DÉLIVRANCE
(Le coup d'Etat étant déjà été validé et la plupart des parties prenantes l'ayant déjà acté, il s'agit de donner un peu de background autour de l'évènement par soucis de temporalité. Ce qui est décrit ci-dessous se situe donc avant l'ultimatum adressé aux rebelles )
StaïGlad, capitale du Prodnov, 11 octobre au petit matin, le lendemain du Coup d'EtatC'était fait, ils l'avaient fait, alors que certains semblaient nager en pleine fiction ou rêver tout en demeurant éveillé, d'autres s'affairaient méthodiquement à consolider et à organiser les nouvelles institutions de l'état en devenir.
Kuklin Viktor, le "leader suprême" qui aujourd'hui n'avait de suprême que le nom, désormais affublé du charmant sobriquet de Kuklin le Sanglant, ou bien encore Kuklin aux Mains Rouges, avait été déposé au cours d'une journée mémorable qui resterait dans les annales du Prodnov à n'en point douter, celle d'une insurrection populaire urbaine menée par les chefs des partis d'opposition, des réseaux de résistance, des étudiants, et de tous ceux qui n'avait jamais pu faire abstraction des très nombreuses victimes assassinées par le régime.
Bien entendu, ces mouvements en apparence indépendant et autonomes étaient lourdement appuyés et financièrement soutenus par des agences de renseignements étrangères sans qui ce coup de force n'aurait probablement jamais eu lieu, sans que toutefois l'implication étrangère ne fut jamais formellement identifiée ou officiellement prouvée. C'est d'ailleurs le propre et la raison d'être de ce genre d'agences gouvernementales supra-nationales.
Les responsables et membres de ces mouvements en étaient d'ailleurs très reconnaissant et ne pouvaient que se féliciter de l'intérêt et de la bienveillance des puissances étrangères pour leur cause, bien qu'ils se doutaient qu'en contre partie ils devraient certainement répondre à quelques critères et exigences pour continuer à bénéficier de ce soutien tacite.
Les évènements étaient allés très vite, tout s'était emballé en cette journée insurrectionnelle qui avait vu le Palais Présidentiel de StaïGlad investi massivement par les insurgés lors d'un rassemblement de protestations à l'encontre du gouvernement, tandis qu'une très grande confusion régnait dans la chaîne de commandement, sclérosée par des années d'ultra-hiérachisation pyramidale, et dans l'incapacité de réagir promptement et de se coordonner en l'absence d'ordres et de directives claires émanant de l'Etat Major Prodnovien.
Et pour cause, l'absence manifeste de prises de décisions de Kuklin Viktor, qui selon toute vraisemblance était plus préoccupé par son propre sort et ses options d'échappatoire, avait paralysé toute la chaîne de commandement et laissé l'état major dans l'expectative, sinon un grand desarroi.
Une situation d'autant plus exacerbée quand on connaît les exactions, sévices et exécutions pratiquées au Prodnov pour qui s'écarte du rang ou fait preuve d'une quelconque forme d'initiative qui ne soit pas validée en haut lieu par le tout puissant leader suprême. En somme, un ignoble château de cartes rigidifié par un régime du tout répressif, baignant dans le sang poisseux des innombrables malheureux morts sans vraiment savoir pourquoi.
Manifestations spontanée d'opposants, de syndicalistes, d'étudiants et d'intellectuels aspirant à plus de démocratie, et demandant la fin du régime communiste. Certains groupes allant de quelques dizaines de personnes à plusieurs centaines, de manière éparses, et toujours menés ou incités par les rebelles.Ci et là, on avait observé des scènes de fraternisation entre les Gardes et les Insurgés, la police n'avait pas opposé la moindre résistance, mais même les révolutions de palais ont leur héros et leurs martyrs. On rapporta de nombreux faits de ripostes armées, et d'escarmouches plus ou moins violentes ayant occasionné plusieurs dizaines de morts, de très nombreux blessés parmi les civils. Dans le chaos ambiant, il n'était pas rare d'observer des scènes de panique, d'incroyables et spontanés mouvements de foules voulant fuir les combats de rue, provoquant ci et là accidents de circulations, habitants piétinés ou renversés, dommages collatéraux divers et variés. Bien entendu certains en avaient profité pour s'adonner à quelques activité de pillage et de rapines en bonne et dûe forme, ce qui est malheureusement très souvent le cas dans ce genre d'évènement qui échappe à tout contrôle des autorités.
