13/06/2013
19:44:12
Index du forum Continents Eurysie République Sociale du Prodnov

Presse nationale prodnovienne |.press| - Page 3

Voir fiche pays Voir sur la carte
15806
https://www.zupimages.net/up/22/49/n6q0.gif

L'âme du Prodnov | 28/11/2011
Interview : au Pharois, peut-on être contre la guerre ?

https://www.zupimages.net/up/23/43/b0f8.jpg

Alors que les hostilités entre la RSP et la RLP viennent de reprendre, l’action du gouvernement pharois sera décisive dans le destin de la région. En tant que principale puissance militaire et économique de l’océan du nord où il compte plusieurs alliés de poids – nous pensons à la Malévie et l’Empire Karpok qui à eux deux contrôlent le Détroit du nord, ainsi que la République de Priscyllia et la Lutharovie – la Merirosvo a la capacité logistique d'intervenir rapidement sur place sans qu'il soit réellement possible de l'en empêcher. Le Prodnov est directement accessible à l’armée pharoise qui contrôle l’accès maritime et peut déployer en peu de temps son aviation ou des forces d'infanterie motorisées comme elle l'a fait lors de la guerre civile de 2006. Les alliés de la RLP en revanche sont beaucoup plus isolés – Novigrad mis à part, il n’est pas étonnant que le gouvernement Antov soit l’un des seuls à s’être prononcé officiellement pour le maintien de ses forces sur place et l’option militaire.

Dans ce contexte, l’implication du Pharois sera déterminante mais que se passe-t-il dans la tête du voisin géant ? Les troubles récents ayant mené à un changement de régime et de gouvernement ont de quoi alerter sur la fébrilité de l’opinion publique et la fragilité de ses institutions. Faut-il s’attendre à un nouveau retournement de situation d’ici la fin de la guerre ? Que signifie ce renversement du Capitaine Mainio, qu’on savait au cœur du dispositif de paix et l’un des artisans des accords de Nevskigorod, que chaque belligérant accuse l’autre d’avoir violés ?

I : Pour répondre à ces questions nous avons invité le Capitaine Aleksis, bonjour Capitaine.

A : Bonjour.

I : Vous êtes capitaine mais surtout universitaire, vous être l’auteur de Dans les têtes de l’hydre pharoise un ouvrage de sciences politiques qui tente de dresser un panoramas de l’opinion publique pharoise en 2010, alors on aimerait bien savoir en effet : qu’y a-t-il dans la tête des Pharois aujourd’hui ? Où en sont-ils ?

A : Eh bien tout d’abord merci de votre invitation. Déjà il faut savoir que mon livre nie justement l’idée d’une opinion publique pharoise, le pays est tout à fait pluriel, fracturé à bien des niveaux, c’est une de ses grandes spécificités historiques d’avoir su agglomérer des communautés et des peuples tout à fait distincts les uns des autres et parfois très divisés sur certaines questions. Essayer de comprendre ce qu’il y a « dans la tête des Pharois » c’est assez compliqué mais on peut tout de même dégager certains principes importants qui sont en vérité constitutifs de l’imaginaire politique du pays et l’un d’eux – déjà très documenté par ailleurs – c’est le sentiment de citadelle assiégée.

I : Alors oui, c’est une notion qu’on comprend un peu intuitivement mais vous dites qu’elle raisonne de manière particulière chez les Pharois ?

A : En effet, oui, ce qu’il faut comprendre c’est qu’un comportement de citadelle assiégée est souvent quelque chose qu’on voit dans les périodes de crise. Pour le dire vite, lorsqu’un groupe est menacé il tend à faire corps, quitte à renier ses principes par ailleurs ou défendre l’indéfendable, pour préserver et défendre ses membres contre ce qui est perçu comme une menace vitale. Lorsqu’un parti politique, une institution par exemple est violemment critiquée, elle aura le réflexe de tout nier en bloc comme dans une situation de guerre parce que la moindre critique sera perçue comme une faille qui pourrait entraîner la chute de tout le reste. Cela créé un fort sentiment de paranoïa et d’agressivité. Un exemple assez évident de ce type de phénomène ce sont les critiques contre la police qui refuse d’entendre qu’on puisse avoir des reproches à lui faire car elle se vit dans une situation de menace vitale et protégera jusqu’à l’absurde ses membres, quel que soit leur comportement.

I : Nous ne prenons pas parti dans ce débat, soutien total et inconditionnel aux forces de l’ordre. Mais alors, quelle est la spécificité du Pharois ?

A : Hm… Oui enfin bon, la spécificité du Pharois c’est son modèle politique de référence : la République Pirate. Une république pirate c’est une république à l’origine de hors-la-loi qui se construit en sécession avec des Etats autoritaires. C’est donc un régime fondamentalement en guerre et donc menacé de toute part. Aucun gouvernement n’a d’intérêt à laisser fleurir des républiques pirates dans le monde, un peu comme les régimes révolutionnaires par ailleurs, elles sont la cible immédiate des forces réactionnaires qui tentent de les écraser. Cet imaginaire là il est au cœur de la pensée politique pharoise qui se vit encore aujourd’hui dans une situation de guerre généralisée et de menace permanente. Ce n’est pas pour rien que le pays est devenu en peu de temps une très grande puissance militaire et est au cœur de la création du Liberalintern alors que, manifestement, elle en partage peu les convictions économiques. Le Pharois se vit comme une anomalie et toute tentative d’organisation internationale est une menace vitale pour son existence et son modèle économique.

I : D’où la méfiance envers la maléfique ONC ?

A : J’y viens. En effet, le Pharois est fort lorsque la communauté internationale est divisée, il profite des différences de législations et de la multipolarité du monde pour négocier au cas par cas avec ses alliés. On pourrait entrer dans le détail de considérations économiques comme le fait que les frontières profitent aux contrebandiers qui peuvent jouer sur le protectionnisme et les droits de douanes pour être concurrentiels, mais plus généralement le Pharois sait qu’il peut tenir tête à ses ennemis si ceux-ci sont divisés. Nous sommes un pays paradoxalement très militariste, aujourd'hui un demi-millions de personne ont reçu une formation aux armes et sont capables, si nécessaire, de rejoindre les rangs de l'armée. Paradoxalement parce que cet militarisme est moins le fait d'un politique d'Etat que la conséquence du tissu économique et social du pays. Le Pharois fait feu de tous bois autour d'un modèle politique qui valorise l'individualisme, ce n’est pas pour rien s’il y a une telle célébration de la diversité, du cosmopolitisme dans le pays. Des villes entières dans le Détroit sont un bouillonnement culturel phénoménal, on ne voit ça presque nulle part ailleurs et cela s’explique par le manque de pertinence du sentiment ethno-nationaliste des Pharois : la diversité, le multiculturalisme, le polyglottisme, tout cela fait la force du pays et irrigue l’imaginaire collectif. A l’inverse, les tentatives d’uniformisation sont toujours perçues avec défiance car elles viennent souvent du haut, de l’Etat et tendent non seulement à normaliser mais aussi à imposer artificiellement des comportements, des idées, ce genre de chose. Tout ce qui peut en fait venir régler la société est perçu, à raison, comme une menace.

I : Et ça c’est l’ONC ?

A : J’y viens, j’y viens. Donc, oui, effectivement, l’ONC est un bon exemple car elle incarne deux aspects mortels pour le Pharois : les traités de libre-échange et la protection des routes commerciales. Les traités de libre-échange, comme je le disais, annulent l’avantage comparatif des contrebandiers qui ne peuvent plus se glisser sous les droits de douanes, et la protection des routes commerciales pour des raisons évidentes d’entrave à la piraterie. C’est un agendas qui s’en prend de manière tout à fait frontale aux intérêts Pharois. Pire : l’ONC a fait la démonstration depuis quelques années de sa volonté de « régler » l’ordre international, en harmonisant son corpus de loi et surtout en imposant ses intérêts par la force dans des pays qu’elles considèrent être ses ennemis.

I : Comme au Prodnov vous voulez dire ? Ce sont vraiment des monstres…

A : Le Prodnov est… compliqué, mais oui, il y a de ça. Disons en tout cas qu’il y a eu une montée d’un sentiment de défiance anti-ONC assez spectaculaire au sein du Pharois notamment parce que porté par à peu près tous les camps politiques : la gauche y voyait à raison un avatar du capitalisme et de l’impérialisme, la droite une menace pour la nation et même les libéraux se sont méfiés parce qu’ils voyaient dans l’organisation un concurrent pour leurs affaires. Bon cela n’a pas empêché quelques alliances malgré tout, on pense au commerce pharo-jashurien par exemple qui fonctionne bien et à l’ignorance cordiale entre les Pharois et la Sérénissime de Fortuna mais la situation est beaucoup plus tendue avec des concurrents directs comme le Lofoten ou l’Alguarena.

I : Et le Novigrad ?

A : Le Novigrad ça va.

I : Ce sont eux qui tuent aujourd’hui des civils au Prodnov tout de même ! Vous condamnez ces exactions ?

A : Moi je condamne toute attaque contre les civils, encore faut-il qu’elle soit avérée et pour le moment les choses sont encore un peu trop floues pour vraiment savoir à quoi nous avons affaire…

I : Entretenir le doute, n’est-ce pas faire le jeu des bourreaux ? Les Pharois ne devraient-ils pas unanimement condamner la barbarie de l’ONC puisque vous nous dites qu’ils sont vos ennemis naturels ?

A : Alors, je n’ai pas dit ça, essayons de rester raisonnable. J’ai dit que le modèle Pharois et le modèle de l’ONC sont concurrents de manière assez radicale ce qui explique par ailleurs, et je me permets d’y revenir, l’exacerbation politique du fameux sentiment de la citadelle assiégée. Il y a une forme d’unanimité dans le pays sur le fait que l’ONC représente un danger concret pour le modèle politique et économique du pays. C’est assez impressionnant de ce point de vue quand on sait à quel point les Pharois peuvent être divisés par ailleurs. Là où le Prodnov joue un rôle et je pense qu’il a, à sa manière, précipité le changement de régime, c’est que les Pharois ont vue s’installer juste sous leur nez une base militaire de l’ONC qui les menaçait directement. Il faut bien comprendre plusieurs choses dans cette affaire : déjà, le Pharois est une puissance maritime et une partie de la Nouvelle Doctrine mise en place dans les années 50 consistait à faire des deux mers – la Manche Blanche et l’océan du nord – des zones tampons face à l’envahisseur. Or je vous l’ai dit cette doctrine date des années 50 à une époque où l’aviation était, quoi qu’on en dise, encore balbutiante. Le fait de tenir les mers permettait malgré tout de garder une forme de « zone de sécurité » autour du territoire pharois. Le développement de l’aviation a mis à mal cette vision de la sécurité régionale – ce qui explique certainement que le Pharois ait très rapidement misé sur ces technologies au point d’en être à l’avant-garde aujourd’hui – et la présence d’un territoire soumis à l’ONC si près de lui faisait peser la menace d’un raid aérien ou plus généralement d’une tentative de mise au pas de la piraterie dans l’océan du nord qui a toujours profité de l’absence d’autorité des pays de la région sur ces eaux.

I : C’est cette menace qui a été un déclencheur ?

A : Cela a radicalisé une partie de l’opinion, oui. C’est une chose d’entendre parler d’ennemis lointain, par le biais de capitaines pirates qui reviennent la queue entre les jambes mais dont on n’a un peu rien à foutre, et de voir cet ennemi s’installer à vos portes avec ses machines de guerre. Cela a créé un sentiment d’urgence à répondre à la menace.

I : Peut-on être anti-guerre au Pharois aujourd'hui ?

A : On peut être ce qu'on veut au Pharois, oui, c'est un principe fondamental. Mais force est de reconnaitre qu'il y a une forme d'unanimité pour reconnaitre que l'ONC est au mieux un danger, au pire un ennemi. Cela rend certaines paroles assez inaudibles, notamment les soutiens critiques au Liberalintern qui se font plus discrets aujourd'hui car il y a une prise de conscience que l'Internationale Libertaire est une forme de rempart, au moins un outil de dissuasion contre une attaque frontale contre nos intérêts. La pluralité médiatique compense toute forme de "pensée unique", il y a encore des journaux et des émissions qui sont pro-ONC mais c'est vrai que c'est une parole qui est plus difficile à porter. Et puis, on a beau ergoter sur l'absence de nationalisme pharois, il n'empêche que c'est un sentiment humain de vouloir défendre les siens en cas d'agression, or beaucoup de factions politiques, des communistes aux pirates, ont travaillé à présenter le Prodnov comme un premier pas vers une guerre inévitable.

I : Donc vous nous dites que les Pharois sont pro-guerre au Prodnov ? Pourquoi cette intervention timorée dans ce cas-là ? Beaucoup de nos compatriotes se sont sentis trahis par le manque de fermeté du Syndikaali à l’époque, et toujours de la Merirosvo. Nous attendions un front commun contre l’envahisseur et vous nous dites que l’opinion publique y était favorable, qu’est-ce qui explique que ça ne se fasse pas ?

A : Encore une fois, il faudra attendre la fin du conflit pour bien voir ce qui a été possible et ce qui ne l’a pas été. Et puis il faut distinguer le sentiment de citadelle assiégée et le sentiment pro-guerre. La plupart des Pharois ne sont pas militaristes – malgré une progression indéniable de ces partis là aux dernières élections du Syndikaali – le militarisme nécessiterait un sentiment nationaliste fort, or vous le voyez avec la flotte noire, il existe moins une armée unifiée qu’une foule de bataillons, coordonnés occasionnellement ensemble, qui constituent une armada pirate. Les Pharois sont suffisamment unifiés contre l’ONC pour pousser leurs flottes à se rassembler et s’unir le temps d’un conflit, mais peut-être pas assez pour décréter que le pays tout entier est en guerre. Il faut comprendre que les actions de l’Etat sont par définitions suspectes aux yeux des Pharois et c’est sans doute ce qui a causé la chute du gouvernement Mainio – appelons-le ainsi – le Capitaine Ministre centralisait trop autour de lui et cherchait à imposer un agendas qui n’était pas forcément dans le rythme de la population. Celle-ci l’a donc déposée et remplacé par une coalition de capitaines.

