08/06/2013
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Activités étrangères en Saint-Marquise - Page 3

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Le 24 juillet 2009, le soleil se lève, la petite ville de Moses, à une trentaine de kilomètre à l'Ouest de Valmount, commence à se réveiller. Les températures sont caniculaires depuis des semaines et la journée s'annonce encore chaude. Beaucoup d'habitants sont en vacances, la ville est donc calme, très calme. Elle reste fonctionnelle, les premiers employé du parcours de golf se rendent à leur travail pour accueillir les retraités de la journée, pour rapidement se rendre compte que les lieux sont déjà occupés, par des gens qui ne comptent pas permettre le déroulement d'une journée normale dans la petite ville. Plusieurs dizaines de personnes occupent le terrain, et y apportent campements, provisions, matériaux de construction, et plus de gens, ils vont clairement squatter l'endroit. C'est une surprise totale pour la communauté, la police est appelée par un citoyen, quelque officiers se rendent sur place, demandent gentiment aux jeunes squatteurs de bien vouloir quitter la place, pour se voir opposé un refus poli, mais ferme. Les policiers sont trois face à plus de cinquante personnes, et ils comprennent qu'ils n'ont pas simplement affaire à des squatteurs, et qu'ils ne savent pas à quoi ils ont affaire, ils contactent le poste pour savoir quoi faire. A dix heures, le chef de la police vient sur place pour estimer la situation et prendre une décision. Une femme est alors en train de peindre à la bombe une banderole tendue à l'entrée de l'accueil des visiteurs : "u't eta ohoteet um'tgi". Le gérant et le propriétaires du golfe sont clairement énervés de voir ces petits cons occuper illégitimement leur golf pour y suspendre des inscriptions bizarres, les habitants du quartier pavillonnaire d'ordinaire paisible qui accueille ce parcours sont éberlués de ce changement dans leur quotidien que personne n'avait même vu venir. Une policière, venant juste d'arriver sur place, commence, à la vue de cette banderole écrite dans une langue étrangère, mais qu'elle a peut-être vu une fois ou deux, à faire le lien entre toutes les personnes qui occupent le lieu : les quatre vingt squatteurs sont tous des Gardox.

Devrions-nous valoriser nos forêts ?

Des Gardox ? Ceux qui ont un peu suivi à l'école savent que c'étaient les autochtones qui occupaient la terre avant l'arrivée des Indépendants (les premiers colons eurysiens qui formeront par la suite Saint-Marquise). Les curieux savent qu'en réalité, il y avait deux nations qui occupaient les terres actuelles de Saint-Marquise, les passionnés ont probablement déjà leur nom : les Pomawsuwinuwoks ("humains" en pomawsuwin), surnommés "Montagnards" par les premiers colons eurysiens de l'île, et les Ohoteets (dérivé de "oqote'tut", "amis" en ohoteet). Les nerds savent qu'il existait en réalité trois peuples se partageant le territoire, le troisième peuple en question, les Baathu, est peu connu, il a disparu quelques décennies après l'arrivée des Eurysiens. Pour résumer l'histoire des Gardox, ils ont été rencontré par les Indépendants à la fin de l’année 1800, ceux ci ont vu les tensions monter entre les deux camps car leurs cultures étaient différentes et qu'ils ne se comprenaient pas. En 1812, les Indépendants qui souhaitent éviter une guerre signent un traité de paix avec les Gardox, et obtiennent la moitié sud de l'île, les Gardox peuvent alors intégrer la civilisation eurysienne de Saint-Marquise et ils connaissent depuis le confort de la civilisation moderne. Voilà ! Du moins, c'est l'histoire telle que Saint-Marquise la raconte.

Vous vous en doutez, les Pomawsuwinuwok et les Ohoteet ont une version un peu différente de l'histoire en tête. Il existe des installations humaines sur l'île de Norland au moins huit siècles avant l'arrivée des Eurysiens, et même un squelette trouvé en 2000 avant Jésus-Christ. Les Pomawsuwinuwok sont un peuple semi-nomade vivant dans les terres au Nord du pays, qui se concentraient près des fleuves en été pour pêcher et cultiver, et qui repartaient et se dispersaient en hiver plus en hauteur . Les Ohoteet étaient nomades, vivaient en tribus dispersées qui ne se rencontraient que lors de grandes rencontres estivales ou lors de départ en guerre. C'était de grands chasseurs et ils se déplaçaient le long des côtes mais aussi plusieurs dizaines de kilomètres à l'intérieur des terres lors des saisons de chasse à l'orignal, au caribou, à l'ours et à la loutre. Le mode de vie de ces deux nations étaient assez différents, et à l'arrivée des Eurysiens ils entretenaient une relation cordiale, mais tendue, alternant entre de petites attaques et des échanges commerciaux. L'ère des bateaux de planches (l'arrivée des Eurysiens) constitue réellement un point de rupture. Ils rencontrent des gens venus d'autres continents... Et leurs maladies, des dizaines de maladies qui les déciment l'une après l'autre. Et des concepts jusqu'alors inconnus comme celui de "fusil" et de "bière". Les colons commencent à s'installer, à s'installer chez eux, et à en extraire du bois, des animaux du poisson... Les populations autochtones périclitent. Elles passent de 200 000 personnes environ dans l'étendue actuelle de Saint-Marquise à environ 100 000 à la signature du traité avec les Indépendants. Ils se retrouvent à céder la terre sur laquelle ils avaient toujours vécu, deux choix s'offraient alors à eux. La premières consistait à remonter au Nord quitte à se frotter aux autres peuples autochtones et aux autres nations eurysiennes colonisant l'île. L'arrivée de milliers de migrants du sud a créé des tensions avec les habitants ohoteet du Nord, qui manquaient d'espace de chasse attribuables aux nouveaux venus. Cette migration massive est à ce jour nommé "marche des adieux", car toutes les familles et tribus ne sont pas parties. Celles qui restèrent durent accepter d'intégrer la société saint-marquoise, et d'accepter la loi des Eurysiens. Pour eux, a commencé une longue phase d'assimilation. Sous Saint-marquise, les Ohoteet et les Pomawsuwinuwok ont été sédentarisés, christianisés, et ont connu leur creux de historique de population, à environ 40 000 personnes, faisant de l'île de Norland une des dernières zones du monde à connaître un tel choc épidémique, deux siècles après la majeure partie de l'Aleucie. Ils ont constitué une part importante de la force ouvrière lors de l'industrialisation de Saint-Marquise, et ont notamment été rapidement appréciés pour les travaux de construction. C'est à cette époque que les derniers villages illégaux sont évacués, le nombre de locuteurs du Ohoteet et du Pomawsuwin baisse rapidement, les autochtones font partie des prolétaires les plus pauvres du pays. Leur identité autochtone est niée au nom de l'unité nationale et leur voix disparait de l'espace publique pendant plus d'un siècle. A l'école, personne n'est sensé parler de langue autochtone, l'usage de noms autochtones est largement discriminé, dans les années 50', les dernières personnes ayant vécu dans un wigwam durant leur enfance meurent, avec leurs savoirs. Beaucoup de connaissances concernant les peuples et les modes de vie autochtones ont été perdus. Dans les années 70', les cultures Gardox sont principalement maintenues par la contre-culture, plusieurs groupes de musiques tendant de reconstituer ou d'adapter des musiques traditionnelles, ou de chanter en Ohoteet ou Pomawsuwin, des communautés essaieront d'établir à nouveau des villages, à la même époque où les hippies s'essaieront à la vie communautaire. Cette contre-culture restera toutefois très peu connue en-dehors des cercles autochtones. Dans les années 2000', l'Indien est avant tout une figure du passé et de la pop culture. Des bonshommes à tête plumée qui part à la guerre en criant wou wou (ce qui ne s'est jamais fait sur l'île de Norland d'ailleurs, les traditions guerrières n'étant pas les mêmes), et dont les shamans lancent des phrases pleines de sagesse devant des feux de camp.

Des "Ohoteet" au XXème siècle, en réalité, des micmacs de Nouvelle-Écosse au XXème siècle, je crois

Et puis, vient juillet 2009, une municipalité à l'Ouest de Valmount délivre au terrain de golf du coin un permis d'expansion. Il va enfin pouvoir passer de 10 à 22 trous, et offrir des greens plus variés aux golfeurs du coin. La ville prévoit également la construction d'un quartier pavillonnaire aux alentours, allongeant le quartier actuel. Le problème, c'est que ce terrain de golf doit s'étendre sur une forêt à côté, et pas n'importe laquelle. Si les allochtones la connaissent sous le nom de "Bois de McArthur", les Ohoteet la nomment plutôt "Retraite de Kolusc", un héros mythologique commun sous des noms et des histoires un peu différentes à la plupart des peuples de Norland. Pour les Ohoteet il est traditionnellement considéré comme un sorcier vagabond qui a donné aux animaux leur forme actuelle et qui sert de chef à tout un ensemble de petits héros. La christianisation des Gardox fera un temps de Kolusc une figure divine. Les Ohoteet considèrent la Retraite de Kolusc comme le dernier voyage connu du vagabond, et certaines versions de la légende disent qu'il y est toujours. Si les croyances ont disparu, il semblerait que le respect que les Ohoteet avaient pour cette forêt ne s'est pas dissipée.

Combien de sites importants ont été transformés en terrains de golf, en hôtels, en meubles ou en champs de blé sans que le désaccord des autochtones ne soit même conceptualisé comme une question, avant que des squatteurs ne se décident à refuser une destruction de plus ? A quel point les autochtones se sentent autochtones ? A quel point leurs vues divergent de celle d'un Saint-Marquois allochtone ? Lorsqu'un allochtone saint-marquois évoque le traité de paix de 1812, il y voit un exemple de bonne entente, la preuve qu'en apprenant à s'écouter et à se comprendre, il devient possible de mettre de côté ses conflits pour avancer ensemble vers des lendemains qui chantent. Lorsqu'un autochtone évoque le traité de paix de 1812, il y voit la prise de pouvoir d'une puissance coloniale, et le début d'un génocide culturel qui ne s'est jamais arrêté. Évidemment, tout ce que l'on pourrait dire est une simplification, mais il y a une fracture profonde entre deux populations, portant deux points de vue, dont un a été invisibilisé pendant des décennies. Il semblerait que l'identité autochtone soit bien vivace à Saint-Marquise, et qu'une jeune génération qui arrive à l'âge adulte soit déterminé à la défendre. Et pour ne rien simplifier, ceux qui sont prêts à, par exemple, occuper un parcours de golf pour protéger une forêt sont parmi les plus radicaux, et n'hésitent pas à considérer l'oppression des autochtones comme une émanation du capitalisme.

Le soir du 24 juillet, le soleil se couche par-delà la forêt dans une lumière orange Agathe "Gitpu" Duhameau allume sa camera, y fait face, et commence à émettre depuis le terrain de golf, expliquant tout simplement que le terrain est occupé et qu'ils installent les premières barricades. La vidéo est publiée sur Internet, et le groupe de 150 personnes installé à Moses reçoit du soutien de tout le pays, les commentaires évoquent des centaines de raisons de manifester, les suggestions d'endroits où installer des barricades fusent, et les idées de protestations rivalisent de créativité.

Photo issue de la crise d'Oka en 1990, dont l'histoire de ce post est directement inspiré. C'en est passé par l'intervention d'un groupe de combattants, des échanges de balles, et ça s'est terminé par une charge de l'armée. Cette crise est resté dans les mémoires à ce jour. Les projets d'extension du golf et d'expansion urbaine ont finalement été abandonnées, mais rien de plus, retour au status quo avec des Mohawks arrêtés. Après, au Canada, ça a été un combat parmi une longue liste.
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"Madame, nous somme venus vous évacuer, plusieurs charges pèsent sur vous, mais une attitude coopérative pourrait vous valoir l'indulgence de la justice, veuillez nous suivre s'il vous plait"
"Nous ne vous suivrons pas, et nous ne coopérons pas"
"Comprenez bien qu'en refusant de coopérer avec la police, nous reviendront en nombre, et que cela pourrait être retenu contre vous ?"
"Je comprends bien"
Il la jaugea encore un temps, regarda les dizaines de personnes présentes alentour, puis se retourna et repartit.

Ils en étaient au deuxième jour et les policiers semblaient au moins aussi épuisés qu'eux, c'était un petit progrès en un sens : ils fixaient les règles pour le moment. La ville devait se soucier d'eux, le propriétaire et de gérant du club aussi. Et surtout, le gouvernement ne connaissait pas la contestation. Ou du moins, la contestation à grande échelle, 187 personnes revendicatives d'autres arrivant régulièrement, sans savoir à quel point. Eux, devaient par la suite occuper la forêt, et s'assurer qu'ils pourront rendre la vie dure aux policiers. La police, elle bricolerait un temps, elle devrait repenser toute sa façon d'opérer. Les squatteurs, ils n'étaient pas seuls. Ils n'a pas fallu un jour qu'ils pouvaient déjà établir des barricades, les gens continuaient d'arriver, la police municipale de Moses ne savait pas verrouiller un lieu, ça se voiyait. En face d'eux ils ne voyaient ni la peur ni la haine, mais la torpeur. Elle sentait la machine gouvernementale tenter de dégripper ses rouages pour traiter ce qu'il se passait. Les informations qui remontaient lentement les lignes hiérarchiques, les décisions incohérentes qu'ils devaient en permanence repréciser, les débats confus sur la meilleure façon de se convaincre que leur façon de penser fonctionnait, que rien ne changeait fondamentalement. Le simple fait de faire face à des gens en désaccord avec leurs idéaux venait percuter leur perception du monde. Saint-Marquise défendait la liberté de pensée depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvenait, mais elle concernait principalement des sujets qui ne prêterait pas tant à conséquence. Elle ne s'attendait pas nécessairement à ce que quelqu'un s'en serve pour redéfinir les idéaux que Saint-Marquise souhaiterait atteindre. Vous êtes libres de penser ce que vous souhaitez, mais on est tous d'accord. Ceux qui voyaient les choses autrement pouvaient en parler à leurs proches, mais de là à ce que toute une ville le sache ! Chacun a son avis, et personne n'est obligé de l'écouter.

Le parcours de golf, en une nuit, était devenu un village dans la ville. Des pièces remplies de sacs de couchage, des zones de cuisine avec des réchauds, des stocks, des lieux de réunions, un coin avec une télé, des zones avec une bassine pour faire sa toilette, des réservoirs d'eau et des pots de chambres au cas où la ville décidait de couper l'eau, un genre de bureau pour garder une trace de ce qu'il se passait et de ce qui était utilisé, et ainsi de suite. Un village en pleine fortification qui s'évertuait à coloniser les greens pour maintenir des dizaines de gens aussi longtemps que la forêt ne serait pas à l'abri. Des gens qui criaient dans le vide depuis bien trop longtemps, et qui transformaient le passe-temps des bons citoyens en porte-voix géant. Il y avait quelque chose d'incroyablement grisant à être les colonisateurs pour une fois ! "Entre eux et nous, nous somme les plus fous", disait parfois Paqtesm, toujours de son ton taquin. Et quand il disait "Nous", il entendait la bande d'amis que Gitpu connaissait depuis son enfance, ils s'étaient rencontrés dans le même quartier, et leurs parents eux-mêmes se connaissaient. Ils s'étaient défendus ensemble contre les autres gamins, puis face à des gens de plus en plus grands, ils ont résisté au désespoir et à la pauvreté ensemble, et parfois aux parents. Le plus étrange, c'est que quelques années auparavant, elle ne se serait certainement pas imaginé sur une barricade avec eux ! Comment avait-ils atterri là ?

Peut-être était-ce dix jours plus tôt, lorsque quelques Ohoteet de Moses avait posté sur un forum un appel à l'aide. "Ils vont raser la forêt, la retraite de Kolusc, ne les laissez pas faire", et que des groupes de Gardox avaient organisé un appel au blocage en toute hâte. Une manifestation aurait peut-être suffit. Tout le monde savait que non. A ce moment-là, elle était déjà déterminée, et était prête à se risquer dans un squat avec peu de chances de réussite pour protéger la forêt d'un héros qu'elle ne pensait même pas exister.

Alors, c'était quelques années plus tôt ? Le jour où elle a fait sa première manif ? "Franck", celui que l'on appelle désormais Apugsign, avait commencé à se politiser en premier, et les avait tous invité à une manif. En 2005 il semble, lorsqu'un grand pétrolier lofotène s'était retrouvé bloqué dans le Détroit des Grands-Remous (que Saint-Marquise nomme "Passage de Barthélémy"), une grande opération de sauvetage avait été tentée, on n'en a pas su plus, mais des pêcheurs avait quand même remarqué qu'il y avait probablement eu quelques fuites que le gouvernement n'avait jamais réellement avoué. Alors, ils ont marché, et crié à tue-tête "dites-nous tout !". Si le gouvernement ne leur a jamais tout dit, la future Gitpu s'était découverte une fibre militante qu'elle ne se connaissait pas. Le monde actuel ne lui convenait pas, et elle était prête à se battre pour le changer. Mais ça faisait déjà depuis longtemps qu'elle sentait que le monde n'était pas pour elle, ou même pas pour eux.

Un jour, sa grand-mère l'avait emmené quelque part, elle voulait lui montrer une zone qui comptait pour elle, elle lui parlait de son enfance, de son époque. Elles sont arrivé sur un parking, sont entré dans un centre commercial, et Agathe lui a demandé "c'est les magasins de ton enfance ?". Elle a vu le visage de sa grand-mère se décomposer et fondre en larmes. Une fois ressortis, et qu'elle a eu le temps de pleurer un coup, elle expliqua : non, ce n'était pas du tout les magasins de son enfance, ils venaient d'être construits. Il y avait un cimetière avant, ou des ancêtres avaient été enterrés, sa propre grand-mère y était, celle qui avait vécu dans un wigwam, et qui savait pleins de choses. Ça faisait longtemps que l'on n'y enterrait plus de gens, quelqu'un avait décidé un jour qu'il n'y aurait plus de cimetière gardox, ces derniers seront enterrés aux mêmes endroits que tous les autres. Les vieux cimetières disparaissaient des cartes, et on mettait des centres commerciaux dessus. Ce jour-là, Agathe sentait qu'on avait pris quelque chose d'important à sa grand mère, parce qu'elle était ce qu'on ne voulait pas qu'elle soit : une Ohoteet. Elle l'était aussi, et Saint-Marquise n'hésiterait pas à lui prendre des choses pour l'être.

Mais pourquoi elle l'était ? C'était peut-être les comptines en langue ohoteet que lui chantait ses parents quand elle était petit. Les histoires de héros et de grands chasseurs voyageant dans la forêt que la famille se racontait. La façon que l'on avait de se réunir pour manger. Le fait que l'on aimait manger du saumon avec une purée de baies, ce qui, elle l'apprit plus tard, dérivait d'une recette traditionnelle. Le fait qu'elle ait toujours de la famille de l'autre côté de la frontière. La façon dont ses parents l'avaient plus réprimandée quand elle avait volé de la nourriture que quand elle était entrée par effraction chez ses voisins. Les jeux qu'elle avait appris enfant, et ceux qu'elle n'avait pas appris.

Ou alors, c'était encore avant, sa mère qui se faisait punir à l'école pour parler ohoteet, et qui se mettait à chanter parce qu'elle ne trouvait pas juste qu'elle ne puisse pas parler sa langue. Peut-être que c'était les moments très gênants de choc culturel inattendu qu'il y a eu entre son père et sa première petite amie, une Saint-Marquoise francophone. C'était peut-être les dizaines d'entretien d'embauche à laquelle ses parents et ses grand-parents s'étaient soumis sans jamais en comprendre les codes. Cette impression de déconnexion qui traversait les génération entre ce qui faisait rêver leurs voisins et ce qui les faisait rêver.

