26/02/2015
09:17:39
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Activités étrangères dans l'Empire Listonien - Page 19

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RAPPORT
- classification 43 -

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Arrivé au Kodeda il y a deux semaines, beaucoup à faire encore.

Note à moi même : les baraquements ne sont pas adaptés à des civils, si besoin de renforts venus d'Albigärk, préfèrerai leur offrir un minimum de confort sans quoi les universitaires pourraient se montrer moins enthousiastes pour de futures opérations
Je tâcherai de rendre compte fidèlement de la situation et de l’aide que peut apporter mon département quant à vos ambitions, tout en étant également clair sur les limites de celui-ci. Les services de la C.A.R.P.E. se reposent manifestement trop sur l’implantation locale kah-tanaise et de leurs alliés, la réalité du terrain demande un peu plus de temps pour être correctement appréhendée.
L’heure tourne, je le sais, mes co-équipiers et moi-même essaieront de faire le maximum, mais j’attends également un peu de compréhension de la part de la hiérarchie : à l’impossible, nul n’est tenu comme on dit, j’espère juste que les Kah-tanais savent ce qu’ils font.

Je commencerai par décrire la province de Kodeda pour donner à mes supérieurs un aperçu de la situation. La ville est isolée, en aval d’une chaîne de petits monts qui ouvrent au nord et au sud sur le désert. La région est particulièrement hostile et caractéristique des colonies listoniennes qui se sont implantées sur des territoires faciles à prendre, plus intéressant comme comptoirs commerciaux que pour les ressources qu’on y trouve.
Cela n’a pas empêché les populations incorporées de prospérer dans le temps, d’autant que des richesses inconnues à l’époque ont été découvertes entre-temps, amenant à l’enrichissement rapide des clans locaux. Ce sont d’anciens nomades pour la plupart, qui formaient une petite caste militaire antérieure à la colonisation. Ils se sont pour la plupart intégrés à la société listonienne mais la politique en partie ségrégationniste de l’Empire a empêché une totale assimilation.

De ce que m’expliquent mes informateurs, bien que l’empire conserve toujours la force politique et militaire localement, les clans ont quant à eux une aura chez les populations sensibles aux autorités traditionnelles et spirituelles. Une aura qui tend à être disputée par la modernisation de la province, cependant, à voir comme désormais la politisation se fait via des associations, réseaux et syndicats. A bien y regarder, le Kodeda est par bien des aspects en pleine période de transition : l’étiolement de la présence listonienne et l’indépendance des provinces de l’Empire fait planer une atmosphère de bascule ici, et deux chemins ont l’air de se dessiner, soit un retour aux autorités traditionnelles, soit celui de la modernité.

J’y reviendrai sans doute plus longuement dans mon rapport, je pense que le nœud de l’affaire se joue ici.

En ce qui concerne la ville en elle-même, c’est un mélange étonnant d’architecture listonienne de style coloniale entourée d’une périphérie, quartiers ouvriers et banlieues de construction beaucoup plus afaréenne. Il est éclairant de constater que ces deux styles ne se mélangent pas et malgré la fin des politiques officiellement ségrégationnistes, ces ruptures architecturales marquent encore très clairement le territoire et sont un rappel constant de son histoire. L’enrichissement de certaines familles et des anciens clans a également conduit, par mimétisme, à accaparer les demeures nobles listoniennes laissées vacantes lors de l’affaiblissement de l’Empire, ce qui dénote d’une volonté, consciente ou inconsciente, de reproduire les schémas de domination importés par la colonisation.

Sur le reste de la ville, je ne l’ai pas encore bien visitée. Mes informateurs et les soldats Pharois présents au Kodeda ont néanmoins pris le temps de me fournir une carte des zones les plus animées où je pourrai observer tranquillement. Le marché, les docks, la place de l’hôtel de ville, la place des prêteurs, le quartier d’affaire – modeste – ainsi que les quartiers résidentiels privés où on n’observe pas beaucoup les gens mais qui renseignent efficacement sur les écarts de niveau de vie qu’on peut trouver dans cette province.
J’ai également formulé le souhait de visiter les bidonvilles et les quartiers ouvriers, ce que le capitaine Eljas m’a accordé à condition d’y aller entouré. C’est un brave homme mais qui ne semble pas très bien saisir les enjeux de la situation. Il est évident que je ne fais pas un pas dehors sans être suivi par les agents de la C.A.R.P.E.

En tout cas, mon statut – et mon apparence physique – de Pharois ont l’air d’ouvrir certaines portes. Les Kah-tanais et les Listoniens ont un faciès assez distinctif pour les locaux, mais les cheveux blond et – je dois bien en parler – la pâleur de ma peau, attirent les regards. Pour la discrétion on repassera, mais je fais la fortune des pharmaciens en crème solaire.
La présence de la base militaire du Syndikaali – si on peut vraiment la qualifier de « base » est assez bien acceptée ici. Les locaux n’ont pas mis longtemps à comprendre que du marché noir se faisait dans les environs mais le capitaine Eljas a joué plutôt finement et est resté discret pour le moment. Je ne sais pas si c’est de la prudence ou simplement un manque de moyens, il faut dire que le Shibh Jazirat Alriyh a attiré beaucoup de notre énergie sur ce secteur et à cause de l’aridité de la région, le Kodeda est bien isolé des pays frontaliers, pour la plupart fermés au commerce extérieur.

Ce n’est qu’une supposition, mais je soupçonne l’état-major Pharois d’avoir volontairement limité ou retardé l’implantation du marché noir ici, à cause de la proximité des enclaves Kah-tanaises. Ne pas brusquer les alliés, j’imagine ? Il faudra que je demande à l’agent Siiro quand je le reverrai. En tout cas s'il s'agit bel et bien de votre motivation, je ne peux que vous conseiller de faire preuve de plus de subtilité à l'avenir, un adversaire un peu au fait de nos pratiques pourrait aisément lire dans notre jeu en opérant une simple comparaison chiffrée des dynamiques des activités navales dans chaque région.

En tout cas, le message est passé. Je ne compte plus le nombre de fois où des passants me font des signes pour savoir si je peux leur vendre des cigarettes. Les plus motivés m’abordent même en pleine rue, ce qui est un peu idiot. Si j’étais véritablement contrebandier, je ne me baladerais pas avec ma marchandise sur moi, surtout avec une gueule à ce point identifiable.
Ce sont les enfants qui sont les plus curieux. Beaucoup de pauvreté ici, l’industrie finance surtout la métropole listonienne et les miettes de cette fortune vont dans les poches des clans. On sent que les gens travaillent jeune, les usines sont autant une bénédiction qu’un enfer pour les locaux. En termes d’infrastructure, il y a beaucoup à faire également, mais énormément de chantier. La ville est très active, beaucoup plus que le Shibh Jazirat Alriyh, même si lui aussi a connu sa grande époque. On sent très concrètement la bataille des investissements qui se fait ici. Il faudra du temps pour que tout ça porte concrètement ses fruits et à vrai dire, je ne sais pas si ce sera possible tant que l’Empire tiendra la province. Il y a des freins structurels à l’enrichissement durable de la population. En attendant, la philanthropie – intéressée – épargne les plus pauvres de la misère.

Ces considérations d’ordre général étant écrites, je me permets ci-dessous de vous informer de ce qui me semble possible d'opérer au Kodeda, au regard de la situation et du temps m’étant alloué.

Il est évident qu’une anthropologie poussée ne sera pas possible dans un délais si court. De la même façon, mon département a beau produire une littérature passionnante sur le colonialisme listonien depuis les accords passés avec l’Empire – à votre demande – celle-ci ne permet pas dans sa forme actuelle une représentation complète des enjeux contemporains.

Néanmoins, fort de ces connaissances et de ma présence sur place, je pense, avec l’aide de l’agent Siirappi et du professeur Eemil vous fournir dans les délais impartis une infographie générale de la structure économique locale. Cela demandera un travail d’investigation poussé et je vous saurai gré de transmettre ma demande aux autorités listoniennes de pouvoir accéder aux archives locales, mais aussi en métropole. Prétextez comme convenu la thèse universitaire sur les flux marchands au XXIème siècle, s’ils ne sont pas trop paranoïaques ils accepteront, d’autant que le projet est chapeauté par le professeur Ricardo Faria de l’université Albigärk 9, cela devrait passer.

Mon groupe chapeautera donc l’aspect économique de nos investigations, j’estime toutefois qu’il serait utile de croiser nos travaux avec l’apport des théories de la professeure Inkeri sur la place du symbolisme en contexte post-colonial. Je doute que la professeure Inkeri se déplacera en personne, néanmoins j’aimerai solliciter la présence d’au moins un membre de son équipe de recherche afin de nous apporter son expertise.

A ce stade, il est bien entendu difficile d’estimer de manière claire les bénéfices à très court termes de notre travail, néanmoins il me paraît évident que le savoir-faire des chercheurs d’Albigärk, couplé à la logistique de la C.A.R.P.E. apportera un avantage crucial à tout projet « intérieur » mené au Kodeda. Si toutefois, comme vous m’en avez informé, les Kah-tanais peinaient encore à saisir les tenants et aboutissants de notre travail, expliquez leurs simplement que mon département fut à l’origine de la campagne stratégique mise en place à Port-Hafen. Le contexte n’est certes pas le même, mais j’aime les défis.

Bien à vous,
Agent Ailahteleva.
9488
logos des services secrets alguarenos et du Clan saadin kodedan.

21 octobre 2008 - CONFIDENTIEL - Protection du clan Saadin : Des femmes combattantes pour assurer la sécurité de Safya bint Saadin?


Combattante kodedane dédiée à la sécurité de Safya bint Saadin.
En lieu et place des précédents personnels dédiés à la protection rapprochée du Prince, Safya bint Saadin a fait le pari de recruter des combattantes pour assurer sa sécurité, les jugeant plus fiables et plus sûres.

Sous l’ère du Prince Mutarrif ibn Saadin, bon nombre de femmes n’imaginaient pas pareil destin, en servant dans la protection rapprochée du clan familial Saadin. Pourtant, preuve directe de la trajectoire moderne empruntée par Safya bint Saadin, l’intégration de composantes féminines dans la sécurité des personnalités du clan n’est plus un tabou et deviendrait même selon toute vraisemblance, la norme.

Un renversement de la tendance qui amène son lot de surnoms, à l’instar des “amazones kodedanes” pour venir décrire la large proportion de femmes parmi les effectifs de la sécurité du Prince Mutarrif ibn Saadin. Des femmes guerrières, amenées à s'enorgueillir sous un treillis ou une tenue beaucoup plus martiale que celles dont nous habitue le personnel de sécurité du prince. “Il y a encore un an, aucune de ces femmes n’aurait pu se projeter sur une telle proximité avec le clan Saadin, un symbole fort qui gage de l’orientation positive nourrie par Safya bint Saadin, pour le repositionnement des femmes kodedanes dans la société” s’était réjoui le porte-parole du clan Saadin, Hamza Siddiqi.

Toujours selon l’homme, Safya bint Saadin, après ses projets d’insertion professionnelle des femmes kodedanes, n’en finit plus de se faire la porte-étendard des actons émancipatrices de la femme kodedane. Des actions nécessaires, pour reconstruire l’économie meurtrie du pays, qui à rompre avec le patriarcat islamique prôné par des branches radicales. Les aspirations indépendatistes et nationalistes du Kodeda viennent bouleverser les aspirations des femmes de cette région, soucieuses de s’investir davantage et d’apposer leur empreinte dans la résurgence économique, sociale et même politique, du Kodeda.

Durant les premiers mois qui ont marqué son accession à la tête du clan Saadin, Safya bint Saadin a su se faire remarquer par l'instauration de mesures économiques et sociales concrètes pour le recul de l’inflation, ainsi que l’émancipation des femmes, là où ces rivaux de la scène publique multipliaient les sorties médiatiques et les tribuns, sans jamais pouvoir justifier d’actions aussi concrètes et palpables que celles entreprises par la jeune femme, héritière d’un nom. Progressiste, féministe et actrice économico-sociale de premier plan au Kodeda, Safya bint Saadin passe désormais pour une féministe convaincue, supplantant peut-être même des figures notoires du matriarcat d’Althalj, restées relativement muettes eu égard à sa nomination. Un silence qui leur sera des plus préjudiciables, si Safya bint Saadin continuait à prendre de l’ampleur à l’intérieur même du Kodeda. Une ascension possible et assumée par le clan, décidée à porter sur ses épaules la nouvelle figure politique et morale de la famille.

Remettant désormais sa vie entre leurs mains, Safya bint Saadin pourrait bien donner un coup de projecteur appréciable pour ces femmes ayant fait le choix de prendre les armes et d’en vivre, œuvrant ainsi dans les métiers de la sécurité et de la protection rapprochée. Avec ces femmes guerrières, c’est un nouveau sujet de conversation qui se profile autour de la famille Saadin. Sukaina al-Jalali, la nouvelle cheffe de la sécurité rapprochée du clan Saadin est dès lors soumise à une notoriété nouvelle, de par son positionnement stratégique auprès du clan familial. Bien que la nouvelle soit connue, nous ne savons encore que très peu de choses sur ces nouvelles venues dans l’entourage princier. Des personnalités au simple nombre d’agents composant le corps de protection, rien de filtre de la sphère familiale, si bien que la légende se forme autour de ces femmes formées à la maîtrise des armes, formées à tuer.

Malgré l’absence d’informations réelles à ce propos, certains avancent l’idée d’une quinzaine de femmes composant ledit contingent en protection rapprochée.

