06/06/2013
04:32:27
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Activités étrangères en Alguarena

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Activités étrangères en Alguarena

Ce topic est ouvert à tous les joueurs possédant un pays validé. Vous pouvez publier ici les RP concernant les activités menées par vos ressortissants en Alguarena. Ceux-ci vous permettront d’accroître l'influence potentielle de votre pays sur les territoires locaux. Veillez toutefois à ce que vos écrits restent conformes au background développé par le joueur de l'Alguarena, sinon quoi ils pourraient être invalidés.
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Jasper Carlson


carlson

L'ascension d'un homme d’Affaires aumérinois en Arkencheen



Il avait fallu vingt-sept ans à Jasper Carlson pour parvenir à sa position actuelle en Archencheen. Il avait commencé par vendre des voitures d’occasion chez un patron, puis il avait hypothéqué sa maison et son âme pour acheter un garage, puis un second, puis un troisième, et finalement une affaire de véhicules neufs, et une autre, et une autre et une autre encore…

Il mettait au point le financement de sa seconde affaire lorsqu’il fit sa première grosse contribution à un parti politique. Parfois, des hommes d’humble extraction ont de grandes ambitions et c’était le cas de Carlson : il voulait devenir ambassadeur dans un pays important.

Pendant des années, il écouta des discours insipides, serra des mains, signa des chèques, et regarda ses espoirs politiques monter et descendre comme la marée. Lorsqu’il posséda huit garages, il versait aux deux partis des sommes à six chiffres. Finalement on le remercia avec un poste d’ambassadeur.

Jasper Carlson n’avait jamais oublié sa conversation avec le membre de l’équipe de transition du nouveau gouvernement qui lui avait téléphoné ce jour-là.

- Le Premier ministre aimerait transmettre votre nom au Sénat, monsieur Carlson, il vous veut à ses côtés.
- Heeny… quoi ? Ça se prononce comment ?
- Heenylth. C’est en Arkencheen, je crois.
- Au Nord ou au Sud de l’équateur ?
- Je vous avoue que je n’en sais rien, monsieur. Il me semble me souvenir que c’est au sud, mais je n’en jurerais pas…

Pendant toutes ces années, Jasper Carlson avait investi énormément d’argent pour arriver à ses fins. Il n’hésita donc pas une seconde. Il répondit à son interlocuteur avec un enthousiasme sincère :

- Dites au Premier ministre que je suis honoré qu’il ait pensé à moi. Je serais ravi de me mettre au service de son administration partout où il le voudra.

Dès qu’il eut raccroché, il chercha le pays en question sur un atlas.

Ambassadeur d’Aumérine en Arkencheen !

Une fois sur place, Carlson ne se contenta pas de s’abandonner au luxe de ses appartements à l’ambassade – qui n’avaient d’ailleurs rien de bien luxueux. Il s’appliqua à apprendre le travail de la diplomatie. Il s’attaqua au flot de document du Département d’État et aux aléas de la politique de l'Heenylth avec le bon sens, le dynamisme et la détermination qu’il mettait à vendre des voitures. Il se fit vite une idée assez juste des politiciens locaux et rédigea des rapports clairs, concis et exacts.

Durant son mandat en Heenylth, une affaire particulière nécessitera néanmoins toute son attention. Ce fut celle du couple de touristes aumérinois enlevés contre rançon alors que ce dernier séjournait aux Encolanas. Un dossier sensible dans lequel il se révéla effectivement capable de représenter les intérêts de la Couronne en Arkencheen et qui se soldera par la libération des otages. Il se débrouilla si bien que le secrétaire d’État fut heureux de l’y faire déménager son bureau à Jacalbulco avec la bienveillance des autorités fédérales afin d’y étendre également son réseau diplomatique.

Carlson se trouvait dans la capitale arkencane depuis treize longues années maintenant. Où au cours de ses habituelles journées de travail de seize heures, il était devenu un expert des relations à multiples facettes entre son pays et l’Arkencheen et s’était fait de nombreux amis aux postes clés du pays.
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L'ambassadeur quechaï Alfonso Grevata s'installe en Arkoha



Alfonso Grevata


Héritier du Che Grevata, défenseur des faibles et premier Condor du Quechaïmar, c'est avec une grande fierté qu'Alfonso Grevata a pris ses fonctions d'ambassadeur du Quechaïmar auprès de l'Arkencheen. Il était très apprécié de la jeunesse cultivée du pays. Certes, il venait d'un état totalitaire mais le Condor Espinar était proche de son peuple, les décisions qu'il prenait, il les prenait pour conserver l'intégrité de sa nation. Le jeune ambassadeur était donc heureux d'avoir quitté sa nation pour mieux la servir sur les terres d'un autre pays !

Le bâtiment était un peu plus luxueux que son ancienne demeure et cela plaira forcément aux étudiants ou visiteurs quechaïs des îles arkencanes.
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journal

"BOS" RÊVERAIT D'ARKENCHEEN
Édition du 25/12/2003
BOS

Qui est BOS ?
Bruno Ole Schwarzmann dit BOS, né à Pawnee dans l'état de San Alberto le 25 septembre 1941 d'un père walsrreichien et d'une garaguayenne du nom de Claudia, est un des plus célèbres gangsters garaguayen. Il fait fortune dans le trafic de drogue et le braquage de banques. On sait peu de chose sur sa jeunesse, mais d'apres un de ses ancien associer, Hector Mina, BOS aurait quitté sa maison quand il avais 15 ans car il s'entendait que rarement avec sa mère.

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Un jeune BOS

BOS semble vouloir un monde qui va dans le sens d'une société de nomads et de chasseurs-cueilleurs et qui s'oppose à la technologie et au contrôle gouvernemental et où les hommes luttent pour survivre. D'après Mina, BOS faisait preuve d'un "dégoût" et d'un "mépris" pour les villes urbaines et pour les grandes industrialisées comme Fort William car servant de monuments pour le "progrès technologique et industrielles" et qui est contesté par BOS. Il assimile le progrès technologique et industriel à des moyens puissants qu'utilise le gouvernement fédéral peut exercer un contrôle sur la population notamment celui de Manuel Escuella alors président entre 1962 et 1986. Bruno disait souvent aux membres de son gang que les libertés individuelles doivent être sacrifies pour aller à un idéal commun.Encore aujourd'hui il est difficile de savoir si BOS était plutôt un communiste, un simple socialiste, un traditionaliste ou tout simplement un bandit qui disait ça pour garder la fidélité des membres de son gang. On sait malgré tout qu'il valorisait avant tout l'indépendance et le fait d'être libre. Pour atteindre ses désirs, BOS a commencé à recourir à une vie de crime et d'hors la loi.Vers l'âge de 19 ans il se lie d'amitié avec Hector Mina qui s'est rencontres alors que les deux essayaient de se voler mutuellement et forment plus tard leurs propres gangs et commencèrent à opéré à Pawnee. Adán Martínez, Julián Mariano, Amaya Rasgado, Jack English et Benito del Pozo rejoignent le gang de BOS a un moment entre 1961 et 1969. En 1982 d'autres personnes rejoignent la bande parmi eux un afaro-garaguayen Camilo Piñón et un Bochizuelien Franco Botín. Entre 1964 et 1985, Bruno Ole Schwarzmann et Amaya Rasgado auront 11 fils qui a la chute du gangs formeront la famille Schwarzmann.

adult
BOS dans les années 70

Les choses tournent mal pour le gang en 1987 lors du braquage de du Banco Industrial de Querétaro plus connu aujourd'hui sous le nom de "massacre de Querétaro" ou la bande vole plus de 500 000 pesos garaguay qui a l'époque est une somme astronomique. La situation tourne mal pour le gang puisque la police et l'armée sont tout près de les capturer et dans la panique BOS tue une jeune innocente de 21 ans Elsa Muñoz. Les membres de la bande parviennent finalement à prendre la fuite. Chasser sans relache pas les fédéraux, le gang s'exile a l'est dans l'etat de Tlaxcala pres du canal d'Isara mais sans Franco Botín qui lui est capturé et enprisoné au centre penitencier de La Costa. Adán Martínez et Julián Mariano s'occupent de l'évasion de Franco Botín en Juin 1988.

En 1991, Lucho Björn Schwarzmann, le fils de Bruno Ole Schwarzmann et d'Amaya Rasgado, s'était fait capturer par la famille Xirau. BOS ordonne un assaut sur le manoir de la famille Xirau et les membres du gang prennent d'assaut le manoir situé pas loin de la ville de Santa Rosa et massacrent tous les membres de la famille Xirau at sauvent l'enfant de 6 ans.

Au milieu des années 90, le gang s'allie avec la famille Bowell et la famille Thurman pour le trafic de drogue en provenance d'Arkencheen. Mais le gang de ne durera pas et le braquage de la banque central garaguayenne en 1996 précipitera la chute du gang puisque Hector Mina, Julián Mariano et Franco Botín seront captures. Adán Martínez est tué par la police alors qu'il n'a que 44 ans. Seul Bruno, Amaya Rasgado, Jack English et Benito del Pozo se sauve. Jack English quitte le gang pour retourner en hausemanie suivi par Benito del Pozo qui formera son propre gang dans le sud du Veracruz ainsi que Camilo Piñón. Hector Mina écrira un livre sur l'âge d'or du gang avant de mourir en prison en 1999 tandis que Julián Mariano est toujours en prison refusant de dévoiler l'emplacement du gang. On découvre plus tard grace au rapport de la police que Franco Botín s'est allié avec les fédéraux contre la protection du gouvernement et aurait donc trahi le gang.

Seul avec Amaya et ses fils, il ira de ville en ville et essayera de survivre tant bien que mal. Francisco Fritz Schwarzmann, l'ainé de la famille, retourne vers le canal d'Isara avec ses frères en 1997 pour former la famille mafieuse de Schwarzmann et s'allie de nouveau avec la famille Bowell et la famille Thurman.

Avec Amaya Rasgado
BOS avec sa femme Amaya

Et Aujourd'hui ?
BOS serait toujours en cavale puisque très rechercher par la police. D'après certain proche de l'ex-leader du gang, il penserait à partir pour l'Arkencheen pour superviser le trafic de drogue ver le garaguay et pour monopoliser totalement le trafic. Personne ne sait exactement où il est à l'heure actuelle et pourrait déjà être sur le sol arkencan.


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Journal

Ramon Palacio dans un état critique après une sortie de route.
Philippe Delavigne | 29/05/2004

Ramon
Le pilote s’est écrasé dans un ravin lors d’un tournage de son émission phare

L’ancien pilote de course automobile arkencheenais et présentateur de l’émission Engranaje Superior Ramon Palacio est dans un état critique après une sortie de retour en Hylvetia.

L’équipe de l’émission s’était rendu en Hylvetia pour tenter de battre le record de temps sur la course de la Berg des Feuers. Ramon Palacio était le dernier des présentateurs à s’élancer sur la route sinueuse réputée pour son danger. Il avait choisit une Ferrari F40 pour tenter de battre le record. C’était une de ses voitures de prédilection. La route était humide mais le ciel était dégagé. Il s’est élancé à plus de deux-cents kilomètres heures. Selon les premiers éléments de l’enquête et grâce aux images fournis par les équipes à la police du canton du Tyrland, il est établi que le pilote est arrivé trop dans le virage en épingle dit « Virage de la Mort ». C’est là malgré ses tentatives de freinages qu’il a quitté la route. Sa voiture s’est écrasé cent mètres plus bas après une série de tonneaux. La voiture s’est aussitôt embrassée. Ramon Palacio a pu s’extraire de l’épave malgré ses nombreuses blessures. Les secours étaient sur place en moins d’une minute et on put prendre en charge monsieur Palacio dont le pronostique vital a été immédiatement engagé. Le pilote a été héliporté en direction de l’hôpital de Tyr-am-Berg pour y subir des opérations d’urgences à l’issue des quelles, il a été placé dans un coma artificiel.

Lors de sa conférence de presse le porte-parole de l’hôpital a fait état des nombreuses blessures de Roman Palacio. Ce dernier a eut la clavicule brisée ainsi que la jambe gauche et les deux mains brisées. Il souffre d’une commotion cérébrale et de multiples brûlures. Il serait brûlé à 50% selon une source proche des médecins sans que l’on en sache plus. A l’heure actuelle, son pronostic vital est toujours engagé. Ses deux amis et co-animateurs de l’émission ont fait part de leur grande tristesse et de leur soutien indéfectible à leur ami et sa famille.
Toutefois, selon les témoins, au vue des images et selon les premiers éléments de l’enquête, certaines critiques pointent du doigt un manque de raison de la part du pilote qui connaissait pourtant les risques d’une pareille vitesse. Aurait-il manqué de discernement ? Ce n’est pourtant pas la première qu’il roulait sur cette route dont il connaissait le danger. D’autres se demandent si ce n’est pas la production de l’émission qui l’a poussé à aller à une telle vitesse pour battre le record et ainsi, s’assurer une excellente publicité pour l’émission. De nombreux points sont encore en suspend et seule, une enquête approfondie de la police hylvète permettra de démêler le vrai du faux.
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Crise en réunion

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La Merenlävät, première coopérative multinationale du Pharois Syndikaali, excellait principalement en deux domaines : liquider ses concurrents et camoufler ses comptes derrière les revenus honnêtes de la pêche en haute mer. Une transition de l'argent sale à l'argent sein qui se faisait d'ordinaire sans problèmes, à condition qu'on ne vienne pas lui marcher sur les pieds.


C’était une activité emblématique pharoise que la pêche et sans doute une des raisons qui en avait fait au fil du temps une marque respectée. La dangerosité des eaux de la mer du Nord, vaste territoire halieutique, ainsi que la capacité des pêcheurs du Syndikaali à s’aventurer dans ces contrées gelées avait offert à la région une image de marque relativement positive. Pour cela, elle avait mis l’accent sur le fait de privilégier les techniques de capture traditionnelles, par filet ou à la canne, plutôt qu’industrielle ou grâce à l’élevage en aquaculture, et en compensant les faibles rendements par une flottille extrêmement nombreuse de pêcheurs indépendants.

