Posté le : 16 juin 2022 à 12:21:13
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1er novembre 2007 – Frontière septentrionale du Prodnov à 120 km de Staïglad, port de Nevskigorod (Province #35905)
Opération « Jenga habile »
Joyeuse Toussaint à tous !
Enfin … Pas au Prodnov. La religion n’avait aucune place dans le gouvernement et dans la société prodnovienne. Les Prodnoviens n’avaient, pour la plupart, jamais vu d’église de leur vie, pas plus que de temples ou autres sanctuaires. L’absence de religion instituée au Prodnov s’adossait à une absence totale de religiosité au sein de la population. Mais l’absence de structure cléricale n’empêchait pas les Prodnoviens de saluer leurs morts avec retenue et déférence. Car la spiritualité, bien que faible au Prodnov, persistait dans des rituels communs au sein de l’humanité, notamment par le fait d’enterrer et d’honorer les morts.
Les Prodnoviens restaient discrets dans les honneurs faits à leurs morts. Il fallait dire que la population prodnovienne n’était pas des plus expansive de nature, mais le 1er novembre restait une date particulière durant laquelle les Prodnoviens venaient fleurir en masse les tombes dans le plus grand silence. Durant cette célébration, les fleurs blanches étaient privilégiées. Fleurs solitaires, en bouquets, en couronnes. Des fleurs blanches sur des tombes de pierres sombres, dans des cimetières étatiques. Pas de croix, pas le moindre symbole religieux … uniquement des dalles de pierres gravées aux noms des disparus.
Les Prodnoviens de Nevskigorod, à l’instar du reste de la population, profitaient d’une accalmie dans les troubles qui agitaient le pays pour rendre leurs hommages aux morts. L’espace d’une journée, la guerre semblait se tenir aux marges des esprits : il ne restait que les morts et les vivants pour les pleurer avec retenue.
Les militaires jashuriens avaient reçu pour consigne de ne pas interférer avec les rituels prodnoviens civils. Les soldats s’étaient faits discrets, évitant les processions et observant de loin les bouquets blancs. Seul le commandant Trinai Chavalit et ses officiers supérieurs avaient déposé une gerbe de fleurs blanches sur le monument aux morts principal sur la place centrale de Nevskigorod, sous le regard d’une foule apathique. Les Jashuriens avaient tout fait pour se rendre parfaitement exemplaires dans leur mission de maintien de l'ordre et espéraient que les habitants n'auraient pas à subir le moindre coup de feu.
La présence des Jashuriens était tolérée par la population de Nevskigorod. Le haut-commandement était conscient que la situation du contingent militaire était précaire, mais les Jashuriens avaient fait en sorte de ne pas brimer la population locale. La discrétion légendaire des soldats jashuriens semblait payer. Pas d’arrestations, pas de ratonnades et pas de heurts, … Les militaires évoluaient dans un monde parallèle à celui des Prodnoviens, ne se rencontrant que pour des vérifications d’usages : conformité des papiers, fouille des camions et des containers, … En somme, l’occupation jashurienne se faisait douce, le haut-commandement n’ayant pas vocation à brimer la population locale. Les fortifications créées par les Jashuriens étaient enfin positionnées et bien équipées. L’annonce des pourparlers avec le Norstalkian et l’Union Albienne avait sonné comme une forme de relâchement dans le stress des soldats jashuriens. Si tout allait bien, le haut-commandement aurait ce qu’il était venu chercher et aucun coup de feu ne serait tiré …
L'objectif des Jashuriens était surtout de démontrer que les forces de l'ONC veillaient fermement aux intérêts des pays membres et n'appréciaient pas spécialement que les communistes se permettent de massacrer leur peuple. Les soldats prodnoviens s'étaient illustrés dans l'infâmie en abattant des civils. Fort heureusement, des démocrates étaient montés au créneau et cherchaient à tracer une nouvelle voie pour le pays. Il ne tenait qu'à l'ONC de rendre possible cette voie-là et le Jashuria avait répondu présent à l'appel des membres de l'ONC, en vertu de son pacte de membre fondateur. Si tout se passait bien, le Prodnov serait bientôt une terre démocratique.
Du moins, tout le monde l’espérait.
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