I : Pourtant on pourrait avoir l’impression que la politique pharoise n’a beaucoup changé entre le Syndikaali et le Grand Capitanat ? En tout cas au Prodnov.

A : Il faut laisser du temps au temps mais ce qui est certain avec le Prodnov c’est qu’on fait difficilement marche arrière maintenant. Votre gouvernement Malyshev a déclaré la guerre, cela force l’agendas politique du Pharois, qu’il ait été consentant ou pas. Cela une partie de la population le comprend, une autre pas, ma foi ce sont les aléas de la démocratie j’ai envie de dire, on ne peut pas faire plaisir à tout le monde.

I : Avec le Prodnov – et on apprend récemment le retrait de plusieurs pays du conflit, le Lofoten et le Jashuria l’ont confirmé – le Pharois a donc porté un coup à l’ONC. Doit-on s’attendre à l’ouverture de nouveaux fronts contre cette organisation maléfique ?

A : Je n’en suis pas certain du tout. Déjà, si l’ONC part du Prodnov ce sera assurément une victoire, mais qui ne viendra en définitive qu’équilibrer une défaite précédente, celle de la création de la RLP. Autrement dit c’est un peu "un partout, balle au centre", si vous me passez l’expression. On sait qu’il y a d’autres foyers de tensions mais le Grand Capitanat semble vouloir se concentrer sur la Manche Blanche et l’océan du nord, en cela le Prodnov envoie un message : le Pharois est prêt à s’engager militairement pour défendre ses intérêts régionaux. Est-ce que cela pourrait être motif de futurs conflits ? A voir selon si l’ONC – ou d’autres – tentent de lui disputer ces deux mers. Il faut voir aussi que l’ONC a remporté plusieurs victoires par ailleurs : au Pontarbello mais surtout au Kronos qui n’a suscité qu’assez peu de réactions à l’internationale.

I : La République Sociale du Prodnov a largement dénoncé l’invasion du Kronos.

A : C’est vrai, mais en fait seules les nations communistes ou socialistes l’ont fait. Malgré la puissance du Grand Capitanat dans l’océan du nord et la Manche Blanche, celle-ci est fragile ailleurs. Je le répète mais c’est l’arrivée de l’ONC aux portes du Pharois qui a provoqué un sursaut de l’opinion publique et poussé à prendre la menace au sérieux. Tant que le conflit Pharois-ONC se limitera à des escarmouches entre pirates et marines nationales, peu de chance que l’opinion publique se mobilise vraiment et donc il est improbable que le Grand Capitanat ait les moyens tout simplement matériels d’engager une guerre. Pour rappel l’armée du Pharois est composée de militaire de formation mais qui ne répondent pas à une hiérarchie, seulement à une coordination, ce qui les rend tout à fait autorisés à refuser les ordres. A l’heure actuelle j’imagine difficilement un contexte où la flotte noire s’engagerait totalement dans un conflit si le Pharois n’est pas directement menacé.

I : Une guerre contre le Liberalintern peut-être ?

A : Peut-être. Encore que ces accords ont été signés avec le gouvernement Mainio, je ne sais pas dans quelle mesure ils nous engagent encore aujourd’hui. Sans doute que mes compatriotes ne sont pas idiots et qu’ils ont conscience que le Liberalintern est un formidable bouclier contre nos ennemis qui, à la manière d’un drapeau pirate, les pousse à abandonner le combat de terreur. Pour ce qui est toutefois de l’attitude la flotte noire en cas de conflit hors des mers du nord, je ne peux pas me prononcer.

I : Il faut donc comprendre que le Pharois n’apportera pas assistance aux guerres de libération et aux révolutions internationales ?

A : Ce qui est sûr, c’est que nous ne sommes pas le Grand Kah, nous n’avons pas une doctrine interventionniste en dehors de la protection de nos intérêts vitaux. Cependant, je peux dire sans me tromper que toute armée révolutionnaire trouvera au Pharois des alliés et des amis prêts à l’aider et la financer, si elle en fait la demande. Le pays est assez pluriel pour cela et les stations libres en sont un bon exemple.

I : Capitaine Aleksis je vous remercie pour cette interview accordée à L’âme du Prodnov et pour ces précieux éclaircissements.

A : Merci à vous, et espérons que la paix reviendra vite au Prodnov.

I : Vous avez raison, vive la République Sociale ! Vive le camarade Malyshev !
2286
https://www.zupimages.net/up/22/40/wmwg.jpg

La Parole | 15/12/2011
Alexei Malyshev rend hommage à Isabelle Deprey à l'église Saint-Feodor

https://www.zupimages.net/up/23/44/q0w8.jpg
Procession devant l'église Saint-Féodor de Bridjesko

Une petite foule s'est réunie autour de l'église Saint-Feodor de Galkovine, où le premier ministre Alexei Malyshev et plusieurs membres du gouvernement prodnovien ont participé à l'hommage rendu à feu la présidente de Saint Marquise, Isabelle Deprey. Pas de cérémonie nationale puisque l'hommage est une initiative religieuse, c'est à titre personnel et non au nom du Prodnov que le premier ministre Malyshev a choisi d'assister à la messe funéraire. Le pope a prié le dieu chrétien d'accueillir l'âme éternelle d'Isabelle Deprey à ses côtés, assurant que les peuples du monde entier pouvait garantir la sainteté de la vie de la présidente et le bien qu'elle a procuré à l'humanité. Un hommage que n'a pas tenu à commenter le premier ministre Malyshev, celui-ci a attendu la fin de la cérémonie pour s'exprimer, toujours à titre personnel, sur le décès de Deprey.

Sans avoir été une alliée, Isabelle Deprey aura été une femme de conviction, capable d'assumer des prises de position fortes et courageuses dans un contexte international complexe. Critique de l'invasion du Prodnov, protectrice malheureuse de Port-Hafen, elle n'aura eu de cesse de s'engager pour la paix. Feu la Présidente de Saint-Marquise aura tout son mandat su conserver une position de neutralité et ancrer son pays comme garant d'une diplomatie apartisane sur laquelle chacun pourra compter. D'aucun diront "Saint Marquise est une nation capitaliste, nous ne pouvons la considérer autrement que comme une ennemie du genre humain" à ceux-là, le Premier Ministre Malyshev a exemplairement répondu dans son discours, nous ne résistons pas à vous délivrer un extrait lumineux :

"Dans un monde dominé par les forces du mal, chaque sursaut d'humanité est un flambeau dans la nuit. Perdu en mer, maudirez vous le phare qui ne vous indique la voie à suivre seulement par intermittence ? Chaque individu trace son chemin dans les ténèbres et l'on ne peut attendre de lui que sa flamme éclaire l'humanité entière. Ni Dieu, ni César, ni tribun. Cette route vers la dignité et la justice ne sera pas tracée par un homme ou une femme, mais par une multitude de chandelles. Dans la tourmente, Isabelle Deprey tenu l'une d'elles."

Quelle sagesse et quelles paroles brillantes, elles aussi, dans un contexte si sombre. La diplomatie et la fraternité mondiale perd en Isabelle Deprey une amie, c'est certain. Nous, peuple international, peuple communiste, saluons le départ d'une ouvrière de la paix.
2622
https://www.zupimages.net/up/22/49/6sy2.png
La Pensée nouvelle | 16/12/2010
Dans un monde trouble, la position d'Isabelle Deprey montrait la voie

Hommage à la Présidente de Saint Marquise. La figure d'Isabelle Deprey est emplie ambivalence pour notre pays. Tandis que certains, par intérêt, tentent de la récupérer au nom de sa décision de se détourner de l'ONC lorsque cette dernière entrait au Prodnov, nous pensons que la Présidente de Saint Marquise mérite mieux qu'une cérémonie pleine d'hypocrisie politicienne.

Si Isabelle Deprey est une figure à la fois fascinante et controversée, c'est qu'elle su incarner une position médiane, à la fois libérale et anti-impérialiste. Un démenti flagrant aux thèses marxistes qui veulent voir dans toutes les nations capitalistes des impérialismes militaires et fascistes en puissance. Saint Marquise est une nation modeste et heureuse, forte non seulement des liens commerciaux bâtis avec le nord de l'Aleucie, en Eurysie et au Paltoterra, mais aussi forte d'une diplomatie courageuse, ayant toujours fait le choix de la médiation, de la diplomatie et de la négociation plutôt que des armes.

Nation martyre, également, frappée à Port-Hafen par la barbarie listonienne, mais qui privilégia, plutôt que la vengeance, une posture mesurée et digne. Bien éloignée des positions prises depuis plus d'un an par la République Sociale du Prodnov qui, au nom d'un agendas nationaliste et idéologique, s'est attaqué à la République Libre du Prodnov. Il y a dans l'exemple d'Isabelle Deprey le miroir déformante d'Alexei Malyshev, renvoyé à l'indignité de ses choix politiques et d'avoir trahi la solution diplomatique au profit de la guerre. Nous ne pouvons que ressentir du dégout face au cynisme de ce-dernier qui cherche aujourd'hui à en récupérer l'image.

Courageuse et résolument indépendante, Saint Marquise n'a jamais cédé aux sirènes de la violence, de la guerre et de l'intimidation. Voilà d'une certaine manière, la véritable communauté internationale incarnée : celle qu'hypocritement, les communistes appellent de leurs vœux et qu'ils n'ont de cesse de trahir par la guerre et le sang. Une position de ferme neutralité qui fit et fait l'honneur de ce pays, ayant toujours refusé de choisir entre toutes les pestes, sans compromission et ce malgré les pressions internationales pour la faire céder, qu'elles viennent de l'Empire Listonien, du Liberalintern ou même de l'ONC.

Combien de malheurs évités, combien de vie humaine auraient été épargnées si, plutôt que les va-t'en guerres, ce fut Isabelle Deprey que le Prodnov avait écouté ? Par son engagement et son incarnation, la Présidente de Saint Marquise représente plus que jamais l'apogée des valeurs libérales, universalistes et humanistes, celles qui placent au-dessus des nations et des querelles idéologiques l’indifférenciée dignité de la vie humaine. Elle pourfend, par son exemple, les discours creux et intéressés de ceux qui, dans d'autres circonstances, n'auraient pas hésité à poignarder son héritage si cela leur permettrait de parvenir à leurs fins.
6135
https://www.zupimages.net/up/22/42/ok8y.png
Les Nouvelles Peprovites | 17/12/2011
Religions séculières et religions révélées se font face à face au Prodnov

https://www.zupimages.net/up/23/12/3z3i.jpg
Pope orthodoxe au contact du clergé mécanique

Les Églises mécanistes et l’Église orthodoxe sont contraintes de s’adapter aux politiques gouvernementales et cherchent à trouver l'équilibre d'un nouveau syncrétisme, assez inattendu dans un Prodnov qui affiche vouloir renouer avec les valeurs du communisme – dont l’athéisme d’Etat. La situation en République Sociale est toutefois plus complexe qu’elle n’y paraît puisque, arrivé au pouvoir par les urnes et toujours soumis à la constitution libérale imposée par la trêve de 2006, le gouvernement Malyshev n’a pas les coudées franches pour imposer son agendas unilatéralement. L’Eglise orthodoxe, réautorisée après la chute de la précédente dictature, est bel et bien un pouvoir avec lequel il faut composer et dont l’influence ne cesse de grandir.

Autre facteur de complexité : l’immigration tahokaise, bien que circonscrite aux grands centres industriels lourds, a importé ses propres croyances religieuses et sa culture. Celle-ci, au contact de la modernité technologique occidentale, n’a pas tardé à s’adapter et se transformer, notamment via le prisme de son Eglise, l’Eglise mécaniste. Les prêtres mécaniciens, qui idolâtrent les machines, se sont emparés des technologies à leur disposition comme autant de miracles. Un grille de lecture religieuse que le gouvernement Malyshev cherche à exploiter dans une vision productiviste de l’économie.

Comment conjuguer la quête du Royaume de Dieu, la croyance en une âme éternelle, en la résurrection des corps, l’idolâtrie des automates et le matérialisme promu par l’Etat communiste ? C’est le défi que devra relever la société prodnovienne dans les prochaines années si elle ne veut pas sombrer dans le communautarisme religieux et réaliser – comme le désir le gouvernement Malyshev – l’unité communiste internationale.

Contre toute attente, cependant, ces trois idéologies ne sont pas si incompatibles qu’on pourrait le croire. La preuve avec les multiples rapproches déjà en cours entre le clergé mécaniste et les popes orthodoxes, mais aussi l’instrumentalisation des autorités tahokaises par l’état-major prodnovien, désireux de discipliner, former et mettre au travail les quelques cinq-cents milles migrants arrivés au cours de l’année 2008 sur le territoire. Une somme colossale de main d’œuvre nécessaire pour faire tourner le pays, amputé des deux tiers de son territoire et dont le PIB a été divisé par dix à la sortie de la guerre civile.

