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Activités étrangères dans l'Empire Listonien - Page 7

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Península de Sotavento ou Shibh Jazirat Alriyh, le gouverneur choisit l'Althalj



22/11/2006 Tifuzzel



L'irrédentisme Althaljir a déjà été critiqué outre-Althalj, mais il a toutefois permis de protéger les populations des Territoires Libres du Sahra' et de Leptis autrefois Aricienne.
Et à travers cette action, l'Althalj a ouvert ses frontières afin de permettre une nouvelle diversité d'origine et culturelle de s'installer au sein de notre nation des Monts, des Déserts et des Mers.

Voilà plusieurs semaines que le gouvernement local de la Península de Sotavento (Alth: Shibh Jazirat Alriyh, شبه جزيرة الريح), sous la bannière du Saint Empire Platan de Listonia, a demandé, sans validation officielle de la métropole Eurysienne, une aide directe à l'Althalj ; et ce afin de permettre à sa population, à ses localités et sa ville principale A Praia Do Café (Alth: Shati Alqahwa, شاطئ القهوة) de disposer des chances d'éviter un crash similaire à Leptis, il y a de cela, à peine une année.

C'est une situation extrêmement sensible à laquelle fait face l'Empereur de ce pays puissant Eurysien et qui semble se transformer en un effondrement économique, sociale et territorial.




Il serait judicieux de conter avant toutes choses, veuillez excuser la simplification journalistique, les évènements de cette année tonitruante du géant Listonien.

Listonia n'est pas Fortuna, mais il y a de nombreuses similarités.
Empire colonial qui voit son avènement à travers une force maritime et une soif d'exploration propre à ces contrées de l'Eurysie du Sud-Ouest, le Saint Empire Platan de Listonia a multiplié ses colonies sur l'ensemble du globe, formant avec la Sérénissime République de Fortuna, les nations où la lune ne disparait jamais. Du Nord de l'Aleucie, à l'ensemble des côtes de l'Afarée, au Nazum et au Paltoterra et même au Nord de l'Eurysie, le blason jaune et bleu aura tôt fait de faire partie du paysage international, et ce, depuis presque quatre siècles.
Il y a toutefois un revirement assez soudain ; la volonté d'accélération de la présence Listonienne sur la scène internationale aux environs de Septembre 2005. En effet, la crise avec le Jashuria aura sonné le carillon de cette nouvelle donne, cette volonté sans faille de préserver son Histoire, son territoire, sa fierté nationale et impériale.

Avec le réveil du Nazum du Sud Est, de l'Afarée, l'hégémonie et prospérité économique du Paltoterra et de l'Aleucie, l'Empire s'est senti acculé face au désarroi économique et sociale provoqué par l'instabilité constante et croissante de l'Eurysie.
Les peuples se réveillent et les politiciens regardent vers le passé, réfractaires à accepter qu'autrefois Listonia dictait et qu'aujourd'hui il faut dialoguer, négocier, écouter.

Petit aparté ; il n'est pas anormal que ce sentiment et cette réalité inéluctable touchent la majorité des puissances historiques d'Eurysie. Voir des pays du "tiers monde" supplanter les économies traditionnelles du vieux continent pourrait être considéré comme une insulte du fait d’un complexe de supériorité bien acquis aux nostalgiques amnésiques de l'Eurysie conquérante et prospère.

Est-ce que l'Empereur a souhaité ce revirement politique ? Celui d'une position défensive et avec quelques touches de paranoïas nationalistes ? Ou est-ce que les instances gouvernementales ont orchestré le tout, avec leur propre objectif caché, afin d'obtenir une radicalisation militaro nationaliste Impériale ? Quels desseins ? La nostalgie Listonienne est-elle le propre d'une aristocratie ou une volonté du peuple ?

Beaucoup de questions sans réponses, mais nous pouvons énumérer quelques chiffres ou faits afin de vous montrer la situation foudroyante que fut 2006 pour Listonia, 9e économie mondiale.

PIB de 691 milliards d’unités internationales
5% du PIB dédié au militaire, soit £36 milliards d'unités internationales.
Des contrats d'investissements massifs, difficilement quantifiables, des suites et en compensation de la "vente" d'Albigärk au Pharois Syndikaali.
L'Empire Listonien dispose de la 3e force navale et une force très bien équipée, d'équipements de pointe et adaptables à de nombreuses situations défensives, tout comme offensives.
De nombreux équipements, mais un potentiel entre 15,000 et 20,000 soldats déployables et déployés autour du globle.

Ce qu'il faut savoir c'est que Listonia partait d'une armée sous équipée en Septembre 2005. Et c'est à travers des milliards de Livres que le gouvernement de l'Empereur Philipe Ongro III a favorisé l'achat de ces équipements dans le but de se rassurer de l'obtention d'un moyen de pression universel afin de protéger son capital Impériale : montrer de gros muscles Listoniens.

D'ailleurs ce fut le cas avec la Starlie où la sémantique utilisée était certes la même, mais effectuait un tournant défensif vers l'offensif. Le Ministre des Affaires Etrangères Da Costa aura tôt fait de rappeler la supériorité militaire Listonienne.

Il y a toutefois des situations qui ont favorisé ce nouveau visage. En effet, la crise de Jadis restera sûrement le tournant dans l'approche diplomatique vis à vis du tempérament diplomatique Listonien. Des exercices militaires aéronavales Lofotèns et Jashuriens sans précédents ont pris place au large de ce havre sous la coupe Listonienne. Acculée, Listonia n'a pas réussi à rassurer, écouter les populations voisines et désamorcer des tensions exacerbées entre l'alliance des faucons démocrates et l'ancien régime Eurysien coloniale.

Et alors ?

Ainsi les décisions et l'opportunisme (le mot le plus utilisé dans la presse Althaljir) international auront tôt fait d'enraciner le sentiment d'abandon et de faiblesse du pouvoir Listonien Impérial.
L'Empereur lui-même s'est adressé à la nation sur divers sujets afin de montrer que Listonia restait forte, chose extrêmement rare et... un aveu d'une situation critique.
(Nul besoin de mentionner le rapprochement avec d'autres pays radicaux, car ceux-ci restent secrets.)

Si nous revenons au sentiment défensif, nationaliste et réactionnaire du gouvernement Listonien, la crise migratoire des Courageux n'a guère aidé les populations Listoniennes outre-métropole. Elles se sont retrouvées face à des décisions fortes sur l'immigration, engendrant amalgames et préjudices vis à vis de ses citoyens aux origines multiples.

De ce fait, nous arrivons à une situation où la métropole est accablée par une pression économique tournée vers la production et l'achat de matériels et équipements militaires plutôt que le soutien aux économies locales et au social standard en Eurysie. 5% du PIB dédié à la production militaire, mais en prenant en compte les achats d'équipements, nous pourrions estimer que plus de 10% passent chaque année dans le militaire au global.
Une croissance forte, une population qui se sent délaissée et ne comprend pas les discours du gouvernement sur un repli nationaliste...
L'Empire se délite.


Le Shibh Jazirat Alriyh ne fait pas exception et exige la survie.
Les rumeurs mentionnent un rapprochement avec Fortuna et son territoire local de Lacrima di Perla, du fait d'un voisinage culturel, mais la grosse majorité de la population n'est pas... Eurysienne Listonienne d'origine. Donc se pose le dilemme du gouverneur du Shibh Jazirat Alriyh : Rester loyal et jusqu'au bout avec l'Empereur, faire appel à la République Sérénissime de Fortuna ou demander à l'Althalj une aide, Ilâh est bienveillante.






"L'Empereur est choisi par Dieu Lui-même", Listonia doit être forte dans cette épreuve. Non pas pour tenir son empire et son capital historique, mais parce que des milliers de citoyens vont subir les affres d'un délitement, une incertitude sur l'avenir. Le pire est peut-être à venir. La vie de gens est en jeu, les politiciens l’oublient et laissent le mécontentement s’installer au point de non-retour.
Les territoires outre-métropole sont donc nombreux à réclamer leur autonomie… leur indépendance ou leur rattachement aux voisins plus « proches », plus fraternels.

En ce jour, la Qari Ijja Shenna ne souhaite pas se prononcer sur cette situation et le territoire Listonien au Nord-Ouest de l’Althalj, toutefois les Forces du Matriarcat Ilâhmique ont d'ores et déjà convoyé une centaine de transports et camions vers Shibh Jazirat Alriyh. Il semblerait que la préoccupation principale soit de subvenir aux besoins essentiels de la population locale si le système venait à flancher.
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Ils s'étaient organisés toute la semaine, avec différents niveaux de prudence. Il fallait dire les choses comme elles étaient : l'empire, en tant que tel, n'existait déjà plus que dans l'esprit de quelques-uns et les accords internationaux qui persistaient à établir son existence légale n'étaient jamais que les derniers échos d'un chant du cygne depuis longtemps poussé.

Maintenant, restait le problème persistant de la rémanence, comme l'appelaient déjà les Kah-tanais. C'était un vieux phénomène, clairement établit dans leur histoire politique et dans la conséquente théorie qui l'accompagnait. Rémanence désignait, dans leur bouche et dans ce contexte, l'ensemble des activités, structures et agents assurant la survivance d'un mouvement politique dont le moteur s'est depuis longtemps éteint. L'administration coloniale était comme une voiture glissant sur du verglas malgré l'arrêt de son monteur. Quoi qu'un tel véhicule finissait ou par s'arrêter, ou pas rencontrer un obstacle. La rémanence, si on la laissait faire, pouvait continuer longtemps. Presque indéfiniment, en fait. Et le mur que l'on risquait de rencontrer, enfin, serait celui d'une population diablement mécontente. Une émeute, et du sang.

