13/06/2013
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L'âme du Prodnov | 16/08/2012
Sur les traces de la Transblêmie, l’ONC s’improvise juge et partie

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Si beaucoup y ont vu un simple coup de menton d’une ONC sur la défensive, d’autres s’inquiètent de ce que la mise à prix de la tête de leaders politiques envoie comme message pour le futur des relations internationales. Disons le tout net, au regard du droit international – au mieux balbutiant, au pire inexistant – le Tribunal Interétatique pour la Justice et le Droit (TIJD) de l’ONC et le Bureau de lutte qui lui a été associé ne valent pas beaucoup plus qu’un avis de recherche énoncé par une quelconque mafia. A vrai dire, beaucoup d’organisation procèdent déjà ainsi en promettant des primes sur la tête de leurs ennemis, on sait que les exécuteurs Pharois ont à leur tableau de chasse un certain nombre de pirates devenus gênants, mais l’exemple le plus tristement célèbre est sans aucun doute celui des avis de recherche émis par la Transblêmie appelant au terrorisme et à l’assassinat de personnalités politiques hostiles au régime du Grand-Duc.

Ce qui change cette fois, c’est que jusqu’alors ces méthodes étaient réservés à des organisations mafieuses ou infréquentables sur la scène politique internationale. Autant pouvait-on presque se réjouir que les criminels Pharois nettoient leur linge sale en famille, autant les déclarations ultra-violentes de la Transblêmie ont toujours suscité l’indignation et la réprobation quasi unanime de la communauté internationale, le pays n’étant, on le sait, reconnu que par une poignée de nation et toutes gravitant dans la sphère politique de l’Empire Xin. C'est la première fois qu'une alliance de plusieurs pays s'autorise à appeler au meurtre de dirigeants étrangers.

Dès lors, que l’Organisation des Nations Commerçantes s’adonne de manière unilatérale à de tels procédés jusque là considérés comme mafieux ou terroristes est de nature à inquiéter. On pourra répondre avec bienveillance que l’ONC s’est dotée d’un tribunal, mais les gages de sérieux donné par celui-ci sont faibles et, plus généralement, en l’absence de droit international, ce Tribunal se trouve réduit à répéter la parole de ses maîtres. S’il arrivait demain que la Transblêmie déclare unilatéralement que la rousseur est un crime et juge et condamne à cet égard les personnes rousses à une peine d’emprisonnement, personne ne manquerait de dénoncer l’absurdité du procédé. C’est pourtant bien ce que fait l’ONC en inventant de nulle part des chefs d’accusations dont elle affuble – oh surprise – les dirigeants de nations avec qui elle est en guerre. On croirait presque à une coïncidence.


Un outil politique au service de la frange belliciste de l’ONC

En fait, de sources internes à l’Organisation, seuls trois pays ont activement participé à la construction de ce tribunal interétatique et à son bureau : l’Alguarena, le Lofoten et le Novigrad. Trois pays dont les gouvernements sont marqués à droites et à l’extrême-droite, connus pour leur bellicisme et avoir déclaré unilatéralement plusieurs guerres dont deux encore en cours au Prodnov et au Kronos. Autrement dit, d’avantage qu’une institution censée rendre la justice, le Bureau Interétatique de Lutte contre les Crimes Internationaux (que nous abrégerons dorénavant BILCI) ressemble plutôt à un outil de légitimation des politiques impérialistes et bellicistes de ces trois pays.

En vérité, l’ONC n’en est pas à son premier coup d’essai. On se souvient par exemple de l’invasion du Capitol de Saint-Marquise par des fanges radicalisées d’extrême droite pro-ONC en décembre 2009. Derrière la façade du libéralisme et du droit international, on assiste une fois de plus à des tentatives de coup de force et d’intimidation anti-démocratique, dès lors que le résultat dans les urnes déplaît aux intérêts économiques de l’Organisation des Nations Commerçantes. Dans cette équation, le qualificatif de « Commerçante » annonce la couleur car avant toute autre considérations, ce sont les enjeux pécuniaires qui président à la politique internationale de l’ONC, expliquant d‘un seul coup cette offensive pseudo-juridique contre un dirigeant élu mais dont l'idéologie économique s'éloigne du dogme capitaliste autoritaire.

On est ainsi en droit de ce demander, comme tout ce qui touche aux nations non-bellicistes de l’ONC : que sont-elles allées foutre dans cette galère ? La Sérénissime de Fortuna cautionne-t-elle la mise à prix de la tête de leaders politiques ? Le Jashuria est-il prêt à justifier et travailler à l’arrestation voire à l’assassinat de personnalités politiques étrangères sur décision de quelques individus devenus juges et bourreaux ? La Youslévie a-t-elle donné son accord pour une telle instrumentalisation du droit international ? Car l’illusion de la légitimité du BILCI n’aura pas fait long feu lorsqu’on regarde en détail les mandats d’arrêts et sommes promises pour la tête des ennemis de l’ONC. En effet, le mandat émis contre Alexei Malyshev, premier ministre du Prodnov, mentionné explicitement les mots « cible prioritaire morte ou vive ». Autrement dit il ne s’agit pas de se saisir d’un individu pour le forcer à comparaître devant un tribunal, mais de l’exécuter froidement (la mention d’un sobre « à ramener vivant prioritairement » ayant la décence d’essayer de nous laisser croire à une forme de justice). On pourrait assez légitimement se demander de quel droit un tribunal international condamne à mort un individu sans lui avoir offert la possibilité de se défendre. A ce qu’on sache pour l’heure, Alexei Malyshev ne s’est pas vu proposé de comparaître de lui-même ou de formuler une réponse aux accusations émises contre sa personne.


Des accusations infondées ?

Par ailleurs, et le bas blesse encore à ce niveau, les accusations formulées contre le premier ministre du Prodnov sont au mieux contestables, au pire farfelues. La liste des crimes s’égrène comme autant de perles sur un collier : « Terrorisme ; Crimes de guerres ; Infractions graves et violation du Traité de Neviskgorod ; Instigateur et planificateur de la guerre d'invasion contre le Prodnov Libre ; Menace et complot contre la paix mondiale ». Autant dire qu’il y a là, de façon presque caricaturale, tout le narratif des politiciens de l’ONC à l’encontre de la République Sociale du Prodnov. A se demander à quoi bon l’indépendance des juges ayant formulé ces chefs d’accusation si ces-derniers se contentent de reprendre les éléments de langage du monde médiatique et politique. Mais intéressons nous un instant aux accusations en elles-mêmes.

En ce qui concerne les crimes de guerre, pour l’heure rien n’est encore avéré. D’ailleurs la législation sur la guerre est encore assez maigre mais les quelques interdits consensuels tel que l’utilisation d’armes chimiques ou le ciblage ou la prise d’otage délibérée des populations civiles n’est, à ce jour, ni rapporté ni documenté. Cela pourrait toutefois évoluer, comme rapporté dans un précédent article des Nouvelles Peprovites, avec la mise en place du siège de Staïglad dont certains enjeux cyniques font craindre que les habitants se trouvent pris entre deux feux. Cependant, la mise en place rapide d’un couloir humanitaire à travers les lignes de front rend difficilement attaquable le traitement des civils par l’armée rouge.

L’accusation de terrorisme paraît tout aussi infondée, du moins aucun document ni témoignage n’est parvenu à notre journal de telles pratiques.

Les trois dernières accusations sont d’avantage politiques que factuelle. Le Traité de Nevskigorod n’a pas été respecté par aucune des deux parties – et cela a pour le coup été prouvé. En vérité aucun des camps n’a démilitarisé son territoire comme le prévoyaient les accords et la présence de chaque côté de la frontière de troupes et de matériel en grande quantité rende difficile à dire qui a le premier rompu la trêve. Ainsi, si c’est bien la RSP qui a frappé la première, cette-dernière revendique une « frappe préventive » contre un régime « putschiste » qui aurait projeté également une reprise des hostilités à moyen termes. Pour preuve, d’après la RSP, les importants stocks d’armes et les dizaines de milliers de militaires en garnison sur place jusqu’à la veille de la reprise de la guerre. Si la RLP nie toute velléité d’invasion, une analyse prudente de la situation obligerait malheureusement à attendre la fin des combats pour investiguer plus en profondeur. Pour l’heure, l’immédiateté du fait militaire faire courir le risque au journaliste d’être malgré lui un outil de désinformation et de propagande de guerre.

La dernière accusation est finalement formulée en termes vagues et ne reposant, elle aussi, sur aucun élément concret. La RSP n’est à cette heure membre d’aucune organisation internationale et le conflit prodnovien semble pour l’instant ne pas dépasser les frontières du territoire national. Au pire – ou au mieux – le blocus pharois vise précisément à empêcher la propagation de la guerre en limitant les interventions de pays étrangers.


Quel danger pour l’ordre international ?

Au-delà de la farce, que faut-il comprendre de ce coup de poker politique de l’ONC ? A parler franchement, sauf à se lancer dans d’hasardeuses tentatives d’enlèvement ou d’assassinat, il est peu probable que ce tribunal serve à autre chose qu’à la propagande politique de l’Organisation. La capture d’un dirigeant étranger s’avérant d’une grande complexité, on imagine assez mal quelle concrétisation le Tribunal Interétatique pour la Justice et le Droit (TIJD) pourrait donner à ses verdicts. En vérité, c’est presque mieux ainsi, on imagine assez clairement le scandale que provoquerait l’exécution froide d’un leader politique sur ordre d’une organisation se revendiquant du droit et de la démocratie. Il faut donc chercher ailleurs le sens de ce tribunal et y voir avant toute une tentative d’intimidation et de polarisation de l’ordre politique international sur fond de défaite militaire au Prodnov et d’apparition de concurrents à l’ONC.

Depuis quelques années, des organisations internationales ont commencé à voir le jour, marchant sur les plates-bandes de l’ONC. La plus exemplaire étant l’OND, organisation majoritairement eurysienne composée de démocratie libérales attachées au droit international, au libre commerce et à la libre circulation des peuples. Des valeurs sommes toutes assez proches de celles prônées par l’ONC mais qui contrairement à cette-dernière ne souffrent pas d’être portées par des régimes ouvertement fascisants et d’extrême droite, dont l’interventionnisme militaire a plusieurs fois été critiqué. Autrement dit, l’ONC a beau réunir des poids lourds économiques, elle pourrait rapidement se voir ringardisée voire distancée par des organisations plus jeunes, plus dynamiques, et aux mains propres.

Par ailleurs, on sait que l’OND a fort vigoureusement engagé le chantier du droit international, multipliant les déclarations et groupes de travail pour établir, dans divers domaines tel que celui des ZEE ou des droits de l’homme, un régime de règles à vocation supranationales. Est-ce que, craignant d’être prise de vitesse par une organisation plus légitime, l’ONC aura accéléré son agendas pour se poser en précurseur de la justice internationale ? Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’avec un tel coup d’épée dans l’eau le TIJD vient de mettre du plomb dans l’aile aux ambitions d’établir un droit de la guerre, désormais irrémédiablement suspect d’instrumentalisation politique.

En définitive, plus que des actes concrets l’ONC envoie un message : elle se pose en législatrice et entend s’imposer unilatéralement dans les affaires des autres pays, quitte à nier la légitimité populaire accordée par les élections, comme elle l’a fait en envahissant le Prodnov et le Kronos. Toute nation attachée à l’espoir que représente la perspective de l’élaboration d’un droit international au service de la paix devrait prendre acte des attaques menées contre celui-ci au nom de l’impérialisme unilatéral de la bien nommée Organisation des Nations Criminelles.
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La Parole | 23/04/2010
Réformes post-libération : Alexei Malyshev envisage la création de parlements régionaux

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Le camarade Malyshev a exprimé dans son discours aux travailleurs ses ambitions pour la revitalisation démocratique du pays

Tout le monde s’en doute, l’après-guerre civile sera compliqué. Il faudra le talent d’Alexei Malyshev et de son gouvernement pour réconcilier deux Prodnov traumatisés par la fracturation de leur pays et le joug de l’ONC. D’ores et déjà, plusieurs défis se posent, à commencer par celui de l’harmonisation des territoires qu’a renforcé leur découpage sous différents régimes économiques. Initié sous le Parshikov à la fin du XIXème siècle et continué pendant tout le XXème siècle sous les gouvernements successifs de Ryakhin, Pushkin, Peletcheko, Ostroverkhov et jusqu’à Belleski, la rationalisation du territoire prodnovien conduit à une progressive spécialisation de ses oblasts, chacun dans un domaine de production différent. Si cette stratégie économique permet une rapide modernisation du pays, elle entraîne également le développement de grandes inégalités que les politiques sociales d’harmonisation et de redistribution ne parviennent pas complétement à gommer. Les oblasts spécialisés dans la production agricole se trouvent déclassés et tendent à souffrir de l’émigration vers les oblasts d’avantages spécialisés dans les secteurs tertiaires ou de l’industrie lourde.

Cet héritage a laissé des traces dans les infrastructures du Prodnov, l’une des plus notables étant l’existence d’un unique port commercial : Peprolov-port, quand bien même plusieurs villes côtières existent sur le territoire. Dans un précédent article de nos confrères des Nouvelles Peprovites, ces-derniers évoquaient ainsi les différences structurelles entre les oblasts de Peprolov et de Galkovine, dû à des régimes de loi et des stratégies économiques radicalement différentes. Par ailleurs, lors de l’invasion de l’ONC et le putsch de Staïglad, les oblasts de Peprolov et de Galkovine, toujours contrôlés par la résistance, se sont vu séparés de la majeure partie de leur administration d’Etat et ont été contraint de se recomposer rapidement une bureaucratie, l’essentiel de cette dernière se trouvant dans Staïglad, l’ancienne capitale. Si la République Sociale a pu bénéficier de l’arrivée des fonctionnaires réfugiés, fuyant les purges des putschistes, un pourcentage conséquent de la haute administration s’est trouvée décapitée lors du putsch, faisant pour ainsi dire table rase de l’ex-bureaucratie prodnovienne.

Tout est ainsi à reconstruire pour le gouvernement Malyshev qui héritera, à la sortie de la guerre, d’un pays brutalisé et marqué par de grandes inégalités, creusées par l’arrêt des politiques sociales redistributives par les capitalistes. Une stratégie cruelle et mortelle, documentée par plusieurs articles de presse étrangère montrant les ravages du passage brutal au capitalisme dans notre pays.

Dans son discours aux travailleurs, le camarade Malyshev a exprimé son souhait de rompre avec les politiques de rationalisation territoriale et de privilégier un « écosystème économique cohérent à échelle du pays et des oblasts ». Des réformes permises par la nécessité de reconstruire et de réformer le pays, mais qui se heurteront au défi de l’absence de bureaucratie centrale. En rupture avec les accents centralisateurs de ses prédécesseurs, Alexei Malyshev a promis « d’avantage de démocratie locale » grâce à la mise en place de « parlement régionaux » qu’on comprend chargés de palier l’absence de fonction publique territoriale à la sortie d’après-guerre. Une déclaration qui n’a de quoi surprendre que les plus caricaturaux propagandistes décrieurs de notre gouvernement ! car ne l’oublions pas : le communisme c’est la démocratie réelle, la démocratie des travailleurs, située, et non une démocratie libérale abstraite où chacun est appelé à prendre position sur des débats qui ne le concernent pas.