Tout d’abord, l’eschatologie communiste a bien à voir avec le dogme chrétien. Le culte et l’idéologie politique partagent ainsi plusieurs valeurs communes, notamment celle de l’universalité de leur message au cœur duquel se trouve la pauvreté et le travail. Là où le christianisme prône la vie éternelle et le paradis après la mort, certains voient dans le communisme l’espoir d’un avenir meilleur sur terre. Leur fonctionnement même présente des points communs : il n’y a qu’un pas entre les comités de quartiers et les églises, et l’on a vu brandir le manifeste du parti communiste aux côtés de la Bible. Par ailleurs, leur caractère prosélyte et messianique substitue aisément une doctrine a une autre et, pour le peuple, chacune participe à donner du sens à leur malheur.
Il n’est pas si étonnant que les clergés rouge foisonnent à travers le monde, de la théologie de la libération aux jeunesses ouvrière chrétiennes, les valeurs chrétiennes et communistes ont su trouver un écho comparable au sein des populations laborieuses et en souffrance du monde entier. Parfois concurrente – d’où l’athéisme d’Etat mis en place dans les républiques populaires de l’Est – elles peuvent aussi se nourrir l’une l’autre comme chez les populations latines et anciens pays issus de la colonisation. Jésus chassant les marchands du temple, il serait plus difficile pour un homme riche d’entrer au paradis que pour un chameau de passer le trou d’une aiguille. Autant de messages qui rendent compatibles une approche chrétienne de la révolution socialiste, à condition que l’Eglise délaisse en partie les affaires célestes pour embrasser celles de la Terre.

C’est ce pont que permet notamment l’Eglise mécaniste. Dès le départ, le gouvernement prodnovien aura essayé d’instrumentaliser ce qu’il comprenait de ce culte étranger pour le mettre au service d’un programme communiste. Particulièrement sensible à la question de la production et de la transformation de la matière, les immigrés Tahokais qui adhèrent à l’Eglise mécaniste semblent imperméabilisés aux formes de pensée magique. Il comprendrait ainsi mieux que personne la division et la chaîne du travail puisque cette dernière est sacralisée. Le pari du gouvernement Malyshev était de mobiliser ces affects pour l’industrie afin de mettre au travail le prolétariat Tahokais et de créer des ponts avec la doctrine communiste du gouvernement.

C’était cependant adopter une vision biaisée du culte Tahokais qui ne se limite assurément pas à un animisme technologique. L’absence de religion organisée et la barrière de la langue limite encore notre compréhension des subtilités de l’Eglise mécaniste, toutefois il est clair que la foi tahokaise accorde peu d’intérêt à l’individu qu’elle ne perçoit que dans une perspective fonctionnaliste, à la façon d’une horloge, composée de pièces indépendantes les unes des autres. Cette approche religieuse de l’organisme qui ne trouve son sens qu’en tant qu’il est composé d’organes et organe lui-même d’un monde plus vaste entre en contradiction directe avec l’individualisme au cœur de la pensée communiste et progressiste.
Est-ce là un obstacle indépassable ? Peut-être dans une perspective libertaire, mais une conception plus traditionaliste de la société pourrait s’en accommoder. C’est au cœur de ces ambiguïtés que se cache le loup, chacun jouant des zones de flou et d’accommodement au cœur de sa doctrine, des liens pourraient se constituer par la force des choses. La société tout entière se module et se transforme à grande vitesse, sous l’impact des migrations, des guerres et de la reconstruction. Dans ce grand chambardement, chacun joue sa partition pour tenter de survivre ou de s’imposer. Les forces religieuses savent qu’elles auront besoin de l’approbation des partis communistes tandis que ces derniers ont acté l’impossibilité d’enrôler la totalité de la population – en particulier immigrée – à la seule force d’une proposition idéologique qui a montré des défaillances sous le régime de Slava Lavrov.

L’alliance entre communisme et foi semble donc un passage obligé pour le Prodnov. Ce que le gouvernement Malyshev semble avoir accepté – sans toutefois le reconnaître – au vu des récents rapprochements avec les deux Eglises et du maintien en place des lois de tolérances religieuses dans le pays.
4826
https://www.zupimages.net/up/22/42/ok8y.png
Les Nouvelles Peprovites | 02/02/2012
Service public hospitalier : en pleine réforme de l’hôpital, Vadik Polichev préfère prévenir que guérir

https://www.zupimages.net/up/23/12/3z3i.jpg
Яблоко в день держит доктора подальше

Mesure de bon sens ou d’économie ? Tandis que le gouvernement Malyshev avait mis au cœur de son projet politique la restructuration profonde des services publiques pour réactiver l’Etat providence, sa réalisation concrète fait face à plusieurs obstacles. Moins que le nombre de médecins disponibles (plusieurs diplômés nous sont venus de Damanie et du Pharois) ce sont les infrastructures qui manquent, par trop centralisées dans les grandes villes et faute d’un véritable tissu de cliniques privées, l’hôpital public se retrouve à prendre seul en charge la santé des Prodnoviens. Dans un contexte d’extrême fragilité de l’économie post-guerre civile, les financements et moyens manquent dans les secteurs contrôlés par l’Etat où le gouvernement Malyshev a fermé la porte à toute privatisation.

C’est que les études sont longues pour exercer la médecine et le matériel de pointe est souvent importé, fournir les centres hospitaliers en machines et en médicaments nécessite un temps d’adaptation que le Prodnov n’a pas, dans son urgence à étendre à marche forcée l’accès aux soins pour l’ensemble de sa population. Les affres de la guerre et les pénuries qui ont frappé le pays participent par ailleurs à engorger les hôpitaux, dépassant par trop souvent les limites que ces-derniers peuvent supporter. Des images honteuses de patients, parfois sévèrement blessés, reposant sur des brancards dans les couloirs faute de chambre disponible et les témoignages des médecins et infirmières surmenés s’accumulent. Si un certain nombre d’entre eux ne blâment pas directement le gouvernement, tous s’accordent sur la nécessité à très court termes de trouver des solutions pour mettre fin à cette situation.

A cela, la réponse du gouvernement Malyshev et du ministre de la Santé, Vadik Polichev, peut sembler un peu mollassonne. Si le premier ministre avait à l’époque accueilli en grandes pompes les médecins Damann, l’arrivée de ce corps médical étranger remonte maintenant à 2010 et depuis les budgets de la santé sont restés stables ou ont diminué en raison de l’effort de guerre. Une économie des bouts de ficelles dont le Prodnov paye aujourd’hui le prix dans sa chaire. Pour désengorger les hôpitaux, Vadik Polichev a rendu public cette semaine son agenda programmatique et si une hausse du budget de l’hôpital est bien prévu pour 2013, d’ici-là le ministre de la Santé cherche plutôt à détourner les « malades légers » des urgences. Pour cela, rien de tels que de bon vieux remèdes de grand-mères ! Une liste de médecines douces a été publié pour orienter les Prodnoviens vers des solutions non-médicamenteuses à leurs maux.

Problème : sur cette liste, plusieurs remèdes font polémiques. Si certains sont dénoncés par les médecins comme « strictement placebo » tels que les jus de racine, d’autres semblent carrément relever de l’homéopathie voire aggraver le mal. Aux prescriptions de « vin chaud » contre la toux, de cataplasme d’ortie et d‘argile sur les foulures ou le traitement des nausées par l’ingestion de charbon noir réduit en poudre s’ajoutent des « médicaments alternatifs » tels que le Dilutionis Somniferum contre les troubles du sommeil, un dérivé de l’opium non-homologué par l’Académie prodnovienne de médecine (APM) ou le Vitalisorbis dont la réputation est tristement entachée par plusieurs polémiques autour de ses effets secondaires touchant les femmes enceintes.

« Le ministère de la Santé travaille-t-il pour le lobby naturopathe ? » se demandent désormais ouvertement certains médecins. Les remèdes de grand-mères peuvent servir – au moins à rassurer – contre des désagréments mineurs, mais ne pas avoir recours à un médecin peut également entraîner des retards de diagnostique et de prise en charge aux conséquences graves, si les symptômes s’avèrent révélateurs de maladies ou d’infections plus dangereuses que prévues. « Le problème ce n’est pas tant de soigner un mal de gorge en mangeant des navets, le soucis c’est d’inculquer à la population de mauvais réflexes et une idée tronquée de la science. Je conçois que le gouvernement cherche à faire des économies, mais nous sommes en train de préparer une génération entière à des idées fausses sur la médecine, avec ce genre de campagnes contradictoires. »

Si cette partie des recommandations du ministre Polichev fait polémique, tout n’est cependant pas à jeter. Un volet important se concentre par exemple sur la nutrition et les habitudes de vie en incitant notamment les Prodnoviens sédentaires à faire d’avantage d’exercice en plein air ou à manger plus de fruits et d’aliments fibreux. « Яблоко в день держит доктора подальше » nous garantit le ministère, soit « une pomme par jour éloigne le médecin ». En jouant sur les sagesses traditionnelles et les réflexes de la population, Vadik Polichev espère certainement limiter le recours aux médicaments trop coûteux et pour une bonne partie d’entre eux importés de l’étranger. La fracturation du Prodnov en plusieurs entités avait coupé l’approvisionnement de certaines régions des usines chimiques et des labos pharmaceutiques du pays, il aura fallu faire sans jusqu’à ce que ces-derniers soient de nouveau fonctionnels.
7084
https://www.zupimages.net/up/22/49/n6q0.gif

L'âme du Prodnov | 12/02/2012
Critique du tahoko-gauchisme : lettre à nos amis communistes idéalistes

Ne sommes-nous pas bien ? Ne sommes-nous pas heureux ? Le ministère de l’économie nous le garantit : la planification est un succès sans commune mesure et bientôt nous parachèverons l’idéal de société égalitaire socialiste, dépassée la lutte des classes, débarrassée de l'exploitation économique !

Vraiment ?

Il semble pourtant que toute l’industrie n’ait pas encore été transformée en soviet et que, à moins qu’on nous ait menti, les poubelles ne se sortent pas toutes seules. Au nom de l’intégration du prolétariat Tahokais dans la lutte des classe internationale – un projet à saluer dans ses intentions – la réalisation concrète de l’intégration des migrants venus du Nazum nous semble pourtant une belle hypocrisie. Pire, c'est à se demander si le gouvernement Malyshev a jamais eu l'intention d'intégrer ces nouveaux arrivants au projet socialiste ! Car ces bonnes poires, transformés à grande vitesse en travailleurs corvéables au service de l'industrie de guerre, ne sont-ils pas le nouveau prolétariat d'un Prodnov qui se développe et modernise ses standards de vie ? L'énième avatar d'une reconfiguration de la lutte des classes où une partie de la population s'enrichit honteusement sur le dos d'une autre ?

Les Tahokais ont un défaut qui s’avère être leur plus grande qualité aux yeux de notre gouvernement : ils aiment la technique. Ils aiment l’industrie. Fasciné religieusement pour les machines, leurs prêtres nous l'assurent : un Tahokais ne sera jamais aussi heureux qu'à suer sur une chaîne de production, à répéter inlassablement les mêmes gestes aliénants, pourvu qu'on lui mette une clef à molette entre les mains. Chaque boulon vissé est une prière, chaque crampe dans les bras un acte de foi. Dès lors, comment leur refuser cette transcendance ? ouvrons leurs toute grande la porte de nos usines ! Regardez-les ces braves gens, si heureux, si épanouis dans ces chaleurs infernales des hauts fourneaux ! Exposés aux vapeurs et aux accidents du travail, il ne leur viendrait pas à l'idée de se plaindre ou d'exiger de meilleures conditions de travail. N'est-ce pas le prolétariat rêvé ? Docile et travailleur, on dirait presque un fantasme sordide de capitaliste. Et tant pis si pour parfaire le tableau, il faut essentialiser leur culture et caricaturer leur religion, le gouvernement Malyshev s’est dégotté le meilleur des peuples : le seul heureux de travailler dans des conditions misérables.

Unis dans leur désir de fraternité, biberonnés à l'égalité entre tous les hommes, les Prodnoviens se sont-ils joins à ces nouveaux forçats au nom de la fraternité ? Ont-ils partagés leurs savoir-faire militants, les syndicats se sont-ils empressés de former ces gens au droit du travail ? Pensez-vous ! Nos compatriotes ne sont pas des saints et sous prétexte de différences culturelles ou ne de pas parler la langue, n'ont pas perdu de temps pour profiter de la réorganisation du tissu social et briguer les postes de cadre ou du tertiaire, après tout pourquoi s’en priver puisque d’autres se chargent désormais du sale boulot ? Il faut les voir, sur les plateaux de télévisions, vanter l'enrichissement du pays, "l’ascenseur social s'est remis en marche" disent-ils, "voilà le miracle du socialisme réel !" Faut-il avoir perdu sa boussole pour voir dans le remplacement d'un prolétariat par un autre, et la réorganisation de la bourgeoisie un succès du socialisme.

Le cynisme ou l'aveuglement de ces pseudo communistes n'a pas de limite : pour acheter la paix sociale, ils ont importé des travailleurs immigrés et grâce à leur exploitation, ont offert au peuple prodnovien de meilleures conditions de vie. Faute de mettre fin au vol de la plus-value, ils s’arrangent pour que les travailleurs y consentent pour des motifs religieux. A-t-on vu plus nauséabond ? Pire trahison des idéaux égalitaires ? L’opium des peuples prodiguée généreusement pourvue qu’elle motive le prolétariat à travailler dans des conditions sordides.

« Les Tahokais sont heureux et ce bonheur ils l’ont trouvé au Prodnov. C’est notre honneur que d’avoir su accueillir nos frères dans la tourmente
» nous dit Pyotr Berezin, le ministre de l’Economie. De l’honneur pourtant il ne sait pas grand-chose. Instrumentaliser les croyances archaïques d’une population en détresse pour la pousser dans la violence du travail dans l’industrie lourde n’est pas un cadeau qu’on fait à ses amis. Compter sur l'absence de culture des luttes sociales des Tahokais pour remplacer des travailleurs syndiqués trop heureux de se voir offrir des postes de cadre ou de fonctionnaires, voilà le cynisme ! L’exploitation serait-elle devenue justifiable dès lors qu’elle est consentie ? Est-ce là une façon de penser de communistes ? Nous ne le croyons pas ! Ces libéraux mentaux du gouvernement se lavent de leurs vices en prétextant le bonheur, mais qu’en savent-ils ? Sont ils seulement allés dans les quartiers discuter avec les travailleurs ? Ont-ils pansés leurs ampoules et lavés leurs mains sales ?

