La Parole | 28/12/2012
Déjà surveillée, la frontière samaro-prodnovienne se voit renforcée de plusieurs check-points
« Nul n’est assez fou pour quitter de son plein grès une république sociale et démocratique au profit d’un Etat fasciste et totalitaire. Ce prétexte du Tsardom ne vise qu’à une seule chose : provoquer une escalade pour militariser ses frontières. Cette provocation ne sera pas tolérée et chacun de ces prétendus check-point se verra renforcé d’un check-point en retour, afin de surveiller et prévenir contre tout mouvement de troupe ennemi. »
Autre raison d’inquiétude de la part du régime prodnovien : la volonté assumée du Tsardom de déporter les réfugiés hors de la région. « Un premier pas vers le nettoyage ethnique » pour Yelisey Medvenov, historien spécialiste des études slaves. « Le Tsardom se prétend régner sur toutes les populations slaves or il se heurte depuis plus d’un siècle à la montée en puissance des socialismes régionaux, ce qu’il ne peut tolérer. La déportation ou l’extermination des peuples slaves qui n’adhèrent pas à son idéologie totale sont un moyen de remplacer ces populations réfractaires par de nouvelles populations issues de Samara, plus accommodantes vis-à-vis de son régime. »
En matière démographique, le Tsardom a en effet l’avantage contre le Prodnov. Presque trois fois plus peuplé, il s’incline néanmoins face à sa voisine lutharovienne, véritable géant démographique fort de cent-cinquante millions d’habitants. Face à ces puissances, le Prodnov a souvent été la troisième roue du carrosse, une place que la République Sociale semble décidée à dépasser pour s’imposer définitivement comme un acteur régional de premier plan en Eurysie de l’est.
En RSP, le souvenir de l’instrumentalisation des check-points à des fins bellicistes est encore vif. La question de la régulation des migrations de populations slave n’est pas neutre. Le conflit aux frontières opposants la RSP et la RLP avait à l’époque été l’un des motifs invoqués pour justifier la rupture des accords de paix de Nevskigorod. Significativement, Lavr Karyevsky l’évoquait d’ailleurs dans sa récente prise de parole :
« Comme l’ONC avant-elle, la Samara prétend aujourd’hui nous imposer ses gardes armés et ses barbelés. La droite ne sait qu’ériger des murs et les garnir de pics. Contre la fraternité des peuples et l’unité de la classe ouvrière, elle est démunie : le Tsardom se prétend unificateur des slaves, il n’en est que le diviseur. L’union se fera par et pour le socialisme, par l’internationale des travailleurs et par le genre humain réunifié en une seule classe ! »
Difficile pour le moment d’estimer combien de Prodnoviens pourraient se laisser tenter à passer la frontière. La militarisation des deux côtés est susceptible de décourager les intéressés, d’autant plus que le gros des réfugiés a déjà été pris en charge par les camps humanitaires pharois. Aujourd’hui, les populations en difficultés se trouvent dans Staïglad, prises en étaux entre les troupes de la RSP et celles de la RLP. Si la proposition du Tsardom d’escorter ses réfugiés en dehors de l’Eurysie peut être vue comme une opportunité de quitter le continent pour l’Aleucie, plus riche et paisible, cette offre souffre également de la comparaison : rien n’empêche en effet aujourd’hui les Prodnoviens de se rendre au Pharois puis de là de voyager où bon leur semble.
Dès lors, il semble compliqué d’estimer la part de la population intéressée à s’en remettre à l’armée samare. D’autant que cette dernière a été depuis longtemps dépeinte comme brutale autoritaire. Lavr Krayevsky a personnellement mis en garde les Prodnoviens contre « le champ des sirènes de la Samara » : « passez cette frontière et tout ce qui vous attend ce sont les camps de travail et de la mort. L’Empire du Nord, boucher du Mokhai et la Samara, bouchère des slaves, ne seront d’aucun secours ni d’aucun refuge. Ces nations ne vivent que sur l’héritage colonial et esclavagiste du travail forcé et de la soumission des peuples. Les rejoindre, c’est se passer à soi-même et à sa famille au cou le collier de la servitude éternelle. »