Permettre au peuple du Prodnov de se constituer en conseils de transitions locaux, voilà la méthode la plus respectueuse possible pour accompagner le retour à l’Etat social et à la démocratie réelle et souveraine, que l’ONC et ses sbires ont nié. Le camarade Malyshev et son gouvernement nous offrent à nouveau les outils de notre propre émancipation, camarades prolétaires, ensemble, apportons notre soutien au camarade Malyshev !
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L'âme du Prodnov | 30/04/2010
Interview : au cœur de la guerre, l’armée rouge et ses pactes faustiens

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Alors que l’offensive de l’armée rouge se poursuit avec succès mais non sans rencontrer épisodiquement des résistances, la guerre au Prodnov est l’occasion pour les états-majors engagés dans le conflit d’apprendre de leurs erreurs et de perfectionner des stratégies jusqu’alors demeurées théoriques. C’est le grand paradoxe des conflits armés qui affaiblissent autant les belligérants qu’elles prodiguent de précieux enseignements sur le terrain. On ne redira jamais assez à quel point une puissance militaire, fut-elle bien équipée, peut aisément s’effondrer faute d’un commandement expérimenté pour la diriger.

Aujourd’hui nous avons le plaisir de recevoir dans ces colonnes le général Dionisiy Astankov, membre de la branche armée du Groupement Militaire de Défense et d’Offense (GMDO) qui est non seulement un parti politique membre de la coalition rouge mais également l’historique conseil des généraux de l’armée rouge au Prodnov. Mon général, merci d’être avec nous aujourd’hui.

Dionisiy Astankov : C’est moi qui vous remercie pour votre invitation et la qualité de vos journaux. Vous êtes pour ainsi dire une opposition de qualité.

Intervieweur : C’est vrai que par soucis de transparence nous devons expliquer que L’âme du Prodnov ne partage pas toujours la même ligne politique que le GMDO bien que nous nous revendiquions également du communisme. Contrairement à la RLP vous n’êtes donc pas complétement en terrain conquis ici.

D.A. : ((rire)) C’est le jeu de la liberté de la presse, et nous y sommes attachés.

I : Cela n’a toutefois pas toujours été le cas ?

D.A. : Non je vous l’accorde mais les opinions changent et les lignes politiques évoluent, avec le GMDO nous continuons à défendre le primat du militaire sur le civil néanmoins je pense également que des contre-pouvoirs sont parfois nécessaires pour que les différentes parties d’une société puissent dialoguer. C’est sans doute ce qui a manqué au précédent régime.

I : Pour commencer cette interview général Astankov, nous voulions revenir sur un point du conflit assez spécifique mais qui passe souvent sous les radars, c’est bien sûr la cohabitation entre différents groupes militaires qui accompagnent et soutiennent les forces de l’armée rouge, on pense bien sûr aux volontaires de l’armée de libération des stations libres, composée principalement de Pharois, mais il y a aussi eu le soutien d’officiers Loduariens, au moins en amont dans la formation des troupes prodnoviennes, et sans parler du matériel. Comment tout cela coexiste sur le champ de bataille ? On précise bien sûr que les informations sensibles ne seront pas diffusées.

D.A. : Alors ce sont des questions différentes à vrai dire. La question du matériel et des hommes. Peut-être pour commencer par ces-derniers, il est tout à fait vrai que dans une guerre, la coordination est une chose tout à fait fondamentale, et que cela ne s’acquiert qu’avec de l’entraînement interarmées. Dans notre cas, nous avons tout de suite convenu de mettre en place un état-major commun avec les forces des Stations Libres justement pour palier du mieux possible à des problèmes de coordination. Un avantage que nous avions c’est celui de la langue, les Pharois ont une tradition de polyglottisme et nous ne manquions pas d’interlocuteurs russophones. Cela a facilité les choses. Un problème qui est survenu très vite mais que nous avions heureusement anticipé c’est la différence de tradition militaire. L’armée rouge est formée et préparée pour des conflits de haute intensité, elle a une tradition d’occupation du terrain et de progresser par vagues notamment en allant au choc frontalement. Les Stations Libres c’est presque le contraire puisque ce sont des troupes entraînées pour être des forces révolutionnaires d’appoint dans des conflits extérieurs, donc habituées à se débrouiller avec peu de matériel, des unités polyvalentes et mobiles, dédiées aux embuscades et à la guérilla.

I : On les a souvent comparés aux guérilleros du Grand Kah d’ailleurs.

D.A. : C’est un parallèle qui revient souvent en effet, il y a cette tradition qui est de se méfier des armées coordonnées par le haut et plutôt de privilégier des petites cellules de commandement capables de prendre des initiatives locales. Au Prodnov nous avons la tradition inverse avec un grand respect de la stratégie et l’état-major qui commande depuis le haut.

I : Y a-t-il une façon de faire plus efficace qu’une autre ?

D.A. : Non c’est avant tout une question de tradition, de doctrine, et de moyens. Les Stations Libres ont constitué leurs forces dans le but de répondre à une situation de guerre révolutionnaire tandis que nous sommes une armée professionnelle installée. Par ailleurs rien ne nous dit que si les Stations avaient disposées d’un territoire à administrer et d’une population civile conséquente, elles n’auraient pas fait les mêmes choix que nous. Pour ma part je crois farouchement à la nécessité d’avoir une vision macro stratégique, laisser l’initiative aux hommes sur le terrain c’est la porte ouverte au chaos.

I : Comment cohabiter avec les Pharois dans ce cas ?

D.A. : En divisant les tâches tout simplement. L’armée rouge est prête à prendre d’assaut des places fortes et occupe le terrain alors que les Pharois font avant tout un travail de flanquement et privilégient des assauts rapides destinés à diviser l’adversaire sans pour autant systématiquement privilégier la prise de terrain. Nous nous croisons mais combattons assez peu ensemble, et quand cela est nécessaire, dans la mesure du possible nous nous concertons avant pour nous répartir des objectifs précis qui correspondent à l’entraînement de chacun.

I : C’est complémentaire d’une certaine façon.

D.A. : Disons que nous avons fait avec ce que nous savions faire.

I : Il y a aussi des enjeux politiques on ne l’ignore pas. Les Pharois sont mieux armés et équipés mais c’est l’armée rouge qui a systématiquement capturé les grandes villes du Prodnov et les objectifs stratégiques. Est-ce que vous pensez la guerre au regard d’un agendas médiatique ?

D.A. : C’est une façon assez naïve de le dire. En tant qu’officier la sécurité de mes hommes est toujours une priorité, celle des civiles également. Nous pensons notre stratégie d’abord à cet égard. Maintenant considérer que les assauts sont interchangeable est une bêtise journalistique, excusez-moi, le fait de libérer une ville avec des soldats Prodnoviens par exemple assure notamment une plus grande collaboration de la part de la population locale. Si nous devons prendre en charge des réfugiés, des blessés, évacuer des gens il faut que nous parlions leur langue dans un premier temps.

I : Mais ce sont pourtant les Pharois – la flotte noire cette fois – qui prend en charge les blessés et le couloir humanitaire de Staïglad.

D.A. : Oui ils assurent la logistique médicale, mais en début de chaîne il faut toujours un Prodnovien pour guider et rassurer les gens, c’est essentiel. J’ajoute que le problème se pose dans le camp d’en face, pour un certain nombre de civils, entre quelqu’un qui parle Pharois ou Lofotenois, c’est du pareil au même. Allez dans ce cas différencier un ami d’un ennemi et comment faire confiance ? La langue et la culture ne sont pas du tout des choses négligeables dans le processus de libération où, par définition, nous sommes très souvent confronté aux populations civiles. Je dirai même que dans ce conflit, quatre-vingt-quinze pourcents du travail de nos hommes c’est la gestion des foules, déplacer les gens sur des zones éloignées du front, évacuer des quartiers pour pouvoir plus tard y déloger les poches de résistance. L’ONC et ses sbires utilise également souvent les civils comme des otages, des boucliers humains, ils savent que nous aurons du mal à lancer un assaut dans un espace résidentiel habité. Dans l’idéal on évacue au maximum avant mais ce n’est pas toujours complétement possible, dans ce cas-là il faut être prêt à gérer des civils qui sont pris sur le champ de bataille et cela, un Pharois ne pourra pas le faire.

I : On a beaucoup parlé des Pharois mais il y a également des forces loduariennes, alors pas physiquement mais on sait qu’une partie de l’armée rouge a été formée par des officiers Loduariens, qu’y a-t-il à dire sur ce sujet ? N’est-ce pas rajouter de la complexité à une situation déjà à haut potentiel chaotique ?

D.A. : Premièrement je dirai que contrairement à la légende noire de la Loduarie, et malgré certaines défaites, c’est une armée très performante précisément parce qu’elle apprend de ses échecs. Je le disais en début d’interview mais ce qui fait la valeur d’un combattant c’est son expérience et force est de le dire, l’armée loduarienne est l’une des plus expérimentée du monde, pour son malheur parfois. Mais cela nous a permis de nous épargner de tomber dans un certain nombre de piège que des forces combattantes débutantes auraient pu faire.

I : Par exemple ?

D.A. : Les questions logistiques notamment…

I : On y reviendra.

D.A. : … mais je pense surtout au combat urbain qui ne doit pas du tout être appréhendé comme le reste de la guerre. La plaine et la ville ça n’a rien à voir, je dis peut-être là des banalités mais il faut comprendre qu’il y a des gestes précis de soldats qui ne s’apprennent qu’à force de répétition. Avancer avec un convoi blindé dans une rue, devoir déminer, se mettre à couvert, ce sont des actions qui demandent d’exécuter parfaitement des mouvements, d’avoir des réflexes, une bonne capacité de réaction aussi. Ça ne s’apprend pas en trois jours. Grâce à l’expérience loduarienne, nous avons pu commencer à entraîner en amont des unités spécialisées pour ce type de situation. Jamais assez, j’ai envie de dire, mais comparé à une armée qui n’a pas du tout l’expérience du combat urbain cela fait une différence.

I : Pour revenir sur la logistique, les premiers jours de la guerre ont été émaillés de scandales, notamment sur la question du transport des soldats. Votre parti a notamment critiqué une certaine forme d’impréparation, mais n’est-ce pas justement le GMDO qui porte la responsabilité de ces questions ?

D.A. : Mon parti a effectivement critiqué le manque de budget alloué à la défense alors que nous savions que l’ONC préparait de son côté l’invasion de nos territoires. La disposition géographique de la RSP, coupée en deux par l’oblast de Nevskigorod nous rendait vulnérable. Je pense qu’il aurait fallu être prêt à acheter à l’étranger et ne pas dépendre uniquement des industries pharoises, quitte à prendre le risque de précipiter les choses. On a vu la réaction de l’ONC au moment de la collaboration avec l’armée rouge de Loduarie, je pense que n’importe quel prétexte aurait suffit pour que les putschistes lancent une invasion contre nous. Le gouvernement Malyshev a tranché pour une approche discrète et prudente, ce n’était pas mon option favorite.

I : Est-ce que cette question du transport motorisé des troupes, qui a fait perdre du temps à l’armée, n’a pas été une faute stratégique ? Si une partie de l’ONC n’avait pas fui, n’y avait-il pas un risque d’être harcelé sans pouvoir répondre par des forces mobiles, voire carrément pris en étau ?

D.A. : Il faut comprendre que la question avait été pensée en amont et que la présence pharoise sur place permettait de réduire les chances d’une contre-offensive réactionnaire. Néanmoins je vous l’accorde, nous aurions pu bénéficier d’un an de préparation supplémentaire, cela n’aurait pas été du luxe. C’est l’invasion du Kronos qui a tout précipité et poussé l’état-major à accélérer son calendrier pour profiter de la dispersion des forces de l’ONC. L’Alguarena et le Novigrad ne pouvaient pas tenir deux mers à la fois face à la flotte noire ce qui nous a assuré l’hégémonie maritime et aérienne. Cela s’est fait toutefois en concédant certains points faibles dans notre offensive, dont la vitesse d’action. Cependant, nous espérions quand même qu’ils n’étaient pas mieux dotés en face et leur repli dans les grandes villes montre qu’il est peu probable qu’ils aient pu supporter un combat en plaine ou une situation de poursuite, faute de réelle motorisation de leur côté non plus.

I : C’était donc un risque calculé ?

D.A. : Tous les risques sont calculés.

I : Pour en revenir aux différentes traditions militaires qi doivent coexister dans l’armée rouge, il y a aussi la question de la standardisation de l’équipement. On sait qu’un fusil ne peut pas tirer tous les types de balles par exemple. Or avec la perte d’une partie des stocks prodnoviens, l’armée rouge a dû se fournir notamment au Pharois mais aussi en Loduarie, comment tout cela fonctionne-t-il ensemble ?

D.A. : Pas toujours très bien, il faut le reconnaître. Cependant sans trop en dévoiler nous travaillons avec certains industriels pharois sur un projet commun d’armement qui devrait voir le jour dans les prochaines années. A défaut de remplacer immédiatement nos fusils au moins cela nous permet de mieux comprendre les compatibilités et incompatibilités entre nos armes respectives. Ceci dit cela ne s’applique pas à l’aviation puisque le Pharois et nous-mêmes avons des modèles de chasseurs inspirés par les forces aumérinoises, c’est au Pharois que les premiers chasseurs Aumérinois ont été vendu et ont ensuite été une base de travail pour leur industrie de l’armement. Les nôtres sont également de confection aumérinoise, tout cela est donc parfaitement compatible et nous pouvons accueillir sans problème l’aviation pharoise ce qui facilite grandement le ravitaillement. En ce qui concerne les munitions nous vivons encore sur nos stocks à l’heure actuelle et je sais que les contrebandiers Pharois continuent d’approvisionner les Stations Libres qui ne devraient pas manquer. De notre côté l’industrie tourne à plein régime, nous n’avons heureusement pas eu à subir de pertes ou d’attaques contre nos usines. Par ailleurs, nous importons des balles et recevons un soutien matériel de la part de la Lutharovie voisine qui a équipé une partie de nos troupes et dont le complexe militaro-industriel est protégé loin des conflits. Donc c’est vrai que la synergie est parfois compliqué, notamment au niveau des pièces d’artillerie, mais pour le reste nous trouvons des solutions en ponctionnant beaucoup dans nos stocks ou en travaillant à flux tendus. Notre avantage est que le territoire prodnovien n’est pas très vaste, cela facilite l’approvisionnement depuis l’arrière de la ligne de front.

I : Parlons franchement général, vous nous décrivez une situation où l’armée rouge est le dernier maillon d’une chaîne logistique assez complexe incluant pas moins de quatre ou cinq pays. C’est malheureux à dire mais la guerre ne sera pas gagnée que par les Prodnoviens. Cette réalité ne risque-t-elle pas de nous rendre dépendants aussi bien politiquement que économiquement à ceux qui auront permis la libération du pays ?

D.A. : C’est une question complexe et qui appelle à une réponse complexe cependant il faut éviter les caricatures. Notre cause a su trouver un écho chez les forces progressistes du monde entier, pharoises, loduariennes, lutharoviennes et autre. Ces gens ne soutiennent pas le Prodnov en tant qu’entité politique dont ils espèrent tirer des bénéfices mais parce que notre combat est un combat de libération et d’émancipation contre l’impérialisme du capitalisme autoritaire. Cette cause dépasse de fait le simple fait national, c’est l’humanité qui est en jeu et la cause du prolétariat qui est défendue.