C'était bien ce qu'on voulait éviter. Mais on ne pouvait pas éviter l'indépendance. De toute façon elle était souhaitable. Donc, il fallait éviter que celle-là se fasse de façon violente, et pour se faire les solutions étaient d'autant plus limitées qu'il fallait, dans un premier temps au moins, limiter l'intervention directe de l'Union dont les postures anti-coloniales, par ailleurs bien connues à travers le monde, risquaient d'attiser la jalousie de quelques nations hypocrites dont on avait déjà bien vu l'action dans la récente actualité, notamment au Yuhanaca où ces désormais grands partisans de l'indépendance et de la fin des empires venaient solidifier la structure d'une administration pas moins pourrissante que celle de la Listonie. Cela n'avait échappé à personne, surtout pas parmi les populations autochtones, et c'était déjà ça de pris. Il était simple t'attiser la haine légitime pour ces impérialistes d'un nouveau genre, à peine plus subtile, dont l'inconstance et la politique de posture ne trompait que les naïfs et n'échappait jamais à l'examen minutieux des faits. Tout de même, cela posait un vrai problème en ça que les officiers formateurs de l'Union, installés dans leurs casernes, leurs écoles et leurs campements, avaient des moyens excessivement limités pour arriver à leur fin, et ce malgré le soutien toujours discret mais toujours indispensable d'un Comité de Volonté publique devenu expert dans l'art d'agir secrètement et d'étendre ses nombreux moyens par le biais d'agents souvent insoupçonnables. C'était, comme avait pris l'habitude de le dire Katrin Mosse, l'avantage de l'internationalisme. Il ne connaissait ni frontière, ni culture, ni ethnie. Les amis de la cause – indépendantiste dans le cas présent – étaient d'origines, d'idées et de croyances variées. La lutte n'avait pas de couleur, pas d'identité, mais un objectif. Un idéal. Il était d'ailleurs surprenant de voir comme même en dehors des frontières de l'Union, le Kah – en parlant ici de l'idéologie, et non pas du pays qui doit toujours s'appeler Grand Kah – avait su trouver ses adeptes. Ses positions libertaires, empathiques et optimistes avaient attirés un large éventail de personnalité, des grands déçus du socialisme aux désemparés du centrisme. Quelques nationalistes, aussi, qui jugeaient curieusement le modèle confédéral souhaitable. Peut-être avaient-ils bien compris qu'un pays seul ne pouvait plus rien dans ce monde moderne et impérialiste, et qu'une liberté liée à celle d'autres territoires souverains valait mieux qu'une liberté totale mais incertaine, sous caution, soumise au bon vouloir de puissances régionales. C'était aussi ce qu'expliquait Katrin Mosse. Avec ses airs de jeunes homme propre sur lui il ne faisait pas exactement figure type de jeune indépendantiste. Ou de jeune officier pour ce que ça valait. Il était venu en Eurisie pour former des hommes et femmes de l'armée Listoniennes aux pratiques militaires de la Garde Kah-tanaise et avait, par la force de ses convictions, de son propre apprentissage et d'une réelle curiosité pour la culture locale, changé l'essaie en formation politique. Maintenant, enfin, la situation imposait d'être un peu plus actif et direct dans ses démarches. Il ne faisait aucun doute que bientôt l'on acterait le redécoupage de l'empire. Et puisque ni lui ni ses élèves ni personne, vraiment, ne souhaitait qu'un empire en succède à un autre, il fallait bien offrir à ces futurs territoires souverains les gages qu'ils demandaient.

Ainsi donc, ils s'étaient organisés toute la semaine, avec différents niveaux de prudence. Les officiers parlaient à leurs hommes qui parlaient aux autres hommes. On établissait des listes. Ami de l'indépendance. Potentiel ami. Ennemi. C'était toujours comme ça. Il en allait des guerres d'invasion comme de libération : il fallait des listes. Toujours et encore des listes. Des séries de nom et de photo que l'on pouvait classer et cataloguer, dont on suivait le déplacement, établissait l'emploi du temps. Il était important d'être en mesure de défendre les potentielles cibles des nationalistes, et éliminer les dits nationalistes. Il fallait pouvoir faire pression sur les bonnes personnes au bon moment et assurer par ailleurs qu'on ne fasse pas pression sur les mauvaises. C'était un jeu complique et qui pouvait s'avérer vain dans le cas de figure ou rien de violent n'avait lieu. Enfin il ne fallait pas être naïf, l'empire Listonien comptait e son sein plus de nationalistes que la Francisquie elle-même. La diplomatie du régime lusophone en était la preuve la plus éclatante. Ainsi il ne faisait aucun doute pour personne qu'il y aurait nécessairement quelques tueries. Des fonctionnaires de police et de gendarmerie, des soldats dont on connaissait déjà les penchants, des exaltés, des mercenaires payés par les riches propriétaires exploitants la situation coloniale… Tout un paquet hétéroclite d'individus rassemblés dans un même but : maintenir coûte que coûte l'existence impériale. De fait, il faudrait les neutraliser d'une façon ou d'une autre, et les jeunes officiers – comme les surnommaient amicalement leurs partisans – y réfléchissaient dors-et-déjà, incluant par souci de transparence des représentants des mouvements civils dans leurs nombreuses réunions. Mosse avait été très clair là-dessus : on ne préparait pas la création d'une junte, mais d'une Garde sur modèle Kah-tanais. Ce que cela signifiait, ses élèves le savaient maintenant, c'était une armée pour et par le peuple, soumise à son autorité. Mieux fallait donc établir dès maintenant une relation de confiance avec ceux que le peuple considérait déjà largement comme ses représentants légitimes, si officieux du point de vue de l'administration et de la légalité précaire de l'empire.

« J'ai de bonnes nouvelles ! »

Tous se retournèrent vers l'origine de la remarque. Herald Kronn, un officier issu de la population local. Grand homme, rasé de près, qui avait des airs de vieux bûcheron abîmé par le climat avec ses nombreuses rides précocement apparues sur son visage suite à de trop longues expositions au soleil. Il venait de passer la porte de la salle de réunion, amenant dans son sillage un courant d'air frai : on ne chauffait plus vraiment les bâtiments officiels, il commençait à y avoir de sévères pénuries qui n'étaient pas toutes liées aux grèves. Il approcha de la table où se trouvaient les autres officiers et représentants indépendantistes. Des cartes sur lesquelles on avait placé des post-it et des pions colorés y étaient étendues. Elles représentaient clairement les rues d'une ville. Herald indique une artère principale et une structure rectangulaire.

« Les types de la troisième caserne de gendarmerie sont avec nous.
– Vraiment ? » La question venait d'une femme. Il n'y avait pas ou très peu de femme officière dans l'empire. Celle-là, Ilse Sovbörnn, avait été promue par ses pairs aux débuts des troubles. Pas tant pour faire passer un message politique que parce qu'elle était réellement convaincante dans un rôle de leaders Accessoirement, elle s'était illustrée dans cette première élection d’officiers par son assimilation parfaite des théories indépendantistes kah-tanaise. Sans être idéologue ou convaincue par les thèses libertariennes, elle savait maintenant comment mener une guérilla. Herald acquiesça.
« Ils m'ont donné de bonnes garanties, et je leur fais confiance.
– Les gendarmes sont pas connus pour leur indépendantisme.
– La troisième c'est différent. Ce sont uniquement des locaux.
– Et ?
– Et... » Il se pencha un peu en avant, avec un sourire moqueur. « Les rumeurs qui disaient qu'ils étaint tous communistes ? »

Il se redressa sans rien ajouter sinon un clin d’œil qui fit soupirer sa collègue et rire quelques-uns des membres de l’assistance. Malgré le froid qui forçait tous les personnes présente à conserver leurs manteaux, l'ambiance était joyeuse. L'excitation de la révolte à venir animait les cœurs d'une étrange énergie. Celle d'une étrange union sacrée qui faisaient s’asseoir à une même table contestataires, socialistes, nationalistes convaincus, conservateurs inquiets et kah-tanais de nation ou d'idées. Ilse renifla et indiqua la carte.

« Bon ça nous fait quinze à vingt hommes de plus. Et deux camions. C'est ça ?
– Oui.
– Armés ?
– Oui !
– Jusqu’où ils iraient ? »

Il y eut un temps de latence.

« Le mieux ce serait de les déployer pour bloquer des rues. Potentiellement pour rediriger les gendarmes loyalistes dans de mauvaises directions quand les évènements commenceront.
– Oui, oui... »

Elle sembla réfléchir, levant les yeux du plan pour capter les collègues de ses pairs. Katrin Mosse, l'officier formateur Kah-tanais, haussa un peu les épaules.

« Nous avons ce qu'il nous faut pour procéder. À ce stade je ne vois pas encore ce qui pourrait mal se passer.
– Le risque c'est que l'Empire Intervienne.
– Peu probable.
– Mais s'ils le font ? »

La question venait d'un des leaders de la société civile. Katrin pencha la tête sur le côté, puis se leva, croisant les bras.