Ou alors, la question n'avait pas de sens, c'était peut-être une force qui les dépassait tout, Kolusc lui-même peut-être, qui sait ? Elle l'avait bien vu ces dernières années, son histoire n'était pas uniquement la sienne, ni celle de sa famille ou de ses amis, il y avait littéralement des milliers de gens qui s'organisaient chaotiquement pour faire parler tout un monde. Un monde qui change, se mue, s'adapte, mais ne disparaît pas. Des gens qui connaissent d'autres gens qui en connaissent d'autres, possiblement bien au-delà de Saint-Marquise. Un monde si grand qu'il en devenait imprévisible. Les Eurysiens n'étaient pas les seuls à comprendre ce qui était en train de se passer. Possiblement que personne ne comprenait, sauf Kolusc, s'il les entendait.

Gitpu "Agathe Duhameau", une personne charismatique qui fait partie des meneurs de la résistante de Moses.
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Aujourd'hui, la police a chargé.

La police peut-elle être considéré comme une armée ? Les manifestants sont-ils le camp adverse ?

Des policiers en armure, armés de boucliers, le visage sous le casque à visière, armé de grands fusils tirant des balles de caoutchouc, de lance grenades fumigènes, lacrymogènes, irritants. Des policiers venus de plusieurs villes, surentraînés, suréquipés, surmotivés et sous-payés sur le pas de guerre pour exciser avec force et précision ce nid de désordre, cette anomalie dans un rêve banlieusard soigneusement entretenu que constituait le squat, probablement une impureté liée à quelques personnes mal nettoyées, il faudrait faire plus attention la prochaine fois.

Les policiers ont chargé.
En rang, avançant régulièrement sous le soleil brûlant, surveillant chaque mètre carré leur faisant face, s'attendant à voir pleuvoir les roches, les bouteilles enflammées, les objets en tout genre. A l'arrière, des fourgons attendant, ils ramasseront les arrêtés pour les envoyer en prison, qui sait pour combien de temps ? Des médecins dépêchés sur place observant la scène, personne ne s'attendant à ce que tout le monde sorte indemne de l'affrontement. Un rang, puis l'autre, puis le troisième, une équipe de trois policiers suivant armés d'un bélier. La première barricade fut neutralisée en dix minutes, cinq squatteurs arrêtés, une quinzaine se retirant vers le bâtiment, armés de lances improvisées pour maintenir les policiers à distance.

Pour les squatteurs, ça a suffit, pour être enfin prêts, six guerriers sont sorti avec leur arme la plus efficace, la plus terrifiante, la plus déterminante : UNE MASSE !

C'est plus difficile de trouver une photo de personne portant une masse que de photos de personnes pourtant un FAMAS, alors que c'est vachement plus glamour !

Des fortifications ont été détruites à coup de masse, aujourd'hui, c'était au tour des piliers du porche d'entrée de l'accueil d'être fissurés. Le terrain de golf a dès l'arrivée des squatteurs été l'otage. Elle pourrait être réduite à l'état de décombre que cela n'inquiéterait pas les Gardox. Si la retraite de Kolusc devait être détruite, elle emportera le golf avec elle. L'antiémeute ne vient pas de Moses, ce n'est pas son problème, elle a continué.

Seconde barricade. Les frères qui portaient la masse se sont enfuis, ont été poursuivis, va savoir ce qu'ils deviennent. Les autres se sont retranchés. Les policiers se sont arrêtés pour leur faire face, et les rangées à l'arrière sont partis sur le côté. Ils voulaient nous encercler. On était cent dans le bâtiment, on ne laisserait pas l'accueil tomber, quand bien même on perdrait. Mais finalement, ils se sont retiré, et on est resté hébétés plus de cinq minutes avant de s'inquiéter des frères et sœurs à la masse. Puis de se demander : "mais au fait, qu'est-ce qu'il vient de se passer ?". Ce n'était pas la menace de masses s'abattant sur des murs, ni la résistance, aussi vaillante soit-elle de nos frères et sœurs. La réponse se trouvait dans tout Saint-Marquise.

Un employé licencié, le supermarché occupé
Ce vendredi a été mouvementé pour ce supermarché ASI de Villecorn, qui a été occupé une demi-journée par un groupe de manifestants en réaction au licenciement d'un employé suite à sa déclaration en ligne de soutien envers une manifestation en cours à Moses près de Valmount. Le directeur du supermarché a déclaré que le licenciement n'était pas lié à son activité en ligne et compte porter plainte contre les manifestants.

Gros poissons contre petits pêcheurs
Cette semaine, cinq groupes de pêcheurs indépendants ont demandé à leurs représentants à l'Assemblée de porter à l'ordre du jour la question de la régulation de la pêche. En effet, ils ont estimé que la capacité de certains chalutiers industriels à pêcher des volumes de poisson trop grands leur portaient préjudice.

Sous le soleil de Valmount, l'ombre se fait sentir
A Valmount, plusieurs hôtels et plages ont été perturbés par l'arrivée d'activistes distribuant des tracts pour et prenant la parole en public pour dénoncer des inégalités sociales imputée à l'état. La municipalité de Valmount a fait officiellement savoir qu'elle comptait résoudre le problème dans les prochaines semaines.

La marche de Mont-Law
Hier, une marche pour l'égalité sociale a traversé Mont-Law de part en part, en s'arrêtant une vingtaine de minutes devant le Capitole National. Plusieurs rues ont été temporairement coupées pour l'occasion, mais la situation est revenue à la normale pendant la soirée. Les manifestants ont toutefois indiqué leur intention de mener d'autres marches à Mont-Law à l'avenir.

Grandforest sous procédure juridique
Un groupe d'écoactivistes a porté plainte contre l'entreprise forestière Grandforest pour non respect des quotas de prélèvement au sein des forêts de la région de Grandlake et Valleygreen, et non respect des procédures de coupe forestière. Une enquête est en cours, nous vous tiendrons au courant si le Parquet se saisit de l'affaire.


Le vent soufflait tranquillement, les feuilles bruissaient lentement. C'est l'image même du calme, là, le fait de devoir à ce point se concentrer pour comprendre que la police ne nous poursuivait plus ajoutait au stress. Chaque arbre pouvait cacher un flic, peut-être qu'une autre colonne de flics nous attendait un peu plus loin prêts à les arrêter. Mais au fil de la lente progressions à travers la forêt, on ne voyait personne d'autre approcher. Il semblerait qu'on avait réussi à se tirer, mais on était cinq. Et je voyais exactement qui manquait.

Kolusc est dans le coin, c'est sûr !

"Où est Apugsign ?"
"Pas avec nous"
"Je vois très bien ! C'est la marde !"

Son téléphone ne répondit pas.

Parmi les appelés au golf, c'est finalement Ewupniag qui répondit :
"Alors, ils ont reflué, on essaye encore de comprendre pourquoi"
"Tu as vu Apugsign ?"
"Je pense..."
Vu la façon dont il le disait, il lui semblait que ça s'était très mal passé. Un frisson d'horreur commençait à lui parcourir l'échine.
"Je pense qu'ils l'ont arrêté, je crois bien que c'est lui qui a été accompagné au fourgon aujourd'hui"
Le soulagement !
"Je suis désolé"
"Ne sois pas désolé, merci de me le dire"
"On fera la fête ce soir, en l'honneur de tous ceux qui ont été arrêtés, et on viendra les soutenir dès qu'on pourra"
"On tient bon, tous on été là pour protéger cette forêt, on ne laisse pas tomber"
"C'est sûr"

Le vent soufflait tranquillement, les feuilles bruissaient lentement.

Est-il utile de se débattre quand c'est tout ton monde qui disparait ? Qui finira en prison, avec un casier judiciaire à vie ? Faisons-nous ça pour rien ? Que combattons-nous d'ailleurs ? Les Pâles ? Saint-Marquise ? L'ONC ? Le capitalisme ? Le patriarcat ? L'impérialisme ? Le bon sens ? La Nature ? Soi-même ? Ces quartiers dont le simple fait que l'on puisse les vendre comme un rêve avait tout l'air d'un cauchemar ?

Ils se battent peut-être pour ne pas devenir comme les Pâles. On les considère généralement comme des privilégiés, et oui, dans tous les sens traditionnels du terme, ils le sont. Mais est-ce qu'on serait réellement libre si on n'avait pas le pouvoir de redéfinir les privilèges ? Les flics eurysiens qui les avaient pourchassés, pour quoi se battaient-ils ? Maintenir l'ordre ? Protéger Saint-Marquise ? Rassurer Saint-Marquise ? Protéger et rassurer sa population ? Face à des gens qui occupaient un golf pour... Ne pas finir comme eux ? A quel point avait-on tout pris aux Pâles ? Avant de vouloir assimiler les Aleuciens, bien des Pâles avaient déjà été assimilés. Des langues, des cultures, des savoir-faire de toute l'Eurysie ont été écrasés. Les Pâles, on leur a déjà pris leur histoire, leur culture, et tout ce qui faisaient sens pour eux. A la place, un groupe de dirigeants prends le contrôle de tout ce qu'ils peuvent faire, pour récupérer le maximum d'argent dans leurs mains. Les Pâles, on les fait travailler toute la vie dans des métiers tellement vidés de leur sens qu'ils ne font rêver personne et les seules promesse qu'on leur fait, c'est de pouvoir posséder plein de camelote. Et s'ils sont prêts à prendre des risques, ils pourront avoir encore plus de camelote. Finalement, ils finissent tellement embrouillés qu'ils en viennent a penser qu'un terrain de golf est tellement important qu'une forêt est un prix raisonnable à payer pour ça. Les pâles, ils sont éteints, ils sourient, beaucoup, mais il n'y pas de joie derrière, ni de réserve, de gène, ou de tristesse. Ils sont cassés. Je parle des Pâles, c'est un peu vrai de tout le monde, mais c'est le plus horrible. Nous, on a encore un passé, un imaginaire, une façon de vivre qui n'est pas complètement marchandisée. Mais c'est qu'il s'est produit en Eurysie, est en train de se produire chez nous. Et malgré tout, j'en ai connu des pâles, des jeunes, des vieux, des riches, des pauvres, de pleins de villes et de régions différentes. Et de temps en temps, l'un d'entre eux, sans que personne ne lui ait même accordé d'aide, commençait à flancher. On pouvait sentir ce truc qui leur rongeait la tête à se dire "mais attends, c'est tout pourri ! Je rêve vraiment de ça moi ?". Ceux-là, ils m'ont beaucoup influencé, et ils sont incroyables, eux, je les voudrait ici avec nous. Là, tout de suite, je me bats pour passer la soirée avec tout le monde, et passer un bon moment, sans que rien ni personne n'aille me soutirer d'argent en échange.

Amis pâles, s'il vous plait, n'y voyez pas une vengeance, voyez-y une main tendue.

Je ne t'oublie pas Michel, tu est l'une des personnes les plus déterminées que je connaisse, et c'est aussi grâce à toi que je suis celle que je suis. J'espère qu'on se reverra un de ces jours. Signé : Agathe
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"A ta gauche !"
Daniel écrasa la pédale de frein, arrêta net la camionnette, puis regarda à nouveau à sa gauche : un énorme camion était apparu dans le virage dans laquelle la route s'engageait à sa gauche. Le camion évita de justesse la camionnette déjà un peu engagé en klaxonnant d'un air énervé, un peu paniqué peut-être. Daniel était tremblant de peur, il était à une seconde de l'accident !

"Pardon, je suis désolé, je... Pardon" adressa-t'il à Tiyam
"Recule..."
Tiyam, après une seconde de confusion, commença à reculer la voiture.
"Encore un peu... Et c'est bon, respire un coup !"
"Tu veux reprendre le volant ? Je pensais pourvoir le faire mais..."
"Non, mais que ce soit clair : quand tu as le permis, tu sais pas conduire ! Pour savoir conduire, il faut conduire. Moi-même, j'ai trouvé trois moyens différents de crasher mon char en deux ans après mon permis, donc t'inquiètes, c'est normal d'oublier des trucs. Là, pas de chance, c'était un camion, donc c'est pas une erreur que tu aurais eu l'occasion de faire deux fois, mais c'est des erreurs de jeunesse ! Surtout, cette intersection est horriblement mal conçue, et on n'aurait pas été le premier accident ici. Tu as les voitures arrivant à pleine vitesse du gros virage à gauche et on les voit vraiment au dernier moment. Il faut vraiment être attentif quand on entre dedans, et il faut espérer que les voitures en face pensent à ralentir. Calme toi, respire un bon coup, et quand tu est prêt, je suis là"

Il fallut une bonne minute à Daniel pour se remettre les idées à l'endroit, et le camion le hanterait pour quelques temps, pour sûr. Il regarda à nouveau frénétiquement la route.
"Alors, tourne tes roues à droite maintenant... Regarde bien le virage, il n'y a personne : engage-toi, doucement, soit prêt à freiner au moindre soucis... Avance tranquillement, régulièrement, régulièrement... Ça y est, tu es engagé, regard face à toi, et accélère !"

Et le moteur grondait, de plus en plus aigu, puis subitement plus grave, puis de plus en plus aigu, et le paysage se déplaçait de plus en plus vite autour de la camionnette. Route 11 vers le Nord, direction Bluepont.

Daniel, au départ, il apprends l'infirmerie. Il vient de la banlieue de Barthelemew où son père est pizzaïolo pour une chaîne de pizzérias nationale, et sa mère travaille dans la gériatrie (il a souvent connu les longues soirées solitaires avec ses deux parents au travail tout le long de son enfance). Il a enchaîné les petits boulots pour payer ses études et pour le dernier en date, il attends toujours et depuis des mois le paiement de quatre mois de salaire. Il adore les vieux westerns alguarenos et marcher en automne dans les rues remplies de feuilles mortes.

Un peu de musique vous vous accompagner durant ces longues heures sur la route

Les longs segments de routes droites traçaient dans des zones progressivement de plus en plus forestières et vallonnées, le trafic incluait de moins en moins de voitures et de bus scolaires, de camions poubelles et d'autres véhicules du quotidien disparaissaient progressivement des routes pour laisser place au trafic beaucoup plus calme des véhicules voyageant sur de longues distances, les villages s'espaçaient, et l'exploitation forestière se faisait plus visible, les voies de sortie se transformaient au fil de la progression vers le nord en réseau de chemins forestiers, et les camions qu'ils croisaient transportaient de plus en plus souvent du bois ou des véhicules forestiers.

Une route, traversant une forêt en Abitibi, pratique quand on connaît l'endroit duquel on s'inspire ! Bienvenu dans la forêt boréale du Nord québécois

La radio diffusait de la musique, entrecoupée d'interludes bien kitsches, entrecoupées de pubs encore plus kitsches, Tiyam trépignait un peu : il avait clairement envie de fumer. Il était en train de feuilleter un livre : "Géologie de Norland". Au bout d'un temps, il le ferma et soupira d'un air exaspéré avant de demander :

"En fait, tu as déjà fait de la médecine de rue ?"
"De la médecine de rue ? Non, j'ai même pas encore fait d'internat en infirmerie, je ne compterais pas sur moi comme médecin"
"On ne parle pas d'opération neurochirurchicale hein ! C'est surtout du secourisme et des soins de blessures"
"J'ai une formation de base en secourisme, et ça m'a permis de mettre une femme qui a fait un malaise dans le bus en PLS. Mais en cours je fais encore surtout de la théorie. Je pourrais avoir ma première pratique l'année prochaine"
"Je connais une très bonne toubib de rue, si t'es intéressé, je vous mets en contact"
"Je... On n'a pas les urgences pour ça ?"
"Les urgences ? Sérieusement ?"
"Quoi ? Évidemment ! On n'improvise pas sur place quand t'as un hôpital tout équipé à vingt minutes de route de là"
"Non mais t'es encore complètement poche en fait ! On parle de soigner des manifestants. Les polices, ils peuvent débouler dans un hôpital, trouver, arrêter et lire les droits d'un gamin en convalescence ! Quand ils n'en sont pas à carrément bloquer la sortie de la rue. En plus, tous les toubibs, et les infirmiers, ne soutiennent pas toujours les manifs, et des fois, ça se sent dans leurs soins. On a besoin de gens qui savent gérer des blessures de base, dans la rue, avec nous !"
"Et on confie les soins à des gens comme moi ?"
"Carrément, et ce serait bien que tu arrête de te dévaloriser. Il faut pas juste connaître ses limite, mais aussi ce qu'on sait faire. C'est facile de dire que tu sais rien faire, ça prends une phrase et t'as rien à assumer. T'as l'air pas très dégourdi, je te l'accorde et j'ai carrément pensé ça, sauf qu'en attendant, l'ostie de doc sur les stocks de poisson, t'es le seul de notre côté à y avoir pensé ! Je m'étais jamais rendu compte à quel point la faune marine était dans un état critique. Et on va jaser dessus, car c'est encore un héritage qu'on est en train de perdre. C'est une grosse leçon d'humilité pour moi de voir qu'on a besoin de rats de bibliothèque, tu aurais pu le dire d'entrée qu'on aurait gagné du temps. Et, on a besoin de gens qui savent reconnaître un médicament d'un autre et qui savent recoudre une plaie ! Donc apprends à savoir ce que tu sais faire, je suis pas dénicheur de talent câlice !"
"Est-ce que tu fais des trucs à côté du mouvement ? Ou est-ce que tu es un androïde créé par des aliens des années 70' pour sauver le monde de la fameuse hydre capitaliste ?"
"Androïde évidemment ! Et aussi manœuvre par intérim, et aussi du rock avec des potes, trente fois mieux que la soupe qu'on écoute depuis deux heures"
"Pour chanter à la révolution j'imagine !"
"Euh, oui, et en pomawsuwin en plus, comment dire... Oui, c'est un peu cliché"
"Hahahahaha !"
"Mais je pêche aussi ! Au harpon. Un de ces jours, je t'apprendrais si tu veux"
"Il parait que ça prends des mois à apprendre"
"On y passera des mois si tu le veux"
"Peut-être après mes études alors, les études d'infirmier, ça s'arrête jamais, et avec la job à côté, je toaste des deux bords !"
"Dis-moi, comment tu as atterri ici ?"
"Ici ? Dans une camionnette avec toi à partir au Nord chercher des médocs ?"
"Ici dans un mouvement indigéniste, à te voir, je t'imaginerais plutôt du genre pas d'étiquettes, à faire ta petite vie. Comment tu as décidé que tes fins de semaine, tu les passerait pas à dormir, ni à regarder des films mais à faire de la politique dans la rue avec des Gardox ?"