Un paradoxe de plus à attribuer aux Saadin, une famille traditionaliste dont nous aurions pu attendre qu’elle exclut les femmes de ces fonctions violentes et particulièrement exposées, de crainte que certains ne pensent que la sécurité du Prince Mutarrif ibn Saadin ne repose sur elles. Des considérations bien éloignées des priorités actuelles de Safya bint Saadin, bien décidée à considérer ces dernières comme les égales de leurs homologues masculins, précédemment affectés à la protection du Prince. “Elles ont au moins le bénéfice de n’avoir aucun échec à leur actif” s’est enthousiasmé un journaliste pour relater leur arrivée dans le métier, reconnaissant toutefois que “cette association entre une personnalité éminente du clan et des femmes guerrières destinées à le protéger eut été impensable sous l’égide du Prince…” Mais le Prince n’étant plus là et la rivière continuant de passer sous le pont, il importe à ceux qu’elle charrie de ne pas résister au courant, pour espérer être de la traversée. Et en matière de courant pour ce qui est du clan familial, c’est Safya bint Saadin qui le rythme.

A la manoeuvre de sa famille, la jeune femme bouscule peu à peu les lignes établies, se jurant de rebâtir un cadre favorable, à l’inclusion d’une famille traditionaliste, au sein du monde moderne. “Si nous voulons que tout reste comme avant, il nous appartient de tout changer” disait-elle avec paradoxe à ses conseillers. “Le clan Saadin, doit faire des concessions sur une partie des interactions générées auprès de la société civile, pour se rendre visible et accessible auprès de celle-ci. Ainsi, notre famille pourra réaffirmer les valeurs qui lui sont chères et pérenniser son message, sans amorcer un changement majeur au sein de la société civile kodedane.”

L’intégration des femmes guerrières au sein du dispositif de sécurité de la famille Saadin, un véritable acte d’émancipation et de modernité, ou un geste illusoire et une tentative duperie? Si le fond de la démarche peine encore à se préciser, dans sa forme, celle-ci pourrait bien trouver l’accueil favorable des milieux estudiantins et progressistes. “La démarche est nouvelle, anticonformiste même. Elle interpelle et elle étonne, mais uniquement de façon très positive bien sûr, car elle donne du crédit à la parole de Safya bint Saadin, lorsqu’elle dit vouloir changer certaines choses, certains rapports entre l’aristocratie kodedane et la société civile.” Un élément de réponse confirmé par de nouveaux soutiens et de nouvelles enquêtes d’opinions, positionnant Safya bint Saadin comme l’héritière légitime de son clan, ralliant ses alliés politiques au sein de la communauté beïdane et du monde provincial précédemment acquis à la cause des Saadin. Parallèlement à son accession officielle à la tête du clan Saadin, Safya bint Saadin s’est fait la figure locale et incontestée du nationalisme et de l'indépendantisme kodedan.

Considérant les moyens déployés dans la formation et l’équipement de ces femmes, ils sont effectivement peu nombreux ceux qui veulent avancer l’idée qu’il s’agisse d’un décorum. “Ces femmes suivent des entraînements journaliers, en rien différents de ceux des hommes, donc techniquement, elles ont le temps et les moyens nécessaires pour occuper leurs fonctions, identiquement à celles occupées par leurs homologues masculins…” relève un consultant en sécurité, détaché auprès du renseignement alguareno pour offrir un support de long terme à la famille Saadin. “Ce qui est certain, c’est que chacune de ces femmes, aujourd’hui dédiée à la sécurité du clan Saadin, était encore à la maison il y a quinze ans et n’avait jamais touché, ni même vu, une arme de toute leur vie…” conclut-il, entrainant de ce fait une nouvelle déclaration destinée à appuyer l’idée selon laquelle le nouveau dispositif de sécurité féminin n’était pas un décor de papier, mais bien une action supplémentaire.

Par ailleurs, il importe de souligner que d’ordinaire, à l’échelle internationale, les femmes intégrées aux armées sont davantage positionnées sur des fonctions supports, telles que la santé des armées, l’administration rattachée aux états-majors, etc… De ce fait, la présentation des guerrières kodedanes parmi le dispositif de sécurité rapprochée du clan Saadin apporte un véritable tournant dans leur intégration aux forces combattantes, les présentant de façon incontestée, comme des éléments opérationnels prêts à combattre. Ainsi et quoiqu’il arrive, il nous appartient donc de considérer le positionnement exceptionnel de ces femmes parmi la protection rapprochée du clan Saadin. Mais plus qu’une démarche progressiste, le positionnement de ces femmes dans l’entourage direct de la famille Saadin revêt une dimension stratégique ou même tactique indéniable pour la nouvelle matriarche du clan.

En effet, sur un plan tactique, l’intégration de femmes au sein d’un dispositif de sécurité, là où aucune d'elles n’avait été admise auparavant, offre des gages considérables de loyauté, par le caractère exceptionnel de leur positionnement au sein de la société kodedane et l’exclusivité de l’opportunité qui leur est faite. Les femmes qui ont été sélectionnées occupent une fonction qu’elles n’ont pas pu occuper ou même rêver d’occuper, il y a encore un an, c’est un privilège qui leur est concédé et nul doute qu’elles le considèrent actuellement avec toute la reconnaissance nécessaire. Ce positionnement, atypique et unique en société kodedane, appelle forcément à la motivation et à la loyauté des femmes sélectionnées pour ces fonctions. Sur un plan stratégique, il est également à noter que le recours à ces femmes limite le risque d’un putsch de la part d’une d’entre elles, car bien que progressiste et résolue à offrir les moyens nécessaires à l’émancipation féminine, Safya bint Saadin sait ces femmes, difficilement positionnables sur une reprise du pouvoir, même à la suite d’un assassinat sur sa personne. Les femmes qui peuvent à ce jour se démarquer au sein de la société kodedane restent encore trop peu nombreuses et Safya bint Saadin fait office de cas à part.

C’est pourquoi la proximité de femmes combattantes avec les élites kodedanes trouve tout son sens, pour à la fois véhiculer un message de modernité à l’international et au niveau national, mais aussi construire une ligne défensive aseptisée des actes de déloyauté ou des ambitions personnelles qui pousseraient un proche collaborateur à la trahison…

Budget du clan Saadin a écrit :
125 233 points + 9 488 points = 134 721 points de développement.
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L'homme qui navigue à la surface ne voit pas sous lui s'agiter la faune marine

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Dans les quartiers adjacents à l’enclave pharoise de Jadida, le marché noir prospère en toute humilité. Si les plus gros trafics nécessitent des infrastructures portuaires ambitieuses, pour le quidam sans prétentions il suffit de s’en aller flâner près des quais pour, avec les bonnes informations, tomber sur les revendeurs du Syndikaali. La plupart ont délégué le commerce à des Listoniens, plus habitués aux pratiques de la négociation locale mais également plus à même de se fondre dans le paysage. Ce sont des emplois sans grands danger, dealers et guetteurs anonymes dans la foule des marchés, rabattent les clients intéressés grâce à des signes discrets. Ceux qui se font arrêter par la police sont remplacés sans scrupules, il faut dire que dans l’Empire moribond les travailleurs en quête d’un enrichissement rapide ne manquent pas.

Jamal al-Ghumari avait ses habitudes au marché noir. Deux fois par mois, souvent en fin de semaine, il s’en allait se promener sur les quais, profiter de l’air marin. La promenade durait généralement une bonne heure, le temps de s’enhardir assez, puis Jamal al-Ghumari faisait demi-tour. Il s’éloignait alors du bord de mer et prenait les rues marchandes bordées de ruelles. Il fendait la foule comme un riche – ce qu’il était presque, ayant un travail confortable au sein de l’administration municipale – et cela suffisait en général à le faire remarquer.
Les vendeurs changeaient de places et de visages, coulant comme de l’eau. Le marché noir se construisait moins sur des habitudes que sur l’inconnu, un regard appuyé, un sourire, un geste discret de la main indiquaient qu’ici, on vendait. Quoi ? Presque tout.
Enfin, ça dépendait bien sûr de l’argent qu’on était prêt à mettre, et du temps qu’on pouvait attendre. Le marché noir fonctionnait assez peu en physique, il n’y avait pas d’étals étalés sur le sol, ni moyen de tâter la marchandise. Cela, on le laissait aux vendeurs de seconde zone, qu’on arrosait de produits de contrebande bon marché et qu’on laissait se débrouiller pour les écouler.

Les Pharois faisaient plus dans le haut-de-gamme, le marché noir proposait un catalogue, oral, qui renvoyait vers les différents vendeurs. Si vous avez une grosse commande à passer, cela pouvait prendre quelques jours ou semaine, le temps d’en organiser l’import, puis la livraison. Il fallait prendre rendez-vous et vous rencontriez alors les Pharois en personne.
Si par contre ce qui vous intéressait se trouvait en stock, on vous menait dans les ruelles, parfois vers des entrepôts dissimulés dans des caves aux alentours de l’enclave, voire carrément dedans. Ici la population avait été mise à contribution, on louait au particulier quelques mètres carrés de son sous-sol, ou d’une pièce inoccupée, cela suffisait pour stocker quelques cartons. A vos risques et périls, bien entendu, en cas de descente de police les Pharois déclinaient toute responsabilité.

Jamal al-Ghumari aimait les œufs d’esturgeon, appelés caviar, une douceur qui n’était produite que dans les froides eaux du nord et qui faisait son plaisir, un petit moment de volupté dont il profitait égoïstement. Qu’on ne s’y trompe pas, Jamal al-Ghumari était un bon père de famille, et un mari aimant. Il avait épargné de longues années pour les études de ses deux fils et pour fournir une dote à sa fille, lorsqu’elle chercherait à se marier. Une fois par an, pour leur anniversaire de mariage, il offrait un bijou à sa femme et chaque été le couple partait en vacances, d’abord avec leurs enfants, puis seuls depuis que les deux grands étaient partis à la métropole pour aller à la faculté.

Non on ne pouvait accuser Jamal al-Ghumari d’être radin ou de ne penser qu’à lui. Simplement, avec l’âge était venu une sorte de routine dont il avait eu de plus en plus envie de se défaire. Ses promenades s’étaient faites plus longues, des flâneries solitaires où il rêvassait plus loin que son travail et sa famille. Il ne se plaignait pas de son sort et sa femme et ses enfants le rendaient heureux, juste le bonheur avec le temps s’était allengui et sa vie solidement accomplie il s’était soudain surpris à rêver de plus, sans jamais savoir quelle forme cela pourrait prendre.

Le caviar avait été ce « plus » qui lui manquait. Le caviar et la présence pharoise, cela allait ensemble, parce qu’on ne mangeait pas que des œufs de poisson, il y avait également un petit goût d’aventure et d’interdit. Larrivée de l’enclave pharoise au Kodeda s’était faite sans fracas, une petite portion de port allouée à des étrangers petits et pâles, qui parlaient un langage doux comme de l’eau, aux sonorités liquides et exotiques. Ce n’était pas la première fois qu’on voyait des Pharois au Kodeda, mais ceux-ci semblaient mieux élevés. C’étaient des militaires, des diplomates et des ingénieurs, rien à voir avec les équipages dépenaillés et fatigués par le voyage et le soleil qui croisaient parfois dans les eaux du port, avant de s’en aller vers le sud. La Listonie était un empire colonial, on avait l’habitude des étrangers, mais pas qu’ils s’installent. Ceux-ci toutefois s’avérèrent discrets et ce ne fut comme si rien n’avait changé.

Au début seulement.

Moins que des transformations évidentes, c’était l’ambiance qui avait changé dans les quartiers autours de l’enclave. De l’argent avait coulé, sans qu’on sache bien pour quoi, un enrichissement subtil mais présent, surtout que les pauvres sont flambeurs. Des marchés s’étaient rapprochés, les docks avaient été restaurés et la présence de militaires armés avaient rendu les rues plus sûres. Jamal al-Ghumari avait également commencé à voir des signes, des choses cryptiques, inhabituelles dans cette petite colonie paisible. Il y avait eu des assassinats, quelques-uns, ciblés, contre des chefs de gangs locaux, des petites frappes qui inquiétaient tout le monde et qu’un matin on retrouvait flotter dans les eaux du port. Des boutiques s’étaient ouvertes, sans que parfois on ne comprenne bien sur quel modèle économique elles reposaient, des gens étaient venu s’installer dans des maisons qui tombaient en ruine et les ruines avaient été restaurées.

Il semblait régner une atmosphère générale d’enrichissement de niche, en décalage avec l’activité économique stable de la région, ainsi qu’un parfum de changement sans qu’on parvienne exactement à voir ce qui avait changé.

La première fois qu’on l’avait mené dans un entrepôt pharois, Jamal al-Ghumari n’avait pas su quoi prendre et s’était senti idiot. En général les gens qui venaient là savaient ce qu’ils voulaient et parce qu’on préférait ne pas s’attarder dans ce genre d’endroit, il avait désigné un peu en bégayant une caisse de boîtes sur une table.

- Très bon choix mon ami, lui avait dit le vendeur, un Kodedin à l’air farouche.

Jamal al-Ghumari avait payé la somme – élevée ! – pour la boîte, et filé sans demander son reste. Ce ne fut qu’une fois sorti et après avoir parcouru au pas de course une dizaine de rues jusqu’à retrouver sa maison que Jamal al-Ghumari avait trouvé le courage de regarder précisément ce qu’il venait d’acheter.
Dissimulé dans sa buanderie – sa femme était sortie à cette heure-ci – il avait d’abord haussé un sourcil face à ce qui ressemblait à une sorte de tapenade de poisson, dans une boîte ouvragée. Jamal al-Ghumari aimait les fruits de mer mais le prix lui semblait tout de même bien excessif, même pour de la contrebande. Si ces Pharois n’avaient qu’à offrir des produits qu’on pouvait trouver pour moins cher sur le marché, l’intérêt était vite limite. Sur le bord de la boîte étai sobrement indiqué « caviar noir, esturgeons », cela ne lui évoquait rien.

Puis il avait goûté.

Deux jours plus tard, Jamal al-Ghumari était retourné au marché. Il n’avait pas pu mettre la main sur son vendeur mais un homme qui trainait là avait silencieusement hoché la tête lorsque Jamal al-Ghumari avait prononcé le mot « caviar ? » en passant à côté de lui, avant de lui faire signe de le suivre. Cette fois-ci on ne l’avait mené à aucune cache, il avait marché quelques minutes puis avait été bouculé par un gaillard rapide et, sans avoir bien compris ce qui venait de se passer, s’était retrouvé en possession d’une nouvelle boîte.
Deux rues plus loin, son guide l’avait arrêté.