« Messieurs-dames, je vous ai déjà promis que l'Union ne laisserait pas de massacre avoir lieu.
– Et si quelqu'un vient nous défendre avant elle ?
– Expliquez-vous. »

Il y eut un moment de silence.

« J'ai entendu dire…
– Parlez librement.
– Très bien. Le grand Kah a des amitiés qui ne nous plaisent pas nécessairement, ici.
– Continuez ?
– Les Pharois. Nous ne voulons pas quitter l'Empire pour devenir les receleurs de pirates alcooliques et sanguinaires.
– Vous pensez à Kotios.
– Pas que. »

Mosse dû juger la question pertinente, car il prit plus de temps que d'habitude pour formuler une réponse, choissant soigneusement ses mots.

« Je ne vais pas vous dire qu'on peut dissocier le Pharois et ses pirates, bien que ce soit la ligne officielle de leur gouvernement et que l'Union n'ait pas statuée à ce sujet… »

Ilse tapota la table du bout de ses doigts.

– Vous, Katrin, à titre personnel, qu'est-ce que vous en pensez ?
– Je déteste les pirates. Et ils n'ont rien à faire dans une société saine. Et ce que nous préparons pour votre territoire c'est un avenir de société saine. 
– Alors ?
– Je vais faire part de vos inquiétudes à l'Union. Je ne sais pas s'ils pourront vous donner plus de garanties qu'ils ne l'ont déjà fait, mais dans tous les cas vous aurez notre protection et notre soutien économique. Ce territoire ne sera pas libéré de l'Empire pour aussitôt tomber entre les mains d'autres oppresseurs, fussent-ils ultra-capitalistes ou trafiquants de drogues. »

Cette fois personne ne trouva rien à redire. L'officier formateur se rassit à la table et indiqua le plan d'une main.

« Donc, concernant la répartition des tâches... »
4027
Trabajador

28 novembre 2006 - Perte de souveraineté listonienne, quand les anarchistes deviennent spoliateurs.


Acquisition de navires de guerre pharois contre possessions territoriales listoniennes.
Transaction en cours : territoire souverain contre navires de guerre.


Confrontés aux principaux défis de cette décennie, les territoires coloniaux listoniens doivent redéfinir leurs enjeux de souveraineté, face à un Empire qui par sa morcellisation outrancière, annonce une véritable mort programmée. Ils sont nombreux les territoires ultramarins de l’Empire listonien qui aujourd’hui réclament leur indépendance. De l’Aleucie à l’Afarée, en passant par la Paltoterra, ce sont pas moins de six provinces qui veulent aujourd’hui prendre les devants et quitter le navire impérial, avant que celui-ci ne brade ses possessions contre un peu plus de canons.

“C’est un paradoxe, l’Empire listonien a monnayé des possessions territoriales d’outre-mer contre des navires de guerre destinés à défendre sa souveraineté et derrière elle, la pérennité de l’Empire, pour finalement s’apercevoir que c’est par cette même action que les régions impériales se divisent et menacent aujourd’hui de faire cavalière seule” explique avec une certaine ironie la politologue heenylthaine Felicity Edminston “finalement, le Syndikaali Pharois ne perdrait pas au change, il y aura quoiqu’il advienne toujours un peu plus d’anarchie sur ces territoires…”

Plusieurs cultures, plusieurs histoires mais désormais une volonté commune à ces territoires : tout changer pour que tout reste comme avant. Un autre paradoxe qui traduit en réalité la crainte de voir une succession de transactions commerciales désavantageuses, déposséder le patrimoine de ces régions ultramarines qui ont déjà tant donné pour appartenir à l’Empire. Aujourd’hui, l’heure n’est plus à la concession et les dernières passations territoriales entre l’autorité impériale et pharoise ont un goût amer. D’autant plus qu’avant elles, une autre région ultramarine listonienne avait retrouvé son statut indépendant, Albigark.

Par ses actions, l’Empire listonien a démontré qu’il faisait peu de cas de sa souveraineté dans les territoires d’outre-mer, puisqu’il échangeait celle-ci contre des navires de guerre qui ne garantissent en rien la sécurité et plus important encore, la prospérité, des territoires coloniaux listoniens.

En effet, la politique de militarisation développée par l’Empire listonien, a été de nature à envenimer les relations internationales qu’il entretenait avec le Segren, le Lofoten et bien évidemment, le Jashuria. Cette dégradation des relations diplomatiques a conduit au retrait de certains investissements étrangers des territoires impériaux ainsi qu’à l’interdiction en douane de certaines productions listoniennes dans ces territoires. Une perte sèche, généralement subie par les territoires ultramarins, du fait de la politique étrangère musclée développée par la métropole.

“La réalité est celle-ci, l’Empire listonien pourrait avoir les moyens d’entretenir et de développer les tissus économiques, industriels de ses provinces ultramarines, mais la priorité est ailleurs, elle est en métropole, si bien que la contrepartie souvent avancée par les autorités impériales en vue de conclure une négociation, c’est la cession territoriale d’une région d’outre-mer” tranche sans ambiguité l’experte.

L’autonomie des territoires ultramarins apparaît dès lors comme une affaire de survie avant toute autre chose. Un sujet sérieux, traité sérieusement par les populations locales, qui s’organisent et se mobilisent pour revendiquer une indépendance de leurs territoires qu’elles estiment menacés. Manifestations, formations politiques, militantismes armés? Assisterons-nous à un basculement de l’ordre établi au sein des provinces ultramarines listoniennes? La Fédération d’Alguarena semble en tout cas avoir accepté l’idée d’un tel scénario, en affichant son soutien aux mouvements indépendantistes locaux, de crainte que l’absence de reconnaissance internationale n’invite l’autorité impériale à réprimer durement ce que l’autorité fédérale considère déjà comme une requête légitime. Après la présidence fédérale, d’autres partis ont commenté la situation des régions listoniennes en outre-mer, qualifiant même les décisions de l’autorité impériale sans retenue, comme appartenant à l’organisation “d’une traite humaine”, à l’instar des propos rapportés par des élus de la Ligue des Souverainistes.
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La Démocratie

Le premier journal francophone de la République
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Jadida : un avenir prometteur en entraide avec le Banairah

Récolte annuelle à Jadida.
Jadida possède de vastes terres arables qui associées à une gestion plus efficace pourrait fournir la province ainsi qu'une grande partie de la population banairaise.

Depuis quelques semaines déjà, la colère gronde à Jadida. Celle d'hommes et de femmes à qui on a refusé un avenir paisible et heureux sous prétexte de défense d'intérêts contre des menaces fantômes toujours plus fantaisistes. Qu'ils soient d'adoption ou de souche, pauvres ou aisés, artisans, ouvriers, pêcheurs ou commerçants, les habitants de Jadida se regroupent aujourd'hui, unis contre le despotisme d'une capitale qui ne leur a jamais été aussi lointaine. Forts d'une organisation bien huilée et d'une dévotion grandissante à la cause indépendantiste, ils tiennent semaine après semaine les institutions locales en otage. Mais si certains fonctionnaires ont fini par rejoindre le mouvement, définitivement persuadé que leurs intérêts se trouvent du côté de l'autonomie plutôt que de celui de la soumission, d'autres sont soupçonnés de conserver leur allégance à la couronne, une situation qui incite les révolutionnaires à se préparer au pire. L'instabilité croissante de la province a ainsi convaincu différentes ONG à dépêcher des équipes en prévision : peu importe la suite des événements, les Jadidiens seront assistés. Équipes médicales, rations et matériel de réparation ont été envoyées hier et ce matin, avec le soutien du gouvernement banairais. 《Nous devons soutenir nos frères tasmates》 peut-on lire sur ActionJadida.bnh, un forum formé il y a 3 jours et rassemblant des centaines de blogeurs et blogeuses banairais. Aucun doute, l'approbation de la société civile incitera le gouvernement à continuer à s'engager pour la province, malgré la menace ténue mais dangereuse d'une intervention armée de l'Empire Listonien contre les indépendantistes. 《Il faut appuyer les revendications tasmates, le règne listonien a assez duré !》peut-on lire sur les forums de discussion. À Abunaj, la position politique du Banairah est en préparation mais l'option de déploiement est hors de question : une telle action, en plus d'être perçue comme une intervention belliciste, ferait probablement dégénérer la situation et pousserait l'Empire à commettre l'irréparable.