Une grande partie d’entre eux néanmoins, s’étaient affilié à cette énorme machine qu’était la Merenlävät. En tant que coopérative poissonnière, il suffisait de s’y inscrire et de payer ses cotisations pour bénéficier de la marque et des infrastructures ainsi que d’avoir voix au chapitre sur l’orientation et la stratégie générale de la compagnie. Outre la puissance économique bien réelle que lui conférait ce quasi-monopole national sur l’un des principaux secteurs d’activité du pays, une organisation aussi atomisée, composée d’une galaxie de navires, de familles et d’équipages tous avec des méthodes de pêches différentes et personnelles, assurait à la Coopérative une tenue absolument bordélique de ses comptes. L’argent entrait et sortait dans tous les sens, réinvesti sous formes de prêts pour la rénovation des navires, de matériel rapidement périssable, d'emprunts internes à la Coopérative, de rachats divers et variés des pêcheurs les uns avec les autres ou de retours sur investissements des sommes engagés parfois des années plus tôt et dont il arrivait fréquemment que le propriétaire soit mort entre-temps. La pêche était un métir aprticulièrement dangereux, surtout dans cette région du monde.
Tout cela était permis par une certaine bienveillance des autorités de contrôle pharoises qui avaient depuis longtemps abandonné l’idée de prélever une part d’impôts réellement proportionnelle aux bénéfices de la Coopérative. Cette-dernier payait néanmoins rubis sur l’ongle ce qu’on exigeait d’elle et arrosait en permanence l’économie pharoises (et ses contrôleurs fiscaux) de liquidités ce qui arrangeait bien tout le monde. De fait, son fonctionnement acéphale empêchait l’argent d’aller s’accumuler dans les poches d’une poignée de personne et revenait toujours d’une manière ou d’une autre aux pêcheurs qui eux-mêmes s'empressaient d'aller le dilapider dans les ports pharois.

La vérité qui était un peu un secret de polichinelle chez les marins et pirates du Syndikaali, c’était que l’image que donnait la Merenlävät d’une honnête coopérative de pêcheurs était à 90% une jolie vitrine mise en place pour préserver les apparences et que l’opacité de ses comptes permettait assez efficacement de blanchir chaque jour de grandes sommes d’argent sorties du marché noir. La Merenlävät qu’on surnommait également « la reine des mères » assurait en effet un semblant d’ordre au sein de la galaxie bigarrée des pirates, contrebandiers, mafieux et syndicats du crime au Syndikaali mais également dans un nombre croissant de villes d’Eurysie septentrionale. Le procédé était toujours le même : sous couvert d’entrepôts, de docks et de chantiers navals privés dédiés à ses activités de pêche, la Merenlävät fournissait à qui en avait les moyens tout un panel d’infrastructures discrètes pour le marché noir et la contrebande. Élargissant ses secteurs d’activité, elle avait également commencé à racheter des petits établissements, bars, salons de coiffures et autres boutiques d’indépendants touchés par la crise et qui servaient de lieu de rencontre et de tractation.

Ne s’adonnant pas aux activités criminelles elles-mêmes, la Merenlävät vivait de proposer à tous ceux désireux de se lancer dans ce secteur des conditions matérielles optimales afin de bien débuter. Résultat, elle n’avait pas tardé à s’assurer un monopole régional dans un grand nombre de port face à des mafias locales quelque peu dépassées par le poids économique de la Coopérative et trouvant tout intérêt à profiter du vaste réseau de services, informateurs, passeurs, revendeurs, fonctionnaires corrompus et autres facilitateurs du quotidien qu'elle leur offrait en échange d’un paiement fixe régulier. Là où elle s’implantait, le crime prospérait donc systématiquement à long ou moyen terme. Elle avançait masquée à l’aide de filiales et de sociétés écrans, colonisant petit à petit l’économie du nord de l’Eurysie, et ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin.

Si la Merenlävät tenait aussi bien, c’était avant tout parce qu’elle était sans concurrence sur son secteur et que les économies d’échelle internationale qu’elle y faisait rendait rapidement les autres mafias incapables de s’aligner. Il avait néanmoins fallu batailler dans un premier temps, ne serait-ce que pour s’imposer à la myriades de pirates plus dingues les uns que les autres qui gravitaient autour du Syndikaali. En cela, le gouvernement avait aidé, trouvant dans la Merenlävät une alliée de choix afin de canaliser la criminalité endémique du pays et la focaliser sur des cibles étrangères ou stratégiques pour ses intérêts nationaux dans la région. Interventions militaires, soutien financier, protection diplomatique et collaboration entre les services secrets pharois et les agents de la Coopérative, désormais cette dernière s’était solidement ancrée dans le paysage et avait toutes les raisons de penser qu'elle parviendrait à s'y maintenir encore pour longtemps, sauf sursaut policier ou évènements imprévus..



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Aussi ne fut-ce pas sans un sentiment un peu dubitatif que la Coopérative se vit annoncer un matin la réunion exceptionnelle de son conseil d’administration stratégique où elle apprit que sa marque vitrine – la pêche – était sérieusement concurrencée par les produits venus d’Alaguarena. La Merenlävät avait tant pris l’habitude de devoir se battre pour s’imposer sur le marché de la criminalité qu’elle en avait presque oublié qu’on pouvait également lui faire la guerre sur sa face la plus innocente. Bien entendu un petit pan de la Coopérative avait pour charge d’entretenir cet aspect à commencer par coordonner et organiser les pêcheurs bien réels, mais il fallait reconnaitre que ce secteur d’activité, pour majeur qu’il soit au Syndikaali, ne représentait pas le quart des préoccupations habituelles de la Coopérative. Il fallait la comprendre : entre des parrains albionnais et quelques vieux râleurs syndiqués du Syndikaali, le danger venait moins des seconds que des premiers – quoi qu’on aurait tort de sous-estimer un pêcheur en colère.

Dans la salle de réunion d’un bâtiment de bureau très ordinaire dans la périphérie de Suurettallot – le conseil stratégique d’administration ne se réunissait jamais dans les bâtiments officiels de la Merenlävät, cultivant une certaine imprévisibilité – une vingtaine d’hommes et de femmes se tenaient assis en arc-de-cercle autour d’une table, face à la projection d’un ordinateur sur le mur. Si la plupart portaient le traditionnel assemblage chemise-cravate-veste noire et tailleurs pour les femmes, d’autres aux allures plus bigarrées, barbes mal taillées, pull détendus, parfois les ongles sales ou un bras porté en écharpe, se tenaient parmi eux sans que cela ne semble poser problème à qui que ce soit. Tous et toutes étaient absorbés par la présentation qu’une vieille femme en robe à fleur leur projetait.

- « Et je remercie la Citoyenne Pauliina, ministre de la mer, de la pêche et des côtes, d’avoir bien voulu prendre de son temps pour participer à ce conseil d’administration, madame la ministre merci. »

A quelques chaises d’elle, une autre femme, toute austère dans une vaste cape noire qui lui tombait jusqu’aux chevilles alors qu’elle était assise, hocha la tête d’un air pincé.

- « Un plaisir Jaana, un plaisir. »

La vieille dame sembla satisfaite et se retourna vers son écran. Plusieurs graphiques assez indigestes censés représenter l’évolution du marché de la pêche à travers le temps et selon les régions du monde montrait de manière significative la part de plus en plus importante qu’occupait l’Alguarena dans le camembert.

- « Bien entendu il ne s’agit que de tendances mais si celles-ci se confirment, nous pourrions bien voir notre croissance annuelle ralentir, voire se stopper complètement. »

- « Ce qui serait gênant au moment même où le crime rapporte de plus en plus en Eurysie. » commenta un moustachu à la veste de velours et aux allures de dandy.

La ministre ne sembla même pas entendre la remarque. Ici ne siégeaient que des initiés.

- « Absolument capitaine Aarne. » acquiesça la vieille dame « C’est une question de produit avant tout, le marché de la pêche est certes l’un des premiers au monde mais il ne peut s’étendre éternellement, la plupart des pays subviennent globalement à leurs propres besoins et les parts à conquérir sont soit dans le très bas de gamme, soit dans le très haut. »

- « Mais nous sommes déjà sur des produits de luxe pour l’exportation. » se plaignit d'un ton gémissant une jeune femme à l’air cruche, ce qui sembla énerver son voisin.

- « L’Alguarena également pauvre conne ! »

La vielle Jaana leva les deux mains en signe d’apaisement.

- « S’il vous plait, s’il vous plait. La situation est certes préoccupante mais en rien problématique pour le moment, nous avons le temps de réfléchir à une stratégie de riposte conjointe avec le gouvernement pharois. »

Le dandy fit la moue et demanda la parole.

- « Excusez moi mais il s’agit simplement d’un acteur un peu ambitieux sur le marché, que je sache on ne convoque pas un conseil de défense à chaque fois que quelques commerçants étrangers tentent de nous grappiller des parts. Coulons un ou deux de leurs navires, ou provoquons une crise régionale pour favoriser notre propre ports. Je suis certain qu’en déstabilisant un peu la République d’Albion, celle de Liria ou le Royaume de Ladros nous pourrions les convaincre de privilégier nos produits et... »

L’homme qui venait de s’emporter le coupa d’un ton sec.

- « Vous êtes un demeuré Aarne, il s’agit de l’Alguarena cette fois, on ne peut pas juste leurs couler quelques chalutiers et espérer qu’il n’y aura pas de conséquences ! »

- « D’autant qu’une grande part de la pêche alguarenos provient de leurs propres mers où pour l’heure notre influence est assez limitée. S’attaquer à eux c’est s’attaquer aux convois réfrigérés qu’utilisent plusieurs pays d’Aleucie ou de Paltoterra. »

- « Au moins cela camouflerait nos véritables intentions. » protesta le dandy visiblement vexé.

La ministre prit à son tour la parole l’air agacée.

- « On ne va pas provoquer une crise économique généralisée pour quelques crevettes, soyez sérieux. »

- « De toute manière tout ne se règle pas par la force, nous sommes déjà engagés sur plusieurs fronts et la stabilisation de Kotios nous coûte un argent monstre, j’aimerai autant que ce petit problème soit réglé sans effusions de sang ou de crise diplomatique internationale. » dit quelqu'un.

La ministre hocha la tête.

- « D’autant que cette fois il ne sera plus question de déstabiliser quelques dictateurs voisins et à l’économie bancale, l’Alguarena fait la course en tête en termes de technologie et d’industrie, le Pharois Syndikaali ne pourra pas vous soutenir sur ce coup-là. »

L’information jeta un froid sur le conseil. Une grande part de l’efficacité de la Merenlävät reposait sur sa synergie avec le gouvernement pharois, assurant ses arrières, masquant ses crimes ou recouvrant d’une glaçage de déstabilisation politico-diplomatiques les véritables intentions de la Coopérative. Privée de ce soutien majeur, cette dernière voyait son champ d’action quelque peu réduit.

- « Va pour la subtilité, alors. » dit quelqu’un d’un air indifférent.

Une femme hocha la tête.

- « Oui. Néanmoins nous n’avons pas été assez prévoyants, je préconise la mise en place de l’une de nos zones économiques exclusives à proximité de l’Alguarena, au cas où. »

La ministre acquiesça d'un geste sec.

- « D’accord mais pas de crise, je vous prie. Le capitaine Mainio n’appréciera pas de devoir déployer nos sous-marins à l’autre bout du monde, il a d’ailleurs fait remarquer que nous nous investissions beaucoup trop à l’international ces derniers temps. Pas. De. Crise. »

- « Soit, soit, pas de crise ! » lâcha l’homme énervé. « N’empêche ! Ça ne résout pas le problème des crevettes ! »

- « Moi les crevettes je n'aime pas ça, ça me donne mal à la tête. » dit quelqu'un qu'on ignora.

La vieille Jaana eut un sourire ridé qui la fit étrangement ressembler aux motifs floraux qui ornaient sa robe et se tourna vers l'homme agressif.

- « Peut-être avez-vous une proposition à nous soumettre capitaine Oskari ? »

L’homme se redressa dans sa chaise, lissa son épaisse barbe, pris quelques secondes pour trouver ses mots.

- « L’Alguarena est à l’autre bout du monde. En ce qui concerne le marché Eurysien nous avons l’avantage de la proximité. Multiplions les accords diplomatiques et commerciaux et imposons nous sur le marché avant que ces paltoterriens n’y enfoncent leurs griffes. »

Quelques personnes hochèrent de la tête face à ce qui semblait une proposition plutôt raisonnable. Le dandy Aarne s’agita néanmoins.

- « Vous oubliez que l’Alguarena est aussi le premier exportateur d’armes au monde. Et d’une qualité qu’on ne peut que leur reconnaitre, s’ils décident de nous damner le pion je ne sais pas avec qui nos compatriotes eurysiens préfèreront faire affaire. »

- « D'autant que notre réputation n'est pas toujours au beau fixe. » dit quelqu'un.

- « Nous nous exposons trop, le Syndikaali est censée être une terre neutre... » argumenta un autre.

- « Pourtant nous n'avons tiré que des bénéfices à nous impliquer plus activement d'ailleurs... » répondit un troisième.

- « Depuis le temps que je dis qu’il faut s’imposer comme gendarme régional, ça nous éviterait pas mal d’emmerdements ! »

- « Capitaine Oskari, s’il vous plait. » le tempéra la vieille Jaana. « La remise en question de la politique pharoise n’est pas à l’ordre du jour. » elle eut un regard pour la ministre qui hocha sobrement la tête, l’encourageant à continuer. « Si tous ces problèmes viennent d'une question de positionnement de marque, peut-être qu’une campagne de publicité pourrait suffire ? »

Il y eut quelques froncements de sourcils. Remettre l’affaire entre les mains du service com’ de la Merenlävät sonnait un peu comme un aveu de faiblesse d’autant que les graphiques qu’ils avaient vu quelques minutes plus tôt laissaient douter que le phénomène puisse être enrayé par une simple campagne publicitaire.

- « Et Kotios ? » demanda quelqu’un.

Plusieurs visages se tournèrent vers le garçon en retrait. Un rouquin tâché de son qui ne semblait pas avoir passé la trentaine.

- « Quoi Kotios ? » grimaça le capitaine Oskari.

- « Toute l’Eurysie a les yeux rivés sur Kotios et la ville ne peut subvenir à ses propres besoins. Puisque le putsch est terminé, tout un processus démocratique va se mettre en place ce qui continuera d’attirer l’attention. Si nous nourrissions Kotios avec des produits de grande qualité, cela nous ferait une excellente publicité auprès de nos voisins ? »

Aarne fit la moue.

- « Nous approvisionnons déjà Kotios, et nous ne sommes pas les seuls. L’Alguarena également il me semble. »

- « Si la question est de filtrer les arrivées de nourriture, je rappelle que nos amis contrôlent les ports. Il ne serait pas très compliqué de salir la réputation de nos concurrents en prétextant des arrivages de mauvaise qualité. »

Quelques yeux brillèrent.

- « Pour des frais sommes toutes très minimes... »

La ministre hocha la tête.

- « Et je n’aurai aucun mal à débloquer des subventions humanitaires pour aider la Commune. Nous ferons du protectionnisme sur nos produits de manière parfaitement indirecte et en passant pour généreux. »

On hocha la tête. La vieille Jaana frappa doucement dans ses mains.