La vérité est que le gouvernement Malyshev est en train de s’acheter le prochain scrutin électoral sur le dos des Tahokais. En remplaçant le fier prolétariat prodnovien par une main d’œuvre immigrée, il entretient chez la population le fantasme d’un succès économique, d’une grande montée en gamme de la production et du niveau de vie. C’est une illusion ! Votre travail n’est plus simple que parce que d’autres vous ont remplacés aux tâches ingrates ! Votre confort est bâti sur le sang et la sueur de l’exploitation d’autrui.

A court terme, c’est un Etat ethno-nationaliste qui se profile, paré des couleurs du socialisme. Une différenciation évidente entre le prolétariat Tahokais, réduit à l’usine, et le prolétariat prodnovien, à qui est redistribuée la plus-value. Un nouveau pacte social construit sur une mystification, sur l’oublie volontaire de la chaîne de production, sur l’invisibilisation du travail. C'est la porte ouverte à tous les racismes, à la structuration raciale du travail, à l'essentialisation des peuples. A l'idéalisme bourgeois. Le monde réel n’est pas tissé de fantasmes, rien ne se fait sans travail, sans labeur, le programme communiste est de permettre aux travailleurs d’organiser eux-mêmes ce labeur, pas d’y échapper en se laissant remplacer par des populations en état de précarité.

Honte à Pyotr Berezin, honte à Alexei Malyshev, que nous n’osons plus qualifier de camarades. Des capitalistes qui chantent l’internationale, voilà tout, de vulgaire patron de l’entreprise Prodnov ! Honte à ceux qui prétendaient hier réconcilier le prolétariat de tous les pays et le fracturent aujourd’hui sur son propre sol ! Honte à ceux qui cyniquement exploitent la misère des uns pour acheter l’approbation des autres ! Honte à ceux qui, plutôt que de balayer la pensée magique et l’illusion de la valeur crée ex nihilo, camouflent le labeur, camouflent le travail pour plonger sa classe moyenne dans une fausse conscience néo-bourgeoise !

Honte ! Honte ! Honte !

Ces Tahoko-gauchistes, comme il nous plaira de les nommer désormais, emploient tous les artifices à leur disposition pour accompagner un agendas politique et économique digne du plus médiocre des Etats capitalistes. La religion doit être déconstruite comme un voile d’illusion qui dissimule les rapports de forces, pas brandie comme un blanc-seing en prétendant que certains trouveraient une joie transcendantale dans leur malheur. Le prolétariat Tahokais mérite mieux que de passer de l’exploitation d’un Empire barbare à celui d’une bureaucratie pseudo-socialiste. Leurs prêtres ne sont pas nos nouveaux matons, leur foi ne peut s’adapter à la doctrine marxiste car elle n’est qu’une fausse conscience, tout ce que pourfend notre vision des rapports sociaux.

Le prolétariat Tahokais doit être libéré comme tous les autres, émancipé des structures qui l’oppressent et l’illusionnent. Dans ce combat, le rôle de tous les communistes authentiques est de soutenir ce projet matérialiste et ceux qui s’y opposent ne méritent pas le nom de socialistes.


https://www.zupimages.net/up/23/22/yna9.jpg
13981
https://www.zupimages.net/up/22/42/ok8y.png
Les Nouvelles Peprovites | 17/12/2011
Galkovine / Peprolov : les sciences économiques ont enfin leur laboratoire expérimental

https://www.zupimages.net/up/23/12/3z3i.jpg
Dans la littérature scientifique en économie, Galkovine et Peprolov semblent se faire face et s'opposer

Depuis des décennies les sciences économiques aspirent à devenir expérimentales. Finie la théorie, finies les spéculations hasardeuses, pouvoir tester sur le réel des modèles pour en mesurer les effets concrets est l’un des rêves majeurs de cette science un peu trop sociale à son propre goût. Si le monde se plie en général assez rarement aux exigences des protocoles scientifiques, les oblasts de Galkovine et de Peprolov au Prodnov font depuis quelques temps l’objet d’une attention soutenue de la part de la communauté scientifique en économie. La raison : cohabitent sur un seul territoire et peuplé d’une même population, tout juste séparés par quelques kilomètres de distance, deux oblasts pourtant régis par des lois extrêmement différentes. Si Peprolov suit encore la constitution dictée par le Pharois Syndikaali qui lui accorde toutes les caractéristiques d’une démocratie libérale et parlementaire classique, Galkovine s’est vue imposée, elle, de maintenir en place le système communiste et de ne pas revenir sur la mise en commun des moyens de production. Un cas d’école, donc, pour mesurer sur le terrain les effets de ces deux approches contradictoires : propriété privée et libre entreprise à Peprolov contre planification et nationalisation à Galkovine.

Pour nos lecteurs les moins familiers du contexte prodnovien, un rapide retour sur les différents régimes de loi en vigueur et leur histoire :

A la suite de la guerre civile de 2007 le Prodnov, ex-République populaire sous régime dictatorial, s’est vu fracturé en quatre entités régionales différentes : Staïglad la partie centrale du pays, Nazakraina au sud-est, Peprolov au nord-est et Galkovine au nord-ouest. Immédiatement après la signature des accords de paix ces deux-dernières régions ont chacune été placées respectivement sous mandat Pharois et sous mandat Lutharovien. Deux nations qui, bien qu’alliées de circonstances, ne partagent pas vraiment la même sensibilité en matière d’idéologie économique, le Pharois étant un pays ultra libéral et fortement attaché à la propriété privée et la Lutharovie une dictature communiste isolationniste. En découlent deux gestions très différentes de leurs mandatures respectives.

A Peprolov, le Pharois impose une constitution libérale, en partie calquée sur son propre modèle. Le parlementarisme devient central et des formations politiques s’affrontent lors d’élections dans le cadre des règles prévues par la constitution. La propriété privée est garantie, ainsi que les droits de l’homme, l’Etat de droit, la séparation des pouvoirs et les monopoles nationaux sont en partie ouverts aux marchés étrangers – principalement albiens. Une partie de l’économie de Peprolov est perfusée aux aides humanitaires pharoises, ce-dernier encourage par ailleurs la libéralisation rapide de l’économie locale. A Galkovine en revanche, la Lutharovie maintient l’ancien régime en place, ses fonctionnaires et ses institutions. Le seul parti autorisé est le Parti Communiste auquel il est nécessaire d’adhérer pour intégrer l’administration. L’industrie reste planifiée par l’Etat, les terres demeurent collectivisées et les usines continues d’être organisées par les syndicats en soviet de travailleurs.

Les deux oblasts faisant à peu près la même taille avec une population comparable (environ deux millions d’habitants dans l’un et dans l’autre), avec un niveau d’éducation semblable et une culture partagée, il s’agit donc d’un cas d’école parfait pour comparer l’efficacité de chacun des deux modèles : démocratie libérale capitaliste à Peprolov et économie planifiée à partie unique à Galkvoine.


Des enseignements à en tirer ?

Cinq ans plus tard, plusieurs économistes se sont empressés de conclure à la supériorité du modèle libéral sur le modèle étatique. En effet, si la région de Peprolov a multiplié par quatre son PIB (soit une croissance soutenue et extrêmement rapide pendant cinq ans), Galkovine fait plus pâle figure. L'oblast du nord-ouest, frontalier de la Lutharovie, a lui aussi vu une reprise de sa croissance depuis deux ans, mais dans des proportions indiscutablement moins spectaculaires. Plusieurs journaux d'économie, d'obédience plutôt libérale soyons honnêtes, titrent en ce sens dans la presse internationale. The Puzzle, revue scientifique à comité de lecture spécialisée dans les sciences économiques a d'ailleurs consacré un numéro entier au cas Prodnovien. Les conclusions vont toutes dans le même sens : en devenant un laboratoire expérimental pour les différentes doctrines économiques, le Prodnov fait la démonstration incontesable de la supériorité du modèle libéral-capitaliste. Le match serait-il d’ores et déjà plié ? Pour le savoir, il est nécessaire d’entrer d’avantage dans le détail des chiffres et ne pas s’en tenir à une simple comparaison quantitative.

Lorsqu’on observe la première année, on constate une stagnation des économies des deux oblasts. Le temps pour chacune de se restructurer. La croissance aurait même été négative si les aides pharoises et lutharoviennes n’avaient pas permis de maintenir la consommation à un niveau stable. Par ailleurs, la migration importante de population des régions de Staïglad vers Galkovine et Peprolov, si elle a participé à déstabiliser l’économie locale sur le moment, a également contribué au rebond de ces deux régions en fournissant un afflux de main d’œuvre disposée à travailler dans des conditions précaires car chassées de chez elles par la guerre. On a ainsi vu plusieurs villages désertés devant l’avance des troupes de l’ONC en raison de la forte propagande de guerre à l’époque présentant les forces de Staïglad comme des bourreaux assoiffés de sang.

Grâce aux facteurs combinés des investissements étrangers et l’accroissement soudain de la population locale, Galkovine et Peprolov se trouvaient dans de bonnes conditions pour croître économiquement. Elles ne l’ont toutefois pas fait aux même rythmes.

A Peprolov, la vente express de certains secteurs nationalisés aux investisseurs Pharois a permis une reprise rapide de la production grâce au versement quasi ininterrompu des salaires. Si une partie de la richesse s’est trouvée détournée vers le Syndikaali, c’était déjà le cas avant la guerre civile puisque l’administration centralisée de Staîglad captait une grande partie de la production des autres régions. Paradoxalement, la plus-value dégagée a permis de rembourser en partie les importations de biens et matières premières du Pharois Syndikaali et contribué à limiter l’endettement nécessaire pour continuer à payer l'administration. La privatisation d'une partie de l'économie, jusqu'alors gérée par l'Etat, a également permis de réduire les dépenses budgétaires et de dégager une manne financière réinvestie dans des travaux publics. La résilience rapide de Peprolov est due à son port commercial, seul port comparable au Prodnov, et donc à sa moindre dépendance à sa production intérieure. En ouvrant son économie aux pays de l’océan du nord, Peprolov a en partie compensé la redistribution planifiée par l'Etat de la richesse nationale prodnovienne par des importations sur le marché extérieur.
Pour financer la croissance, le gouvernement de Peprolov a recouru à plusieurs emprunts à des banques pharoises qui ont permis en peu de temps et grâce à l’arrivée de populations immigrantes et de travailleurs albiens une transformation rapide du paysage local. Moins tant que des bénéfices, ce sont les dépenses publiques qui font gonfler le PIB avec des investissements dans l’hôpital public, le réseau de route et plusieurs prêts bancaires aux particuliers. Coupée de la capitale, la région de Peprolov a fait face à une forte demande de biens et services et le haut taux de chômage couplé aux crédits à l’investissement a favorisé l’ouverture de nombreux commerces et entreprises de proximité. L’importation des produits et matières premières, elle, s’est financée grâce aux concessions du nouveau gouvernement aux entreprises étrangères albiennes qui ont racheté plusieurs pans stratégiques de l’économie contre un afflux de liquidités. La richesse des Pharois et leur recherche continue de nouveaux marchés a attiré les investisseurs étrangers à Peprolov et favorisé, après environ un an de stagnation, une forte reprise de l’activité économique.

Du côté de Galkovine, l’essentiel des investissements lutharoviens ont contribué à stabiliser une économie qui n’avait pas vocation à se développer plus que nécessaire. La doctrine communiste orthodoxe prévoie de ne pas chercher une croissance superflus et de favoriser la production vers la défense et les besoins fondamentaux de la population, sans besoin de dégager une excédent budgétaire. Ce modèle hérité de l'ancien Prodnov se retrouve également chez son voisin, la Lutharovie, qui a permis la continuité des politiques économiques et donc limité les coûts engendrés par la restructuration du tissu industriel local suite à la rupture avec Staïglad. Pays isolationniste et discret de l’océan du nord, la République Socialiste Fédérative de Lutharovie se démarque des autres nations socialistes par son refus du productivisme, pourtant cher aux économies planificatrices. Forte de plus de cent millions d’habitants et protégée par la présence pharoise qui s’est imposée comme son unique partenaire commercial, la Lutharovie cherche d’avantage la stabilité que le progrès. En résulte un PIB qui stagne depuis plus d’une décennie. Cette doctrine économique a eu des conséquences intuitives sur la région de Galkovine : grâce à la puissance de l’administration locale et sa main-mise quasi-totale sur l’économie de l’oblast, cette dernière a pu reconfigurer rapidement le tissu économique local en réattribuant les emplois dans les secteurs en déficit et en important depuis la Lutharovie les ressources manquantes, le temps de parvenir à l’autonomie. La Lutharovie n’ayant pas eu recourt aux prêts, elle s’est contentée d’augmenter provisoirement sa production intérieure pour permettre l’export dont Galkovine a bénéficié. En d’autres termes, l’oblast de Galkovine s’est rapidement et assez harmonieusement intégré à la structure fédérale lutharovienne et a bénéficié, comme n’importe quelle autre région, de sa politique planificatrice et redistributrice.
Ainsi, la stagnation de Galkovine s’explique moins par l’échec du modèle planificateur que par son absence de volonté de croître. Pour preuve, dès la réunification avec l’oblast de Peprolov, la région a vu son PIB se remettre à augmenter, certes plus doucement, mais de manière relativement constante.


Les limites de la comparaison.

On l’a dit, Peprolov, contrairement à Galkovine, bénéficie d’un port de commerce conséquent, le seul port d’envergure du Prodnov. Si Galkovine bénéficie également d’un accès à la mer grâce à la ville côtière de Karabanovo, celle-ci n’est en rien comparable à Peprolov-port, pensé dès sa construction comme un port industriel relié à la ville de Peprolov par le canal de sever. L'interdépendance de la région avec l'international a donc été pensée loin en amont, son économie locale et ses infrastructures sont depuis longtemps adaptées au commerce de marchandises. En comparaison l’oblast de Galkovine est quant à lui resté assez isolé, même après la fusion avec la République Sociale. Par ailleurs, les mandats ne sont pas les mêmes. Très vite le Pharois a massivement investi dans la région de Peprolov afin de faire concurrence à la RLP voisine qui cherchait à attirer les investissements étrangers, au contraire de Galkovine qui n’a reçu qu’un soutient très limité de la Lutharovie dont le modèle isolationniste n’encourageait pas aux investissements tournés vers l’internationale. Il est difficile de savoir si les succès du libre marché sont imputable au système économique en lui-même ou ont simplement été boostés par les investissements pharois, intéressés par les monopoles accordés par la jeune RSP.