Au delà de la situation actuelle néanmoins, on peut aperçevoir un avenir plus serein, du moins dans l'hypothèse d'un retour au calme des tensions sociales locales. En effet, Jadida est une province dépendante de ses partenaires étrangers de la région en matière d'équipements médicaux, de construction ou plus simplements de matières transformées en général. Obligée de nouer des partenariats, celle-ci gagnerait beaucoup à se rapprocher du Banairah, puissance régionale et 2ème puissance afaréenne. Connu pour ses engins de chantier performants et son secteur pharmaceutique en bonne santé, le Banairah s'élance désormais dans la course à l'innovation informatique. D'ici un an, le pays pourra se doter de drônes de reconnaissance facilitant la gestion écologique et économiquement profitable de ses exploitations agricoles, surveillant les sites industriels dangereux ou les frontières sujettes à la contrebande. Basant sa croissance économique sur l'exportation de produits à haute valeur ajoutée, la République Directe démontre ainsi sa capacité à fournir la province insulaire en matériel et consommables compétitifs. À l'inverse, celle-ci aurait un intérêt à importer des fruits, légumes et surtout céréales qui poussent bien plus aisément en ces latitudes plus clémentes. Blé, sorgho, épautre, thé, pommes de terre, fèves...autant de produits difficiles à obtenir sans l'expertise des ingénieurs qui s'évertuent depuis des années à agrandir la surface cultivable du pays. Un partenariat donnant-donnant serait à l'évidence plus que souhaitable, et présenterait l'avantage de la proximité historique et culturelle, premièrement pour des raisons linguistiques. En effet, la langue tasmate est proche de l'arabe (et donc du tehak), et plus de 60% de la population parle cette langue. Deuxièmement, pour des raisons culturelles. En plus de compter parmi elle une petite diaspora banairaise, la population jadidienne partage de nombreuses traditions avec les Banairais de Destanh, traditions présentant des ressemblances avec certaines du continent : rapport à la famille, cuisine ou encore philosophie de vie se rapprochent et se complètent. Troisièmement, un partenariat jadido-banairais ouvrirait les négociations dans d'autres domaines. La défense de la province pourrait être assurée par la marine nationale banairaise patrouillant déjà dans les eaux de la mer des Bohrins dans le cadre de la protection des convois commerciaux. La reconnaissance d'un régime démocratique à Jadida par Abunaj lui donnerait une légitimité et concrétiserait définitivement l'amitié liant ces deux peuples, et encore d'autres champs nous sont accessibles.

Mais quelle forme prendrait ce partenariat ? Si une alliance étatique serait peut-être le plus idéal sur le papier, la réalité est différente et tend plutôt vers un partenariat interne entre le Banairah et Jadida qui deviendrait une région autonome. Si cette solution ne satisferait probablement pas l'ensemble du mouvement indépendantiste, elle présente l'avantage d'assurer une plus grande stabilité à la région en protégeant mieux la province autonome de toute ingérence étrangère en venant donner un poids supplémentaire aux accords. Cependant, rien n'est encore acté même si l'on note une opinion largement favorable à l'intervention banairaise. La solution, il est sûr, sera trouvée en discutant avec les représentants du mouvement.

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Commission aux Opérations de Renseignement et d'Investigation Adjointe au Centre de l'Espionnage (C.O.R.I.A.C.E.) a écrit :


ORDRE DE MISSION : OPÉRATION VENT DE SABLE


Agents sollicités : Jaune-Azur, Violet des Tropiques, Rond Carré, Droite Courbe et Langue de Pois.

Objectif : Infiltrer le réseau indépendantiste jadidien et les institutions listoniennes et veiller au rapprochement de Jadida et du Banairah. Démasquer les éventuels perturbateurs extérieurs, possiblement présents sous la forme d'agents secrets étrangers ou de services de contre-espionnage listoniens.

Durée : indéterminée.

Matériel disponible : habituel.
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Au large, l'ombre des léviathans

https://www.zupimages.net/up/22/08/o4pp.jpg



Les mains croisées dans le dos, tournant le dos au salon, le capitaine Esa regardait silencieusement à travers les carreaux de la fenêtre. D’ici, depuis le troisième étage de l’hôtel de ville, on pouvait apercevoir un bout des deux frégates Pharoises qui mouillaient au large et dont les plateformes supérieures dépassaient au-dessus des toitures orangées de Port-Listonie.

Assis dans un imposant canapé couleur crème, un homme tout aussi imposant remplissait pour la sixième fois de l’après-midi deux tasses de thé en porcelaine listonienne – un cadeau, avait-il expliqué, pour sa réélection. Edmundo Estrela occupait le siège de maire de Port-Listonie depuis maintenant plus de vingt années consécutives durant lesquelles une gestion habile et prudente des affaires courantes était parvenue, par son pragmatisme, à balayer les espoirs de ses concurrents de le voir quitter ses fonctions autrement que les pieds devant.

Edmundo : « J’entends parfaitement vos arguments, monsieur Esa, reste qu’ils ne me convainquent toujours pas. A vrai dire, j’ai toujours cette désagréable impression que vous autres me prenez pour un lapin de trois semaines, dans toute cette histoire. »

Port-Listonie était la dernière colonie listonienne du Détroit et alors que soufflait sur l’Empire entré en décadence un vent de fin du monde, il n’était pas certain que le terme de « colonie » ait encore beaucoup de sens d’ici les prochains mois. Par la force des choses, si la métropole s’effondrait, Port-Listonie deviendrait indépendante, si ce n’est dans la loi au moins dans les faits et lui, Edmundo Estrela, pourrait bien passer du simple statut de maire à celui de chef d’Etat.

Il en avait la carrure, il en avait l’ambition, et les Pharois le savaient. Reste qu’ayant vécu plus des deux tiers de sa vie dans le Détroit, il en avait vu passer, des pirates, des aventuriers, et même des agents secrets du Syndikaali. Toute la racaille libertaire et anarchiste qui grouillait sous ses fenêtres et parfois jusque dans son cabinet. On avait essayé de le charmer, de négocier, d’infiltrer ses équipes, de passer par sa femme et même par ses enfants, rien n'y avait fait. Le vieux Listonien connaissait toutes les ruses et n'allait pas se laisser impressionner par quelques bien peu subtiles démonstrations de force.
Si le Pharois était la mer, parfois calme et placide, parfois furieuse et déchaînée, Edmundo Estrela, lui, était un roc. La falaise imperturbable sur laquelle s’écrasent les vagues avec fracas.

N’empêche qu’à terme, même les falaises s’effondrent à l’usure.

Le Capitaine Esa se détourna de la fenêtre. Il était contrarié, les négociations trainaient en longueur, et il détestait le thé listonien. Cela faisait une semaine que le Doyen Makku avait commandé à la marine militaire du Syndikaali de s’avancer dans le Détroit pour en surveiller l’embouchure et mouiller dans les aux de Port-Listonie, dont il avait techniquement pour mandat de les défendre. Un prétexte merveilleux pour venir stationner plusieurs bâtiments de guerre sous le nez de la ville et de ses habitants apeurés. Les plus farouches y verraient une menace, les plus naïfs une garantie de protection, et ni les uns ni les autres n’auraient tort tout à fait.

Restait que cela faisait également presque autant de temps que le Capitaine Esa se rendait chaque jour à l’hôtel de ville où il hantait les anti-chambres entre deux réunions avec les membres du cabinet municipal et les entretiens privées avec Edmundo Estrela. Et rien n’avançait. L’édile était têtu comme une mulle et avait le nez fin, comprenant suffisamment bien les enjeux de la situation pour savoir que tant que Port-Listonie ne manquerait pas de produits de premières nécessité, il n’avait aucune raison de céder quoi que ce soit au Syndikaali. Or ils n’étaient pas à Jadis, ici, la ville comptait près d’un demi-million d’habitants pour la moitié de marins et de travailleurs et se trouvait à l’entrée du Détroit, l’une des principales routes commerciales du monde. La pénurie n’était pas pour demain.

De plus, si le Syndikaali s’amusait à tenter quoi que ce soit par la force, le scandale serait immédiat aux yeux de la communauté internationale et Edmundo Estrela savait qu’il suffisait d’envoyer une seule lettre au Walserreich pour très sérieusement compliquer les ambitions pharoises. Il n’était même pas besoin de mentionner cette éventualité, la simple évocation de ses « amis germaniques » lors de sa deuxième visite avait suffit à remettre les pendules à l’heure et rappelé à cet Esa qu’on n’allait pas l’impressionner avec deux ou trois bâtiments de guerre.

Pour autant, Estrela ne se faisait pas non plus d’illusions sur la précarité de sa situation. En donnant mandat au Syndikaali pour défendre ses possessions dans le Détroit, la Listonie avait fait entrer le renard dans le poulailler. Pour le moment les Pharois étaient encore disposés à discuter mais si, voyant les choses se compliquer, ils venaient à perdre patience, il leur serait d’une simplicité enfantine que de provoquer des troubles civiles pour prétexter une opération de maintien de l’ordre… et prendre le contrôle de la ville. Estrela ne possédait qu’une petite police municipale dépourvus de grands effectifs, s’il ne pouvait plus compter sur les casernes de CRS et gendarmes mobiles en cas d’émeute il n’aurait plus aucun argument pour refuser une intervention des garde-côtes pharois.

Ainsi, pour le moment chacun se regardait un peu en chien de faïence, jaugeant son adversaire et ses forces et tentant de négocier un arrangement qui serait profitable aux deux camps.

Le problème, c’était qu’ils n’étaient pas foutus de se mettre d’accord.

Le maire porta sa tasse fumante à ses lèvres et souffla délicatement dessus, ridant la surface ambrée du liquide.