- « Qui vote pour ? »

Toutes les mains se levèrent.

- « Alors la stratégie est approuvée, nous allons prendre les dispositions nécessaires. Autre chose ? » elle interrogea l’assemblée du regard.

- « Et pour la base en Aleucie ? Vous pensez à l’Izcalie ? Il me semble que nous avons eu de bons échanges avec leurs pirates à Kotios. » demanda Aarne.

- « Aleucie ou Paltoterra, c’est somme toute la même chose. On pourrait aussi allez voir le Kah. Ce serait assez logique compte tenu de nos relations avec eux. »

- « J’aime autant ne pas avoir trop à faire avec le Kah, ce ne sont pas vraiment des gens qui ont le sens du commerce si vous voyez ce que je veux dire. »

- « Bon de toute façon on ne va pas discuter de ça à chaud comme ça, Jaana vous nous ferez un dossier pour chacun et nous comparerons à la prochaine réunion d’accord ? »

Tout le monde sembla d’accord.

- « Bien dans ce cas là je vous remercie de votre présence et de votre participation. » répondit l'intéressée. « Nous nous disons donc à la semaine prochaine pour le conseil hebdomadaire sauf Madame la ministre bien entendu.

- « Rappelez moi si vous avez besoin d’aide, bien sûr. » acquiesça celle-ci.

- « Bien entendu, ce fut un plaisir de vous compter parmi nous. »



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Choc des cultures, choc des titans

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Du fait de son histoire et de son système politique atypique, dès son origine fondé sur la collaboration avec les équipages pirates de la région s’étant joint aux forces républicaines face à la Couronne d’Albi, le Pharois Syndikaali avait très tôt pris conscience de la précarité de son modèle culturel dans le monde. Une précarité intensifiée par l’entrée franche dans la mondialisation au début du XXème siècle qui avait indirectement mis en concurrence les modes de vies des différents pays, jetant la lumière sur les dysfonctionnements ou au contraire les réussites des uns et des autres.

Replié sur lui-même, dans une forme d’étrange humilité qui circonscrivait ses mœurs à un minuscule territoire dans le vaste monde, les Pharois n’avaient jusqu’alors jamais cherché à exporter leur modèle culturel à l’étranger. Trop spécifique, trop profondément ancré dans une histoire particulière, on ne pouvait sérieusement attendre du reste de l’Eurysie, voire du monde, qu’il embrasse simplement l’ultra-individualisme romantique de la nation pirate. Au demeurant, cela aurait été pire que mieux : nourrissant une part de sa puissance économique et politique de sa capacité à déstabiliser ses voisins pour implanter directement sur leurs sols des réseaux économiques parallèles dont il tirait profit, le Pharois Syndikaali vivait littéralement de sa différence et de ce que celle-ci lui conférait régionalement une forme de monopole sur le crime organisé à une si grande échelle.

Néanmoins, l’isolement pharois, y compris sur la scène diplomatique où la plupart de ses rapprochements avec ses voisins avaient été le fruit de chantage ou de pression militaire et économique grâce à une piraterie de plus en plus redoutable, n’était pas sans préoccuper le gouvernement du pays. Ce-dernier surveillait ainsi de très près tout début de manœuvre hostile à son encontre, ou de rapprochement de ses ennemis, les désamorçant parfois dans l’œuf comme cela avait pu être le cas avec le projet d’alliance boréale censée unir la République de Makt, le Walserreich et l’ex-Empire Latin Francisquien. Restait que la situation du Syndikaali demeurait précaire sur le plan diplomatique et culturel et que ce dernier en avait parfaitement conscience.

L’arrivée de l’Alguarena sur le marché de la pêche eurysienne, première puissance économique et militaire mondiale, avait ainsi réveillé de nombreuses inquiétudes au sein des instances dirigeantes pharoises, officielles et officieuses. Face à un tel concurrent, malgré ou grâce à la distance les séparant, les méthodes de déstabilisation traditionnelles ne pouvaient fonctionner correctement. Frapper physiquement le marché d’Alguarena, intimider ses pêcheurs ou arrêter ses convoyeurs, c’était prendre le risque bien trop gros de déclencher un conflit militaire ou politique que le Syndikaali était assuré de perdre. En somme, face au poids démesuré de cet adversaire, les outils habituels de la stratégie de domination pharoise se découvraient grippés.

Grâce à la synergie intime entre les grandes entreprises du pays et ses pouvoirs politiques, ces derniers avaient vite pris au sérieux la question de l’Alguarena et les possibles répercussions sur l’économie pharoise, très dépendante de ses productions halieutiques. L’incident de Kotios et la mauvaise publicité faite aux crevettes des îles fédérées clamée l’air de rien dans la région avait peut-être ralenti l’expansion de la concurrence, mais on ne pouvait sérieusement espérer contenir celle-ci indéfiniment. La raison en était également que l’Alguarena elle-même n’était pas restée passive vis-à-vis des intérêts privés de ses compagnies de pêche et les commerçants et services secrets du Syndikaali rapportaient les manœuvres de décrédibilisation des marques estampillées Pharois de l’autre côté de l’océan. L'Alguarena entendait ainsi importer sa stratégie protectionniste jusque dans les consciences et l'imaginaire profond des consommateurs.

Pour la première fois, donc, le Syndicat des Poissonniers avait compris que pour stopper l’hégémonie alguarenos, il lui faudrait s’essayer à la bataille culturelle.




Le « Cool pharois », où quand la piraterie fait contre-culture

Si le traitement de la piraterie dans la pop culture mondiale était longtemps resté au stade archaïque représentant l’âge d’or de la piraterie au début du XVIIIème siècle, mettant en scène d’imposant trois-mâts en quête de fortune et de gloire, le Syndikaali avait perçu l’intérêt de remettre au goût du jour et dans l’imaginaire collectif une forme plus moderne et légèrement édulcorée de ce que pouvait être la vie en mer des boucaniers.

Bien éloignés esthétiquement de leurs homologues poussiéreux des mers chaudes paltoterriennes, la piraterie nordique leur avait néanmoins emprunté une grande part de leur substance, condensée autour de quelques valeurs centrales : la liberté, l’insoumission, la camaraderie, la fortune, la gloire et l’amour. Un cocktail associé à un renouvellement de l’imaginaire punk-rock qui présentait la figure du pirate comme celle du rebelle, à contre-courant de l’ordre établi et des injonctions sociales, traçant son propre chemin malgré les obstacles dans une réactivation moderne des valeurs méritocratiques et romantiques.

Cet archétype, en dépassant la figure sclérosée de l’entrepreneur libéral ainsi que celle ridiculisée et archaïque du chef de famille autoritaire, venait moderniser sans pour autant les renverser totalement les mœurs désormais hégémoniques en Occident de la droite libérale « à papa ». Un modèle centré vers la jeunesse en quête de renouvellement et bien parti pour faire figure de véritable contre-culture auprès d’une partie signifiante des nouvelles générations révoltées ou engagées. En plus d’être un rebelle, le pirate était également un justicier romantique, alliant répartition des richesses tel un robin des bois marin avec une quête d’amour véritable capable de résonner chez les cœurs les plus tendres.

Cette stratégie du « Cool pharois » avait pu s’implanter de prime abord au nord de l'Eurysie grâce au terreau fertile dans l’imaginaire collectif nourri ces dernières années par plusieurs évènements tragiques ou spectaculaires impliquant le Pharois Syndikaali, dont la guerre contre l’Empire Latin Francisquien qui avait mis à l’honneur l’action des pirates dans le sabotage des voies maritimes et commerciales francisquiennes. L’Empire alors perçu comme tyrannique et fou avait par opposition rendu héroïque la figure du corsaire, agissant de son propre chef, par esprit de vengeance ou par passion anti-autoritaire, seul avec son équipage face à une armée entière et néanmoins capable de remporter la victoire. A cet épisode particulièrement instrumentalisé et rapidement repris dans la pop culture pharoise s’était ajouté les actions plus ambiguës de la Fraternité des mers du Nord, soulevant le peuple face aux tyrans et dont une partie des exactions passées avaient ainsi été camouflées par la succession des crises de Kotios où elle avait finalement tenu le beau rôle en se plaçant du côté du camp démocrate pour lequel elle avait essuyé les pertes les plus sévères.

Ce bouillon narratif composé de désinformations et de déformations multiples avait néanmoins réussi à marquer les esprits en Eurysie et produit un certain nombre d’œuvres culturelles destinées au public pharois. Une première partie de la stratégie du gouvernement avait ainsi été d’exporter ces œuvres, modifiées plus ou moins largement pour « mieux correspondre aux spécificités culturelles étrangères » ce qui sans langue de bois signifiait qu’on avait accentué le jeu sur les ambiguïtés et profité de l’éloignement spatial des pays pour orienter le narratif de sorte de rendre la piraterie susceptible de provoquer l’attachement ou l’admiration.

Plus concrètement encore, la stratégie de diffusion culturelle pharoise à destination de l’Alguarena s’était construite sur deux axes synergiques.

D’une part, proposer aux diffuseurs d’Alguarena plusieurs productions cinématographiques supposées se rentabiliser aisément car orientées grand public et mettant en scène la piraterie nord-eurysienne. Avec cela s’accompagnait un discours plus savant, sous forme de reportages, d’articles de presse ou scientifique, cette fois-ci à destination d’un public érudit et désireux de se renseigner sur les évènements parfois cryptiques des mers du Nord. Le Pharois Syndikaali proposait une lecture des évènements relativement factuelle dont l’objectif était moins de se faire bien voir que d’orienter le débat public d’Alguarena pour le pousser à s’intéresser à la région et donc rendre les questions de piraterie à la mode. La perversité du procédé tenait qu’en pointant du doigt la complexité voire la dangerosité du phénomène pirate dans la région et donc en poussant les commentateurs politiques à critiquer son caractère endémique, ces-derniers participaient indirectement à le rendre attractif pour la jeunesse en quête de modèles contre-culturels pour s’opposer à ses aînés.


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D’autre part, le Syndikaali imposant à ses citoyens un service militaire obligatoire de deux ans afin d’encadrer un usage des armes largement répandu au sein de la société pharoise, il avait à sa disposition un puissant outil pour orienter sa propre jeunesse, au moins spatialement. Puisqu’une grande partie du service militaire se déroulait en mer, l’entrainement des jeunes citoyens impliquait de longs voyages autant pour leur faire découvrir les spécificités des eaux sous différents climats que pour leur faire voir du pays. Cette année, le gouvernement choisit donc de privilégier pour ses cadets les manœuvres en mers paltoteriennes où des ravitaillements occasionnels seraient nécessaires aux îles fédérées. Une procédure standard de demande de visas mais qui permettait aux adolescents et jeunes adultes de découvrir l’Alguarena, et de s’y faire découvrir.
Ainsi, non seulement le Syndikaali pariait sur le désir futur de ces apprentis marins de revenir dans le coin et donc d’y renforcer le poids de la micro-diaspora pharoise ce qui pourrait s’avérer utile, mais également de donner un aperçu concret aux jeunes alguarenos de ce que signifiait la jeunesse au Syndikaali, sa liberté de ton et son tempérament aventureux.


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De quoi en somme semer les graines, les ministres l’espéraient, de la naissance d’une contre-culture favorable à leurs intérêts, capable le cas échéant de peser sur la politique du géant économique ou au moins d’y rendre populaire les produits pharois en les associant à l’imaginaire de la liberté et de la fraicheur.
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A l'attention de l’archevêque César Gálvez



Monseigneur Gálvez,

La vie, ici, à la Grande Basilique de Sancte me parait bien déconnectée de toute réalité. Déconnectée des villes, de la vie, de nos fidèles, de nos frères et de nos sœurs. C'est pourtant le revers de la tâche qui m'a été confiée. Cela n'excuse cependant en rien le grand délaissement que votre fédération subit depuis trop longtemps et que je déplore.

Comment notre Église a-t-elle pu se détourner si longtemps de ses ouailles alguarenos ? Une fois de plus, ce n'est que la marque d'un dysfonctionnement profond de notre ecclésia qui ne brille que par l'humiliation et le danger qu'elle fit subir aux catholiques d'Alguarena.

J'entends, aujourd'hui, rompre ce silence empoisonné et rétablir un dialogue qui autrefois rapprochait nos nations.

Pour commencer, sachez que Monseigneur Gérald Cyprien Lacroix, prélat catholar, a été démis de ses fonctions au sein de la commission pontificale suite à cet incident. Il sera remplacé au plus vite mais le message a été entendu puisque l'Institut Catholar des Données Religieuses s'est mobilisé. Un recensement plus exact du nombre de fidèles chrétiens dans le monde m'est parvenu ces derniers jours.
Suite à cette mise à jour, le nombre de sièges au collège des cardinaux s'élève désormais à 235.

Aussi, ce serait pour moi un grand privilège de vous avoir à mes côtés pour me conseiller dans la grande réforme interne que je compte mener. C'est pourquoi j'ai le plaisir de vous proposer de porter la soutane des cardinaux.
Il me parait important que vos frères alguarenos vous rejoignent. Je vous invite donc à me proposer le nom de 11 évêques, que vous jugerez dignes de devenir cardinal, auprès du bureau de mon camerlingue .

Si vous décidez d'accepter cette nouvelle mission sacrée, pour encourager le renouveau de ce lien avec la fédération d'Alguarena, il me semble judicieux d'envisager une visite au sein de votre merveilleux pays. Dans l'espoir de raviver la foi, la confiance et le dialogue avec votre peuple.
Je serai enchanté de découvrir les trésors de votre civilisation. Nous pourrions organiser un tel déplacement pour le premier semestre de l'année 2006. La Catholagne ne demandera bien sûr aucune participation financière quand aux frais engendrés par un tel déplacement.

Avec l'espoir qu'ensemble nous puissions faire revivre la gloire perdue de notre Église,


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♪♫ Jingle ♪♫


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♪♫ La citoyenne Annika c'est tout de suite dans Regard à froid Alguarena, sur Syndikaali Aujourd'hui ! ♪♫


Annika : Mesdames messieurs bonsoir, bienvenue dans cette nouvelle émission de Syndikaali Aujourd’hui, l’émission qui fait le point sur l’actualité internationale sans langue de bois, c’est pas le genre de la maison !

*rire du public*

Annika : Aujourd’hui une émission spéciale sur les dernières révélations de l’OFIS, « l’Oficina Federal de Investigación y Seguridad » qui viennent de tomber : le missile balistique francisquien serait donc bel et bien d’origine alguareno, pour en parler je reçois deux invités, Alcibiado Pérez et Gustavo Richi Flores, bonjour.