I : Vous bottez en touche mon général.

D.A. : Je ne crois pas. Vous me demandez si nos alliés ont des idées cyniques, c’est à eux qu’il faut poser la question mais je crois que ce faisant, vous les insulteriez.

I : Concrètement alors, une fois la guerre remportée, le Prodnov va se retrouver avec plusieurs milliers de militaires étrangers d’origine pharoise sur son sol, certains sont sans doute généreux et bien intentionnés mais factuellement l’armée rouge est en sous-effectifs d’autant plus qu’elle est plus largement engagée dans les combats et subit donc plus de pertes. Pardon d’aborder ce sujet mais ne sommes nous pas en train de troquer un envahisseur pour un autre ? Votre coalition a pris des positions pro-pharoises par nécessité on le devine mais elle a également critiqué l’intervention albienne et des pays de la coalition du nord par le passé. En focalisant le combat contre l’ONC n’est-ce pas leur donner un blanc-sein ?

D.A. : Vous confondez tout et tout le monde j’ai l’impression. La Loduarie par exemple n’est pas un pays membre de la coalition de l’océan du nord et elle a par ailleurs toujours pris position en faveur du précédent gouvernement et du nouveau aujourd’hui. De même les intérêts Pharois et Lutharoviens ne sont pas identiques vous n’êtes pas sans savoir que c’est l’armée rouge de Lutharovie qui a permis de sauvegarder le régime de loi communiste à Galkovine donc caricaturer la situation en dépeignant nos alliés comme un front homogène qui conspirerait contre nous est à la limite de la désinformation. Quant à savoir ce que nous ferons des Pharois, le camarade Malyshev n’est pas dupe et les Stations Libres nous ont offert des garanties. Pour parler plus concrètement il y au Pharois des tensions internes et une lutte de pouvoir historique entre les poches de résistances communistes et la mouvance anarcho-pirate. Les Stations Libres voient en nous un allié et un contre-poids à l’influence capitaliste pharoise d’une part et anarchiste d’autre part qui se développe en Manche Blanche. Autrement dit, le Prodnov communiste et souverain, allié de la faction communiste pharoise, sera un facteur d’équilibrage et cela nos alliés l’ont bien compris. Nous avons des amis puissants au Pharois qui s’activent en ce moment même. Une fois de plus n’allez pas imaginer que nous soyons engagés dans une guerre à échelle des nations, nous menons un combat idéologique d’avant-garde et dans ce combat ceux qui seront tentés par les petits arrangements intéressés seront broyés par l’histoire.

I : Je ne suis pas certain de comprendre, vous voulez dire que la faction communiste pharoise vous a donné des garanties ? Dans ce cas-là est-ce bien prudent de l’évoquer et, pardon, mais n’y a-t-il pas à craindre une action précisément de la part de la faction pirate ?

D.A. : Les Grands Capitaines sont parfaitement au courant de ce que je vous raconte, le nouveau régime n’a pas effacé les anciens rapports de force, la piraterie domine le gouvernement c’est un fait mais les syndicats communistes sont hégémoniques dans le secteur de l’armement. Par ailleurs le nouvel équilibre au Pharois est précaire avec des capitaines pirates loin d’être unis. A cette heure-ci, la flotte noire perd beaucoup d'argent à maintenir le front au Prodnov et de nombreux équipages sont pressés de déguerpir de nos mers pour retourner à leurs affaires. La victoire de notre gouvernement face à l’ONC et le retour au calme est tout ce que peut espérer la faction pirate à l’heure actuelle.

I : On sait toutefois les pirates fortement intéressés par l’argent, nous nous sommes plusieurs fois inquiétés à ce propos dans ces colonnes, notamment d’un risque de clientélisation du Prodnov. Le gouvernement communique peu sur la question de la dette contractée envers le Pharois, quand bien même leurs forces militaires se retireraient, n’y a-t-il pas un moyen de continuer à nous asservir par la dette ?

D.A. : Le problème est pris au sérieux, toutefois la priorité aujourd’hui reste de remporter la victoire et de rétablir la souveraineté du Prodnov. Pour la suite, il ne m’appartient pas de commenter les décisions du camarade Malyshev sur la nature de nos relations avec le Pharois, je croyais que cet entretien portait sur la guerre ?

I : La guerre est toujours affaire économique, un bon matérialiste le sait.

D.A. : Epargnez moi vos cours de marxisme je suis aussi allé à l’Académie. Maintenant si vous n’avez pas d’autres questions…

I : Une dernière mon général, vous avez évoqué un projet de collaboration militaire à venir avec les syndicats de l’industrie pharoise, faut-il y voir la première étape d’un rapprochement ? Le Prodnov a-t-il renoncé à son autonomie militaire ?

D.A. : Il faut regarder la situation avec réalisme, si le Prodnov a pu être envahi c’est que nous n’avions déjà à l’époque aucune souveraineté militaire. Nous nous sommes illusionnés sur notre propres capacités de défense. Aujourd’hui tout est à reconstruire et nous devons faire des concessions stratégiques à court termes. La délégation de notre souveraineté navale à la flotte noire en est une et les partenariats avec les industriels pharois en est un autre. Néanmoins cette situation n’a pas vocation à se prolonger de toute éternité, le retour d’un Prodnov réunifié doit marquer la reprise des relations diplomatiques internationales et donc un rapprochement avec nos alliés naturels, les nations communistes et socialistes. L’industrie pharoise est performante et produit des armes d’une grande qualité, nous rapprocher d’eux sera l’occasion de rattraper notre retard et de pouvoir peut-être à notre tour porter assistance aux pays victimes de l’impérialisme international.

I : Mon général, je vous remercie.
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Les Nouvelles Peprovites | 09/09/2012
Nouveaux budgets militaires : le Prodnov passe commande pour une armée sur mesure

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A dix mois des élections, le GMDO passe à l'offensive et dresse une feuille de route sur la question du budget de l'armée rouge

Alors que le calendrier électoral tend à s’accélérer à l’approche de juin 2013, le GMDO obtient gain de cause sur plusieurs mesures d’importance, dont l’augmentation drastique du budget de la défense. Partisan d’une plus grande perméabilité entre le monde civil et militaire et d'un droit de regard des généraux sur les institutions, le parti d’extrême gauche qui n’a pas renié son soutien à la dictature arrache à la Sborka un plan sur cinq ans de modernisation générale des armées.

Si certains y voient la crainte d’une défaite électorale et la volonté de sécuriser le budget de la défense pour la prochaine décennies, d’autres préfèrent analyser cette décision sous l’angle du coup politique en vue de la campagne électorale à venir. Bien que conséquent par rapport à ses voisins, l’équipement militaire de la République Sociale manquerait de cohérence globale, selon plusieurs rapports interministériels et la commission sûreté nationale.

« Il nous faut une doctrine » a affirmé Lavr Kayevsky, ministre des Armées et de la Défense et chef du GMDO. « Nous devons établir une liste précise d’objectifs en termes de formation et d’équipements qui répondra à nos besoins et au contexte national. »
Dans la ligne de mire de la République Sociale, l’encerclement de son territoire par plusieurs nations potentiellement belliqueuses. Outre le Vogimska à l’est, heureusement paralysé depuis plusieurs années par une crise politique, c’est le réveil de l’Etat fasciste de Samara à l’ouest qui inquiète les autorités de la RSP.

« D’ici quelques années, la Samara pourrait devenir une tête de pont des forces contre-révolutionnaires du monde slave. Le Prodnov et son allié lutharovien se doivent d’être un rempart et un goulet d’étrangement face à la menace de l’extrême droite. » a expliqué le ministre Krayevsky. Si le République Sociale s'appuie sur plusieurs dizaines d’avions multi-rôles de confection aumérinoise pour sa défense aérienne, la plupart sont aujourd'hui vieillissants et déclassés. La marine est quant à elle inexistante mais peut compter sur le soutien de plusieurs équipages Pharois alliés, ce qui semble suffire pour le moment à l’état-major.

Considérant les menaces qui pèsent à l’heure actuelle sur le Prodnov, on comprend que la priorité soit donné à l’armée de terre et surtout la motorisation de l’infanterie, la rénovation du réseau de logistique militaire, notamment par l’usage des trains et le développement d’unités de combat blindées. L’acquisition de plusieurs missiles balistiques serait également envisagée pour servir de force de dissuasion contre d’éventuels belligérants étrangers, le Novigrad étant pressenti comme le potentiel moteur d’une coalition des extrêmes droites slaves.

Bien que celui-ci n’ait pas été mentionné, tous les esprits se tournent à l’heure actuelle vers le complexe militaro-industriel pharois pour fournir, dans les prochaines années, une armée au Prodnov. En tant que principal allié et co-belligérant dans la guerre de libération du pays, il semble assez naturel que l’armée souhaite poursuivre sa collaboration avec la République Pirate, ne serait-ce que pour conserver une logique dans la diversité et la compatibilité du matériel qu’elle utilise. Les industries loduariennes pourraient également être sollicitées.

Mais si le projet général de réarmer le Prodnov rencontre, de manière notable, assez peu de critiques, le GMDO n’a pour autant pas été épargné par un certain nombre de controverses. La principale concerne justement l’approvisionnement militaire de la République Sociale auprès des Pharois, plusieurs partis dont le Prodnov Uni ! (PU!), le Parti Libéral Peprovite (PLP) et le Mouvement pour une Confédération pan-Slave (MCP), classés à droites, qui dénoncent la construction progressive d’une dépendance du Prodnov à l’appareil industriel pharois.
Bien que certains concèdent la nécessité de se fournir en armement de qualité, beaucoup font également valoir que multiplier les fournisseurs serait un gage de sécurité pour la souveraineté du pays et qu’ayant déjà délégué la protection de sa souveraineté maritime à la flotte noire, le Prodnov ne devait pas en plus lui confier le soin d’équiper son armée de terre. Critique balayée par le GMDO à la Sborka, qui a rétorqué qu’à ce jour, aucun autre pays allié du Prodnov n’était capable de le fournir en matériel de qualité équivalente et que la proximité géographique avec le Pharois et les partenariats économiques et militaires stratégiques déjà entamés avec ce-dernier engageaient les deux pays dans une relation d’égal à égal. Ce dernier termes n’aura pas manqué de faire réagir l’opposition, qui a rayé « la passion de l’égalité inégale » chez les communistes.

Autre critique mais qui vient de la gauche cette fois, une partie des forces communistes et y compris des députés de la majorité s’inquiètent qu’en focalisant outre-mesure le budget militaire sur la défense nationale, le Prodnov s’empêche de venir en aide à ses alliés hors de la sphère slave. Un manque de capacité de projection qui, compte tenu des velléités impérialistes et anti-communistes de l’ONC risquerait à termes de laisser les régimes alliés être balayés les uns après les autres sans pouvoir intervenir, ce qui conduirait à l’affaiblissement de tout le bloc socialiste et à l’isolement du Prodnov.
Le débat peut sembler quelque peu archaïque en ce début de XXIème siècle mais la question de savoir si le communisme peut prospérer dans un seul pays ou n’a d’avenir qu’en se généralisant sur la Terre entière est toujours d’actualité chez les penseurs du socialisme réel et a fortiori au Prodnov où les intellectuels marxistes continuent de dominer le débat public.

Aucune de ces questions ne peut toutefois être envisagée sans tenir du compte du contexte traumatique de l’invasion de l’ONC et la fracturation du pays, entraînant non seulement un soutien presque inconditionnel aux forces armées de la part de l’opinion publique, mais également des réflexes qu’un observateur étranger jugerait potentiellement irrationnels telle que la nécessité à court termes de se préparer à de nouveaux conflits de haute intensité et de posséder la puissance militaire adaptée pour y répondre. Difficile encore aujourd’hui pour l’opposition de ne pas voter les budgets militaires toujours plus ambitieux, au risque de se faire sanctionner dans les urnes, quand bien mêmes ces budgets seraient la ratification sur mesure de la liste de course du GMDO.
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Les Nouvelles Peprovites | 24/09/2012
Élections législatives de juin 2013 : la République Sociale au défi d’intégrer cinq millions de nouveaux électeurs

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Alors que le siège de Staïglad n'en finit plus, le retour aux urnes des Prodnoviens pourrait marquer un tournant dans l'histoire du pays

Alexei Malyshev l’avait promis dans son discours à la victoire de mars 2013, bientôt tout le Prodnov serait réuni sous un même drapeau et une même nationalité. Comme symbole de la réunification et anticipant à l’époque sur une victoire rapide et sans pertes civiles majeures, la coalition au pouvoir avait assuré que tous les Prodnoviens seraient autorisés à voter lors des élections législatives de juin 2013. Tous les Prodnoviens ratifiant la victoire et la légitimité des institutions grâce à l’élection du nouvelle Sborka au sortir de la guerre, sur le papier le projet laisse rêveur, mais le défi s’avère aussi ambitieux que complexe, aussi bien en termes de logistique que de politique. En effet, il ne s’agit rien de moins que de réintégrer à la communauté nationale des populations qui en ont été coupées pendant presque quatre années et placés sous régime de loi différent.

Une élection n’a ceci de légitime que si ceux qui y participent le font massivement et de bon gré. On reviendra par ailleurs sur les risques de fraude inhérents à l’exercice. La grande inconnue de l’équation sera en effet l’abstention qui, si elle est conséquente, rendrait caduc toute la légitimité politique que les institutions pourraient espérer tirer de la séquence électorale. Or ce vote de juin 2013 sera sujet à plusieurs enjeux dont la complexité laisse présager le pire. Géographiques, tout d’abord, puisqu’en raison de l’éloignement des lieux de vote, de la destruction de certains bâtiments et de la disparition d’une partie de l’administration et des archives, il sera physiquement complexe d’attribuer et de donner accès à chaque Prodnovien à un bureau de vote. Comment, par exemple, constituer des listes électorales fiables sachant que beaucoup de documents se trouvent encore sous contrôle de la RLP dans la capitale assiégée de Staïglad ? Comment éviter les fraudes, comment s’assurer que chacun sera en mesure de jouir de ses droits civiques ?
Par ailleurs, l’enjeu est également politique. Pour l’heure les oppositions sont encore sous le choc de la guerre et les mesures drastiques liées à l’effort de guerre ont quelque peu muselé le travail parlementaire par effet d’autocensure. Difficile en effet de critiquer ouvertement les budgets militaires ou les décisions stratégiques du gouvernement Malyshev sans se voir rapidement taxé d’antipatriotisme, voire soupçonné de trahison. Néanmoins, le retour de bâton pourrait être rude si les différents partis d’opposition appelaient, par exemple, au boycott des élections, craignant – peut-être à raison – que le flou administratif les entourant ne donne lieu à des fraudes massives. Certes la coalition au pouvoir a donné des gages de sérieux. On sait par exemple que des observateurs internationaux Albiens ont été invités à se porter garants de la bonne tenue du processus électoral et que d’autres pays pourraient également être appelés afin de tenir les comptes et surveiller les bureaux de vote en signe de respectabilité envoyé à la communauté internationale. Reste à savoir cependant si toutes ces annonces seront belle et bien suivies d’effets, à huit mois des élections tout peut encore être remis en question.