Du côté de Galkovine, la rupture avec la capitale Staïglad a laissé la région décapitée et coupée de son administration centrale ce qui l’a plongé immédiatement dans la récession le temps que la bureaucratie locale se réorganise. Le découpage du Prodnov, dont la structure industrielle avait été pensée pour permettre la synergie entre les régions, a laissé l’oblast de Galkovine isolée et sans les ressources nécessaires à son fonctionnement qu’elle importait du reste du pays. Si la situation est comparable à Peprolov, cette dernière a pu bénéficier de fonds importants venus des riches régions albiennes qui ont permis l’achat à court termes des matières premières nécessaires à la stabilisation de son économie. Du côté de Galkovine, la planification et la main mise de l’administration sur l’économie ont permis de limiter les dégâts en restructurant rapidement le tissu industriel local, mais plusieurs années ont toutefois été nécessaires pour former et réorienter en urgence la production afin de palier la perte de l’arrière-pays prodnovien. Du côté de Peprolov, il a fallu composer avec une population peu habituée à la propriété publique. La privatisation de certains biens et services a porté un gros coup à l’économie qui s’est restructurée en urgence mais a, pendant quelques mois, vivoté grâce à l’aide humanitaire pharoise.

Ainsi, si sur le papier ces deux régions ont bien des points communs, leur stratégie respective n’est pas du tout la même. Si le Pharois a massivement – et à court termes à pertes – investi à Peprolov, il l’a fait dans le but de concurrencer la RLP sa voisine. Galkovine ne s’est pas embarrassée de cette comparaison, se contentant d’accueillir les forces militaires lutharoviennes pour défendre le territoire sans chercher à faire la démonstration de la supériorité de son modèle. La Lutharovie s’illustre à cet égard comme l’un des rares pays, à l’image des pays de l’UMT ou du Saint-Empire Karpok, à ne pas chercher à distancer les autres nations du monde en se retirant volontairement de la compétition par des mesures ultra-protectionnistes.

Les conclusions quelque peu hâtives des économistes quant à la supériorité du modèle libéral sont donc à nuancer. La différence de succès des deux oblasts est avant tout imputable à une différence de doctrine et d'intention, plus qu'à l'efficacité des modèles en eux-mêmes. Autrement dit, il est faux de présenter les deux oblasts en compétition l'un avec l'autre, Galkovine a tout simplement refusé la course tandis que Peprolov était dopée aux investissements pharois, prêt à investir à pertes pour concurrencer la RLP partie avec de l'avance.

Par ailleurs, il est malhonnête de présenter les deux oblasts comme une opposition libéralisation/étatisme. La situation est plus complexe que cela et Peprolov se caractérise surtout par une économie mixe, demeurée 100% étatique dans certains secteurs et avec un modèle social redistributif fort. Si la libéralisation de son économie a incontestablement conduit à une croissance exceptionnelle, cette libéralisation a surtout été possible grâce à des investissements massifs de la part de l’Etat et un endettement record. Bien loin de la main invisible du marché, donc, et beaucoup plus proche d’une politique d’Etat providence keynésienne.
La véritable comparaison, si elle devait se faire, serait entre la RSP et la RLP. Comparaison cette fois-ci moins flatteuse en faveur du libéralisme économique puisque la RLP, caractérisée par la liquidation express de son secteur public en faveur des investisseurs étrangers, n’a pas su tenir la distance face à sa voisine. Un constat étrangement gardé sous silence dans la presse libérale.
0
https://www.zupimages.net/up/22/49/n6q0.gif

L'âme du Prodnov | 12/02/2012
Rejet de la langue russe en Translavya : notre édito sur l’impasse de la table rase

https://www.zupimages.net/up/23/48/rzj5.jpg

Les chiffres publiés par le ministère d'instruction publique de Translavya révèlent une division par cinq du nombre de locuteurs russophones en seconde langue au profit de l’espéranto, une langue artificielle construite sur les bases de plusieurs langues ouest-eurysiennes. Bien que de poids négligeable jusque dans les années 80 car non-naturelle, la pratique de l’espéranto se popularise dans quelques pays niches, quasi exclusivement eurysiens, qui participent activement à sa diffusion et sa promotion grâce à des politiques linguistiques. Relativement populaire au sein de l’intelligentsia bourgeoise, l’espéranto fait l’objet d’un premier pic d’intérêt à la fin du XIXème siècle avant d’être progressivement abandonnée en raison de la recrudescence des guerres et des nationalismes. Elle réapparaît ensuite seulement dans la seconde moitié du XXème siècle, portée par les mouvements pacifistes internationaux et paneurysiens.

Une langue commune pour une classe commune, sur le papier le projet a bien des atouts pour plaire mais ce fantasme de la table rase et de l’union culturelle et langagière des peuples ne serait-il pas l’énième avatar d’un universalisme bourgeois mal digéré ?

En favorisant d’avantage la langue espérantie contre le russe, la Translavya envoie le message très clair qu’elle désire se détourner des communismes slaves au profit d’une vision plus internationale. Un projet salutaire s’il ne se perdait malheureusement pas dans les limbes de l’idéalisme car, comme le relevait assez justement le ministère de la Culture et des médias dans l’un de ses derniers rapports, en prétendant s’affranchir des conditions de vie matérielles héritées de sa sphère culturelle, l’internationalisme prête le flanc au backlash nationaliste. Combien de fédération et confédérations soviétiques se sont-elles écroulées sous les coups de boutoir des identitaires régionaux ? Faut-il rappeler que le Vogimska opéra sa contre-révolution réactionnaire au nom de sa culture éternelle ? En s’engageant sur la voie d’une rupture avec son identité continentale c’est-à-dire le bloc turco-slave de l’est-eurysien, nous n’avons pas peur de dire que la Translavya commet une erreur stratégique et politique.

Stratégique d’une part car en se privant de l’affect national et identitaire, la Translavya nourrit en son sein la rancœur qui mènera demain à sa destruction. Unies par un destin politique de circonstance, les républiques socialistes de Translavya ne pourront survivre aux épreuves de l’histoire sur la base d’un simple contrat politique. Autrement dit, si leur seul dénominateur commun se résume à l’adhésion de la population à un projet politique, qu’en sera-t-il dès lors que cette adhésion diminuera ? On ne fait pas société de philosophie et d’esprit pur, il faut des affects et des récits pour unir le peuple or l’un des plus puissants à notre disposition demeure l’affect national parce qu’il est simple à comprendre et entretenu par nos ennemis. Retournons cette arme contre lui : promouvons la véritable inter-nationale !

Politique ensuite car l’est-eurysien n’est pas une région comme les autres. Second berceau du communisme mondial après le Grand Kah, jamais une terre n’a accueilli autant d’expériences révolutionnaires socialistes. Encore aujourd’hui nous en mesurons tout le poids, au Prodnov malgré les tentatives d’invasion et de renversement, la population reste encore majoritairement acquise au projet socialiste et dans notre guerre de libération c’est rien de moins qu’un quart de l’armée de la RLP, pourtant financée et formée par l’ennemi, qui tourna le dos au gouvernement capitaliste de Magdalena Sireskaya aux cris de « vive le communisme, vive la fraternité des hommes ». Ce soulèvement populaire ne fut toutefois possible que parce qu’il s’agissait d’une guerre de libération nationale et de fait, l’affect identitaire, le signifiant « Prodnov » a pu être investi par le projet socialiste. Si nous nous en étions privé, nous aurions été défaits.

L’est-eurysien forme en lui-même un ensemble cohérent culturellement, traversé comme n’importe quelle région de ses tensions et de ses enjeux, mais il a en lui le potentiel d’une véritable union des républiques socialistes. Quelle serait la cohérence de nos liens à l’autre bout du monde sinon l’idée satisfaisante d’avoir planté nos drapeaux comme autant de pics à fromage sur tous les continents ? Le socialisme réel adviendra par le commerce, la croissance et la défense militaire contre les assauts de la Réaction, il ne sera pas tissé d’amitiés sympathiques mais intraduisibles dans la réalité quotidienne de nos concitoyens. Halte à l’idéalisme, la guerre de libération du genre humain ne se gagnera pas en fragmentant nos forces mais au contraire en travaillant dès maintenant à rapprocher nos peuples grâce, entre autres, à la langue russe, puissant vecteur de partage et de fraternité. Ne nous y trompons pas, nos ennemis tissent leurs routes commerciales comme autant de toiles d’araignées sur le monde, à cette heure nous ne pouvons prétendre faire jeu égal avec eux, mais nous avons pour nous la cohérence continentale et culturelle : elle doit être notre force.

En faisant le choix de l’espéranto, la Translavya tombe dans le piège de l’universalisme abstrait et bourgeois. « Une langue pour tous » chantent la bouche en cœur les partisans de ce langage artificiel. C’est non seulement ignorer les règles de la langue qui change, bouge et s’adapte en permanence. Sitôt universel, l’espéranto cessera de l’être en quelques années, ici et là se formeront de nouveaux dialectes, créoles et pidgins. Le locuteur esperantie du Prodnov ne pourra pas plus converser fluidement avec son homologue de Comunaterra, au même titre que le francophone Loduarien ne comprend rien au français abâtardis de Saint-Marquise. Outre un gaspillage de temps et de ressource, l’espéranto est une illusion qui, in fine, ne s’adresse qu’aux élites bourgeoises tentées par la communauté mondiale qui n’a de mondiale que leur classe. Parlerons ensemble les intelligentsia locales sur fond de mépris de la langue réelle, celle de l’ouvrier, du travailleur. L’espéranto, au mieux, sera le marqueur de différenciation des bureaucratie dégénérées, au pire un terrible outil d’exclusion et de violence symbolique.

La voie n’est pas celle de la table rase, les cultures doivent au contraire être nourries et choyées pour faire ressortir la superbe diversité du genre humain. Nous sommes riches de nos différences et penser qu’il nous faut une langue synthétique pour nous comprendre, c’est accorder grand mépris à la raison et à l’empathie, les deux seuls outils dont l’homme dispose pour comprendre ses frères en humanité.
0
https://www.zupimages.net/up/22/42/ok8y.png
Les Nouvelles Peprovites | 25/03/2012
Protestations à Galgarde suite à la peine « extrêmement lourde » prononcée contre Nikolaï Rakonovitch

https://www.zupimages.net/up/23/12/3z3i.jpg
Image du rassemblement devant le Consulat du Kölisburg

« Atteinte à la démocratie : un joli gadget juridique qui permet à la justice du Kölisburg de mettre en prison n’importe qui sur des motifs indéfinissables. » C’est ainsi qu’a décrit l’avocate prodnovienne Varvara Rozanova, résidente au Pharois et présidente de l’association Défense & Justice chargée d’accompagner les expatriés et exilés du Prodnov dans leurs démarches juridiques et administratives à l’étranger.

« Nous connaissions Nikolaï, on avait suivi son dossier il y a deux ans quand il s'est installé au Kölisburg avec sa famille » déclare-t-elle au téléphone, « c'est un jeune homme dynamique, qui n’a pas sa langue dans sa poche. Ce qu’on lui reproche au Kölisburg c’est de ne pas être l’archétype de l’immigré parfait, ils veulent des gens travailleurs et qui se taisent, quand vous êtes un étranger on considère que vous n’êtes pas légitime à avoir une opinion politique. La démocratie devient un prétexte pour maintenir l’ordre social, ceux qui sont trop critiques sont immédiatement accusés de séparatisme. »

Lors de son procès, les charges d’accusation retenues contre Nikolaï Rakonovitch sont l’apologie du terrorisme, de crimes contre l’humanité, injures à caractère raciale et le litigieux délit d’atteinte à la démocratie, délit bien souvent laissé à la libre interprétation du juge. Le problème que pose cette accusation, c'est qu'elle est assez vague et mal définie. La limite entre atteinte et critique est fine, surtout dès lors que l'on touche à des formes de performance artistico-politique, des happening ou de l'agit-prop où les phrases sont pensées pour choquer les conscience et faire bouger les lignes.

« Que Nikolaï ne soit pas un ange, personne n’en doute, c’est un jeune homme qui a fuit son pays, qui a vu une partie de ses proches assassinés à Staïglad lors du putsch de l’ONC et la liquidation de l’intelligentsia socialiste. Tout le monde n’a pas eu la chance de pouvoir s’enfuir comme lui à l’époque. Aujourd’hui on veut le remettre en prison, huit années, et pourquoi ? Des propos maladroits ? Ce n’est pas de la justice, c’est de l’intimidation. Nikolaï défendait l’idée d’une société plus égalitaire et plus juste, il le faisait avec ses mots, c’est vrai, mais on n’envoie pas quelqu’un en prison pour des idées. » poursuit Varvara Rozanova.