Gustavo Richi Flores : Bonjour.

Alcibiado Pérez : Bonjour !

Annika : Gustavo Richi Flores vous êtes professeur de sciences politiques à l’université d’Aserjuco, vous avez écrit notamment un livre La prospérité meurtrière de l’Alguarena portant sur la place qu'a pris l’industrie militaire dans le pays, une industrie que vous qualifiez de « course en avant devenue folle »…

Gustavo Richi Flores : Absolument. C'est une thèse que je défends.

Annika : Alcibiado Pérez, vous êtes philosophe et militant communiste, vos travaux portent notamment sur la remise en question de la notion de marché en tant que lieu idéel, « idéal mais irréel » dites-vous, et des conséquences de ce paradigme sur la pensée économique du pays.

Alcibiado Pérez : En effet.

Annika : Alors je suis très heureuse de vous accueillir ce soir, on commence avec vous Gustavo Richi Flores, que vous inspire le rapport de l’OFIS sur les circonstances du drame qui a touché l’aéroport de Baidhenor ?

Gustavo Richi Flores : Alors déjà je constate que ceux qui hier nous traitaient de complotistes quand nous évoquions l’hypothèse d’un missile provenant des usines de l’Alguarena, ces gens sont aujourd’hui bien silencieux. Pour ma part j’avais déjà pointé le risque de ce genre de cas de figure dès la promulgation du pacte anti-bolchévique et l’hypothèse de …

Annika : Attendez l’Alguarena n’a jamais signé le pacte anti-blochévique…

Gustavo Richi Flores : Oui mais...

Annika : Qu’est-ce que vous nous racontez là ?

Gustavo Richi Flores : Laissez-moi finir.

Annika : Non je dis juste voila.

Gustavo Richi Flores : Oui.

Annika : Allez-y.

Gustavo Richi Flores : J’avais à l’époque pointé du doigt la difficulté de tracer les armes une fois vendues et que sous prétextes d’alliances contre un ennemi commun, on pouvait assez vite se retrouver à armer des états belliqueux, illibéraux ou carrément voyous.

Annika : Donc pour vous c’est un problème de traçabilité ?

Alcibiado Pérez : C’est le problème de la mondialisation capitaliste !

Annika : Attendez laissez le finir.

Gustavo Richi Flores : Oui je pense que sans tomber dans l’angélisme enfin, moi je ne dirai jamais « il ne faut pas vendre d’armes » bon c’est un commerce comme un autre...

Alcibiado Pérez : Comme un autre ??

Annika : Laissez le finir !

Gustavo Richi Flores : Comme un autre peut-être pas mais il y a des petits pays qui n’ont pas encore les moyens de s’industrialiser rapidement, ceux-là sont bien contents de pouvoir acheter à l’étranger du matériel de pointe, sinon ils se retrouveraient à la merci du premier conquérant venu.

Annika : Vous pensez au Vogimska ?

Gustavo Richi Flores : Oui mais pas seulement, prenez la République Fédérale de Novigrad, par exemple, ils achètent beaucoup.

Annika : Ils ne sont pas vraiment menacés pourtant.

Gustavo Richi Flores : C’est vrai mais…

Annika : Et le Syndikaali a justement bloqué des livraisons d’armes francisquiennes en direction du Vogimska.

Alcibiado Pérez : Qui vend les armes a l’influence, c’est un impérialisme marchand.

Annika : Gustavo Richi Flores vous êtes d’accord avec ça ?

Gustavo Richi Flores : Je pense oui, cela contribue, c’est comme arroser d’argent une nation, vous créez de la dépendance.

Annika : Alcibiado Pérez qu’est-ce que vous en pensez, vous, de cette crise du missile ?

Alcibiado Pérez : Vous voyez Annika, je pense que ça, ça, c’est un exemple parfait de l’inconséquence des libéraux ! Ce sont des petits commerçants à qui on a laissé les manettes du pays, nous avons donné les clefs de nos Etats à des boutiquiers, des comptables qui ne pensent qu’en termes de rentrée et de sortie fiscale. Et ces fous, enfin c’est une pensée adolescente, il faut bien le dire, vont s’étonner ensuite des conséquences de leurs commerce morbide. C’est incroyablement parlant, Annika, de se dire que ces gens là n’ont pas imaginé une seule seconde que ce qu’ils vendaient allait être utilisé vraiment.

Annika : Mais pourquoi selon vous ?

Alcibiado Pérez : C’est la marchandise ! Le fétischisme de la marchandise ! L’objet n’existe plus qu’en tant que bien marchand, il est dépossédé de sa valeur réelle, de son utilité concrète, il n’est qu’un chiffre sur un marché ! Et quelle est la valeur réelle d’un missile ? Sa capacité de destruction, c’est ça, c’est ça l’utilité concrète, réelle, de la chose. La transformer en marchandise c’est lui retirer sa substance, c’est un relativisme marchand total !

Gustavo Richi Flores : Oui enfin lorsque le Syndikaali a alerté sur les conséquences éventuelles de cette vente, les Alguarenos avaient des arguments assez terre-à-terre tout de même, je ne dirai pas qu’ils étaient hors-sol…

Alcibiado Pérez : Mais si !

Gustavo Richi Flores : … ce sont des gens sensés.

Alcibiado Pérez : En aucun cas ! Ce sont des marchands ! Ils peuvent bien justifier cela comme il leur plaira au bout du compte l’ultime argument c’est le profit, le pro-fit.

Gustavo Richi Flores : Ça ne répond pas à la question.

Annika : Laissez le parler.

Alcibiado Pérez : Il y a un prisme capitaliste, vous le savez bien, sur l’accumulation de la marchandise : « je suis ce que je possède » et les Alguarenos là, il faut le dire, nous avons fait preuve de naïveté, enfin le gouvernement a fait preuve de naïveté en s’imaginant que mieux valait un Francisquien armé et donc menaçant pour préserver l’équilibre régionale, mais sans penser une seule seconde que les Francisquiens sont eux des gens plus proche du réel… !

Gustavo Richi Flores : Vous ne pouvez pas dire ça.

Alcibiado Pérez : Bien sûr que si ! Les Francisquiens achètent des missiles, ils comptent les utiliser, l’arme a une valeur d’usage pour eux, non marchande et donc posséder un missile sans l’utiliser c’est comme ne pas en avoir, au contraire le tirer c’est faire la démonstration de leur pouvoir. Ils passent par les actes, ils sont ce qu’ils font, pas ce qu’ils possèdent.

Annika : Vous êtes en train de nous dire que les Francisquiens sont des existantialiste ?

Alcibiado Pérez : Et bien, d’une certaine manière, oui. Des existentialistes fous peut-être mais au moins moins déconnectés du réels que nous en Alguarena, il faut absolument renouer avec une conception matérialiste de notre rapport au commerce sinon il y aura d’autres drames.

Gustavo Richi Flores : Vous caricaturez, vous ne pouvez pas faire de grandes analyses philosophiques sur le comportement d’un gouvernement manifestement inconséquent.

Alcibiado Pérez : Mais si ! Moi je ne prends pas les gens pour des idiots je prends les faits, voila ce que disent les faits, un missile a été tiré, c’est donc qu’il a été acheté pour l’être, quand l’Alguarena vend en espérant que ces armes ne seront pas utilisées, c'est du fantasme marchand, c'est un déni de réalité qui a coûté plus de trois-cents vies innocentes.

Gustavo Richi Flores : Vous êtes un idéologue. Vous voyez tout par le petit bout de la lorgnette.

Alcibiado Pérez : Et vous un petit con bourgeois !

Annika : Messieurs s’il vous plait. Gustavo Richi Flores vous nous dites « il faut une meilleure traçabilité » mais concrètement comment on fait ?

Gustavo Richi Flores : Eh bien…

Annika : Moi quand je donne un gâteau à ma voisine je ne vais pas ensuite vérifier si elle ne le refourgue pas à quelqu’un d’autre, il y a forcément un lien de confiance qui doit exister.

Gustavo Richi Flores : Oui mais…

Annika : Alors ? Est-ce qu’il faut obliger à un droit de regard ? Mais plus personne n’ira acheter ici si l’Alguera faisait ça.

Gustavo Richi Flores : C’est le point clef, je pense que cela passe par des institutions habilitées, des institutions internationales qui pousseraient les Etats non seulement à cesser la course à l’armement mais qui légifèreraient à grande échelle afin d’harmoniser le marché de l’armement et…

Alcibiado Pérez : C’est complètement irréaliste !

Annika : Alcibiado Pérez pourquoi ?

Alcibiado Pérez : Enfin imaginer que tous les pays vont se mettre autour d’une table et décider de tuer la poule aux œufs d’or c’est ridicule ! L’Alguarena s’est spécialisée dans la vente d’arme, vous croyez que leur économie tient en vendant des boîtes de crevettes ?

Gustavo Richi Flores : Le marché de la crevette représente une part importante du PIB et…

Alcibiado Pérez : C’est ridicule ! On ne peut pas attendre des Etats qu’ils mettent en place de leur propre initiative le cadre de leur propre impuissance, si nous voulons avoir un droit de regard sur la production et la vente militaire c’est en engageant le rapport de force que cela se fera !

Annika : C’est-à-dire ?

Alcibiado Pérez : Droit de regard des ouvriers sur leur production : on ne vend qu’aux pays amis et non-impérialistes.

Gustavo Richi Flores : Et c’est moi qui suit irréaliste…

Alcibiado Pérez : Oui vous l’êtes !

Gustavo Richi Flores : Enfin ce que vous nous dépeignez c’est simplement un accord commercial entre pays signataires de l’Internationale, il est complètement illusoire de penser que parce que les ouvriers ont un droit de regard sur leur production tout d’un coup les pays cesseront de se militariser !

Annika : Il n’a pas tort, Alcibiado Pérez, vous répondez quoi ?

Alcibiado Pérez : Que c’est le seul horizon réaliste à moyen terme, voila ce que je réponds. Si vous attendez quoi que ce soit de l’Etat ou des marchands, c’est-à-dire des personnes prises dans des logiques capitalistes, ils ne pourront matériellement pas cesser la production et la vente. Sinon c’est tout leur système qui s’écroule. Si quelqu’un peut mettre en place des politiques de contrôle ce sont les ouvriers de l’armement eux-mêmes !

Gustavo Richi Flores : Enfin on ne va pas laisser la gestion de missiles balistiques à des ouvriers spécialisés enfin, vous racontez n’importe quoi, c’est complètement démagogique comme vision des choses !

Alcibiado Pérez : Parce que vous vous croyez plus malin qu’eux peut-être ?!

Gustavo Richi Flores : Je dis que des questions aussi complexes doivent être laissées à des gens possédant un minimum d’expertise, oui. Qu’il puisse y avoir un droit de regard des généraux sur la politique de Défense du pays par exemple, voilà qui serait déjà plus pertinent.

Annika : Donc vous seriez pour laisser l’armée dicter sa politique au gouvernement ?

Gustavo Richi Flores : Pas lui dicter, mais qu’on la consulte, oui.

Alcibiado Pérez : Et vous croyez que ce n’est pas déjà le cas ? Evidement qu’ils sont consultés, et pour quel résultat ? Au final c’est le fric qui décide, toutes les précautions de nos chers militaires ne pèsent pas un hareng face au profit capitaliste.

Gustavo Richi Flores : Vous n’avez que ce mot là à la bouche.

Alcibiado Pérez : C’est qu’il est déterminant !

Annika : Messieurs notre émission touche à sa fin, merci pour ce débat passionnant j’ai été ravis de vous accueillir, maintenant c’est aux téléspectateurs de se faire une opinion, et on se retrouve après la publicité pour un épisode des sirènes de la téléréalité suivi d'un documentaire animalier sur la faune du Baranairah.

Gustavo Richi Flores : Merci à vous.

Alcibiado Pérez : Oui merci à vous.



♪♫ Quand je mange du poisson du Syndikaali, hmmm, je souris ! ♪♫
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La société des amis d’Albigärk adresse un communiqué au journal alguarareno Trabajador, signé par plus d’une trentaine d’associations et par la formation politique, Cœur d’Albi.

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C’est un article de presse comme on en voit passer des centaines à l’étranger, tenant plus d'ailleurs de l'édito que de l'enquête journalistique, mais dont le destin a pris un tournant beaucoup plus médiatique après qu’un étudiant Pharois, suivant une formation en géopolitique internationale à Jacalbulco, l’a diffusé sur les réseaux sociaux assorti d’un commentaire indigné :

Regardez ce qu’ils publient ce torchon srx

https://geokratos.com/?action=viewTopic&t=1293&p=5#m11219

Une petite indignation qui a trouvé un écho inattendu au sein de la société civile d’Albigärk, jusqu'à provoquer un véritable débat local sur la perception des derniers évènements traversés par la Commune par la presse étrangère et de possibles biais et incompréhensions pour des observateurs peu aux faits de l'histoire et des enjeux de la région.

Salariée de l’association loi 1912 La société des amis d’Albigärk, Maria Jalmari, une pharo-listonienne originaire de la commune, réagit :

« Un ami m’a partagé le commentaire, intriguée, je lis l’article – assez court – et forcément, mon sang ne fait qu’un tour. C’est un tissu de mensonge ce papier-là, ça en dit long sur l’état de la presse de l’autre côté de l’océan… »

Pour Artturi Veera, bénévole dans cette même association, le constat est similaire.

« Ça se voit qu’ils n’ont pas faits leurs recherches, ils déforment complètement la réalité et la voit par un prisme purement marchand. Quand je vois des gens dire que l'indépendance d’Albigärk « a été imposée » par des énarques et reprendre toute la rhétorique de l’extrême droite listonienne qui a fait plusieurs morts contre l’ambassade pharoise le mois dernier, je me pose des questions sur l’intégrité journalistique de ces gens. »

Maria Jalmari a des contacts. Forte de plusieurs millions d’habitants, Albigärk est une grande ville, mais depuis l’autonomie, les réseaux militants pro-indépendance qui l’irriguent sont ressortis grandis et auréolés de leur succès ce qui les conduit pour finir à bien se connaitre.

« J’ai passé un coup de fil à un ami qui travaille à la rédaction d’Albigärk Matin, il m’a dit qu’il allait voir ce qu’il pouvait faire. »

L’affaire commence alors à se répandre. Albigärk Matin produit un article relativement sobre qui consiste à fact checker celui du Trabajador, mais a également pour effet d’attirer l’attention sur ce-dernier. Les rédactions s’enflamment alors.

