20/07/2013
09:44:18
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

Rencontre entre Sylva et Apex Energy - Page 2

1644
Une fois revenus à Rasken, Falko Mayer et son équipe firent leur rapport à la direction d’Apex sur la signature du contrat. Comme il l’avait imaginé, la direction d’Apex n'était pas enchantée par le fait que l’entreprise ne faisait que gérer la centrale, mais le fait d’établir des contrats de longue durée la rassura un peu.

Il annonça ensuite qu’il y aurait effectivement une visite de la part des représentants sylvois dans 3 jours. Comme l’entreprise s’attendait à cela, elle avait déjà commencé les préparatifs.

28 juin 2012, 13h00, Tarmac de l’aéroport d’Eberstadt


Tamara Valentynivna – Alors, comment était le duché ?

Falko Mayer – Chaud, très chaud apparemment. Même en décembre, il peut faire 30°C.

Tamara Valentynivna – C’est vrai que ça change de Rasken où il peut faire -10°C en été s'il y a un mauvais coup de vent.

Falko Mayer – C’est clair.

Tamara Valentynivna – Tu leur as dit de prendre un vêtement chaud au cas où ? Il paraît qu'il va y avoir un vent du Sud-Est dans pas longtemps.

Falko Mayer – Je leur ai dit de prendre une doudoune au cas où.

Tamara Valentynivna – Ça va, ils doivent arriver quand ?

Falko Mayer – Dans une heure normalement. Ils ont franchi la frontière Ambaroise il y a 40 minutes.

Tamara Valentynivna – OK, ça marche. Café ?

Falko Mayer – Allez.


Une heure après cette discussion, l’avion des Sylvois se posa à l’aéroport comme prévu.


Falko Mayer – Ah, Madame Alexandra, comment vous portez-vous depuis ? Vous avez fait un bon voyage ?

Je vous présente ma collègue Tamara Valentynivna. Elle est en charge de la branche nationale d’Apex et se chargera de la visite.

Tamara Valentynivna – C’est un honneur de vous rencontrer, madame. Sur ce, si vous voulez bien nous suivre.


Après cela, les représentants sylvois suivirent les Raskenois jusqu’à la voiture qui les conduirait jusqu’à l’hôtel qui les hébergerait pour déposer leur affaires avant de commencer la visite.
658
C'est la mine radieuse que les trois représentants et leurs deux accompagnateurs se présentèrent à leurs hôtes. Alexandra répondit pour les siens.

-Nous allons très bien, cette visite me changera les idées avec l'actualité chargée. Nous vous suivons madame...

Elle s'apprêta à prononcer son nom puis s'en retint pour laisser à l'interprète le soin de bien le prononcer. C'est Nicolas Lerouge, représentant du DES jusque-là anonyme, qui poursuivit.

-Par quoi commencerons-nous ? Le centre de confinement des déchets ou celui d'enrichissement ? Nous prendre en photo dans le premier serait une occasion de communiquer aux sylvois l'aspect sécuritaire de la chose.

Matilde plaisanta sur le sujet.

-Peut-être repartirons-nous avec un bidon scellé à mettre dans notre salon.
1443
Tamara Valentynivna regarda rapidement ses invités, et la première pensée qui lui vint à l’esprit fut : "Dites-moi qu'ils ont pris des habits supplémentaires."


Tamara Valentynivna – J’espère aussi que cette visite vous plaira. Avez-vous pris quelques habits supplémentaires ? Ce n’est pas le grand nord, et même si nous sommes en été, des rafraîchissements ne sont pas impossibles.

Pour répondre à votre question, je pense qu'il serait préférable de procéder dans l'ordre, vous ne croyez pas ? En premier lieu, nous allons visiter le centre d'enrichissement, ensuite notre première centrale, celle d'Osterwald, et enfin, nous terminerons par le site d'enfouissement. Mais une photo de groupe pourrait être intéressante.


La petite blague de Matilde fit rire Tamara, qui décida de continuer dans la plaisanterie.


Bien entendu, nous comptons vous faire don d'un bidon scellé. Évidemment, il aura des fuites, et du liquide vert en coulera.