Si la possibilité d’un report des élections avait été envisagée fin août 2012, cette hypothèse avait immédiatement fait réagir les oppositions, taxant le gouvernement de vouloir garder le pouvoir et le GMDO de césarisme. L’option avait ainsi été abandonnée, coupant quelque peu l’herbe sous le pied d’un éventuel appel au boycott. Cyniquement, la coalition rouge espère pouvoir capitaliser sur ses nombreuses mains tendues aux populations des ex-territoires de la RLP. En mettant en avant le déploiement de l’aide humanitaire pharoise et un discours martial dirigé exclusivement contre l’ONC et exonérant les citoyens de la RLP de tous leurs torts, les communistes au pouvoir préparent la nécessaire réconciliation d’après-guerre et tentent de se poser en seuls garants des institutions et de la paix. A l’inverse, leurs adversaires politiques, eux, comptent sur le rejet du communisme et de la guerre pour battre le gouvernement dans les urnes. Plusieurs partis d’opposition ont accordé leurs violons et commence à se faire entendre la petite musique que seule la droite serait capable de négocier avec la RLP et l’ONC une sortie de crise honorable et délivrer Staïglad de son siège en évitant de nouvelles pertes civiles.

Faute de sondages et au vue des difficultés à mesurer l’opinion publique dans un pays où une part conséquente des populations a été déplacée et est encore pris en charge en raison des combats, tout le monde espère donc pouvoir tirer son épingle du jeu et rafler la mise des quelques cinq millions de nouveaux électeurs qui participeront au prochain scrutin, soit une augmentation de 45% des votants. Si la gouvernement Malyshev tente de se montrer rassurant en rappelant que l’exercice a déjà été réussi lors de la fusion avec l’oblast de Galkovine, l’administration de la RSP n’avait à l’époque eut qu’à reprendre les bureaux – voire le personnel – du mandataire lutharovien. Ce-dernier avait d’ailleurs dès la fin de la guerre de 2007 délégué aux populations locales la gestion de la région, ce qui avait plus tard facilité la transition. Il n’en ira pas aussi facilement cette fois-ci puisque le gouvernement Malyshev devra gérer d’une main la poursuite des combats autour de Staïglad et de l’autre une entreprise de réconciliation avec des populations pour partie hostile et traumatisées par la guerre.

Marginalisées en raison du siège qui se poursuit, les populations de Staïglad ne seront, sur le papier, pas oubliées puisque le gouvernement Malyshev a annoncé que des bureaux de vote seront installés de l’autre côté des lignes de front. Seule condition pour y accéder, se constituer prisonnier de guerre le temps que soit vérifiée l’identité et les antécédents militaires. Autant dire que si la tentation de quitter la ville est sans nulle doute bien présente, la crainte de répercussions ou d’une instrumentalisation est de nature à en faire hésiter plus d’un. Le gouvernement Malyshev espère probablement faire là une nouvelle démonstration de magnanimité, considérant cependant qu’il s’agit surtout d’un effet d’annonce, les habitants de Staïglad souhaitant fuir la ville ayant déjà eu plusieurs occasions de le faire.

Coup de force symbolique dans un Prodnov enlisé dans sa guerre, les élections de juin 2013 seront aussi une manière de régler – par la démocratie cette fois – certains comptes. Si le pari est réussi, elles pourraient bien sonner le début d’un processus de réconciliation national et l’expression de la volonté des Prodnoviens d’en finir avec la guerre. Si elles sont un échec, en revanche, on peut craindre une reprise toujours plus violente de la conflictualité politique là où les urnes n’auront pas suffit à panser les plaies d’un pays fracturé.
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Les Nouvelles Peprovites | 08/10/2012
Entre dépenses de guerre et reconstruction, la culture peine à retrouver sa place dans les budgets de l’Etat

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Fresque anonyme dans le quartier résidentiel de красивый пруд, à Galkovine

Si le festival de Kazachok de Galkvoine fut une bouffée d’air frais dans le paysage culturel prodnovien, rares sont les événements d’une telle ambition à avoir vu le jour dans le pays depuis 2007. La part conséquente du budget de l’Etat d’abord allouée aux travaux d’aménagement du territoire et à la reconstruction a été transvasée en 2009 vers l’économie de guerre et le financement à pertes des usines de production militaire. Hôpitaux surchargés, populations de réfugiées à prendre en charge, restructuration de la bureaucratie et des infrastructures dans les territoires arrachés à la RLP, l’argent manque pour les dépenses jugées « non essentielles » par le gouvernement.

A Peprolov et à Galkovine, les théâtres nationaux témoignent d’une baisse des subventions reçues de plus de 75% en cinq ans. Plusieurs cinémas ont également été contraints de fermer. L’ère du financement massif de la culture par Belleski semble loin, désormais, et peu nombreux sont les Prodnoviens à s’attendre à une embellie dans les prochains mois. « Tant que la guerre exigera que l’économie fonctionne à flux tendus, nous ne pouvons-nous permettre d’extravagances » explique d’un air grave le gouverneur régional de Galkovine, Lev Korablyov. Seules les bibliothèques continuent de fonctionner correctement, grâce entre autres aux partenariats avec la Commune d’Albigärk et aux programmes d’éducation publique maintenus par le gouvernement.

De là à en conclure que la culture s’est fait la malle du paysage prodnovien ? Pas autant qu’il n’y paraît. Loin des subventions publiques et des initiatives ministérielles, les contre-cultures et cultures alternatives fleurissent dans un contexte de guerre où les Prodnoviens ont plus que jamais besoin de s’évader. De fait, les réformes entamées à l’époque par Belleski semblent continuer de porter leur fruits et ce malgré les coupures drastiques dans le budget de la culture. Les écoles d’art plastiques et les clubs de loisirs et d’expression pour la population n’ont pas disparu – sauf destruction des locaux ou départ de la population – et continuent leurs activités avec le peu de moyens à leurs dispositions. Les friches urbaines que laisse dans son sillage la réindustrialisation et la modernisation des activités industrielles laisse à la population de vastes espaces d’expression via les tags, collage, ou simplement l’investissement de lieux communautaires et participatifs.

C’est le cas de l’ancienne cimenterie de Galkovine, détruite lors des bombardements de répression du gouvernement Slava. Aujourd’hui, le bâtiment en ruine a été récupéré par un collectif d’artistes de rues. Sur les murs à moitié détruits, de grandes fresques aux styles contemporains cohabitent avec des slogans politiques et poétiques. « Depuis le début du siècle notre pays va dans tous les sens, explique l’artiste Sherlokov*. S’exprimer c’est vital pour nous, l’art permet de donner du sens là où on a souvent l’impression qu’il n’y en a plus. » Une manière aussi de redonner un nouveau souffle de vie à des rues, des bâtiments détruits qui, faute de financements, n’ont pas encore pu être reconstruits. « Il y a des lieux comme ici où on voit la nature qui revient, j’ai vu un couple de renard se balader dans la cour derrière une fois. Les animaux sauvages et les hommes sauvages, on récupère ce que le gouvernement a abandonné. »
*il s’agit d’un pseudonyme

Les autorités, elles, laissent faire. A Galkovine particulièrement où la répression a endeuillé beaucoup de gens, les bombardements de Lavrov Slava sont encore un tabou. Si l’administration n’a toujours pas reconnu les crimes de l’ancien Chef Suprême du Prodnov, elle a malgré tout lâché la bride pendant le mandat lutharovien. Une politique que ne semble pas vouloir laisser tomber Lev Korablyov. Interrogé sur le sujet, il botte en touche, mais des fonctionnaires de police nous confirmeront en off que la RSP n’a pas l’intention de reprendre en main la situation pour le moment, faute sans doute de contre-projets à opposer aux artistes de rue.

« Ils savent qu’ils n’ont plus les moyens de la dictature. Même ici à Galkovine où le régime communiste a été maintenu nous avons connu l’expérience tous perçu la fragilité du système. Il faudra faire avec le peuple désormais et renouer avec les origines du socialisme réel, comme nous l’avons connu à l’époque » conclue Sherlokov.

Makar Andropov, élu du Parti Libéral Prodnovien dans la 4ème circonscription de Galkovine, témoigne lui aussi sur ce sujet : « Il y a un courant autoritaire au sein de la coalition rouge qui rêverait d’abandonner les réformes Belleski et de remettre en place un art pompier, à la gloire du socialisme et de ses grandes hommes. Madame Celestyna Krivkova qui est au ministère de la Culture n’est pas exactement une personnalité forte, d’ailleurs je pense que la plupart de mes concitoyens ignorent son nom voire son existence. Le risque anti-libéral et anti-démocratique est toujours présent simplement le gouvernement n’a pas pour le moment les moyens de le mettre en place. Quand la guerre finira, il faudra être très vigilants car nous ne sommes pas à l’abri que tout ce qui a été permis tacitement ne le soit plus. »

Une crainte qui ne semble pas pour l’instant freiner les initiatives locales, souvent faites de bric et de broc et par des amateurs. « La friche urbaine est le théâtre d’expression de l’art, s’enthousiasme Docteur Watsov*, un autre artiste de rue. Belleski a libéré le potentiel créatif du Prodnov qui bouillonnait dans la population et avec l’affaiblissement du régime il n’y a plus personne pour nous interdire de créer ! je suis presque heureux que les subventions aient été coupées, au moins il n’y a pas un commissaire sur notre dos pour vérifier que l’argent est bien utilisé. Nous sommes libres et nous entendons le rester ! »
*il s’agit d’un pseudonyme

Dans les angles morts de la propagande de guerre, l’imagination fertile d’un Prodnov insoupçonné semble trouver l’espace pour pousser. Qu’il soit contestataire ou non, mélancolique ou plein d’espoir, les courants artistiques se cherchent et se trouvent, se font et se défont au gré des friches et des lieux, des clubs et des collectifs. Dans les rues des métropoles grisailleuses à l’architecture brutaliste, la couleur et l’art envahissent désormais les trottoirs.
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Les Nouvelles Peprovites | 22/04/2010
Staïglad, anatomie d'un siège

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Militaire Pharois dans le camp de réfugié de цапля (nord de Staïglad)

Nous sommes actuellement sur le terrain dans la banlieue de Staïglad où le siège vient officiellement de se refermer, nous explique le Mayor Fyokhlachev en charge de la sécurité des journalistes. Si l’armée a bien voulu nous escorter sur la butte de герой нации qui surplombe la ville, nous ne sommes pas autorisés à nous rapprocher de la ligne de front. Cette dernière est encore « trop précaire » nous explique le Mayor qui craint une tentative de percée de la part des forces de l’ONC sur des positions mal défendues.

La chute de Markhiv, trois jours plus tôt, a permis aux forces communistes d’achever l’encerclement de la capitale sans craindre désormais d’être pris à revers. Seul le sud du pays demeure encore sous contrôle de la RLP. « Plus pour longtemps » assure le Mayor, faute de ville majeure pour retenir l’avancée des troupes, la seule crainte désormais de l’armée rouge se trouve dans une hypothétique intervention du Vogimska par la Nazakraine. « Assez peu probable » cependant, « la destruction des principales lignes de chemin de fer par l’aviation empêche une pénétration rapide de notre territoire par le sud-est et surtout un ravitaillement. Nous ne pouvons pas être pris par surprise. »

Si l’armée rouge s’est quelque peu fragmenté pour assurer l’occupation des territoires libérés et que l’état-major s’apprête à envoyer plusieurs divisions reprendre le sud et se poster à la frontière de la Nazakraine, le gros des troupes encercle désormais Staïglad, dernière ville majeure contrôlée par l’ONC. « Le plus dur reste à faire, nous confient des officiers en off, les limites techniques de l’armée rouge ont laissé le temps à l’ennemi de s’enfuir mais aussi de se retrancher. Ce ne sera pas une bataille mais un siège qui s’annonce. »

Difficile pour l’heure de dire combien de temps celui-ci durera. Le Maréchal Andreyev a accepté de nous recevoir dans les bâtiments de la banlieue nord qu’occupent ses équipes. Penché au-dessus d’une carte de la ville, il nous annonce être pressé et nous fait signe de nous asseoir rapidement autour de la table de commandement, débarrassée pour l’occasion de tous documents sensibles. « Si nous trouvons en nous la force et l’héroïsme, la ville tombera dans un mois, nous affirme-t-il tout de go. L’ONC a révélé sa couardise en fuyant face à nos forces, les combattants de la RLP ont pour parti déserté, nous combattons des lâches et des félons. »

Interrogé sur la même question, le Mayor Fyokhlachev se montre plus sceptique. « Ceux qui sont là-dedans ont choisi de rester en connaissance de cause. Ils sont perdus et se savent dos au mir, il faudra s’attendre à des combats sanglants. » Inquiet pour la population, il ne parvient pas complétement à cacher son amertume. « Des bourreaux qui ont massacré déjà, j’ai peur pour les civils enfermés avec eux, notre devoir patriotique est d’en sauver un maximum. »

De l’autre côté de la ville, au nord, les premières colonnes de réfugiés se massent déjà devant les lignes pharoises. Le couloir humanitaire est installé depuis une semaine et le flot de civils ne semble pas prêt de se tarir. « Il y a deux millions d’habitants à Staïglad si on exclue ceux qui se sont déjà tiré, c’est une ville très densément peuplée, quand bien même les Pharois en évacueront cent, deux cent ou même trois cent mille personnes c’est une goutte d’eau. » peste Fyokhlachev. Nous apprendrons plus tard que le Mayor a de la famille dans la ville, des cousins dont il a été séparé au moment de la division du pays.

Vêtus de gris et sans uniformes officiels, les forces de la Merirosvo détonnent en comparaison de la discipline de leurs compatriotes des Stations Libres et des forces de l’armée rouge. Plus nonchalants, la plupart des procédures sont expédiées malgré les garanties fournies au gouvernement de la RSP. Un premier check-point accueille les civils, mains en l’air, qui ne sont pas autorisés à apporter avec eux plus d’un sac à dos. Celui-ci est dans un premier temps laissé de côté ouvert et examiné par une équipe de déminage. Pendant ce temps, les civils sont fouillés par les forces pharoises qui s’assurent qu’ils ne possèdent aucune arme.
Une fois les premiers tests passés, les réfugiés sont guidés vers un camp de recensement. Ici l’attente est de plusieurs heures avant d’être accueilli par des administrateurs Prodnoviens. Nom, âge, sexe, anciennes professions. Les documents d’identités facilitent la procédure, ceux qui n’en ont pas devront se soumettre à d’avantage de contrôles. Les autorités de la RSP veulent s’assurer qu’aucun criminel, soldats ou ressortissant étranger ne pourra sortir de la ville sans que ne soient vérifiés ses antécédents militaires et ses activités politiques sous le régime de la RLP.