Alors, il est littéralement dans le mouvement depuis trois mois, il s'est dit que plutôt que d'aller encore se trouver un petit boulot mal payé pour ensuite attendre un an que les salaires soient versés, il se débrouillerait comme il peut pour joindre les deux bouts, ce qu'il ferait quoi qu'il fasse de toute façon, et qu'il passerait plutôt son été à réclamer un monde meilleur. Mais pourquoi un mouvement autochtone ? Les causes ne manquaient pas, et en effet, jusqu'à récemment, il ne se serait absolument pas qualifié d'autochtone, de Pomawsuwin ou de Gardox. Sauf que depuis, deux ans plus tôt, sa grand-mère paternelle est morte, ils l'ont enterré, et après les grandes allocutions, sont venus les héritages. Il a reçu quelques vieux objets, un manteau et un arc notamment, plusieurs parures également, il ne comprenait pas entièrement pour quoi sa grand-mère avait voulu qu'il en hérite, alors, il a commencé à poser des questions à sa grand mère maternelle, puis a commencer à chercher et à découvert que quand on disait de lui qu'il était pomawsuwin, il y avait toute une histoire derrière. Une histoire remplie de tragédie, d'amour, de trahison, de trésors conservés et entretenus face à l'adversité pendant des générations, d'amis et de famille perdue de vue dramatiquement dans les larmes, ou lentement dans le plus grand des silences, de mélancolie et d'espoirs déçus puis ravivés, il y aurait de quoi en faire une télénovela péronne entière, sur au moins 548 épisodes ! Il tente depuis de recoller les morceaux d'une histoire familiale en lambeaux, et part de temps en temps se perdre dans les archives des mairies pour trouver la trace d'un ancêtre, pas trouvé ailleurs, et découvrir une nouvelle vie fragmentée. Et là, l'aspect majoritairement autochtone de sa famille change énormément de chose. Il devait retracer la vie de certains ancêtres allochtones, et la plupart, autochtone. Et il s'est avéré qu'entre raconter l'histoire de famille d'un Saint-Marquois autochtone et allochtone il y a une différence de ton, d'ambiance. La généalogie d'un allochtone, c'était un peu un drame ou les héros apprenaient lentement à grandir, à s'aimer, à fonder une famille à accepter la mort, et à trouver sa vocation. On retrouvait des histoires souvent bien structurées, avec des gens qui tentaient avec plus ou moins de succès de trouver leur place dans ce monde. Les histoires autochtones étaient beaucoup plus sombres, déroutantes, et souvent malaisantes. On voyait des déplacement brutaux de plusieurs dizaines de familles sur des centaines de kilomètres, des pertes soudaines de toute possession que pouvait avoir plusieurs ancêtres, des traces de début de vie d'ancêtres dont on ne trouvait pas la fin, comme s'ils avaient disparu entre temps, des incohérences, énormément. Des condamnations, des rapports médicaux faisant état d'addictions ou de troubles mentaux... Que l'on retrouve chez d'autres membres de la famille... Il y avait quelque chose de dissonant, et, là où les allochtones pouvaient être racontés comme des héros menant leur histoire, avec un ou deux événements importants de temps en temps, il était impossible de comprendre l'histoire d'un autochtone sans comprendre son contexte social. Les déplacements ou les morts d'autochtones étaient souvent accompagnés d'autres, et il était difficile de continuer les recherches sans savoir ce qui les avaient tous affectés. Et en général, même quand on arrivait à trouver des éléments de contexte, encore fallait-il les interpréter. Par exemple, les archives, à un endroit, faisaient état d'une vague de morts, de mariages, de naissances (avec quelques bébés qui ont droit à deux ou trois actes de naissance à des dates différentes, mais passons), de dépossessions et de déplacements en quelques années à peine, et quand on trouvait l'événement pour les relier, c'était... L'ouverture d'une mine. Côté allochtones, une mine ouvrait, on voyait des familles pour s'y installer, et ils s'enrichissaient ou s’appauvrissaient progressivement, selon l'époque. Côté autochtones, ça mourrait, partait, se mariait, c'était incompréhensible ! A force de fouiller dans ces histoires d'autochtones étranges, il a lentement commencé à se sentir un peu, ben, différent des Pâles, au point d'avoir des occasions d'utiliser le terme de "Pâle" ou d'"allochtone". L'histoire qu'il tentait de reconstituer, c'était celle de sa propre famille. Tout le monde est Saint-Marquois, oui, tout le monde est humain, bien sûr, mais les autochtones et les allochtones ne partagent pas les mêmes récits. Et les récits, c'est ce qui fait d'une personne un Saint-marquois, ou même un humain. Ça compte. Alors, il ne peux plus s'extraire du récit des autochtones, il s'y retrouve jusqu'au cou dès qu'il cherche un minimum sur sa famille. Pour continuer l'histoire, et faire quelque chose qu'il comprends, il a décidé de s'assumer comme un Pomawsuwin, et de continuer à écrire l'histoire, comme un film d'action cette fois, car les films d'action, il aime les regarder.

Bluepont, la forteresse de Grandlake.
La ville brumeuse au bord de la frontière saint-marquoise, au pied de la chaîne de Wallval. Une ville que l'on pourrait croire issue de cartes postales eurysiennes, le trafic et le commerce mondialisé en plus. Ici, bien des entreprises y installaient une filiale, pour s'assurer du bon déroulement de la transformation du paysage en biens échangeables et standardisés. Daniel était déjà venu là, pour trier des papiers sur les volumes de bois exportés, transformés, vendus, déplacés. Il s'en souvient très bien, il avait essayé pendant cinq semaines de se représenter les arbres et les forêt que décrivaient ces papiers. C'est très difficile à faire, plus encore de comprendre comment cela avait changé le paysage. La ville était très agréable, il y avait passé des soirées incroyables avec ses amis du moment. Ils avaient fait une tournée des bars mémorables avant de chacun rentrer chez eux. Il ne se souvenait pas en avoir recontacté. Par contre. Ses fins de semaines ici avaient en bonne partie été passées à marcher dans les prairies et les forêts de la région. Il n'avait pas eu l'occasion d'aller au Mont Vargas, mais qui sait, un jour peut-être.

Sur les indication de Tiyam, ils se garèrent dans une rue que Daniel n'aurait jamais trouvé seul.

Ayant trouvé que la photo de Bluepont était issue de Grenoble, j'ai cherché des rues à Grenoble, je cherchait un lieu ancien et plutôt un quartier populaire. Sur Google images, j'ai trouvé la Rue Gabriel Péri, qui était exactement ce que je cherchais, il restait un problème : Google Maps a tendance à afficher des icônes de partout, et je ne peux pas juste retoucher les icônes car c'est une photo, et que je ne compte y passer des heures (en plus), j'ai trouvé une image en cherchant cette rue sur Duck Duck go images.

"C'est à côté, viens !"
Daniel fut surpris par le froid, bienvenu au Nord !
"C'est des potes, ils vont pas te manger !"
"Oui, j'arrive"
Tiyam sonna à une des portes de la rue, à vingt mètres de la camionnette.
Il sonna une seconde fois.
"Allô ?"
"C'est Tiyam ici, on vient juste d'arriver de Barthelemew, je ramène un pote avec moi !"
"Oui, je me souviens, entrez, tu connais la porte !"
L'immeuble, en pierre de taille, était relativement ancien, l'escalier de bois poussiéreux rappelait les années 30', ou 40'. L'immeuble avait besoin d'être rénové, possiblement depuis longtemps.

Quatrième étage, porte de droite, se déverrouillait, et s'ouvrait sur une femme plus grande que Daniel, les cheveux lâchés, pas réellement coiffés, sauf deux mèches à l'avant réunies en nattes.
"Bonjour !"
"Psan, je te présente Daniel, Daniel, voici Psan, c'est le mec qui s'est présenté il y a trois mois, le genre un peu timide qui reste dans son coin et qu'on voit pas trop, et puis, soudainement, il nous pond un énorme rapport que je t'ai envoyé"
"Je l'ai à peine commencé, mais ça fait plaisir de voir l'auteur. Je suis sûr qu'il peut parler pour lui-même ! Eh bien enchanté Daniel, si c'est bien ainsi que tu veux être nommé"
"Oui, ça reste le nom que j'ai eu de ma famille, je ne pense pas le changer"
"Hahaha ! Je respecte complètement ça ! Mais tu va voir au fil du temps, les compagnons de lutte deviennent comme une deuxième famille"
"Celle avec laquelle on s'entend pas et qu'on peut pas blairer" lançait une voix à l'arrière.
"La meilleure des familles ! On est bien là, non ? Enfin, si vous voulez entrer..."

L'appartement, il était aussi ancien que l'immeuble. Il était à la fois bien entretenu et en désordre, le genre d'appartement où les habitants luttaient en permanence avec des moyens d'habitants contre la saleté engendrée par des dizaines de personnes se réunissant régulièrement. Le canapé, c'était des gros coussins à même le parquet, la table, une plaque de verre sur deux palettes superposées, il y avait un coin cuisine en désordre qui servait probablement à préparer des grands repas pour lequel elle n'était pas conçu. Si quiconque se posait la question l'appartement le disait : c'étaient des étudiants.
"Oh, pour la visite, tu as, la pièce, donc salon, cuisine, salle à manger, salle de réunion, atelier, tout çà à la fois, à votre droite, de l'entrée à l'arrière vous avez : une chambre, la salle de bain, trois autres chambres".
"Merci, c'est un... Très bel appart"
"Beaucoup trop fissuré pour son prix si tu veux mon avis"
Au vu de l'appartement, elle restait très gentille.
"Je peux utiliser..."
"Sam, tu es toujours dans la salle de bain ?"
"Oui, encore pour quelques minutes" pouvait-on entendre de la salle de bain.
"Tu veux bien décâlisser deux secondes, que l'invité puisse faire ses affaires ?"
"Ah, euh, euh, oui bien sûr !"

La porte s'ouvrit pour laisser passer un homme maigre mal réveillé aux cheveux longs avec une barbe à moitié rasée lançant un "salut" à demi-voix.
"On est cinq colocs pour une salle de bain, donc oublie pas de barrer la porte, après, on ira chercher votre stuff pour la nuit. Tu auras mon lit"
"Je peux poser mon sac à terre, tu sais"
"Tu peux mais t'a vraiment pas besoin, il y a pas de trouble !"

Les sons s'étouffaient, et ça lui faisait du bien. La pièce faisait à peine plus d'un mètre de large sur deux de long, avec une cabine de douche au fond, les toilettes et le lavabo contre le mur de droite, des rangements au-dessus et en-dessous, et le miroir qui semblait dysfonctionnel. Il lui renvoyait un visage étranger. Plein de cernes, la barbe mal rasée, il penserait plutôt à ses parents quand ils rentraient du travail. Son visage était tout sauf le sien.

Un bon matin en musique

"Daniel"
"Quoi"
"On a une heure devant nous, tu devrais vraiment manger avant de partir"
"Une heure pour... Oh, déjà le matin ?"
"Déjà le matin !"
"C'est bon, je me lève"
Il était encore tout habillé sur son sac de couchage, ses affaires étaient posés à côté la lumière qui baignait la chambre était celle d'un soleil qui se levait à peine. Il fallut quelques secondes à Daniel pour comprendre où il était et pourquoi il était là (les plus mauvaises langues diraient qu'il lui faudrait tout le voyage, ou tout une vie pour le comprendre). Dans la pièce commune, l'ambiance était beaucoup plus calme, la pièce était un peu mieux rangée que la veille, la seule autre personne levée était leur hôte, Psan, en train de préparer un petit déjeuner à base d’œufs brouillés et de haricots blancs tout en signalant :
"Le café est dans la cafetière, la douche est libre et... Euh... Salut"
Daniel réussit à bredouiller un "merci", et à retrouver ses esprits pendant que Tiyam partait à la douche.
Psan posa une assiette et une tasse de café fumante à côté de Daniel avant de se servir à son tour, de repousser quelques téléphones sur la table basse, et d'y poser aussi son assiette. Daniel lui lança un regard bref, auquel elle répondit par un sourire, qui reçut un sourire pour réponse, pendent ce temps, les tasses de café les invitaient à déjeuner.

Une fois les préparatifs faits, il était temps de partir prendre la livraison. Ils ne partaient par vers la frontière avec Arcturia au Nord, ils repartaient vers le Sud, vers la frontière avec les zones isolées. Cette fois, Tiyam prenait le volant, et Daniel cherchait une station de radio, ils finirent par mettre les infos en anglais.

Selon ce rapport, il n'y aurait pas de quoi s'en inquiéter, même si les temps d'incertitude peuvent affoler. Plusieurs associations de commerçants affirment toutefois que l'augmentation des prix à l'importation se répercutera inévitablement sur les prix à l'achat. Retrouvons maintenant notre envoyé spécial à Bluepont, Sid, vous nous entendez ?
...
Je vous entends ! A Bluepont, il fait beau, le soleil commence à monter, et pour les petits commerces, c'est encore une journée angoissée qui commence. La sortie de l'ONC a été une surprise totale pour eux, et certains se demandent s'ils ne devront pas fermer leur échoppe dans l'année. Les listes de fournisseurs sont toutes à refaire et il faut apprendre à moins compter sur l'importation. Ils espèrent que Saint-Marquise sera tout de même rebondir et trouver des accords avec ses anciens alliés.


"T'as-tu compris cette histoire d'ONC ? Pourquoi ils ont soudainement décidé de sortir", demanda Daniel
"Je crois que ça a à voir avec ce qu'il se passe en Eurysie, l'ONC a encore envoyé des troupes ou un truc comme ça, et Saint-Marquise n'était pas d'accord"
"Le Prodnov ? Ca date d'il y a deux ans ça !"
"Ils l'ont refait je crois bien, et sans vrai prétexte en plus, une sombre histoire de conflits diplomatiques avec les Pharois qui couvait depuis, l'existence du monde peut-être. J'imaginerai bien une légende commençant par au commencement, il y avait les Pharois et l'ONC, et les deux pouvait pas se blairer. On dirait bien qu'il y a quelqu'un au gouvernement qui a connecté deux neurones et qui s'est dit un truc du genre : attends, mais envahir des Eurysiens, c'est pas un peu impérialiste ?"
"Et ils ont décidé, comme ça de partir ?"
"Ils ont organisé un vote, en quelques jours, on a essayé d'organiser un soutien du oui, on a un peu fait ça en urgence, et on n'a probablement pas fait grand chose, on a eu de la chance que ceux qui sont allé voter aient voté oui"
"Il faut croire que les Saint-Marquois croient en la paix"
"Ceux qui sont allé voter en tout cas. Clairement, je t'en veux pas du tout de découvrir ça maintenant"
"Vous n'appréciez pas du tout l'ONC, j'ai l'impression, tu as des casseroles sur eux ?"
"Des dizaines, cherche un peu et tu verra, mais en fait, c'est surtout la représentante du capitalisme mondialisé. Leur projet, et ils le disent presque comme ça, c'est de rendre le monde entier marchandisable. Tout doit se vendre, surtout les cultures"
"Pas sûr que ce soit vraiment ce qu'ils disent"
"Ils trouvent des moyens de le dire avec la moitié de ce qu'ils disent, et l'autre moitié, c'est du tétage"
"Pas consciemment au moins"
"Ils sont juste bien épais ! Ou de mauvais hypocrites, ou des big shots tellement privilégiés qu'ils n'ont même plus conscience de ce qu'ils racontent"
"Les problèmes que l'on affronte, ils viennent de Saint-Marquise, pas de l'ONC"
"L'ONC les cimente complètement, c'est un énorme problème de moins de ne plus les avoir là. Quand même, tu imagines bien que l'ONC n'aurait jamais laissé nos revendications se faire entendre !"
"Je ne défends pas l'ONC, mais c'est vrai que je ne m'attendais pas à une réaction aussi féroce envers une... Une alliance de boutiquiers ? Je veux dire, la base de l'ONC, c'est le commerce, pas la guerre ou la constitution d'un empire. On peut ne pas aimer leurs pratiques, mais une réaction épidermique comme çà, c'est weird !"
"C'est plus que du commerce, c'est du commerce de tout ! Rien n'est important pour eux, sauf le commerce"
"On peut pas tout simplifier comme ça. Oui, le commerce est partout, mais ma famille, mes amis, ils font de Saint-Marquise autre chose qu'un magasin".

La famille de Daniel. Deux parents, un père, une mère, tous les deux biologiques. Il y avait aussi de la famille élargie, mais il la découvrait surtout depuis ses dernières années. Sa grand-mère maternelle a été employée agricole dans tout le pays. Les parents ont toujours parlé de faire d'autres enfants, d'aussi loin qu'il s'en souvienne. Mais à chaque fois, ils n'ont pas le temps ou l'argent de le faire. S'occuper d'un enfant n'était pas si simple. Il fut un temps où Daniel se sentait délaissé par ses parents. Il aurait pensé leur en vouloir. Et plus il a grandi, plus il a vu l'absence d'alternatives viable à laquelle ils avaient eu affaire. Ils ont travaillé aussi pour lui, Daniel le respecte, et il souhaiterait qu'ils aient un temps pour eux un jour. Lorsque Daniel a commencé à se dire pomawsuwin, ses parents a commencé à le regarder un peu étrangement, comme s'il venait de mettre un mot sur une idée qui ne devrait pas être exprimée. Quand il a commencé à parler de rejoindre une organisation indigéniste, les réactions ont été très contrastées, de la désapprobation franche de sa mère qui ne veut pas voir son fils devenir un terroriste à son père qui ne voit franchement pas l'intérêt de se politiser dessus et qui se dit qu'il finirait bien par grandir, sa grand-mère tends à exulter de joie à l'idée, et lui a raconté les quelques manifestations qu'elle avait eu l'occasion de faire. Tous savent où il est, avec qui il est, quand bien même ça fait quelques années maintenant qu'il ne vit plus dans la maison familiale. Depuis, la situation familiale est souvent un peu tendue, mais tous maintiennent le lien avec les autres, se respectent, s'aiment.

Il s'agit d'une aire routière à Duparquet que j'ai directement pris sur Google Maps

Le soleil était haut dans le ciel, ils étaient arrivés dans une aire de picnic à dix kilomètres de la frontière, au bord de la route, sur une pente en pleine forêt, la zone de livraison. La camionnette était garée vers l'entrée de l'aire, Daniel pouvait enfin bouger les jambes, ce qui était une sensation très agréable. L'endroit était relativement humide, et donc, infesté de moustiques, même à midi en fin d'été. Rien à voir avec les nuées que l'on y aurait vu deux mois plus tôt toutefois. Tiyam s'était arrangé avec le contact, il devrait arriver dans l'heure qui suit. La forêt était principalement composée de sapins et d'épinettes, avec quelques peupliers faux-trembles qui sortaient de ci de là. Le sol de l'aire était en terre battue, mais on pouvait voir aux alentours les tapis de fougères qui s'étendaient sur des dizaines de mètres, le genre de plantes que l'on trouvait là contenait aussi la Linnée boréale, le Cornouiller quatre-temps, la Coptide savoyane et d'autres plantes qu'il aurait du mal à reconnaitre. Les coins les plus humides étaient recouvertes de sphaignes et de prêles. Les deux restèrent silencieux, Daniel regardait tout autour de lui en mangeant son sandwich, Tiyam échangeait des messages sur son téléphone. Et les moustiques affluaient. En une trentaine de minutes, leurs visages étaient recouvert de piqûres. Finalement, c'est un ensemble de sons qui signifia la fin de l'attente. Ce pour quoi ils avaient traversé le pays arrivait. Sur des chevaux ! Ça, c'était inattendu. Montèrent vers l'aire une petite femme dans la quarantaine et un gros Nazuméen barbu beaucoup plus jeune dans une tenue qu'il ne reconnaissait pas, et une bonne dizaine de chevaux chargés. A y réfléchir, le choix était logique. Ils avaient traversé la frontière saint-marquoise, la zone était très isolée, suffisamment à l'écart de la côte pour ne pas intéresser les vacanciers, loin d'à peu près toutes les zones urbaines, touristiques, économiques, agricoles, seuls les forestiers arrivaient là. Le principal endroit gardé était le poste de douane, mais toutes les forêts alentour n'allaient pas être surveillées étroitement, il fallait à une personne une bonne demi-heure pour faire 300 mètre dans ces forêts, et l'on avait vite faite de se perdre, des autochtones qui connaissaient la forêt étaient fortement avantagés. Ce qui était transmis n'était de toute façon ni illégal ni sensible, c'était les transporteurs eux-mêmes qui essayaient de ne pas se montrer, et des personnes venu du Nord traversaient régulièrement la frontière sans même s'en rendre compte et s'égaraient du côté saint-marquois avant de revenir sur leur pas sans même y avoir fait attention. Avec des chevaux, et du temps, il n'y avait même plus besoin de routes. Mais tout de même, c'était étrange de venir avec sa camionnette accueillir une caravane de chevaux. Tiyam se leva pour aller saluer les arrivants, Daniel le suivit.