- Une ? Deux ?

- U… une, avait réponde Jamal al-Ghumari.

L’autre avait de nouveau hoché la tête et donné son prix. Un billet changea de main, puis l’homme disparu. C’était d’une facilité étonnante, mais Jamal al-Ghumari sentait l’adrénaline dans tout son corps. La boîte dissimulée au fond de son sac, il en avait dégusté le contenu avec le sentiment d’être un peu un criminel, et un peu un aventurier.

Depuis ce jour, Jamal al-Ghumari allait régulièrement s’acheter sa petite boîte de caviar au marché noir. On la lui vendait presque à chaque fois d’une façon différente ce qui lui procurait toujours ce petit pic d’excitation et de crainte qui brisait sa routine et dont il se récompensait de l’avoir surmontée par la dégustation des délicieux œufs d’esturgeons.


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Ce samedi là était donc le samedi de la promenade et – son petit secret – de son excursion vers les marchés noirs pharois. Jamal al-Ghumari avait pris le temps de savourer sa marche sur les quais, profitant du soleil froid de cette fin d’octobre puis, d’un pas tranquille, s’était rendu vers les rues commerçantes animées.
Il ne fallut pas longtemps pour qu’on vienne à lui et si, souvent, c’était lui qui se signifiait à des individus dont certains signes discrets indiquaient qu’ils étaient potentiellement du milieu, cette fois on vint l’aborder directement. Un homme qu’il ne connaissait pas et qui chuchota à son oreille « caviar ? ». A croire qu’on avait fini par le repérer dans le milieu.
Presque flatté de cette petite attention, Jamal al-Ghumari suivi l’informateur à travers le marché, gardant comme d’habitude une demi-douzaine de mètres de distance entre eux, puis ce-dernier tourna dans une rue, puis une autre et soudain devant Jamal al-Ghumari se trouvait l’entrée d’un sous-sol. Il hésita un instant puis, prenant son courage à demain, descendit l’escalier qui menait sans doute à l’une des caches du marché noir. Il était rare qu’on le mène directement dans un de ces lieux, pour des produits de petites tailles les revendeurs préféraient en général faire ça de la main à la main, et il aboutit devant une porte en bois où son guide l’attendait.

- Après vous, dit celui-ci en ouvrant la porte.

A l’intérieur se trouvait une pièce sobre, dépourvue de marchandises ou de mobilier si ce n’était un épais fauteuil de tissu et un guéridon où on avait posé un cendrier. Une chaise se trouvait en face. Dans le fauteuil, un Pharois.

C’était la première fois que Jamal al-Ghumari avait affaire à l’un d’eux en directe. L’homme était mince et courtaud, élancé comme une anguille, le visage creusé mais souriant et des cheveux brun clair, coupés courts, qui traçaient sur son crane des arabesques afarisantes.
D’un geste, il invita Jamal al-Ghumari à s’asseoir.

- Caviar, monsieur al-Ghumari ?

Le guide qui l’avait mené ici venait de rentrer, une dizaine de boîtes d’œufs d’esturgeons entre les bras. Surpris par la quantité, Jamal al-Ghumari ne pensa même pas à s'étonner que l'étranger connaisse son nom.

- Heu… trop ! trop ! juste une !

Jamal al-Ghumari n’était pas certain que le Pharois comprenait le kodedin alors il répéta en listonien. L’homme leva les mains en l’air, dans un air d’appaisement, tandis que son collègue déposait sur le guéridon la pile de boîte.

- Un cadeau pour un ami.

- Un ami ?

Tout ça prenait une tournure un peu étrange et Jamal al-Ghumari sentit monter en lui une vague inquiétude, mêlée à un fond de curiosité. Le Pharois le considérait-il vraiment comme un ami ? parce qu’il était un client régulier ? c’était sans doute une appellation commerciale, mais il ne put s’empêcher de se sentir un peu flatté et esquissa un sourire poli.

- Une sera très bien, je vous assure, le même prix que d’habitude ?

A nouveau, le Pharois leva les mains en signe d’apaisement.

- Pas d’argent mon ami, pas cette fois, juste des questions.

- Des quest… ? Pas d’argent vous êtes sûr ?

- Sûr sûr ! C’est pour toi ne t’en fais pas, juste une discussion, c’est rapide, et les boîtes sont à toi !

Jamal al-Ghumari hésita. Il était devenu évident que ce qui était en train de se passer prenait bel et bien une tournure louche. D’un autre côté… n’avait-il jamais aimé les secrets ? Sa petite aventure venait soudain de devenir étrangement plus excitante que d’habitude et juste pour cela, il ne refusa pas la proposition. Après tout, selon ce que le Pharois allait lui demander, il pouvait toujours refuser de répondre, n’est-ce pas ? ou même mentir.

Surpris de se prendre au jeu, il hocha la tête à son tour :

- Bon bon, qu’est-ce que tu veux savoir mon ami ?

Allez savoir ce que ces gens avaient en tête.
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27 octobre 2008 - CONFIDENTIEL - Safya bint Saadin, la reine des amazones et l'émancipatrice de la condition féminine au Kodeda?


Safya bint Saadin, l'incarnation du genre féminin 2.0.
Soucieuse améliorer le niveau de sécurité de sa famille, considérant les échecs de la précédente garde rapprochée, Safya bint Saadin est sortie des sentiers battus pour recomposer sa garde, avec des éléments performants et loyaux, des qualités et des vertus que la matriarche des Saadin semble bien volontiers associer aux personnels de la gente féminine.

Par son accession au titre, devenant la première femme à la tête du clan familiale, Safya bint Saadin a d’ores et déjà marqué son temps. Une empreinte unique, rapidement renforcée par les mesures économiques avancées par sa famille et ayant manifestement conduit à un recul visible de l’inflation subie par les ménages et les entreprises kodedanes. Une prouesse reconnue qui trace une nouvelle voie par la famille Saadin, jusqu’ici en retrait du paysage politique kodedan. Car si la famille Saadin peut intervenir sur la situation économique du pays et faire reculer de manière concrète, le niveau d’inflation actuelle, alors qu’est-ce qui la différence du gouvernement actuel? Le clan Saadin peut-il gouverner une province et lui promettre la réussite?

Défenderesse de l’insertion professionnelle et sociétale des femmes kodedanes, Safya bint Saadin est un porte-étendard jouissant d’une bonne visibilité auprès des différentes strates de la population locale, qu’elles soient associées aux communautés beïdanes, à la ruralité, et même jusqu’à très récemment, aux mouvances nationalistes et indépendantistes. Une position désormais convoitée, y compris par les sphères de la gouvernance listonienne elle-même, en déclin permanent sur l’opinion publique.

La réussite génère le risque, dit-on dans l’entourage de la future princesse Saadin. Et à ce titre, la récente arrivée du groupe de sécurité de Sukaina al-Jalali, la nouvelle cheffe de la protection rapprochée de la famille Saadin, tombe à point nommé. Entourée d’une nouvelle garde rapprochée et féminisée, appréciée pour ses vertus de loyauté et de courage, la garde des guerrières kodedanes pourrait réinventer le prestige des gardes présidentielles et impériales, considérant l’aura, tant visuel qu’immatériel, qui entoure ces femmes d’exception, dans un cadre d’exception à accomplir l’exceptionnel, indépendamment de l’adversité qui leur est opposée.

Drapées sous une image révolutionnaire, par la simple incarnation que représentent ces femmes en arme, assurant la protection d’une autre femme de premier rang au Kodeda, les agents de sécurité féminines font étalage en tortue circonstance d’un zèle notable, considérant la mission de protection de Safya bint Saadin, comme l’opportunité d’une vie d’oeuvrer sur des sentiers professionnels jamais exploités par leurs homologues féminins.

Formées aux mêmes méthodes de combat que les forces spéciales des armées de certains pays étrangers, notamment alguarenas, ces femmes se font désormais des maîtres de la guerre, aptes à sécuriser et exfiltrer l’objet de leur protection, en toutes circonstances et au sein d’un climat sécuritaire jugé dégradé, depuis les actes de brigandes mandrarikans au Nord, les opérations militaires kah-tanaises et la disparition inexpliquée, à la vue de tous, du Prince Mutarrif ibn Saadin.

Jusqu'ici au nombre de quinze, l’emploi des femmes dans la protection des membres de la famille Saadin et la sécurisation de leurs biens immobiliers pourrait très vite devenir la norme, considérant la vitesse avec laquelle Safya bint Saadin s’attache à transformer, positivement, l’organisation du clan familial. L’escorte féminine de Safya bint Saadin, portant le treillis et autres uniformes militaires, un fusil d’assaut en bandoulière autour du coup, est en effet par sa spécificité, un élément de dissuasion en soi car qui prendrait le risque de salir indéfiniment son nom, après s’être fait tuer par une femme? Un certain effet dissuasif qui va paradoxalement attiser la curiosité des médias étrangers, les dénommant sous différentes appellations, allant puiser dans les contes et les récits mythiques pour sans glorifier des figures atypiques, dans le paysage du mercenariat et des sociétés militaires pricées telles que nous les connaissons aujourd’hui. Une révolution de la sécurité rapprochée, qui sert bien els intérêts politiques de Safya bint Saadin, elle-même soucieux d’incarner un esprit révolutionnaire au sein d’un Kodeda meurtri, lésé et lentement désagrégé, dans le train de la mondialisation où elle n’a pas su prendre place.

Présentées à tort ou à raison sous les traits d’un corps d’élite, les guerrières kodedanes n’en sont pas moins une force coercitive crédible, par l’accomplissement d’exercices quotidiens destinés à maintenir une capacité opérationnelle que très peu leur contesterait.

L’Afarée, une terre en devenir pour le matriarcat?

Pour les sociologues alguarenos, l’Afarée est en train de considérablement rattraper le retard enregistré dans l’émancipation des femmes de son continent, notamment grâce à la visibilité grandissante de l’Althalj, mais surtout par la présence remarquée et remarquable, de Safya bint Saadin, une pionnière dans son pays. Sous son impulsion, le Kodeda peut-il se faire une nouvelle terre d’amazones favorable à l’instauration d’un matriarcat? Le rêve est peut-être ambitieux mais d’avis d’experts, il semble pourtant là, considérant les nombreux efforts, politiques et financiers, dirigés dans ce sens par la famille Saadin. Selon les historiens, le mythe des femmes guerrières amazones viendrait de Paltoterra, résidant dans des petites communautés de femmes livrées à elles-même sous la canopée, après qu’elles aient fait le choix de renoncer à une vie de servitude auprès d’un époux mal-aimé, voire trop violent.

Budget du clan Saadin a écrit :
134 721 points + 5 273 points = 139 994 points de développement.
6180
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30 octobre 2008 - CONFIDENTIEL - L’ère des milices et des gangs kodedans.


Éléments armés de factions pro-Saadin.
Le recul de l'autorité impériale listonienne et la multiplication des interventions militaires étrangères, pourraient faciliter l'apparition de factions nationalsites et indépendantistes lourdement armées et tournées vers l'installation d'un contre-pouvoir face aux menaces qu'essuie le Kodeda, à l'intérieur et à l'extérieur de son territoire.


Après l’échec économique et politique de l’administration impériale, le Kodeda et bien d’autres territoires ultramarins se sont retrouvés confrontés à une crise sans précédent. D’abord de nature économique, cette crise s’est peu à peu orientée vers les sphères sociales puis désormais politiques, agitant les courants nationalistes et indépendantistes de tout bord, après la multiplication des irritants sociaux à l’intérieur du territoire, à commencer par les opérations militaires étrangères, kah-tanaises pour les citer, sur une partie du Kodeda. L’accomplissement de manœuvres militaires étrangères agressives, dans un territoire culturellement marqué et historiquement blessé par un héritage colonial désavantageux sur le plan économique, pourrait traduire le franchissement d’une ligne rouge qui ne soit plus à même de garantir la pérennité de la stabilité et de l’ordre au Kodeda.

Le contexte inflationniste qui sévit sur le territoire, mêlé à un recul étatique et une multiplication des interventions étrangères, est susceptible d’entraîner un repli communautaire autour des populations beïdanes. Si le marquage communautaire tendait à se pérenniser, certains experts avancent l’idée qu’un chaos généralisé à l’ensemble du territoire pourrait survenir car un affrontement communautaire ne souffrirait pas d’un marquage géographique mais constituerait un risque de conflit, étendu à l’ensemble de la région. L’affaiblissement de l’autorité impériale listonienne, mêlée à l’appauvrissement des populations kodedanes dont le territoire est en perte totale d’attractivité pour les investisseurs étrangers, sont des points de tension cruciaux examinés à la loupe par les observateurs ainsi que les médias étrangers.

Les tentatives grandissantes de la population, pour réinvestir le champ décisionnaire, sont des indicateurs inquiétants quant à la capacité de cet espace régional à se maintenir dans une relative stabilité. Car en l’absence d’investisseurs étrangers, les kodedans sont amenés à comprendre que le devenir de la région leur appartient. Certains, à l'image du clan Saadin, viennent alors multiplier les investissements économiques locaux, pour faire fructifier la richesse nationale et identifier de sérieux leviers économiques, pour réfréner l’inflation présente.
L’effritement de l’Empire listonien à travers le monde, est susceptible de générer de nombreuses sources de conflits, des flux migratoires grandissants et in fine, une intensification des conflits tribaux ainsi que communautaires, le repli de l’Empire listonien laissant le champs libre à l’installation d’un nouveau pouvoir, possiblement tourné vers les intérêts des plus forts. Il appartient donc aux communautés de se montrer les plus fortes, et pour ce qui concerne le Kodeda, c’est bien la communauté beïdane et en son sein, le clan Saadin, qui domine l’espace public.

