Le rapprochement évident entre Héraclée et l'Assarénie
Anargyros Zervatos | 21/10/2002
Le siège du Ministère de la Diplomatie est le symbole d'une diplomatie cémétéenne en renaissance.
Être la seconde puissance hellénique du pourtour de la mer Leucitaléenne ne se fait pas sans casser des œufs, vivre sous l'ombre de l'Empire apaméen encore moins.
La Principauté de Cémétie prospère pourtant encore et toujours en-dehors de la sphère d'influence impériale, défiant l'aigle aux pieds d'argile par son modèle traditionnel réussi et ses saillies démographiques qui permettent aux autorités princières de critiquer vigoureusement la politique nataliste outrancière de l'Empire à ses portes. En effet, si l'Apamée a débuté une « guerre des ventres » à l'initiative de son gouvernement à l'encontre des populations autochtones des quatre coins de l'espace impérial, tous ne sont pas favorables à cette absurdité démographique. D'ailleurs, nombreux sont les propres composantes de l'empire hellénique à rejeter le joug impérial en s'appuyant sur ses largesses institutionnelles.Si l'Illythie, la Nazalie ou l'Eucratide sont parmi ces provinces autonomistes, l'entité politique qui pèse certainement le plus dans la balance des particularismes impériaux est sans doute l'Assarénie.
Petite puissance côtière de l'est du continent, l'Assarénie constitue une monarchie à part entière au sein de la confédération apaméenne, rejetant partiellement la férule de Théodosine (la capitale impériale). L'intégration de l'Assarénie partiellement hellénisée à l'espace impérial reste sujet à controverses pour les historiens des pays concernés et riverains : là où les rémiens revendiquent la volonté pleine et totale du royaume assarénien de rejoindre la confédération rémienne, les historiens cémétéens se montrent franchement hostiles à la thèse de l'adhésion volontaire de la monarchie et de la population à l'Empire apaméen.Une tension historiographique qui n'est qu'un énième symptôme de l'hostilité franche de la Principauté cémétéenne à la politique irrédentiste de l'Empire que les apaméens qualifient plutôt de « rattachisme ».
Mais si la Cémétie était restée seule dans son combat de fond contre l'emprise impériale sur les populations helléniques pendant plusieurs décennies, un rapprochement cémétéo-assarénien s'est imposé récemment dans la vision diplomatique de la Principauté. En effet, si jusque-là les ministres qui se succédaient au Υπουργείο Διπλωματίας (Ypourgeío Diplomatías, « Ministère de la Diplomatie ») se contentaient d'une politique protectionniste hostile à toute relation extérieure afin de marquer une continuité dans l'hermétisme du pays, le nouvel occupant du poste ne se revendique pas de cette lignée traditionaliste.Ainsi, le candidat du Κεμετιακό Φιλελεύθερο Κόμμα (ΚΦΚ, « Parti Libéral Cémétéen ») battu aux gouvernatoriales du Haut-Thaon et maintenant ministre de la Diplomatie, Rhadames Khoury, aurait rencontré à plusieurs reprises des émissaires du Royaume assarénien. Si ces rencontres peuvent paraître anodines voire dangereuses au lecteur lambda, elles sont au contraire prometteuses pour le citoyen averti : ouvrir le champ des possibles pour le renouveau de la nation cémétéenne est une dynamique essentielle à impulser à la monarchie pourtant immobiliste, et