"Bonjour ! Heureux de vous voir"
"Salut !"
"Bonjour"
"Bonjour"
"Alors, voici Daniel, Daniel, voici Psesqis (la femme agita la main en signe de salut) et Sulumbek (l'homme hocha la tête), Psesqis est notre contact de l'autre côté de la frontière, Sulumbek l'accompagne des fois, quand c'est possible, sinon, tu pourrais rencontrer une ou deux autres personnes"
"Enchanté" trouva simplement à dire Daniel
"Alors, Daniel, on va aider nos deux amis caravaniers ici présents à décharger la cargaison. Normalement, il y a dix-huit caisses de médicaments, et deux caisses de disques durs. Les disques durs, on les vérifiera ce soir à Bluepont, mais les médicaments, j'ai besoin de toi. En gros, les cochons ne connaissent rien à la médecine, donc il n'y a pas trop à s'inquiéter de la légalité, tant que c'est sur le manifeste et bien enregistré, et que ce n'est pas une drogue connue et recherchée. Il faudrait que tu vérifies que le manifeste est à jour, et que ce dont on a besoin soit bien là"
"C'est moi qui l'ai" indiqua Psesqis
"Normalement, on a bien rangé, ça devrait aller vite"
Elle lui tendait la liste.

Dans les faits, c'était un peu plus difficile que prévu. Les médicaments avaient des fonctions assez usuelles, c'était le genre qui permettait une médecine de rue et qui pouvait être assez difficile à obtenir dans la pharmacie au coin de la rue. Antiallergiques, antidouleurs, médicaments antipsychotiques, vaccins, masques antiviraux, matériel portatif, outils de suture, différents médicaments utilisés pour traiter les addictions, la liste continuait. Et Daniel se demandait combien de temps ils avaient passé à estimer de quoi des gens tenant une manifestation ou une barricade pourraient avoir besoin. C'était, il semblait, la première livraison, il y avait un peu de tout. Là où c'était plus difficile, c'est que la pharmacopée était légèrement différente, organisée différemment, avec une nomenclature qui n'était pas tout à fait la même. C'est là que ça commença à faire sens pour Daniel : Sulumbek, il ne venait d'aucune diaspora. Il venait du Nazum. Et les médicaments aussi. Il tenta la question, interrompant la discussion qu'ils avaient avec Tiyam :

"Ces médicaments, ils viennent du Nazum ?"
"Non, je ne pense pas, ceux-là, on les a pris à Okkaluin"
"Okkaluin ?"
"Une ville des Terres australes, on y mouille pas mal, on devrait y retourner sous peu, quand l'hiver sera terminé"
"Attends, les terres australes, c'est où ça ? J'en ai jamais entendu parler"
"Pour la faire simple, va autant au Sud que tu peux, et ensuite, continue encore vers le Sud, c'est même au Sud de Paltoterra"
"On est connu d'aussi loin ?"
Daniel commençait à paniquer, il ne s'attendait pas à faire partie d'un réseau aussi étendu. Dans quoi il avait mis les pieds ?
"On est plusieurs peuples dérivants à passer dans le coin. Mon bateau, il mouille à environ 40 kilomètres de là"
"Mais, vous êtes en contact avec combien de gens ? A qui vous laissez du matériel ?"
"Difficile à dire, j'ai l'impression que les autochtones s'agitent de plus en plus un peu partout dans le monde, il y a dix ans, on m'aurait dit ça, je n'y aurait pas cru"
"Vous avez des gens, qui gèrent... Ces réactions mondiales ? Des grands chefs ?"
"Ça m'étonnerait, déjà qu'une bande de bateaux n'arrive pas toujours à se mettre d'accord. Enfin, tu n'imaginais pas qu'il n'y avait que les pays qui échangeaient quand même"
"Vous faites du commerce ensemble ?"
C'est Psesqis qui reprit la parole
"Commerce, accords, fêtes, échange de lettres, disputes... Comme pour tous les groupes du monde"

Il fallut une bonne minute à Daniel pour commencer à comprendre ce que ça voulait dire : c'était comme un monde parallèle. Les endroits que l'on pensait isolés, ne l'étaient pas nécessairement. Des millions de gens qui discutent, échangent, et gèrent leur problèmes sans même que les saint-marquois ne soient mis au courant.

"... Je crois que tout y est"
"Tiguidou !" Répondit Tiyam, "Je vais chercher le diable et la rampe dans le camion".
"Mais attends Sulumbek, pourquoi vous faites ça ? Pourquoi vous nous passez des médicaments ? Et... Des disques durs"
"Et si on ne le fait pas ? Si on laisse chacun dans son coin, c'est un monde entier qui disparait ! On n'est pas obligé de faire comme les pays, on peut se soutenir les uns les autres, c'est comme ça qu'on ne disparaît pas"
"C'est... Je vais avoir besoin de temps je crois"

Au retour, Daniel n'a pas dit un mot. Et a préféré se reposer un peu.

"Psan, tu peux ramener le PC de test ?"
"Je le cherche !"
Ce soir-là, il se faisait tard, mais les cinq colocataires étaient là, réveillés, à s'affairer à ramener tout ce qu'il faut pour la soirée.
"Vous êtes tous de l'association..."
"La Bande des Infinis ? Oui, il y a une raison pour laquelle on fait les réunions ici ! On veut pas gosser les colocataires pâles de nos amis avec vingt crackpots qui entre chez eux pour jaser politique et peindre des banderoles", expliqua Sam
"Après, il y a bien six ou sept autres associations dans la ville et on s'entend pas toujours" expliqua Sqolj, un autre des colocataires.
"Bon, là, les bouquins, ça les concerne aussi"
"Donc... Vous êtes des Infinis"
"On est de la Chaîne des Infinis"
"Le nom Ohoteet de la chaîne de Wallval" traduisit Tiyam, "Pour les pomawsuwinuwok, c'est juste les Hautes-Terres"
"Car les Ohoteet, on sait être poétiques, Bande des Infinis, c'est quand même plus classe que Bande des Hautes-terres"
"Imagine, Bande de la Rivière aux 600 000 saumons"
"La Sleevebleu" glissa Tiyam
"Oh, ça va, quand c'est ce que tu mange, le nom, il donne tout de suite envie, alors que pour les Ohoteet, c'est la Traînée de glace, tu as envie de t'installer sur la Trainée de Glace ?"
"La Bande de la Traînée de glace, ça en jette, faudra demander un changement de nom !"
"Il y a déjà une Confédération de la Traînée de glace si tu veux savoir, on a discuté avec eux plusieurs fois en plus"
"C'était eux les Glaciens ?"
"C'était eux !"
"Je les appelait juste les Glaciens ! Tout s'éclaire !"

"Au fait !" Cria Psan de la cuisine "A tout hasard, vous auriez de la clozapine ?"
"Euh, ça se peut !" répondit Daniel "Tu en as besoin ?"
"Clairement ce serait utile"
"T'as des problèmes psys ?"
"Moi, non, ma blonde oui, elle est schizo"
"Normalement, elle peut aller chercher ça en pharmacie"
"Pas moi, et en ce moment, elle gère rien du tout ! Elle a l'impression de délirer tout le temps"
"L'impression de délirer ?"
"Elle a l'impression de croire qu'on la harcèle de partout, alors que là, c'est pas une hallucination ! Son patron, ses collègues et ses soi-disant amis la traite comme de la marde, et elle fait même pas confiance à ses yeux ! Alors elle a l'impression d'avoir décompensé et elle est complètement paumée. Évidemment, elle est pas allé chercher sa clozapine ! Si déjà, elle a son traitement, ce sera plus facile de s'occuper du reste"
"Et je confirme, elle ment pas, elle est vraiment inquiète en ce moment, et elle va voir sa blonde tous les jours" ajouta Sam
"C'est ben de valeur ! Je vais te chercher une boîte, elles sont là pour ça de toute façon"
"Merci, je suis contente que vous soyez là, merci du fond du cœur d'être allé cherché tout çà"

"Alors, l'analyse ?"
"Pas de virus, prends et regarde"
Elle prit le disque dur de la main de son voisin, et l'inséra dans son PC, pendant que le voisin en insérait un nouveau.
"Il y a des dizaines, peut-être des centaines de documents"
"C'est une bibliothèque entière !"
Le dossier contenait listait des noms de livres dont Daniel n'avait jamais entendu parler. Les colonialismes, les extractivismes et les capitalismes en Aleucie et au Paltoterra, histoire d'une divergence au Nouveau monde. Survivre à la post-industrie. Les meilleures recette du Lofoten précolonial. Des caribous et des hommes. Verbosités et incompréhension : étude de la rhétorique socialiste et de la complexification ainsi que de la technicisation croissante de la terminologie des textes à vocation émancipatrice, partie I : histoire et contexte. 100 nations.
"Attends, ces livres ne sont pas censurés à Saint-Marquise quand même ! Si ?"
"Normalement, non, mais bonne chance pour tomber dessus ! S'ils ne se vendent pas, et que les bibliothèques n'en veulent pas, et que personne ne les mets en ligne, pour la plupart des gens, ils pourraient bien ne pas exister"
"On pourrait faire pleins de lectures !"

Second disque dur : des romans, pleins de romans. Double-down, Parles-moi si tu le peux, Alice et le haricot transgénique, Les paresseux shinobis contre métabot le robot tueur, Oublie-moi, Oublie-moi 2, Oublie-moi 3 : l'automne perdu 1, Au bout de la route, Meurtres sur Pembertøn, LASER 3000, Les paresseux shinobis contre Kulgon le sorcier galactique, Il était une fois l'Aumérine, Elle, Anna, Tom & Anna, Tom, Anna... Et Roberto (qui n'a rien à voir avec Tom & Anna), Je ne suis pas à vendre, La chanson des travailleurs, La vie de Lorenzo racontée par Lorenzo, La saga d'Aliénor (il y a au moins 15 tomes), Les paresseux shinobis : la résurrection des momies mutantes, Rob Chapman, 99 ₭, Métamorphosis, Oh là là, Exécution !, D.A.N.C.E., Je n'ai plus de vie, Le livre interdit, Atlan : la barrière cosmique, Intrications...

Troisième disque dur, des milliers d'articles scientifiques... Euh... Pas maintenant.

Quatrième disque dur.
"Oh, c'est le fun !"
Des films ! Der Raub, ¡Madre de Dios!, Maman j'ai raté le dirigeable, Black Ninja, Eletrohead, Slayers, Le Jour et la Nuit, La menace collectiviste, La poursuite du lendemain, Le Prix du secours, Carbone, Flash, On a roulé sur Mandréas, L'Homme qui voulait sauver le monde, Shoktir Lorai, L’Étrange voyage de Paul W.R., Aabra Ka Dabra, BIM stars, Perdu de vue, Alain lecours : mémoires à programmer, Showcases, Inarrêtables, Ouragan nucléaire, Shaun of the Alives, La Brigade, Poisson pas frais, Les Brigades du Lion, Millenial, Ulfric le cruel, Idil, La Traque, Brice de Naviss, l'Exorciste, Who killed the Captain Jones ?, Le dernier voyage, Le dernier voyage 2, A la croisé des univers, Le sang coulera, Disparitions, Tu es loin, Tu est perdu, Tuer par amour, Aimer à la mort, Mourir en aimant, Effet Miroir, Blade walker, Stalker Sutherlands ranger, Le prix du sang, Fusion, Maria, Super Riders...

"Attends, je prépare un truc, et on se trouve un film"

Ça s'est terminé en soirée cinéma.

"Vous savez que vous pouvez rester un jour de plus !"
"Vraiment pas, j'ai de la job à trouver, et Daniel va avoir des cours qui commencent"
"On se reverra ?"
"Oui, j'en suis sûr"

Il restait un CD dans la voiture, un bon moment pour l'écouter ?

Sur le chemin du retour, il pleuvait à verse, et il y avait du brouillard. Le retour serait clairement plus long que l'allée, et les conditions, ne mettaient pas Daniel à l'aise pour conduire, c'est Tiyam qui avait pris le volant. Daniel savait que le travail n'était pas terminé, et que ce n'était pas la dernière livraison du tout. Les semaines passaient, et tout indiquait que les mouvements sociaux étaient partis pour durer. La logistique devenait importante, et il fallait trouver les ressources. Mais, et c'était réellement effrayant d'y penser : elles venaient du monde entier ? De la partie dont il n'avait jamais entendu parler ?

"Tu savais que nos... Partenaires venaient de l'autre côté du monde"
"Je savais qu'ils avaient des relations avec d'autres peuples, oui, après, à savoir lesquels"
"Ce qu'on fait là, ça ce fait dans d'autres pays ?"
"Je ne sais pas, c'est plus que ce qu'il se passe ici est une émanation d'une tendance mondiale. On a des autochtones un peu partout qui commencent progressivement à se faire entendre"
"Comment par exemple ?"
"Tu vois le Paltoterran que l'on a rencontré, Sulumbek ?"
"Je me souviens, oui"
"Il vient d'une alliance de plusieurs peuples qui a formé un pays. Et leur technologie, ou leur économie, elle est comparable à celle de pleins de pays"
"C'est eux qui font tout ça ?"
"Non, ce n'est qu'une émanation de plus de la même tendance mondiale !"
"On sait pourquoi les autochtones s'agitent partout dans le monde ?"
"Pas vraiment, personne ne s'est jamais posé la question je crois, personne de riche du moins"
"J'ai vraiment l'impression là, que d'une manière ou d'une autre, le monde est sur le point de basculer"
1185
Rousmala en Saint Marquise

Aujourd'hui on été aperçut dans les rues de la capitale un groupe d'étrangers, d'origine jusqu'alors inconnu. Ils déambulaient et paraissaient porté beaucoup d'attention à tous ce qui les entourait, y compris les moindre petits détails. Ils se sont longuement attardés dans le quartier des ambassades. Un seul coup d’œil a suffit afin de remarquer, par leur stature et l'aura qui se dégageait d'eux, qu'ils appartenaient aux hautes sphères de leur société.
Cet étrange groupe a fortement attiré l'attention des locaux, qui sont allés vers eux afin d'en savoir plus sur leurs origine et de potentiellement les aider dans les recherches qu'ils avaient l'air de faire. Pour leur grande surprise, ils ont eu a faire à des Rousmaliens, venus afin de préparer la prochaine implantation de l'ambassade ainsi que d'entreprises internationales. Une longue discussion a découler de cette découverte, dans laquelle les deux peuples ont échanger des informations. Après avoir décidé d'aller un jour visiter Rousmala, les habitants de Saint Marquise se sont auto-proclamés guide et ont fait visiter la ville.
Alors que ces voyageurs devaient retourner dans leur cher pays, certains ont décidé d'avancer leur installation et sont finalement rester. C'est le cas de Matthieu Ballor, Président de l'entreprise informatique MicroBal, qu'il vient d'implanter à Saint Marquise
1549
Inauguration de MichroBal

En ce 30 octobre 2009, l'ensemble de la communauté Rousmalienne se réuni devant les locaux de MichroBal pour son inauguration. La première compagnie rousmalienne à ouvrir ses portes sur un territoire étranger. Bien que le siège de l'entreprise soit à Raige, principale ville portuaire de Rousmala, Matthieu Ballor, président de l'entreprise, a effectuer de nombreux investissement afin de garantir une place à MichroBal en Saint Marquise. Les micro-technologies vendues par cette entreprise sont produites sur le sol Rousmalien, mais M. Ballor espère bien implanter sous peu ses usines de production en Saint Marquise afin de réduire le coup de la conception. Cependant l'annexe de MichroBal en Saint Marquise a déjà son importance. C'est d'ailleurs grâce a elle que la société porte ce nom. En effet, au moment de la construction des locaux, une mécompréhension à transformer le nom d'origine de MicroBal, en MichroBal. Contre toute attente, c'est ce nom qu'ont retenu les Saint Marquois. Le président de la compagnie a donc décidé de le garder et d'en faire le nom officiel ! L'entreprise MicroBal a donc pris fin avant même d'exister afin de laisser place à MichroBal dont l'inauguration a lieu aujourd'hui. Pour cette occasion la communauté rousmalienne a organisé un grand buffet avec nombre de leurs spécialité, ainsi qu'une loterie dont le gros lot est un voyage vers Kobeil, la province touristique de Rousmala. Lors de cette inauguration sont présentés les premiers appareils vendus par la société, soit les composants des appareils électroniques de tous les jours (carte mémoire, micro processeur, etc...). C'est encore assez spécialisé mais il est fortement espérer que des appareils à destination du grand public, tel que les smartphones ou les ordinateurs portables, apparaissent sous peu.
11793
Il avait décidé de s'installer dans un bar pour réviser, c'était raté. Ce soir, comme assez souvent, on ne se concentrait pas. Des dizaines de gens s'étaient réunis pour assister à un des phénomène les plus importants du pays, un événement récurrent, mais toujours vu comme unique, historique, et dont Barthelemew tirait une bonne partie de sa légitimité : le foot ! Sur la télévision du bar, les présentateurs déroulaient en anglais le pédigrée des équipes, insistant sur le fait que le match serait corsé, ce lent murmure se perdait dans le tremblement d'un grand chant de supporters exprimé à l'unisson, que la foule chantait clairement plus juste que chacun des supporters. La majeure partie des supporters, principalement de genre masculin, avait à côté d'eux un verre de bière, dont l'odeur était grandement perceptible. La foule se fit silencieuse, à la télé, zoom avant d'une caméra sur le centre du terrain, un ballon rond était placé au centre, les cris de la foule du stade, du Barthelemy Stadium, était légèrement perceptible, quelques seconde s'écoulent, personne dans le bar n'adresse un mot, ni ne porte de bière à leur bouche. Un sifflet se fit entendre, un des joueurs des l'équipe de Barthelemew, le seul situé à moins de quatre mètres du ballon couru deux foulée vers l'avant, et utilisa la troisième pour le coup d'envoi, lorsque le ballon décolla enfin, une longue clameur enfla de tout le bar, elle enflera et désenflera par vagues durant toute la durée du match.