Le collectif Défense & Justice a appelé à une marche de protestation devant l’ambassade de Saint-Marquise où de nombreux réfugiés Prodnoviens ont trouvé refuge suite à la guerre civile de 2009. Au Kölisburg, un petit rassemblement a également eu lieu devant le consulat pour dénoncer « une justice politique ». Interrogée, Varvara Rozanova envisage de faire appel au gouvernement de la République Sociale du Prodnov pour alerter sur le cas de Nikolaï : « Nikolaï n’a commis comme seul délit que de prononcer des mots et d’afficher ses convictions, il ne devrait pas faire de la prison pour ça, nous devons demander sinon sa relaxe, au moins son rapatriement. »

Au Prodnov, le socialisme est depuis longtemps teinté d’ethno-nationalisme slave. Plusieurs partis présents à la Sborka, de gauche et de droite, se revendiquent d’une conception ethnique du projet politique régional. La théorie du socialisme révolutionnaire pan-slave encourage en effet à la création d’une confédération de l’Eurysie de l’Est des pays communistes. Le grand nombre de pays à avoir en effet connu des révolutions socialistes dans la région a encouragé les penseurs à théoriser que les slaves posséderaient des traits culturels propices à l’émergence et la victoire des courants de gauche révolutionnaire. En cela, la position de Nikolaï Rakonovitch n’a rien d’étrange, bien qu’elle se positionne dans les courants les plus radicaux de la pensée socialiste révolutionnaire pan-slave.

Le gouvernement Malyshev, dominé par le PRCP, ne se revendique pas de cette obédience. Toutefois il a multiplié ces derniers temps les appels du pieds envers elle alors que la première moitié de son mandat touche à sa fin. La rhétorique ethno-nationale a notamment été largement mobilisée dans le cadre de la guerre de réunification, rappelant le droit du Prodnov à jouir d’un territoire indivisible. Quant au projet de dictature socialiste, bien que la République Sociale soit un pays à régime démocratique parlementaire, des études menées lors des dernières élections montraient clairement l’appétence des Prodnoviens pour un pouvoir fort et autoritaire en mesure de rétablir l’unité nationale. Il n’est dès lors guère étonnant que Nikolaï Rakonovitch ait repris cette rhétorique, commune au Prodnov, mais qui a assurément choqué la société Kölisienne.

« Si le Kölisburg met en prison tous ceux qui ont envie de brûler le drapeau de l’Alguarena, il va falloir placer 90% de la population mondiale derrière les barreaux ! » ironise un manifestant présent au rassemblement en soutient à Nikolaï. « Ce pays a envahit le mien, tué des civils innocents, débarqué des troupes sur le sol du Prodnov pour le gorger de sang… et on condamne Nikolaï pour avoir protesté contre ça ? La démocratie c’est soutenir l’impérialisme et le néo-colonialisme ? C’est honteux de la part des juges ! Huit ans, vous imaginez ? Huit ans en prison pour avoir dénoncé des crimes avérés ? On marche sur la tête… »

Pour le moment on ne sait pas si Nikolaï Rakonovitch compte faire appel de son jugement. Beaucoup l’y encouragent mais d’autres craignent qu’une peine plus lourde soit prononcée ou confirmée. Varvara Rozanova nous fait part de l’incertitude qui entoure la situation : « A ce stade, c’est de la stratégie. Si le gouvernement de la République Sociale du Prodnov veut intervenir pour demander son exfiltration il vaut mieux qu’il n’y ait pas de nouveau procès, sinon cela va tout retarder et ça peut prendre des mois voire des années. Si Alexei Malyshev décide de ne pas réagir, en revanche, mieux vaut faire appel. »
7191
https://www.zupimages.net/up/22/42/ok8y.png
Les Nouvelles Peprovites | 02/04/2010
Malgré les premiers résultats militaires sur le terrain, le GMDO se réunit pour un bilan critique

https://www.zupimages.net/up/23/12/3z3i.jpg
A la remorque des troupes motorisées, l'infanterie progresse à pieds pour prendre possession du terrain conquis, sans toutefois avoir pris part aux combats

Tandis que l’état-major prodnovien se garde de tout commentaire, si ce n'est pour annoncer des victoires toutes plus héroïques les unes que les autres, la branche élue du Groupement Armé de Défense et d’Offense (GMDO) composée de seize députés s’est empressé de rendre publiques plusieurs notes de l’armée pour les soumettre au débat à la Sborka. Grâce à ses liens avec les hauts-gradés (le GMDO désignant également l’assemblée des généraux héritée de l’ancien Prodnov), les députés ont pu présenter quelques jours seulement après la reprise des hostilités une liste de doléances devant la Sborka visant en urgence à « donner les moyens à nos forces militaires » de faire correctement leur travail.

Dans le viseur du GMDO, la faible motorisation des troupes est particulièrement critiquée. « Des colonnes de soldats progressant à pied dans nos campagnes pour rejoindre le front, autant de forces indisponibles pour soutenir notre glorieuse offensive et qui viendront à manquer si l’ennemi devait tenter de riposter ». Force est en effet de constater que l’armée prodnovienne ne peut, en comptant large, qu’embarquer à peine un soldat sur dix dans un véhicule. Si les forces de l’Armée Révolutionnaire Internationale des Stations libres (ARIS) a prêté une partie de son matériel à l’état-major, il est indiscutable que le manque de véhicules a fortement ralenti la progression des troupes, ralentissement qui aurait autorisé, selon le rapport du GMDO, la retraite stratégique des forces de l’ONC vers le sud du pays.

« L’affaire aurait pu être pliée en trois jours, mais en laissant s’échapper le gros des forces de l’ennemi nous nous sommes privés d’une victoire éclaire. Ceux qui ont délaissé le budget militaire au profit de dépenses subalternes devront assumer les responsabilités des sièges à venir qui s’annoncent longs et difficiles » explique à la tribune le lieutenant-caporal Gaspar Zakharov, élu du GMDO.

Les budgets militaires de la République Sociale sont ceci dit parmi les plus élevés du monde avec quelques 11% du PIB consacrés au seul ministère des Armées et de la Défense. « Pas assez » selon Zakharov qui a brandit devant la Sborka une photographie montrant une colonne de soldats avancer sur une route désolée. « Une cible facile pour le moindre appareil ennemi ! » peste-t-il à la tribune. Argument relativisé par ses alliés du Parti Républicain Communiste (PRCP) : « Nous avions conscience des faiblesses de notre armée et avons adapté notre stratégie en conséquence. La bataille des airs et des mers est gagnée, le territoire est virtuellement en notre possession, les forces de l’ennemi sont clouées au sol et souffrent des mêmes problèmes que les nôtres » explique Konstantin Muratov, député de la majorité.

Il est vrai que les premières observations des combats trahissent également la faible motorisation des forces de la RLP et, plus surprenant, de l’ONC. Un pari qu’a choisi de faire l’état-major, conscient que si les troupes en face avaient été d’avantage mobile, les forces de la RSP auraient pu être fractionnées et mises en déroute. Pour palier ce risque, les forces de l’ARIS pouvaient compter sur une centaine de véhicules de combats d’infanterie mobiles, vulnérables face aux lance-missiles antichars mais capables de flanquer les troupes au sol pour prémunir d’un potentiel contournement. Autre avantage qu’a su exploiter l’armée rouge : la présence d’une soixantaine d’hélicoptères de combats assurant a protection de l’infanterie directement au niveau du sol. Deux atouts qui justifiaient, pour l’état-major et le PRCP, de laisser progresser une partie des soldats à pied, quitte à prendre le risque de la lenteur et de l’épuisement.

« La population locale nous est favorable » a argué Konstantin Muratov « nos bataillons sont accueillis comme des libérateurs dans les villages et les campagnes où les habitants nous apportent leur soutien. » Des propos invérifiables en l’état, et dénoncés comme étant de la « pure propagande » par le Prodnov Uni (PU!), principale force d’opposition à la Sborka. « Les habitants accueillent l’armée rouge par défaut : la plupart ont fuit les combats avant même notre arrivée, nous logeons dans des maisons vides quand elle n’ont pas été détruites ». Les critiques sont toutefois difficiles pour l’opposition libérale qui, si elle dénonce la reprise des hostilités, se voient mise devant le fait accompli des premières victoires, et accusée de faire barrage à la réunification du Prodnov, voire de complicité avec l’ennemi.

A la Sborka, le débat semble depuis quelques jours se résumer à une conversation technique entre les deux principaux partis de la coalition gouvernementale, le GMDO et le PRCP. « L’armée du Prodnov devra, dans les prochaines années, tirer le bilan des combats et ambitionner, outre sa force de frappe aérienne, nous devons ambitionner 100% de motorisation d’ici 2020 » annonce Gaspar Zakharov. Un objectif objectivement inatteignable sans avoir recours à l’achat de matériel étranger ce qui creuserait l’endettement du pays envers son voisin Pharois, pour le moment principal fournisseur militaire du Prodnov, avec le Reynaume Aumérinois.

« La situation est un peu lunaire, il y a le gouvernement et l’état-major qui sont littéralement au front face à l’ONC et la Sborka continue de se disputer les boutons et les bouts de ficelle pour savoir quelle sera la part du budget militaire l’année prochaine… » commente Tomas Yefimov, député du Parti Communiste Réformiste (PCR). Une consternation que partagent la plupart des élus, en vérité, pris de courts par la déclaration de guerre tenue secrète jusqu’au dernier moment. Alors que chaque formation politique tergiverse sur la meilleure stratégie parlementaire à adopter, tout en se voyant contraint par l’agendas médiatique de soutenir à demi-mot la reprise des hostilités, à droite le Mouvement pour une Confédération Pan-slave (MCP) a lui choisi de se joindre aux débats avec enthousiasme : « C’est un formidable élan qui traverse le Prodnov, bien que nous soyons radicalement opposés à ses chiens de communiste, la réunification politique du pays est un prérequis nécessaire au projet d’unité régionale. Fort de sa victoire et d’une armée mobilisée, le Prodnov doit dès à présent anticiper la suite et pousser pour une unification politique des pays russophones. Les pan-slavistes soutiennent inconditionnellement un rapprochement avec le Tsardom de Tsamara et la Fédération de Lutharovie qui sont le prolongement naturel de notre peuple » explique Karl Rykov, porte-parole du MCP.

Désormais minoritaire, seul le Parti Libéral Peprovite a voté contre toutes les augmentations de budget de l’armée et exprimé en conférence de presse son refus de la guerre et un appel unitaire au cessez-le-feu. Une position solitaire et difficilement audible dans un pays pour l’heure tétanisé par la reprise des combats et soumis à la loi martiale. Le PLP compte en vérité sur sa dernière alliée : l’opinion publique. Si plus de trois Prodnoviens sur quatre désiraient une réunification du pays, ils n’étaient en 2009 que 20% à la désirer par les armes. Une population épuisée par les combats et désireuse de paix et de stabilité politique, alors qu’un cessez-le-feu venait à peine d’être imposé par les accords de Nevskigorod. Toutefois, cette opinion publique pourrait rapidement basculer et si aucun sondage n’est encore disponible, les premières victoires de la RSP pourraient renforcer le soutien à la guerre. « Puisqu’on l’a commencée, autant la finir, et la gagner » semble être en quelques jours devenu un slogan assez populaire, porté dans les médias et encouragé par le gouvernement qui assure – bien qu’on puisse douter des chiffres fournis par l’état-major – que « l’armée de la RSP a pour consignes strictes de ne s’en prendre qu’aux forces de l’ONC » et que « aucune balle prodnovienne ne blessera un Prodnovien ».
5852
https://www.zupimages.net/up/22/42/ok8y.png
Les Nouvelles Peprovites | 02/04/2010
L’opposition ironise sur « les balles à tête chercheuse » d’Alexei Malyshev

https://www.zupimages.net/up/23/12/3z3i.jpg
Gravril Kanalin, prote-parole du PU!, cherche à rester critique des décisions du gouvernement sans pour autant prendre ses distances avec ses potentielles victoires militaires

C’est une ironie qui cherche comme elle peut à dissimuler le malaise qui saisit l’opposition. Mise devant le fait accompli de la reprise de la guerre, guerre sur laquelle elle n’a pas eu son mot à dire, les opposants à la coalition rouge sont mis dans l’embarras par les premières victoires militaires sur le terrain. Si rien n’est encore gagné, tous savent que la guerre fera office de test pour les communistes au pouvoir : une défaite sonnerait la fin du gouvernement, voire du régime, mais une victoire offrirait à Alexei Malyshev et ses députés l’aura nécessaire pour imposer une réforme constitutionnelle par referendum en plus d’une victoire prévisible aux prochaines élections.

Le problème, c’est qu’il est difficile pour les partis d’opposition de prendre officiellement position contre la guerre alors que celle-ci débute plutôt bien. Le risque d’une sanction populaire et politique est plus que réel au Prodnov, dont la faible culture démocratique ne protège que très superficiellement les contre-pouvoirs, en particulier en période de crise. D’ores et déjà, le gouvernement fait planer la menace d’être accusé de mettre en danger les militaires, voire d’intelligence avec l’ennemi. En contexte de guerre ouverte, de telles attaques pourraient ouvrir la voie à des sanctions juridiques pouvant aller jusqu’à la dissolution des partis en question et la mise en détention de certains de leurs cadres.

Difficile par ailleurs de compter sur un soutien populaire, la société civile naissante se trouve comme paralysée depuis deux jours face à la guerre. Personne ne veut prendre le risque de se retrouver dans le mauvais camp en cas de victoire des forces communistes, sans compter qu’une partie conséquente des Prodnoviens voient plutôt d’un bon œil la réunification nationale, une promesse de campagne du PRCP. La crainte de la répression est également forte. Habitué à la tradition dictatoriale, le Prodnov n’est un État de droit que depuis quatre ans et les souvenirs de la répression policière qu’était capable de déployer l’ancien gouvernement sont encore vifs.

Dès lors, comment prendre ses distances vis-à-vis de la majorité ? Le Parti Communiste Réformiste et le Parti Socialiste du Prodnov ont tous deux fait le choix de l’union sacrée derrière la majorité gouvernementale. Même chose pour le parti du XXIème siècle, accusé d’être une création artificielle au service des intérêts Pharois, et qui s’est rangé du côté des soutiens à la guerre dès l’annonce de la reprise des hostilités. Plus inattendu, le soutien du Mouvement pour une Confédération Pan-slave, classé à l’extrême droite, a également décidé de soutenir le gouvernement Malyshev au nom d’un projet de réunification régionale.