« Le Camarade Malyshev a promis la justice aux Prodnoviens. Les civils de Staïglad ont été pris en otage par l’ONC et aucun mal ne leur sera fait, mais les collaborateurs et les chiens du capitalisme devront répondre de leurs actes ! » aboie à notre micro le sous-officier Lukov, en charge de cette partie des opérations. Rares sont en vérité ceux à être retenus. Une trentaine tout au plus en quelques jours, emmenés à l’écart pour des interrogatoires plus poussés. « Tout ça c’est de la com’ avoue un Pharois ricanant, les types qui ont du soucis à se faire se sont tirés depuis longtemps ou bien ils ne comptent pas se rendre. Faudrait être con pour demander l’asile quand on sait que t’as collaboré avec le régime dont on veut la peau. »

Plus nombreux, en revanche, sont les Prodnoviens retenus pour les informations qu’ils sont susceptibles de détenir sur l’état des défenses de la ville. Ceux là sont également emmenés à l’écart, dans un immeuble transformé en bureaux par l’état-major prodnovien pour recueillir et recouper les témoignages et éclaircir un peu la situation à l’intérieur de la capitale. Les interrogatoires peuvent, le cas échéant, s’étaler sur plusieurs jours. « Tout le monde est bien traité, nous nous assurons que nos compatriotes libérés collaborent pleinement avec le régime de la RSP. Ils recevront une médaille pour cela, un témoignage crucial contre nos ennemis contribue autant à l’effort de guerre qu’une balle tirée. »
Une médaille, et peut-être un peu plus. C’est en tout cas ce qui se chuchote dans le coin. Un employé sorti de l’immeuble pour fumer nous le confirme à voix basse « c’est une forme de chantage, on prend un membre de la famille et on lui dit que s’il nous dit ce qu’on veut savoir, ça ira plus vite pour les siens. S’il refuse en revanche la procédure peut… trainer. » Et si son témoignage s’avère mensonger ou incohérent avec les autres ? demandons nous. L’employé pince les lèvres. Nous n’aurons pas d’avantage d’informations.

Autour des bureaux, une partie de la banlieue pavillonnaire de Staïglad a été transformée en camp de réfugiés. Ici les Pharois apportent couvertures, nourriture et eaux, produits hygiéniques et tout le nécessaire à une installation de fortune dans les maisons attribuées par l’armée. « C’est provisoire donc ça va, explique un Pharois aux allures de pirate. On est aidé par des ONG et on ne manque pas de ressources ni d’alliés dans la région. La Merirosvo veut en finir vite alors paradoxalement elle a mis la main au portefeuille. »

Les réfugiés resteront dans le camp le temps que les procédures de vérification soient achevées. Impossible de sortir, la forte présence militaire pharoise assure la surveillance du quartier et des grillages ont été dressés pour fermer les rues. Certaines façades ont même été murées en urgence pour interdire l’accès aux fenêtres. A l’heure actuelle, quelques quinze mille personnes seraient encore en transition dans le camp. Le turnover est assez élevé toutefois, rares sont les familles à rester bloquées plus de quelques jours.
« Les combats n’ont pas encore commencé, explique un militaire Pharois, les Staïgladiens qui voulaient partir l’ont fait avant que l’armée rouge ne boucle la ville. Mais j’ai peur que ça commence à se bousculer au portillon quand il y aura les premiers affrontements… ou si ça dure, que la nourriture et l’eau potable commencent à manquer. »

Une fois les procédures achevées, les civils ont accès au corridor humanitaire, une mince zone sous contrôle pharoise exclusive menant au port de Nevskigorod. A partir de là, les réfugiés se verront offrir le choix de se rendre dans les régions libérées du Prodnov ou de prendre un navire pour un autre pays – si ce dernier y consent. Les Pharois et les Albiens se sont d’ores et déjà porté volontaire pour accueillir les réfugiés en faisant la demande. La plupart choisissent toutefois de demeurer au Prodnov et de se diriger vers les oblasts de Peprolov et Galkvoine.

Tout du long, difficile de nous entretenir avec les civils. L’armée rouge se montre méfiante et les Pharois également. Peur d’une bavure, nous explique-t-on, il y a un jeu médiatique et communicationnel, la RSP veut se montrer irréprochable et le Pharois espère également se racheter une réputation. Tout le monde semble avoir conscience que la paix dans la région commence ici, dans le bon traitement des réfugiés, et la supériorité militaire de l’armée rouge et de ses alliés des Stations Libres ainsi que la prise rapide du reste du territoire autorise l’état-major à se détendre.

« Tant que les choses se passent bien, nous nous autorisons à faire les choses biens, nous explique le Maréchal Andreyev. L’ONC s’est réfugiée et se fortifie dans la ville, soit, mais elle n’est pas la seule à pouvoir profiter de la lenteur des opérations. Ce sont eux les assiégés désormais et ils vont commencer à manquer de tout, nous ne sommes pas pressés. »
Une analyse de la situation que ne semble pas complétement partager le Mayor Fyokhlachev « plus nous attendrons, plus ça va être l’enfer dans Staïglad. C’est une balance, un choix cornélien entre sacrifier nos militaires pour reprendre la ville ou la laisser pourrir et sacrifier ses habitants. »

Ce qui frappe pour le moment c’est surtout à quel point tout est assez calme, dès lors qu’on s’éloigne du corridor humanitaire. Des militaires Prodnoviens sur le qui-vive, préparant leurs défenses, mais sans qu’aucun bruit de conflit ne nous parvienne aux oreilles. L’état-major semble avancer prudemment par étape, sachant que son adversaire a d’ores et déjà eu le temps de se barricader. Presser les choses ne semblent plus véritablement pertinent pour le moment.

« Nous attendons qu’une partie du matériel nous arrive, explique le Maréchal Andreyev en désignant des unités sur sa carte stratégique. Nous avons besoin de drones de reconnaissance et de pièces d’artilleries pour anéantir les forces ennemis à distance. Nous devons repérer le terrain en amont pour ne pas tirer à l’aveugle. »

Ainsi, le temps semble ici quelque peu suspendu, figé en attendant la reprise des offensives. La bataille de Markhiv devrait par ailleurs être décortiquée dans les prochains jours en préparation des futurs combats urbains. Quant au million de civils encore dans Staïglad, leurs nouvelles ne nous parviennent qu’à travers des fréquences radio à courte portée qu’on imagine sur écoute. Impossible de contacter des gens depuis l’extérieur pour le moment, nous essaierons une fois sortis de la juridiction militaire, l’état-major de l’armée rouge souhaitant limiter les interactions au maximum. Les liaisons satellites sont coupées désormais, tout comme le sont progressivement les lignes téléphoniques et internet, isolant chaque jour d’avantage Staïglad du reste du monde.
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La Pensée nouvelle | 03/05/2010
Prise de Markhiv : l’armée rouge a-t-elle délibérément sacrifié les brigades tahokaises ?

C’est une révélation qui met en lumière tout le cynisme de l’armée rouge : dans un document confidentiel que La Pensée Nouvelle s’est procuré, plusieurs indices laissent à penser que les unités d’infanterie composées de Tahokais* ont été choisie de manière privilégiée pour les opérations militaires dangereuses voire suicidaires.
*unités formées dans le cadre du programme d’intégration des réfugiés Tahokais pendant l’année 2009.
Le cas de la prise de Markhiv en serait l’un des pires exemples où, d’après nos estimations, plus d’un millier d’hommes auraient perdu la vie dans l’offensive, principalement d'origine tahokaisen en proportion de leur poids au sein de l'armée. Ce drame serait le résultat d’une politique délibérée et assumée des officiers de l’état-major comme le témoignent des discussions en interne que La Pensée Nouvelle a pu consulter.

Dans le document, on peut ainsi lire :
Le délais que l’état-major nous impose pour reprendre la ville de Markhiv ne nous permet pas d’envisager les combats sans subir des pertes disproportionnées par rapport aux forces que l’ONC nous oppose. La position retranchée des défenseurs implique nécessairement l’usage d’une grande quantité d’hommes et de matériel sacrifiable pour déloger nos adversaires. Nous pensons que la première ligne devra être composée d’unités dont la loyauté doit être mise rapidement à l’épreuve du feu des combats.

Si les brigades tahokaises ne sont pas explicitement mentionnées, il s’agit pourtant bien d’elles dont parle le rapport. Pour preuve, la dissolution de la 21ème brigade d’infanterie (composée à plus de 80% de soldats d’origine tahokaise) et sa fusion avec la 22ème brigade d’infanterie une semaine après la prise de Markhiv. Un choix passé inaperçu mais qui, au regard du document que nous nous sommes procuré, pourrait être révélateur des pertes subies à Markhiv.

Interrogé par nos journalistes, les officiers en charge de ces brigades ont tous refusé de faire le moindre commentaire, se réfugiant derrière un « secret défense » bien pratique. Pourtant, les rotations et mutations sont en général des informations publiques qui relève de la vie quotidienne des armées. On peut comprendre que ces habitudes soient bouleversées en temps de guerre, mais ce mystère demeure particulièrement suspect au regard des documents que nous avons pu consulter.

Plusieurs familles tahokaises que nous avons essayé de joindre nous confirmerons par ailleurs (non sans quelques difficultés de vocabulaire) être sans nouvelles de leurs proches engagés dans l’armée rouge. « Une situation qui n’a pas de quoi alarmer » nous a expliqué l’un des prêtres mécanistes en charge des populations réfugiées. Il serait selon lui « normal » qu’au vu de la situation sur le front les soldats ne soient pas autorisés à communiquer des informations dont le caractère stratégique se doit d’être évalué avant d'être rendues publiques.

Toujours est-il que ces documents sèment le trouble. Un autre extrait révèle ainsi le cynisme avec lequel l’état-major considère les Tahokais engagés dans l’armée :
La différence linguistique est à cette heure l’un des plus gros obstacles que nous rencontrons pour coordonner nos forces avec le Pharois. Nous devons par ailleurs composer avec certains corps d’infanterie sous notre commandement parlant peu ou mal notre langue russe. Toute tentative de manœuvre complexe s’avère pour l’instant inapplicable en contexte de combat réel nous faisant considérer ces soldats comme uniquement bons à la logistique.

L’état-major aurait-il envoyé des Tahokais sur le front en sachant pertinemment que ces-derniers y feraient office de chair à canon ? Si ces projets ne sont jamais ouvertement évoqués, le recoupement des rapports et délibérations internes à l’armée rouge laisse à penser qu’un calcul glaçant aura été réalisé : sacrifier une masse de soldats pour s’emparer de Markhiv, sachant pertinemment que cette dernière ne tomberait que sous le nombre, et préférant pour cela employer des soldats peu habilités à réaliser des manœuvres complexes de combat urbain.

De là à penser que l’armée rouge aurait désiré se débarrasser en priorité de ses soldats Tahokais ? Ou que dans un élan de racisme, elle aura préféré la mort d’étrangers d’origine nazuméenne à celle de slaves ? Il n’est pas interdit de le suspecter. De futures investigations révéleront sans aucun doute ce qu’il en est mais pour l’heure nous demandons solennellement à Alexei Malyshev et Lavr Krayevsky de prendre la parole sur ce sujet pour éclaircir ses macabres ambiguïtés.

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Les Nouvelles Peprovites | 30/10/2012
Autodissolution de l’UNCS : le Prodnov doit-il jouer le jeu des grandes alliances ?

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Demolition de la statue de Baldassare Calabraise en Afarée du nord

Alexei malyshev l’avait déclaré en 2008 : « Le Prodnov ne rentrera dans aucune alliance internationale jusqu’à sa réunification complète et définitive. » une manière de rassurer implicitement les soutiens de la RLP tout comme les alliés de la RSP : non, le face à face prodnovien ne devrait pas, même en cas de reprise des conflits, mettre en branle les rouages des grandes alliances internationales. La peur de voir s’affronter directement les pays du Liberalintern et ceux de l’ONC avait à l’époque incité les principales puissances militaires de la région à ne pas s’engager trop en faveur de l’un ou l’autre camp, craignant de provoquer une surenchère d'alliances au cœur de ce que tous savaient être une poudrière. On se souvient par ailleurs comment la communication déployée par le Lofoten au début de la guerre de réunification avaient été fortement critiquée par la communauté internationale pour son inconséquence : en accusant le Pharois de participer au conflit et en le ciblant directement, Pembertøn jouait avec le feu et prenait le risque de transformer les affrontements locaux en une pure et simple guerre mondiale.

De l’eau a coulé sous les ponts à présent et bien que le siège de Staïglad ne soit pas encore achevé, la question de la place du Prodnov socialiste se pose dans un monde où les puissances eurycommunistes sont en déclin. L'autodissolution de l'UNCS résonne comme un coup de semonce pour les nations socialistes du monde entier qui voient définitivement s'effondrer une alliance par ailleurs déjà durement fragilisée par son incapacité à défendre le régime Kronien. La Loduarie, en raison de ses multiples soutiens financiers et militaires, demeure à ce jour un farouche défenseur de la RSP mais en dehors du régime Lorenzien, peu nombreuses sont les nations susceptibles d’engager aux côtés du Prodnov un véritable rapprochement politico-économique. Il faut dire que la RSP se heurte à un double problème : d’une part, le flou idéologique entourant son modèle composé d'un gouvernement au pouvoir d’obédience communiste adossé à un régime et des institutions résolument libérales-démocrates, n’aide pas à cerner la vision politique du pays. Par ailleurs, la présence de la Merirosvo comme puissance régionale dominante gêne le développement d’une diplomatie indépendante, échappant à la sphère d’influence pharoise.

Dès lors, quelles sont les options du Prodnov réunifié ? En dehors des organisations régionales, rares sont les alliances idéologiques susceptibles de lui convenir et de l'accepter. Si certains plaident assez logiquement pour une candidature au Liberalintern, plusieurs obstacles s’opposent à ce projet. Déjà, le manque de volonté politique de la part de nos dirigeants ferme la porte à une candidature à courts termes. Bien que la question pourrait arriver dans le débat en vue des prochaines élections législatives, la coalition rouge au pouvoir n’a à ce stade jamais évoqué l’hypothèse d’une entrée dans l’Internationale Libertaire. Une volonté à l'époque d'affirmer son indépendance et de se démarquer de sa rivale, la RLP, acceptée pour sa part comme membre observateur de l'ONC. Si l’alliance anarchisante du liberalintern se révèle assez flexible dans ses critères d’admission, la tentation étatique et la méfiance que voue le gouvernement prodnoviens aux modèles démocratiques libéraux pourrait lui en fermer la porte. Par ailleurs, et c’est un secret de polichinelle, tout laisse à penser que le Pharois s’opposerait à l’entrée de la République Sociale dans l’alliance. En se plaçant sous la protection du bouclier libertaire, le Prodnov s’affranchirait d'un coup de sa dépendance à la flotte noire de la Merirosvo et recouvrirait en partie sa souveraineté militaire, privant ainsi la république pirate d'un puissant levier d'influence.

Le Liberalintern de facto exclu, que reste-t-il comme possibilités en dehors d’un isolationnisme réactionnaire ? Plusieurs options sont sur la table, notamment celle portée conjointement par une partie de l'extrême droite et de l'extrême gauche à travailler à l’union et au rapprochement des nations ethniquement slaves et socialistes comme la Lutharovie, la Foulrérie ou la RSFT. Un pari un peu hasardeux en l’état, considérant l’isolationnisme de ces nations et leur faible dynamisme sur la scène internationale. Si certains n’hésitent pas à envisager une unification par la force – politique ou militaire – y compris au sein de la coalition rouge, la plupart des réflexions sur le sujet sont heureusement plus réalistes. La construction d’une alliance régionale des pays de l’océan du nord incluant le Pharois pourrait être un pis-aller pour le Prodnov et lui offrir une tribune pour faire entendre sa voix au sein d'une route commerciale somme toute assez fréquentée.