Cette conjoncture est de nature à favoriser l'émergence de nouvelles milices, composées des personnes plus ou moins mal intentionnées, décidées à servir leurs intérêts au sein d’une sphère géopolitique qui parfois les dépasse. Brigands mandrarikans, combattants indépendantistes beïdans, sociétés militaires privées diverses, les candidatures au nouvel ordre kodedan ne manquent pas. Face à la faiblesse des autorités impériales et à l’appétit monstre des factions restées à l’écart du pouvoir et bousculées par des ingérences étrangères, le Kodeda semble plonger dans une rivière à fort courant, transitant inlassablement vers une cascade dont il ne parviendrait à se détourner.

Considérant également la mystérieuse disparition du Prince Mutarrif ibn Saadin, une figure locale en pleine ascension et globalement appréciée des communautés beïdanes, sur laquelle la police locale semble briller par son incompétence ou pire encore, son indifférence, le cocktail circonstancié pourrait bien devenir explosif. Faut-il par ailleurs rappeler qu’à ce jour, seule la famille Saadin est identifiable parmi les acteurs économiques kodedans ayant fait reculer le niveau d’inflation actuel. “Perdre” le Prince Saadin, reconnu pour son engagement en faveur de l’emploi et du développement économique local, est à bien des égards une perte sèche et non compensable pour la région kodedane.

Le réel succès économique et politique du clan Saadin, croisé à l’émergence de milices armées, pourrait donc générer des opportunités réelles pour ce dernier, et une cristallisation de la vie politique kodedane, amenant son lot de rapports de force. La création de milices au service d’intérêts privés a vocation à être un accélérateur de la désunité listonienne autour de l’héritage impérial présent au sein de chaque province.

Répondant à une autorité spécifique et imperméable à l’autorité gouvernementale, ces milices et groupes armés pourraient, au terme d’une révolution locale, constituer l’épine dorsale des futures forces de l’ordre et unités de défense territoriale du Kodeda. Organisées de façon paramilitaire, ces milices viennent acquérir les équipements et les formations de tout horizon, pour identifier les ressources les plus appropriées en toutes circonstances. “C’est l’une des forces de ces groupes armés non étatiques, c’est qu’ils ne suivent pas de doctrine, les meilleurs chars sont alguarenos? on les prend, les meilleurs hélicoptères sont en Eurysie, on les prend quand même. Exit les considérations macroéconomiques, les formes politiques pour ménager tel ou tel industriel. Ces groupuscules, sous réserve qu’ils en ont les moyens, combinent l’excellence là où elles se trouvent. Et pour le coup, le clan Saadin a d’importants moyens…” a expliqué un conseiller militaire du renseignement varanyen, sous couvert du maintien de son anonymat.

Le Varanya, soucieux d’évincer l’impérialisme d’Afarée, après sa victoire sanglante contre le Shah varanyen, est aux premières loges de la scène qui se joue au Kodeda, où une nouvelle fois, il est dans l’intérêt des révolutionnaires varanyens de montrer la décrépitude imposée par le régime impérial et la transformation réussie du pays au lendemain d’une révolution populaire. Misant sur une révolution émancipatrice de l’économie et du peuple kodedan, le Varanya espère par la même occasion faire une bonne publicité et ancrer durablement son passif dans l’histoire moderne d’Afarée, où les empires s’effondrent successivement.

Budget du clan Saadin a écrit :
139 994 points + 6 180 points = 146 174 points de développement.
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2 novembre 2008 - CONFIDENTIEL - Une guerre civile est-elle à craindre au Kodeda, pour amorcer la décolonisation et rompre avec le balai incessant des ingérences étrangères kah-tanaises?


Kodedan natif fixant le front océanique, se cherchant un avenir meilleur.
La société civile kodedane, destinée à l’implosion selon un rapport du service des renseignements alguarenos.


Sur la scène internationale telle que nous la connaissons, les sociétés civiles multiethniques ne seront jamais aussi prononcées que celles ancrées au sein de territoires coloniaux, à l’instar du Kodeda, colonie afaréenne de l’Empire listonien depuis maintenant plus de 600 ans. Cette singularité fait-elle de ces communautés natives ou minoritaires, des citoyens de seconde zone ou des membres à part entière des populations présentes sur le territoire? Avec la mystérieuse disparition du Prince Mutarrif ibn Saadin, acteur social de premier plan au Kodeda pour les communautés natives, la communauté beïdane principalement, certains sont en effet tentés de croire que le Prince Mutarrif ibn Saadin a été victime d’une manoeuvre politique visant à évincer une figure “forte” de la communauté native.

Disparu sans laisser de traces et laissant en plan d’importants chantiers pour le recul de l'inflation locale, le Prince Mutarrif ibn Saadin pourrait bien incarner le faux départ du renouveau kodedan, dont l’herbe a été arrachée sous le pied des communautés beïdanes du Kodeda. Dans un Empire où le symbole de l'Etat-nation se veut particulièrement ancré, les déconvenues sociétales entourant la disparition du Prince Mutarrif ibn Saadin pourraient accentuer le sentiment de laissés pour compte qui traversent les kodedans, eux qui sont les parents de l’Afarée, les mal-aimés du monde des finances, faute d’une attractivité réelle pour forcer les investissements étrangers sur leur territoire.

Cette pensée de l’Etat-nation, dans un territoire riche de son histoire coloniale et fondé sur la base des tracés de l’envahisseur blanc, devient ainsi un concept de plus en plus fébrile pur défendre la cohésion nationale et les fondements d’une identité collective au Kodeda. La situation économique se dégradant et l’absence salvatrice des personnalités publiques ayant ouvertement pris le sujet à bras le corps, peut à minima frustrer une partie de la population voire au pire, la révolter face à une situation inextricable dans laquelle les autorités impériales listoniennes semblent brasser plus de vent qu’un moulin.

Dans le cadre de la disparition du Prince Mutarrif ibn Saadin, il apparaît manifeste pour le clan familial que, face à la relative indolence des autorités impériales listoniennes, celles-ci sont au mieux très incompétentes, au pire des complices réelles dans la survenue de ce tragique évènement. Porte-étendard de la communauté beïdane, le clan Saadin est aujourd’hui un acteur économique et social important pour le Kodeda mais malheureusement trop entravé, par une force inconnue ainsi que tapie dans l’ombre, engagée dans la disparition d’une personnalité publique éminente telle que le Prince Saadin. Mais la mondialisation et les flux permanents à travers le globe ne parviendront pas à contenir les kodedans dans la misère ambiante et le contexte inflationniste qui les accablait depuis maintenant plusieurs années. C’est pourquoi la disparition du Prince Mutarrif ibn Saadin, aussi dommageable soit-elle pour le renouveau économique du Kodeda, ne saurait en rien entamer la volonté populaire à bonifier le cours de sa vie au sein de ce petit territoire ultramarin d’Afarée, oublié de la bonne fortune. Mais miser sur la bonne fortune n’était plus au programme et la famille Saadin, sa nouvelle matriarche Safya bint Saadin pour précisément la nommer, entendait se faire la conductrice du changement.
La colonisation passe mieux quand on vit dans la paix et l'opulence… Mais il faut reconnaître que l’incapacité notoire des autorités impériales à rendre attractif un quelconque projet d’investissement sur le territoire kodedan, complique la bonne presse voulue pour six cents ans de colonisation impériale. Et parallèlement à l’Empire listonien, vous avez des fortunes et des familles locales de grand renom, avec une visibilité sur la scène internationale, qui rendent les perspectives d’un Kodeda autogéré et prospère sous la gouvernance de natifs, possibles, plus palpables que jamais.

Les tentatives faites pour imposer une cohésion nationale dans une société civile kodedane en souffrance, inlassablement distancée sur les champs économiques par le reste du globe, apparaissent de plus en plus vaines. Devant le déni affiché par les autorités impériales et le retrait du Prince Mutarrif ibn Saadin de l’espace public, le durcissement des actions antagonistes au pouvoir impérial listonien pourrait se faire ressentir. Un durcissement inévitable, alors même que la situation précaire de nombreux citoyens kodedans installés dans un territoire qui n’a plus les moyens de se réindustrialiser, n’avait eu de cesse de s’aggraver. La situation économique du Kodeda n’a pu se réfréner que sous l’impulsion bienveillante du clan familiale Saadin, dont les derniers investissements ont inversé la tendance après qu’il ait financé et ait facilité l’accès en formation de nombreuses femmes, aujourd’hui prêtes à s’insérer professionnellement sur différents secteurs en tension.

Face à une culture eurysienne qui s’est imposée pendant six cents, comme une culture dominante, les communautés beïdanes du Kodeda pourraient souhaiter recouvrir un peu de leur autonomie, pour nourrir des intérêts locaux qui ne soient pas inexorablement dirigés vers ceux de la métropole listonienne, prisme tentaculaire installé sur le vieux continent, et “qui vampirise”, pour reprendre l’expression d’un jeune nationalsite kodedan, des dizaines de cultures et ethnies dans les territoires coloniaux listoniens.

La disparition du chef de clan Saadin en pleine ascension politique faisant peser de sérieux doutes quant à la préservation du droit des minorités kodedanes, est susceptible de formaliser des témoignages d’intolérance envers le colonisateur eurysien beaucoup plus fréquemment qu’à l’accoutumé. Une tendance vouée à s’accroître considérant le travail quotidien et soutenu des membres de la famille Saadin, pour nourrir les mouvances nationalistes présentes sur le territoire, jusqu’ici acquises pour partie d’entre elles au Parti Indépendantiste Kodedan, avant que l’action politique et les premiers bilans économiques du clan Saadin ne viennent convaincre que sa famille régnante était toute désignée pour faire émerger un nouveau Kodeda, plus prospère.

Budget du clan Saadin a écrit :
146 174 points + 5 937 points = 152 111 points de développement.
6950
Messes-basses au Kodeda


Une épaisse volute de fumée s'élève vers les cieux azuréens dominés par un soleil tyrannique qui depuis son céleste siège recouvre les landes de son imposant manteau lumineux sans aucune once de considération pour les êtres vivants en ce bas monde. Pour autant, le fortunéen ne s'en plaint pas, bien au contraire il est plutôt satisfaits dans les faits, après tout il vient de troquer les parkas, tonnes de fourrures, chapka et autres goûts vestimentaires d'hivers adaptés à la lointaine nation de laquelle il revient. Dans leur grande mansuétude et la sagesse qui caractérisait le premier cercle intérieur de la Mascarade, les pontes s'étaient finalement dit que leur agent des tropiques avait assez fait le chaperon pour un certains philosophe. Ou plus vraisemblablement, ce qui se tramait en afarée de l'ouest depuis ces derniers mois commençait à les irriter, et sans doutes pas seulement eux, des on-dits récurent parlaient du mécontentement croissant du Concile, cet espèce de mythe même parmi les fantômes de la cour et les arcanes les plus mystérieuses de la République dont personne n'entendait parler en temps normal peu importe son pédigrée tant "l'institution" relevait plus du fantasque que du concret. Quoique, dans les faits l'on n'en savait guère sur ledit Concile, seule une poignée était réellement au fait de ce dont il s'agissait réellement, mais dans les cas une chose était certaine, lorsque le nom remontait cela n'annonçait que des ennuis à venir, des maux de crâne carabinés et plus encore des tonnes de travail supplémentaire.

Et en l'espèce ledit travail s'était soldé pour un rapatriement du Prodnov à Fortuna le temps de quelques jours afin de dispenser une nouvelle affectation, cette fois ci, point de Varanya, mais un allez simple pour... Le Kodeda ! Le nouveau pot de pus à la mode ce temps ci, un imbroglio géopolitique où d'après les rapports l'on voyait s'affronter dans un vaste jeu des chaises musicales l'Empire Listonien supposément maître des lieux, le Clan Saadin, des aristocrates locaux mis en lumières et en pleine ascension depuis des mois désormais et que tout les services secrets du monde connaissaient comme les dernières marionnettes en date d'Aserjuco en premier lieu. S'ajoutait à cela des on-dits de couloirs au sein des quartiers de la Cour comme quoi l'Althalj était à la manoeuvre de son côté, rien d'étonnant en tant qu'acteur locaux, là où cela devenait de plus ennuyeux c'était lorsque l'on mentionnait à leurs côté l'intervention bienveillante des diplomates du Syndikaali. Ce qui n'annonçait rien de bon, car où qu'ils aillent des problèmes étaient à prévoir et il y avait fort à parier que à l'heure actuelle des espions pharois, si ce n'est pire, étaient déjà dispersés un peu partout dans les colonies Listoniennes d'Afarée grâce à leurs enclaves si "généreusement obtenus" il y a quelques années. Oh et bien évidemment, que le Matriarcat n'ait pas pensé à s'adresser à la Sérénissime pour leur demander de les soutenir dans leur entreprise avait aussi un petit quelque chose de vexant, mais en soit c'était leur choix. Cependant, là où cela commençait véritablement à devenir pénible, c'était lorsque l'on commençait à évoquer de possibles commandos du Grand Kah à la manoeuvre, rien de certains à priori mais un soupçon assez crédibles pour le mentionner. Et c'était là sans compter sur de potentiels autres acteurs plus ou moins discrets voir même de futurs intervenants qui se décideraient à venir réclamer leur part du gâteau. Quand l'on parlait de maux de crâne...

Entre les médiations entre la Loduarie et la Clovanie, le cirque agressif du Kronos et la balade d'Hymvery, il fallait admettre que le Palais des Doges, l'Amirauté et de manière générale l'ensemble des grands manitous de la Sérénissime ne manquaient pas d'évènements sur lesquels porter leur attention. On pouvait même dire en comptant les affaires mondiales récentes qu'ils ne savaient sans doutes plus où donner de la tête. Aussi ne pouvant pas être partout à la fois il fallait bien faire des choix, et se concentrer sur ce qui était le plus proche était semble-t-il raisonnable. En tout état de cause, les colonies Listoniennes afaréennes et ce que l'on pouvait résumer à un sacré Bordel qui avait lieu en ce moment même en leur seins, semblait un sujet d'intérêt tout trouvé pour l'heure. Après tout, l'afarée Occidentale faisait aussi un peu parti de l'arrière cour Fortunéenne dû à l'importante présence de la Sérénissime dans la Région, et comme on le mentionnait un peu avant, c'était quand même VRAIMENT vexant d'être oublié dans les affaires locales.