Une manifestation spontanée eu lieu près de la Caserne Nationale où étai stationnée un régiment de troupes spéciales de l'armée, prêt à intervenir, et lourdement armé. Pendant la manifestation, la foule entama des chants libertaires et contestataires, jusque là jugés anti-communistes par le régime.
Les soldats finirent par réagir par des tirs de gaz lacrymogènes puis par l'usage de canons à eau, mais après une première dispersion réussie, la manifestation reprit de plus belle dans une des rues adjacentes. Plusieurs unités de l'armée intervinrent alors : des combats de rue assez limités dans leur intensité ont lieu, des voitures sont incendiées, des coups de feu retentissent sans que leur provenance fut clairement identifiée, le taux d'armement des citoyens était plutôt faible, mais il était facile de se procurer des armes de poing à moindre coût au marché noir, comme dans la plupart des pays communistes dont les économies sont gangrenées par les réseaux de contrebande.
Combats de rues sporadiques, dispersions de manifestations, coups de feu à chaque coin de rue. Entre confusion généralisée et riposte armée des insurgés, une atmosphère de guerre civile règne dans la capitale du ProdnovUn groupe de jeunes gens, probablement des étudiants, arborait des drapeaux aux couleurs du Prodnov dont ils avaient arraché l'emblème communiste et entonnant en choeur un ancien chant patriotique, lui aussi interdit par le régime communiste : « Réveille-toi, Prodnovien ! ».
A la fin de la journée, plus aucun habitant de la capitale Staïglad ne pouvait décemment ignorer les évènements qui secouait la capitale : après les jeunes, les étudiants, les syndicalistes, ce fut au tour des simples ouvriers, qui stoppèrent leurs activités, vidèrent les usines qui se mirent à l'arrêt, et rejoignirent les diverses manifestations dans les rues, ou les groupes de gens qui se formaient spontanément, bien que la plupart n'avait en réalité qu'uen très vague idée de ce qui était en train de se tramer. Des slogans populaires tels que « Nous sommes le peuple », « L'armée est avec nous » émergèrent alors, et furent scandés par les manifestants, le poing levé !
Mais le soutien de l'armée n'était pas acquis, bien loin de là en réalité.
Comme dans toute révolution ou putsch, les premiers objectifs étaient bien sûr de s'emparer des lieux de pouvoir, mais pas seulement. Le contrôle des télécommunications est essentiel, voir primordial pour le maintien des insurgés au pouvoir, et l'officialisation du coup d'état auprès de l'opinion publique. Les locaux de la Tour de Télévision et le Centre de Radiodiffusion de StaïGlad, qui sont les principaux relais de communication officielle du régime furent rapidement investis et occupés, là encore non sans heurts et combats sporadiques.
L'armée incapable de distinguer les civils lambda des insurgés, qui bien sûr ne portaient pas d'uniformes, peu habituée à guerroyer dans un environnement exclusivement urbain, et il faut le dire, totalement livrée à elle même ne sachant pas vraiment de quel côté elle devait prendre position, décida unilatéralement de battre en retraite à l'extérieur de StaïGlad, un repli stratégique temporaire disaient certains officiers, le visage fermé et les poings serrés, à leurs troupes, visiblement désemparées et en plein doute.
Unité de soldats prodnoviens en déroute, quittant la capitale après quelques heures seulement de lutte et de réplique, incapable de réagir en concertation les uns les autres. Impossible de déterminer combien ont fui, déserté, battu retraite en bon ordre ou même rejoint le camp des insurgés.
