Posté le : 12 fév. 2024 à 10:47:21
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Johann Bastian – Eh bien, si vous parlez d'éviter les fuites vers l'extérieur, le site a la capacité de fonctionner en circuit fermé au niveau du renouvellement de l'air. En fait, dès qu'une fuite est détectée, déjà dans un premier lieu, les lignes de production sont arrêtées, mais en plus le bâtiment devient hermétique. En fait, le bâtiment possède des réserves d'oxygène qui assurent la respirabilité du site pendant une trentaine de minutes, le temps que le personnel évacue. Une fois évacués, nous envoyons une équipe pour repérer la fuite, la réparer, puis nous décontaminons la zone.
C’est aussi pour cela que les 6 lignes de production ne sont pas dans une seule grande salle, mais sont séparées. Cela évite de devoir décontaminer toutes les lignes. Je ne l'ai pas précisé car cela me paraît logique, mais évidemment, tous les employés sont munis de masques à gaz en cas de fuite.
De plus, nos équipes de recherche sont en train de mettre au point un produit qui serait grandement utile.
Vous voyez les gicleurs au plafond ? Eh bien, en fait, même si cela n’est pas encore opérationnel, ils disposent de deux arrivées : une classique pour éteindre les incendies et une autre pour le produit dont je vous ai parlé. Ce produit, s'il tient toutes ses promesses, aurait la capacité de se fixer aux particules d'uranium en suspension dans l'air, ce qui les ferait tomber au sol directement à cause de la masse supplémentaire. Une fois au sol, le liquide ruissellerait dans les canalisations situées sous les grilles que vous voyez au sol vers un réservoir de stockage prévu à cet effet. Cela aurait l’avantage de concentrer l’uranium en un point plutôt que de l’éparpiller dans toute la ligne de production.
Johann Bastian vit les inquiétudes de la duchesse. Bien que de son point de vue, il savait qu’il n’y avait aucun danger, il prit la question très au sérieux.
Johann Bastian – Eh bien, Madame la duchesse, je vais vous poser une question : pouvez-vous tendre l'oreille vers la centrifugeuse et me dire ce que vous entendez ?
Alexandra se rapprocha de la machine comme demandé par Bastian et écouta.
Alexandra Boisderose – Je n'entends rien. Est-ce normal ?
Johann Bastian – Tout à fait. La ligne de production que nous visitons est à l'arrêt pour maintenance, tout comme la ligne 2. Cette année, ce sont les lignes 1 et 2 ; l'année prochaine, ce sera les lignes 3 et 4, et dans deux ans, ce sera les lignes 5 et 6. Si la ligne était en fonctionnement, vous n'auriez pas passé le SAS du moins pas habillée comme ça. C’est aussi pour ça que nous ne vous avons pas donné de masque à gaz.
Alexandra sembla rassurée par les paroles de Bastian. Lorsque Nicolas reprit la parole pour parler de la provenance du minerai, ce fut Falko Mayer qui prit la parole.
Falko Mayer – Rasken a beau être riche en pétrole, ce n'est pas la même chose pour le reste. Pour l'uranium, nous ne disposons que d'un seul gisement qui ne permet d'alimenter qu'une seule ligne de production et encore, cela reflète juste un rythme d'exploitation très rapide. Il sera épuisé dans une dizaine d'années. Actuellement, ce gisement suffit car nous n'avons que 4 réacteurs, ce qui suffit à les alimenter, mais dès le début de l'année 2014, cela ne sera plus suffisant. À terme, la Tcharnovie sera l'un de nos principaux fournisseurs d'uranium. Nous avons aussi des discussions avec Ambar.
Ensuite, nous disposons d'un stock de secours conséquent. Je pense que de votre point de vue, les cendres de charbon ne sont qu'un déchet bon à jeter, mais dans les cendres de charbon, il y a des traces d'uranium, ce qui fait que, paradoxalement, une centrale au charbon émet plus de radioactivité par an qu'une centrale nucléaire. Avec les années, nous avons accumulé un stock impressionnant de cendres que nous avons traité pour en extraire de l'uranium. On estime que dans toutes les cendres que nos centrales à charbon ont produites depuis les années 50, il y a l’équivalent de 2000 tonnes d’uranium naturel, soit de quoi alimenter 11 de nos réacteurs pendant un an. À partir de 2022, nous ne disposerons plus que d'une centrale au charbon de 1000 MW que nous réservons à des usages spécifiques, mais celle-ci produira encore environ l'équivalent de 6 tonnes d'uranium naturel par an.
Tamara Valentynivna – Pour ce qui est du raffinement du combustible pour d'autres pays, nous en sommes tout à fait capables étant donné que nous avons encore une grosse marge dans notre capacité de raffinement. Mais cette surcapacité de production n’a pas été faite dans le but de développer nos exportations. Comme Apex est avant tout une entreprise nationale, nous avons le devoir d’accomplir la tâche que l’on nous donne en tout temps. C’est pour cela que nous avons une vision à long terme.
Par exemple, pour le pétrole, avant 2011, nous avions l’interdiction d’exporter notre production. Cela signifie que même si nos anciens gisements sont relativement modestes, comme notre plus gros gisement avant les découvertes du plateau de cristal, qui disposait de 4,9 milliards de barils initialement en place et a été découvert en 1923, ce ne fut qu'en 2011 que sa production commença à décliner. Il aurait pu produire jusqu'en 2064, soit plus de 140 ans d'exploitation, tout cela grâce à une ancienne loi de Rasken qui a sauté en 2011. Cette loi interdisait l’exportation du pétrole, ce qui a fait que nos vieux gisements ont été grandement économisés.
C’est dans cette vision à long terme que nous avons construit ce centre de traitement. Pour l’instant, il ne fonctionne pas à pleine capacité, mais chaque année, il sera de plus en plus sollicité. C’est aussi dans cette optique que nous avons commencé la construction d’un autre centre. Ainsi, si un centre est dans l'incapacité de produire, l'autre peut prendre le relais.
Comme mon collègue Falko vous l’a dit, Rasken ne dispose pas de grandes réserves d'uranium. Si vous voulez élargir vos fournisseurs, je vous conseille de vous tourner vers la Tcharnovie. Si cela vous intéresse, nous pouvons raffiner le minerai brut pour vous avant de vous l’envoyer pour fabriquer le yellowcake dans vos installations.