Edmundo : « Quitte à me répéter, capitaine, je ne veux pas de votre régime bâtard de Port Libre. Vous avez beau mettre « libre » derrière, cela n’en fait pas moins vos dominions. Peu me chaut que vous m’accordiez le contrôle de ma politique douanière, si je dois me plier derrière à toutes vos lois je ne vais pas accepter une arnaque pareille. »

Esa : « Il s’agit pourtant d’un statut bien plus avantageux que celui que vous offre la Listonie actuellement. »

Edmundo : « Et vous savez très bien que vu comment les choses se profilent, elle ne va plus me l’offrir longtemps. Le Syndikaali s’est engagé à garantir la sécurité de Port-Listonie, je ne vois vraiment pas ce que vous attendez exactement de plus. Nous discutons presque tous les jours et vous passez plus de temps dans mon bureau que je ne le fais moi-même, vous faut-il aussi que je vous garde une place dans mon lit pour vous convaincre que nous entretenons déjà des relations privilégiées ? »

Esa : « Vous savez bien que cette situation est intenable. Si l’Empire vient à s’effondrer vous ne pourrez pas éternellement rester dans un entre-deux juridique, ce sera l’indépendance ou le rattachement, et si vous déclarez votre indépendance, plus rien ne nous engage vis-à-vis de vous. »

Edmundo : « Oh il y a certainement d’autres pays qui seront prêts à nous accorder leur protection, vous savez… »

Le capitaine Pharois lui adressa un regard torve avant de se décider à s’asseoir en face du maire.

Esa : « Ne jouez pas à ce jeu-là avec nous, Estrela. Vous savez pertinemment qu’un conflit dans le Détroit signerait votre ruine et celle de Port-Listonie, quel que soit le vainqueur. Si vous mettez le feu à la région, vous serez le premier consumé. »

Edmundo : « Ca, c’est vous qui le dites. Je pourrai également très bien faire un appel aux protecteurs, comme vos amis de la Fraternité l’ont fait à Kotios. Les serments de protection s’accumuleront et même le Syndikaali ne peut engager la guerre au reste du monde pour notre petite ville. »

Esa : « Aucune autre nation ne vous proposera des conditions et un niveau d’autonomie aussi avantageux que le Pharois, vous le savez pertinemment Estrela. La Libre Association porte bien son nom, vous ne seriez ni le premier, ni le dernier territoire à rejoindre volontairement le Syndikaali, et pour notre plus grand intérêt commun… »

Edmundo : « Vu ce que vous me proposez pour le moment, permettez moi d’en douter capitaine. J’ai bien l’impression d’y laisser la moitié de mes plumes dans cette affaire, tandis que vous en tirez prestige et bénéfice. »

Esa : « Abordons la question différemment dans ce cas. Que souhaitez-vous, Estrela ? Que souhaitez vous que le Syndikaali puisse vous offrir ? »

Pour la première fois depuis plusieurs jours de négociations, une lueur d’intérêt sembla véritablement s’allumer dans le fond de l’œil du maire. Mais mis à part cet éphémère témoignage d’excitation, il se contenta de hausser les épaules, tout en portant tranquillement son thé à sa bouche.

Edmundo : « Je ne sais pas encore. Je vais y réfléchir. Revenez demain capitaine, ou plutôt, après demain, j’aurai peut-être eu une idée pendant mon sommeil. »
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Doucement et prestement



30/11/2006 Shati Alqahwa


Voilà une semaine que les camions Althaljirs ont été reçu au sein du Shibh Jazirat Alriyh.
Vivres et médicaments ont immédiatement été stockés dans des entrepôts à l'extérieure de la ville de Shati Alqahwa, la ville principale de cette province, ce territoire au Nord Ouest de l'Althalj. Le gouverneur Paolo o Prefeito a fait un remerciement publique dans un discours qui en dit long sur les suites envisagées.



"... il n'y a guère de sujet de loyauté aujourd'hui, il y a un sujet de responsabilité.
Lorsque j'ai été élu par mes pairs, c'est pour vêtir la cape de gouverneur du quotidien, la cape du gouverneur pour les petits maux,
Mais aussi et il ne faudra pas l'oublier, la cape du gouverneur des jours difficiles et les choix qui nous incombent aujourd'hui.
Face aux citoyens de la Península de Sotavento, je ne me trouve pas dos au mur. Je suis avec vous, et pour vous,
Dans la sauvegarde de notre province, et dans le questionnement légitime de la suite Impériale.

Je ferai preuve de candeur.
Notre Empereur ne s'est pas encore adressé à la nation et pourtant le Palais Rose ne tient plus rien.
Vous êtes au courant que les navires en provenance de la métropole ne sont pas partis de Listonia depuis voici plusieurs semaines,
Et j'ai donc fait appel aux voisins afin de palier à tout effondrement total qui pourrait... qui va se produire.
Soyons réalistes et honnêtes, si l'Empire se désagrège, notre peine et la blessure sera longue à se résorber,
Néanmoins la majorité de la population de la Península de Sotavento a toujours été membre de l'opposition au gouvernement,
Des faits d'inégalités, économiques et sociales, de la prise en considération de notre culture et de nos demandes exceptionnelles ou récurrentes,
Afin de subvenir aux besoins Afaréens.

Sommes-nous Listonien ? Oui.
Sommes-nous Afaréen ? Oui.
Le premier est notre identité, le deuxième est notre fierté.

Je vais communiquer en toute transparence avec la Sérénissime République de Fortuna et avec les Tamurt n Althalj afin d'espérer que notre futur et ceux de nos enfants soient entre de bonnes mains.

J'attends de vous, tous et toutes, la plus haute retenue et mansuétude dans ce processus extrêmement difficile.

La Península de Sotavento ne sera pas un autre Leptis et survivra à l'échec Eurysien."


Des manifestations et contre manifestatons pacifiques ont pris place au sein de la ville de Shati Alqahwa. La Maktaba a laissé glisser pour la première fois depuis deux semaines la possibilité d'une intervention politique et économique majeure au sein du Shibh Jazirat Alriyh, sans donner plus amples détails.

A noter, un évènement exceptionnel, que nous, Althaljirs, apprécions le coeur pincé : la manifestation de plusieurs milliers de femmes dans les rues de Shati Alqahwa afin de demander une aide plus importante et officielle de l'Althalj. Sans accrocs, cette manifestation est une première tant culturellement que politiquement outre-Althalj.

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Le Levant
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Jadida : l'opposition investit l'espace urbain

Stop !

Non à l'oppression ! peut-on lire sur un stop dans une rue de Jadida, capitale de la province coloniale listonienne du même nom.

Alors que le mouvement indépendantiste de Jadida monte en puissance jour après jour, les graphistes et artistes improvisés utilisent leur paysage quotidien comme outil de communication pour leur cause. Panneaux de signalisation (cf ci-dessus), murs aveugles et trottoirs prennent vie et joignent leurs voix à celle d'une communauté délaissée depuis longtemps par une métropole inconsciente des problématiques de ses sujets.

"Liberté", "Prenons notre destin en main", "Non à Listonia"...tant de messages courts et percutants peuplant les rues de Jadida, principale ville de la province éponyme, majoritairement rurale. Comme si la liberté était en quelque-sorte déjà à portée de mains, dérobée à l'occasion d'une œuvre murale. Une liberté incertaine, dans l'ombre d'une intervention listonienne sur un territoire qui comme les autres en outremer, glisse entre les mains d'une couronne de plus en plus instable. Une liberté en l'absence de véritable protecteur à même de protéger la province de Jadida : si Listonia n'a connu que des échecs diplomatiques, son arsenal militaire reste efficace pour refroidir quiconque tente de se mettre en travers de son chemin, chose que même les armées jashuriennes et lofotènes, ayant organisé ces derniers mois des manœuvres militaires aux côtes de Jadis, pourront convenir. L'armée listonienne est forte, et sous les commandes d'un pouvoir ultra-nationaliste aux réactions brusques, alors contre l'angoisse de représentailles, les locaux s'expriment.

Non à Listonia, auteur inconnu, capitale provinciale de Jadida.

Non à Listonia ! martèle un enfant dans un portugais approximatif. Ici, la jeunesse -même listonienne !- s'est engagée dans la lutte. Comme le souligne si bien ce dessin mural, avec l'enfant symbole d'avenir se libérant du carcan dépassé de la monarchie.

"La métropole n'a plus rien à faire ici", nous confie un artiste nouvellement engagé. Ancien collaborateur dans la communication du régime, ce graphiste met désormais ses talents aux services "d'une cause plus juste". "Je pensais que la capitale était le porte-étendard du nationalisme listonien, une lumière pour nous tous, mais elle n'a fait que le parodier. Ainsi, réclamer des réparations à la hauteur de l'outrage, à savoir revendiquer l'indépendance, n'est pas contraire aux idéaux listoniens, au contraire. C'est dire non à l'affolement d'un régime qui en voulant faire mieux, a fait pire. J'espère qu'à travers l'indépendance de Jadida, l'idéal nationaliste pourra se réinventer de manière à gagner en pertinence et en rationalité." Si la position reste rare en métropole, force est de constater que même là-bas, la contestation se lève, non pas contre l'idéologie nationaliste, mais contre son application irrationnelle ayant abouti au délitement de l'Empire si cher à ses citoyens eurysiens. En définitif, la crise des colonies n'est pas simplement une crise de décolonisation, mais bien un indicateur du désagrégement de la société listonienne à part entière.
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Trabajador

1er décembre 2006 - Renoncer à l’Empire pour survivre, le constat partagé des penseurs étrangers sur le devenir des provinces coloniales listoniennes.


Le renoncement à l'Empire, précurseur d'une décolonisation?
L’indépendance des territoires ultramarins serait la meilleure option viable sur les plans économiques et politiques soulignent les milieux intellectuels alguarenos.