C'était sans doutes pour ça que Léone, un des agents de la Cour de Cérémique avait été déployé lui, ses cigares, son chapeau panama, ses lunettes teintés et son fidèle pardessus directement par croisière touristique au Kodeda afin de faire... Le messager. Oui, c'était certainement ce à quoi on pouvait le résumer le plus fidèlement en l'état. Valise à la main contenant une simple lettre cachetée dont le contenu était inconnue du porteur, il déambulait ainsi dans les quartiers de la principale localité dudit Kodeda, dans ces fameux quartiers Eurysiens installés et occupés par les émigrés de la métropole depuis des décennies voir des siècles et dont la richesse et les privilèges tranchaient de la plus criante des manières avec le reste de la région.

Le dénommé "Léone", messager de son état et non plus chaperon de B.R.L
Le dénommé "Léone", messager de son état et non plus chaperon de B.R.L


En soit, il ne se démarquait pas spécialement du commun de la plèbe qui allait et venait en ces lieux, après tout malgré la situation récente de la région les touristes allaient encore et venaient, attirés assurément par le côté exotique associé à une pointe de danger, de même les autorités donnant autant de gages qu'elles le pouvaient des investisseurs et autres hommes d'affaires s'en venaient encore étonnement sur place voir ce qu'il en était. Aussi n'était-il guère étonnant que l'on puisse potentiellement prendre Léone pour l'un d'eux. Cependant celui ci n'était pas dupes ni naîf, lesdites autorités ne faisaient guère dans la dentelle d'ordinaire et c'était devenu encore plus vrai depuis que les militaires emmenés par le dynamique Général Cortès avaient repris en main le pays avec la bénédiction de l'empereur, tentant tant bien que mal de raffermir l'autorité impériale sur l'ensemble des possessions d'outre-mer avec un certains succès il fallait l'admettre. Le problème étant toujours le même, pour chaque réussite, l'on pouvait estimer quatre ingérences étrangères ce qui équivalait à huit pas en arrière pour chaque avancée. Enfin, théoriquement tout du moins. La réalité du terrain était toujours plus complexe mais une chose était certaine à travers cette déliquescence, le navire impérial prenait l'eau, et beaucoup de monde s'évertuait à faire des trous dans la coque à un tel point que les charpentiers ne sauraient réparer la carène éternellement.

Si l'on pouvait supposer et théoriser sur les intentions de la Cour qui était vraisemblablement piloté par le Concile cette fois ci, il était certains cependant que la Sérénissime avait des cartes à jouer dans toute cette affaire. Quand à lui, Léone, on l'avait chargé de... Prendre contact avec le Grand Marabout faisant la pluie et le beau temps et on lui avait donné cette fameuse valise ainsi que quelques informations complémentaires. En d'autres termes, c'était lui qu'on envoyait au casse-pipe cette fois ci pour le bien du Statu Quo. Quand à savoir comment contacter ledit "Grand Marabout"... Un casse-tête, quoique, au vue de la paranoïa Listonienne ambiante et du degrés de nervosité de l'individu à contacter que l'on pouvait estimer, il y avait fort à parier qu'à force de se promener dans les rues du coeur colonial du Kodeda, c'était lui qui allait être "contacté". Et à mieux y réfléchir, il était presque certains que la Cour avait déjà pris des mesures afin d'informer de la présence de leur héraut... Quel travail ingrat sérieusement...
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El Globo

5 novembre 2008 - Le blocage des fonds de la famille Saadin, un effet d’annonce avant toute chose?


Prince Mutarrif ibn Saadin et Hamda bint Tahla, lors d'une commémoration d'une médiathèque en 2006.
Pour les avocats de la famille Saadin et ses proches, le gel de l'héritage du Prince Mutarrif ibn Saadin, eu égard à sa fille aînée Safya bint Saadin, est un non-évènement, considérant la survivance de l'épouse du Prince, Hamda bint Tahla.

Entre les comptes bancaires détenus à l’étranger et la présence de Hamda bint Tahla, co titulaire des comptes du Prince Mutarrif ibn Saadin, le blocage de l’héritage familial du Prince Mutarrif ibn Saadin vers Safya bint Saadin pourrait apparaître comme un non événement, puisque Hamda bint Tahla est l’épouse du Prince, ne pouvant légalement, souffrir d’aucune contrainte sur la jouissance des biens, qu’ils appartiennent à son époux ou encore à elle.

Hamda bint Tahla doit-elle hériter du Prince Mutarrif ibn Saadin? Pas nécessairement répondent à l’unisson quatre de ses conseillers juridiques et avocats. Hamda bint Tahla est en effet mariée au Prince, c’est-à-dire que de nombreux biens, matériels ou immatériels, sont aux deux noms du couple Saadin.

Dans ces circonstances, le gel de l’héritage voulu par les autorités impériales peut effectivement empêcher Safya bint Saadin de prendre possession de tout ou partie de l’héritage qu’il lui serait dû en cas de décès de ses deux parents. Mais présentement, “Hamda bint Tahla étant mariée au Prince Mutarrif ibn Saadin et sa mort n’étant pas confirmée, ou encore la participation de Hamda bint Tahla dans celle-ci n’étant pas prouvée, rien ne semble l’interdire de jouir de ses droits les plus élémentaires, à commencer par maintenir son accès plein et entier aux comptes courants du couple, qu’elle compose avec le Prince Mutarrif ibn Saadin” expliquait face à notre caméra l’avocate Deena Sabbagh. S’il n’y a pas de décès, il n’y a pas d’héritage, et s’il y a un parent survivant, il n’y a pas à hériter, venait-elle marteler devant un parterre de journalistes venue l’interviewer à sa sortie du Palais de jade.

“De son vivant, priver Hamda bint Tahla de ses accès à ses fonds financiers enregistrés au Kodeda, reviendrait à renier l’existence d’un mariage entre le Prince Mutarrif ibn Saadin et elle” nous expose-t-elle à nouveau, “et cela, ce serait parfaitement inadmissible. Jamais l’administration impériale ne se sera montrée aussi intrusive dans la sphère privée d’un particulier.” Pourquoi une telle spécificité sur le cas des Saadin? Serait-ce une vendetta dirigée contre le clan familial? Une ligne rouge que l’avocate s’est jusqu’à présent interdit de commenter, tout en nous invitant néanmoins à nourrir notre réflexion autour de ce cas administratif atypique, dirigé contre des intéressés eux-aussi atypiques pour la sphère publique kodedane.
Le clan Saadin n’a pour sa part, et tout membre de la famille confondu, pas souhaité commenter les récentes décisions gouvernementales, visant à interdire le transfert d’héritage du Prince Mutarrif ibn Saadin vers sa fille aînée, Safya bint Saadin. “Mais ça tombe bien” commentent cependant des proches de la famille, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, “car aucun héritage n’aurait sens dans la présente situation. Hamda bint Tahla est l’épouse du Prince Mutarrif ibn Saadin et codétentrice de son patrimoine, un mariage reconnu devant Dieu et l’administration, je ne pense pas que les autorités impériales voudront déroger à ce principe vieux comme le monde…”

Dans ce contexte, les déclarations de l’autorité administrative impériale font office de maladresse, ou au pire cas, ouvertement d’injures publiques quant à la situation familiale de Hamda bint Tahla, déjà endolorie par sa situation familiale, la disparition de son époux, et l’incapacité notoire des forces impériales listoniennes, à échafauder une piste pour retrouver le Prince disparu. L’incompétence des autorités impériales locales à retrouver le Prince Mutarrif ibn Saadin, ne peut s’encombrer d’atteintes aux droits de la famille Saadin, c’est un jeu dangereux qui pourrait faire déborder la rivière, s’inquiète un consultant en sociologie invité sur l’antenne. “Il y a un tel manque de tact de la part des autorités impériales, qu’on les rendrait presque coupables d’incompétence, ce n’est ni la bonne façon de faire, ni le bon moment pour ce faire…”

Dès lors, face à ce qui passerait pour certains comme des provocations publiques, les réactions du clan familial Saadin sont vouées à être scrutées à la loupe. Des réactions qui amènent les membres de la famille Saadin, à s’exprimer initialement tel que décrit plus haut, par la réaffirmation qu’un héritage, compte tenu de la présence d’un époux survivant à travers Hamda bint Tahla, de l’incapacité des autorités impériales listoniennes à corroborer la thèse d’une disparition ou d’un décès du Prince Mutarrif ibn Saadin, n’a pas nécessité à avoir lieu. Une ligne défensive du clan Saadin, visant à tester l’agressivité de l’autorité impériale? Rien n’est sûr mais il apparaît évident que la surenchère qui serait empruntée par l’administration impériale listonienne viendrait certainement conditionner sur le moyen et peut-être même long terme, les relations internes entre le clan Saadin et l’administration impériale locale.
Une situation donc délicate, envenimée par la présence de soldats impériaux sur certaines propriétés et zones d’activité appartenant au patrimoine familial du clan.

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8 novembre 2008 - CONFIDENTIEL - La famille du Prince Saadin pourrait-elle avoir recours à des pilotes mercenaires de la Brigade du Jaguar Paltoterran?

L'emploi de pilotes de chasse mercenaires.
Le recours aux pilotes de chasse mercenaires, une opportunité à considérer pour le clan Saadin?


La formation de pilotes de l’air et l’acquisition d’aéronefs sont des luxes que de nombreux états, ou acteurs privés ne peuvent se permettre, pour des raisons à la fois financières, technologiques ou encore formatives. Dans ce contexte, la Brigade du Jaguar Paltoterran, qui a accès aux meilleurs appareils de combat mondiaux, nécessairementde conception alguarena, a une carte à jouer. Pour permettre au clan Saadin de se doter d’une escadrille des meilleurs pilotes de chasse mondiaux, le recours à des prestataires privés chargés de fournir les pilotes et parfois même les aéronefs de combat, se fait une nécessité. En la matière, la Brigade du Jaguar Paltoterran, société militaire privée de renom après avoir défait les Brigades Solaires kah-tanaises au Pontarbello, est toute désignée pour l’atteinte de pareilles ambitions.

La bataille aérienne qui s’est déroulée au large de la Fédération d’Alguarena, entre les avions alguarenos et kah-tanais, puis avant les frappes air-sol kah-tanaises qui ont frappé une force d’invasion francisquienne à Kotios, sont autant d’éléments historiques à même de nous convaincre de l’importance d’une capacité aérienne militaire. Des éléments historiques qu’ont aujourd’hui à l’esprit plusieurs membres influents de la famille Saadin, pétitionant auprès de leurs associés pour inciter la matriarche Safya bint Saadin et sa mère Hamda bint Tahla, à investir dans cet atout que leurs ennemis ne peuvent soupçonner.

Trouver des pilotes mercenaires prêts à participer aux combats et leur fournir le meilleur équipement mondial en matière d’aviation militaire, une ambition et une audace que le clan Saadin n’avait pas embrassé depuis plusieurs décennies. Mais devant l’importance des fonds capitalisés et l’imminence des dangers imposés par l’autorité impériale listonienne et les puissances étrangères telles que le Grand Kah, l’acquisition d’aéronefs militaires dernier cri et l’emploi de pilotes de chasse mercenaires pour les manoeuvrer, est une piste de plus en plus étudiée avec sérieux. Jouissant d’une expertise liée à la fourniture d’armements alguarenos et d’une réelle notoriété après avoir défait des milliers de combattants kah-tanais avec seulement quelques centaines d’hommes, les membres de la Brigade du Jaguar Paltoterran s’imposent comme des partenaires incontournables, du processus de rébellion armée envisagé par la famille Saadin et les mouvances nationalistes ainsi qu’indépendantistes de la communauté beïdane.

“Il existe des pilotes mercenaires indépendants, possiblement recrutables sur ce genre d’opérations, mais compte tenu des équipements à engager, de leur coût et du niveau de sophistication nécessaire, il est peu probable de trouver des mercenaires indépendants avec ce type d’aéronefs opérationnels. C’est pourquoi en la matière et sur ce type de prestations spécifiquement, la Brigade du Jaguar Paltoterran a de beaux jours devant elle…” a commenté l’agent Isilduro Borgacias, de l’Oficina de Investigacion y Seguridad Federal (OISF), lors d’une réunion de suivi sur la situation au Kodeda, la direction de l’agence souhaitant étudier les pistes probables pour soutenir une rébellion beïdane sur place.

Une telle démarche serait coup double pour les services alguarenos, puisqu’elle permettrait d’instaurer un régime anti impérialiste, opposé à la fois au Grand Kah limitrophe et à l’ancien colonisateur listonien, tout en permettant de développer les activités “commerciales” de la Brigade du Jaguar Paltoterran en Afarée, elle qui avait déjà et malheureusement loupé le coche, lorsqu’il a fallu monter des brigades internationales pour aller combattre lors de la Révolution varanyenne. Un mal que les services de renseignements se promettent de réparer, avec le projet instillé autour de la rébellion beïdane.

Grâce à ce projet, la Brigade du Jaguar Paltoterran pourrait se faire la société ambassadrice pour ces États ou parties prenantes privées, en recherche d’une force armée aérienne. Trop chères et trop coûteuses, difficile à maintenir en conditions opérationnelles ou encore trop vulnérables pour un acteur privé qui souhaiterait les maintenir au sol dans un pays où il s’est montré hostile au gouvernement, les forces aériennes sont des pièces offensives d’importance mais qui ne servent qu’à peu de choses si vous ne pouvez les protéger une fois qu’elles sont au sol.