Mais sinon, on peut toujours s'arranger pour vous faire don d'une certaine quantité du meilleur thé produit dans notre pays.


Après cette petite discussion, Tamara incita ses interlocuteurs à la suivre dans les voitures. Une fois montée dedans, elle eut la surprise de voir son collègue Falko Mayer monter également dans la voiture.


Tamara Valentynivna – Tu fais quoi ?

Falko Mayer – Je vais vous suivre, je n’ai rien à faire aujourd’hui, une petite visite des installations me fera du bien.

Tamara Valentynivna – Chômeur va. Hehe.

Falko Mayer – Que veux-tu ? Les opérations se déroulent sans problème à Sent Julian, je n’ai pas grand-chose à faire.

Tamara Valentynivna – Ça va qu’on a de la place pour une personne en plus dans les voitures.


Drapeau
879
Les invités haussèrent un sourcil. Allaient-ils faire du hors route pour justifier un tel véhicule ? Concernant la question, Alexandra répondit :

-Oui, nous avons prévu au cas où d'autres vêtements. Nous avons entendu parler du climat capricieux de la région et des vents glacés qui peuvent surprendre.
Comment font les habitants ici ? Doivent-ils en permanence avoir sur eux une tenue d'été et d'hiver ?

Tandis que tout le monde s'installait dans la voiture, Nicolas Lerouge fit remarquer :

-En effet, il y a de la place pour un peloton entier dans la voiture. Il y a une raison particulière pour employer ce genre d'engin en Rasken ? Beaucoup de chemins de terre, nid de poule, ou encore le transport régulier de grosses marchandises ?

-En effet, poursuivit Matilde, cela change de Sylva. Nous avons des pickup mais d'une tout autre échelle. Ils sont même souvent sou dimensionnées par rapport aux besoins : on peut croiser des agriculteurs transporter des bœufs dans de petites camionnettes sur des chemins de terre, avec des essieux pas bien hauts pour autant.
3071

Falko Mayer – Eh bien, vous savez, on fait avec. Nous avons un réseau de stations météo sur le plateau de Crystal qui nous prévient, mais cela ne nous empêche pas d’être surpris de temps en temps. C’est également pour cette raison que nous disposons d'un important parc de centrales à gaz afin de réagir rapidement en cas de refroidissement important. Même si ces vagues de froid sont rares et de courte durée, la consommation peut augmenter sensiblement. De mémoire, la pire situation a été pendant la canicule de juillet 2001. Un jour, il faisait 40°C, mais en raison des vents très forts enregistrés sur le plateau de Crystal, les températures ont chuté dans presque tout Rasken, atteignant un record de -26°C à la capitale.

La vague de froid a quitté le plateau vers midi, et en moins d’une heure, elle avait atteint Eberstadt. Heureusement, nous avons des plans d’action pour faire face à ce genre de situation. Dès que la vague de froid est détectée,

Étape 1 : Tous les citoyens reçoivent un message sur leur téléphone leur demandant de rentrer chez eux.

Étape 2 : Le gouvernement envoie l'ordre aux grosses industries consommatrices du pays de se mettre à l’arrêt.

Étape 3 : Le gouvernement ordonne de fermer toutes les interconnexions avec les autres pays et d'arrêter toute exportation d'électricité.

Étape 4 : Nous faisons chauffer toutes nos centrales à gaz à 100 % sans connecter la turbine à l’alternateur. Ainsi, dès que nous avons besoin, nous pouvons rebrancher les tranches à 100 % de leur puissance.

Étape 5 : Nous prions pour que le réseau tienne le coup.

Avec tout cela, le réseau a tenu... 4 jours. Le 5ème jour fut le plus froid ainsi que l’avant-dernier de la vague de froid. C’est ce jour-là que le -26°C a été enregistré, et vers midi, tout l’est du pays fut plongé dans le noir. Grâce à nos 2 barrages d’Osterwald, nous avons pu réalimenter l’est du pays en 3 heures, ce qui a sans doute sauvé la vie de nombreuses personnes. Comparé à ce jour-là, le dernier fut une promenade de santé et 2 jours après, il faisait 35°C.