Premier sur l’affaire et toujours en quête de médiatisation, le parti politique albien Cœur d’Albi dénonce « un mépris évident de la part de l’auteur, un prisme alguareno-centré et un manque de travail de terrain évident sur fond de clichés racistes anti-pharois ». Le Syndikaali un pays où tout peut s’acheter, y compris la vie humaine et le destin d’une ville ? C’est sur ce genre d’imaginaires que surfaient les milieux réactionnaires Listoniens au plus fort de la crise qui a opposé l’Empire au Pharois. Une rhétorique qui n’est pas sans conséquences puisque plusieurs membres de l’ambassade pharoise à Listonia ont récemment été tués par une foule haineuse, prenant le quartier d’assaut sur la base de théories complotistes et xénophobes.

« L’Empire vacille peut-être à cause de ses démons, mais il n’y a pas de ça ici ! Albigärk n’a pas été achetée, n’en déplaise aux révisionnistes paltoterrains, c’est une province historiquement albienne qui a été rendue à son indépendance, par l’action et le travail de longue date de militants indépendantistes ! »

Alors que les médias mainstream s'emparent de l'affaire et que des débats télévisés sont organisés par la TA1 (Télévision Albienne 1) pour commenter l’article polémique, c’est finalement les réseaux associatifs et militants eux-mêmes qui prennent l’initiative de rédiger un communiqué à l’adresse du journal Trabajador afin de demander des excuses et un démenti à celui-ci. Soutenus par plusieurs personnalités locales, dont le chanteur Oscaro Ramon, Listonien ayant souhaité obtenir la double-nationalité pharo-listonienne lors de l’indépendance de la Commune, mais également de Sirpa Tellervo, la présidente du Parti Cœur d’Albi.

Un communiqué que nous vous… communiquons :


COMMUNIQUÉ


Afin de rétablir la vérité et de lutter contre la désinformation, que celle-ci soit dû à des intentions malveillantes, un agendas politique ou tout simplement à la méconnaissance de la situation en nord-eurysie, nous, militants, responsables politiques, acteurs de la société civile, souhaitons adresser ce communiqué à la rédaction du journal Trabajador, sans animosité aucune, mais dans le but de pointer des erreurs factuelles qui, savamment distillées dans des esprits manquant parfois de recul ou de connaissance de la péninsule d’Albi et de ses relations avec l’Empire Listonien, pourraient faire le jeu de théories conspirationnistes et d’extrême droite, ce que nous déplorons.

La Cité d’Albigärk, autrefois rattachée au Royaume d’Albi, a obtenu son indépendance en 1831, au cours de la guerre civile opposant les factions républicaines et monarchistes, et ce trois mois et six jours avant que la République Pharoise (aujourd’hui Pharois Syndikaali) ne l’obtienne également.

Fruit d’une révolte de ses étudiants, l’histoire de la Commune d’Albigärk est intrinsèquement liée à celle du Royaume d’Albi et aujourd’hui à celle du Pharois Syndikaali.

Qu’il s’agisse de critères culturels, politiques ou économiques, ces deux entités ont pendant plus d'un millénaire formées une seule et unique communauté politique, et depuis plus de deux siècles ont appris à cohabiter et prospérer ensemble, en symbiose malgré leur séparation juridique.

La prise de la ville par la marine militaire Listonienne en 1949 vint briser cette relation historique et importer de manière artificielle et programmée une culture étrangère, des mœurs et un régime de loi qui n’était pas celui décidé par les habitants de la Commune.

Aujourd’hui, ces plaies sont pansées. Pharois et Listoniens, réunis sous la double nationalité pharo-listonienne, cohabitent. Nos noms se mélangent, nos cultures s’infusent l’une dans l’autre et si certaines tensions subsistent il reste de notre seule responsabilité de les apaiser.

Prétendre comme l’a fait votre journal qu’Albigärk aurait purement et simplement fait l’objet par le Pharois Syndikaali d’une « transaction véreuse » comme on achèterait des légumes au marché est non seulement une méconnaissance de notre histoire, un mépris des actions citoyennes (y compris face à un gouvernement listonien répressif) ayant menées à l’indépendance et enfin une négation de la souveraineté politique de la Commune, qui exerce sur son sol ses propres lois et possède ses propres instances de décision. La somme versée par le Syndikaali visait très explicitement à soutenir le développement économique de l’Empire et une compensation pour les territoires perdus.
Compensation contre laquelle de nombreux acteurs politiques Pharois et Albien se sont également prononcés, jugeant contraire à la justice de payer des réparations à un ancien envahisseur. Néanmoins ce qui est fait est fait, il n’en reste pas moins qu’en présentant le Syndikaali comme un acheteur sans scrupule revient à renverser la lecture de l’histoire.

Albigärk n’a pas « subi » son indépendance, elle l’a réclamé et depuis longtemps. Elle s’est battue pour et aujourd’hui elle a mérité sa souveraineté. Chose que vos journalistes auraient pu savoir s’ils avaient pris la peine de faire un véritable travail d’enquête et non pas seulement un billet d’humeur populiste digne d’un journal à sensations.

Pour ces quatre raisons, votre article était non seulement mensonger, mais également insultant et nous demandons, par honnêteté journalistique, un correctif de votre part.

De plus, nous serions heureux de vous recevoir à Albigärk si vous souhaitez réaliser un reportage plus sérieux sur l’histoire de notre pays, son fonctionnement, ses institutions, et les enjeux politiques et culturels auxquels nous travaillons chaque jour à faire face. Dans l’adversité, mais avec bon cœur.

La société des amis d’Albigärk


S’en suit une liste de signatures.


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♫♪ Jingle ♫♪

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♪♫ Aujourd'hui dans On va en faire grand cas, Chloé Xolt reçoit le docteur Núm Amissah, exclusivement sur Paltoterra News Network, première chaine d'information du Paltoterra ! ♪♫


[...]

Núm Amissah : Pas vraiment, à vrai dire c'est une posture morale difficile à tenir quand on se souvient des mensonges éhontés du gouvernement fédéré concernant la vente d'équipement militaire ayant assez systématiquement atterit sur des civils.

Chloé Xolt : Vous parlez des missiles tirés vers la Damannie ?

Núm Amissah : Oui. Un massacre sponsorisé par la Fédération, qui ne pouvait rien ignorer des intentions de l'Empire Francisquien, qui avait déjà prouvé mainte et mainte fois la nature précise de ses ambitions concernant l'eurysie. Maintenant il était important pour la fédération de mentir, puisqu'en démocratie représentative un gouvernement a besoin de stabilité, excluant de fait toute notion de transparence. C'est le royaume de l'opaque, si vous voulez. Ce qui n'échappe d'ailleurs pas à toute la population, mais il est compliqué de critiquer ce système en y habitant. Il est pensé comme un genre de panopticon donc chaque détenu est lui-même geôlier. On voit bien comme sont qualifiés les partis "extrêmes" et les personnalités s'opposant au système.

Chloé Xolt : Hm. Oui. Mais pour en revenir à ces cadavres exposés sur internet ? Le procédé a déjà été condamné par plusieurs représentants politiques et associatifs à travers la planète, sans parler des représentants religieux, des associations en tout genre ou encore... Oui ?

Núm Amissah : C'est effectivement indécent. Mais pas plus que de fournir à des régimes autoritaires des missiles qui finiront sur des hôpitaux et des aéroports. Pas plus que d'envahir des pays étrangers, pas plus que d'écraser les demandes d'indépendances ou de libertés des habitants de territoires occupés. Non, le plus notable c'est que cette façon de procéder démontre une incompréhension totale de la culture kah-tanaise et, plus généralement, paltoterrane, qui n'a pas grand-chose de surprenant de la part d’une nation aussi fondamentalement eurysienne et impérialiste.

Chloé Xolt : Vous voulez dire que l’Alguanera agit de la sorte parce que sa culture est eurysienne ?

Núm Amissah : C’est un peu plus compliqué que ça mais, en somme, oui. Disons plutôt que le gouvernement alguaneros agit comme il le ferait avec une autre nation de culture eurysienne, sans prendre en compte la nature fondamentalement différente du Grand Kah. Ce comportement est directement lié à la sensation de supériorité morale et matérielle de la Fédération. Ce genre de technique pourrait avoir son usage pour lutter contre un régime qui à l’image des dictatures ou des oligarchies capitalistes, entretiendrait un culte du secret et du matérialisme. C’est une notion culturelle que l’on croit assez répandu mais c’est uniquement lié à l’omniprésence de la pensée occidentale dans la plupart des sphères médiatiques. Les cultures paltoterreanes, nazuméennes et afaréennes, dans toute leur immense diversité, ont des façons de percevoir le devoir, la mort, le conflit, ou leur propre existence en tant que nation, totalement différentes. Parfois opposées. Ce ne sont pas les mêmes codes, si vous voulez. L’illusion d’exceptionnalisme – une maladie dont est chroniquement atteint la fédération – est une simple émanation directe de sa pensée impérialiste. Parce qu'elle se croit intrinsèquement supérieure, elle pense son modèle universel. D'où cette campagne d'un redoutable inefficacité, qui cependant aurait probablement eut des effets dévastateurs si elle avait été menée contre une nation de culture similaire à celle de l'Alguanera. C'est lié à un matérialisme individualiste inversant le sens que les autres cultures donnent au rapport entre l’individu et la communauté, en premier lieu, et entre l’individu et sa mission, ensuite. Par exemple l’Alguanera essaye pesamment de nier son implication directe dans le coup d’État paramilitaire agitant le Pontarbello, parce qu’il serait totalement impossible, une fois ce fait établit, de nier que l’ancienne colonie Listonienne n’a fait que changer de propriétaire lors d’un acte de guerre dont la plupart des observateurs s’accordent à dire qu’il a été piloté depuis Aserjuco.

Chloé Xolt : Pesamment ?

Núm Amissah : Oui. Car c’est un double langage assez lourd, au final. Qui ne sert qu'à rassurer ceux qui sont déjà convaincus. Ils protègent une colonie indépendante en y déployant leurs barbouzes. Ils protègent la liberté d’un territoire en se l’accaparant. Ils aident au démantèlement d’un empire en agrandissant le leur. Et ils vous diront que l'action armée était nécessaire quand-bien même toutes les autres indépendances se sont fait sans tirer un seul coup de feu. Cette hypocrisie est assez classique de la part des empires. C’est aussi l'expression d'une façon de voir le monde comme binaire. Ce qui correspond au matérialisme dont nous parlions à l’instant. Parce qu’un empire est raboté ils pensent pouvoir parler de décolonialisme. Effectivement l’acteur d’une mission "décoloniale", dans le sens aseptisé et vide que les pays capitalistes emploient, ne saurait être lui-même un impérialiste. Même si ses actions disent le contraire. Cette inversion des valeurs, de la fonction action et conséquence, cette binarité absolue de leur conception des choses permets, de façon notable, de justifier des contre-sens absolu. Nous empêchons la mise en place de referendums pacifiques et d’une décolonisation par et pour le peuple, mais puisque nous avons arraché par la force et le sang ce morceau de territoire nous luttons contre les empires.

Chloé Xolt : C'est tout de même étrange.

Núm Amissah : Pas du tout. C'est très logique dans leur façon de voir les choses. Regardez. Nous soumettons la population à un joug militaire, mais nous sommes les libérateurs. On peut pousser plus loin ce modèle déjà étudié, à la base il servait simplement à caractériser le fonctionnement des sociétés oligarchiques de ce genre. Vous êtes soumis à des ultra-propriétaires, donc vous êtes libres. Vous élisez des gens qui s’accaparent tous les pouvoirs et décident sans vous consulter, donc vous êtes en démocratie. Ainsi de suite.

Chloé Xolt : Revenons-en à cette histoire de photographier les morts. Qu’en pensez-vous ?

Núm Amissah : Dois-je vraiment commenter ? C’est ridicule. Dans la culture occidentale de la fédération cette action passe sans doute pour particulièrement insultantes. Ils croient exposer au peuple de l’union les terreurs d’une guerre que la fédération a par ailleurs elle-même provoquée en finançant et expédiant ses cohortes de "mercenaire" pour envahir la province dont il est question. Ils s’imaginent sans doute très intimidants. Dans leur esprit étriqué par leur notion limitée de démocratie, leur méconnaissance de la transparence et leur mépris de tout ce qui leur est étranger, il s’agit probablement de révélations terribles. C’est oublier un certain nombre de facteurs importants.

Chloé Xolt : Lesquels, docteurs ?

Núm Amissah : Pour commencer la culture du Grand Kah est issue d’un syncrétisme extrêmement diversifié. Inutile de revenir sur ce que l’on pourrait considérer comme des poncifs des cultures nazuméennes et paltoterrrane. L’important sens de l’honneur. La dévotion totale au devoir, ou même le rapport extrêmement différent à la mort, car ne répondant pas à des impératifs strictement matérialistes. En plus il faut aussi considérer qu’aucun proche de militaires, mercenaire ou guerrier issue de l’Union n’ignore la réalité de la mort. Les services de la fédérations envisagent sans doute cette coûteuse expérience comme une opération de déstabilisation quand ils facilitent simplement la tâche de la section conventionnelle aux nécrologies. Très honnêtement, c’est un peu vexant que nos voisins n’aient pas estimés utile d’étudier la culture à laquelle ils s’adressent. Bien entendu c’est un classique de l’impérialisme : les impérialistes se croient partout chez eux. Ils pensent leur langue, leurs codes culturels, leurs méthodes, universelles. Généralement, aussi, ils se vexent lorsque les peuples auxquels ils essaient d’imposer leurs conceptions ne les partagent pas. En l’occurrence leur effort est inutile. D’autant plus qu’il ne faut pas oublier que la mort est une présence encore familière au sein du Grand Kah. Nos ainés se souviennent très bien de la junte fasciste mise en place avec le concours des prétendues démocraties libérales du nord. Peut-être que les fédérés l’ont oublié mais les Kah-tanais sont habitués à se battre et à mourir pour leurs libertés individuelles, ou pour défendre celles des autres.

Chloé Xolt : Comme les brigades solaires, par exemple ?

Núm Amissah : Effectivement. Je ne sais pas exactement ce qu'espéraient les citoyens des brigades en se lançant seuls dans une guerre ouverte contre le plus gros empire de la planète, mais c'était courageux et peut-être même nécessaire de clairement indiquer que l'époque du colonialisme est terminée et pour de bon au sein du nouveau monde. On ne peut pas toujours vaincre l'oppresseur, mais parfois lui résister est suffisant pour initier de plus grandes choses.

Chloé Xolt : Mais leur sacrifice ne risque-t-il pas d'avoir un impact extrêmement négatif sur le moral des citoyens et citoyennes de l'Union ?

