À l'ombre de la liberté
Le temps c’était suspendu sur chaque centimètre des treize mille sept cent soixante-quinze kilomètres carré du Kodeda. Certains, peut-être plus cyniques ou réaliste, auraient parlé d’un juste retour à la norme. C’est vrai que le temps s’était arrêté depuis bien longtemps pour les hommes et femmes de cette province épuisée. Le sable et la poussière avaient pris possession des lieux en même temps que les colons, qui avaient brisé les sabliers, démantelés les horloges, arrachés les gnomons des cadrants solaires. Leur entreprise folle d’asservissement – donc de massacre – s’était faite sans aucune forme de méticulosité : une violence pré-fasciste qui n’avait pas encore compris qu’on pouvait industrialiser le meurtre, ni quelle dose constituait une charge tactique d’horreur, mais travaillait activement à avancer dans ce but. Les villages enterrés, les penseurs assassinés, les clans asservis, montés les uns contre les autres, et la terre, riche, éventrée pour en tirer l’or.
Puis l’espace d’un instant, au profit des indépendances cumulées sur d’autres continents, de la faiblesse de l’empire occupant, des actions kah-tanaises et princières, on avait cru que l’histoire avait redémarrée. Que sa mécanique avait enfin cicatrisée de telle façon qu’à défaut d’une marche, elle rampait vers l’avenir, s’entraînant à rattraper le temps perdu. On avait brièvement pensé que Kodeda serait la prochaine sur la liste des provinces à enfin acquérir le droit de regard sur leur propre histoire. Qu’elle obtiendrait à son tour, d’une façon ou d’une autre, les clefs de sa libération : que ses habitants marcheraient parmi d’autres en hommes libres, indépendants, et que la Listonie, l’infâme empire, ne serait à terme plus qu’un sale souvenir, honnie dans les livres d’histoire, tout juste contacté à l’occasion de sempiternelles demandes de restitution des reliques volées. Ce genre de rapport qu’on attend entre un ancien empire et ses anciennes provinces.
Puis le temps s’était à nouveau figé, et les acteurs du changement s’étaient terrés dans le sable, aux aguets. Quoi qu’il y eût eu comme un progrès. Pas en ça que la situation s’était améliorée, mais en ça spécifiquement qu’elle avait empirée. La région était prise d’une fièvre, qui pouvait au choix la tuer, ou définitivement la purger de son mal. L’armée était un symptôme de ce progrès. Sa présence signifiait clairement que l’indépendance était devenue assez tangible pour alerter jusqu’à l’empire alanguit. Maintenant, on ne pouvait plus y faire grand-chose : on ne préparait plus le grand jour, on le vivait, en quelque sorte.
Et donc le temps s’était suspendu. Mais les mécaniques étaient décrassées, et ce n’était pas cette fossilisation de l’histoire qu’on avait connue par le passé. Le Kodeda n’était pas retourné dans son tombeau, à attendre que la poussière le ronge. Au contraire. Il en était sorti pour de bon, et si les aiguilles n’avançaient plus, c’est qu’on savait qu’à la moindre minute, à la moindre seconde, tout pouvait exploser. Le ressentiment de décennies d’oppression, la haine de l’ennemi, le racisme de ce dernier. Il suffisait d’une inflexion sur le cadran, d’une rotation de mécanisme, et la région entière pouvait s’embraser. La fièvre devenir combustion spontanée. Et ce serait pire que tout. Les rafles, les fusillades, les bombes. Il devait y avoir d’autres options. C’était ce qu’on cherchait à prouver depuis tout ce temps, c’était même ce qu’on cherchait à accomplir. Car il ne faisait aucun doute, pour personne, que l’armée seule ne saurait arrêter l’histoire. Tout au plus, comme dans la présente situation, elle pouvait pousser ses acteurs à s’arrêter, considérer leurs chances, faire à l’avance le deuil nécessaire à la lutte armée. L’armée venait réprimer, oppresser, mais ne pouvait pas gagner. Ou temporairement. Elle devait le savoir, et en face, on en était sûr : il y aurait sans doute des morts, si on ne pouvait l’éviter, mais il n’y aurait pas de retour en arrière. Kodera mourrait, mourrait toute entière, avant de refuser la liberté qu’elle s’était offerte.