Pour répondre à votre question, comment on fait ? On se barricade chez nous, et seuls les pompiers, les policiers, les ambulanciers et les militaires sont dehors. Le moindre trajet d’une ambulance prend l'aspect d'un convoi militaire, et l'armée a même dû sortir l'un de ses vieux chars de dépannage pour sortir une ambulance du fossé.


Après avoir entendu cela, Alexandra semblait limite choquée. Tamara Valentynivna prit alors la parole pour répondre à Nicolas Lerouge.


Tamara Valentynivna – Paradoxalement, notre réseau routier est plutôt bien fourni et bien entretenu. Le fait que les pick-up soient très présents est plus culturel qu'autre chose. Au dernier recensement, c'était la deuxième catégorie de véhicules la plus présente à Rasken, avec 21 % du parc, juste derrière les berlines. Les routes à Rasken sont spéciales, étant donné que notre pays a connu une guerre civile pendant près de 20 ans. Les routes ont subi quelques modifications pendant les rares périodes de paix, comme la capacité à résister au passage d'un char, par exemple, ce qui fait que nous pouvons faire circuler des véhicules plutôt lourd sur les routes sans trop de problème. Comme l'essence n'a jamais été très chère à Rasken et que, en ce moment, le prix a un peu baissé grâce aux récentes découvertes sur le plateau, nous devons être à 0,45 $ le litre. Ce bas prix se répercute sur le type de véhicules utilisés, comme vous pouvez le constater.

De ce que j'entends, votre parc de pick-up est vieillissant. Nous avons des contacts chez certains constructeurs. Souhaitez-vous que je vous mette en contact avec eux ?
1866
Nicolas et Alexandra étaient en effet tous deux choqués, chose qu'ils dissimulaient derrière d'importants efforts pour rester en apparence impassible. Mais ils l'étaient pour des raisons différentes. Si Alexandra fut simplement impressionnée par cette impression de crainte constante de vivre sous le joug d'un vent aussi glacier que capricieux, Nicolas, lui, demandait plutôt :

-Vous coupez les interconnexions avec vos voisins ? J'ose espérer qu'ils disposent de dispositifs appropriés pour prendre le relais de leur côté, que ce soit au niveau de la production, que des procédures sur le plan de la consommation pour gérer les priorités.

-En effet, répondit Matilde, Rasken ne voit il pas son image affectée par la chose ? Parvenez-vous malgré tout à maintenir une image de fiabilité auprès de vos voisins, quand vous pouvez interrompre vos échanges de façon aussi soudaine qu'imprévue ?

Quant à la question des voitures, Alexandra prit le relais.

-Hé bien, le parc vieillissant a son aspect... disons, culturel également. On observe notamment d'anciens modèles de camionnettes usées mais fonctionnelles chez les agriculteurs en périphérie. Ils affectionnent le matériel rustique qui dure, Quelles que soient les marques dont ils sont maculés. De plus, Sylva dispose déjà de son industrie automobile et j'ignore si les modèles des constructeurs que vous nous proposez seront satisfaisants : normes tropicalisées, essence plus chère, nécessité de matériel aisé d'entretien et réparation. Bref, si ouvrir le marché n'est pas impossible, son succès n'a rien de garanti.

Matilde s'exprima au sujet des routes.

-Celles de Sylva sont par ailleurs spéciales mais... dans le sens inverse. Nombre d'entre elles sont mal entretenues, voir des chemins de terre. Ce n'est pas tellement une question d'absence de volonté politique mais de réalité du terrain. Certaines agglomérations sont très isolées et il est difficile de justifier des efforts pour ériger d'importants axes routiers quand les habitants se sont eux-mêmes adaptés et accoutumés à faire autrement.
D'ailleurs, ce modèle de pickup est énorme, mais quid de ses capacités de franchissement ? Notamment en terrain boueux et accidenté ?
2660

Falko Mayer – Votre questionnement est légitime, mais, avec le temps, nos voisins s'y sont habitués. De plus, l'été est la période où nous exportons le moins d’électricité, donc cela ne les dérange pas vraiment. En écoutant votre réponse, je me suis rendu compte de mon erreur. La coupure des interconnexions n’est pas l'étape 4, mais la 5. C’est un peu notre dernière chance, cela nous fait gagner quelques GWh en plus.