Pour Daniel, il n'y aurait pas nécessairement pensé un an plus tôt, mais ça lui rappelait quelque chose. Il avait connu un ami évangéliste qui l'avait emmené assister à la messe de son église. Il s'y revoyait. Même ambiance survoltée, même communion mêlant toutes les individualités dans une clameur ininterrompue, même temps dévolus aux chants repris en cœur qui clamaient à la victoire. Des foules entières qui venaient soutenir une équipe, dans une compétition qui aura nécessairement un perdant, qui criait fort dans l'espoir que l'esprit du bon sport les entendra, et que leur équipe sera celle qui imposera sa victoire. L'équipe de Barthelemew avait-elle été correctement entraînée, dans cette ville qui entraînait également l'équipe nationale ? Les méthodes étaient-elles meilleures que celle de leur adversaire ? Les joueurs étaient-ils prêts à se dépasser, à tout donner, à franchir toutes les limites pour envoyer plus de buts dans les cages de leurs adversaires que l'inverse ? Était-ce comme ça que l'on évitait les guerres d'ailleurs ? En les jouant de manière ritualisée dans d'énormes stades ? A quel point le foot était devenu missionnaire ? Barthelemew était-elle une ville sainte ? Honnêtement, Daniel ne se voyait se poser ces questions son ordinateur devant lui pendant une heure dans l'ambiance de messe du bar, il préféra récupérer ses affaires et sortir dans la rue.

Une fine neige tombait tout autour de lui, mais fondait sur le sol sans s'accumuler. Les lampadaires étaient allumés, la lumière qui filtrait à travers l'épaisse couverture nuageuse, crépusculaire. La rue était vide de piétons, même les voitures étaient rares. Il remonta la rue vers l'arrêt de bus, il habitait dans une des chambres de son campus. Un immeuble récent, mais déjà vieillissant, dont la cuisine collective était inutilisable depuis que la cuisinière avait cassé, dans les faits, il n'avait pas non plus envie de rentrer là, donc, il marcha dans la rue, sans réellement de but.

Le seul son que l'on entend, c'est celui, ininterrompu, des moteurs.

Les soirs de match, il pouvait être possible, si on tendait l'oreille, d'entendre les vocalises de tout un stade. Les rues, elle, ce jour-là, observait 90 minutes de silence. Les passants étaient rares, la plupart des magasins avaient fermés, l'eau gouttait de temps en temps depuis les toitures. Il s'installa dans un petit parc pour profiter de la chute de neige. L'hiver était bien là, le vent glacé le faisait savoir. Il tenta d'imaginer ses ancêtres, à des centaines de kilomètres de là, à commencer sa saison de chasse montagnarde. Quels animaux auraient-ils chassé à cette période de l'année ? Il l'avait peut-être su. Il fut un temps ou cette ville avait été une grande plaine, traversée de troupeau de caribous, et les Ohoteet y venaient pour ça, et puis, des colons eurysiens s'y sont installé, en ont fait leur capitale un an, puis c'est devenu un village agricole. Sauf qu'un jour, au début du XXème siècle, les Saint-Marquois ont décidé, allez savoir pourquoi, que le sport serait plus important que les blé, les légumes, ou la viande de caribou, que les saumons et les truites, le bois, la glaise, la pierre, les fourrures, le sable. Le village s'est développer et à donner naissance à une ville. Une ville industrielle, née de l'industrialisation du sport.

A partir du moment où le jeu a été standardisé et calibré, il est devenu possible de l'utiliser comme marque d'efficacité industrielle. A quel point est-il possible d'optimiser la performance humaine ? Le but d'un sportif, c'est de faire mieux que tous les autres pays, d'est à dire, d'aller plus vite, d'être plus fort, de mieux se coordonner, et ainsi de suite, que chaque équipe adverse. Tout l'enjeu de prestige par rapport au sport est de montrer que notre système, notre politique, produit les meilleurs humains, les plus forts, les plus capables. Dans les faits, l'on n'a besoin que d'une poignée de sportifs ultraperformants, mais pour les trouver et les entrainer, il faut une politique sportive à l'échelle d'un pays entier. On amène des milliers de Saint-Marquois à s'essayer au sport dans des clubs locaux, puis, on les écrème dans un pyramide d'équipes de plus en plus prestigieuses, qui se livrent une compétition inoffensive au premier abord, puis de plus en plus dure. Les sportifs les plus performants sont poussés au-delà de leurs limites tant qu'ils restaient jeunes pour en tirer des performances un peu meilleures que celles de l'équipe d'en face. A long terme, le corps ressent les effets d'une telle pression, mais des millions de gens continuent d'être continuellement écrémés pour fournir un remplaçant, à 40 ans, le corps cassé d'athlètes de tout façon vieillissant peut être mis de côté au profit de jeunes sportifs rêveurs. Et le cycle recommence. Mais il peut être amélioré, en optimisant chaque paramètre de la vie d'un sportif : entrainement, équipement, mais aussi alimentation, sommeil, stratégie, méthodes de sélection, communication, stratégie collectives, croyances, valeurs... Le sport, si l'on souhaite mettre son pays au sommet, implique un sportif corps, esprit, âme, vie sociale, et avenir. Si le sport donne en permanence lieu à des récits héroïques de sportifs se dépassant pour faire des exploit dont personne n'aurait rêver, si l'on en sort des valeurs sensés inspirer tous les Saint-Marquois, l'ossature même du sport est une puissante infrastructure industrielle et sociale capable de forger des humains. Barthelemew forge des footballeurs parmi les plus performants au monde et en a payé le prix. Mais pas seulement des footballeurs. Il est rare de trouver un pays si impliqué dans le sport qu'il y dédie une ville. On l'oublie souvent, mais l'industrie sportive de Barthelemew ne fabrique pas uniquement des footballeurs. Tennismen, basketteurs, lutteurs, nageurs, même e-sportifs, la liste pourrait s'allonger, mais le football reste le sport qui présente le plus d'enjeux, et le plus populaire, celui pour lequel il y a le plus de candidats à écrémer. Cette ville de 300 000 habitants est dédiée à cette infrastructure, comportant des stades, évidemment, mais aussi des clubs locaux, des zones d'entraînement, des équipementiers, des ateliers de R&D, des écoles de formation et de recrutement pour le personnel, des bureaux pour administrer le système, des serveurs pour garder trace des données que produisent les sportifs et tous ceux qui les accompagnent, qui sont essentielles pour régler au mieux chaque sportif impliqué. Au vu de la ferveur que le résultat provoquait, il était possible de comprendre pourquoi ce choix était fait, même si Daniel se surprenait à rêvasser de caribous.

Et, il se rendit compte qu'il avait faim, très faim. Il n'avait pas mangé de la journée. Il se leva du banc, sous un ciel désormais nocturne et complètement noir duquel la neige continuait de tomber. Il parti en quête d'une dépanneur toujours ouvert. Il choisit de longer la rue qui partait vers le centre-ville, là où se concentrait à peu près tout ce dont on avait besoin. C'était instinctif : s'il y avait besoin de quelque chose, le centre-ville l'aurait sûrement. Il saurait mieux reconnaître des marque que des fruits, c'est le savoir qui lui avait été utile. Au détour d'un carrefour, alors que ses pensée se mélangeaient, il nota la présence d'un graffiti, il n'y prêtait pas attention généralement, mais il remarqua quelque chose qu'il n'aurait pas pensé remarquer un jour : le motif qui avait été pulvérisé sur le mur, c'était des référence claires à la culture ohoteet. Il ne connaissait pas cette culture tant que ça, mais il en avait assez appris pour le repérer.

Le ciel était clair et étoilé, il était trois heures du matin, le moment où la ville était la plus calme. Elle agitait sa bombe de peinture pour ajouter la touche final, la signature : Clairelune. C'est à ce moment là qu'elle sentit un faisceau de lumière se diriger vers elle, elle compris rapidement et prit le chemin opposé, courant le plus vite possible. Les deux policier la suivait de près. Elle passa dans les arrières-rues, derrières les bâtiments, tentait de laisser des obstacle derrière son chemin de fuite, et finit par sortir de la zone qu'elle avait repérée. Elle prenait lentement de la distance sur les policiers, et rendit compte qu'elle était dans un état second. Remplie d'adrénaline, elle sentait chaque seconde lui vriller la tête. Courant pour terminer la poursuite. Elle était trop empâtée, elle devait être plus rapide pour terminer la confrontation au plus tôt. Plus maline pour se faufiler entre les mains d'une institution qui la traquait. Plus confiante, pour tenir le coup plus longtemps, pour que vive son art. Pas de chance : il y avait une plaque de verglas sur son passage, elle a été aussi forte, courageuse et futée qu'elle a pu, mais a terminé fracturée à l'hôpital, avec une comparution devant le tribunal qui l'attendait.

Actuellement, la police patrouillait surtout les rues en s'inquiétant des graffeurs et des supporters ivres. Plusieurs mois de luttes indigénistes diverses n'avait pas réussi à les mettre sur le devant de la scène. Mais ils finissaient par apparaître, très discrètement. Une référence dans une peinture qui sera bientôt recouverte de peinture blanche était le signe d'une contre-culture bouillonnante. Il finissait lentement par le comprendre : il y avait des mondes parallèles partout. On voyait fleurir des images gardox, produite par un monde gardox, qui se réunissait sans que personne ne prenne réellement la peine de le soupçonner. Chez eux, il existait des gens qui gardaient des artefacts gardox, en général, comme pièce de collection. Daniel parierait sur le fait que si l'on examinait sérieusement la moitié d'entre eux, l'on se rendrait compte qu'ils seraient de facture récente. Quand un pâle s'en rendait compte, il criait en général à la contrefaçon, et de revenait pas chez le vendeur. Mais c'était mal comprendre ces objets : ce n'était pas des contrefaçons, c'était des productions originales, par une culture qui existe encore. Des artisans continuaient de fabriquer des habits, des outils, des poteries, des sculptures. Les cultures gardox, mauvaises herbes mal arrachées, se muaient en mycéliums, se ramifiant dans toute la ville, pourrissant ses fondations pour en faire un terreau fertile. Au fil des rues, ils sentait la ville changer. Ou alors, c'était lui qui s'altérait.

Aussi tard le soir, le vendeur s'ennuyait un peu et s'était décidé à mettre sa playlist de métal sur le lecteur du magasin. Daniel n'avait jamais écouté de métal de sa vie, et ça lui faisait un effet étrange. Il n'était pas sûr d'apprécier, mais ça l’intriguait. Il se déplaçait parmi les rayonnages chargés de divers plats préparés à en chercher un qui lui donnerait envie. Dans les faits, là non plus, les choix lui faisait moyennement rêver. Il avait le moral solide d'habitude, mais il lui arrivait d'avoir un coup de blues, et, bon, le monde dans lequel il vivait ne l'aidait pas forcément. Des fois, il se disait, ça lui ferait du bien de vivre dans un endroit en bon état, d'avoir un truc relativement bon à se mettre sous la dent, d'avoir enfin un boulot avec une bonne ambiance pour payer ses factures. Il passa en revue les sandwiches, lorsqu'il sentit son téléphone vibrer.
"Alors, tu t'en sors ?" avait écrit son amie Laurie, qui savait qu'il avait essayé de réviser
"Euh, alors... En fait, non"
"Tu fais quoi du coup ?"
"Je suis au dépanneur, à chercher un sandwich"
"Tu es dehors ? Tu m'étonnes que t'y arrive pas !"
"En ce moment, je ne peux plus voir ma chambre"
"Ouais, je comprends, j'ai connu la même"
Une autre personne était arrivé dans le magasin. Un policier en fin de service. Il sentait la tension monter, comme s'il venait d'être pris la main dans le sac pour quelque-chose. Il devenait plus paranoïaque avec le temps, il était pas sûr d'apprécier ce qu'il devenait. Un autre message de Laurie sur son téléphone s'affichait.
"Au pire, demain, on se met quelque part et on révise ensemble"
"C'est vrai que ça me ferait du bien de voir quelqu'un, je veux bien"
"Et on se partagera nos musique, de la bonne musique, ça fait toujours du bien"
"Je me rends compte que le métal m'intrigue d'ailleurs, je ne dirais pas que c'est bien, mais... Ça fait vraiment quelque chose"
"Là, on va s'entendre. En plus, c'est pas pour dire, mais vous autres Gardox avez de sacrément bons groupes !"
"Il y a du métal gardox ?"
"Yep, et chez ceux qui connaissent, c'est la folie"
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La chanteuse d’origine pontarbelloise, exilée au Lofoten, Henrietta Rivers cartonne dans les charts St-Marquois.

Henrietta Rivers

Avec son titre “I run to the rock”, Henrietta Rivers, surnommée la Diva d’Aleucie du Sud, s’est glissé en tête du hit-parade depuis plusieurs semaines à Mont-Law et dans toute la nation saint-marquoise.

Après un succès fulgurant dans les discothèques et boîte de nuits des Provinces-Unies, nul aurait pu présager que la modeste voix de ténor si particulière, aurait traversé le détroit de Barhelemy pour gagner les faveurs du peuple Saint-Marquois.

Après avoir conquis les coeurs des Lofotens, et enflammé les dancefloors du nord au sud, des Fjörds de l’Archipel du Ponant, jusque dans les ruelles étroites des quartiers populaires et encanaillés de la sulfureuse Pembertøn, c’est au tour des St-Marquois d’apprécier la voix rauque et puissante de la fille des bas-fonds pontarbellois.



Henrietta Rivers est née, Henrietta Salveiro, le 28 avril 1953 à Santialche alors sous domination coloniale de l’Empire Listonien.
Elle a été élevée dans une famille très croyante et relativement modeste des quartiers populaires de la bouillonnante capitale Pontarbelloise, alors chef lieu de la colonie du même nom. Cette dernière développe très tôt un intérêt certain pour la musique, et de l’avis contraire de ses parents, pour qui la musique était uen perte de temps et n’était qu’un loisir de riche, elle a commencé à jouer du piano très tôt à l'âge de six ans, en cachette, chez son voisin, un ancien professeur de musique. Remarquée, elle finit par être intégrée au prestigieux Conservatoire Impérial de Listonie. Puis a ensuite été engagée comme pianiste dans des clubs de jazz dans divers comptoirs commerciaux listoniaux, essentiellement pour les troupes coloniales impériales, qui manquaient cruellement de distraction.
En 1979, Henrietta retourne au Pontarbello, où elle a lancé sa carrière en enregistrant des chansons pour Ave Maria Listonia Cancion, une radio locale, plutôt axée sur la musique religieuse.
En 1987, elle se produit dans un festival de musique aux Provinces-Unies, le DayDream Nation, près d'Ingebørg, dans le Northerlands. Le succès est immédiat, c’est une révélation ! Son style musical est fortement influencé par le jazz, le blues, les chants chrétiens, et la musique classique. Elle est réputée pour ses performances exaltantes et ses arrangements vocaux plutôt originaux. Dès lors elle programme plusieurs concerts dans les Provinces-Unies, mais à l’international, sa carrière piétine, et finalement elle continue d’enregistrer des chansons essentiellement dans son Pontarbello natal et se produit exclusivement dans l’Empire Listonien et dans les Provinces-Unies qui lui accordent, chose rare, un visa longue durée d'exception.
En 1994 alors que la situation politique et économique se dégrade et que la répression impériale anti indépendantiste s’intensifie, Henrietta est contrainte de s’exiler, abandonnant les siens, et c’est tout naturellement qu’elle trouve refuge dans les Provinces-Unies, à San Junipero, dans la Province hispanophone de Nouvelle-Arcoa. Elle se marie alors avec un entrepreneur local, Angel Rivers, qui l’accompagne et la soutient tout au long de sa carrière.
Elle opère alors un passage à vide, continue à sortir plusieurs albums et à se produire en concert avec un succès relatif. En1998, elle acquiert la nationalité lofotène.
Et après plusieurs années d’absence, elle revient sur le devant de la scène en 2001, et c’est un come back plutôt réussi. Ses concerts affichent complet, mais il s’agit surtout de reprises de ses anciennes chansons. Son dernier album “The Prayer” est une réussite phénoménale, les radios lofotènes diffusent ses chansons en boucle, en 2008. Puis en 2009 c’est donc au tour de St-Marquise de connaître la même ferveur, avec de nouveaux concerts prévus à Valmont, et Bluepont. Henrietta Rivers est même interviewée sur le journal de 20h de TSM, où elle fait part de son éternelle gratitude aux peuples du nord, aux Lofotens et aux Saint-Marquois, pour leur esprit de tolérance et leurs politiques inclusives.

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Le concert d'Henrietta Rivers devant des milliers de personnes au National Opera de Mont-Law en février 2009

Henrietta Rivers est également connue pour être impliquée dans des causes politiques et sociales, et a été l'une des figures de proue du mouvement des droits civiques pour les Pontarbellois et les Listoniens, ce qui lui valu par ailleurs de la contraindre à l’exil lorsque la situation politique dans l’Empire fut insoutenable. D’ailleurs elle a écrit plusieurs chansons militantes pour soutenir la cause, notamment « Santialche Goddam » et « Young, Gifted and Aleucian ». Elle est de plus impliquée dans la lutte contre le racisme, l’homophobie, et plus particulièrement la transphobie (une de ses filles est trangsenre), la discrimination et l'injustice sociale, ce qui accroit sa notoriété et sa popularité auprès des Saint-Marquois. Elle a également soutenu des causes politiques telles que l'opposition à la guerre au Prodnov, l’indépendance du Pontarbello, la défense des minorités ethniques et des clans inuits dans les Provinces-Unies.

Henrietta Rivers devrait même être reçue prochainement par le Grand Délégué chargé à la Culture de Saint Marquise.
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VOIX OFF : "Bienvenue sur Federal Network, vous regardez le 14-16h présentée par votre présentatrice préférée Debbie Fansworth !"

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MANIFESTATIONS PRO-ONC DANS LES RUES DE LA CAPITALE DE SAINT-MARQUISE




manifestation pro-ONC


"Une manifestation de grande ampleur a lieu aujourd’hui dans la capitale de Saint-Marquise suite au retrait brutal et controversé du pays de l’ONC, qui a pris de court nombre d’habitants. Outre les modalités du scrutin référendaire, organisé à la va vite, et quasiment sur ordre direct de la présidente, sans l'avalisation du parlement saint-marquois avait vite fait de surprendre les observateurs internationaux, plutôt habitués à ce que les parlementaires saint-marquois tergiversent et prennent le temps de la réflexion et du débat, plutôt que d’agir sur un coup de tête.
Et c’est le sentiment qui anime ces milliers de manifestants, descendus en masse dans les rues de Mont-Law, pour qui le référendum a été une tromperie orchestrée par la présidence saint-marquoise. Notre envoyée spéciale, Marlène Agarthson. Alors Marlène, vous étiez dans le cortège de tête ?




"Bonjour Debbie, oui, une marche pacifique et dans le calme, encadrée par un très important dispositif de sécurité, et organisée à l'initiative de plusieurs syndicats et collectifs, qui craignent que ce retrait ait été trop irréfléchi, et que l’on ait pas expliqué les véritables raisons et intentions derrière. C'est en tout cas les raisons invoquées par les organisateurs. Je suis avec Liam Flaherty, directeur d’une petite entreprise d’import-export, alors Liam dites nous pourquoi vous êtes ici :"

"On est venu ici pour manifester notre désaccord et pour exprimer notre sentiment d’avoir été dupés dans cette histoire. On sent que cette décision a été prise sur un coup de tête, sans mesurer à long terme les conséquences économiques. Notre commerce avec notre voisin lofotène est majeur, vital même pour notre économie, ce retrait envoie un très mauvais signal, et peut avoir un impact significatif sur les intentions d’investissements étrangers sur le sol saint marquois. De par notre inconstance, et notre instabilité. L'économie c’est une question de confiance, qui peut désormais avoir confiance en nous quand on est capable comme ça de quitter une organisation internationale sur un coup de tête ?"

reportaggetv


"Alors maintenant je suis avec Debbra Standton, secrétaire du principal syndicat hôtelier saint-marquois, alors Debbra, quel est votre sentiment à vous, pourquoi êtes vous contre le “Marquexit” ?"