Pouvant s’octroyer le luxe d’installer un aérodrome en territoire étranger d’Afarée, depuis lequel conduire des assauts aériens, la famille Saadin n’a jamais fermé la porte à l’enrôlement de ces combattants de haute altitude, des soldats d’exception. Certains diraient même que la porte s’est de plus en plus ouverte, eu égard au rapport de force inégal et à la multiplicité des acteurs étrangers régionaux, à l’instar des forces armées impériales, les forces kah-tanaises et même récemment, althajirs. Véritables symboles de suprématie et de domination, les avions militaires ultra-perfectionnés sont un enjeu majeur de développement d’une force de projection au combat. Avec une telle acquisition, le clan familial Saadin serait en mesure de s’affirmer comme un challenger réel à la prise du pouvoir local ainsi qu’un acteur de sécurité au premier degré, par sa capacité à soutenir une force de défense aérienne.

Le contrôle de l’espace aérien est un élément capital pour permettre le déploiement des forces armées terrestres. Installée en territoire étranger amie et pourquoi pas sur le pont d’un porte-avions alguareno, dans le cadre d’un soutien militaire affirmé à la Révolution, la force aérienne beïdane n’est donc plus une chimère. “La Brigade du Jaguar Paltoterran, sélectionne, forme et équipe l’excellence militaire, si les fonds sont là et disponibles, nous aurions plus que tort de ne pas en profiter, ce serait même criminel…”

L’emploi de pilotes mercenaires au Kodeda, pourra offrir une bonne publicité à la Brigade du Jaguar Paltoterran, et compte tenu de l’importance des pays émergents n’ayant pas les moyens technologiques de s’offrir l’accès à des appareils militaires d’exception, les affaires du Jaguar Paltoterran pourraient bien une nouvelle fois décoller mais sur ce domaine encore inexploité. “On aurait tort de croire que l’emploi d’un pilote et de son appareil, est plus coûteux que celui de cent hommes la baïonnettes au fusil…” raconte ce même agent des services secrets alguarenos, pour balayer les doutes de sa direction quant à l’intérêt réel que pourraient exprimer les factions beïdanes pour l'emploi de ces combattants ailés, là où ils pourraient privilégier des compagnies terrestres pour renverser le pouvoir impérial listonien et occuper le territoire…

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Chasseuses, féminisme et bombes.


Le sanglier des rocheuses galope sous un soleil de plomb. Ses pieds claquent contre les pierres et les éboulis alors qu’il grimpe, attentif, le flanc de la colline. D’une vitesse et d’une agilité surprenante, l’animal est ici dans son domaine : chaque pierre lui appartient. Son pelage raid, encore plein de la vase où il a dû se baigner, pue d’une odeur musquée, familière. C’est une chose territoriale. Tant que le terrain est propice, qu’on y trouve à manger, à boire, elle finit toujours par y retourner. Tout est territorial, dans la nature. Le poète Hamza Idrissi lui-même observait que les oiseaux revenaient chaque année nidifier au même lieu. Les arbres prenaient racine, évidemment, et le gibier ne s’éloignait pas de son territoire. Et si les pierres pouvaient bouger, pensait-il, elles ne feraient que de rapides tours, revenant se loger là où l’érosion les avait laissées de telle façon qu’on y aurait pas vu la différence. Récemment, on les avait beaucoup dérangés, les sangliers. Dérangé en construisant des champs, des routes, des habitations, des clôtures et des grillages. Mais la province était grande, encore peu urbanisée, et les bêtes n’avaient pas eu de mal à trouver de nouveaux territoires. Celle-là avait peut-être migré, ou bien n’avait-elle pas eu à fuir. Cela ne changeait rien : elle se comportait ici comme elle l’aurait fait ailleurs : en maîtresse des lieux.

Arrivée au sommet du promontoire rocheux, l’animal trottine jusqu’à un bosquet d’arbres bas et secs, aux pieds desquels prospèrent quelques buissons de baies. C’est un bel endroit, les feuilles friables abritent du soleil mais pas de la lourdeur de l’air, on devine qu’il doit y avoir de l’eau, quelque-part sous la roche épaisse et la terre dure. Les sabots de l’animal la raclent, ça cherche quelque-chose, peut-être.

Il y a des plantes grasses, à l’écart. Elles donnent aussi des fruits à cette saison. L’animal hésite, hume l’air. Prudence innée, inscrite dans son code génétique ou forgée par l’habitude d’une humanité bien souvent hostile. Il ne sent rien. L’atmosphère, ténue et pesant, ne porte pas d’odeur, faute de vent. Alors il approche encore un peu des buissons, et baisse la tête, gueule béante, pour avaler les fruits.

Le claquement sec d’une détonation résonne dans l’après-midi. Puis il y a un gémissement terrible, sourd, guttural. L’animal gueule comme si ça pouvait changer quoi que ce soit. Il est étalé au sol, ses sabots battent le vide et ses yeux roulent dans leurs orbites. Sa langue tirée lui donne un air pathétique. Une seconde détonation, cette-fois son crâne explose, rompt comme œuf jeté au sol : le sang se déverse sur les buissons dans un déluge visqueux, draguant dans son flot des éclats d’os et de cervelle. Figé dans son calvaire. Sa puanteur est déjà affreuse : on peut maintenant l’approcher.

Asrar range son fusil. Elle sait mieux que quiconque qu’une détonation peut attirer le genre d’attention qu’elle veut à tout prix éviter, seuleent la chasse est une vieille coutume, ici, et elle ne compte pas laisser l’Histoire et ses vicissitudes l’empêcher de l’honorer.

C’est une petite femme. Prématurément vieillis par le soleil et les difficultés propres à la vie au bout du monde. Dans ces territoires effleurés par la modernité, juste assez pour qu’elle y ait charriée toutes ses horreurs, mais aucun de ses avantages. Une fille de la colonisation, de l’humiliation ancestrale infligée aux petits par les nobles d’ici, puis plus tard d’ailleurs. Ses cernes, ses cicatrices, son corps menu et sa petite tailles, témoignent de plusieurs vies de souffrance dont elle est, peut-être, à la fois le résulta et la fin. Du moins elle l’espère.

Pour elle, la chasse est une question de survie. Ou, pendant des années, s’agissait de ça. Maintenant le village avait importé le modèle coopératif. On avait cessé de vendre à perte, pour partager à profit. Elle chassait toujours, parce que le goût de la viande, la viande de gibier, à la fois consistante et forte, celle que l’on obtient pas en tuant un animal par ailleurs utile comme le sont les chèvres, la volaille, les vaches, ne l’avait jamais quitté. Aussi, car elle apprenait ainsi à se cacher. À tirer. Deux compétences qui lui seraient utiles, elle le savait dans le fond de son être, dans les jours à venir. C’est tout le Kodeda qui puait le charnier. Et pendant que les petits hommes en vert de l’empire, ces blancs suants milles morts et haineux de leur exil imposé dans ce qu’ils ne voyaient que comme un avant-goût de l’enfer, les mercenaires des nouveaux empires s’amassaient au chevet des prétendants au trône. Elle le savait très bien : l’avenir serait un bain de sang. Elle ne croyait pas à la victoire des forces du bien tout simplement parce qu’elle ne croyait pas en la moralité de l’univers. Le monde était fait pour les chiens, c’étaient eux qui gagnaient. Elle et les siens n’auraient donc qu’à chasser. Tuer autant de chiens que possible, que leur victoire ait un goût de sang et d’urine, de sueur versée pour rien, de dents cassées par une crosse de fusil.

Asrar s’assura une fois encore d’être bien seule. Son tir ne semblait pas avoir alerté qui que ce soit : elle ne voyait rien, n’entendait rien. Rien qu’elle et le silence des rocheuses. Alors se mit-elle en route à pas de loups, naviguant d’expérience à travers les pierres. Elle était autant à sa place, ici, que le sanglier. Elle était autant fille des collines que l’animal. Mais elle, en bonne prédatrice, connaissait la vertu du silence. Emmaillotés dans des vêtements traditionnels qui cachaient son visage et ses bras du soleil et de la poussière, elle progressait comme un spectre coloré, ocre, animal gracile et vengeur à qui son fusil donnait des airs de guérilleros en devenir. Elle incarnait peut-être, en cet instant, une certaine idée de l’émancipation qui ne passait ni par la philosophie des sœurs du sud lointain, ni par la politique des kah-tanaise utopistes, ni par le mensonge obscène de cette femme, héritière d’une noblesse voleuse, qui parce qu’elle payait des mercenaires du sexe opprimé prétendait soudain défendre l’émancipation. Il n’y avait bien que ses scribouilleurs, dépendant du salaire qu’elle et ses amis impérialistes leur versaient, pour prendre tout ça au sérieux.C’était ridicule. Au moins dans son village – et pour autant qu’elle puisse en juger, dans les autres aussi – on riait beaucoup. Des soldates femmes restaient des soldates. Les soldates étaient l’ennemi de la libération parce qu’elles travaillaient toujours pour les oppresseurs. Combien de soldates femmes, dites-moi, princesse, avant que les hommes cessent de battre leurs femmes ? Avant que l’éducation soit ouverte à tous ? Que les villes n’aient plus peurs des garçons et les décideurs des deux sexes ?

Arrivant sous les arbres bas, Asrar retourna la carcasse pour mettre à jour son ventre. Elle avait abattu un mal. Jamais que le premier porc de son palmarès, pensa-t-elle cyniquement.

Laissant sa besace tomber au sol, elle la déplia, et y fourre l’animal. Le corps mort semblait comme offrir une résistance résiduelle. Empestant terriblement, ses effluves n’étaient rien face à la rigidité de ses muscles compacts et de ses os. Asrar dû appuyer de tout son corps pour recroqueviller l’animal dans l’espace confiné du sac. Ses deux yeux morts semblaient la fixer d’un air débile. Sans trop savoir pourquoi, elle se saisit de sa langue pour l’enfoncer dans sa gorge.

Elle passa les lanières du sac autour de ses épaules et, soufflant d’un coup sec, se redressa. Elle était un peu comme l’animal, à bien y penser : compact, musculeuse. L’animal était une belle prise, et son poids était un bon poids. Mais rien qu’elle ne saurait transporter. Il serait toujours inférieur à celui des responsabilités présentes et à venir. Cette période d’entre-deux, à la fois calme avant la tempête et bref instant de répit, entre la misère et la guerre, n’était pas si agréable que ça. Elle vivait dans l’attente de la fin.

Assurée que les lanières tenaient bon, que le sac était bien solide, comme il l’avait été durant ces fidèles années de service, elle se mit en route, rebroussant chemin jusqu’au bas des rocheuses, où attendait la camionnette qu’on lui avait prêtée. Au bout de la route, à quelques kilomètres, le village. Le voyage ne fut pas long.

L’odeur du feu et des légumes grillés couvrait celle du cadavre. Bientôt ce serait au tour des lanières de viande, dûment préparées et couvertes d’un enduit d’huile et d’épices, de passer sur le grill et d’embaumer délicieusement l’atmosphère de ce début de soirée.

Quand elle était rentrée au village, Asrar s’était garée devant le petit atelier, celui attenant aux cuisines communautaires où s’affairaient déjà quelques villageois. Principalement des femmes et leurs enfants, mais aussi quelques hommes qui avaient assimilé, depuis le temps, les bases d’une vision plus égalitaire du monde. La cuisine, en soi, avait de toute façon quelque-chose d’agréable. C’était un moment important de sociabilisation et, aussi, de ce que les urbains appelaient la politique. La chose publique avait colonisée tous les espaces de conversation de telle façon qu’on se prenait désormais de passions sincères pour des questions que l’on aurait jugées saugrenue quelque temps encore. Saugrenue, car on aurait jamais pensé qu’il était possible, pour un petit village seul, de décider lui-même de son avenir. Maintenant on parlait du moulin qu’il fallait créer, et de comment s’y prendre. De ce que les autres villages proposaient en échange des céréales cultivés, et de cet ingénieur qui pouvait venir dans les plus brefs délais pour aider à réparer l’un des tracteurs. Une actualité qui devenait politique dès-lors que l’on avait le courage de s’en saisir.

Quand elle sortie du pick-up, Asrar fut accueillie par Darifa Jouahri, autre chasseuse, qu’elle qualifiait affectueusement de sœur d’armes. Comme elle une milicienne, comme elle une de ces femmes qui n’avait pas attendu le PIK pour se poser des questions, mais s’était rattaché à son mouvement par opportunisme et intérêt sincère. Elles s’étreignirent brièvement puis Darifa laissé éclater une exclamation de joie en voyant la taille du sanglier à l’arrière du véhicule. Elle avait forcé le ton, ce qui eut l’effet escompté : les enfants sortirent en courant de la cuisine communautaire, tournant autour de l’animal mort, s’exclamant à leur tour. Les adultes, qui pelaient les légumes, préparaient les huiles, discutaient, jetèrent un œil à la scène, saluèrent Asrar. L’un des hommes vint lui demander si elle voulait de l’aide pour déplacer le sanglier, ce qu’elle accepta. Lui et Darifa s’occupèrent donc de le déplacer dans le petit atelier, renvoyant par la même les enfants en cuisine, où s’était rendue Asrar pour boire de l’eau et prendre des nouvelles de l’avancée des préparatifs.

Aujourd’hui était, comme d’autres jours arbitrairement choisis dans l’année, un genre de jour de fête. On allait manger, danser, discuter avec ces gens d’autres villages et de la ville. Autour de grands braseros et de viande fraîchement chassée et dûment préparées

Là encore l’évènement avait une nature politique en pratique plus qu’en théorie. Par définition, les fêtes villageoises étaient la chose la plus politique des campagnes traditionnelles : la seule qui appartenait vraiment, de bout au bout, au peuple. La chose publique par excellence, renouvelée ici par l’incorporation dans un contexte où de plus en plus de choses devenaient, pour de bon, publiques. Ainsi, pour dire les choses simplement, on reproduisait ce que d’autres peuples, cultures, avaient fait à d’autres époques et d’autres contextes dans les mêmes buts : puisqu’on ne pouvait pas vraiment tenir de meeting politique, c’était de toute façon la chose du PIK, dont certains éléments étaient vilainement occidentalisés, pour toutes leurs autres vertus, on allait organiser un banquet. Il aurait été bien mal venu pour le gouvernement d’interdire un banquet, ou toute autre célébration traditionnelle rythmant la vie autrement très terne de ces campagnes, même réorganisées et modernisées par les théories politiques communalistes et l’important apport de capitaux qu’avaient provoqués certains investissements étrangers.