Donc, comme on l’utilise en dernier recours, nos voisins savent que ça peut arriver. Dès le début de la vague de froid, nous prévenons nos voisins qu'il y a des chances pour que nous interrompions nos exportations. En général, dès qu’ils sont prévenus, nos voisins arrêtent d'eux-mêmes d’importer de l’électricité de Rasken.

Et puis de toute façon, ce genre de vague de froid arrive entre 1 et 3 fois en été. Vous devez vous dire que cela doit être horrible qu’une telle chose arrive plusieurs fois, mais je vous assure que nous préférons cela. Car en fait, ce phénomène peut être qualifié d'inversement proportionnel, c’est-à-dire que moins de fois il se produit, plus puissante sera la vague de froid.

Tamara Valentynivna – Il est vrai que la question du carburant sera sans doute un frein important. Comme l’essence n’est pas chère à Rasken, le fait d’avoir un véhicule qui consomme 15 litres pour 100 km ne dérange pas grand monde. Cependant, nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Il n’est pas à exclure que la consommation de ce véhicule baisse encore avec les prochaines versions.

À la base, ce véhicule est dérivé d’un matériel militaire, la benne qu’il y a juste derrière vous est occupée par 8 soldats plus un qui opère une mitrailleuse positionnée au milieu. Les premières versions de ce véhicule consommaient plus de 30 litres pour 100 km. Depuis, la consommation a été divisée par 2 tout en améliorant les performances.

Vous vous inquiétez de ses performances ? N’ayez crainte, même s'il pèse près de 2,8 tonnes, il dispose d'un V8 de 5,4 litres de cylindrée, ce qui lui donne une puissance de 640 chevaux pour 1012 Nm de couple. Avec ça, il peut globalement passer partout. Il peut tracter presque 7 tonnes, rouler dans 1 mètre d’eau. Vraiment, pour ce qui est des performances, vous n’avez pas à vous inquiéter.

Avant que vous ne demandiez, si on a besoin de tels véhicules, c’est parce que l’on doit souvent monter sur le plateau de Crystal pour vérifier les installations, faire tourner les équipes, etc. Comme il n’y a quasiment pas de route sur le plateau, ce genre de véhicule est le minimum. Comme il neige souvent, il n’est pas rare que la route soit recouverte de 10 cm de neige. Si vous preniez un véhicule classique, vous finiriez par avoir un accident. Cela se répercute aussi sur les camions qui livrent les quelques villes du plateau. En effet, les roues à l’arrière de la remorque sont remplacées par des chenilles.


Pendant qu’ils discutent, le chauffeur continue de les conduire à leur destination.


Chauffeur – Tiens, le niveau de l’Engels est bas aujourd’hui.

Tamara Valentynivna – C’est normal, on est en train de remplir le bassin du lac d'Auberlof.

Chauffeur – Ah, d'accord.
556
La Duchesse pensa un instant que Tamara plaisantait au sujet de la consommation démesurée, avant que cette dernière indique les besoins du véhicule à l'origine sous sa forme militaire. Nicolas restait quant à lui avant tout intéressé par la question de l'énergie et demanda :

-Le bassin du lac ? Vous mentionnez votre projet de "condensateur" géant sous forme de barrage ? La chose intéresse en Sylva mais déchaine les passions. Nombreux sont ceux qui s'opposent à une telle transformation de l'environnement, de la forêt et des fleuves. Pourtant, le potentiel hydroélectrique est bien là et aiderait même à réduire les besoins en nucléaire.
1726

Tamara Valentynivna – C’est bien ça, la STEP d'Auberlof, ou Station de Transfert d’Énergie par Pompage d’Auberlof, nous sommes en train de la remplir. Donc, nous devons limiter quelque peu le débit du fleuve. Cela fait un an que nous avons commencé son remplissage, et nous ne sommes qu'à 10 %, ce qui donne une idée de sa taille.

