A l'attention du Capitaine Mainio, et des honorables représentants des Affaires Étrangères du Pharois Syndikaali,
Tout d'abord nous tenons à vous remercier pour votre aimable missive, et je veux que vous sachiez qu'elle a reçu tout l'intérêt que l'on pouvait escompter de la part du Département Fédéral des Affaires Etrangères.
Je suis quelque peu confuse et perdue, car vos mots ne tendent pas à nous rassurer sur vos liens envers une organisation que vous-même vous qualifiez de terroriste sans pour autant les réprouver publiquement. Je gage que vous avez l'intention de clarifier et d'énoncer au monde, et ce en toute transparence vos liens et intérêts pour une telle association de malfaiteurs. Vous souhaitez vous dédouaner totalement d'un quelconque lien en balayant tout cela d'un revers de la main, puis de l'autre vous réaffirmez qu'entraver la Fraternité à Kotios, c'est faire de l'ingérence politique contre le Pharois ? Voilà qui est bien étrange et qui me laisse très, comment dire..perplexe.
Moi j'aime la clarté, et je vais l'être totalement avec vous : la piraterie, au même titre que l'esclavage ou le meurtre, est un crime grave qui va à l'encontre même des idéaux des droits de l'homme que vous revendiquez. Au vu des derniers faits que l'on associe à la Fraternité des Mers du Nord, dont un attentat ayant fait plusieurs victimes si je ne m'abuse, pardonnez notre fort scepticisme quant au visage souriant et humaniste que vous arborez à la face du monde. L'hypocrisie, voilà donc un mot que vous avez fort judicieusement choisi, il me parait en effet totalement indiqué.
J'ai malgré tout le sentiment que vous partagez véritablement le fait que les droits fondamentaux ne peuvent être négociés ou utilisés à géométrie variable.... Mais aux belles déclarations d'intention qui ne sollicitent aucun effort, nous les gens du Nord préférons les actes. Ils parlent d'eux même, et préservent en plus la santé de mon estomac, merci bien de vous inquiétez de mes troubles digestifs, c'est très apprécié.
Oh, mais j'y pense, à ce sujet vous savez, les aigreurs dont vous m'avez fait part, nous connaissons en Lofoten d'excellents remèdes de grand-mères, issus d'un héritage ancestral en matière d'herboristerie. Je vous ferais parvenir à titre gracieux quelques décoctions stupéfiantes dont nous avons le secret, vous m'en direz des nouvelles ! Je vous dois bien ça, en échange du cadeau que vous m'avez fait. Sachez que je lirais avec attention votre ouvrage, afin d'en apprendre un plus sur votre culture et votre pays.
Quant à Kotios, vous l'avez dit vous même, c'est l'Assemblée Populaire qui dirige la Commune, et à moins que les décisions soient désormais prises et décidées unilatéralement à Pharot, par quelque truchement dont nous ignorons le secret, celle-ci n'est pas soumise à l'autorité du Doyen du Pharois Syndikaali et n'est pas non plus une colonie dirigée par la Fraternité, me trompe-je ? J'ai vérifié maints fois et il n'est pas proscrit ni interdit aux nations étrangères d'investir et d'ouvrir des commerces au sein de la cité-état. Il ne vous as pas échappé que quelques usines et commerces Lofotèns ont ouvert leurs portes à Kotios et que nous y avons une petite communauté, certes très modeste, mais subvenant tout de même à certains besoins qui font le bonheur du voisinage. Ces nouveaux emplois permettent à certains Kotioïtes de subsister et de nourrir leurs familles là où semblent t ils les autorités locales font cruellement défaut Souffriez vous donc de notre volonté manifeste de contribuer à améliorer sensiblement la condition humaine de certains citoyens de Kotios ?
Mais cessons donc toutes ces fariboles et tergiversations, et venons en au véritable fait, celui qui vous donne tant de maux et semble vous causer tant d'inquiétudes, cette menace pour votre hégémonie et main mise sur un Etat que j'ai bien compris, nourri tout la convoitise et les ambitions de votre bras armé, pardon, de la Fraternité qui n'aurait absolument aucun lien avec vous et toute ressemblance ne serait que pur hasard.