Du côté de la droite, c’est le Parti Libéral Peprovite qui a le plus donné de la voix. Ouvertement pro-ONC, en faveur du libre marché et soutien du modèle économique prôné par la RLP, le PLP s’est immédiatement placé en porte-à-faux vis-à-vis de la décision du gouvernement de reprendre les hostilités. Il dénonce le non-respect des accords de Nevskigorod et une décision unilatérale de l’exécutif qui piétinerait les fonctions de la Sborka. Moins que politique, sa critique est principalement juridique et demande une intervention des juges chargés de faire respecter la Constitution. Une stratégie qui a peu de chance de fonctionner étant donné les zones d’ombres évidentes de la constitution prodnovienne, mais qui offre des éléments de langage aux élus du PLP dans les médias.

Plus ambiguës, la position du Prodnov Uni ! concentre d’avantage sa critique sur le fait de moquer la communication gouvernementale. Le PU! s’est en effet toujours revendiqué en faveur d’une réunification nationale, mais pas par les armes. Mis face au mur par la reprise de la guerre, il a choisi de dénoncer les victimes prodnoviennes dans chacun des deux camps, dont il impute la responsabilité à Alexei Malyshev et Lars Krayevsky, le ministre des Armées et de la Défense. « Déjà plusieurs milliers de morts pour servir l’agendas politique des communistes » peste Gravril Kanalin, le porte-parole du PU! et candidat malheureux arrivé deuxième aux élections législatives.

« Alexei Malyshev et ses suppôts nous rabattent les oreilles avec sa communication absurde ‘pas une balle pour les Prodnoviens’ ? Je demande à les voir, ces fameuses balles à tête chercheuse qui ne ciblent que les soldats de l’ONC. Elles doivent être très intelligentes pour reconnaître la nationalité de l’ennemi sous sa chapka. » ironise Kanalin sur le perron de la Sborka. « C’est du sang slave qui vient ce soir irriguer les sillons de nos champs, du sang slave inutilement versé. » Une rhétorique qui trouve son succès chez les pacifistes et nationalistes opposés au gouvernement, dénonçant une décision précipitée qui n’aurait pas donné sa chance à la négociation diplomatique.

Mais les éléments de communication du PU ! manquent parfois encore un peu de cohésion, en témoigne cette déclaration du député Krasimir Bobkov : « Le culte de la force c’est ce qui a sonné la perte de Lavrov Slava et Viktor Kuklin, Alexei Malyshev est leur héritier, il nous envoie de nouveau vers la guerre et la mort. » Une déclaration immédiatement recadrée par Gavril Kanalin : « Le Prodnov réuni est une chose précieuse, nous condamnons toutefois la méthode qui aura entraîné nombre de nos compatriotes vers un trépas injustifiable. Aucune guerre n’est propre et l’opportunité nous était donnée de l’éviter, chaque mort de Prodnovien est un cadavre pour lequel Alexei Malyshev devra rendre compte. »

La communication du gouvernement, elle, se limite au seul canal de son porte-parole, situation de guerre oblige, aucun ministre ni député ne s’autorise à dévier de la parole du ministère des Armées. « En l’état, nous pouvons dire que les armées de l’ONC sont en fuite, décimées par nos troupes. L’armée de la RLP s’est massivement retournée de notre côté, venant renforcer nos forces et amputer celles de l’ennemi de presque la moitié de leurs effectifs initiaux. A l’heure actuelle et en l’état de nos connaissances, aucun mort Prodnovien n’est imputable à un soldat de la RSP. Des instructions strictes ont été formulées en ce sens et nos soldats sont parfaitement entraînés et disciplinés. Nous nous battons pour tous les Prodnoviens et aucun Prodnovien n’a à craindre de nos hommes. »
8066
https://www.zupimages.net/up/22/42/ok8y.png
Les Nouvelles Peprovites | 05/04/2010
Malgré la domination aérienne, la menace de renforts de l’ONC pourrait précipiter le siège de Markhiv

https://www.zupimages.net/up/23/12/3z3i.jpg
Faiblement motorisées, les troupes de la RSP ne peuvent être sur tous les fronts à la fois.

On imagine assez aisément les tergiversations de l’état-major pronovien, confronté à des signaux contradictoires de la part de son adversaire. L’ONC s’enfuit, l’ONC défend, les forces de la RLP désertent, tout en résistant… Les bruits de couloirs qui remontent du ministère des Armées évoquent très clairement le dilemme dans lequel se trouve pour l’heure les forces communistes. Incontestablement, la première offensive est une victoire militaire qui a forcé le retrait d’une partie des troupes de l’ONC vers le sud, jusqu’à quitter le territoire prodnovien. Ce n’est pas le cas de toutes, cependant, et plusieurs bataillons alguarenos et novigradiens sont restés sur place pour tenir les positions stratégiques. C’est le cas de la ville de Markhiv, l’une des plus grandes agglomérations du pays, qui retarde le plan d’encerclement de la capitale. « Un bouchon à l’est » comme l’a qualifié en off un officier, bouchon dont la résistance fait craindre la possibilité d'une contre-offensive.

Si les militaires se gardent de tout commentaire à la presse, les experts, eux, commentent quasi en direct la guerre. Pour Anatoli Medvedkov, spécialiste des guerres de haute intensité au XXIème siècle, la domination aérienne des forces du Prodnov protège le territoire de la RSP d’une potentielle contre-offensive à court termes. « En fermant le ciel et grâce à la proximité du Pharois avec le Prodnov, il sera difficile pour d’éventuels renforts étrangers de pénétrer le territoire. Le Prodnov n’est pas grand, à peu près 100 000 kilomètres carrés, avec les technologies contemporaines des transports lourds s’intercepteront rapidement. Le problème vient d’avantage d’éventuels renforts qui passeraient par la frontière à l’est, d’où la nécessité rapide de prendre Markhiv pour l’état-major. Quitte à laisser les assiégés de Staïglad s’installer. »

Mais Zinoviy Sergeyev, professeur à la Kukka-akatemia d’Albigärk, n’est pas d’accord. « Ce n’est pas le Liberalintern qui affronte l’ONC, c’est la République Sociale, épaulée par des forces communistes pharoises, cela change tout. Si l’ONC mettait toute sa puissance dans la balance, grâce à la proximité du Novigrad, l’aviation serait balayée. Ce qu’il faut à la République Sociale c’est clouer rapidement le combat en s’emparant de Staïglad. Aussi capable soit-elle, l’ONC ne pourra pas envahir un pays à partir de rien, mais tant qu’il lui restera des zones sous son contrôle au Prodnov, la République Sociale sera toujours soumise au risque d’une nouvelle invasion. »

Alors que la progression semble se faire de manière assez rapide à l’ouest du pays suite à la prise de la ville de Vimrast par l’armée rouge, le territoire entre Staïglad et Markhiv ressemble en partie à un goulot d’étranglement pour l’état-major de la RSP qui refuse pour l’heure de s’y engager franchement. « Si contre-offensive il devait y avoir, ça pourra se faire ici » explique Medvedkov « on estime a un ou deux milliers les troupes novigradiennes stationnées à Markhiv, si elles tentaient une sortie conjointe avec les troupes de Staïglad, elles pourraient prendre les forces de la RSP en étaux. Comme celles-ci sont divisées en deux avec une dizaine de milliers de leurs soldats dans l’ouest, les chances de victoires seraient équilibrées entre les deux camps. »

A la question de savoir pourquoi Markhiv résiste au contraire de Vimrast, les analystes sont partagés. « Il y a des facteurs qui tiennent assurément au commandement novigradien, Markhiv est deux fois plus proche de Staïglad que ne l’est Vimrast ce qui renforce leur liaison d’un point de vue stratégique, elles tiennent le passage de l’est. Ceci dit la proximité avec des pays d’obédience capitaliste doit certainement influer aussi les mentalités des populations locales qui sont plus libérales depuis longtemps. Vimrast est une ville frontière avec le Tsardom de Samara, je suis prêt à parier que cela a joué dans la balance, la ville sait que de trop grosses destructions fragiliseraient tout le pays, quel que soit le vainqueur. C’est sans doute pour ça que l’administration a rendu les clefs tout de suite. »

Si l’armée rouge bénéficie d’un avantage certain dans la campagne plate du Prodnov, les combats urbains diminuent grandement la puissance de ses véhicules blindés, des hélicoptères et bien sûr de l’aviation. « Les villes vont être au cœur de la guerre » explique Zinoviy Sergeyev « mais leur poids est à double-tranchant, elles sont à la fois très clairement une épine dans le pied de la RSP mais la menace qu’elles représentent les soumets également au risque que l’armée rouge décide d’éviter au maximum le combat urbain et donc de subir des sièges ou des bombardements d’artillerie. Certains pourront préférer rendre les armes rapidement pour éviter des destructions catastrophiques dans une guerre perdue par avance. Cela risque de dépendre pour beaucoup des habitants en définitive. En fonction de leur état d’esprit, le Prodnov peut être réunifié en deux semaines… ou en deux ans. »

Interrogés sur la potentialité d’une victoire de la RLP, Anatoli Medvedkov se montre peu optimiste. « Je ne dis pas que c’est impossible, mais la première vague de désertion et le retrait d’une partie des forces de l’ONC va clairement joueur comme un facteur de démoralisation pour ceux qui voudraient résister sur place. C’est comme si la partie avait été jouée par avance et on meurt rarement pour une cause perdue. Ceci dit la menace que fait peser sur certains le retour des communistes au pouvoir peut pousser à se battre jusqu’au bout, je pense que ce sera du cas par cas. Le moral est un facteur tout à fait crucial dans ce genre d’affrontements. Le problème qu'a la RLP c'est qu'elle ne peut compter que sur les promesses du libéralisme et la peur du communisme pour fédérer la population derrière elle. Mais la thérapie de choc est toujours douloureuse, au moins au début. Pour beaucoup de Prodnoviens, le passage au capitalisme ça a surtout été du désordre, en tout cas dans les campagnes. Ce n'est pas anodin que ceux qui aujourd'hui soutiennent la RLP soient principalement des urbains, plutôt aisés, en tout cas des gagnants de l'ouverture de la concurrence. Sinon, beaucoup d'hommes d'affaire étrangers, mais eux ne resteront pas combattre.»

Zinoviy Sergeyev acquiesce. « Soyons clairs, si l’ONC met toutes ses forces dans la bataille, le Pharois ne pourra tenir seul. Sa marine est puissante mais face à plusieurs pays développés coalisés, cela ne suffira pas. Quant aux forces sur le terrain, le pays est notoirement peu motorisé, ce sont surtout des fusiliers marins et des équipages « pirates » qui composent le gros de ses forces, pas des gens habitués à mener une campagne militaire à pied. C’est donc à la RSP de tenir le front, quasi seule, or c’est un pays assez peu développé avec du matériel en parti vieillissant. Il y a toutefois deux facteurs qui rendent ce scénario plus improbable : d’une part la fragmentation de l’ONC qui subit actuellement beaucoup de critiques en interne ce qui pourrait rendre frileux des gouvernements à s’engager dans une guerre lointaine, si leur mandat en dépend. Ensuite l’ONC est composée de plusieurs groupes dont certains sont assez neutres voire amicaux avec les Pharois. Je ne sais pas si tout le monde chez eux est prêt à une guerre ouverte, surtout si le Liberalintern devait s’en mêler. Enfin, le second facteur, c’est l’isolement géographique du Prodnov qui se trouve frontalier du Pharois et de ses alliés. Cela rend la logistique militaire infiniment plus complexe pour l’ONC si elle voulait s’engager sur place en force. L’Organisation a bien essayé de compenser en incluant le Vogimska mais, soyons honnête, c’est un coup de menton qui n’a pas donné grand-chose, je doute qu’avec les scandales qui secouent le gouvernement depuis des années ce-dernier soit seulement capable de mobiliser son armée. La guerre ce n’est pas qu’aligner des troupes, c’est également une économie, une logistique et il faut dire les choses, le Prodnov est une terre peu stratégique en termes de ressources et très éloignée du reste du monde. Autrement dit c'est un mouroir pour ceux qui s'y engagent. »

L’avenir de la guerre au Prodnov n’en reste pas moins incertain, encore à ce jour. De l’opinion des experts, l’état-major de la RSP tergiverse encore sur la suite à donner à sa première offensive. Ses forces ne sont pas illimitées et progressent lentement sur le terrain, rendant le timing crucial pour la suite des événements. On sait qu’une force conséquente s’étant emparée de Vimrat descendrait pour partie vers le sud tandis que le gros des forces de Nevskigorod encercle en ce moment même Staïglad par le nord. Reste à savoir si la RSP choisira de frapper rapidement à Markhiv pour tenter de faire tomber la ville et terminer l’encerclement de Staïglad, ou préférera assiéger également Markhiv, au risque de devoir attendre que le reste de l’armée rouge s’empare du sud et donc laisser à ses ennemis le temps de réorganiser leurs forces.
4436
https://www.zupimages.net/up/22/40/wmwg.jpg

La Parole | 29/05/2012
Alexei Malyshev accueille en personne Nikolaï Rakonovitch Lavrenti de retour au Prodnov

https://www.zupimages.net/up/23/51/yk95.jpg
Devant les caméras Nikolaï Rakonovitch assure que lui et sa famille ont fait bon voyage

Ce matin, Alexei Malyshev, notre glorieux premier ministre, a accueilli le fils prodigue de retour au pays : Nikolaï Rakonovitch ! Enfermé injustement par la justice bourgeoise du Kolisbürg, l’intervention salutaire de notre gouvernement aura permis sa libération et l’abandon de toutes les charges qui pesaient sur lui. Rakonovitch martyrisé, Rakonovitch calomnié, mais Rakonovitch libéré et innocenté de tous ses crimes, qui n’en sont que pour une société tyrannique, hostile à l’expression d’une parole dissidente et aux idées progressistes. Nous reconnaissons bien là les méthodes hypocrites de ces pseudo-démocraties, qui n’ont de démocratique que le texte, mais de bourgeois l’essence et les institutions. Elles affichent le sourire poli de la liberté, mais la limite de leur tolérance est celle du manche de la matraque.