Heureusement pour nous, il existe une zone à Rasken quasiment inhabitée et sous-développée, due à son enclavement extrême. Cette vallée, connue précédemment sous le nom de la vallée d’Auberlof, était enclavée entre deux flancs de montagne. Cette zone avait des dimensions impressionnantes, au maximum elle mesurait 110 km de long pour 40 de large avec une profondeur moyenne de 37 m. Étant donné que nous cherchions un endroit pour établir une STEP afin de pouvoir stocker de l’énergie, cette vallée était toute trouvée. Les travaux ont commencé en 2004 et se sont achevés en 2011 avec quelques périodes d’interruption pendant la guerre civile.

À terme, elle contiendra 162,8 milliards de mètres cubes d'eau, soit un peu plus de 65 millions de piscines olympiques. Avec une différence de hauteur de 180 mètres, la STEP peut stocker au maximum environ 80 TWh. Son principal objectif est de pouvoir prendre le relais de nos réacteurs quand ils sont en maintenance ou en inspection.

Avec sa puissance de 10 GW, nous pouvons effectuer l’entretien de 8 réacteurs en même temps. Bien sûr, nous ne ferons jamais la maintenance de 8 réacteurs simultanément. En plus de son rôle quand des réacteurs sont à l’arrêt, il servira à stabiliser le réseau raskenois et éventuellement celui de nos voisins dans le futur, en plus de nous offrir une capacité de production supplémentaire lors des vagues de froid.

Intérieurement : je n’ai pas l’impression qu'il a bien saisi la quantité gargantuesque d’énergie stockée.

Vous êtes bon en mathématiques, Monsieur Nicolas Lerouge ? Avec ce que je vous ai dit, pourriez-vous me dire combien de temps la STEP d’Auberlof peut-elle fonctionner à pleine puissance ?
1058
Nicolas eut un léger coup de stresse, comme si l'on mettait à l'épreuve son mérite de façon imprévue. Il se relaxa rapidement malgré tout, le problème étant simple.

-Oh, c'est simple. Avec 80 000 GWh de stocké pour une puissance de 10 GW, il peut tenir huit mille heures, soit... hmm... un instant.

Il commença à calculer de tête, et c'est finalement Matilde qui répondit.

-Soit 333 jours ?

Nicolas écarquilla les yeux, fronça les sourcils, puis répondit.

-Non, 332 jou... ah non, c'est juste, 333 jours comme vous dites. (Se tournant vers Tamara) C'est une sacrée durée. Quelles sont les raisons derrière ? Un tel volume d'eau doit bien être pris quelque part, normalement depuis la pluie. C'est donc autant d'eau qui n'irriguera pas vos terres. Je me doute bien que vous avez étudié la question mais tout de même, je ne peux m'empêcher d'être surpris. 160 milliards de mètres cube d'eau approximativement, 10% soit 16 milliards en un an sachant que...

Son visage blêmit. Il ne connaissait que vaguement les chiffres de la pluviométrie sylvoise mais il prenait enfin conscience de la démesure du volume.

-Hé bien, c'est un impressionnant volume, et à rythme rapide. Rasken n'a pas connu de problèmes de sècheresse entre-temps ? C'est beaucoup d'eau qui aurait dû irriguer les sols, non ?
1366

Tamara Valentynivna – Je comprends vos inquiétudes quant au volume d’eau prélevé, mais cela ne représente pas énormément en fait.

Falko Mayer – Attendez, je vais leur montrer. Y a-t-il une carte de Rasken dans la voiture ?

Chauffeur – Tenez.

Drapeau

Falko Mayer – Merci.

Donc, comme vous pouvez le voir, Rasken compte globalement trois fleuves : le Theiner, l’Engels et le Fresnel. Et comme vous pouvez le constater, tous ces fleuves trouvent leur source sur le plateau de Crystal. Cette zone a la particularité, en plus de ramener l’hiver en juin, d'avoir une pluviométrie assez importante. En moyenne, il tombe 1,8 m³ d’eau par m², ce qui fait environ 72 milliards de m³ annuellement. Le Theiner en prend 20 milliards, l’Engels environ 35, et le Fresnel 17.

