.

La pression démographique est devenue une question majeure au début du XXIème siècle avec l’ouverture diplomatique pharoise et le grand boost économique du pays. Jouissant d’une croissance du PIB de presque 20% par an grâce aux politiques de rattrapage sur les pays plus développés, le Syndikaali subit des transformations radicales de son tissu économique nécessitant un apport constant de nouveaux travailleurs.

Depuis 2003, le nombre de visas de travail accordés a presque doublé chaque année pour répondre à la pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs en pleine croissance et en 2006, c’est un nouveau cap qui vient d’être franchi. En effet, à l’occasion des négociations avec Pohjoishammas et Etelähammas, les deux villes libres, très dynamiques, historiquement cosmopolites et demandeuses de travailleurs, se sont vu accorder la totale souveraineté sur leur politique de délivrance de visas de travail, ce qui conduit à termes à pouvoir influencer sur les modalités d’acquisition de la nationalité pharoise, celle-ci pouvant être obtenue dès cinq ans passés à travailler sur son sol.

En autorisant les villes libres à renouveler autant qu’elles le souhaitent ces visas, c’est un message politique clair envoyé par le ministre Sakari à son camp politique. Une vraie politique de gauche cherche à favoriser en encourager l’accueil des immigrés et réfugiés en permettant leur intégration par de bonnes conditions de travail grâce à la sécurité de résidence. Une hypocrisie dénoncée par les partis d’opposition à droite, accusant les communistes de stratégies purement électoralistes et de vouloir se constituer un nouveau prolétariat précarisé composé d’immigrés, à une époque où les pharois s’enrichissent massivement grâce au développement économique rapide du pays.
Pour ce qui est des partis du Progrès et des Travailleurs, ils ont pour le moment salué une décision « de bon sens » et « en accord avec les besoins de ces territoires tout en favorisant l’autonomie régionale ». Un gouvernement décidé à faire bloc pour le moment face à l’opposition, laissant en cette période électorale envisager une possible stratégie d’alliance à gauche, ou de triangulation de l’extrême gauche par la gauche sociale-démocrate afin de récupérer un électorat désireux de radicalité.
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Meurtres de deux jeunes Francisquiens à Pharot
L’ombre des violences intercommunautaires plane sur le Syndikaali en période électorale
Le Ministre de la Terre promet que toute la lumière sera faite sur cette affaire
Le Doyen Makku au chevet des familles



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Les corps ont été repêchés ce matin et présentaient des traces de coups.


L'assassinat de Joonas et Raakel pourrait être un motif de vengeance.


Un drame qui en rappelle d’autres, les corps de deux adolescents francisquiens ont été retrouvés tôt ce matin flottant dans la rade du port de Pharot. D’origine francisquienne tous deux, ils ont pu être identifiés grâce à leurs visas d’immigration qui se trouvaient à l’intérieur de leur veste : ils se nommaient Acalmène et Priam et faisaient partie de la première vague des réfugiés francisquiens à avoir été accueillie au Syndikaali, deux ans auparavant. Plusieurs traces de coups ont été relevées par les enquêteurs, requalifiant en meurtre ce qui n’avait au départ été envisagé que comme un simple accident.

Pour l’heure, le caractère xénophobe n’a pas été retenu dans cette affaire, aucun élément tangible ne permettant de rattacher ce drame à une quelconque motivation anti-francisquienne. Seule la nationalité des victimes éveille naturellement les soupçons, d’autant que c’est un meurtre qui en rappelle d’autres alors que l'anniversaire de la mort de Luukas, Raakel et Joonas se rapproche.

En effet, le Syndikaali n’a jamais complètement oublié l’assassinat de deux de ses jeunes ressortissants par l’Empire Latin Francisquien et même si de l’eau semble avoir coulé sous les ponts, que ce soit du côté du gouvernement Pharois qui a entamé plusieurs rapprochements avec celui de l’Empire, comme du côté Francisquien dont il faut rappeler que l’Empereur boucher a été destitué depuis, tout le monde n’a pas forcément encore tourné la page.

Au sein des groupes nationalistes, le sentiment revanchard est encore bien présent, surtout depuis l’attentat de Pohjoishammas où la diaspora francisquienne – bien que victime de ses propres ressortissants – avait été accusée par une partie de l’opinion publique d’importer des mœurs violentes mettant en péril le contrat social pharois qui condamne fermement les règlements de compte sur la terre ferme. Une pratique jugée « barbare » par certains responsables politiques à commencer par ceux du Parti des flots, particulièrement virulents, et dont la xénophobie a été un élément de campagne politique à l’occasion de l’élection anticipée du ministre de la Défense territoriale.

« Le Pharois n’oublie pas », ce vieil adage avait été retrouvé écrit sur les murs du quartier francisquien à Pohjoishammas comme un avertissement, heureusement sans conséquences plus graves que les habituels affrontement entre bandes fascistes et antifascistes qui font régulièrement l’actualité du pays. Alors qu’à l’époque de la première guerre francisco-pharoise plusieurs personnalités avaient promis ouvertement de se venger, une partie de la hargne des groupes et équipages armés que compte le Syndikaali avait pu s’exprimer lors de la proclamation de la Fatwaarrr par le Doyen Makku et les tensions s’étaient apaisées avec la fin du conflit.

Pour l’heure, les médias Pharois ont beaucoup relayé l’affaire autour de ce double meurtre, chacun des responsables politiques attendant les conclusions de l’enquête de police pour exprimer son opinion. Indiscutablement, la crainte est que ces morts soient imputables à une action xénophobes, directement tournée contre la communauté francisquienne en guise de représailles, ouvrant de fait la voie à un regain de tensions entre les communautés.

Cette affaire intervient également avec un bien mauvais – et suspect – timing, dans une période électorale ou les voix de la diaspora francisquienne sont convoitées par plusieurs formations politiques. Communistes et libéraux tentent chacun à leur manière de capitaliser sur l’accueil offert aux Francisquiens à l’époque tandis que les forces plus réactionnaires cherche à dénier la légitimité du vote francisquien dans l’élection pour les dissuader de se rendre aux urnes et entacher une éventuelle victoire de leurs adversaires. La Meremme, fidèle à sa virulence, est ainsi allé jusqu’à qualifier de « trahison contre l’identité pharoise » la possibilité offerte aux francisquiens naturalisés de peser sur l’élection.

Des critiques qui font échos à celles – plus récentes – autour du fait d’avoir offert aux habitants d’Albigärk et de la Caprice Coast la double nationalité pharo-listonienne. Un afflux conséquent et soudain d’électeurs qui pourraient déstabiliser le rapport de force politique du Syndikaali. Si les habitants de la Commune n’ont pas obtenu l’autorisation de participer aux élections ministérielles, leurs bureaux de vote étant situés dans l’ancienne capitale et leur permettant de voter pour les élections de celles-ci, les habitants de la Caprice Coast dont une partie d’origine listonienne ont eu la possibilité d’intégrer les listes électorales à temps pour les ministérielles. De nouveaux électeurs à la sociologie spécifique qui, selon les décisions qu’ils prendront dans l’isoloir, pourraient bien bouleverser quelque peu le paysage politique pharois.
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