Au vu des derniers évènements tragiques survenus dans la Commune de Kotios, je suis sûre que vous êtes au courant, nous avons émis quelques doutes et interrogations quant à la capacité voire la volonté de la Fraternité à assurer notre protection et à maintenir l'ordre public dans ce qui s'apparente à un effondrement complet du système institutionnel. Vous devriez donc plus vous inquiétez pour l'avenir de Kotios, et ne pas vous préoccupez du Lofoten qui lui n'a jamais été une menace quelconque pour la démocratie, la paix et la stabilité.
Au vu de l'incurie et du chaos qui semble régner dans la Commune, et je ne mentionne même pas ce coup d'état fasciste qui a prospéré dans votre ombre, nous, l'Etat-Major, le Gouvernement Fédéral des Provinces-Unies, après un vote démocratique du Parlement, avons pensé judicieux de suppléer à l'absence de garants pour la préservation de la vie de nos ressortissants.
L'extrême violence et le niveau de criminalité jamais atteint à Kotios nous a laisser présager que de grands et sombres dangers pouvaient subvenir à tout moment. L'avenir nous as donné raison, et nous as quelque peu forcés à revoir à la hausse notre dispositif de sécurité. Bien entendu, ces forces n'ont vocation qu'à préserver l'intégrité physique de nos ressortissants et commerces, et en aucun cas, je répète en aucun cas, n'interviendront sous aucun autre prétexte, hormis bien sûr celui de la légitime défense. Nos hommes eux, ne sont point des contrebandiers ou des mafieux, et sont d'une indéfectible loyauté envers le Parlement. Ils ne patrouilleront pas dans les rues, resterons assignés aux lieux qu'ils doivent défendre, et ne se substitueront jamais aux forces officielles de sécurité, si tant est qu'il en reste. De plus ils ont ordre absolu de respecter comme tout à chacun, les lois et législations ayant cours à Kotios. Dans le cas contraire, ils seront sévèrement réprimés et s'exposeront aux sanctions prévues dans le code législatif Kotioïte. La Chancelière s'y est engagée personnellement, aux yeux du monde entier, et c'est à la communauté internationale que nous rendrons des comptes. En revanche, jamais nous ne serons redevables ni comptables de la Fraternité, qu'elle bénéficie ou non de votre soutien tacite ou de votre complicité passive...je ne sais d'ailleurs laquelle de ces deux situations serait la pire d'un point de vue éthique.
Quant à vos menaces, bien que nous apprécions les propos directs et non voilés, celles ci nous laissent de marbre, vous êtes bien fort ignorant à ce que je vois de la culture et mentalité nordique. Elles sont non seulement sans effet, mais témoignent simplement d'un manque flagrant de sang froid et de maitrise que je n'aurais pas envisagé de la part d'un homme d'expérience tel que vous. Voyez vous nous ne cherchons pas la guerre à tout va, nous abhorrons les conflits qui n'ont pas lieu d'être, et contrairement à vous, cher capitaine, nous avons peu d'appétence à brandir nos armes et à pointer nos missiles à la moindre contrariété. Notre flotte et notre armée a t elle ne serait-ce qu'une seule fois menacé vos frontières ou vos ressortissants ? Je ne le pense pas. Avoir une réaction aussi disproportionnée pour une broutille, c'est bien le propre des dictatures et des états totalitaires, ce que vous n'êtes pas aux dernières nouvelles.
Je suis pantoise devant vos déclarations pleines de fiel et vos douces paroles mielleuses dans la même phrase, je ne sais quoi en penser.
Quoiqu'il en soit, si l'invitation était sincère, sachez que découvrir vos terres et vos paysages, ma foi, serait pour moi une perspective fort réjouissante. Cela serait avec un plaisir non dissimulé car j'adore les voyages. En ma qualité de représentante diplomatique, c'est fort peu original vous en conviendrez.
En espérant que nous pourrons tout de même repartir sur de bonnes bases, soyez assuré , de notre pacifisme et de notre volonté affichée et déterminée à éviter tant que faire se peut, tout conflit ou guerre avec le Pharois Syndikaali, sauf si vous y tenez absolument. Cela n'est ni dans notre intérêt, ni, j'ose le croire, dans le vôtre.
Bien amicalement,
Mme Brunehilde Wanger, Conseillère Fédéral du Département des Affaires Etrangères