Núm Amissah : Pour commencer nous ne pouvons pas parler de sacrifice, pas à ce stade. Et pour vous répondre c’est étrange à dire puisque je doute que nos téléspectateurs l’ignorent, mais la mort n’est tout simplement rien d’autre qu’un fait de la vie. Et elle a toujours été conçue ainsi dans les cultures paltoterranes. N'importe quel pays dont la population autochtone n'a pas été génocidée ou acculturée par les empires coloniaux successifs en rend parfaitement compte. Nous savons faire avec et la prendre avec la dignité nécessaire. Une caractéristique culturelle si étrangère aux occidentaux qu’elle donna d'ailleurs naissance à certains des mythes les plus ridicules du "péril jaune", notamment l’association systématique des nazuméens à des groupes d’individus dénués de personnalité, interchangeables et fanatiques.

Chloé Xolt : Que penser de cette stratégie de la part de la Fédération, alors-même qu’une importante période électorale s’ouvre au sein de la Convention Générale ?

Núm Amissah : Je ne suis pas sûr que la Fédération ait pris cet aspect en compte lors de la mise en place de cette campagne. Après tout ils n’ont même pas pris en compte l'aspect bien moins impondérable qu’est celui de notre culture.

Chloé Xolt : Mais si vous deviez estimer un éventuel impact qu’aurait cette opération sur la campagne électorale ?

Núm Amissah : Elle provoquera probablement de la frustration. Je ne pense pas que nos concitoyens confondent cette tentative d’intimidation pour une tentative d’ingérence dans notre démocratie, mais si cela venait à avoir lieu, cela donnerait probablement du grain à moudre à quelques-uns des clubs plus isolationnistes. Très honnêtement c’est très dur d’émettre la moindre prévision à ce sujet. Le contexte est, comme vous le savez, extrêmement particulier.

Chloé Xolt : Très bien, merci docteur. Nous reprendrons cette émission dans quelques instants pour en parler avec nos invités.

Núm Amissah : Merci à vous.


Votre vie n'a plus aucun sens ? Votre patron continue de vous harceler et votre conjoint est infidèle ?
Avez-vous essayé de devenir anarchiste ?
11510
15 février 2007


Dans un silence de plomb, par delà une mer immaculée, le ciel s'illuminait.
D'immenses fleurs enflammées se formèrent par intermittence à travers la foultitude de moutons noirs s'accumulant ici et là.

La contemplation de cet évènement avait figé les coeurs, glacé les membres inférieurs devenus cotonneux sur le pont où la houle était à peine perceptible.
Les équipages des nombreux navires de ce détroit avaient interrompu leurs activités afin de rejoindre l'extérieur et regarder la scène électrisante et terrorisante à la fois.

Les détonations ne tardèrent pas et le son percuta les tympans et les cages thoraciques vibrèrent en discontinue.

Là haut, non loin de leur verticale, une immense explosion tandis qu'un avion hurlait en traversant un kérosène enflammé et vociférant.
Des pans entiers de carlingue chutaient, enflammés d'un avion de grande taille, un avion de ligne peut être.
La chute libre pouvait faire penser à une bonne mise en scène d'une météorite incandescente entrant dans l'atmosphère.

L'attitude galvanisée devant le spectacle laissa peu à peu, au fur et à mesure que le cataclysme se rapprochait... une prise de conscience, un désarroi face à une situation, étrange et unique.

Le capitaine du navire cligna des yeux et son coeur se serra, sa gorge se noua et il regarda son second, incapable de bouger, figé dans la peur. Ce dernier avait aussi très bien compris le danger imminent.


A BÂBORD TOUTE !! A BÂBORD, PLEIN REGIME !!!!


Les équipages sortirent de leur torpeur et commencèrent à courir dans tous les sens, trébuchant, tombant, glissant.
Le second donnait des ordres et essayait de ne plus regarder au dessus de lui alors que des ombres grossissaient rapidement.

Le capitaine regarda son immense navire, aussi grand qu'un porte conteneur et les cinq vastes bulles d'acier blanches le recouvrant.




29/05/2007 - Emission télévisée Alguarena




Vous l'aurez compris, le sujet des élections sera sur votre émission préférée, chaque semaine après "l'Entretien Ouvert".
Aujourd'hui avec notre invitée du Tamurt n Althalj, ou Althalj pour faire plus simple... hahaha... *regard en coin vers l'invitée hors champ des caméras*
... elle est une conseillère en sécurité et géopolitique auprès d'entreprises de renom du monde entier, elle représente parfaitement la réussite Althaljir et a fait tout ce chemin de Fortuna où elle réside, veuillez accueillir !!!!!

Tafrara Hikma !


La caméra se tourne vers l'invitée qui sourit et salue les autres invités autour de la table, de même qu'un public qui applaudit modestement et poliment.



Tafrara Hikma, merci d'être parmi nous ce soir et pour partager vos pensées, votre avis sur une situation que nous voyons d'un spectre purement Alguarenos, et ce malgré notre volonté d'aller chercher l'information la plus fiable et la plus neutre.
Entretien Ouvert cherche constamment ce miroir qui permet de discerner ce qui pourra être lu pour les générations futures comme la réalité de ce qui s'est passé... ou devrions-nous dire, de ce qu'il se passe.


Tafrara Hikma, entrons dans le sujet du jour : les Iles Fédérées se retrouvent au centre de l'attention internationale et pourtant l'Alguarena semble devoir faire face seule et s'assumer face à une situation plus complexe. Est ce que le silence actuel précède une escalade internationale ou l'expression adaptée... est ce le silence avant la tempête ?


Les invités autour de la table se tournèrent vers l'élégante dame aux cheveux courts qui arborait un sourire, il y a de cela quelques secondes, et qui à présent faisait montre d'un sérieux et professionnalisme adéquates.


Merci Julie, vous posez de nombreuses questions et ainsi soulevez plusieurs sujets, thématiques.

La situation au Sud de l'Aleucie ou au Nord du Paltoterra n'est pas familière de bon nombre des citoyens du monde.
Certains peuvent avoir été surpris par ces tensions entre la plus grande puissance mondiale et ses voisins, mais il ne faut pas oublier que les Iles Fédérées ont depuis le début des années 2000 étaient un acteur majeur "des détroits" et que sa position stratégique en fait un havre de convoitise, une épine dans le pied ou un gardien rassurant.

Depuis 2002, dirons-nous, l'Alguarena ne cesse de faire attention à, ou plutôt rester avec Aumérine et les nations Aleuciennes en de bons termes, mais il faut rappeler le tollé de la FECA, le forum économique et commercial pour l’Aleucie, où l'Alguarena était dessinée comme une république bananière alors que celle-ci se faisait une place parmi les grandes nations démocratiques.
Par ailleurs, la défiance vis à vis du Grand Kah s'accentuait et l'Alguarena parlait déjà de maîtriser son espace aérien face à ce voisin, le géant qui dort, mais qui écoute et observe...
Il y a déjà un sentiment que les Iles Fédérées ne sont ni d'Aleucie ni du Paltoterra et nous aurions presque tort d'estimer que l'Alguarena fait partie de l'une ou de l'autre tant sa position, géographique, culturelle, sociale et économique, fait de cette nation, un continent à part entière.

Et puis avec le succès économique, et nous pourrions avancer une dimension de son catholicisme dévot, vient l'interventionnisme et sa part dans la corne de l'Afarée.
L'interventionnisme n'a été possible qu'avec les plans de réarmements nécessaires afin de défendre les frontières des détroits et maintenir la cohésion et le statut quo régional...


La caméra se tourne un instant vers la journaliste qui hoche la tête sérieusement et regarde intensivement la spécialiste Althaljir, elle l'interrompt un instant.


Un statut quo nécessaire qui est principalement causé par la puissance militaire et l'influence de nos voisins.


Tafrara acquiesce à son tour et reprend son analyse.



Oui, en effet, mais il faut tout de même entrevoir la singularité de l'Alguarena.
Succès industriel et économique majeur lors de ces dernières décennies, la militarisation est soudaine et porte ce succès. Investissements dans la recherche, investissements dans les industries militaires... Ces dernières représentent 5% de son PIB... c'est aussi important que l'ensemble en valeur équivalente des industries militaire du Grand Kah et des Provinces Unies du Lofoten ou c'est l'équivalent de l'intégralité de la production militaire... du Nazum !

Avec une économie aussi fleurissante de production armée, que faire de tout ces équipements ? Les coûts d'entretien sont extrêmement exigeants dans ce secteur et l'Alguarena, nation armée, n'a pas besoin de tant d'équipements et encore moins avec les nouvelles technologies et l'obsolescence qui rattrape presque tous les 6 mois, les équipements en sortie d'usine.

Et donc l'Alguarena devient le premier exportateur mondiale d'équipements militaires, mais pas n'importent lesquelles ; des équipements militaires obsolètes pour certains, mais de pointe pour de nombreuses nations du monde.

Jamais confirmé et pourtant officiellement critiquée pour ses ventes de missiles balistiques à l'Empire Démocratique Latin Francisquien, les Iles Fédérées s'aliènent une partie de la population mondiale aussi par ses ventes massives à l'Empire Listonien, entraînant de facto une fuite en avant d'un pays mal géré et d'un Empereur qui a été flouté par un gouvernement nationaliste... fasciste.


Quelques grommèlements des invités... la journaliste intervient afin de laisser parler l'invitée de l'Althalj.


Les mots sont durs et les faits proviennent de croisements divers d'ONG ou de services de renseignements nationaux étrangers, mais il reste que la perception internationale est bien celle-ci : l'Alguarena est jalousée pour son succès, c'est la manne des plus forts, nous le savons bien ET... l'Alguarena est le fournisseur des nations en armes et interventionniste, mais toutefois avant tout déstabilisatrice.


La journaliste tente d'interrompre un invité Alguarenos qui pointe un doigt en expliquant qu'il faut arrêter d'exagérer à tout bout de champ, que ce sont ce genre de discours qui attisent le conflit en cours. Ce n'est pas à cause, mais grâce à la supériorité militaire de l'Alguarena que les Iles sont libres et que Pontarbello fera partie des nations démocratiques et non une partition grotesque populiste au grès bon vent des pirates qui ne cessent eux de déstabiliser.

Tafrara peut reprendre après avoir écouté.



C'est compréhensible. Mon métier est aussi de lire les visions des pays sur une situation et il ne doit pas y avoir de sujets tabous, mais bien une discussion, un échange qui découle de ce partage de visions afin d'en tirer des conclusions, des directions ou des leçons.

Je ne me permets pas de critiquer, bien que les mots choisis soient... orientés pour certains.
Je ne cautionne aucunement la guerre.

Ainsi, les voisins ont pu avoir une image détériorée de l'Alguarena, épicentre du monde.
Assécher des économies en les privant d'investissements dans l'économie civile, avanceraient certains... Est ce que l'Alguarena est responsable ? Devrait-elle décider à la place des gouvernements des nations indépendantes, autonomes, quelques soient leurs régimes en place ?

Non, peut être pas, y-a-t-il une once qui puisse être fait néanmoins pour éviter la circulation massive d'armements dans le monde et éviter alors les escalades conflictuelles en Eurysie ? C'est une autre débat.

Voilà qui nous amène à ce silence...
La presse de l'Alguarena est active et libre, l'information circule sur les évènements et le gouvernement salue les héros de la nation.

Toutefois, en tant que grande puissance mondiale, géant de la liberté...


Elle articula doucement et fermement les mots.


.... où est le discours de désescalade ?
Où est le communiqué officiel du gouvernement sur sa volonté de ne pas engendrer un conflit majeur ?
Comment se fait-il que l'Alguarena n'a pas déjà organisé un sommet afin de parlementer avec l'ensemble des protagonistes et ainsi rassurer ses populations, les populations voisines ?
Mais aussi la population mondiale ?
Non seulement les regards sont rivés sur la chute des marchés mondiaux, et il ne faut jamais oublier la portée d'un tel évènement sur les plus démunis, mais un dérapage international est à la portée de cet épicentre qui regroupe les plus gros PIBs mondiaux !


Elle regarda la journaliste puis l'invité un peu virulent précédemment et reprit avec le même calme.



Le silence international est aussi pesant pour nous, citoyens du monde.
Le Jashuria, l'UPL, Saint-Marquise, l'Organisation des Nations Commerçantes ne disent rien... enfin rien officiellement. Pas de condamnations, pas de soutiens...

C'est comme si l'effondrement de la Listonie avait plongé le monde dans une torpeur et que les évènements actuels pourraient nous en sortir. C'est une pensée fortement désagréable, car la guerre n'est pas un sport ou un évènement télévisé.

Ce qui est tout aussi perturbant c'est l'avènement de l'utilisation du mercenariat. On soustraite la mort et ça... ça pose un problème éthique, de vraies responsabilités nationales et internationales.

Pour répondre à votre question Julie... ce silence est comme celui avant la tempête, alors que l'inaction internationale se traduit par l'impunité du mercenariat et une possible surenchère... déstabilisatrice et chaotique. Les nations restent attentives et presque dans l'expectative. Nous aurions tort de penser que le LiberalIntern laissera passer ces évènements...


Julie se tourna à son tour vers l'Althaljir.


Merci pour votre intervention, nous avons une question qui concerne l'Althalj elle même.
En effet, le silence est lourd pour tous, nous aurions souhaité plus de soutiens de nos alliés, mais bien qu'il n'y ait guère de liens encore avec votre pays diplomatiquement ; l'Althalj ne s'est pas encore prononcée ? L'Althalj fait aussi face à son Pontarbello, n'est-il point vrai ?


La spécialiste fit une moue et aborda une réponse.


Les Althaljirs ne commentent que très peu les actions et décisions de la Maktaba et de la Sororité. Nous sommes une nation très fière. Fière d'avoir tenu tête à un postulat masculin très ancré et traditionaliste en Afarée... et dans une large partie du monde... Faire confiance en la Maktaba est naturel. Ses décisions passent par la Sororité qui dispose des meilleurs esprits, techniciennes, d'une empathie la plus à même de comprendre la situation locale, régionale et mondiale pour les Tamurt n Althalj.
Sans remettre en question le fait que la Qari ne s'est pas prononcée sur le conflit, je pense que l'Althalj est trop discrète économiquement, ne dispose pas d'une influence à même d'être réellement valorisée sur le plan internationale, spécialement à travers les préjugés, et il serait prématuré de se croire prête à partager ses impressions ou dicter une conduite.
La Qari pose des jalons assez clairs afin de permettre à l'Afarée de l'Ouest de s'émanciper des tourmentes habituelles de l'Afarée.

Quant au Shibh Jazirat, il y a eu des manifestations en faveur d'un rapprochement avec l'Althalj. Il faudrait bien regarder ce que le gouverneur envisagera pour cet îlot de l'ancien Empire Listonien.