"Franchement, ce n’était pas mûrement réfléchi, ça a été fait en deux temps trois mouvements, et moi, ben, ça m'interroge, pas vous ? A Saint-Marquise les choses prennent du temps, et là on sent que cela a été accéléré intentionnellement, je suis sûr que la présidente a agit pour des motifs tout autres, probablement manipulée par des puissances adverses qui entendent faire de Saint-Marquise le petit pion qu’on déplace pour servir des intérêts internationaux.
Soyons honnêtes, qui cela arrange le retrait de l’ONC, on le sait très bien, pas Saint Marquise, mais les puissances de Liberaltern ? Sauf que les touristes, les investisseurs, nos plus grands et plus gros clients, et bien ce sont les puissances de l’ONC dont notre principal voisin, la quatrième puissance économique quand même. Je suis bien placée pour le savoir hein, j’en vois défiler tous les jours à l’Imperial Golden Hôtel. Le Liberaltern lui ne s’est intéressé à nous que lorsque cela l’arrangeait. On peut pas dire qu’ils viennent en masse chez nous.

De toute façon nous sommes neutres quand ça nous arrange, c’est ça le problème, la politique du gouvernement n’est pas cohérente et pas rationnelle et cela m’inquiète fortement. Il est temps que la présidente quitte ses fonctions, parce qu’on a l’impression que ce n’est pas elle qui est vraiment aux commandes mais que c’est juste une marionnette sans charisme"


"Et pour terminer je suis avec Alexis Bolton, en 4ème année de droit à la Faculté de Mont-Law qui pourtant avait voté pour la présidente à la dernière élection, et se dit extrêmement déçu de sa politique, et réfute le résultat du référendum. Pourtant c'est un vote démocratique, expliquez-nous Alexis ?"


"Les gens ont voté pour le retrait de l’ONC car cela a été instrumentalisé et vendu par le pouvoir comme : si on reste dans l’ONC on sera forcé de nous battre ! C’est un mensonge d’Etat, l’ONC est intervenu au Prodnov et nous n’y avons envoyé aucune troupe. Notre seule véritable intervention a été uniquement humanitaire et on peut pas dire que cela nous ait vraiment coûté grand chose. En revanche quand la République Hafenoise, l’une des dépendances pharoises nous sonne, là on envoie des troupes ? Port-Hafen pourtant, c’est pas l’ONC, et on sait bien qui est derrière…Donc oui, j’accuse le gouvernement d’avoir sciemment menti aux gens pour orienter le vote vers un résultat qui leur convenait, et qui surtout convenait à d’autres puissances supérieures."


"Mais alors si le fil était gros, et que la manipulation était si facile à détecter, pourquoi donc le référendum a malgré tout été un succès populaire ?"

"Et bien déjà, plusieurs études statistiques montrent que les jeunes, pourtant le plus favorable à l’ONC, se sont très faiblement mobilisés. Le corps électoral des 18-20 ans par exemple un taux de participation élective de 14,5%, vous imaginez ? De plus ce sont surtout les gens des campagnes et les gens plutôt défavorisés par le système qui ont voté pour le Marquexit, des gens qui ne mesuraient pas et qui ne voyaient pas les effets économiques à long terme. Alors réduire la question de l’appartenance de l’ONC à faire la guerre ou pas est du pur populisme,ils ont joué sur la peur, comme le font les états autoritaires et réactionnaires, et ça a marché.
Dans ma famille on a voté presque exclusivement pour le Marquexit avec des arguments comme : demain je ne veux pas être mobilisé pour aller combattre au Prodnov. Ce qui est un non sens et une ignorance de ce qu’est l’ONC. "


caricatureantideprey

Merci Oleg pour ces témoignages. Afin de terminer la couverture complète de cet évènement, on a signalé que les manifestants, qui brandissaient des pancartes et des drapeaux avec le logo de l’ONC se sont dirigés ensuite toujours dans le calme vers la Demeure Jaune, la résidence officielle de la présidente Isabelle Deprey. Plusieurs caricatures ont également été montrées et tendues devant les caméras et les journalistes présents, et dans une ambiance plutôt bon enfant certains manfestants ont scandés des “Deprey, démission” et des “Deprey, vendue au Pharois”. Quelques incidents mineurs et isolés ont émaillé le cortège, qui s’est globalement très bien tenu.





VOULEZ VOUS EN SAVOIR PLUS ?

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Populisme, complotisme et racisme, attaque du Capitole,
la manifestation du 6 décembre a-t-elle fédéré tous les ennemis de la démocratie ?


♪♫ Jingle ♪♫

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♪♫ Nils Laaksonen c'est tout de suite dans Longue-vue, sur Syndikaali Aujourd'hui ! ♪♫

N. Laaksonen :
« Mesdames messieurs, chers téléspectateurs, bienvenue sur Syndikaali Aujourd’hui, pour notre émission phare : « longue-vue », l’émission de débat qui décrypte l’actualité internationale avec du recul. Ici, pas de jambe ni de langue de bois, pas de courte-vue, pas de point de vue étriqué, on aborde tous les sujets même ceux qui fâchent, parce que c’est le prix de la démocratie !

Alors aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir trois invités des plus respectables : monsieur Josh Caleb, vous êtes homme politique, maire de Barthelemew candidat aux élections régionales pour la République-Unie, vous avez voulu nous alerter sur les risques qui pèsent aujourd'hui sur la démocratie saint-marquoise. Madame Helena Rockwood, politologue et chroniqueuse au Haut-District Tribune, le journal de Mont-Law, où vous décortiquez l’actualité internationale, vous nous éclairerez sur les enjeux géostratégiques autour de la mobilisation pro-ONC du 6 et enfin Kaarina Kati, vous êtes chercheuse à l’Ajattelun Akatemia d'Albigärk, en partenariat avec l’université centrale de Mont-Law, vous résidez à Saint-Marquise et êtes spécialiste du complotiste et des discours de haine, merci à vous trois de vous joindre à nous pour les deux prochaines heures !
»

H. Rockwood :
« Merci à vous Nils c’est un plaisir d’être ici ce soir pour débattre. »

J. Caleb :
« Oui merci, je crois que c’est important d’avoir ce débat avec vous, ce qui s’est passé le 6 est assez grave je pense. »

K. Kati :
« Bonsoir, merci Nils. »

N. Laaksonen :
« Bien alors avant toute chose, essayons de résumer un peu les derniers événements pour nos téléspectateurs qui ne sont pas forcément tous au courant de l’actualité, surtout s’ils nous regardent depuis l’étranger, téléspectateurs qu’on salue bien évidemment. Kaarina Kati, vous étiez dans la manifestation pour vos recherches si je ne me trompe pas ? Vous pouvez peut-être nous résumer les événements ? »

K. Kati :
« C’est une manifestation qui a eu lieu en deux temps, il y a eu d’abord le trajet officiel, convenu avec les autorités, puis dans la foulée les choses se sont emballées avec l’intrusion dans le Capitole d’activistes qui ont attaqué des œuvres d’art, principalement des peintures, et dégradés les lieux avant d’être arrêtés par la police. »

N. Laaksonen :
« De combien de personne parle-t-on exactement Kaarina ? »

K. Kati :
« Eh bien Nils, on parle d’un ou deux milliers de manifestants, selon les organisateurs, probablement un peu moins en vérité. Pour l’intrusion dans le Capitole, il n’y a pas encore de chiffres donnés par la préfecture. On parle d’une grosse dizaine de personne. »

N. Laaksonen :
« Kaarina, vous avez très vite, dès le soir, signé une pétition avec plusieurs intellectuels, engagés à gauche pour la plupart, ou de tendance républicaine et démocrate, pour dénoncer, je vous site « la dérive populiste, complotiste et raciste de certaines parties de la population ». Kaarina, vous êtes chercheuse sur ces questions, est-ce la chercheuse qui parle ici ou bien la militante ? »

K. Kati :
« Pour commencer, Nils, je ne suis pas militante. Je ne suis affilié à aucun parti ou aucune institution en dehors de mon université à Albigärk. Maintenant, comme toute citoyenne et résidente à Saint-Marquise, je suis bien sûr attachée à la démocratie et aux principes républicains, est-ce que cela fait de moi une militante ? Dans ce cas c’est estimer que la démocratie est en débat, je n’ai pas l’impression que nous en soyons-là pour le moment. »

N. Laaksonen :
« Mais vous le redoutez ? »

K. Kati :
« Ce qui m’inquiète c’est de voir émerger ici à Saint-Marquise, qui est une démocratie exemplaire et s’est toujours tenue éloignée des mouvances politiques les plus radicales, des mouvements qui remettent en question la démocratie en usant d’une rhétorique clairement populiste et complotiste, ce qui peut mener, on l’a vu au Capitole, à des dérives violentes contre les institutions. On parle tout de même d’une intrusion dans un lieu clef de la vie démocratique saint-marquoise, il faut prendre cela comme un avertissement. »

N. Laaksonen :
« Alors Kaarina, vous parlez de complotisme et de populisme, vous évoquez même un fond antisémite, on aimerait bien que vous expliquiez pourquoi ? En faisant abstraction de l’intrusion au Capitole, les gens ont le droit de manifester, pourquoi cela vous inquiète ? »

K. Kati :
« Ce n’est pas la manifestation qui m’inquiète, je suis démocrate et c’est un droit constitutionnel d’avoir des espaces pour exprimer ses opinions, si celles-ci sont dans le respect de la loi. En tant que chercheuse en revanche, je remarque en effet des signaux d’alerte dans la rhétorique déployées par ces manifestants. »

N. Laaksonen :
« Alors on va écouter un extrait d’accord, et vous allez le commenter. »


EXTRAIT
« A Saint-Marquise les choses prennent du temps, et là on sent que cela a été accéléré intentionnellement, je suis sûr que la présidente a agit pour des motifs tout autres, probablement manipulée par des puissances adverses qui entendent faire de Saint-Marquise le petit pion qu’on déplace pour servir des intérêts internationaux. »


N. Laaksonen :
« Kaarina qu’est-ce que ça vous inspire ? »

K. Kati :
« D’un point de vue rhétorique c’est très intéressant, vous voyez que la personne qui parle ici interprète un changement comme une menace. On voit l’usage du présent de vérité général « A Saint-Marquise les choses prennent du temps » qui pose une sorte de situation immuable, « c’est comme ça, on a toujours fait comme ça » et qui se sent menacé par les transformations de son pays. C’est une posture réactionnaire ou conservatrice assez classique, la nouveauté est vue comme suspecte, intrinsèquement dangereuse. C’est d’autant plus frappant que c’est ici plutôt un jeune qui s’exprime. Ensuite il y a bien sûr l’usage du mot « intentionnellement », alors là quand vous travaillez sur les théories du complot vous avez tous les voyants qui s’allument. »

N. Laaksonen :
« Pour vous c’est un signe de complotisme ? Il y a pourtant bien des choses qui sont intentionnelles, en politique. »

K. Kati :
« Précisément, en fait tout est intentionnel en politique. Madame Deprey ne tire pas un dé avant de prendre des décisions. Ce qui doit nous interpeller c’est que la personne insiste là-dessus comme si c’était mal. Comme si l’idée que les politiques prennent des décisions soit suspect. Or là on est précisément dans une rhétorique populiste, où tout acte politique qui ne va pas dans le sens de la personne est délégitimé. Il y a un refus de l’idée que la majorité puisse ne pas être d’accord avec vous, en quelque sorte. »

N. Laaksonen :
« Très intéressant. »

K. Kati :
« Ce qui nous fait parler de complotisme et d’antisémitisme, c’est la suite, la personne développe ensuite sa pensée et là c’est florilège « manipulée par des puissances adverses », « faire de Saint-Marquise le petit pion qu’on déplace », on est en plein dedans. Il y a une sorte de lecture paranoïaque du monde, où on dénie aux adversaires politiques la possibilité de réfléchir par eux-mêmes, d’avoir une idée contraire aux nôtres. Si les choses ne vont pas dans mon sens, alors c’est forcément que quelqu’un agit en secret contre moi. C’est là qu’il y a dérive parce qu’on ne sait plus où ça s’arrête ensuite. Si on ne croit plus aux institutions, si on pense que tout est manipulé, comment est-ce qu’on peut encore croire en la démocratie ? A la fin ça devient soit je gagne les élections, soit j’aurai dû les gagner. Pile je gagne, face tu perds. La personne commence à vivre dans son monde, déconnectée des réalités, c’est destructeur pour elle, mais aussi pour les institutions. »

N. Laaksonen :
« On va mettre un deuxième extrait si vous voulez bien. »

K. Kati :
« Bien sûr. »


EXTRAIT
« C’est un mensonge d’Etat, l’ONC est intervenu au Prodnov et nous n’y avons envoyé aucune troupe. Notre seule véritable intervention a été uniquement humanitaire et on peut pas dire que cela nous ait vraiment coûté grand chose. En revanche quand la République Hafenoise, l’une des dépendances pharoises nous sonne, là on envoie des troupes ? Port-Hafen pourtant, c’est pas l’ONC, et on sait bien qui est derrière… Donc oui, j’accuse le gouvernement d’avoir sciemment menti aux gens pour orienter le vote vers un résultat qui leur convenait, et qui surtout convenait à d’autres puissances supérieures. »


K. Kati :
« Donc là aussi on retrouve chez cet autre manifestant une rhétorique similaire. Déjà on parle de la République Hafenoise comme d’une dépendance des Pharois, là vous revoyez la lecture paranoïaque de la situation. Pour traduire la pensée de ce monsieur c’est « si un pays ne fait pas ce que je veux, si les gens pensent différemment de moi, c’est qu’ils sont manipulés ». On refuse complétement la contradiction mais aussi la souveraineté de chacun et le droit d’avoir des opinions différentes. On est clairement sur une pensée rhétorique d’extrême droite, qui peut mener à des positions dangereuses. Après tout si la République Hafenoise est une dépendance de ceux que ce monsieur considère comme des ennemis, pourquoi ne pas l’envahir ? Ce monsieur est persuadé d’avoir raison et délégitime ceux qui pensent différemment, c’est une vision du monde du « eux contre nous », une vision d’un monde en guerre. Et en guerre, il n’y a plus de place pour écouter l’autre, il faut le tuer puisque c’est lui ou nous. »

N. Laaksonen :
« Il parle aussi de mensonge, de « qui est derrière » là. »

K. Kati :
« Là aussi ce sont des mots clefs qui doivent nous inquiéter, on est en plein dans le complotisme. Il y a toujours quelqu’un derrière, les choses ne sont jamais ce qu’elles paraissent être. Ce qui me frappe surtout c’est l’assertivité des propos. Ce monsieur dit par exemple « on sait très bien » comme si c’était une évidence. Pour lui c’en est une, certainement, et c’est là qu’est le danger, car si les choses sont « évidentes » alors si la majorité des gens ne voient pas l’évidence, c’est qu’ils sont manipulés. Voire des ennemis. On est face à une forme larvée de séparatisme politique, la personne commence à s’enfermer dans son monde imaginaire et va se couper de ses proches, de ses amis, pour ne pas remettre en question son narratif. La mention des « puissances supérieures », d'ailleurs, c'est intéressant. Très manichéen, presque théléologique. On retrouve en toile de fond des clichés conspirationiste, l'ennemi caché, tout puissant, omniprésent et souvent diabolique. C'est toujours manichéen, quasiment religieux. »

N. Laaksonen :
« Il y a un autre extrait où il parle de sa famille, oui. Où il se sent isolé. »

K. Kati :
« Oui c’est ça qui m’inquiète avec ce mouvement, on est pas très loin des dérives sectaires par certains aspects. »

N. Laaksonen :
« Une dernière chose, vous parlez de racisme, pourquoi ? »

K. Kati :
« Il faut regarder les images, les banderoles et les slogans. Déjà le complotisme est très lié à l’imaginaire raciste et antisémite. En général, il y a un groupe caché qui manipule la politique, et de fil en aiguille, ce groupe c’est souvent les juifs. Là ce qui m’a frappé c’est l’affiche, vous pouvez peut-être la montrer ? »

N. Laaksonen :
« La régie on peut faire ça ? … ah la voilà. »


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K. Kati :
« Donc vous voyez la présidente présentée comme une marionnette avec derrière ce personnage inquiétant dont le visage est dissimulé derrière un drapeau Pharois. On a toujours ce procédé essentialiste, ce n’est pas une personne qu’on montre, c’est un peuple, un pays. C’est inquiétant car ça peut mener à des dérives graves à termes, augmenter la haine raciste par exemple. Après on entre dans des considérations plus poussées mais c’est vrai que l’essentialisation d’un ennemi, avec la mention ici de la C.A.R.P.E. … »

N. Laaksonen :
« Ce sont les services de renseignement du Pharois Syndikaali, on précise pour les auditeurs. »

K. Kati :
« C’est ça. Donc on a un peuple, résumé à sa police, donc à un seul aspect négatif, qui tire les ficelles dans l’ombre pour attaquer la démocratie, c'est un trope antisémite bien connu. Je ne serai vraiment pas surpris qu’en creusant un peu, on en retrouve des traces. Après c’est quelque chose qui ne passe évidement pas bien à la télévision… »

N. Laaksonen :
« Ce qui est inquiétant compte tenu du passif des Lofotenois vis-à-vis des communautés pharoises. On avait fait une émission dessus il y a quelques mois. »

K. Kati :
« Oui malheureusement. Il y a une grande communauté pharoise installée au Lofoten et on a vu dans l’histoire des mouvements de rejet de ces populations par la communauté nationale. Cela va mieux depuis quelques décennies mais la reprise d’une rhétorique droitière et nationaliste par le gouvernement central fait craindre aux populations sur place une flambée du racisme. Or là, on voit clairement que des chaînes importantes, très écoutées au Lofoten, relaie ce message de haine et de stigmatisation sans prendre de recul du tout, sans les condamner ou au moins les mettre en perspective. »

N. Laaksonen :
« Mais on peut tout de même critiquer le Pharois Syndikaali sans être raciste ! »

K. Kati :
« Bien sûr ! Et nous sommes les premiers à critiquer notre pays, haha, moi-même j’ai co-signé de nombreuses tribunes pour dénoncer certaines politiques que je juge être des dérives, mais par exemple, je pose une question simple : pourquoi pointer du doigt les Pharois pour le Markexit ? Le Liberalintern est composé de nombreux pays, pourquoi les Pharois et la C.A.R.P.E. en particulier, si ce n’est pour désigner un bouc émissaire bien pratique, et attiser les tensions entre communautés ? On peut clairement y voir une volonté de Federal Network de flatter les pires instincts de la frange d’extrême droite de la population. On réactive le cliché du Pharois manipulateur, voleur… »

N. Laaksonen :
« On peut tout de même concéder que notre pays présente, en comparaison d’autres nations, une certaine tolérance historique vis-à-vis du vol, par exemple. Pourquoi serait-ce raciste de le pointer du doigt ? »

K. Kati :
« Parce qu’on essentialise toute une population, on la réduit à quelques traits caricaturaux et grossiers pour mettre tout le monde dans le même sac. Des Pharois et descendants de Pharois au Lofoten et à Saint-Marquise il y en a depuis des siècles parfois, est-ce que ces gens doivent être pointés du doigt parce qu’un de leurs ancêtres a traversé l’océan ? De manière générale, ce genre de discours s’inscrit dans une volonté politiqué d’intensifier les tensions nationalistes en dressant les peuples les uns contre les autres, il faut se méfier de ce genre d’accents qui peuvent mener, avec le temps, à une libération de la violence. »