S’affranchir de la politique étrangère impériale est une évidence, au regard du cumul de rivalités qu’elle leur a imposé. Positionnées sur les continents aleucien et paltoterran, plusieurs provinces ultramarines ont en effet directement pâti du froid qui a parcouru les relations diplomatiques de l’Empire listonien et des principales puissances économiques régionales. Une relation diplomatique dégradée qui expose les territoires ultramarins à de sévères difficultés commerciales, compte tenu de leur dépendance aux importations et de leur proximité avec les nations limitrophes hostiles au régime impérial, qui sont pourtant les mieux disposées à leur offrir des importations aux tarifs les plus avantageux, compte tenu de l’absence de frais de transport.

“Soyons réalistes, la région du Listonia c’est quoi? une presqu’île isolée sur la pointe sud du continent aleucien, baignant dans une eau elle-même cernée de deux détroits alguarenos. Quelles chances de survie économique peut-elle espérer si son pays et la Fédération d’Alguarena ne parvenaient pas à rétablir des relations politiques saines comme au commencement? A mon avis, aucune. Tout frêt maritime dirigé vers la Listonia est conditionné à l’approbation des services de douanes et de garde-côte alguarenos.” explique l’économiste Diego Murillo. Ainsi donc, il n’y a pas que le porte-hélicoptères pharois qui risque de prendre l’eau, mais bel et bien tout le patrimoine colonial d’un Empire à bout de souffle, occupé à creuser un fossé entre ses populations ultramarines et lui, un fossé dans lequel il mouille toujours plus d’armements militaires, alimentant toujours plus la dissension ainsi que l’instabilité de ces régions.

Avec le soutien officiel de nations étrangères limitrophes en faveur de l’indépendance de ces territoires et le constat évident dressé par les sphères économiques de puissances étrangères, il apparaît comme plus que certain, de l’avenir décadent qui attend les provinces coloniales listoniennes faisant le choix de rester rattachées à l’Empire.

Sans énoncer une logique de “vaincre ou périr” les mouvements indépendantistes se sont pourtant montrés de plus en plus féroces, lors des manifestations populaires qui ont parcouru l’Empire et installent un sérieux doute sur sa capacité à maintenir la cohésion de ses territoires. “Un acte courageux et lucide” soulignait ce matin encore la conseillère fédérale aux affaires étrangères alguarenas, Martha Fulton, pour saluer l’engagement des populations ultramarines listoniennes dans un processus de transition politique jamais vu sur l’un des territoires coloniaux, si ce n’est l’Albigark, première région listonienne frappée par l’indépendance, moins d’un an avant la généralisation des revendications au sein des autres territoires. Il faut reconnaître la force du patriotisme listonien, qui n’accomplit pas tout ça dans le but de nuire à l’Empire mais bel et bien de préserver son identité, le premier n’hésitant plus à user de ces provinces d’outre-mer pour monnayer le réarmement de son armée impériale.

Le réarmement de l'Empire listonien, une autre donnée qui fracture la société civile listonienne, compte tenu des tensions qu'il entretient avec des états tels que le Jahuria ou le Lofoten, où le point de non retour a été maintes fois frôlé lors d'échanges diplomatiques.

Ainsi et toujours de l'avis des spécialistes, la paix en Listonie, passera paradoxalement par la dislocation de l'Empire, fantôme passé (et dépassé) d'une histoire impériale n'ayant plus les moyens de ses ambitions et qui vient justement surenchérir pour s'en convaincre, lorsqu'une puissance étrangère reconduit les délégations diplomatiques listoniennes. Contrairement aux affirmations des partisans de l'Empire qui accusent les indépendantistes de vouloir la guerre civile au profit des nations étrangères hostiles à l'Empire listonien, plusieurs nations sont donc tentées de souligner l'effort avancé pour la paix, à travers cette mobilisation populaire et désolidarisée des enjeux militaires nourris par le régime impérial.
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Port-Hafen au bord de l'implosion, les Provinces-Unies déploient des forces aéro-navales au Détroit de Barthelemy

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Manifestation de la population de Port-Hafen contre l'oppression impériale et le pouvoir central de l'Empire Listonien


La situation semble échapper à tout contrôle des autorités coloniales de Port-Hafen, le territoire ultra-marin qui fait face à l'île du Norland, porte du Détroit de Barthelemy, à la veille d'un référendum sur l'auto-détermination de la colonie organisée par le mouvement indépendantiste "Le Mouvement pour la Liberté des Colonies" déclarée comme illégale et vigoureusement interdite par l'autorité centrale impériale, qui a menacé d'arrestation tout habitant qui se rendrait aux urnes, dans les bureaux de vote improvisés par les membres actifs de ce mouvement.

En effet des centaines de manifestants, hommes, femmes, et enfants se sont rassemblés ce 03 décembre au centre-ville de Port-Hafen pour protester contre la gestion désastreuse de la crise économique par le gouvernement central qui touche de plein fouet les territoires ultra-marins, surexposés aux sanctions économiques internationales depuis la crise de Jadis, ainsi que pour demander l’indépendance pure et simple de la colonie de Port-Hafen. Les manifestants ont défilé dans le centre-ville en portant des pancartes anti-gouvernementales et des bannières indépendantistes arborant des slogans exprimant une forte animosité à l'encontre de l'Empereur.

Parmi ces derniers, on a pu lire parmi les plus percutants d'entre eux :


auteur a écrit :

"L'Empereur devait choisir entre le déshonneur et la guerre, il a choisi le déshonneur mais il aura la guerre !"

auteur a écrit :

"Choisir l'Empire, c'est se soumettre ou mourir "

auteur a écrit :
"J'ai tout donné à la Listonie, en retour je n'ai reçu que du mépris"


Lors de la dernière manifestation, el Ejercito Colonial, la police militaire spéciale supposée maintenir l'ordre et représenter les forces de l'autorité métropolitaine qui ne dépends pas du pouvoir local mais directement du Ministère de la Défense de l'Empire était intervenu avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes afin de disperser la foule. Le chaos ambiant qu'avait généré cette intervention avait été perçue par les habitants comme un moyen de coercition et un message destiné aux habitants des colonies afin de leur rappeler que la métropole avait toujours le contrôle sur ses possessions ultra-marines, et que l'effondrement annoncé du gouvernement impérial évoqués par les médias internationaux avait été quelque peu prématuré.

Depuis, certains habitants ne cachent plus leur désir de s'émanciper et de couper tout lien avec la métropole, et militent ouvertement pour un rapprochement à la fois politique et économique des Provinces-Unies, dont certains réclament désormais la protection et l'intervention afin de garantir et protéger leur droits.

"Adieu la Listonie !" : les habitants de Port-Hafen ont défilé donc pour revendiquer l'indépendance de leur région, à quelques semaines d'un référendum d'autodétermination interdit par les institutions listonniennes.

Les vues aériennes montraient des avenues débordant de manifestants -ils étaient plusieurs centaines au début du rassemblement-, où ondoyaient les pancartes indépendantistes : ils devaient former dans le centre-ville une croix de plus d'une centaine de mètres représentant les "X" que les indépendantistes comptent inscrire dans la case du "oui" au moment du vote.


"Je suis convaincu que le référendum aura bien lieu, tous les gens que je connais ils veulent voter, on ne peut pas bloquer ça, les coloniaux n'en peuvent plus. Peut être que Port-Hafen sera la première colonie à prendre sa destinée en main et j'espère que Jadis, Listonia, Jadida, tous suivront ! L'Empire s'écroule, nous ne voulons pas être entraînés dans sa chute",
disait à un reporter du Pembertøn Post un fonctionnaire de 63 ans, Cerillo Salvador, employé dans la mairie de Port-Hafen.





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Deux avions de chasse de l'UP Air Force survolent les eaux du Détroit de Barthelemy.

Devant l'évolution inquiétante des évènements qui secouent actuellement l'Empire Listonien et ses colonies, et l'accélération des mouvements indépendantistes afin d'organiser des référendums visant à s'émanciper et se détacher politiquement de la puissance impériale eurysienne déclinante, le Département d'Etat Fédéral à la Défense a déployé des forces aéro-navales conséquentes à proximité immédiate de Port-Hafen afin d'empêcher et de prémunir toute tentative d'invasion étrangère du territoire ultra-marin par opportunité, et également de dissuader l'Empire, dans un dernier accès de rage et de dépit, d'envoyer des troupes afin de mater et d'étouffer dans un bain de sang les aspirations démocratiques légitimes d'un peuple exsangue et las d'un pouvoir politique colonialiste et impérialiste, qui n'a jamais eu la moindre considération pour ses possessions lointaines, tant sur le plan géographique que culturel.
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Face aux manifestations pro-indépendance
le Syndikaali reste discret, mais de pied ferme.


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Impossible pour le Pharois de soutenir ouvertement les sécessions coloniales de l’Empire Listonien. Les populations listoniennes sur son territoire ne le comprendraient pas. Pour autant la puissance eurysienne ne voit pas d’un mauvais œil ces velléité d’indépendance qui semblent se faire entendre un peu partout dans le monde et pour cause : présent dans chacune de ces régions depuis la signature du Traité de Fraternité, le Syndikaali s’impose de fait comme un acteur régional difficilement contournable, d’autant que nier la légitimité pharoise sur ces terres revient de fait à se mettre ce pays à dos en provocant son hostilité. Une position difficile à tenir pour des territoires minuscules et déjà en proie aux troubles économiques.