Maintenant ce n’était pas tout à fait à l’ordre du jour, et pour le moment les choses se passaient plutôt bien. Le Parti de l’Indépendance Kodedarienne, toujours officieux, toujours silencieux, qui n’avait pas encore exprimé son existence et demeurait une construction mystérieuse, hantant les ambassades de quelques puissances régionales et l’esprit de quelques notables locaux, avait déjà joué. C’était au tour de l’autre. Des autres, devrait-on plutôt dire. Car c’était une danse à trois. Le PIK, le Prince, l’Empire. Pas l’Empire. L’Armée. Un membre plénipotentiaire, qui agissait dans cette province comme dans son royaume, détachée des lois, des règles du jeu. Une puissance qui pouvait s’avérer incroyablement utile, ou destructrice. C’était ce qu’on attendait de voir.
Il n’y avait pas vraiment de doute quant au fait qu’à chaque mouvement du PIK ou de ses alliés, il y aurait réaction – pas nécessairement équivalente ou proportionnée. On ne s’attendait pas à pouvoir progresser indéfiniment vers l’indépendance sans provoquer une répression plus ou moins aveugle. Cependant, pour le moment, les mots n’étaient pas prononcés clairement, et rien n’indiquait ouvertement que l’objectif était de créer un mouvement de masse en mesure de prendre possession de la province. Rien n’indiquait non-plus clairement, qu’il s’agissait d’une entreprise révolutionnaire et indépendantiste à sympathie libertaire. Le PIK n’existait pas, ses réseaux étaient vieux et anciens, et personne n’aurait pu expliquer sans provoquer des levées de sourcils – et de boucliers – que ces vieux syndicats, vieux professeurs, vieux philosophes, vieilles émanations locales de partis listoniens, étaient soudain devenus un dangereux collectif social-révolutionnaire. Non. Il s’agissait simplement d’une évolution de leur politique classique. Défense des travailleurs et des intêréts économiques régionaux, éducation des masses, inclusion des "autochtones"à l’administration et à la vie civile impériale. Tout ça était sain, non ? C’était tout le contraire d’une indépendance, si on ne se penchait pas sur les valeurs. Bien entendu, le fait de pouvoir nier toute doxa révolutionnaire ne servait qu’un temps. Le temps des journalistes, des politiciens, des diplomates ; Et ce temps était révolu. Enfin pas tout à fait, mais l’Armée sonnerait bientôt la cloche, la fin de la récréation, rappellerait tout le monde à l’ordre. Plutôt une province morte qu’une province libre. Plutôt une province inutile, poids pour l’Empire, qu’un Kodeda générant sa propre richesse. C’était toute leur doctrine. Toute leur logique. L’Empire portait ses colonies comme des médailles sur sa poitrine, ou comme des papillons épinglés dans une vitrine.
Parce que le colonialisme, en somme, était à la fois cannibale et nécrophile. Fasciné par sa propre puissance, l’homme occidental avait arraché des terres pour en faire, finalement, un grand parc d’attraction à sa propre gloire. Le terrassant, le maintenant à terre, le battant à coup de triques, de bottes, de sabre, pour le regarder comme un reflet déformant de sa propre gloire. La propension des empires à exterminer des peuples lui renvoyait l’image de sa puissance fantasmée. Là il pouvait ignorer la loi. Là il pouvait tuer. Là il pouvait réprimer. Piller. Violer la terre et ses habitants. C’était toute la logique : un exutoire pervers, un onanisme dégénéré, une libido qui exigeait qu’on tue en son nom, qu’on jette les corps dans une grande fosse commune ou dans un four, autant de charbon alimentant le moteur de ce train fou fonçant droit vers sa propre mort. On tuait les corps, on en dévorait la chair, on était pleinement satisfait du résultat. En ça l’arrivée de l’armée était logique. L’Empire avait constaté que les morts se relevaient, que le sang coulait à nouveau dans les veines de ses territoires coloniaux, que les esclaves osaient, à nouveau, redresser l’échine, fixer le ciel, inspirer. Emplir, pour la première fois en plusieurs décennies, leurs poumons de l’air frais, de l’espoir, et envisager les possibles. Alors on allait réprimer, tuer. À nouveau cette tuerie qui satisferait tant la métropole et ses dirigeants. C’était tout l’objectif. Cet empire colonial ne servait à rien. Économiquement délaissé, militairement indéfendable. On y exilait les fonctionnaires et les officiers qui embarrassaient la couronne, mais on y envoyait aussi les plus ambitieux, ceux qui rêvaient de se faire un nom au soleil.