Une autre solution serait de porter le regard au-delà de l’est-eurysien. Soit vers l’ouest et la Manche Blanche, soit vers le sud et la mer Blême. Deux projets qui n’entrent pas forcément en contradiction mais ont chacun leurs limites et leurs défauts. A l’ouest, l’hégémonie de la sphère pharoise et l’émergence de l’OND laisse peu de places pour une proposition socialiste, d’autant plus que la présence de nations ouvertement hostiles à cette idéologie telle que le Rasken ou l’Ambarois laisserait présager des difficultés d’implantation. Dans la région, seule la Damanie et l'Okaristan en pleine guerre civile pourraient faire figures d'alliés pour le Prodnov. Le sud, bien que moins riche, présente l’avantage d’échapper à la sphère d’influence pharoise et de disposer de régimes potentiellement amis comme le Mokhai, la commune de Jadida, la RSFT ou le Workland. La mer Blême fonctionne toutefois comme un espace géopolitique à part entière et les vastes distances qui séparent ses nations imposent de pouvoir s'appuyer sur une marine fonctionnelle, que ne possède pas la République Sociale.

Si aucune de ces options ne semble pleinement satisfaisantes, elles seront sans aucun doute débattues à l’occasion des législatives de juin prochain, chaque parti y ayant l’opportunité de défendre sa vision et son projet pour le Prodnov. La question est toutefois sensible puisque rejoindre une alliance ou un bloc géopolitique soulève l’épineux enjeux de la souveraineté du pays. Si certains voient dans le rapprochement de la RSP avec d’autres nations une force, voire une nécessité, d’autres n'hésitent pas à raviver le trauma du putsch et de la guerre civile, pilotée en sous-main par des alliances concurrentes, et insistent pour que le Prodnov demeure indépendant coûte que coûte. Vouloir rester éloigné des grands conflits d’influence, est-ce du bon sens ou de la naïveté ? En dehors du pragmatisme nécessaire dans les relations internationales, ce débat soulève des questions particulièrement sensibles pour notre pays qui fêtait il y a quelques mois le triste anniversaire des cinq ans de son invasion.
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La Pensée nouvelle | 20/11/2012
Sécurité sociale alimentaire : les socialistes déclarent la guerre aux exploitants agricoles

Comme on le redoutait, la montée en puissance de la coalition rouge consécutive au succès de sa politique militaire va avec une intensification des projets de réformes tirant vers le socialisme. Le Prodnov est devenu en quelques années un terrain de jeu pour apprentis sorciers travaillant d’arrache pieds à faire revenir notre tissu économique libéral à un modèle d’avantage collectiviste et étatique. Haro sur le privé ! semble crier les malyshevites, applaudis par le GMDO ! Et tant pis pour les honnêtes travailleurs qui, par leurs initiatives et leur intelligence, on réussit à faire fortune dans le Prodnov capitaliste. Toute tête qui dépasse doit être matraqué, voilà bien le socialisme. Alors que la libéralisation de l’économie de la RLP et de l’oblast de Peprolov avait sans conteste conduit à une libération des énergies, pour la plus grande santé économique du pays, voilà qu’il faut dare-dare tout moyenner et niveler par le bas de nouveau.

Face à cet absence de bon sens économique, au mépris de toutes les lois scientifiques, le projet de sécurité sociale alimentaire révélé par Korney Kovalevsky, le ministre de l’Agriculture, a fait bondir les exploitants agricoles. Et pour cause, si le monde paysan formait la base de l’électorat du parti Républicain Communiste du Prodnov en RSP, il n’en va pas de même en ex-RLP où la privatisation des terres a permis l’émergence de fleurons nationaux de l’agro-industriel. Des entrepreneurs florissants qui ont su tirer parti des avantageuses plaines cultivables du pays grâce au rachat en masse des parcelles et l’investissement à crédit dans du matériel agricole de confection jashurienne. Or c’est tout ce business modèle que le projet Kovalevsky se propose d’abattre. Une catastrophe à la fois pour l’économie du Prodnov mais aussi pour les exploitants agricoles qui comptaient sur la rentabilité de leurs investissements pour rembourser leurs dettes.

En découle depuis hier après-midi une fronde du monde agricole dans le sud du pays. Plusieurs centaines de personnes se sont réunies sur les grands places de Vimrast, Sarolyovsk et Brivnokov ou devant la maison du peuple de Nakhodka. Des protestations pacifistes, pour le moment, réclamant de la part du gouvernement l’abandon du ruineux projet de loi de sécurité sociale alimentaire. Pour l’heure, ce-dernier n’a pas encore fait de commentaire mais les gouverneurs de Sarolyovsk et Nakhodka ont prévenu les leaders du mouvement social qu’aucun débordement ne serait toléré. La présence des forces de réserve de l’armée rouge dans le sud du pays est à ce titre de nature à inquiéter les observateurs des droits de l’homme et du droit de rassemblement.

Mais que contient le projet de loi, exactement ? Tout simplement de créer un concurrent d’Etat à la grande distribution : des supermarchés financés par l’impôts et signant des accords d’exclusivité avec des petits fournisseurs paysans. Une façon pour le gouvernement Malyshev d’enrayer le cicle vertueux du libre marché en favorisant artificiellement les petits exploitants au profit des gros. Proposition populiste qui, à termes, n’aboutira qu’à faire perdre au pays des gains de productivités en rognant sur les économies d’échelle. Au point de craindre la pénurie alimentaire ? On aurait des raisons de s’inquiéter au vu de la liste de règles que le gouvernement souhaite imposer au paysans signataires de ses supermarchés collectivisés. Abandon des pesticides et de plusieurs engrais azotés, limitation des surfaces exploitables et retour des haies pour recréer un bocage. Autant dire un retour à la paysannerie féodale et pourquoi pas aux jachères ?

Sous prétexte de préserver la fertilité des sols prodnoviens, le gouvernement Malyshev fait en réalité un cadeau empoisonné et clientéliste à un électorat qui a massivement voté pour lui : la petite paysannerie traditionnelle. Un geste économiquement insensé mais qui, il l’espère, pourrait lui rapporter gros dans les urnes à sept mois des élections. En sacrifiant volontairement les exploitants et entrepreneurs agricoles du sud du pays au profit d’agriculteurs plus modestes, le gouvernement renoue avec la terrible tradition socialiste de persécution des riches et des méritants. Au nom de la justice sociale, c’est un secteur florissant de l’économie qu’on étouffe, pour des raisons idéologiques et mesquines. Pire, les denrées agricoles sont l’un des seuls biens que le Prodnov exportait massivement – notamment en direction de la péninsulte albienne. Si certains accusent Alexei Malyshev de vouloir délibérément saboter son commerce avec le Pharois pour renégocier les termes de l’alliance avec les pirates, tout le monde est en droit de s’inquiéter qu’à vouloir se faire aussi grosse que le bœuf, la grenouille n’explose en définitive.


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L'âme du Prodnov | 29/11/2012
Loin des clichés, pourquoi la « corruption » pourrait être la solution

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Elle a mauvaise presse chez les démocraties libérales mais, soyons honnêtes, que nous importe l’avis de ces bourgeois ? Depuis que la République Sociale du Prodnov a vu le jour, il existe comme une petite musique chez nos chers amis capitalistes consistant à juger notre pays au regard de leurs propres standards, sans aucune considération pour la situation historique et économique, autant dire, matérielle, du Prodnov. Prodnov ceci, Prodnov cela, une critique qui n’est pas tendre et serait assez légitime si elle avait entrepris dans un même temps et avec impartialité à décortiquer la politique intérieure de la RLP concurrente. Las, il ne fallait pas s’attendre à une grande objectivité de la part des médias et gouvernement bourgeois, dès lors, prenons leur critique avec philosophie, gardons ce qu’il y a à garder mais seulement si nous le jugeons pertinent.

Le récent article du Globe Diplomatique, journal teylais écrit par notre confrère Julien Tourange illustre à nos yeux plusieurs angles morts de la vision occidentale sur le Prodnov. Nous laissons aux chercheurs de l’OILP le soin de revenir point par point sur cet article et n’en traiterons pour notre part qu’un seul aspect qui servira de point de départ à une réflexion plus large sur la façon d’organiser le nouveau régime prodnovien. Tout part de l’avis rendue par le très estimé – et estimable – congrès national d’éthique journalistique teylais, rassemblement national des journalistes du Royaume qui a mis au travail plus d’une centaine de nos confrère, chargés d’évaluer la fiabilité des rapports de l’OILP en vue d’une potentielle participation de Teyla aux questionnaires de ce-dernier.

Citons ses conclusions :
« Le congrès national d'éthique a statué pour la non-transmission et la non-réponse au questionnaire, car il estime que l'OILP est liée à la République Socialiste du Prodnov et est non-indépendante. […] Toutefois, il se réserve le droit d'y participer si des réformes sont entreprises pour rendre l'OILP indépendante et lui fournissent les moyens nécessaires à sa mission. »

Voilà les sacro-saints mots lâchés par la presse teylaise – et nous n’en doutons pas, par un grand nombre de pays de même acabit : « indépendance ». Indépendance vis-à-vis du gouvernement prodnovien, bien sûr, car pour les démocraties bourgeoises, il n’en existe jamais d’autre. L’Etat, dans le logiciel libéral et néo-libéral, est toujours l’ennemi, une entité maléfique vectrice de corruption et de tromperie. L’Etat cache, l’Etat dissimule, l’Etat induit des biais, l’Etat ment, oriente, en un mot, il souille tout ce qu’il touche. L’Etat est ce qui dénature la pureté de la société, sans lui elle fonctionnerait parfaitement, sereine et optimale, paradis idyllique pavé d'individus raisonnables, libres et unis seulement dans les limites de leur consentement, en un mot : indépendants.

Mais quel serait cette situation d’indépendance dont l’Etat nous priverait ? Dans la tête des libéraux, le diagnostic est clair : l’Etat est l’ennemi du libre marché. Or le libre marché, c'est la société optimale et efficiente. Autrement dit, lorsqu’on accuse l’OILP de ne pas être indépendant, ce n’est pas « l’indépendance » comme valeur absolue qui est vantée, mais son indépendance vis-à-vis de l’Etat, la seule véritablement dangereuse. Bien sûr, il s’agit là d’un sophisme grossier. Si l’OILP n’avait pas été fondé et financé par le gouvernement prodnovien, qui s’en serait chargé ? Des fonds privés, assurément, des investisseurs, peut-être étrangers et répondant à un agenda qui n'est, certes, pas celui du gouvernement, mais un agenda tout de même qui leur est propre.

Dès lors, la réclamation des journalistes teylais consiste ni plus ni moins à encourager l’OILP à se jeter dans les bras des financeurs privés, à mendier – on sans doute, contre services intéressés – quelques dons auprès des puissances de l’argent et grandes fortunes du Prodnov et d’ailleurs. Peut-être qu’un généreux donateurs du Royaume de Teyla se portera volontaire, qui sait ? Nul doute alors que l’observatoire sera suffisamment indépendant aux yeux de nos confrères. On notera par ailleurs l’étonnant hasard qui veut que le Royaume de Teyla ait repris assez strictement mot pour mot les conclusions établies par la presse Alguarenos – qu’on sait, elle, tout à fait indépendante en faveur de ses actionnaires, merci l’OILP. Une vision des choses biaisée qui adopte le point de vue des Îles Fédérées de l’Alguarena, Îles Fédérées avec lesquelles le même journal et le même rédacteur vantait, deux jours plus tard, les mérite d’un rapprochement. Voilà, assurément, un journaliste parfaitement indépendant, lui.

Mais refermons cette parenthèse. Derrière l’appel à l’indépendance des institutions se cache en réalité une certaine vision de la « bonne » gouvernance d’un Etat, fondé sur la séparation des pouvoirs et l’existence de contre-pouvoirs dont celui des médias et de la société civile. Pour que cela fonctionne, nous disent les politistes, il faut de la transparence, logique, pour donner du contrôle aux citoyens. Ne nous mentons pas, celle-ci a ses mérites. Nous même à L’Âme du Prodnov avons plusieurs fois appelé à d’avantage de décentralisation et donc, d’une certaine manière, à désarmer l’Etat planificateur qui, nous semble-t-il, a montré ses limites sous l’ancien régime de Viktor Kuklin. Mais cette demande de démocratisation des institutions n’est pas un appel à une indépendance abstraite. Nous, matérialistes et marxistes, savons bien qu’une telle indépendance n’existe pas. Retirez les institutions des mains de l’Etat c’est les envoyer dans les bras du privé. Les citoyens eux-mêmes ne sont pas immunisés aux lobbying et à la propagande. De la même façon qu’une politique pensée à échelle nationale n’est pas moins dépourvue de biais qu’une politique pensée régionalement, voire municipalement. En vérité, l’indépendance, tout comme la rationalité hypothétique du marché des idées sont des fables politiques. Des illusions verbales déployées par la bourgeoisie pour dissimuler les véritables rapport de force économiques et financiers qui innervent nos sociétés. Comme le disait le camarade Monorojok en son temps « qui ne se croit pas manipulé est entre de bonnes mains ».

Et si, face à ce constat légèrement déprimant il faut le reconnaître, la solution n’était-elle pas d’assumer la corruption ? Voilà d’ores et déjà les bonnes âmes idéalistes sauter au plafond, mais prenons le temps de considérer cette option. Qu’est-ce que la corruption ? Il s’agit d’introduire au sein du processus de décision politique des biais inassumés, généralement sous forme d’échanges financiers ou de faveurs et de services, afin d’orienter les choix que devrait, en théorie, prendre l’institution en toute transparence. Or ces choix, nous l’avons montré, sont déjà biaisés en soi. Dès lors la lutte contre la corruption revient à se battre contre des moulins et à jouer les vierges effarouchées quand nos élégants modèles de démocraties idéales, surprise, ne correspondent pas à nos attentes.
Le problème est que cette mascarade des institutions libres et indépendantes ne vise au final qu’à donner des gages de démocratie à d’autres démocraties imparfaites aux yeux desquelles, en définitive, nous ne trouverons jamais grâce. Pensez vous que la République Sociale sera applaudit demain par les bonnes âmes de l’OND ? Personne n’y croit. Le Prodnov social et socialiste se pose en contre-modèle des sociétés bourgeoises, elle sera toujours traitée comme une ennemie de classe et cela nous convient. Inquiétons nous quand les impérialistes nous sourirons et nous taperons dans le dos car alors nous serons devenus comme eux.

Une société, par définition, est traversée par des rapports de force. Rapport de classe dans les sociétés bourgeoises, rapport d’inertie et de praxis socialiste dans les sociétés révolutionnaire. Autrement dit, la pratique de la vie quotidienne nous pousse à tendre vers le conservatisme : mis en place de routine, de confort, paresse intellectuelle et physique avec tout ce qui l’accompagne comme angoisses et inclinaisons réactionnaires. Celui qui possède a peur de perdre, celui qui est installé craint de devoir changer, celui qui a des certitudes rejette la remise en question. Autant de d’états physiques et mentaux qui transforment à moyens et longs termes le démocrate le plus farouche en un médiocre autoritaire. Et le voilà, ventripotent notable, prêt à tout sacrifier pour peu que son confort et ses certitudes ne soient plus menacées. Considérant cette situation, la société révolutionnaire semble impossible ou condamnée à ralentir et, comme le veut l’adage, à tomber.