N. Laaksonen :
« Merci Kaarina, on revient vers vous si on a des questions. Madame Rockwood, vous avez entendu les analyses de Kaarina Kati, vous êtes politologue, spécialiste des questions internationales pour Haut-District Tribune, qu’est-ce que tout ça vous inspire ? »

H. Rockwood :
« Alors, je ne suis pas experte en complotisme ni en populisme c’est vrai, mais j’aimerai attirer l’attention des gens sur une chose, c’est que ces discours qui sont, il faut le dire, clairement inquiétant, qui remettent en question tout de même les résultats d’un referendum remporté largement, ces discours sont mis en avant par une chaîne de télévision étrangère de grande écoute. »

N. Laaksonen :
« Federal Netword, c’est une chaîne lofotenoise. »

H. Rockwood :
« Plus que ça, c’est une des chaînes les plus influentes du Lofoten, qui en tant que membre fondateur de l’ONC, a des intérêts bien compris contre la décision de Saint-Marquise de quitter l’organisation, or il y a de quoi s’inquiéter de voir une telle chaîne diffuser ainsi une telle rhétorique sans aucune contextualisation ni aucun recul critique, il y a même d’ailleurs un biais évident en faveur de la manifestation. Et le silence de la chaîne vis-à-vis des événement du Capitole est inquiétant également, on est assez clairement face à une offensive politique. Alors est-ce que Federal Network a une ligne populiste et anti-démocrate, ce serait inquiétant, jusqu’ici nos collègues nous avaient donné le sentiment de faire preuve d’une certaine intégrité journalistique mais là il va falloir être prudent. »

N. Laaksonen :
« Est-ce que ce n’est pas du complotisme inversé que d’accuser Federal Network de… de quoi d’ailleurs ? »

H. Rockwood :
« Haha, je ne sais pas, il faudra demander à madame Kati ! »

K. Kati :
« Haha ! »

H. Rockwood :
« Plus sérieusement je n’accuse Federal Network de rien mais j’ai fait une école de journalisme, je travaille au Haut-District Tribune et là, oui, je vois un manque de professionnalisme flagrant. »

N. Laaksonen :
« On va mettre un extrait. »


EXTRAIT
« Une manifestation de grande ampleur a lieu aujourd’hui dans la capitale de Saint-Marquise suite au retrait brutal et controversé du pays de l’ONC, qui a pris de court nombre d’habitants. Outre les modalités du scrutin référendaire, organisé à la va vite, et quasiment sur ordre direct de la présidente, sans l'avalisation du parlement saint-marquois avait vite fait de surprendre les observateurs internationaux, plutôt habitués à ce que les parlementaires saint-marquois tergiversent et prennent le temps de la réflexion et du débat, plutôt que d’agir sur un coup de tête. »


H. Rockwood :
« Vous voyez là il y a un biais par phrase ou presque, retrait brutal, controversé, pris de court, organisé à la va-vite. Enfin ce n’est pas une parole neutre, c’est un réquisitoire, et partiellement mensonger d’ailleurs car si vraiment on avait là un abus de la Présidence, le conseil constitutionnel aurait pu invalider le processus. Et j’ajoute que les critiques de Saint-Marquise adressées à l’ONC ne datent pas d’hier. »

N. Laaksonen :
« Vous pensez à quoi par exemple ? »

H. Rockwood :
« Depuis le départ de l’Aumérine pour les mêmes raisons d’ailleurs, le débat a lieu à Saint-Marquise, c’est un sujet dont on traite régulièrement dans les chroniques sur l’actualité internationale. Là la journaliste essaye de nous faire croire que tout ça a été sorti du chapeau par Deprey mais c’est soit une méconnaissance de l’actualité Saint-Marquoise, soit de la mauvaise foi. »

N. Laaksonen :
« Vous reprochez donc à Federal Network une forme de partialité ? »

H. Rockwood :
« Moi je ne fais pas la morale, mais Federal Network se présente comme une chaîne d’information, c’est d’ailleurs ce qui lui vaut sa présence sur l’ICP. Or si Federal Network est en fait une chaîne d’opinion, ce n’est plus la même chose. En tant que journaliste moi-même j'ai de quoi m'inquiéter si l'image de ma profession est dévoyée volontairement. A un moment soit on est professionnel, soit on ne se dit pas journaliste et là pour moi la chaîne a franchi plusieurs limites inquiétantes. »

N. Laaksonen :
« Quelles pourraient être les conséquences pour la chaîne ? »

H. Rockwood :
« Honnêtement ça peut partir en procès si la chaîne a menti sur son contenu pour obtenir des parts de marché. Mais surtout, cela doit nous inquiéter pour l’état de la liberté de la presse au Lofoten qui reste notre voisin, ce n’est pas un sujet anodin. Si des chaînes d’information, sous couvert de diffuser l’actualité, traitent de manière partiale les évènements, on doit se demander si les institutions lofotenoises ont encore les moyens de distinguer informations et opinions. Voire le travail de journalisme de la simple propagande… »

N. Laaksonen :
« Le mot est fort ! »

H. Rockwood :
« Il l’est, mais dans notre métier ce sont des dérives auxquelles nous sommes attentifs en permanence. Moi je me contente d’alerter sur une situation que je trouve, personnellement, inquiétante, parce qu’elle envoie tous les signaux que nous assistons à une forme de tentative de déstabilisation étrangère, sans doute punitive en raison des choix des Saints-Marquois. Nous avons des autorités de surveillance des médias, il faut qu’elles et les institutions démocratiques se saisissent de la question. »

N. Laaksonen :
« Madame Rockwood, pour élargir un peu plus, vous inscrivez cette offensive médiatique dans une stratégie plus générale, c’est ça ? »

H Rockwood :
« C’est ça. En fait, il y a des attaques systématiques de médias gouvernementaux contre les pays qui s’opposent ou quittent l’ONC. Sans aucun respect de la décision de la démocratie d’ailleurs. Prenez l’Aumérine par exemple, le pays a fait le choix – on en pense ce qu’on veut – de quitter l’ONC. Et pas plus tard que quelques jours après on assiste de manière très claire à une campagne de déstabilisation orchestrée par les médias gouvernementaux alguarenos, y compris d’ailleurs des médias du Pontarbello que notre pays reconnait comme une dictature. C’est toujours intéressant de voir que ces deux pays parlent d’une seule voix de manière quasi systématique. »

N. Laaksonen :
« Des médias gouvernementaux ? C’est-à-dire ? »

H. Rockwood :
« Ah mais il suffit de regarder. L’agence fédérale de presse de l’Alguarena, par exemple, va jusqu’à émettre des critiques sur l’état de l’armée d’Aumérine. Depuis quand est-ce le rôle d’une agence de presse de relayer les critiques de généraux si ce n’est pour donner de la visibilité à une parole déstabilisatrice ? Moi je ne suis pas experte militaire, mais si demain mes collègues au Haut-District Tribune se mettaient à écrire des articles entiers sur la faiblesse de l’armée du Lofoten, je m’interrogerai forcément sur la raison de cet engouement. Nous ne sommes pas dans les petits papiers des ministères étrangers, à partir de là si vous décidez de laisser la parole à un seul camp qui va pouvoir dérouler sans contradiction son opinion sur le camp d’en face, vous n’êtes plus journaliste, vous êtes un service de propagande. »

N. Laaksonen :
« On pourrait vous rétorquer que c’est de bonne guerre ! »

H. Rockwood :
« Absolument et franchement je n’ai rien contre ça, même si, enfin, à moi de vous répondre que le mot est fort ici aussi. Pas sûr que nous la souhaitions, cette guerre, je suis même persuadée du contraire. Par contre autant les Îles Fédérées nous savons que leur rapport à la démocratie est ambiguë, autant le Lofoten assure avoir des institutions qui garantissent la liberté de la presse et son sérieux. Or là on voit un phénomène exactement similaire aux offensives médiatiques de l’Alguarena, on est obligé de se demander si Federal Network fait encore son travail de journalisme. »

N. Laaksonen :
« Que penser alors du décret UFMA ? Il était censé garantir la non-inféodation des médias à l’Etat ? »

H. Rockwood :
« C’est tout le paradoxe. Le Lofoten vote une loi sanctuarisant le travail journalistique, et dans la foulée on voit que tout le sérieux de la profession est bafoué. »

N. Laaksonen :
« Mais est-ce que ce n’est pas aussi ça, la liberté d’expression, après tout ? »

H. Rockwood :
« La liberté d’être complotiste et populiste, peut-être. Ou bien la liberté de s’aligner sur la parole de l’Etat, oui. On se croirait un peu dans ces régimes communistes où vous êtes libres… de dire la parole officielle. »

N. Laaksonen :
« Merci pour votre analyse madame Rockwood, j’aimerai maintenant passer la parole à monsieur Josh Caleb, candidat de la République-Unie aux élections régionales, une parole politique donc, monsieur Caleb, vous avez entendu madame Rockwood et madame Kati, qu’est-ce que vous en pensez à la République-Unie ? »

J. Caleb :
« Déjà je voudrai vous remercier pour ces éclaircissements politiques et… linguistiques ? j’ai appris beaucoup de chose, haha. »

H. Rockwood :
« C’est normal on est parfois tellement pris dans l’actualité qu’on a du mal à prendre du recul, moi-même des fois j’ai l’impression d’être sous l’eau, haha. »

N. Laaksonen :
« Je comprends, et que dire de devoir jongler entre les sujets et les intervenants chaque semaine ! »

J. Caleb :
« Nous compatissons, Nils, nous compatissons. Pour répondre à votre question, je vais être assez clair : pour moi l’ONC est un danger. Cette organisation n’a rien de démocratique et elle le prouve chaque jour. Il y a eu le Prodnov, maintenant une possible invasion du Kronos, nous avons eu raison de la quitter mais il ne faut pas en rester-là, il faut s’en protéger. »

N. Laaksonen :
« Donc vous êtes d’accord avec l'action de madame Deprey ? Elle n’est pourtant pas de votre bord politique. »

J. Caleb :
« Madame Deprey, malgré de lourdes divergences, est une démocrate et une républicaine, ce que je reconnais. Face justement aux menaces séditieuses et populistes, nous devons absolument réaffirmer les principes républicains pour lutter contre ces déstabilisation et je vais vous le dire, Nils, je suis en colère, très en colère de voir une nation que nous considérions encore hier comme une grande amie, se comporter avec des manières de voyous à notre égard. Le Lofoten ne digère pas la décision du referendum et chercher à se venger en encourageant des mouvances anti-républicaines au sein de la population, à ce titre il faut voir leurs organes médiatiques non pas comme des médias, justement, mais comme des outils politiques hostiles. »

N. Laaksonen :
« C’est assez grave comme position, qu’est-ce que vous proposez concrètement ? »

J. Caleb :
« Concrètement, poser un recours devant les tribunaux et demander une révision des chaînes accordées à l’ICP. Obliger Federal Network à payer une amende sous menace de couper sa diffusion à Saint-Marquise. »

N. Laaksonen :
« Ce serait une démarche complexe et risquée, non ? Sous quel motif allez-vous l’attaquer ? A priori tenir un discours « complotiste » ce n’est pas un délit. »

J. Caleb :
« Le racisme et l’antisémitisme, si. Et la désinformation volontaire, pouvant conduire à des appels à la haine, cela aussi peut être sanctionné. Federal Network met en avant des discours relevant clairement de l’incitation à la haine et l’intrusion du Capitole fait directement suite à leur reportage. Sans compter, comme l’a expliqué madame Rockwood, que la chaîne se présente comme une chaîne d’information. S’il y a des manquements au sérieux journalistique, voire connivence avec le gouvernement du Lofoten, nous pouvons revoir son appellation et donc influer sur son droit de diffusion. »

N. Laaksonen :
« Le Lofoten pourrait simplement vous renvoyer l’accusation, interdire les médias Saint-Marquois par exemple ? Est-ce qu’on ne va pas vers une escalade des tensions ? »

J. Caleb :
« Alors il ne faudrait rien faire ? Tendre l’autre joue ? Je ne suis pas un chrétien démocrate, moi, je crois que face à une offensive, il faut répondre avec la même intensité, sinon Saint-Marquise viendra bel et bien un pion, le pion de l’ONC. Maintenant la situation est très différente car que je sache, nos médias ne font pas de déstabilisation au Lofoten, je n’ai pas vu de reportage à charge contre la politique extérieure du Chancelier Fjörgyn par exemple, et pourtant il y aurait des choses à dire. Nous sommes deux démocraties, nous avons des institutions de régulation et de protection du droit. Si, comme c’est le cas, nous menons la bataille des tribunaux et montrons que Federal Network répand des fake news et pousse au crime ou véhicule un message anti-républicain, alors nous avons les moyens juridiques de contrer la chaîne, voire de la sanctionner. Pourront-ils faire de même ? Ce n’est pas certain du tout. Le droit nous protège, protège nos populations et nos institutions. Si le Lofoten s’engage sur le terrain de la déstabilisation, il a tout à y perdre. »

N. Laaksonen :
« Pour vous c’est donc une bataille juridique avant d’être politique ? »

J. Caleb :
« Les deux. Il y a une instrumentalisation par l’ONC des cercles d’extrêmes droites, populistes et anti-républicain pour mettre la pression sur les pays qui leurs déplaisent. Je pense que considérant cette menace, Saint-Marquise doit se doter d’un harcela législatif pour combattre ces mouvements qui sont de l’ordre de la manipulation de l’opinion et qui cherchent à abattre notre République. Mais nous sommes encore une démocratie, et le Lofoten aussi, malgré ses dérives. Je crois qu’il y a quelque chose à sauver et que nous pouvons encore nous rejoindre sur la question du droit, en interpellant notamment l’opinion publique sur la tendance autoritaire du gouvernement Fjörgyn. »

N. Laaksonen :
« Je vais me faire encore l’avocat du diable monsieur Caleb, mais au fond, vous voulez précisément faire ce que fait le Lofoten… ? »

J. Caleb :
« Haha, je reconnais bien là votre esprit taquin, Nils. »

N. Laaksonen :
« Si peu… si peu. »

J. Caleb :
« J’assume. Je pense que l’ONC est une impasse pour le droit et pour la démocratie. Les pays qui entrent dans cette organisation ont tout à y perdre et je pense que les dérives politiques de notre voisin ne sont pas étrangères à son intégration au sein de l’organisation. Il y a, ou avait en tout cas, là-bas des pays respectables, mais ils ont tendance à partir au compte goutte. Aujourd’hui qu’avons-nous ? Le Vogimska qui massacre sa population ? L’Alguarena qui soutient la dictature pontarbelloise ? Le Novigrad qui envahie le Prodnov et y construit des murs ? On ne peut que mal tourner avec pareils fréquentations, le Lofoten, le Banairah ou encore Fortuna seraient bien avisés de quitter l’ONC comme nous l’avons fait, avant de se laisser embarquer dans des crimes que l’histoire ne nous pardonnera pas. »

N. Laaksonen :
« On peut aussi entendre les gens, je pense à la Youslévie, qui conçoivent leur intégration à l’ONC comme un rempart contre certaines dictatures. »

J. Caleb :
« Je l’entends, et je veux leur dire qu’ils font fausse route. Voyez où nous mène ce rempart : invasion du Prodnov hier, invasion du Kronos demain ? Il y a des moyens de se défendre sans tomber dans le bellicisme le plus odieux. L’ONC est une troupe de va-t’en guerre qui ont réussi à se faire détester par la moitié des pays du monde. Aujourd’hui il y a plus de méfiance envers l’ONC qu’envers certaines dictatures communiste, c’est vous dire à quel point cette organisation est contre-productive. Saint-Marquise a bien fait de sortir car c’est à cette condition que nous aurons les mains libres sur une politique de défense raisonnable. Nouer des liens avec nos amis naturels : le Lofoten par exemple, je l’appelle de mes vœux, lorsqu’il aura décidé de quitter l’ONC. La République Hafenoise, nos voisins directs. »

N. Laaksonen :
« Le Pharois ? »

J. Caleb :
« Haha, vous êtes un peu biaisé Nils… »

N. Laaksonen :
« Je plaide coupable haha ! Mais il faut auss penser à nos auditeurs nationaux, qu'on salue d'ailleurs. »

J. Caleb :
« Je ne suis ni pro ni anti-Pharois, nous avons de lourds désaccords politiques et économiques avec ce pays et je me méfie de sa tolérance à l’égard de certains mouvements anarchistes violents et des pays à la moralité discutable. Maintenant il faut rappeler les faits : au Prodnov, le Pharois a agit dans le cadre d’une coalition régionale, rassemblant de nombreuses sensibilités politiques. Si l’ONC n’était pas intervenue, aujourd’hui le Prodnov serait encore unifié et nous serions sortis de l’ornière par le dialogue. Au lieu de cela le pays est coupé en deux selon des frontières parfaitement arbitraires, et le Lofoten finance des murs pour séparer ce peuple en deux. Que dirions nous s’il se passait la même chose chez nous ? Valmount coupé en deux ? Ce n’est pas acceptable. »

N. Laaksonen :
« Je me permets tout de même d’insister puisque nous sommes sur une chaîne pharoise, mais aussi parce qu’il y a des communautés pharoises à Saint-Marquise mais aussi au Lofoten, est-ce que vous avez un mot pour eux ? »

J. Caleb :
« Nos proximités culturels et économiques font de nous des partenaires logiques, au même titre qu’avec le Lofoten. Nous sommes des nations nordiques, irriguées de cultures eurysiennes, nous devons nous réunir pour mettre à plat nos divergences, au lieu d’attiser la haine et la colère. »

N. Laaksonen :
« Kaarina, vous avez entendu Josh Caleb, qu’est-ce que vous en pensez, comme experte ? »

K. Kati :
« Alors j’inviterai les politiques Saint-Marquois à se méfier, l’interdiction par exemple, je ne suis pas sûr que ce soit un très bonne solution pour lutter contre le complotiste. Cela leur permet de se faire passer pour des victimes et cela sert leur idée qu’ils sont seuls contre tous et que le gouvernement leur en veut. Je dirai plutôt d’engager des politiques de sensibilisation aux fake news et d’éducation aux médias dans les écoles, pour développer l’esprit critique. On peut aussi envisager de mettre des messages d’avertissements sur les réseaux sociaux ou même avec certains médias. »

N. Laaksonen :
« Il me semble que le Syndikaali a fait cela avec les médias de la dictature pontarbelloise, si je me souviens bien ? Il y a un message d’avertissement quant on est confronté à la propagande, ça permet de ne pas interdire complétement. »

K. Kati :
« Oui sans comparer Federal Network à Renegado, la chaîne de propagande politique du Pontarbello, ce n’est pas tout à fait pareil. Mais c’est important de répondre aux attaques contre la démocratie et le droit par la démocratie, et par le droit. Ne rien concéder à ceux qui veulent abattre les institutions et se doter d’outils pour les combattre sur le plan légal, en faisant confiance à la population. On peut aussi développer des médias spécialisés dans le débunkage des mensonges par exemple. »

N. Laaksonen :
« Renegado qui a obtenu une place l'ICP d'ailleurs. »

H. Rockwood :
« Et c'est une honte d'ailleurs nous prévoyons une mobilisation contre cela avec plusieurs collègues. »

N. Laaksonen :
« Josh Caleb, c’est intéressant ce que nous dit Kaarina, vous réagissez comment à ces analyses ? »

J. Caleb :
« J’entends parfaitement la position de madame Kati mais je reste convaincu que Saint-Marquise ne peut pas rester sans réagir face à la violation du Capitole. Une réponse juridique et institutionnelle ferme est nécessaire. Nous ne devons pas laisser penser que nous sommes démunis face à des agressions très claire contre notre République et le Lofoten doit comprendre que tant qu’il sera toujours membre de l’ONC, nous ne pourrons envisager sérieusement de travailler à ses côtés. »