Ainsi, si l'on se base sur cela, le remplissage d'Auberlof a détourné environ 45 % du débit. Cependant, à cela, il faut ajouter toute la pluviométrie des endroits par lesquels passe le fleuve, ce qui rajoute environ 12 milliards de m³. Donc, au final, on ne prélevé que "33 %" du débit.

Vous vous inquiétez pour nos agriculteurs ? Cela tombe bien, il n'y en a pas dans cette zone. Étant très montagneuse, elle est peu propice à l’agriculture. Les rares exploitations se trouvant à proximité du fleuve n'ont donc été que peu impactées. En fait, nous pourrions presque prélever 100 % sans que cela n'impacte grandement nos agriculteurs, mais nous ne le faisons pas pour des raisons de biodiversité.


Pendant que Falko Mayer continuait ses explications, à 14h30 précises, un bruit très sourd mais atténuer par la distance se fit entendre au loin, un peu comme... une explosion.
642
Nicolas sembla se satisfaire de cette réponse. Passionné par le sujet, il ne prêta même pas attention à la détonation.

-Je vois que vous aviez bien prévu votre coup. C'est rassurant, et oui, vous faites bien concernant la biodiversité. Au-delà de l'aspect moral, l'exterminer a souvent des conséquences indirectes surprenantes. Typiquement, la végétation contribue à hydrater les sols avec son réseau racinaire, et donc recharger les nappes phréatiques. Elle contribue de bien d'autres façons à la "vie", dont dépendent malgré eux les agriculteurs. Bref, c'est loin d'être une simple question politique, mais bel et bien matérialiste.

Il fut interrompu par la Alexandra.

-Excusez-moi, ne venons-nous pas d'entendre quelque chose ? Un... heu... pétard ?
433

Falko Mayer – Des pétards, vous dites ?


Falko Mayer réfléchit quelques instants avant de reprendre.


Falko Mayer – Attends deux secondes, on est quel jour déjà, Tamara ?

Tamara Valentynivna – Le 28, pourquoi ?

Falko Mayer – Et merde, je pensais que c’était demain la rencontre entre les Silver Seals d’Eberstadt et les Black Patriots d’Hamförd. J’avais pris un jour de congé pour aller voir ce match, bon pas grave, je regarderai la rediffusion du Panzerstraße pendant mon jour de congé.

Murmure : Fait chier.
398
Matilde cligna des yeux plusieurs fois en entendant Falko.

-Hé bien, c'est doublement dommage que vous indiquiez justement en arrivant au pickup que vous n'aviez rien à faire aujourd'hui.

"Espérons qu'il sache mieux gérer l'emploi du temps des centrales que le sien", pensa-t-elle pour elle-même. Quant à Nicolas, il demanda :

-Et qu'est ce donc que ce panzerstrabe ?

Il avait terriblement mal prononcé le mot, bien trop peu accoutumé aux langues d'eurysie de l'est.
947
Matilde sembla inquiète, ce qui n’échappa pas à Tamara qui lui répondit sans tarder:


Tamara Valentynivna – Ne vous inquiétez pas, Madame. Je sais qu’avec ce comportement, on dirait qu’il est le genre de personne tête en l’air qui oublie pas mal de choses, mais je peux vous assurer que ce n’est pas le cas, du moins pour ce qui est du boulot. Il arrive à se rappeler de rendez-vous qu’il a dans 3 mois sans problème. En revanche, pour ce qui est personnel, c’est autre chose, comme vous pouvez le voir, hehe.

Falko Mayer – Eh oh, ça va oui ?


Après cet échange, les deux collègues rigolèrent quelques secondes avant de redevenir sérieux.


Falko Mayer – Excusez-nous.

Pour revenir à votre question, le Panzerstraße est, d’un point de vue international, une bizarrerie raskenoise, étant donné qu’il n’est pratiqué qu’à Rasken.

Vous connaissez le paintball, je pense ? Et bien, disons que le Panzerstraße est une sorte de paintball sous stéroïdes. En gros résumé, on a troqué les fusils à air comprimé contre des tanks de 1940. Dans la réalité, c’est plus compliqué, mais pour faire simple, on va dire que c’est ça.
Haut de page