Fort d’un tel constat, deux enjeux nous apparaissent, en tant que militants communistes et socialistes : tout d’abord, la nécessiter d'inventer et de populariser une pratique révolutionnaire de la vie quotidienne. Autrement dit intégrer à la culture du peuple un rapport au monde social qui soit socialiste et non plus capitaliste. Inculquer des réflexes, des dispositions d’esprit et de corps, une curiosité et un éveil à certaines questions et enjeux. Voilà l’objectif absolu de la réalisation du projet communiste.
Ceci étant dit, force est de constater que l’infusion et la diffusion d’une telle culture populaire n’est possible que sur le temps long, les ambitions d’accélération coercitive ayant systématiquement mené à un raidissement autoritaire stérile. D’ici-là, il faut autant que possible faire vivre la pratique révolutionnaire par la praxis continue d’une avant-garde éclairée et formée, revitalisée de manière régulière, au cœur des institutions.

Or lesdites institutions tendent à la calcification. Dès lors, la pratique de la corruption nous semble le moyen le plus intéressant pour maintenir l’intrusion régulière de la praxis militante dans la vie bureaucratique d’un pays socialiste. Autrement dit, assumons les passes droits pour les communistes. Car s'il y a la corruption capitaliste, détournement de l'intérêt général au profit de l'intérêt privé, nous prônons nous la corruption communiste, détournement de l'intérêt privé au profit de l'intérêt général. Les institutions de l'Etat bourgeois ont été pensées pour sa pérennité, il faut les subvertir. Ce n’est qu’à ce prix, en s’affranchissant délibérément du carcan de l’Etat de droit, que nous parviendrons à transformer la société en profondeur. L’envahisseur Pharois nous a imposé un corset constitutionnel, il ne tient qu’à nous de le dépasser. Hypocrisie de sa part d'ailleurs, lui qui fit sa fortune sur une corruption endémique. Corruption capitaliste, corruption pirate, arrachant aux commerçants et boutiquiers leur rapine, cycle de vol à l'étalage. La corruption communiste que nous appelons de nos vœux doit en tout lieu et toute place où la société menace de s'embourgeoiser briser l'ordre qui s'installe et par notre action, relancer le peuple à la conquête de la justice, pour lui et par lui-même. Ne nous laissons pas nous installer, jamais, nul part, l'exigence n'a pas de fin, elle s'arrêtera quand le militant se confondra avec le citoyen, quand le révolutionnaire sera devenu conservateur, le conservateur réactionnaire et le réactionnaire une idée abstraite et ridicule.

L’OILP n’est pas un organisme indépendant, nous disons « tant mieux ! » mieux vaut un observatoire à fonction herméneutique qu’une institution pieds et poings liés à des règles absurdes pensées par et pour une société capitaliste. Toutes les forces du Prodnov doivent être mobilisées au service de l’exégèse marxiste, cette-dernière est portée par des chercheurs et des militants professionnels, pas par le peuple. Pas encore. Mais cela viendra. Il arrivera un temps, camarades, où le prolétariat aura la maturité de se gérer lui-même. D’ici là, ne nous laissons pas empêtrer dans des débats conçus spécialement pour nous rendre impuissants. Vive le prolétariat souverain, et vive l’Etat populaire et social.
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Les Nouvelles Peprovites | 01/12/2012
Le directeur de l'OILP répond par une lettre ouverte aux critiques formulées à l'encontre de l'institution

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Lavrentiy Shulichenko a choisi de jouer le jeu du débat et de répondre dans les médias

Du 5 au 10 novembre 2012 s'était tenu au Royaume de Teyla un Congrès national d'éthique journalistique réunissant pendant dix jours pas moins d'une centaine de journaliste du pays, venus faire le bilan de leur pratique au regard des analyses réalisées par l'Observatoire International de la Liberté de la Presse. Il s'agissait pour le Royaume de Teyla de décider de la réponse à apporter à la proposition de catégorisation des différents articles de presse dans le monde. Un projet ambitieux mais non exempt de critiques ou de doute, car forcément surplombant en cela qu'il propose de réaliser une analyse comparée des médias dans plusieurs pays aux traditions, pratiques et histoires journalistiques très différentes.

Ce Congrès avait fait l'objet d'un article de presse rédigé par monsieur Julien Tourange pour le Globe Diplomatique. Si l'article relais fidèlement certaines des conclusions apportées par le Congrès, l'OILP a estimé que d'autres commentaires du fait de monsieur Tourange paraissaient inexactes ou appelaient à des précisions.

Monsieur Lavrentiy Shulichenko Fyodorovich, directeur de l’OILP, a choisi de répondre à cet article et aux conclusions du Congrès dans une lettre ouverte que nous vous partageons dans nos colonnes.


Lettre de réponse à nos confrères présents au Congrès national d'éthique journalistique et à monsieur Tourange et à la rédaction du Globe Diplomatique au sujet de son article paru le 11 novembre 2012, L'OILP un outil perfectible ?
De : Lavrentiy Shulichenko Fyodorovich, directeur de l’OILP
Fait à : Peprolov-centre
Le : 1er décembre 2012


Tout d’abord, en tant que directeur de recherche à l’Université d’Etat de Sciences Politiques du Prodnov (Продновский государственный университет политических наук) et directeur de l’OILP, je tenais à remercier chaleureusement et confraternellement l’ensemble des membres et participants du Congrès national d'éthique journalistique tenu au Royaume de Teyla. Les ambitions de l’OILP sont au départ modestes, nous avons souhaité contribuer à la recherche et une meilleure vision de l’état du journalisme dans le monde au XXIème siècle, mais nous n’avions pas anticipé un tel engouement de la part de la communauté internationale. Cet intérêt nous honore, et nous oblige.

Le camarade Malyshev, premier ministre de la République Sociale du Prodnov, m’a appelé suite à la diffusion du compte-rendu de votre Congrès dans nos journaux et chargé de vous remercier en son nom pour le temps que vous avez pris à étudier notre proposition et les axes d’amélioration que vous avez formulé. Il m’a par ailleurs renouvelé sa confiance « inconditionnelle » dans l’exercice de cette importante mission qui consiste à veiller sur la bonne santé et le pluralisme de la presse et de la liberté d’expression, au Prodnov et dans le reste du monde.

Vous avez pris de votre temps – dix jours tout de même ! – pour nous adresser une réponse critique et à ce titre, il est de mes obligations d’apporter une réponse détaillée à ces critiques et d’en tenir compte.


Sur la question de l’indépendance politique de l’OILP

Tout d’abord quant à la question du poids du Pharois et de l’Internationale Libertaire sur les initiatives prodnoviennes. S’il n’y a pas à nier que nos nations travaillent conjointement notamment dans le but de ramener la paix et de réunifier notre nation, la sphère politique anarco-libertaire ne saurait être soupçonnée de conflit d’intérêts avec notre travail. Pour preuve, les critiques formulées par l’OILP à l’égard du Grand Kah et du Canta, alliés Pharois, ou dans une moindre mesure au Pharois lui-même en raison de la collusion soupçonnée entre ses journaux et les milieux syndicaux-pirates de l’industrie de l’armement.
Par ailleurs, le Prodnov a signé plusieurs accords universitaires avec la Commune d’Albigärk, référence dans le monde de la recherche et du développement qui qui n'a pas hésité, plusieurs fois dans le passé, entré en conflit avec le Pharois face à des tentatives de pression qu'exerçait le politique sur l’indépendance de la recherche. L’OILP et les universités prodnoviennes s’inscrivent dans cette démarche d’une science libre et universelle, conformément aux valeurs de fraternité humaine qui nous unie.

De ce fait, nous condamnons catégoriquement la phrase suivante : « L'alliance avec le Pharois semble être une alliance malsaine, ou le pharois dicte et le Prodnov obéit. » qui nous paraît relever d’avantage de la conviction personnelle du journaliste que d’une analyse basée sur les faits.

De ce point de vue, sous-entendre qu’il soit possible de résumer l’action de l’OILP à une manœuvre politique est réducteur. Bien sûr, la liberté de la presse et sa défense dans le monde sont des questions politiques, nous ne le nions pas, mais les attribuer à un camp en particulier serait une erreur. De même que le combat pour défendre « la paix » ou « la démocratie » ne saurait être monopolisé par une idéologie, l’OILP refuse que celui pour la liberté d’expression et de la presse puisse être attribué au seul camp libertaire ou communiste, devenant de facto un outil de propagande. Toute nation, toute personne qui a à cœur ces libertés se doit de refuser toute forme d’accaparement de ces combats à des fins d’instrumentalisation. Nous devons porter un regard critique, honnête et égalitaire sur tous les pays quel que soit leurs régimes et leurs alliances. Soupçonner un biais géostratégique dans ce regard, c’est risquer de le décrédibiliser et de le désarmer, manœuvre bien connue des pays autoritaires et antidémocratiques.

Cette première partie de notre réponse fait écho à la suite de la critique formulée par le Congrès national d'éthique journalistique du Royaume de Teyla. Nous nous attristons à ce titre que l’article de notre confrère Julien Tourange pour le Globe Diplomatique n’ait choisi de garder que les conclusions critiques du Congrès en oubliant au passage de souligner l’apport qu’un tel observatoire – à ce jour unique au monde – pourrait offrir à la communauté internationale. La liberté de la presse est trop souvent le parent pauvre des libertés, pourtant elle préside à beaucoup d’autres, car « sans liberté de critique, il n’y a point d’éloge flatteur ».
Réduire l’OILP à une manœuvre politicienne ou à, pour citer monsieur Tourange, un « coup médiatique » c’est nier l’intérêt démocratique des analyses formulées par notre Observatoire et si, comme le prouve cette réponse, nous prêtons une oreille attentive aux critiques et pistes d’amélioration proposées par nos confrères, nous pensons dommageables que ces critiques éclipsent l’apport réel de notre travail. Au point d’ailleurs de refuser d’y contribuer. Le qualificatif infâmant de « propagande » pour qualifier la communication de l’OILP nous semble là encore relever d’avantage d’une opinion personnelle que d’un jugement de fait, attesté par les premières analyses formulées par l’OILP et qui adressaient une critique objective à notre propre gouvernement.

Nous passerons enfin rapidement sur quelques contre-vérités, cette fois très concrètes, formulées par monsieur Tourange quant à la guerre de libération du Prodnov. Rappelons seulement que le Lofoten, contrairement à ce que monsieur Tourange affirme, a quitté le Prodnov, comme la plupart des nations de l’ONC, à l’inverse du Novigrad et de l’Alguarena qui y mènent encore à ce jour des opérations assassines et impérialistes. Mais ce n’est pas ici le sujet, tout au plus cela souligne-t-il quelques lacunes méthodologiques dans le travail de monsieur Tourange que nous invitons, lui et sa rédaction, confraternellement et au regard des critiques qu’il nous a lui-même adressé à vérifier d’avantage leurs sources.


Sur la méthodologie de travail

L’exercice pratique réalisé par les journalistes du Congrès national d’éthique teylais ont été très instructif. Nous les remercions pour cela et nous inspirerons de leurs critiques et méthodes dans une démarche réflexive visant à toujours améliorer notre propre travail.
Il est vrai que la petite taille de notre équipe peut susciter des doutes quant à la fiabilité des analyses proposées par l’OILP. Sans remettre en question les compétences de nos chercheurs et chercheuses, un être humain est limité dans le travail qu’il peut fournir en 24h et toute la passion du monde ne changera pas le fait que nous devons comme tout le monde dormir et profiter de nos familles en dehors des heures de bureau. Toutefois, il faut savoir que l’OILP travaille grâce à des analyses lexicographiques réalisées sur un grand volume de données traitées par ordinateur. Nous ne lisons pas la presse à la main – mille personnes n’y suffiraient pas – mais compilons cette dernière dans une base de données qui nous permet ensuite de dégager des statistiques sur des récurrences.

Pour illustrer notre méthode par un exemple, une analyse récente des transcriptions réalisées à partir des émissions de la chaîne POV radio fait émerger un fort taux de liaisons syntaxiques entre le lexème prodnov[x] et des modélisateurs assertifs de renforcement (ex : vrai, traditionnel, tous/tout, etc.). Nous pouvons en tirer la conclusion que la chaîne POV opère un travail de négociation et redéfinition des notions touchant à l’identité prodnovienne et s’inscrit donc, consciemment ou non, dans une démarche de revitalisation nationale.

Cette méthode d’analyse lexicographique nous permet de porter un regard – certes génériques mais efficace – sur un grand nombre de titres de presses. Nos moyens sont toutefois limités, expliquant qu’à ce jour, l’OILP n’a proposé pour l’année 2011-2012 qu’une analyse pour six pays (Prodnov exclu) et a ensuite fait appel à des chercheurs étrangers pour réaliser un travail similaire. Nous comprenons néanmoins la nécessité et la pertinence de la méthode qualitative pour rendre compte de manière plus précise les spécificités de chaque presses nationales – notamment en prenant en compte les biais culturels susceptibles déformer notre regard sur ces-dernières – et envisageons de recruter une équipe d’analyse spécifiquement dédiée à la réalisation de travaux en analyse du discours et sociolinguistique.


Sur la méthodologie d’analyse

Le Congrès national d’éthique journalistique a également soulevé des doutes quant à la nomenclature de nos catégories d’analyse. Il est vrai que celles-ci, dans le but de rendre notre travail accessible au plus grand nombre, ont été quelque peu simplifiées. Le label « nationaliste » doit en effet être compris dans un sens pro-gouvernemental, et non dans son acceptation profane. L’OILP considère comme relevant du « nationalisme » une vision journalistique travaillant à la légitimation et la conservation de l’ordre établi à un instant T. Ainsi un même article publié dans des cadres différents pourra tour à tour être considéré « nationaliste » ou « critique » selon s’il délivre une vision méliorative ou dépréciative d’une politique gouvernementale. Ainsi, un appel massif à la grève pourra être labelisé « nationaliste » dans un gouvernement de front populaire – où la mobilisation du monde salarié va dans le sens du régime – ou critique dans un gouvernement bourgeois – où la mobilisation du monde salarié remet en question les hiérarchies sociales induites par le capitalisme.
Ceci étant dit, nous comprenons la critique que nous adresse le Congrès national d’éthique journalistique du Royaume de Teyla et envisageons une nouvelle nomenclature plus claire à l’avenir.

Nous ne comprenons pas en revenche la critique adressé au label « international » puisque celui-ci informe sur les thèmes abordés dans les articles et non sur leurs biais. En la matière, seuls les labels « nationaliste » ; « neutre » et « critique / opposition » rendent compte de l’orientation politique d’un article.