- « L’économie, c’est le nerf de tout. » déclarait tranquillement le Capitaine Mainio au Capitaine Reino, commandant des forces marines pharoises stationnées à Port-Hafen. « Si on coupe le robinet, tout s’effondre, et ils le savent. »

En très peu de temps, les Pharois se sont en effet imposés comme le supplétif provisoire de l’Empire Listonien, allant jusqu’à représenter plus de soixante pourcents des aides injectées dans l’économie locale et des commandes passées au maigrelet tissu économique de Port-Hafen. Une influence loin d’être désintéressée puisqu’elle lui permet de tenir les principaux acteurs de la région : la municipalité et les notables locaux.

- « Il n’y a plus rien à attendre de l’administration impériale. Les gens commencent à comprendre que leur petite ville est devenue un vaste terrain vague, un bac à sable où creusent des taupes et où on a enfoui de la merde de chien. Malheur à qui la déterrera le premier. »

Le Capitaine Reino était resté imperturbable.

- « Quelles sont les instructions, Capitaine Ministre ? »

- « Aucune, pour le moment. Ce qui se passe est entre les mains des diplomates et uniquement des diplomates. Je vous conseille toutefois de faire installer un peu de matériel anti-émeute dans un de vos hangars. On ne sait jamais mais s’il prenait l’envie à certains crétins de tenter un coup de force contre notre sympathique terrain vague, je ne veux pas de coups de feu, vous m’entendez. La paix s’achète à crédit. »

Dans deux heures, le Capitaine Mainio rencontrerait le Premier Conseiller Saint-Marquois Peters. Un coup de poker dont il était plutôt fier et qui pourrait bien retourner le destin de Port-Hafen d’une simple signature apposée sur un papier, suivie d’une conférence de presse.
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La Démocratie

Le premier journal francophone de la République
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Jadida : Abunaj reconnaît l'indépendance de la province

Un manifestant exprime son désarroi vis-à-vis de la décrépitude de l'Empire.

Un futur ? Je ne sais pas si j'en ai un... peut-on lire sur une pancarte au cours d'une manifestation à Jadida. Nombreux sont les habitants ayant pris de plein fouet les mesures économiques et diplomatiques de la capitale, cauchemar qui pourrait trouver une fin dans l'indépendance de Jadida, indépendance désormais officiellement soutenue par le Banairah.

Alors que les activistes militent activement pour l'indépendance de leur région, la Tasmatie Occidentale, surnommée Alay Al-Jadida, le Nouvel Elan en arabe, langue parlée par la majorité des tasmates, et en tehak, Abunaj prépare l'inévitable : l'écroulement de l'Empire Listonien. Possédant de multiples comptoirs et colonies à travers le monde, son effondrement rebattra à coup sûr les cartes, et ce dans tous les sens du terme : lassés d'une politique métropolitaine centrée sur elle-même, les citoyens outremarins ne voient d'autre solution que d'acter l'indépendance de leur territoire. Si on peut se réjouir de l'émancipation des peuples opprimés, de tels changements peuvent les conduire à leur soumission à une autre puissance étrangère. Action militaire ou pressions diplomatiques, tout est possible pour ces provinces plus que dépendantes de l'extérieur, vivant pour certaines uniquement des flux maritimes commerciaux. Cette menace a été comprise par le Lofotèn qui a dépêché à Port Hafen une opération de défense de l'espace maritime et aérien pour défier quiconque tenterait d'ingérer sur le territoire d'Hafen, mais aussi récemment par le Khasser qui avec la Ministre des Armées et la Ministre des Affaires Extérieures a décidé de protéger les voix maritimes jadidiennes, du moins d'autant qu'il est possible au regard de la loi internationale. L'objectif est de sécuriser la province afin d'empêcher toute action militaire, listonienne ou non, dirigée contre le peuple de Jadida, et de garantir l'approvisionnement en biens de première nécessité non produits sur place. En effet, l'Ambe craignait une intervention des autorités listoniennes via notamment une répression violente de la population ou un blocus. Désormais, le Banairah prend certes un risque en s'opposant frontalement à l'Empire, mais se donne une place de choix à côté des indépendantistes qui ont été récemment contactés pour établir "un dialogue fraternel et constructif pour l'avenir commun" selon les dires de la Ministre des Affaires Extérieures. Une position jouable grâce au débordement de la capitale qui possède pour première propriété de défendre ses positions en Eurysie, bien plus importantes stratégiquement malgré la plus-value que représente l'accès aux routes commerciales afaréennes. La reconnaissance de l'indépendance ne constitue d'ailleurs pas un acte de guerre, une réponse militaire envers la République serait donc très mal perçu par la communauté internationale, et ce notamment par le Jashuria, allié du Banairah ayant subi les affres de la diplomatie listonienne.

La déclaration du Khasser à la télévision a été accueillie par les Banairais avec quelques craintes mais une approbation générale de la solidarité envers Jadida. Là-bas, le discours a également été suivie par les habitants qui ont apprécié la prise de position claire du gouvernement. A Jadida, carrefour d'Afarée de l'Est, il n'est pas difficile de capter les médias étrangers du continent, et avec l'activisme, la pratique a explosée. Quant aux autorités listoniennes, celles-ci n'ont pas encore communiqué à ce sujet.
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5 décembre 2006 - CONFIDENTIEL Les services secrets alguarenos doivent favoriser l’instauration d’un gouvernement plus enclin à la coopération internationale.


Prises de vue de soldats paramilitaires s'entrainant au sein d'un camp maintenu au secret.
L’incertitude autour des provinces ultramarines listoniennes invite les états-majors de puissances régionales à peser les options politiques possibles sur place.


Plantée au milieu de l’espace maritime alguareno, la région de Listonia peut soit apparaître comme le renforcement d’une dynamique commerciale entre l’Aleucie et la Paltoterra, ou bien son talon d’Achilles, compte tenu de sa présence au coeur de l’activité commerciale maritime alguarena et de son relatif libre-arbitre sur place. Pour la direction de l’agence de renseignement alguareno, le constat est simple : “Il n’est pas concevable qu'une province répondant à des intérêts lui étant propres, se hisse au milieu de l’espace économique alguareno. L’Empire listonien, par son hostilité permanente et sa posture revancharde à l’égard de nombreux États régionaux, constitue une menace réelle et permanente pour la stabilité des continents aleucien et paltoterran.”

Dans ces conditions, il eût été dommage d’investir beaucoup de temps et d’énergie dans la formation d’une alliance telle que la Ligue Méridionale, si la prospérité des routes commerciales définies pour l’hémisphère sud est contrebalancée par la présence de véritables barils à poudre aux portes de ses états membres. Une donnée inconnue qu’il convient de rectifier, en surfant sur les souhaits d’indépendance sur place pour provoquer la rupture et renouveler l’ensemble des institutions locales. Car en effet, bien que des souhaits d’indépendance aient été exprimés et que la présence de mouvements indépendantistes se soit clairement faite identifiée, l’opinion publique reste encore très loin du point de bascule pour provoquer le changement naturel des administrations décisionnaires dans cette région.

Dès lors, les services de renseignement alguarenos ont convenu de l’idée selon laquelle l’indépendance territoriale de Listonia ne serait permise que par un coup d’état réussi, perpétré dans la continuité des manifestations indépendantistes, afin d'asseoir toute la légitimité nécessaire aux nouvelles autorités autoproclamées. Anti-monarchistes, pourfendeurs de l’absolutisme ou figures de l’armée impériale, les profils ne manquent pas pour trier sur le volet une demi-dizaine de figures politiques notables, pouvant contribuer à la constitution d’une équipe politique de premier plan, dans cette région en quête d’une identité politique renouvelée. Mais la Fédération d’Alguarena peut-elle se permettre de soutenir un groupuscule d’élites dans la prise du pouvoir armée? Clairement non viennent également mettre en garde les services de renseignement. Il convient de recruter une compagnie de mercenaires qui, accompagnée d’expatriés listoniens, organiseront une opération clandestine décisive sur les organes du pouvoir politique en Listonie d’outre-mer.

Déjà connue pour son engagement dans des contrats internationaux, la Brigade Paramilitaire du Jaguar Paltoterran (BPJP) est un proxy tout désigné, pour conduire des opérations armées sous faux drapeaux, aux côtés d’un petit détachement de volontaires listoniens expatriés, et souhaitant réintégrer leur territoire natal pour participer à l’écriture de son avenir pour les vingt prochaines années. “A partir du moment où l’on formalise des actions notables pour présenter la volonté d’indépendance du territoire, on pourra plus aisément motiver la conduite d’une opération clandestine offensive, pour forcer ou neutraliser les fonctionnaires actuellement chargés de l’administration de la Listonia” a indiqué noir sur blanc dans son rapport le colonel Davide Morgado de l’Oficina de Investisgacion y Seguridad Federal (OISF).

Pour monter l’opération, les services secrets alguarenos ont déjà pu s’appuyer sur la définition d’un budget fixé à 9 millions de pesetas arcoanas (30 000 points de développement) qui serviront notamment à équiper le contingent de mercenaires déployé.