L’un dans l’autre, l’expérience avant montrée ses limites si longtemps, et de façon si claire, qu’on savait bien qu’elle était parfaitement inutile, et que s’y accrocher tenait du réflexe maladif, crispé, d’une très vieille nation qui approchait de ces derniers jours. Sans l’Empire que resterait-il à la Listonie ? La Listonie. Et qu’est-ce qu’était la Listonie ?
Honnêtement plus grand-chose. Ce pays avait oublié qu’il existait un avenir. Peut-être que ce n’était plus vraiment un pays, mais la marque inamovible d’un pays qui avait été. Peut-être que ce n’était plus une nation mais l’inertie d’une nation, dont l’énergie cinétique impulsée des siècles plus tôt n’avait pas tout à fait terminée de se dissiper. Peut-être que c’était pour ça que l’empereur, vieil homme sur son trône, héritier des milliers de massacres, d’une fortune volée, de générations consanguines, cet Eurysien par excellent, responsable comme tous ses pairs du sous-développement philosophique de son continent, encore tout entier tourné vers la guerre, avait été pris de panique en voyant ses colonies, ces territoires volés – Pire, inférieurs ! – se révéler plus capables que l’ensemble de son domaine de survivre à l’avenir.
Un pays dénué de vision, peuplé d’aveugles, paniquant de voir chez d’autres ce qui lui manquait tant.
Maintenant c’était une affaire bien lointaine, et pour dramatique qu’elle fut, la chute de l’Empire listonien ne ferait pas couler de larmes, à Kodeda. L’Histoire était un loisir de lettré, il fallait avoir une vie confortable pour prendre le temps d’analyser celle des autres, et une vie bien triste pour pleurer les assassins de hier. A Kodeda, à quelques exceptions, on était ni lettré, ni dans une situation permettant d’obtenir une vie "confortable". Un communaliste aurait fait remarquer, chiffres à l’appui, que cela s’appliquait dans la plupart des pays du monde. Mais à Kodeda, et le communaliste ne l’aurait pas nié, c’était pire. La ségrégation systémique et officieuse reléguait la grande majorité de la population à une situation empêchant à priori de penser. C’était du moins la théorie. Dans les faits, passé un certain stade d’oppression, on se questionnait tout de même sur la situation, et on en venait à accepter des solutions qui auraient pu sembler trop radicales aux ouvriers bien intégrés de pays faisant au moins semblant de respecter leurs prolétaires.