Si dans un premier temps la Nomenklatura s'était par réflexe de survie presque entièrement rangée aux côtés du pouvoir en place, il apparaissait de plus en plus probable que l'évolution de la situation tournait en faveur des insurgés et de la révolte populaire. Plusieurs hauts fonctionnaires, dont un ancien général à la retraite dont la figure était éminemment respectée, après plusieurs heures d'hésitation, commencèrent à faire défection et à réclamer opportunément un changement dans la politique et la direction du pays.
A la fin de la journée, le coeur du pouvoir, plusieurs ministères et bâtiments gouvernementaux, ainsi que le quartier général de la police, les sièges de la télévision publique, de la radio, la gare centrale, et d'autres positions stratégiques étaient aux mains des putschistes.
Après une rapide concertation, les membres de l'opposition avait désigné Aleksa Poliakov, leader des Jeunesses Démocratiques Révolutionnaires, comme leur porte-parole officiel. Un visage jeune, féminin, et avenant ne pouvait que rassurer. Celle ci fit donc un communiqué à la radio, retransmit en direct à la télévision :
Aleksa Poliakov, la jeune leader de 20 ans des Jeunesses Démocratiques Révolutionnaires, le sourire aux lèvres, après une journée intense et riche en émotions, dont le regard exprime une forme de soulagement."Camarades, habitants de StaïGlad et du Prodnov, chers citoyens, mes amis,
En ce jour historique, que nous appellerons la Journée Révolutionnaire d'Octobre, nous, représentants du peuple prodnovien, membres de la résistance et de l'opposition, nous vous annonçons que le tyran est tombé ! Klukin le Sanglant aura à répondre de ses actes devant la justice. Justice, une notion qui nous as été violemment arrachée par ce régime brutal et cruel. Qui n'a pas perdu de frère, de soeur, de père, de mère ou d'ami, sous les balles de leurs soldats ? Justice leur sera rendue, ainsi qu'aux martyrs qui ont sacrifié leur vie pour que la liberté retrouvée reprenne enfin la place qui lui est dûe au coeur de notre société.
Je sais ce que vous vous dites, encore un énième remplacement de leader, quel nouveau gouvernement répressif vont ils nous inventer cette fois ? Un Empereur ? Un Roi ? Un Dieu vivant ?
Non bon peuple de Prodnov, rien de tout cela. Nous vous annonçons l'avènement d'une République, unie, indivisible et nouvelle, fondée sur les principes démocratiques et représentatifs qui nous ont été spoliés. Nous, les Jeunesses Démocratiques Révolutionnaires, ne sommes qu'une émanation, un courant, de toutes les idées et possibilités qui s'offrent à vous. Car oui, des élections libres auront lieu, oui de véritables élections qui vous permettra pour la première fois de choisir vos représentants, au sein d'une assemblée populaire élue au suffrage universel direct.
Le ou la future présidente de cette nouvelle assemblée tracera pour notre pays une nouvelle trajectoire, une nouvelle destinée, avec d'autres perspectives que celle de choisir entre courber l'échine ou rester digne devant le peloton d'exécution.
Restaurons la démocratie, la vraie, retrouvons le goût de la liberté et de l'insouciance qui nous ont été spoliés, ouvrons nous à ce monde nouveau qui nous tends les bras. Dans quelques jours les organisations politiques et syndicales seront appelées à déposer des listes électorales
Je sais que vous avez peur, nous avons vécu dans la crainte de si nombreuses années, qu'il est difficile même de concevoir autre chose que cette monstrueuse dictature.
Nous avons déjà obtenu le soutien de nombreuses nations étrangères . Et comment certains de nos voisins, qui se prétendent des démocraties, oseraient dès lors nous le refuser ? Non nous ne sommes pas seuls, vous n'êtes plus seuls ! Sortez, et venez réclamer votre dû !
Vive la République ! Et Vive le Prodnov Libre !"