La guerre, ici, au sein des Iles Fédérées, est assurément un crève coeur pour nous autres, Althaljirs.
Je ne doute pas des intentions futures de la Maktaba, j'ai pleinement confiance en sa sagesse.


Sans réellement comprendre entièrement les dernières réponses et regardant l'horloge, la journaliste remercia la consultante en géopolitique et les autres invités.


Entretien Ouvert se termine pour aujourd'hui, nous espérons vous retrouver pour notre prochaine émission, nous aurons un invité surprise de choix, un artiste qui vient du Grand Kah, oui du Grand Kah lui même, nous aurons beaucoup à discuter.
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Affiche placardée dans les rues des villes et communes de l'Alguarena
Association Althalj - Action contre la Guerre et le Racisme





03/07/2007 - Emission télévisée Alguarena





Ils sont nombreux à tarir l'image de l'Althalj des suites de la réaction du monde étudiant face à la crise qui jalonne le Nord du Paltoterra.
Les experts se scindent sur les remous provoqués par la qari Sofines Berek. Débat ou pas ? Prétexte de l'Althalj pour briller sur la scène internationale ou réelle volonté d'aborder un sujet de fond ?


Vous l'aurez compris, ce soir, l'émission est consacrée à la réaction internationale qui se fait... très discrète sur un conflit qui pèse sur notre société depuis de longs mois.
Vous êtes par ailleurs nombreux à avoir apprécié notre émission spéciale "Entretien Ouvert" du 29/05 et ainsi nous pouvons accueillir deux invités ce soir, Tafrara Hikma, conseillère en sécurité et géopolitique *petit regard et sourire sur la gauche* et le célèbre artiste et philanthrope Yormis Watanabe qui nous fait l'honneur de sa présence sur le plateau de cette émission en ces temps troubles. *sourire et petit hochement de tête vers la droite*.

Le champ de la caméra change pour afficher les visages des invités. La première regarde attentivement la présentatrice Julie Banderas, les bras sur la table, les doigts croisés, tandis que le deuxième invité sourit légèrement, plus détendu dans son siège et écoute en regardant et alternant entre la présentatrice, Tafrara et le staff du plateau.
Julie Banderas se tourne vers la conseillère et avec gravité commence l'entretien.



Tafrara Hikma, nous vous remercions d'être parmi nous ce soir. Nos téléspectateurs ont fortement suivi notre première émission où vous nous expliquiez un autre décorum géopolitique que celui dont nous sommes habitués et c'est avec humilité que l'Alguarena écoute nos confrères et consoeurs de l'international.


Tafrara Hikma, entrons dans le sujet du jour : Le conflit au Pontarbello est terrible. Nous avons tous peur que par l'entremise de celui-ci, le conflit ne s'étende à un conflit amplifié et intense entre les Iles Fédérées de l'Alguarena et le Grand Kah.
Une éminence politique et respectée au sein de l'Althalj a pris la parole sur le conflit et a insisté sur les dangers du racisme plutôt que de condamner les belligérants du conflit. Fortement critiquée par certains politologues, notamment le politologue encolanaltèque Martzel Rivas Comejo, il y a un sentiment que le message de l'Althalj est déplacé, qu'il ne convient pas tandis que le décompte des morts militaires et civils reste encore incertains.
Est ce que l'Althalj a bien saisi la portée d'une telle intervention dans une situation aussi tendue régionalement et à présent à l'internationale ?


La conseillère prend un temps de réflexion avant de répondre, la mine grave, elle prend enfin la parole.


Merci Julie Banderas, je suis très honorée d'être invitée au sein de votre émission afin de répondre, sous un prisme peut être différent, à vos interrogations.
Le fait d'inviter un artiste kah-tanais en ce jour afin de parfaire les contours de la situation en cours montre votre volonté de comprendre et de ne pas omettre ce qui n'est pas forcément acquis par les téléspectateurs de votre émission ou la communauté internationale en règle générale.


Pour commencer, toute guerre est une tragédie.

Ce n'est néanmoins pas ma place de prendre position ici même.
Ce n'est pas non plus ma volonté de transmettre un avis personnel ou régi par un biais émotionnel, ou du moins nous faisons tous en sorte que ce ne le soit le moins possible.

Je puis toutefois vous donner mon avis professionnel sur l'intervention de la qari Sofines Berek.
Nous, mes collègues et moi, avons réécouté son discours et pouvons voir que les critiques se sont focalisées sur une once de celui-ci sans prendre en considération la globalité du message.


Elle sourit un instant, un peu gênée, puis reprend.


Voyez, c'est assez délicat, je vais paraphraser et décortiquer un message qui pourrait paraître clair à certains et pas du tout à d'autres.
La communication est clé à tout niveau des sociétés au sein de régimes démocratiques et la transparence, qui devrait ainsi primer, est déformée, influencée par l'émotion ou les agendas personnels. Et je suis certains que cela sera encore le cas du fait de ma propre intervention.


Son sourire timide disparut.





Soyons clairs, l'Althalj a condamné la guerre, la qari Sofines Berek le dit, mais elle ne prend pas position, tout comme je ne le fais pas en ce jour.
Est ce cela qui dérange en fait ?


Après, la qari Sofines Berek a une démarche raisonnable.
Des affiches ou tracts circulent au sein du Pontarbello et Internet qui ne font qu'amplifier la haine. Le message est clair ; il est inadmissible que le racisme soit utilisé pour motiver et conscrire les esprits alors que des pourparlers devraient déjà avoir lieu, de même que des annonces officielles des gouvernements afin de trouver une solution rapide et commune et alors interrompre les combats en cours ou à venir.

Le racisme est un accélérateur des tensions, nous le savons toutes et tous.
Devons-nous nous y attarder ? Peut être pas... néanmoins les réactions de ces critiques sont inquiétantes, qui minimisent l'impact sur le court et long terme de tels... agissements. de plus nous n'avons toujours pas identifié d'où viennent ces tracts, qui en est à l'origine. Et les réactions internationales vives laissent à penser que ce n'est pas un non-sujet, d'autant plus que ces tracts circulent massivement sur le web.

Les actions des étudiantes Kah-tanaises et Alguarena au sein de l'Althalj sont nobles, car elles discernent le danger du racisme.
Attention toutefois à ne pas confondre les origines du conflit au Pontarbello, qui ne sont pas liés à ce facteur du tout.


Pour répondre à votre question, je doute que l'Althalj instrumentalise ce conflit afin de se forger une réputation de bienfaitrices et de saintes. Il y a une réelle compréhension et empathie Althaljir vis à vis du malheur d'autrui ou environnemental ; ça ne sort pas du chapeau.


Quand tu lances la flèche de la vérité, trempe la pointe dans du miel.


La présentatrice qui fronçait les sourcils, accentuant l'impression de sérieux, leva un doigt un instant lorsque la conseillère finit sa phrase.

Merci Tafrara Hikma, nous allons reprendre ce sujet par ailleurs. Vous adressez un point assez important, qui est l'origine de ce conflit. Il y a une multiplicité de facteurs qui entrent en compte pour l'Alguarena, toutefois nous avons aujourd'hui un invité qui a, ces dernières années, transmis son savoir artistique et une philanthropie reconnue à l'internationale. Vous le connaissez sûrement pour ses oeuvres d'art contre la guerre, dont un tableau qui fit couler de l'encre et encore plus de nos jours, tel un mauvais présage.


Les écrans derrière la présentatrice affichèrent le dit tableau.



La Poignée, Yormis Watanabe - 2004

Yormis Watanabe, merci d'être parmi nous aujourd'hui.
Votre perspective sur ce conflit nous permettra de compléter notre compréhension de ses origines, mais aussi et peut être d'identifier des chemins pouvant permettre aux deux... trois, quatre... aux protagonistes de trouver une issue pacifique à cette guerre.
Yormis Watanabe, quel est votre compréhension des origines du combat actuel ? Pourquoi est-ce que le Grand Kah ne considère pas le soutien de la libération de Pontarbello comme la libération de ses citoyens d'un Empire Listonien extenué ?
Parlons-nous ici d'un conflit purement idéologique, le Pontarbello et sa population prit au piège en son "centre" ?

De nombreuses questions, nous vous laissons la parole dans cet entretien ouvert.
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Merci de me recevoir, Julie. Et merci à vos téléspectateurs, notamment encolanaltèque, de nous écouter. Vous l'avez déjà dit, mais je crois qu'on doit le répéter : c'est une situation extrêmement complexe. Il y a une arborescence de causes et de conséquences qui va continuer de prendre de l'ampleur, de se complexifier, au fur et à mesure que des acteurs, des polémiques, de nouvelles informations et désinformaions inonderont le débat public.

Pour vous répondre, on pourrait déjà reprocher à votre question d'être orientée. Il sourit. Soutenir de la libération du Pontarbello ne veut pas dire soutenir l'ANPL, c'est toute la problématique. Regardez, personnellement je soutien totalement la libération de cette région. Et la plupart des Kah-tanais sont non-seulement opposés aux colonies, mais très vocaux dans cette position.

Mais je taquine. Je sais bien que dans votre question, soutenir la libération du Pontarbello voulait dire apporter son soutien au coup d’État.

Il s’agit peut-être d’un conflit idéologique. Vous savez au Grand Kah on ne croit pas à la neutralité. Ce n’est pas parce qu’on ne l’exprime pas sous la forme d’une idéologie que notre pensée n’est pas structurée comme telle. La plupart des grands "pragmatiques" avaient eux-mêmes une logique idéologique. Qu’ils soient des libéraux capitalistes se prétendant pragmatiques pour justifier leurs décisions politiques, ou des autocrates appelant au bon-sens, ou à une échelle plus humaine. Il sourit et se reprend. À une échelle plus quotidienne, vous et moi, vos autres invités. Nous avons une vision du monde qui nous pousse à agir et penser de telle façon. Au Grand Kah nous considérons aussi que c’est une idéologie. Toute guerre est finalement idéologique. Mais là encore je sais que votre question sous-entend sur la défense d’une idéologie est la raison première du conflit, et pour vous répondre, eh bien, non.

Vous savez que le Pontarbello n’est pas le premier territoire de l’Empire colonial Listonien à réclamer son indépendance. Porto Mundo, port Hafen, plus récemment Jadida. La plupart des plateaux télés ont alimentés une grande part de leur actualité sur le délitement de l’empire colonial. Et vous savez aussi comment ce sont fait ces indépendances, n’est-ce pas ?

Par des négociations. Des referendums. Des votes populaires. Des manifestations, occasionnellement, comme à Jadida, des grèves générales.

Qu’est-ce qui rassemble toutes ces indépendances et les éloigne de celle du Pontarbello, maintenant ?

Elles ont été faites par une conjonction de la société civile et de moyens pacifiques. Le Grand Kah n’a jamais eu peur de la lutte armée, surtout dans le cadre révolutionnaire et indépendantiste. Nous connaissons cependant le prix d’une vie humaine. Contrairement à d’autres pays qui ont oublié la nature de la guerre, elle est très fraiche dans nos mémoires. L’Indépendance est une nécessité, la plupart des Kah-tanais y sont totalement favorables. Mais nous savons qu’elles peuvent se faire pacifiquement, en ce qui concerne la Listonie. Nous savons que c’est possible, et c’est pourquoi le Pontarbello n’est pas une indépendance comme les autres. Avez-vous entendu parler de négociations avec la Listonie ? Ou de grève générale, Julie ?

Au Grand Kah on a rien entendu à ce sujet. Le Pontarbello ne s’est pas doté de mouvement populaire d’indépendance, et les prétendues indépendantistes qu’on nous a servi sur un plateau n’ont pas essayés d’obtenir l’indépendance par des moyens pacifiques.

Maintenant je vais vous exposer l’opinion Kah-tanaise. Au Grand Kah beaucoup ont la sensation que le Pontarbello n’est pas en train de faire son indépendance.

Ce n’est pas une indépendance, selon nous, quand des "mercenaires" équipés, financés, déplacés et téléguidés par un autre pays débarquent sur une plage de la région après que cette dernière ait été survolée par des avions de guerre. C’est une invasion. Cette invasion ne se transforme toujours pas en indépendance quand ses forces s’engagent dans une bataille meurtrière, en pleine ville, pour le contrôle des points clés de la capitale. Elle devient une invasion. Et cette invasion ne devient pas une indépendance sous prétexte que les forces étrangères le disent. Il y a un terme, pour ça. On parle de néo-colonialisme. Ce que les kah-tanais reprochent à l’Alguarena, c’est précisément ça.

Je suppose aussi que c’est ce qui a poussé les Brigades Solaires à se déployer. Vous savez les journaux fédérés, et leur gouvernement, prétendent qu’il s’agit d’un groupe lié à la confédération. Honnêtement je n’en sais rien, je ne suis pas dans le secret des comités, mais je crois que ce n'est pas le sujet. Les Brigades solaires sont l’un des plus importants mouvements anti-fasciste de la planète en termes de moyens purs. Leur histoire est ponctuée d’actions en faveur de l’indépendance, de contre-coup d’État, ainsi de suite. Tout au long de leur histoire ces hommes et femmes ont effectivement mobilisés leurs efforts pour empêcher ce genre de situation. Qu’ils soient ou non lié à la confédération ne change rien au fait que leu rengagement sur un front anti-colonial semble… Cohérent. En tout cas ce qui est sûr c’est que cet engagement a prouvé la nature de leurs ennemis. Pas besoin de revenir sur la propagande raciste, la désinformation, je voulais surtout parler des raids aériens menés par l’armée fédérale sur les brigades. Alguarena marche main dans la main avec les "mercenaires", s’ils sont vraiment indépendants – faisons semblant d’y croire un instant – et c’est un peu troublant. Que cette fédération qui justifie ses actions par la sauvegarde de la vie humaine, justifie la seule indépendance, à ce jour, à s'être faite par des moyens armées et sans aucune tentative pacifique. Bon.

Il hausse un peu les épaules.

Maintenant il y a aussi la bataille aérienne qui s’est engagée dans les eaux Paltoterrane. Je crois que le but était surtout de montrer à la Confédération qu’elle ne pouvait pas imposer ses diktats à la région sans provoquer de vives réactions dans ses puissances. Après tout cette même fédération qui déploie sa marine et son aviation dans le ciel d’un pays étranger pour "éviter les dégâts civils", nonobstant le fait qu’elle bombarde des positions parfois urbains, s’arroge clairement des droits qu’elle refuse à ses voisins. Encore un comportement néo-impérialiste typique. Concernant le Grand Kah je suppose qu’il s’agit surtout de ça. D’indiquer à la Fédération que l’ère des empires est terminée, et que personne n’est dupe quant à leurs buts et actions. Si on s’en tient à ce que les kah-tanais comprennent de la situation, en tout cas !