Radicalité. C’était le mot. Mais le mot qu’on ne prononçait pas. Toujours dans cette logique de respectabilité. On voulait pouvoir nier en bloc, alors on utilisait d’autres termes. On parlait de méthodes alternatives, d’éducation sociale, de philosophie. Vous comprenez bien, le Kodeda étant sous-développé, on ne peut pas y appliquer la même pensée économique et sociale qu’ailleurs. Et ça passait par des choses qui tenaient, bien souvent, de ce sacro-saint Bon-sens ! Celui-là même qu’affectionnent tant les modérés, qu’on utilise si fréquemment pour justifier de ne pas prendre de décision, de ne pas régler les problèmes, ou au contraire de se comporter en tyran, en monstre, ou en sale con. Ici le bon sens était réapproprié par les opprimés pour lutter contre ceux qui contrôlaient habituellement la parole politique et médiatique. Par exemple la création de fermes communales, les potagers hydroponiques dans les jardins, les travaux communs. C’était du bon sens. La situation locale ne permettait pas de développer de réel artisanat, et ne permettait pas non-plus d’intégrer la population à de grands projets capitalistes. Il n’y avait ni marché digne de ce nom, ni entreprise privée. Il y avait cependant des problèmes très concrets à régler, comme l’alimentation ou le manque d’infrastructures. C’était sur la base de ces problèmes très concrets que s’organisait le programme officieux du PIK. On mobilisait la population sur ces travaux simples mais salutaires. On faisait travailler les communautés comme un corps soudé, dans un même but et en obtenant des résultats extrêmement concrets. C’était la base du communalisme, à vrai dire. Ou même du socialisme. Ou de toutes les idéologies qui gravitaient dans les sphères les plus politiques du mouvement, si protéiforme fut-il. L’idéologie, la pensée, la philosophie, viendrait après. Plus tard. Bien plus tard. Ce qu’on voulait c’était du "bon sens". Du pratique. Du tangible. Inutile de tergiverser sur le Capital et les oppressions systémiques quand le terreau était fertile. On avait pas à convaincre l’esprit d’une population plus consciente que toute autre de son propre sort. Non. On devait toucher à son cœur. Et pour ça il suffisait de lui présenter des solutions fonctionnelles.
Et puis ce n’était pas tout. Il y avait aussi l’autre pan du plan. Celui qui n’était officiellement pas relié au PIK. Enfin, le PIK n’existait pas non-plus officiellement, mais ce plan n’était même pas indépendantiste. Le consortium érigé autour de Saphir, son grand projet d’investissement dans les infrastructures. Reliée Kodeda aux territoires voisins. Kah-tanais certes, mais enfin c’étaient les seuls à porter de route, le choix était strictement pragmatique – le pragmatisme, encore un mot récupéré aux ennemis. Ces infrastructures, donc, étaient surtout l’occasion d’ouvrir une porte. De connecter le Kodeda – et plus spécifiquement les zones les plus rurales de la région – au monde. Historiquement, on le sait bien, les paysans ont souvent été une force de la réaction. Petits propriétaires, classe-moyenne convaincue d’être opprimée du fait de son éloignement des centres de décision politique, ils n’étaient pas révolutionnaires par essence et tenaient à un certain ordre des choses, fondamentalement conservateur. Il n’était pas utile de convaincre les urbains : ils connaissaient déjà le reste du monde, au moins de loin. Mais cette porte ne semblait pas ouverte pour les paysans. C’était toute l’idée. Leur offrir des possibilités, et leur faire miroiter l’occasion de s’en saisir à l’occasion de l’indépendance. Il y avait aussi l’idée de créer une communauté d’individus. En rendant le déplacement facile, possible, en faisant travailler leurs fils, leurs frères, les désœuvrés sur ce chantier – en faisant de faire leur chantier, en mettant ces gens en contact avec des ingénieurs, en leur offrant les bases de formations professionnelles les extirpant de la terre ancestrale et de ses méthodes inchangées pour un vague, court, bref aperçu de modernité, on changeait progressivement l’ADN des champs pour le mélanger à celui, définitivement moderne, de la Kodeda de demain.
C’était aussi une occasion de les rencontrer, de leur parler. En les ouvrant à la modernité on les ouvrait au PIK et à ses messages. Ainsi qu’au Grand Kah. On fantasmait beaucoup sur cette nation, systématiquement présentée comme l’un de ces régimes communiste Eurysien, ou comme une force s’y apparentant. On voulait effrayer les foules en leur parlent de privation, de pauvreté, de misère et de totalitarisme. Bien entendu ces vagues menaces que l’on agitait pour garder les foules à leur place tombaient à plat quand il s’agissait de parler de la troisième puissance économique mondiale, réputée pour sa liberté de ton, son niveau de vie, peuplée d’immigrés venus du monde entier. Restait tout de même des craintes. Des vagues idées. Des a prioris. On a naturellement peur de ce que l’on ne connaît pas, et plus encore de ce qu’on ne comprend pas. Le Grand Kah, à défaut d’être un inconnu, était souvent un incompris. C’était l’occasion d’y remédier. Établir le commerce, permettre aux uns et aux autres de rencontrer des kah-tanais, de comprendre, enfin.