Nous prenons toutefois bonne note de la suggestion de nos confrères du Congrès nation d’éthique journalistique de prendre en compte les questions de droit formelles entourant la liberté de la presse. Il nous a paru, dans une perspective matérialiste de description du réel, de donner un aperçu de l’état de la presse dans différents pays au regard des productions concrètes desdits pays. Nous partons du postulat qu’une loi garantissant la liberté de la presse ne peut, à elle seule, pas se porter garante de la liberté concrète de la presse dans un pays, considérant les risques de corruption, de concentration des pouvoirs médiatiques entre les mains d’un petit groupe de personnes, ou des jugements rendus sanctionnant effectivement les journalistes.
Tout comme il nous paraît nécessaire de distinguer le droit formel du droit réel, notre travail se concentre d’avantage sur ce-dernier. Toutefois, une infographie de l’état des lois sur la liberté de la presse dans le monde serait, indiscutablement, un apport bénéfique de notre observatoire au débat sur la question.


Conclusions

L’OILP s’engage à mettre en place des réformes pour se conformer d’avantage aux standards d’intégrité que, de manière parfaitement justifié, établi le Congrès national d’éthique journalistique du Royaume de Teyla. Excluant de l’équation quelques fausses accusations et mensonges objectifs formulé à son encontre, l’OILP va travailler à renforcer son indépendance et son intégrité au maximum de ses moyens et transmettra dans les prochains jours une série de requête au gouvernement central prodnovien pour permettre et favoriser son autonomie et sa protection.

Une augmentation de la taille de nos équipes et de nos budgets ainsi que des garanties de protections juridiques contre toute tentative d’influence sur notre travail – quelle vienne de notre propre gouvernement ou d’autre partie de la société civile prodnovienne et/ou internationale – seront demandées. Nous nous réservons le droit de communiquer publiquement dans les prochains temps la réponse apportée par le gouvernement prodnovien et de la camarade Krivkova, sa ministre de la Culture.

En espérant que cette lettre aura su répondre à vos interrogations et vous aura rassuré quant à notre bonne volonté de coopérer avec le monde journalistique teylais.
Veuillez agréez mes salutations distinguées,
Lavrentiy Shulichenko Fyodorovich, directeur de l’OILP

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Les Nouvelles Peprovites | 02/05/2010
Markhiv, le jour d'après

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Les photographies de Markhiv témoignent de l’intensité des combats… mais aussi de leur brièveté

Ce sont des scènes de destruction très spectaculaires qu’a immortalisé la reporter de guerre Viktoria Polovtseva pour Les Nouvelles Peprovites. Bâtiments défoncés, parfois à la limite d’avoir été rasés, jouxtent des avenues qu’on pourrait presque croire épargnées. Des vestiges de barricades jonchent les petites rues et il faut avancer prudemment, au rythme des équipes de déminage, tant la zone s’est transformée en moins de deux semaines en un champ de bataille total. La présence de blindés lourds et d’hélicoptères de combats employés pour déloger les combattants embusqués explique certainement la brutalité des affrontements.

Les forces de l’armée rouge ont fait le choix, compréhensible mais dramatique pour Markhiv, de s’emparer de la ville le plus rapidement possible pour pouvoir achever l’encerclement de Staïglad. La capitale est vingt fois plus peuplée et abrite encore le gros des forces de l’ONC, expliquant certainement que l’état-major en ait fait sa priorité. Pour Markhiv, les choix stratégiques des belligérants sont loin d’être sans conséquences et si la vie reprend doucement son cour dans certains quartiers périphériques, d’autres sont pour le moment totalement impraticables en raison de la présence de mines et de munitions qui n’auraient pas correctement explosées après avoir été tirées. Les risques d’effondrement de certains bâtiments font également peser un grand danger sur ceux qui osent s’aventurer dans ces ruines.

Selon toute vraisemblance, certains quartiers du centre-ville devront être totalement rasés. Une façon de faire peau neuve et moins chère, sans doute, que de coûteuses et risquées réparations. Si certains bâtiments historiques comme l’opéra ont heureusement été épargnés, d’autres n’ont pas eu cette chance, la banque rouge – renommée banque de Markhiv sous la RLP – n’est ainsi plus qu’un tas de gravats. De même pour le square des libertés dont la statue de Staï Monojorok a été décapitée par un tir de tank. Pour l’heure, le gros des citoyens de la ville se sont réfugiés dans le sud ou ont pris la route de Peprolov pour bénéficier des infrastructures humanitaires mises en place par le Pharois. Difficile à dire si certains désireront rentrer chez eux dans les prochaines semaines, s’ils ont seulement encore un « chez eux ».

Le bureau du premier ministre a assuré qu’Alexei Malyshev prenait très au sérieux le sort des habitants de la ville et leur promettait « des dédommagements à hauteur des dégâts infligés par l’ONC ». La nature de ces prestations n’a toutefois pas été précisées. Le gouvernement semble en tout cas persister dans sa stratégie de communication consistant à faire porter l’entière responsabilité des violences et des destructions sur le camp d’en face. Un discours qui fait sens en temps de guerre, bien qu’il soit encore difficile de déterminer qui a tiré chaque obus. Il se murmure par ailleurs que le centre-ville, théâtre des opérations militaires ayant subit le plus de destructions, pourrait se voir renommer « quartier central – Alexei Malyshev » en l’honneur de celui qui a « libéré Markhiv ». Difficile à dire si les rumeurs sont vraies, en tout cas une telle décision paraît pour le moment quelque peu précipitée.

Il faudra encore de longs mois avant que Markhiv n’ait de nouveau l’allure d’un lieu de vie.
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La Parole | 22/12/2012
Le premier ministre Malyshev de passage sur le chantier de l'Institut Faravanien

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Le camarade Malyshev n'est pas venu les mains vides : il a ramené des confitures !

Ce n’est pour le moment qu’un terrain vague mais déjà s’y activent une dizaine d’architectes pour élaborer les plans du futur Institut Faravanien à Peprolov. L’équipe, constituée pour moitié de Prodnovien et de Faravaniens souhaite allier les techniques de construction industrielles héritées de la tradition architecturale des communismes slaves, avec l’esthétique traditionnelle faravanienne. Un projet qui place la culture au centre et s’ambitionne, dans son exécution, comme un symbole de rapprochement entre les deux nations.

Surprise, les ingénieurs et architectes ont eu le plaisir d’être salués par Alexei Malyshev en personne sur le chantier. Notre bien aimé Premier Ministre a su trouver le temps pour venir accueillir nos amis Faravanien, bien qu’on le sache fort occupé avec la tenue des élections prochaines et siège de Staïglad qui s’éternise. Accolades et poignées de mains chaleureuses, mais pas de baisé traditionnel communiste, par respect pour la culture pudique de nos hôtes.

Alors qu’il n’est encore qu’embryonnaire, le projet d’Institut Faravanien enthousiasme beaucoup le Prodnov. Il rappelle à nos concitoyens que, malgré la guerre et les drames, la vie continue et que contrairement à ce que persiflent quelques esprits chagrins, la culture aura toujours sa place dans la vie politique prdonovienne. Premier Institut étranger non-eurysien sur notre sol – il marque la volonté de notre Premier Ministre d’ouvrir d’avantage le pays à l’internationale et au-delà de l’océan du nord.

Entre autres gestes de bienvenue, une dizaines de babouchka accompagnaient Alexei Malyshev – et non, pas seulement parce qu’il est beau garçon – mais pour offrir à nos invités des paniers repas et confiseries traditionnelles de la région de Peprolov. Petites douceurs et pots de soupes, des dons modestes mais qui témoignent de la volonté des Prodnoviens à concrétiser l’amitié entre les peuples.

Le chantier s’annonce long et devrait durer au moins un an avant que l’Institut Faravanien ne soit véritablement praticable. D’ici là, les observateurs étrangers sont tous logés à Peprolov-est où plusieurs bâtiments administratifs leurs ont été prêtés ainsi qu’à leurs familles, si demande a été faite en ce sens. Soucieux de la bonne tenue des élections de juin, le camarade Malyshev a expressément demandé que nos invités soient le mieux traités possibles, ces derniers bénéficient d’un accès direct au parc du peuple, deux rues de là, et même à la piscine populaire Gwepolosk Belleski, récemment rouverte au public.
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Les Nouvelles Peprovites | 24/12/2012
Brèves tensions interreligieuses suite à des vols de guirlandes électriques de noël par des mécanistes

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Souvent isolées, faute de pope pour assurer les messes, les églises orthodoxes font des proies faciles pour les vols

Les périodes de fête peuvent être autant des occasions de se rassembler que des moments d’exacerbations des tensions religieuses. Au Prodnov, majoritairement athée, les communautés orthodoxes ont toutefois pignons sur rue, faute de contre-proposition d’Etat et de la déliquescence d’une partie des institutions socialistes. Depuis la fin de la première guerre civile, elles ont fortement recouvré en vigueur et séduisent de plus en plus de citoyens en quête de sens et d’un ordre moral bouleversé par la chute du régime communiste.

Si les orthodoxes sont encore loin d’être majoritaires, le retour à la foi est une tendance malgré tout significative. Celle-ci est d’autant plus marquée qu’elle est désormais talonnée par une religion importée : celle des mécanistes Tahokais. Ultra majoritaire au sein des populations immigrées, bien que celles-ci s’athéisent ou se christianisent légèrement depuis quelques temps, l’orthodoxie et l’Eglise Mécanique se retrouvent de facto en concurrence pour occuper un espace laissé vacant par l’athéisme d’Etat.

Si pour l’heure les frictions sont restées relativement marginales du fait du cloisonnement des communautés, le réveillon de Noël a vu ressurgir des tensions suite au vol (avérée) de décorations lumineuses par des groupes de Tahokais. Pour l’heure, il est encore difficile de dire si ces vols sont imputables à de la maladresse et au décalage culturel ou à une volonté militante. Dans la religion mécaniste, la technologie est sacrée et la voir ainsi mise au service d’une religion concurrente pourrait être interprété comme blasphématoire. Une enquête a été ouverte pour éclaircir les motivations du vol avec pour conséquences le potentiel ajout comme chef d'accusation d'atteinte à la laïcité.

Comme nous l’avions déjà évoqué dans un précédent article, les fois chrétienne et mécanique ont de nombreux points communs, tout en s’éloignant sur des principes fondamentaux, notamment le rejet des orthodoxes du monde terrestre au profit du paradis céleste et de la sauvegarde de l’âme. Des tentatives de syncrétisme ont toutefois été opérée à l’initiative du gouvernement pour assimiler la fabrication des icones des Saints avec le processus de construction et de montage des machines, mais une telle interprétation des textes a trouvé peu d’échos de chaque côté.

Il existe malgré tout des branches orthodoxes tentant de travailler activement au rapprochement entre les communautés, dans un but évangéliste. Côté Tahokais, les tentatives de conversion sont plus rares, ou tout du moins, moins documentées. La fracture culturelle et une moindre tradition universaliste l’expliquent certainement. Pour l’heure, bien que le nombre de Tahokais à intégrer pleinement la société prodnovienne augmente doucement, l’immense majorité des immigrés demeurent assignés aux travaux industriels, conformément à leurs souhaits et à leurs dogmes. Du moins est-ce ce que nous assurent leurs prêtres.

En ce qui concerne les vols de guirlandes, quelques-unes ont pu être retrouvées et une dizaine de jeunes Tahokais arrêtés. Si certains fidèles des églises victimes de ces larcins se sont massés devant le commissariat de Peprolov-ouest pour réclamer des sanctions, ils ont fait face à des contre-manifestant venus de la même paroisse plaider la clémence. Les popes Krasimir et Ludomir, responsables de ces églises, se sont entendu pour en appeler à une médiation et l'abandon des charges. Ce n’est pas la première fois que des litiges de sécurité intérieure impliquant des Tahokais posent problèmes au Prodnov, principalement dû au décalage culturel mais également au manque de traducteurs compétents capables de garantir aux Tahokais le respect de leurs droits.

De nombreuses associations prodno-tahokaises de défense des migrants ont ainsi à plusieurs reprises soulevé les risques d’une telle situation en matière de respect des droits humains. Autre sujet d’inquiétude pour ces associations (tendanciellement de gauche ou communistes), le recours quasi systématiquement aux prêtres mécanistes pour parlementer avec les Tahokais incriminés, confirmant les religieux dans leur place de substitut à la bureaucratie d’Etat, censée être garante devant la loi. Des personnes (encore rares) en situation d’apostasie militante mécaniste ont ainsi critiqué le gouvernement pour sa tendance à se reposer trop naturellement sur le clergé tahokais pour gérer les communautés immigrées, enfermant ces-dernières dans un état de dépendance et bloquant les possibilités d’émancipation de la religion.

Côté prodnovien, la droite et l’extrême droite se sont emparées du sujet, y voyant sans doute un angle d’attaque contre la coalition rouge, dans un contexte de guerre larvée où les critiques sont difficiles en raison de l’union sacrée. Le choix du gouvernement Malyshev d’accueillir plusieurs centaines de milliers d’immigrés sur le sol prodnovien a suscité l’ire des traditionalistes et nationalistes (y compris d’une grande marginale à l’extrême gauche) craignant que l’identité prodnovienne ne soit mise en péril par les mœurs étrangères. Ces vols ciblant des églises deviennent dès lors des symboles de ce danger et d’une culture prédatrice contre les traditions prodnoviennes.

Ce rejet des Tahokais est d’autant plus aisé que les Prodnoviens les rencontrent peux et que ceux-ci sont surtout cantonnés à des tâches subalternes, liées à l’industrie lourde, les plaçant de facto dans une position d’infériorité sociale. En raison du décalage culturel et des difficultés économiques qui les touchent particulièrement, il devient dès lors facile d’accuser les Tahokais d’incivilités et de vol, d’autant plus que ces accusations sont corroborées par des faits d’actualités mis en avant dans la presse nationaliste. Un discours auquel tente de répondre le gouvernement en s’appuyant précisément sur la participation des Tahokais dans l’effort de guerre, ces-derniers étant surreprésentés dans l’industrie lourde nécessaire à la production et l’entretien de matériel militaire. Une situation qui n’est toutefois pas sans inquiéter certains, tel Gravril Kanalin, porte-parole du parti d’opposition Prodnov Uni !, qui dénonce depuis quelques mois le risque de déléguer la souveraineté militaire nationale à des étranger et la perte de savoir-faire des Prodnoviens « de souche ».

Des affirmations toutefois quelque peu contredites par les statistiques, considérant que si entre 60 et 70% des travailleurs de l’industrie lourde sont bien Tahokais, ils ne représentent toutefois que moins de 5% des ingénieurs, contremaîtres et cadres de ce secteur d’activité. Les Tahokais travaillent pour leur part d’avantage sur les chaînes de production et occupent les activités les plus subalternes. Une division raciale du travail qui n’est pas sans poser question sur les choix de la politique d’intégration du gouvernement Malyshev. Interrogé à de multiples reprises sur ce sujet, le porte-parole du gouvernement a toutefois continué de justifier sa politique par le contexte géopolitique prodnovien et la nécessité, à court termes, de se doter d’une industrie et d’une économie moderne et fonctionnelle.

A nouveau, la religion semble donc venir servir de point de cristallisation à des tensions sociales plus difficile à conscientiser. Ces considérations ne doivent toutefois pas nous gâcher les fêtes de fin d’année, n’oubliez pas que la modération est une chose saine, et de ne pas prendre le volant après avoir trop bu.
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