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Pharois Syndikaali, deux mois plus tôt…

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Il est tard à Pharot, la capitale de la piraterie eurysienne est particulièrement tranquille ce soir. Si les Pharois sont souvent associés à un caractère fêtard et exubérant, c’est que les pays étrangers ne sont en général en contact qu’avec une petit fraction de cette population, la plus bruyante et indélicate de toutes : les aventuriers. Sur le sol du Syndikaali, toutefois, la vie est plutôt calme, voire parfois un peu morne. La distinction entre terre et mer qui ordonne les mœurs pharoises permet aux caractères les plus passionnés de la nation de se défouler… à trois miles des côtes. Sur le sol du Syndikaali, pas de grabuge, les garde-côtes et les syndicats de riverains veillent à la tranquillité des rues une fois la nuit tombée.

Au sommet de la tour du ministère des explorations d’Outre-mer, le capitaine Mainio a installé son fauteuil face à la baie vitrée du bureau de la Capitaine Reima. Son poids et son âge lui rendent fatigante la position debout – en tout cas c’est ce qu’il prétend à grands renforts de soupires appuyés – au point qu'on le soupçonne d'en rajouter un peu pour l'effet comique. Les yeux rêveurs perdus dans le lointain, l’imposant ministre pianote d’un geste bonhomme sur ses accoudoirs en profitant du spectacle des lumières de la ville. Elles se reflètent sur les vitres comme une toile d’araignée, dont les ramifications de l’éclairage public dessinent en négatif le tracé des rues. Derrière le Capitaine Mainio discutent à voix basses les ministres du Syndikaali. Pas tous les ministres cependant, seuls ceux qui ont connaissance des Etats Généraux de la piraterie ont été invités à se déplacer.

Reima : « A combien cela s’élève-t-il dites-vous ? »

Nooa : « Pour le moment on estime ça à plus ou moins vingt milliards d’écailles pharoises, m’enfin tu sais que ce n’est jamais très précis la comptabilité avec le marché noir… »

Reima : « C’est une somme. »

Nooa : « Le produit est très demandé, excellente qualité soit dit en passant. »

Alors qu’il restait silencieux jusque-là, Capitaine Mainio se détourne finalement de la vue de la vitre, l’air doucement moqueur.

Mainio : « Vous parlez d’expérience personnelle capitaine ? »

Nooa : « J’ai passé l’âge des rave party, mais mes neveux les fréquentent toujours. Je leur fais confiance pour juger de si c’est de la bonne came ou pas. »

Reima : « De toute façon les chiffres parlent pour eux même, le succès est là, dans certaines régions le Cuttlefish est presque aussi populaire que le cannabis et devrait le dépasser d’ici la fin de l’année. »

Mainio : « De toute façon il me semble que la question de la qualité se pose assez peu, non ? Ce n’est pas comme si dans ce cas précis nous voulions du bien de nos consommateurs… »

Nooa : « Tu n’y connais rien Mainio, tu trafiquais de la mécanique. Quand on passe de la drogue il faut accrocher le client, si on dégomme tout le monde avec du poison crois moi que d’ici six mois le business est mort. Sans compter que les autorités vont pas apprécier. »

Reima : « Cela c’est secondaire. »

Nooa : « A long termes oui. Mais dans les premiers temps de l’opération mieux vaut passer sous les radars. Plus tard on réalisera qu’il y a un problème de santé public et mieux ça vaudra pour tout le monde. »

Le Capitaine Mainio eut un petit rire satisfait.

Mainio : « Je laisse alors cet aspect crucial de l’opération entre vos mains mes amis pirates… et pour ce qui est des volontaires… des gens fiables ? »

Dans un coin d’ombre, le Capitaine Ilmarinen, ombrageux directeur de la C.A.R.P.E. et grand amateur de mise en scène dramatique, hoche la tête, rappelant sa présence d’un froussement de sa barbe tentaculaire.

Ilmarinen : « Les Etats Généraux ont été convoqués. Le Capitaine Eroden qui dominait déjà le trafic en Afarée et en Eurysie du Nord se propose d’étendre ses activités au Paltoterra. »

Nooa : « Je ne connais pas ce capitaine qui est-ce ? »

La ministre Reima lui frappa doucement le bras d’un air de reproche.

Reima : « Mais si nous l’avons croisé une fois enfin ! Des tatouages sur tout le corps, plutôt bel homme… »

Le Capitaine Nooa eut un petit rire dédaigneux et ronchon.

Nooa : « Ah oui. Pratique pour se dissimuler ça, tiens. »

Mainio : Mais s’il fait fortune sans se soucier de son anonymat, alors on peut sans doute lui accorder un peu de crédit. C’est peut être un défaut mais j’ai toujours eu un faible pour les exubérants… ! »

Reima : « Oh, moi aussi ! »

Ils rient pendant que Nooa se renfrogne.

Nooa : « Concentrez-vous, la nuit sera longue. »

Reima : « Raison de plus pour s’amuser un peu. Ilmarinen, vous vous resservez ? »

Le taiseux directeur secoue la tête.

Reima : « Mainio ? »

Mainio : « Juste un verre coupé avec du café merci, puisqu’il nous faut assumer la nuit blanche… »

Nooa : « C’est fini oui ? Faut qu’on revienne sur plusieurs points de logistique, d’abord les quantités. Il y a dix mille kilomètres entre l’Althalj et le Grand Kah, même avec une halte au Kodeda – pour peu que ce soit encore possible – on ne descend pas en dessous de neuf mille. »

Mainio : « Le Kodeda nous sera toujours ouvert ne vous en faites pas. Après tout notre enclave au Pontarbello n’a pas été menacée, je ne vois pas pourquoi il en irait autrement en Afarée. D’autant que la Listonie nous est bien disposée. »

Nooa : « Oui, bon. Ca ne règle pas la question du transport de masse. Il va falloir investir dans des navires cargos je pense. »

Reima : « Celui que nous avons mis à disposition d’Eero est disponible il me semble ? »

Nooa : « Peut-être mais c’est un vieux coucou, j’aime autant qu’on fasse du neuf sur ce coup-là. »

Mainio : « Rassurez moi capitaine vous ne dites pas cela pour sauver le business de votre ami Eero nous sommes d’accord ? Car rien ne garantit qu’il y aura de nouvelles livraisons en Kaulthie… »

Nooa : « Mainio vipère. On parle de transporter des marchandises compromettantes sur un océan et d’y passer inaperçu, un nouveau cargo à la pointe c’est le minimum. Il faudra aussi des patrouilleurs, Eroden longe les côtes avec ses vedettes mais ça ne sera pas suffisant pour rejoindre le Paltoterra. »

Mainio : « En somme c’est à nous de tout payer. »

Reima : « Vous faites le surpris Mainio ? Ce ne serait pas la première fois que nous mettons de toute pièce des équipages sur pied. Ou des groupes paramilitaires d’ailleurs. »

Mainio : « Oh je ne dis pas ça pour le plaisir ma chère, mais c’est encore moi qui vais devoir aller expliquer au ministère de la terre qu’il y a un trou dans notre budget… »

La capitaine rit un peu.

Reima : « Saluez Kaapo de ma part. Nous concernant le FDK suffira pour détourner la marchandise une fois produite, cela ne devra pas mettre bien longtemps. »

Nooa : « Je me disais qu’on pouvait également lui filer des drones. »

Mainio : « Allons bon ! »

Nooa : « La géographie de l’Alguarena joue en notre faveur, aussi grande soit leur flotte il y a trop de kilomètres de côtes à surveiller, et nous sommes plutôt forts à ce jeu-là. N’empêche que j’aimerai éviter qu’on choppe nos navires en pleine action. Des petits éclaireurs volants ça n’est pas du luxe. »

Mainio : « Honnêtement mon ami ne surestimez pas ces machins-là, c’est efficace oui, mais ça ne fait pas de miracles. »

Nooa : « Je sais juste que je vois à la pelle vingt-cinq situations dans ma carrière où ça m’aurait été bien utile alors pourquoi se priver. »

D’un pas chaloupé, un verre de whisky dans la main, la ministre Reima tend un second verre à Mainio, rempli d’un liquide brun.

Reima : « Faites nous un peu confiance capitaine, vous n’êtes plus dans la profession depuis longtemps, il faut que la piraterie s’adapte aux nouvelles technologies pour rester efficace. »

Lui, hausse les épaules.

Mainio : « Vous avez bien raison, je ne suis plus dans le coup. Tchin tchin ! »

Elle lève son verre avec un regard complice.

Mainio : « Donc cargo, drones, des patrouilleurs, deux cela ira ? »

Nooa : « Je pense. Il ne faut pas trop trainer non plus. »

Reima : « Autre chose tout de même, j’ai commandé un rapport au capitaine Ilmarinen sur l’état de la pègre sur place, vous n’êtes pas sans savoir que derrière son apparence lisse de cul l’Alguarena héberge un bon paquet de groupes mafieux… Ilmarinen ? »

Le pas lent, l’homme se dirige vers la table où introduit une clef USB dans un ordinateur qui affiche rapidement plusieurs pages de documents textes, joints de photographies.

Ilmarinen : « Voici. »

Reima : « Merci capitaine. Ce que je veux souligner c’est que nous n’arrivons pas en terrain conquis. S’il a été aisé de nous implanter dans certaines régions où la mafia se limitait aux cols blancs, cela ne sera pas exactement la même affaire cette fois. Bien sûr je fais confiance au capitaine Eroden pour se faire discret mais enfin l’ampleur de la tâche qui l’attend est proportionnellement inversée à la discrétion dont il doit faire preuve. C’est la raison pour laquelle j’ai proposé de nous appuyer sur le travail déjà réalisé au Bochizuela en collaboration avec certaines autorités locales qui nous ont aidé à… disons, liquider la concurrence. Enfin tout est dans le rapport. Bien sûr il sera plus compliqué de réitérer cette expérience en Alguarena, toutefois vous n’êtes pas sans savoir que certaines des mafias locales sont poreuses au nord, y compris en Izcalie. Je propose donc de commencer dans un premier temps en nous concentrant sur les îles autour de Chesterboro, là, sur la carte. »

Elle désigne une poignée d’ilots dans la baie d’Albel.

Nooa : « C’est perdre tout le bénéfice de notre proximité avec le Grand Kah… »

Reima : « Nous avons également des contacts en Izcalie, des pirates eux aussi, j’ai été amené à travailler avec eux à Kotios, je pense que nous pourrons bénéficier de leur soutien, ou au moins de leur discrétion. »

Mainio : « Le pavillon de l’Albastre, oui, ils se sont ralliés au Grand Kah lors de… l’affaire des avions. Je pense que nous n’aurons pas trop de difficultés à les rallier, je ne connais aucuns pirates qui ne soient pas attirés par un gros chèque. »

Reima : « Donc nous tenons les îles en tenailles, c’est exactement ce qui compte en termes de polyvalence de nos champs d’action. Nous misons sur la furtivité, la vitesse et l’imprévisibilité, la taille du territoire des Îles Fédérées et le fait de posséder des points de chute de toute part nous assure une très grande flexibilité. »

Nooa : « Tu me pardonnes Reima mais je coupe dans le vocabulaire managérial là, à escompter qu’on obtienne effectivement les bases de repli de chaque côté, la distance comme tu dis est conséquente, faut compter à minima 2 500km entre l’Izcalie et le Grand Kah alors soit vous avez des navires ravitailleurs soit on s’encule. »

Mainio : « Sans en arriver à de telles extrémités, il me semble – arrêtez moi si je dis une bêtise – que toute l’Alguarena n’est pas composée d’agents infiltrés ? Nous pouvons parfaitement voguer sous faux pavillon et immatriculation une fois à l’intérieur de leurs eaux territoriales. Il suffit de trouver un alibi crédible… »

Nooa : « Tu parles comme un vieux Mainio, les services radars sont de plus en plus perfectionnés aujourd’hui, l’anonymat ne tient pas longtemps maintenant. »

Mainio : « Avec tout le respect que je vous dois, je le sais parfaitement figurez-vous. C’est mon parti qui a débloqué les crédits pour la détection par goélands. Et c’est justement pour cette raison que j’estime que de simples brouilleurs ne suffiront pas. Face à l’Alguarena nous ne pouvons jouer de notre supériorité technologique, c’est donc à la ruse que j’en appelle. »

Reima : « Et vous avez une idée ? »

Mainio : « Absolument. La solution est d’une évidente clarté : ne jamais pénétrer les eaux nationales alguarennos. »

Reima : « Continuez. »

Mainio : « Je vous entends depuis tout à l’heure disserter sur la manière de contourner des problèmes qui n’en sont pas, désolé Nooa mais la vision qu’a votre parti politique de la piraterie est encore parfois un peu… archaïque, si vous me permettez. »

Nooa : « Je ne vois pas le rapport avec les chiottes. »

Mainio : « Que vous êtes trop romantique. Vous vous imaginez que le Capitaine Eroden va tout seul faire le coursier d’îles en îles avec ses petits navires, au risque d’ailleurs de nous foutre bien dans la merde s’il se fait attraper avec sa marchandise. Le produit est bon, il y a un vaste tissu de mafias locales sur place, nous avons de multiples points de chutes et de stockage dans les pays entourant les Îles Fédérées. Et donc ? Ne nous salissons pas les mains. Contentons nous de faire ce pour quoi nous sommes les plus doués : installer un marché noir attractif capable de concurrencer la production locale. L’Alguarena n’a pas les moyens de protéger ses frontières, c’est l’évidence même, il y a des milles et des milles de mer entre chacun de ses territoires, les pêcheurs locaux seront ravis de troquer leurs business pathétiques pour refourguer notre drogue à notre place. »

Les capitaines Reima et Nooa échangèrent un regard silencieux.

Reima : « Nous perdrons le contrôle des flux… »

Mainio : « Depuis quand est-ce un problème ? Le business c’est comme la vie, ça trouve toujours un chemin. Gavez moi la région de ces charmantes plantes à fleurs et avisons ensuite. »

Nooa : « Vous êtes moins précis que d’habitude, Mainio, l’âge vous fait renoncer à vos jolis plans bien ficellés ? »

Mainio : « L’âge m’a appris à apprécier le chaos et à y faire mon trou, disons plutôt. »

Nooa : « C’est ça, faites le malin. En tout cas si nous perdons le contrôle des flux, assurez-vous de bien tenir la source, c’est un levier qui nous servira. »

Mainio : « J’appellerai mes amies althaljirs demain matin, n’ayez crainte capitaine. Et prenez donc un verre allons ! Nous nous lançons dans une merveilleuse aventure ! »
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