C’était d’ailleurs le sujet de ce banquet. On voulait parler de cet évènement tout à fait perturbant qui avait eu lieu, quelques jours plus tôt. Perturbant mais pas plus, car si l’arrêt soudain du chantier de la route suite à une attaque avait de quoi inquiéter la population jouissant des bénéfices les plus directs de cette opération, on s’était préparé dé longue date à ce que la coopération entre le gouvernement et le clan Saadin donne lie à ce genre de résultat. Car c’était bien ça, non ? Le clan Saadin et ses mercenaires attaquent, encore et encore, le gouvernement listonien ne fait rien, ou pas grand-chose, et profite de la situation pour détruire l’une des rares bonnes choses que la région portait encore en son sein.

Non ?

Pas nécessairement. C’était bien le problème : on avait des doutes sur le sujet ; On manquait d’information. Le PIK et ses éléments : clans, syndicats, partis politiques, amicales divers, groupes d’intérêt économiques, associatifs, avaient décidés d’organiser une consultation visant tant à prendre une décision qu’à déterminer si, par hasard, l’un des éléments de ce grand labyrinthe politique, n’avait pas des informations éclairant la situation.

Au sein du village on avait peu de certitudes, mais énormément de soupçon. Et une rancune qui prenait des tons de plus en plus désespérés à mesure qu’on se persuadait que les promesses d’améliorations et de lendemains heureux seraient de plus en plus dures à tenir si on ne débarrassait pas la région et des impériaux, et du clan. Pourtant, on – à comprendre, le PIK – avait explicitement demandé d’éviter toute action contre la Listonie. Justement parce que rien n’indiquait son implication dans la situation, aussi parce qu’on voulait éviter une guerre meurtrière qui aurait pour effet de détruire la région d’une part, et de donner à l’ennemi le plus redouté de tous, l’amicale impérialiste de l’ONC, une opportunité d’envahir la région. Une crainte véritable que la relative confiance dans les acteurs locaux – qu’il s’agisse des communes kah-tanaises, comprises comme des entités indépendantes et sœurs – ou l’Althalj, peu comprise mais adorée, ne suffisait pas à éteindre. Que pouvait un petit morceau de pierre face aux empires goinfrés de sangs et d’armes ? Que pouvait le Kodeda, ses rêves de liberté, face au monde ?

Espérer, et faire des banquets.

« Tu as peur ?
Je ne suis pas une imbécile. Bien-sûr que j’ai peur. »

À ce stade, Asrar a les deux mains profondément enfoncées dans le vide ouvert du sanglier. Il fait frais, dans l’atelier, parce qu’il est fait pour traiter la viande. Propre, étonnamment, on y trouve pas de mouches, ou d’autres insectes qu’on imagine habituellement lorsque l’on parle d’une boucherie de village. Ici on fait les choses biens. Asrar, qui a appris de ses parents, s’y applique avec beaucoup de soin, pouvant quand nécessaire compteur sur le soutien de Darifa. D’abord elles ont sectionné la chair à plusieurs endroits, puis ont tirées sur la peau épaisse pour la retirer dans trop l’abîmer de la carcasse, révélant une chair rose et fibreuse. Les pieds et la tête du porc se trouvent à l’écart, à côté des pattes, qui feront de beaux jambonneaux. Le ventre a été ouvert et Asrar, qui porte des gants, sectionne proprement : on retire le foie, le tube digestif, sans rien déchirer, sans déverser la merde sur la bonne viande. Tout va dans un seau, aux pieds de l’établi. Darifa grogne.

« Pourtant c’est sur nous qu’ils comptent.
Sur nous et sur beaucoup d’autres. Ismaël m’avait comparé ça à être des centaines à tenir une pierre. Quand tu fatigues, tu peux toujours retirer tes mains un instant : les autres tiendront toujours.
A condition qu'on se repose pas tous en même temps.»

La phrase est ponctuée du bruit des tripes que l’on verse dans le seau. Suivront les poumons, le cœur, toute une tuyauterie qui semble presque étrange, alien, dans le contexte quasi-clinique de cette dissection traditionnelle.

« Ils vont essayer de nous massacrer, jeta enfin Darifa. Ce sera comme le Pontarbello.
Je sais pas. Je crois pas trop à l’invasion. Je crois surtout qu’ils vont tenter de tuer le mouvement sans un bruit. Et qu’est-ce qu’on pourra bien y faire, dans le fond.
Les tuer bruyamment. » Elle haussa un peu les épaules. « Tu serais prêtre à mourir pour ça, toi ?
Je crois que oui. »

Le Kodeda était de ces régions du monde dont la culture n’admettait pas les paroles en l’air. C’était l’une des forces et des faiblesses de ces gens, assez terre à terre, pour qui une croyance n’avait de valeur que si elle s’appliquait. L’action plutôt que les mots. En un sens, quand on s’engageait dans une milice, surtout une qui ne payait pas, n’existait, en substance, pas pour répondre au besoin d’un riche héritier capable de payer mais à ceux d’un groupe se sentant réellement en danger, c’était qu’on était prêt à aller jusqu’au bout. Tuer. Être tué. Faire des choses affreuses.

« J’espère qu’on en sera pas réduit à ça. Au terrorisme, à ce genre de choses.
Tuer des Listoniens, je crois que ça ne me ferait rien. Tu veux le couteau ?
Merci. » Elle attrapa la lame et continua son travail, élargissant la section verticale taillée dans la carcasse de façon à la découper en deux dans le sens de la longueur.
« Les mecs tuent et violents depuis des siècles, je sais pas s’ils pleurent quand ils pensent au Kodeda.
Ils pensent à l’empire, à sa gloire, des conneries. Puis ils se branlent parce que c’est trop l’éclate, d’avoir un empire.
C’est ça. Donc les tuer, moi, ça ne me dérangerait pas. Ils peuvent être innocents, à un moment donné nos filles le sont aussi. Et elles sont pas épargnées.
Tu penses à quoi ?
Aux bombes.
Ah. »

Les bombes. Vaste sujet. Proposé mainte et maintes fois, toujours ajourné, rejeté, refusé. Jamais pour les mêmes raisons. Préserver la paix, éviter l’embrasement, ne pas tomber dans l’illégalisme tant que possible. On avait préféré l’action non-violente. Les grèves, les occupations, l’entre-aide, l’éducation populaire. C’était une idée intéressante, certes, mais si on ne faisait pas souffrir l’empire, il ne lâcherait jamais l’affaire. C’était un animal vulgaire et stupide, qui n’évoluerait pas sans un solide coup sur la nuque. Voilà tout. Il fallait, en gros, lui faire comprendre qu’il ne pourrait jamais rien faire de la province. Et pour ça, la solution restait toujours et encore celle de la bombe.

« Mais... Au Kodeda, tu penses ?
Tu le gardes pour toi ?
Toujours.
J’ai rencontré la kah-tanaise. L’Ingénieur.
Et qu’a-t-elle dit ?
Que ça pouvait se faire en Listonie. »

Elle n’ajouta rien, et son amie ne lui posa pas la moindre question, se contentant d’acquiescer en débitant la viande. En Listonie. Projet ambitieux, mais elle au rythme où allaient les choses
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11 novembre 2008 - CONFIDENTIEL - Création d’une escadrille d’élite mercenaire au service de l’aristocratie beïdane du Kodeda.


Pilotes de chasse étrangers mercenaires
Tecolotl Cambeiro, commandant de la force opérationnelle du Jaguar Paltoterran : “Nous allons créer une force aérienne non étatique qui sonnera le glas de nos cibles, partout où elles se trouveront”.


Connue pour s’être victorieusement investie dans la Guerre d’indépendance du Pontarbello, la Brigade du Jaguar Paltoterran est depuis un acteur incontournable de la guerre indirecte. Surnommée la deuxième armée, en référence à son panel d’équipements disponible, elle est aujourd’hui sollicitée sur différents points de tension à l’international, le Kodeda en tête. Les tensions locales opposant des mouvances nationalistes à un régime colonial impérial, le rapport de force tel qu’inscrit sur le papier semble très largement à la défaveur des nationalistes kodedans. C’est pourquoi, moyennant rétribution, les mercenaires du Jaguar Palotterran ont été appelés sur un nouveau contrat, portant mise à disposition de plusieurs escouades de pilotes expérimentés, des retraités de l’arme ou des autodidactes formés à leurs frais en école d’aviation.

Une initiative bienvenue pour la partie acquéreuse, le clan Saadin, qui n’avait jusqu’ici pas les moyens de se mettre en confrontation avec l’Empire listonien, y compris dans ses possessions ultramarines, même lorsqu’elles étaient éloignées de la métropole. Pour y remédier, le commandement de la Brigade du Jaguar Paltoterran est venu monter une armée de toute pièce, à en faire nous assure-t-il, pâlir l’aviation de certains états. La maîtrise du ciel, face à un ennemi gouvernemental disposant de plus de moyens, est une nécessité, pour espérer réussir une occupation militaire au sol. A ce jeu là, la proximité de la Brigade du Jaguar Paltoterran, vis-à-vis des industriels de l’armement alguarenos, est un atout recherché plus que l’expertise des pilotes eux-mêmes. “Faites appel aux meilleurs pilotes étrangers de la scène internationale, aucun ne pourra entrer à votre service avec le nec plus ultra de l’aviation militaire, tout ça est en Alguarena…” avait résumé sans détour un conseiller de la famille Saadin à un ancien de la communauté beïdane, décidé à faire basculer la pensée nationaliste dans la lutte armée.

“Pour le compte du Kodeda et du clan Saadin, la Brigade du Jaguar Paltoterran vous fournira l’armée de l’air dont vous avez besoin !” se serait enthousiasmé Tecolotl Cambeiro, commandant de la force opérationnelle du Jaguar Paltoterran. Il faut dire que le contrat serait juteux et se chiffrerait déjà à un peu moins de 100 millions de pesetas alguarenas (97,3 millions de pesetas alguarenas précisément). Une action sous le signe gagnant-gagnant pour ces deux parties prenantes, avec un clan Saadin qui constitue au mieux un pari sur l’avenir dans le cas il se ferait la nouvelle égérie politique locale, au pire cas un client d’important face au lobby des industriels de l'armement alguareno et des sociétés militaires privées.

Se définissant autant comme des entrepreneurs privés que des militaires, les commandants du Jaguar Palotterra ont effectivement su tirer leur épingle du jeu dans un monde en pleine mutation où malgré les perpétuelles prouesses technologiques, des états ou des parties privées à l’instar du clan Saadin, restaient preneurs des services d’hommes tels qu’eux. Des têtes brûlées aguerries au combat, de ceux que les populations ne pleurent pas après l’annonce de leurs décès sur le champ des opérations. C’est aussi le principal intérêt du recours au mercenariat étranger, le caractère “invisible” des pertes associées pour la population et donc in fine, le pouvoir derrière elle qui a mobilisé et condamné à la mort ces forces. Le Jaguar Paltoterran est capable de fournir une force aérienne “clé en main”, alimentée par de l’aviation de combat, des aéronefs dits de “support”, des hélicoptères et les escouades commandos possiblement aéroportées ou héliportées, la totale.

Budget du clan Saadin a écrit :
163 555 points - 97 300 points + 3 678 points = 69 933 points de développement.
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Le 28 octobre 2008 - Aéroport international de Nasabis (Kodeda listonien).

Passeport justifiant d’un visa pour le Kodeda listonien.
A la douane aéroportuaire de Nasabis, les entrées sur le territoire en provenance d’autres nations afaréennes sont en hausse sur le dernier trimestre.

Sur la seule période de septembre à octobre 2008, les données relatives à l’entrée régulière sur le territoire kodedan de ressortissants afaréens affichent une faible hausse, constante. Les principaux pays de provenance des nouvelles populations de touristes seraient le Varanya et la Mandrarika.


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Dos au Kodeda,



L'horizon s'illumina d'un seul coup.
La chaleur embrassa les visages d'abord et descendit doucement le long des bras vers les jambes et genoux recouverts d'un long tissu sombre ou bleu ciel.

Toutes portaient les marques indigo sur les visages et au niveau des manches. Les couleurs se mêlaient à l'ocre du henné magnifiquement dessiné sur les mains et pour certaines autour des oreilles. Chaque dessin, chaque figure représentait leur appartenance à une famille, à une région et toutes portaient le symbole des Tamurt n Althalj avec fierté, cette broche en argent attachée à leur coiffe ou à leur vêtement.
Les yeux dorés, de ce gène Althaljir singulier, fixés sur l'horizon, les paupières se fermèrent unanimement devant l'éblouissement, appréciant avec sagesse le moment présent et la vie qui était la leur et celles de leurs proches.


La muezzine brisa le silence de son appel chantant.


Son Nom, les mots, l'odeur du thiouraye fumant, le familier, la symbolique et douceur de son tapis de prière, le sentiment de proximité et de bienveillance... Les cœurs se serrèrent et les gorges se nouèrent.
Comment ne pas apprécier l'honneur de faire partie de la grande famille Ilâhmique ?
Comment ne pas accepter les préceptes de Bienveillance enseignés au sein de l'Althalj ?
Elles ne peuvent qu'être égoïstes de ne pas partager tel bonheur et bien être.

Les gestes délicats, sans effort, aucun, les femmes de l'Althalj remerciaient et louaient ce qu'Ilâhat leur avait gracieusement offert.

Elles étaient à peu près 500, les yeux fermés, sur l'arrête d'un monticule rocheux faisant face à l'étendue désertique.
La muezzine chanta et toutes répétèrent sous les yeux curieux d'une faune ahurie et peut être respectueuse de cet instant insolite.