N. Laaksonen :
« Madame Rockwood, vous avez entendu Josh Caleb, est-ce que vous auriez quelque chose à lui répondre, au vu de la situation géopolitique ? »

H. Rockwood :
« Oui je crois que la force de Saint-Marquise, c’est sa neutralité. C’est ce qui fait notre soft power mais aussi notre crédibilité sur la scène internationale. C’est d’ailleurs instructif que ce soit là-dessus que l’ONC tente de nous attaquer, en gros ils disent « si vous n’êtes pas de notre côté, alors vous n’êtes pas neutre », ce qui est un peu contradictoire mais peut séduire des gens peu informés ou qui ne regardent que les mêmes médias. Saint-Marquise a réaffirmé qu’elle était un acteur neutre, stable et pacifiste en quittant l’ONC et en prenant ses distances du bellicisme de cette organisation, nous devons nous en tenir à cette ligne-là. »

K. Kati :
« Si je peux dire quelque chose ? »

N. Laaksonen :
« Bien sûr allez-y ! »

K. Kati :
« La neutralité complète, ça n’existe jamais vraiment, nous le savons tous, et face à la barbarie ou les menaces contre la démocratie je trouverai déplorable que Saint-Marquise ne prenne pas position. D'ailleurs elle l'a fait en prenant parti pour le République Hafenoise contre les menaces du Pontarbello. En revanche s’appuyer sur des principes fondamentaux comme le droit, c’est un puissant outil pour se protéger contre le populisme et le complotisme. Ca montre justement que notre pays n’agit pas par opportunisme ou selon l’arbitraire du gouvernement, mais selon des règles clairement établies. »

J. Caleb :
« Réaffirmer le droit, et les valeurs de la République, face à des pays qui se permettent justement d’outrepasser complétement le droit en empiétant sur la souveraineté des nations. Le droit est notre meilleur arme contre l’ONC. »

H. Rockwood :
« Maintenant je crois que c'est important de ne pas établir l’ONC comme un ennemi. Nous avons nos divergences, c’est certain, et nous condamnerons les dérives de cette organisation, mais le Lofoten, vous l’avez rappelé Caleb, n’est pas notre ennemi. Et ces manifestants sont nos concitoyens. Ceux qui ont pénétré le Capitole seront traduit devant la justice mais pour les autres, nous devons faire attention à ne pas nous couper de notre population. »

K. Kati :
« Et je dirai même que ce serait contre-productif. Quand vous vous sentez isolé, persécuté, persuadé d’avoir raison contre tout le monde, si on vous attaque cela renforce vos sentiments et peut vous pousser dans les bras des propagandistes ou des gourous. Il faut rappeler aux gens qui ont parfois une colère ou une détresse légitime, que le pays est prêt à leurs répondre et à les prendre au sérieux. C’est comme ça qu’on les éloignera des idées extrémistes et de la haine. »

N. Laaksonen :
« Bien je crois que ce sera le mot de la fin, je vous remercie tous les trois pour cette – longue – émission. Quant à moi je dis à nos téléspectateur à jeudi prochain pour un nouveau débat passionnant, il sera question de débattre de la relation entre Saint-Marquise et la République Hafenoise, quel avenir, quels enjeux ? Nous accueillerons le conseiller municipal Hafenois Hernando Figeres, la spécialiste des questions de défense, madame Irène von Bick et le maire de Port Perin, petite ville de l'autre côté du détroit, qui nous diront comment il envisage le rapprochement entre sa ville et Port-Hafen. A jeudi ! »
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La Parole | 22/12/2009
Attaque du Capitole de Saint-Marquise, l’ONC tente un nouveau Staïglad ?

Les informations qui nous parviennent de l’autre côté de l’océan d’Espérance sont de nature à inquiéter tous les anti-impérialistes du monde ! C’est avec effroi et colère que nous avons assisté le 6 décembre dernier à une énième tentative de coup d’État de la part de l’ONC. Le Capitole de la République de Saint-Marquise, qui avait courageusement dénoncé l’impérialisme et le bellicisme des capitalistes au Prodnov, vient de subir en représailles un coup de force contre ses institutions !

Les factieux n’ont heureusement pas réussi à investir la totalité du bâtiments et ont été finalement arrêtés par la police, aux prix de violents affrontements. Le Capitole de Saint-Marquise, un nouveau Staïglad ? Les esprits lucides ne peuvent qu’y penser et nous avons frôlé de peu de voir encore une fois un pays libre sombrer par la force dans les griffes l’ONC, cette Organisation des Nations Criminelles !

Tous les démocrates ! Tous les républicains ! Tous les hommes libres et aspirants à une vie heureuse doivent s’inquiéter et dénoncer avec véhémence cette nouvelle tentative impunie de coup d’Etat. Le Lofoten, dont les Prodnoviens n’ignorent rien de la brutalité, tente de recommencer à ses frontières ce qu’il a réussi au Prodnov. Briser les pays qui lui résistent, par la plus grande des violences.

A nouveau, la cause du Prodnov est immense ! A nouveau nous comprenons l’importance de notre mission ! Car si l’ONC venait à arriver à ses fins chez nous, tous les autres pays du monde seraient alors en danger existentiel. Leur échec partiel en RLP confirme la justesse de notre résistance. Nous sommes l’avant-garde de la guerre contre l’impérialisme. Nous sommes le fer de lance brandi contre la criminalité internationale !

Nul ne pourra accuser le camarade Malyshev d’accointances contre-natures avec Saint-Marquise, un pays capitaliste et libéral, une démocratie bourgeoise. Pourtant aujourd’hui, nous nous tenons nous aussi à ses côtés, car le combat pour la liberté est le combat de l’humanité et le coup d’Etat d’ici peut se reproduire ailleurs. Preuve est encore faite que le destin du Prodnov déborde de ses frontières et concerne les nations du monde qui s’unirent pour pourfendre l’Organisation des Nations Criminelles !

Le camarade Malyshev a apporté son soutien à la République de Saint-Marquise :

« Malgré nos divisions, nul coup de force, nulle part, n’est acceptable. Saint-Marquise et le Prodnov payent le prix de leur résistance à l’ONC. Face à la menace impérialiste, tous les hommes attachés à la liberté sont des frères d’armes. »

Voilà des mots brillants qui réchaufferont les cœurs de tous les communistes, les socialistes et les républicains du monde. Les coups d’Etat capitalistes devront être dénoncés et combattus où qu’ils se produisent. Le Prodnov meurtri, mais le Prodnov debout de ne relâchera pas sa vigilance. Aujourd’hui comme demain, unis contre les ennemis du genre humain !

Prodnoviens, pour la liberté, tous unis derrière le camarade Malyshev ! Vive notre premier ministre ! Vive le gouvernement !
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La Pensée nouvelle | 22/12/2009
« Intrusion » au Capitole de Saint-Marquise, stop à l’hystérie !

Quelques militants tentent une action un peu originale et voilà qu’on se met soudain à parler de coup d’Etat, les biais communistes ne cessent décidément de nous surprendre. Mais on ne s’étonnera pas de voir La Parole relayer fidèlement la vision biaisée de son gouvernement, le chien ne mort pas la main qui le nourrit.

En attendant, la presse « libérée » prodnovienne ferait mieux de nettoyer ses lunettes, elle se rendrait compte que son idéologie déforme la réalité, comme elle déforme les chiffres de la croissance du PIB. Car il n’y de coup d’Etat que dans la tête des résistants à la petite semaine. Ceux qui hier ont déposé les armes face aux Pharois se dégottent du courage maintenant que l’adversaire est à des milliers de kilomètres ! Sacrés révolutionnaires…

Ce que La Parole qualifie sans honte de coup de force se résume en vérité à l’intrusion d’une poignée de jeunes gens enthousiastes dans le hall du Capitole ! Qu’on sache, c’est à peine s’ils ont dépassés les portiques de l’entrée avant d’être stoppé par les gardiens. On parle de dégradations, un bien grand mot pour parler de quelques tags à la peinture lavable qu’un coup d’éponge effacera.

Nos démocraties sont-elles à ce point devenues fébriles que le militantisme bon enfant les ébranle sur leurs fondements ? Il faut s’inquiéter de voir certains politiciens Saint-Marquois et même Hafenois brandir le spectre de la menace contre la République car quand on s’en prend aux droits de l’opposition, c’est là que la démocratie vacille.

Gare à ce qu’à vouloir protéger leurs valeurs, ils ne les sacrifient en chemin. Et ces héraults des libertés publiques feraient bien de ne pas trop se presser de devenir le monstre qu’ils prétendent combattre.

Rappelons à présent les faits, puisqu’il ne faut pas compter sur ces messieurs de la presse rouge pour le faire ! Les faits rien que les faits, c’est que des citoyens, dans un pays libre, ont le droit de d’interpeller leur gouvernement ! Et que la décision de la majorité, fut elle exprimée par referendum, ne peut en aucun cas devenir une tyrannie contre les minorités.

Ceux qui ont manifestés leur soutien à l’ONC et leurs interrogations face à l’empressement de madame Deprey à quitter la plus grande et prospère alliance internationale pour le commerce, une organisation qui faisait la richesse et la stabilité de l’Aleucie, sont légitimes dans leurs questionnements.

Un gouvernement doit rendre des comptes et la matraque n’est certainement un bon accusé de réception. Peut-être faut-il interroger le geste de ses activistes au regard du mutisme du gouvernement Deprey, incapable de s’expliquer convenablement sur ses motivations.

Peut-être ce sentiment n’est-il pas, comme certains voudraient le dépeindre par facilité populiste, un mouvement de citoyens haineux, mais bien un élan civique, une inquiétude sincère face à la bonne marche des institutions ? Ces gens qu’on a présenté comme des factieux sont pour beaucoup le bouclier vigilent de la République, et nous préférerons toujours l’enthousiasme démocrate que le silence des pantoufles qui ne descendent jamais dans la rue.

Criminaliser une manifestation qui s’est déroulée dans le calme et la bonne humeur, c’est ouvrir la porte à la criminalisation de tout le mouvement social, et la rhétorique qui se déploie ces derniers jours contre la protestation, pourrait précisément être la meilleure alliée de l’élan autoritaire dont elle se croit menacée.

On voit déjà pointer le bout du museau de l’instrumentalisation politique, républicain, prends garde aux pièges tendus par tes ennemis !
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Tusman Sanie Alqarar, QEO Alther Saint-Marquise



- Non.
Non, Alther n'a aucune intention de se retirer de Saint-Marquise.
Alther dispose d'une présence de plus en plus forte au sein de Valmount depuis notre installation en 2006 et une synergie apaisée est toujours envisageable sur le long terme.


La QEO (qqari Executive Officer, titre spécifique pour Saint-Marquise) était confortablement assise et ne laissait paraître aucune émotion ou "body language" en contradiction avec ses dires.
Cette conférence de presse avait été organisée par Alther devant les demandes répétées des agences locales et internationales. Amourachée par une situation exceptionnelle pour un pays tout aussi atypique, la Presse avait porté une attention toute particulière à la conjoncture politique de Saint-Marquise.
Les évènements s'étaient succédés avec vivacité, à l'opposé de la vie d'ordinaire paisible et perçue comme lente (dans le sens positif de prendre le temps) et sans tracas d'un quotidien que les sociétés développées subissaient ces dernières décennies. En effet, l'ONC (Organisation des Nations Commerçantes) avait pris des décisions fortes sur la scène internationale qui n'avaient pas fait consensus en interne. La question, soulevée par le gouvernement Saint-Marquois, quant à la place de la nation au sein de l'ONC, sous forme de référendum à la population, avait semblé consultative seulement pour la gouvernance Althaljir. Toutefois certaines expertes de la politique Saint-Marquoises à Icemlet avaient mis en garde sur des préjugés sur la latence politique de Mont-Law et de ce fait qu'une décision forte pouvait découler de ce type de consultation populaire.
Aux Tamurt n Althalj, un tel vote n'aurait pas forcément été interprété comme pouvant découler d'un changement institutionnel ou national. Les pays démocratiques (les "vrais") se sentaient de fait une obligation vis à vis de leurs électeurs, pour le bien de la nation tandis que la technocratie Althaljir n'y aurait vu qu'une confirmation seule d'un avis populaire.



- Les décisions de Saint-Marquise de quitter l'ONC peuvent impacter dans un sens l'activité d'Alther à Valmount, toutefois vos inquiétudes sont celles d'entreprises listées. L'actionnariat s'attend à une croissance constante ou du moins un dividende annuel récurrent et stable. Alther ne dispose pas de ces contraintes, car nous oeuvrons dans une optique autre que court-termiste.
Bien entendu, l'entreprise doit générer du chiffre d'affaire et des marges confortables afin de recycler ses investissements et rester une entreprise prisée et crédible sur les marchés. Notre objectif est de changer les mentalités, les usages, de parfaire la mission qui est nôtre de changer nos modes de vie dans le respect des valeurs de la Vie. Alther subira tout autant que les autres entreprises à Saint-Marquise ou travaillant de pair avec les Saint-Marquoises, les effets délétères financiers qui découlent de la sortie de l'ONC, mais notre stratégie et notre engagement avec la communauté, la population Saint-Marquoise ne changent pas.


Les journalistes s'empressent sur le sujet d'actualité qui vocifère sur toutes les chaînes d'information internationale. Revigorés par un "spotlight" de Saint-Marquise dans le monde, les journalistes enchaînaient les questions et dés que Tusman choisissait une journaliste, tous arrêtaient les cris et invectives journalistiques à l'accoutumée, pour écouter et attendre une réponse à décortiquer et analyser.


- Alther n'a pas à donner de point de vue politique.
Néanmoins, soyons honnêtes, les évènements à la Grande Assemblée sont en effet choquants, d'autant plus pour les Althaljirs qui ne comprennent pas un tel acte anti-constitutionnel...


Les journalistes haussaient les sourcils, car ça y est, elle donnait un avis politique. L'Althalj, à travers Alther, donnait son avis sur la situation.


... qui est en fait entièrement à l'opposé de l'image et des valeurs Saint-Marquoises. L'incompréhension est palpable dés lors qu'Alther dispose d'une certaine expérience avec les habitants de ce beau pays et qu'elle est presque inconcevable qu'elles puissent... ainsi déraper.


Du miel pour les journalistes qui foncèrent tête baissée, à gorges déployées, dans la faille.


- Allons bon, je dirige la branche Saint-Marquoise d'une entreprise de renom Althaljir. Je partage un avis personnel exceptionnellement et vous souhaitez me faire dire ce que je n'ai pas dit ou à dire.
Non, je ne rentre pas dans la jeu de la conspiration dont vous faîtes mention. Les évènements sont sous enquête par les autorités de Mont-Law et nous avons toute confiance dans la direction de la nation de faire la lumière sur le pourquoi du comment d'un tel évènement.

Alther a comme objectif de devenir un des plus grands employeur de Valmount dans les cinq prochaines années.
La fabrique d'Altneumatics à Valmount ont déjà porté leurs fruits et la population s'équipe de plus en plus de nos produits respectant strictement les chartes environnementales et sociales.
Le centre de R&P (Recherche et Préservation) aux abords de la ville travaille sur de nouveaux moyens de locomotion, notamment avec l'utilisation de l'hydrogène et les partenariats universitaires foisonnent d'échanges avec les écoles et universités d'Asefsaf et Ifilku tout particulièrement.


Alther est une partenaire de Saint-Marquise et des Saint-Marquoises et compte bien le rester.
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code
Monsieur Josh Caleb,


Monsieurc l'ambassadeur pharois à Saint-Marquise a le plaisir de vous faire parvenir cette invitation pour un dîner privé, ce jeudi 15 janvier à 13h. Le rendez-vous est fixé à l'Imperial Hostel.

Le Capitaine Joona serait ravis de s'entretenir avec vous en bonne compagnie.




Bien à vous,

Citoyenne Maarika

Consulat Pharois
3010
Despertar

11 janvier 2010 - La réforme militaire qui a vu l’armée saint-marquoise laisser tomber le vélo pour les véhicules motorisés, ne suffit pas à nourrir une certaine crédibilité autour de ses institutions martiales.


Le Saint-Marquise, un allié avec beaucoup (beaucoup x2) de recul.
Les alliances politiques entourant le Saint-Marquise sont des non-évènements, considérant l’absence d’engagement et le caractère béni oui-oui des déclarations politiques l’entourant.

Les signatures d’un pacte défensif avec un état A, après avoir rempli un bulletin d’adhésion pour souscrire au club très privé de l’état B en guerre contre le premier, traduisent un des exemples qui font aujourd’hui de la Saint-Marquise, une nation à la lecture peu claire, peu fiable. Prônant la paix à qui veut l’entendre, le Saint-Marquise n’en est pas moins un état à la gouvernance torturée et qui, bien qu’en retrait d’un quelconque affrontement armé, cumule malgré tout la conflictualité d’une politique nationale et étrangère parmi les plus indigestes.
Pourtant, le pays se veut convaincant, après avoir revendu le stock de bicyclettes avec lesquelles ses soldats manoeuvraient. Désormais, la Saint-Marquise a une armée qui peut traverser son territoire national en moins d’une journée et même traverser une rivière si nécessaire…

“Il est permis de dire que le Saint-Marquise a enfin su constituer un groupement d’autodéfense…” énonce un consultant de la chaîne, désormais son contingent tombera en panne d’essence avant d’avoir limé sa semelle sur le macadam que ses soldats ont longtemps dû parcourir à pieds.

Si la motorisation des soldats saint-marquois est une révolution majeure pour ce petit pays d’Aleucie du nord, le caractère inintelligible de sa politique étrangère rend la menace que fait peser ce nouveau contingent, ridiculement basse. Peu investie dans les sujets de sa précédente organisation, l’ONC, fut-il seulement pour dire “non je ne suis pas d’accord”, la gouvernance saint-marquise est ces hommes et femmes d’état qui irriguent leurs cerveaux en même temps qu’ils inspirent, ouvrant la voix à un tempérament des plus versatiles, compte tenu des inspirations rythmées qui peuvent altérer la réflexion précédente.

“La guerre s’évite par la politique, en refusant les échanges politiques inhérents à une prise de position au sein d’une organisation, que ces prises de position souvent favorables ou défavorables, Saint-Marquise ne va de facto, non pas éviter la guerre et lutter pour la paix mondiale, mais privilégier un roulé-boulé qui l’amène à s’extraire de la situation, attendant des jours meilleurs, broutant une touffe d’herbes en attendant de savoir quel prédateur aurait le privilège de le bouffer.

Incapable de soutenir un allié et d’exprimer un avis auprès d’une alliance, fut-il emprunt du contradictoire, le Saint-Marquise subit ses postures arc-boutées, donnant le sentiment d’être une voiture, condamnée à ne changer de cap qu’après avoir fait un tonneau… Ainsi donc et malgré des efforts notables pour renverser la table, quittant unilatéralement l’Organisation des Nations Commerçantes où il ne se sent plus représenté et actant la production des premiers équipements de motorisation des armées, la présidence de Saint-Marquise a entamé un énième salto dont elle cherche encore à retomber sur les jambes, au risque d'écraser du pied les vestiges de sa crédibilité militaire.
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