Les fonds sont actuellement rassemblés* par la présidence fédérale. Au-delà de l’équipement, il convient de s’intéresser à l’expertise des troupes envisagées dans la conduite des opérations au sol. Les rapports et analyses émis par l’OISF positionnent les agents de la Brigade Paramilitaire du Jaguar Paltoterran parmi les mieux disposés à la réussite de l’opération, notamment compte tenu du fait qu’ils comportent en leur sein, de nombreux miliciens issus des ex-groupements militaires d’autodéfense, présents en Arkoha, en Heenylth et aux Encolanas.

L’uniformisation des contingents militaires a en effet conduit de nombreux miliciens à se reconvertir dans des activités de mercenariat. Et à ce titre, il apparaît évident pour les agents de l’OISF que la Brigade Paramilitaire du Jaguar Paltoterran a su capter les éléments démissionnaires les plus prometteurs de ces anciennes milices territoriales.

Notes HRP a écrit :
* Les points de développement générés par ce post, contribueront à définir le budget de l’opération.
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Le Levant
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Jadida : ses paysages, sa culture

Un paysage de hauts plateaux du pays

Un paysage agricole des hauts plateaux du pays : ici, le paysage montagnard est prédominant.

Si Jadida est désormais surtout connue pour le mouvement indépendantiste, elle n'en reste pas moins un territoire riche en histoire, en cultures et en paysages. Faisons un rapide tour des merveilles peuplant ce pays insulaire si particulier.

Pour comprendre la diversité paysagère de Jadida, il faut d'abord s'intéresser à la géographie de la région. L'île d'Oshrey sur laquelle se situe la province est avant tout une île très montagneuse : en son cœur se trouve les plus hauts sommets de la chaîne de montagnes la traversant d'Est en Ouest. La couleur ocre de ses montagnes a d'ailleurs donné naissance à son nom, du moins en tehak. Lors du XVème siècle, plusieurs explorateurs banairais étendent leurs réseaux commerciaux par delà l'Afarée, allant de l'autre côté de la mer des Bohrins, au Nazum, où ils vendent des produits banairais contre des produits plus exotiques comme des épices locales, du thé, des fruits tropicaux ou même parfois de l'or. Dans leur sillage se trouve l'archipel d'Al-Jadida, c'est-à-dire le Nouvel Elan : la reprise économique et la reconstruction sociale comme matérielle du pays reprend plus facilement que prévu, notamment grâce au commerce permis par les explorateurs qui dans leur enthousiasme, ont laissé ce nom à Jadida. Ces montagnes, disions-nous donc, sont omniprésentes dans l'intérieur des terres et cèdent peu à peu place à des plateaux collineux finissant par endroits par mourrir dans l'océan. Il existe donc un étagement des paysages et par conséquent des activités qui modèlent à leur tour la terre : l'agriculture (dont l'élevage), l'exploitation forestière, la pêche et le commerce avec l'étranger laissèrent ainsi leur marque au fil des siècles.

Un paysage du centre du pays : abrupt, peu accessible.

Un paysage du centre du pays : abrupts et donc peu accessibles, ces territoires sont peu peuplés et peu exploités.

Le centre de Jadida est donc très difficile d'accès. Constitué de hautes montagnes structurées en vallons secs, les zones habitées sont rares. Certaines zones plus connectées sont exploitées pour leur bois : ici, cultiver n'est pas rentable, les terres plus basses étant fertiles et humides, et l'élevage y est impossible tant l'herbe est rare. On peut donc y découvrir un paysage de montagne nue, ou quasiment nue, peu transformée par l'homme. Le couvert végétale étant ténu, l'érosion y est très forte. Le couvert forestier sert donc également à maintenir le paysage afin d'éviter des éboulements meurtriers pouvant s'abattre sur des plateaux peuplés. Parmi les espèces, on trouve une très grande majorité de conifères du fait de l'altitude et de leur plus grande résistance au gel et à la perte d'eau.

Un paysage de hauts plateaux, exemple de la lente évolution de l'environnement selon l'altitude

Un paysage de hauts plateaux montrant la lente transformation de l'environnement au fur et à mesure que l'on perd en altitude. Ici et là, quelques poches d'herbe et de feuillus éparses.

Cette géographie contraignante évolue peu à peu lors de la descente. A plus basse altitude poussent des herbacées peu exigentes et des feuillus éparses ou en bosquet, qui s'adaptent au milieu sec en privilégiant la croissance du système racinaire, quitte à réduire celle de la houppe. Néanmoins, ces ressources végétales restent insuffisantes pour nourrir du bétail du fait de la modeste vitesse de régénération de cet écosystème pauvre en ressources. Si l'on continue à descendre, le milieu devient plus clément et des pâturages puis des cultures végétales commencent à apparaître.

[en rédaction]
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Port-Hafen, hôtel de ville, 30/11/2006

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Sous le crépitement des flashs des photographes s’avancent le Premier Conseiller de Saint-Marquise monsieur Henry Peters et le ministre des Intérêts internationaux du Pharois Syndikaali le Capitaine Mainio. Enfin, au milieu, monsieur José Esteban, maire de Port-Hafen. Derrière eux, trois drapeaux sont exposés : un pharois, un saint-marquois et un listonien. Après avoir attendu quelques instants que les photographies cessent, le Capitaine Mainio prend le premier la parole non sans avoir adressé un hochement de tête à Henry Peters.


Mainio : « Peuples du monde et particulièrement peuple Listonien, pour la première depuis le début de la crise que traverse le Saint Empire Platan de Listonia, en tant que ministre Pharois je m’adresse à vous. Je m’adresse à vous, mais je ne le fais pas seul. J’ai l’honneur d’être accompagné de monsieur Peters, Premier Conseiller de Saint-Marquise et monsieur Esteban, maire de Port-Hafen. Cette réunion, un peu étonnante, de trois dignitaires étrangers les uns aux autres doit être perçue comme le premier geste, le premier pas opéré vers une sortie de crise.

Inutile désormais de le cacher, les faits sont évidents : la métropole impériale n’est plus en mesure de tenir ses engagements vis-à-vis de ses colonies outre-mer, les plongeant de fait dans la précarité économique et politique. Une situation génératrice de tensions et de peur pour l’avenir, des territoires se sachant autrefois appartenir à une vaste et puissante unité territoriale, se découvrent soudain abandonnés à eux-mêmes, leur destin entre leurs mains et parfois c’est à craindre, entre celles de leurs voisins.

Peuple Listonien, il ne sera pas dit que vous êtes seul ! Peuple Listonien, il ne sera pas dit que vous êtes abandonnés à votre sort.

La République de Saint-Marquise et le Pharois Syndikaali, en concertation et avec l’accord des élus locaux de Port-Hafen, se sont unis aujourd’hui pour apporter aux colonies d’Aleucie la garantie de leur souveraineté. Nous engageons dans ce processus notre garantie militaire et économique que celle-ci sera respectée. Autour d’une table ronde, nous veillerons bientôt à ce que la population de Port-Hafen puisse librement décider, et dans le cadre de règles prévues par la loi et d’un scrutin officiel, de son destin. Restera-t-elle dans l’Empire ? Ou le quittera-t-elle ?

Le Syndikaali et Saint-Marquise respecterons cette décision, quelle qu’elle soit, et veillerons à ce que les conséquences de celle-ci ne porte aucune atteinte à la souveraineté de ce territoire.

Le temps est désormais venu de l’autodétermination, mais cela ne doit pas se faire de manière chaotique sinon cette autodétermination n’a aucune valeur. Il ne sera pas dit non plus que nous laisserons ces territoires, si ceux-ci décident de devenir souverain, tomber entre les griffes de puissances voisines et ambitieuses. La souveraineté et l’autodétermination des peuples ne sont pas de vains mots ! On ne les brade pas sur un élan de terreur ou de confusion. Il ne sera pas dit que les populations des colonies Listoniennes se jetteront dans les bras de puissances étrangères par peur du déclassement ou de la famine. Nous ne le permettront pas, le processus démocratique d’autodétermination doit se faire dans un cadre serein et souverain.

C’est pour cette raison qu’au nom du Syndikaali, je lance aujourd’hui deux appels.

Le premier est adressé aux colonies Listoniennes : si vous en exprimez le désir, en tant que votre plus proche voisin, le Syndikaali se tiendra à vos côtés pour protéger vos intérêts politiques et économiques le temps d’acquérir une certaine forme d’autonomie dans ces deux domaines.
Le deuxième appel est adressé aux pays du monde : si à nos côtés vous souhaitez demain participer à la mise en place d’un processus d’autodétermination, conjointement avec les peuples Listoniens, nous serons heureux de participer à son organisation à vos côtés. Comme en Aleucie où Port-Hafen va se connecter à son plus proche voisin Saint-Marquois, chaque colonie devra dans un temps prochain se rapprocher des puissances économiques régionales afin de palier au soutien de l’ancienne métropole.

C’est en construisant collectivement des cercles d’influences et d’interconnectivités que nous permettrons une transition sereine post-impériale.

Moi, le Capitaine Mainio, ministre des Intérêts internationaux, vous fait le serment solennel que ma ligne est toujours ouverte aux bonnes volontés et parce que sur un coup de hasard nous sommes désormais vos voisins immédiats au moment où se profile de cette crise, sachez que nous serons à vos côtés, quelle que soit les décisions et les choix que vous prendrez.

Je vous remercie de votre attention. »
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