Notre bien-aimé gouvernement a rapidement compris la nécessité symbolique de tirer des griffes des capitalistes preneurs d’otage notre concitoyen. En condamnant Nikolaï Rakonovitch à huit ans de prison, une peine scélérate et pensée pour abattre la terreur sur tous les dissidents du Kolisbürg, la Fédération Septentrionale s’inscrit dans le sanglant héritage des putschistes de Staïglad qui massacrèrent leurs propres compatriotes pour avoir eu le malheur d’être restés fidèles aux valeurs d’égalité, de fraternité humaine et de liberté des travailleurs. Nul Prodnovien n’aura plus jamais à subir l’oppression pour ses convictions. Nul n’aura plus jamais à se cacher d’être communiste. Voilà le message qu’envoie le camarade Malyshev a tous les Prodnovien. Voilà la plus haute de nos valeurs, qui conditionne toutes les autres : la liberté de conscience, inconditionnelle, pour tous les êtres humains !

https://www.zupimages.net/up/23/51/zh6t.jpg https://www.zupimages.net/up/23/51/hiei.jpg

Quelle est belle cette image, le camarade Malyshev serrant la main à Nikolaï Rakonovitch sur le perron du palais des communes. Et ces photographies complices où l’on voit notre charmant premier ministre servir un verre de champagne à son compatriote. Qu’ils semblent heureux, qu’il est bon d’être de retour chez soi. Voilà ce à quoi chaque être humain aspire et à quoi il a droit. Tout peuple mérite sa terre et l’en priver est une barbarie, c’est le message que portent nos fiers combattants dans la guerre de libération et d’unification du Prodnov, cette conviction impérieuse que nul jamais ne devra plus se dresser entre un peuple et sa terre, entre un peuple et son destin.

Nous n’avons pas peur de l’affirmer : le Prodnov uni a le devoir d’être une terre d’accueil pour tous les slaves opprimés. C’est cette conviction qu’a voulu porter Nikolaï Rakonovitch et c’est à cause d’elle qu’on a voulu le priver de liberté pendant une décennie. Imaginez la barbarie mentale de ces juges bourgeois pour accuser un jeune homme, brillant en tout point, de s’en prendre à la République quand il ne fit que lui rappeler ses devoirs ! Un jeune homme fier de sa culture, forcé de fuir son pays, persécuté par les libéraux, des libéraux qui se servent du moindre prétexte pour continuer leur traque même loin de Staïglad. Rakonovitch condamné pour avoir fait une danse slave, pour avoir exprimé son patriotisme et la fierté de sa nation. Voilà ce que ces bourgeois veulent nier : ils pensent le Prodnov comme un marché, dépourvu d’âme et d’histoire, tout ce qui les renvoie à notre culture leur est insupportable. En chacun d’eux sommeil un petit génocidaire.

On condamne Nikolaï Rakonovitch pour avoir également brûlé un drapeau de l’Alguareno… mais qu’on lui donne une médaille ! Tout homme qui brûle le drapeau de ce pays diabolique sera accueilli en héros au Prodnov, c’est la moindre des choses. Mais il n’en fallait pas plus pour faire hurler ces beaux esprits Kölisiens, qui confondent si aisément les choses et les êtres. Brûler un drapeau, c’est déjà trop, tout obsédés qu’ils sont par la marchandise ils en oublient que des hommes meurent et souffrent et que l’Alguarena est devenu le symbole, l’avatar de cette souffrance, pays bourreau et criminel de guerre. Un peu de contexte historique aurait certainement ouvert les yeux de ces juges scélérats, mais ç’aurait été aller contre leur idéologie de classe qui leur interdit toute pensée humaine, toute conscience et toute âme.

Mais assez de nous agacer des vices de nos contemporains. Le Prodnov est à rebâtir et s’élève, plus fort encore qu’avant, comme un nouvel achèvement du génie socialiste. Nous qui avons foi en l’humanité, en l’égalité, en la liberté, en la fraternité, nous ne prendrons plus ombrage des vicissitudes étrangères mais les combattrons, et arracherons de leurs griffes autant de socialistes que possible, qui échapperont ainsi à l’aliénation du travail et à la folie de l’individualisme bourgeois. Vive le Prodnov, et vive le camarade Malyshev !
0
https://www.zupimages.net/up/22/42/ok8y.png
Les Nouvelles Peprovites | 10/04/2010
Le couloir humanitaire pharois : entre nécessité et cynisme

https://www.zupimages.net/up/23/12/3z3i.jpg
Long d'environ 100km et reliant Staïglad à Nevskigorod, le couloir humanitaire pharois doit permettre d'évacuer un maximum de civils assiégés

Alors que la nasse autour de Staïglad est en train de se refermer, isolant la ville du reste du pays – et du monde – le Pharois poursuit son opération « d’aide aux populations civiles » engagée par le Capitaine Mainio et maintenue par les capitaines de la Merirosvo. Entre Staïglad et Nevskigorod, occupé pour l’heure par le Pharois qui s’en sert comme base de ravitaillement, un corridor humanitaire est en train d’être mis en place pour permettre aux civils de quitter la ville assiégée. L’objectif de ce couloir est de rassurer les populations qui, pour certaines, ne sont pas prêtes à faire confiance aux forces de l’armée rouge. L’appoint humanitaire pharois est donc, sur le papier, un compromis entre les deux belligérants du conflit.

Bien sûr, cette opération n’a rien d’innocente, autant pour la RLP que la RSP. Car en s’imposant comme (seul ?) protectrice des populations civiles, la Merirosvo se rachète une virginité dans un conflit où, peu l’ignorent, nombreux sont les bataillons pharois venus des stations libres en soutien à l’armée prodnovienne. C’est également un prétexte, s’il en fallait, pour débarquer des troupes en quantité sur le sol du Prodnov. Sur le papier strictement cantonnée à un rôle humanitaire et de protection des civils, le message n’en est pas moins clair : si d’aventure l’ONC ou l’un de ses alliés tentait une opération de riposte, l’armée pharoise se tiendrait immédiatement prête à agir directement au cœur des terres.

Pour la RLP cependant, le Pharois représente une porte de sortie et une façon de garder la face. Confier les civils à la Merirosvo, connue pour sa tradition d’accueil des réfugiés et de tolérance politique, éviterait de les jeter dans les bras de la RSP qui pourrait ainsi récupérer non seulement des informations précieuses mais également dérouler son narratif quant au fait que l’ONC et la RLP ont une fois de plus abandonné les Prodnoviens. Une propagande difficile à déployer si, in fine, ce sont les Pharois qui prennent en charge les populations réfugiées, laissant les mains libres à la RLP et la RSP sur le champ de bataille.

Car au-delà de la question humanitaire, la question des civils soulève également des questions stratégiques. Staïglad est une grande ville, environ quatre millions d’habitant – probablement moins depuis l’exode massive ayant eu lieu au début des combats. Autant de bouches à nourrir qui ne tarderont pas à mourir de faim faute d’approvisionnements. Or, pour les troupes de la RLP, le siège de Staïglad qui leur est militairement profitable sur le papier, va au fur et à mesure des jours devenir intenable. Confronté à la gestion des civils piégés à l’intérieur de la ville, la RLP sera bientôt contrainte de devoir choisir entre tenir les lignes de front et apporter son aide aux habitants. Deux missions qu’elle ne peut pas remplir, l’établissement d’hôpitaux ou de centres d’accueil des réfugiés étant incompatible avec une logique de guérillas.

Autre problème pour les défenseurs de Staïglad : la faim et la soif pourraient bientôt jeter dans les bras de leurs ennemis les civils. En effet, assez cyniquement, en plongeant dans la détresse humanitaire la plus totale les habitants de Staïglad, la RSP est en mesure de leur offrir des compensations immédiates en échange de renseignements. A choisir entre trouver des médicaments pour son enfant ou indiquer aux attaquants la positions des militaires embusqués de l’ONC, le choix sera tragiquement vite fait, mettant à mal le secret militaire des défenseurs. Si la population civile représente un bouclier, pour la RLP, qui empêche les bombardements et assauts frontaux de la part de son adversaire, elle deviendra rapidement un poids, voire un péril mortel si le siège se prolonge.

Autrement dit, la RLP a tout intérêt à se débarrasser le plus vite possible d’un maximum de civil et collaborer avec le corridor pharois. A l’inverse, contrairement à ce qu’elle prétend, la RSP n’est sans doute pas si pressée de laisser s’écouler des flots de Prodnoviens hors de la ville, ce qui signifie, à termes, les récupérer à sa charge. Bien qu’elle puisse compter sur plusieurs milliers de conscrits en mesure d’accompagner la logistique d’accueil des réfugiés, les laisser à la charge des forces embusquées de l’ONC serait à court termes un choix plus stratégique pour faire tomber la ville.

Évidement, l’état-major de la RSP ne communique pas sur de telles considérations, inavouable au grand public, mais plusieurs incidents constatés par nos journalistes au niveau de l’entrée du couloir humanitaire pharois laissent à penser que l’exfiltration des civiles serait volontairement retardée. Officiellement, des raisons de prudence sont invoquées : on suspecte des attaques à la bombe, ou l’exfiltration parmi le flot des civils de responsables et militaires de l’ONC « se cachant comme des lâches pour fuir les combats qu’ils ont eux-mêmes provoqués » d’après l’état-major prodnovien. Reste que selon plusieurs experts ces analyses ne sont guère sérieuses et si la forte population de Staïglad peut belle et bien poser des problèmes logistiques au niveau du corridor pharois, il est assez peu probable qu’une offensive y soit menée, venant d’un camp comme de l’autre, en raison des pertes humaines qu’elle causerait.
3505
https://www.zupimages.net/up/22/40/wmwg.jpg

La Parole | 11/04/2010
Demian Ryabov, le rédacteur en chef des Nouvelles Peprovites, convoqué au ministère de la Culture et des Médias

https://www.zupimages.net/up/23/51/yk95.jpg
Suite à un article "à charge" et "susceptible d'entraver, par la diffusion de calomnies, le moral et l'effort militaire du Prodnov" les Nouvelles Peprovites dans le viseur du gouvernement

Impossible de rester neutre en temps de guerre, les Nouvelles Peprovites sont suspectées d'avoir choisi le camp de l'ennemi. Avec son dernier article paru ce mardi Le couloir humanitaire pharois : entre nécessité et cynisme, le journal a frappé fort dans un article que certaines jugent "malhonnête et à charge". La raison ? avoir révélé le supposé cynisme de l'état-major prodnovien qui ralentirait volontairement l'échappé des civils du siège de Staïglad afin que ces-derniers restent une charge pour les défenseurs. Une stratégie tristement banal en temps de guerre, mais que l'état-major et Lavr Krayevsky, ministre des Armées et de la Défense, dénoncent fermement.

Difficile, en ces temps où la vérité compte bien peu à côté de la victoire, d'avoir le fin mot de l'affaire. Ce qui a déplu au gouvernement, c'est le timing de l'article et son parti pris. Celestyna Krivkova, ministre de la Culture et des Médias, s'est fendue d'un rapide communiqué véhément : "diffuser de fausses informations, a fortiori en temps de grand drame pour la Nation, est non seulement une faute journalistique mais également un coup de poignard dans le dos de tous ceux qui, héroïquement, se battent aujourd’hui pour libérer notre pays. Les Nouvelles Peprovites ont manqué de déontologie journalistique et se sont compromis avec les intérêts de l'envahisseur. Une enquête sera menée pour savoir si cette faute est accidentelle ou, comme nous le craignons, intentionnelle."

Dès lors, que risquent les Nouvelles Peprovites ? Beaucoup, en vérité. La loi martiale ayant été décrétée, le journal pourrait tout bonnement être placé sous tutelle le temps de la guerre, voire carrément interdit de publier et privé de subventions. Autant dire que cela obligerait les Nouvelles Peprovites à rapidement déposer le bilan, faute d'une manne financière conséquente. Demian Ryabov, le rédacteur en chef des Nouvelles Peprovites, a pour sa part joué l’apaisement et s'est excusé pour "un article qui, écrit sous le coup de l'émotion en raison de la peur et de l'angoisse que chacun ressent quant au sort des civils assiégés à Staïglad, nos compatriotes, s'est sans doute montré trop virulent. C'est une erreur que j'assume et je demande aux lecteurs et soldats qui auraient pu se sentir trahis et blessés de bien vouloir nous excuser. Les Nouvelles Peprovites sont attachées à l'objectivité et la neutralité journalistique, il n'est pas de notre responsabilité de prendre parti pour un camp ou un autre, nous tâchons chaque jour de rester à la hauteur de la confiance que nos lecteurs nous accordent et ce malgré les difficultés inhérentes au journalisme de guerre. Nos reporters sont sur le terrain, prennent tous les risques pour vous informer, mais nous ne sommes pas à l'abri d'une erreur, comme n'importe quel être humain nous sommes faillibles."

Difficile de dire, pour l'heure, si ce communiqué sera suffisant pour apaiser la colère du gouvernement, et d'une partie des militaires qui n'ont pas hésité à qualifier le journal de "torchon traitre à la nation". A quelques heures du scandale, le nom du ou de la journaliste autrice de l'article n'a toujours pas été révélé au public, probablement autant pour la préserver de toute forme de vindicte populaire que de permettre à une potentielle enquête d'être menée sereinement. Si des preuves de sympathie ou pire, de collaboration avec l'ONC et la RLP venaient à être découvertes chez ce ou cette journaliste, l'affaire prendrait rapidement un tour beaucoup plus grave. Alexei Malyshev ne s'est à cette heure pas encore prononcé sur l'affaire, sans doute entièrement focalisé sur l'effort de guerre et la protection du peuple prodnovien.
Haut de page