*A notre très chère amie,
A madame Brunehilde Wanger, Conseillère Fédérale aux Affaires Etrangères,
J’ai lu votre message ce matin en buvant mon café – j’en suis friand et ma terrasse donne sur la mer, c’est un endroit plein de charme morne, je suis certain qu’il vous plairait. Si le courrier de bon matin a le don de me mettre de bonne humeur, je dois vous avouer que vous lire m’a quelque peu chagriné. Tant de confusions, tant d’approximations, je ne doute pas que l’éloignement rende par certains aspects difficile pour votre nation de saisir les pleins enjeux de la situation de Kotios et si vous le désirez, nous serions ravis de collaborer avec vous afin d’éclaircir un certain nombre de choses.
Pour ma part, je tâcherai tout de même de revenir sur certaines inexactitudes. Après tout la vérité est vertu, même si la vertu n’est pas toujours vérité. Voila un sujet de causerie qu’il me plairait d’aborder avec vous lors de votre visite à Pharot.
Kotios, pauvre d’elle, n’a pas une histoire particulièrement stable, je vous l’accorde. Elle est toutefois dotée d’institutions que sont l’Assemblée Populaire et le Tribunal Révolutionnaire. Des institutions que nous reconnaissons comme légitimes et dont nous nous portons garants. Ces institutions ont également jugé que la Fraternité des mers du Nord – groupe terroriste que nous combattons depuis des années maintenant – était tout à fait légitime à défendre la ville puisque seul formation paramilitaire d’envergure présente sur place et à l’origine de la révolution qui a donné à la ville ses structures.
De fait, vous n’ignorez pas que la real politique n’est pas qu’une affaire de bons sentiments. Pour protéger le peuple kotioïte, nous avons choisi de soutenir la Fraternité et les institutions légitimes de la Commune contre la double menace fasciste et francisquienne. A la peste, nous avons choisi le colérat. Peut-être d’autres pays auront-ils choisis de se boucher le nez mais sans l’intervention conjointe du Pharois Syndikaali et du Grand Kah, peut-être la Commune s’appellerait-elle le Reich de Kotios aujourd’hui.
En ce qui concerne vos usines et ressortissants, vous êtes parfaitement légitimes à leur venir en aide mais… demander l’autorisation à l’Assemblée vous aurait évité de passer pour un pays grossier. Je tiens à le rappeler de nouveau mais la présence du Syndikaali pour défendre la Commune était parfaitement légale et organisée suite à une demande express de la-dite commune. Votre présence est au mieux tolérée, au pire invasive.
Mais rassurez-vous, il n’y a ni menace ni volonté belliqueuse dans mes propos, je vous l’assure. D’ailleurs si le Lofoton nous avait inquiété en quoi que ce soit vous pensez bien que jamais nous ne vous aurions laissé débarquer. Non je tenais simplement à vous rappeler les faits et puisque nous sommes d’accords pour dire que vos hommes resteront cantonnés à leurs strictes quartiers, tout devrait bien se passer. Les putschistes sont actuellement en train d’être écrasés et votre présence ne sera plus nécessaire d’ici quelques jours. Tout est bien qui finit bien !
Je serai d’ailleurs ravis de goûter à vos remèdes contre les aigreurs, en signe de réconciliation.
Puisque ce point est réglé toutefois je me permets d’attirer votre attention sur le second : en nous offensant publiquement, en nous associant à des réseaux criminels sans preuves aucunes, en nous dénigrant auprès de nos alliés et partenaires, vous provoquez notre hostilité. Mais de grâce, chère amie, pas de panique ! Croyez vous donc que nous soyons des bellicistes ? La guerre n’a jamais été dans notre ADN, et nous ne sommes pas pressés de faire couler ce sang froid dont vous vous targuez. Simplement le commerce est une chose qui nécessite de la confiance et si nous ne pouvons plus avoir confiance en le Lofoten, je serai contraint d’annoncer à mes chers amis actionnaires que leurs profits seront un peu moins haut cette année et cela me navre – ce sont des gens détestables, épargnez moi leur visite.
Si vraiment vous avez à cœur la bonne entente, le pacifisme et la prospérité mutuelle, des excuses publiques règleraient cette affaire malheureuse car enfin, elle n’a rien de très sérieux et vos allégations restent pures fariboles.
Si néanmoins vous les maintenez, comprenez que le Pharois Syndikaali reconsidère sa bienveillance envers vous ce qui ne serait indiscutablement dans l’intérêt de personne, disons le franchement. Vous n’imaginez pas la paperasse que cela me fait de devoir gérer les insultes d’un lointain voisin arbitrairement prononcées.
Ainsi je vous renouvelle mon invitation : rencontrons nous ! Une poignée de main, quelques sourires, une déclaration de contrition et nous serons de nouveau les meilleurs amis du monde ou du moins planteront une graine fertile pour de futures et enrichissantes relations.
Bien à vous,
Capitaine Mainio,
Ministre des intérêts internationaux du Pharois Syndikaali PS : je suis ravi que mon cadeau vous ait plu ! Ma femme me dit toujours "n'envoie pas cela aux gens, ça les ennuie", la charmante m'a toujours trouvé un peu cavalier sur certaines choses, mais je lui montrerai votre message, cela lui prouvera qu'elle avait tort.