Les communes exclaves, surtout, n’étaient pas du tout l’image type de la commune kah-tanais "métropolitaine". Ces territoires étaient bien souvent des colonies révoltées, ou des tribus ayant demandé à la Confédération un statut de protectorat pour éviter la colonisation d’un tiers. La fougue révolutionnaire ne s’y était jamais exprimée dans les mêmes tons qu’au nouveau monde. Ce qui s’y passait était différent, progressif. La culture, si elle s’était métissée avec celle de l’Union au fils du temps, restait fondamentalement locale. En Afarée, même kah-tanaise, on trouvait des clans, des tribus, des chefs religieux et politiques. Il s’était avéré, en fait, que les systèmes tribuaux et traditionnels pratiquaient beaucoup plus aisément la transition vers le communalisme que les systèmes capitalistes. Question de complexité et de culture, sans doute. Le rapport à la propriété et à la production était beaucoup plus proche, accessoirement. Bien entendu ce n’était pas ce qu’on allait exprimer. Ou plutôt, pas en ces termes. Le but n’était pas de faire un meeting politique. Mais il y avait tant de points de convergence, tant d’aspects similaires, qu’un habitant du Kodeda confronté à un ingénieur de Somagoumbé, venu travailler sur la route, ne pourrait que constater qu’il partageait la même culture que lui et, sur de nombreux aspects, la même vie.
Sauf que l’ingénieur, étant kah-tanais, n’avait jamais eu à s’inquiéter de manger à sa faim, ou de rembourser les études de ses fils et filles.
C’était comme ça qu’on gagnait les cœurs. Pas en imposant un changement, mais en présentant les avantages d’un système par des cas pratiques. En exposant les différences et les similarités. En mettant en contact deux peuples pour créer des liens d’amitiés. Pour assurer que les liens politiques du PIK soient suivis, rapidement, voir même précédés, de liens affectifs entre les peuples. Ces liens existaient déjà en vertu de la proximité et des accords signés du temps où la diplomatie allait bon train entre l’Union et l’Empire, mais ils pouvaient s’intensifier. Le Kah-tanais, de ce nébuleux marchant traversant le désert et s’arrêtant rarement ailleurs qu’à Nasabis, pouvait devenir un voisin, puis à terme, un ami. Le Kah-tanais pouvait devenir, plus qu’un kah-tanais, un habitant de sa commune – un habitant de Gokiary, de Somagoumbé, territoires souverains, membre de l’Union mais maîtres d’eux-mêmes. On pourrait expliciter, faire comprendre que les communes du Grand Kah n’étaient pas des colonies mais des territoires libres, dirigés d’eux-mêmes, librement liés à cette union qui leur avait permis la prospérité d’un important marché intérieur, les services publics d’une grande économie, la protection d’une puissante confédération.
Enrichir Kodeda, redonner de l’espoir à sa population, lui offrir une porte de sortie et – naturellement, par voie presque inévitable de conséquence, parce qu’il fallait bien faire venir des experts en tout genre et que le projet était en partie financé par des sociétés de l’Union – lui indiquer quelle direction prendre une fois la marché de l’Histoire réenclenchée pour de bon. C’était le beau projet d’avenir qu défendaient les artisans de l’indépendance.
Bien entendu, il restait l’armée, et inévitablement, l’indépendance ne se ferait pas sans un bain de sang.
Mais c’était ainsi. Puisqu’il faudrait sans doute passer par là, on le ferait. On ne laisserait simplement pas dire à qui que ce soit que c’était le plan, car jusque-là, enfin, on avait surtout travaillé à la paix.