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Face au Kodeda,


Les Tamurt n Althalj subissaient les vagues de tourmente.

Poussées par la Bienveillance culturelle et donc naturelle au sein de contrées après tant de générations, les femmes de cette contrée d'Afarée de l'Ouest n'avaient pu ignorer les tourments du Kodeda.
A travers les âges, l'Althalj s'était formée dans un environnement hostile, tant aux femmes, que pour leur branche de l'Islam, de leur amour pour Ilâh. Nombreux avaient été alors les ouvrages et études des oulémas sur cette nouvelle branche religieuse sous la coupe de l'Islam et les conclusions diverses quant à l'hérésie d'une certaine féminisation d'Allah. Toutefois la plupart des études et presque à l'unanimité, les conclusions faisaient état d'un rapprochement des valeurs intrinsèques de l'Islam et bien que l'exégèse se fasse traditionnellement à partir du Coran, l'interprétation des textes (tafsir) et de sa portée ne purent être critiquées plus amplement. En effet, il y avait tant d'interprétations maturées avec une connaissance approfondie des hadiths (communication orale du Prophète Mohammed), que l'Ilâhmisme semblait bien être le cadet d'un soucis d'authenticité ou de "message originel".
Ainsi, l'exception Althaljir fit face seule pendant des siècles à un monde hostile, suspicieux ou réfractaire et se forgea un caractère, une voie... celle de chérir et préserver ce qui est donné, celle d'apporter son aide à sa prochaine, à autruie.


Lorsque les Tamurt n Althalj s'unirent, dans les années 1990, sous un même étendard, le sentiment de justesse de la Bienveillance prit son envol, laissant à un nouveau courant prendre le pas sur un Conservatisme historique. L'Althaljisme, autrefois synonyme de renfermement et d'attitude précautionneuse, se définit aussitôt sous une forme de responsabilité, non plus vis à vis de l'Althalj seulement, d'une région meurtrie où les convergences culturelles et historiques transcendaient des siècles d'une Althalj malaimée et ignorée.
L'Afarée subissait, depuis la colonisation Eurysienne notamment, le malheur d'être sous-considérée, d'être le théâtre de parodies malfaisantes de contes pour enfants où l'Homme (ou la Femme pour l'Althalj, mais nous garderons la dénomination "homme", car statistiquement...) n'avait que de desseins venimeux, égoïstes et orgueilleux, un contre exemple cauchemardesque d'une vie bienveillante.

Imaginez, après la guerre civile du Varanya, après les crises des Courageux, la décomposition de la puissance Eurysienne, amplifiée par le commerce international de vente d'armes dont les monopoles ne sont plus à déterminer... imaginez à quel point les Tamurt n Althalj, à travers leur Bienveillance et celle d'Ilâh, ont dû être tourmentées d'apprendre qu'un équivalent du qqarisme d'un territoire Eurysien en Afarée ait embauché des mercenaires Afaréens pour tuer, instaurer une terreur dans le but d'obtenir les faveurs politiques de la métropole et du peuple...
La Maktaba ne pouvait ignorer plus longtemps, le compte du malheur Kodedan dépassant les limites dessinées par le pacifisme passif de la Bienveillance.


Les évènements au Kodeda étaient complexes et l'Althalj n'était pas dupe de sa lecture biaisée et incomplète de la situation.
Le clan Saadin avait été considéré, dans un premier temps, comme une solution alternative au désarroi procuré par le délitement de la métropole Listonienne. Toutefois lorsque le PIK avait contacté la Maktaba, le doute s'était immiscé quant aux vraies intentions d'une aristocratie jusqu'alors peu altruiste. Les Forces Matriarcales avaient envoyé quelques agents essayer de récupérer quelques informations et confirmer les dires du PIK dans leur appel au secours.
Le pot au rose fut d'autant plus dévoilé que des preuves irréfutables de ce complot grotesque et étouffant avaient atteint Icemlet par l'intermédiaire de sources, certes intéressées, néanmoins n'omettant aucunement la véracité des faits.


Le peuple Kodedan souffrait.
Les mercenaires Mandrarikans étaient payés par le clan Saadin.
L'Empire Listonien avait débarqué, tout comme au Shibh Jazirat Alriyh, une force considérable pour un si petit territoire, dans la bonne lignée d'un renforcement impérialiste et militariste de sa nouvelle gouvernance.
Le Grand Kah portait assistance à la région en essayant d'éviter l'éclatement d'un chaos irrémédiable et contagieux, et sûrement afin de soutenir l'initiative locale du PIK de porter des valeurs proches du peuple et non de l'autocratique malveillant.


La Maktaba et la Sororité ordonnèrent alors la préparation de l'Althalj pour des évènements exceptionnels à venir.
L'appel des soldates aux casernes, l'envoi de forces spéciales à Gokiary, sous l'acceptation des autorités Kahtanaises de renforcer le cordon sécuritaire bordant le Kodeda... voilà, la Crise de l'Aricie semblait se répéter ; un cauchemar pour l'Althalj. De ce fait les qaris avaient demandé aux organisations non gouvernementales et caritatives, telles le Croissant Rouge ou Human Life Watch de participer à la transparence de la situation locale.

La disparition du Prince Mutarrif ibn Saadin et la montée en puissance de Safya bint Saadin chamboulèrent la situation qu'un instant seulement.
En effet, la médiatisation à outrance de cette nouvelle hégérie Afaréenne sembla porter ses fruits jusqu'à ce que cela en devienne suspect et qu'au final les preuves de la complicité du clan Saadin, dans la situation catastrophique du Kodeda, fassent basculer l'opinion public Althaljir de reproches, vers une aversion pour l'aristocratie Kodedane et ses malversations inadmissibles. Les journaux Alguarenos s'extasiaient de cette nouvelle gouvernance Afaréenne féminine et ceci convainquit les Althaljirs que quelque chose de louche se tramait, alors que l'Alguarena ne se souciait guère de l'Afarée que pour lui vendre des armes et la mort.

La nomination de soldates auprès de Safya bint Saadin avait été une nouveauté pour l'Althalj toutefois.
La volonté politique de mettre en avant les femmes pouvait être saluée, mais l'image ternie et la très grande politisation de l'évènement avait placé quelques confusions quant à cette initiative. Y-avait-il une réelle volonté de changer les choses dans un monde traditionnel, patriarcal et à domination musulmane ? Les Althaljirs pouvaient douter des vraies aspirations d'une femme qui n'avait toujours pas clarifié la situation vis à vis du mercenariat et de l'implication de son père dans les massacres perpétrés au Kodeda.
Icemlet ne s'était pas prononcée sur le sujet par ailleurs, ne souhaitant masquer la réalité d'une crise en devenir plutôt qu'un cercle vertueux d'égalisation sociétale sexuelle.
Safya bint Saadin serait sûrement déçue de ne pas avoir été jusqu'alors contactée, toutefois la Maktaba, pour l'occasion, souhaitait rester dans l'axe de la diplomatie Listonia-Icemlet et éviter une autre facette de confusion qui offusquerait plus qu'autre chose.



Les rumeurs et rapports, encore incomplets, de l'arrivée de plus en plus de mercenaires outre-Afaréens, mettaient l'Althalj dans une situation extrêmement inconfortable. Une guerre civile pouvait éclater, non pas avec des fusils mitrailleurs et des machettes, mais avec de l'équipement lourd et des "compétences" militaires dangereuses. Le risque pour les populations locales, mais aussi pour les soldates de la Force Matriarcale Ilahmique, s'accentuait d'un coup.


Les Tamurt n Althalj n'eurent alors plus le choix que de tirer la sonnette d'alarme en contactant les différents partis.

L'Empire Colonial de Listonia au premier abord afin de sonder ses intentions et faire valoir la nécessité de contenir le chaos grandissant. Icemlet n'attendait pas de réponse de la part de Listonia. Les lettres précédentes et mains tendues avaient été ignorées ou utilisées à mauvais escient afin de biaiser toutes négociations subsidiaires quant au futur Afaréen.

La Sérénissime République de Fortuna avait été contactée, bien tard il faut l'admettre, afin qu'elle puisse peser sur son faux jumeau au complexe d'infériorité depuis voici de nombreux siècles. Les intérêts locaux ne fonctionnaient qu'à travers une stabilité politique, économique et sociétale de la région. L'Althalj le savait et partageait une vision de "prospérité" pour l'Afarée de l'Ouest avec Fortuna.

La République Directe du Banairah, le Grand Frère de l'Est Afaréen, avait contacté, à travers la Khaïma, la Maktaba et c'est avec un certains soulagement qu'Icemlet lut les mots de la première puissance Afaréenne. La responsabilité de l'Afarée de l'Ouest reposait sur les épaules de l'Althalj, une vision très personnelle du pays, toutefois le Khasser avait rassuré les Tamurt n Althalj quant à la ligne directrice entreprise ces dernières années et surtout vis à vis du Kodeda.

Et enfin les nations entre l'Althalj et le Kodeda avaient été contactées, cette distance immense de plus de 2,500 kilomètres à travers déserts et paysages côtiers pour ne pas citer que le Tamaret pour le prévenir des objectifs Althaljirs ou le Royaume des Pays Kénètes.
Un message partirait sûrement dans les prochains jours pour le territoire Shuharr.


En attendant, les forces spéciales avaient pris leurs marques au sein du Gokiary auprès des forces du Grand Kah. Cette nouvelle coopération prêtait à de nombreuses curiosités.
Les soldates Althaljirs semblaient toutes droites sorties d'une utopie matriarcale exotique. Les entrainements au sabre en plein cagnard laissaient à penser que des caméras étaient cachées pour un péplum Alguarenos.
La réputation bienfaitrice de l'Althalj semblait traverser les frontières et une certaine fierté en découlait d'autant plus. Les retours des autochtones et des caravaniers de la région le confirmaient.
Les matériels, équipements et méthodes du Commissariat à la Paix pouvaient être observées de loin et les forces spéciales ne manquaient pas d'apprendre de ce regroupement de peuples dix fois supérieurs en nombre.

Enfin, les méharistes patrouillaient avec le concours de la force Althajir aérienne déployée à Gokiary. L'objectif était de sécuriser, de se renseigner et d'aider si possible sans rompre la ligne de conduite difae.


Les Tamurt n Althalj étaient très inquiètes.




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Le 7 novembre 2008 - Kodeda

Plusieurs villes, dont la capitale, paralysées par des grèves, un mouvement incarné par le prédicateur Ali Sabzevar

Ali Sabzevar
Le prédicateur chiite Ali Sabzevar

À l’appel de plusieurs chefs communautaires, syndicaux et politiques, d’importantes manifestations se mettent en marche dans plusieurs villes de la région, notamment la capitale Nasabis. Lieux éminemment stratégiques, les aéroports et ports sont également touchés par des grèves durables.

Les sympathisants indépandantistes kodedans se sont trouvé une nouvelle coqueluche en la personne d’Ali Sabzevar. L’essor de la fille du Prince disparu, Safya bint Saadin, a en effet mis en évidence l’appétence du peuple pour une figure forte qui incarnerait le futur de la province, malgré le désir initial du mouvement de jouer les idées et le collectif davantage que la personnification. Prédicateur chiite charismatique, Ali Sabzevar s’est forgé une réputation au Varanya et entend mettre à profit son pedigree, au service de la cause indépendantiste. Mais c’est moins sa ligne théologique – peu orthodoxe d’un point de vue des savants conservateurs de l’islam, et très critique de la hiérarchie de la hiérarchie chiite – que ses envolées populistes et pro-indépendantistes qui ont capté l’attention d’un public conquis.

Les manifestations se sont déroulées sans grand encombre. Des manifestants ont toutefois tenté – en vain – d’occuper la demeure du clan Saadin, mais ont été repoussés par les forces de l’ordre.
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- Un drone ?
- Un drone ouais. Pourquoi pas ?
- Je sais pas… ça semble tout con, non ?
- C’est ça qui est génial mon pote ! Tellement con qu’on n’y a toujours pas trouvé de parade, tu vois ?

Joignant le geste à la parole, le jeune homme intima une légère pression sur la manette de sa télécommande, faisant vrombir les palmes du drone qui se mit à vibrer sur son support. Manifestement guère convaincu, son ami fit la moue.

- Pas très silencieux ton machin.
- Normal, c’est des technologies nouvelles, t’inquiète qu’on travaille pas le rendre plus discret. Après c’est pas très grave parce qu’il vole haut. D’ailleurs tu l’as amenée ?
- Ouais ouais, elle est là.

D’un pas rapide, Viljami se dirigea vers l’arrière de sa voiture et sortit du coffre ce qui en apparence s’apparentait à un pull de laine blanc à la coupe étrange. Clairement, il y avait trop de trous.

- Je sais pas si ça va passer par contre…
- Enfile-la on va voir ! s’exclama Usko, le propriétaire du drone. Il avait remis ce-dernier à l’arrêt.

Avec précaution, Viljami s’agenouilla face à l’appareil et entreprit de glisser sur lui l’étrange tissu qu’il sangla par-dessous, dépliant au passage deux tiges articulées sur lesquelles il glissa les « manches » du pull.

- Alors ?
- Bin… c’est moche.
- On s’en fout personne va le regarder de près, je te demande si tu penses que c’est discret.
- Moyen bof je dirai. Ca va si tu t’y attends pas.
- Mec c’est des putains de singes dans ce pays, à part les cacahuètes qu’est-ce que tu crois qu’ils y connaissent ? Un peu de technologie made in Pharois ça va calmer tout le monde en moins de deux crois moi !

Usko ne semblait toujours pas convaincu.

- Fais le voler pour qu’on voit par en dessous.
- Ok, mais pas ici. On prend ta bagnole.
- Allez.



Dans le ciel du Kodeda s’élance un étrange oiseau blanc, sous les applaudissements enthousiastes de deux ingénieurs Pharois.
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