Câbles diplomatiques et relations bilatérales - Page 4

Lettre adressée au Triumvirat de la Manche Silice,

Estimés Tricéphales,

Drôle d'affaire, n'est-ce pas ? Vu du sud l'étrangeté de nos amis Pharois a de quoi surprendre.

Je reconnais bien là chez vous le réflexe du doux cerbaire prêt à montrer les crocs pour défendre des valeurs qu'il estime mais rassurez-vous, il n'y a là que bisbilles de voisinage.
Voyez ces messieurs-dames du Syndikaali mettent généreusement à notre disposition un certain nombre de données collectées ici et là et qui servent de base à la plupart de nos productions scientifiques. Il faut dire qu'Albigärk est modeste et le Pharois est vaste, nous nous appuyons sur ses longues tentacules pour découvrir le vaste monde.

Toujours est-il que ces camarades anarchistes s'inquiètent que nous en faisions un usage policier. Il serait en effet malvenu que le Syndikaali interdisant le fichage ethnique, Albigärk s'en charge à sa place.
Je crois pour ma part que la statistique permet d'éclairer le monde et d'en 'voir' les structures. Les politiques préfèrent parfois cacher les choses pour préserver la paix sociale ou l'illusion, mais les scientifiques ne s’embarrassent pas de telles considérations. Nous faisons de la science, et puis voilà.

Et s'il devait y avoir conscience, ce n'est sans doute pas à moi de statuer là-dessus.

Nos étudiants vont se mettre en grève, je crois, tout est histoire de rapport de force n'est-ce pas ? Si le Syndikaali n'est pas content, il nous donnera moins de données la prochaine fois, voilà tout.

Je vous abandonne sur ces rassurantes paroles : ne craignez pas pour notre intégrité. Albigärk est profondément indomptable, elle en fera de nouveau démonstration. Quant à moi, j'ai un dîner à tenir avec monsieur le ministre Pharois. On dit que c'est un homme désagréable, mais si le menu est bon...

Bien cordialement,

Chers amis,

Ne vous souciez point de protocole, c'est une chose que le Syndikaali n'a jamais eu vraiment et il semblerait sans doute un peu tard et artificiel d'en adopter un aujourd'hui. Contentons nous de parler franc et amicalement, car c'est ainsi que l'on doit s'adresser les uns aux autres, surtout lorsque l'on ne se connait pas très bien, ne pensez-vous pas ?

J'ai eu grand plaisir à vous croiser à Leylo, malgré la fin abrupte de la conférence par ailleurs, au moins ai-je compris qu'elle avait permis de régler quelques tensions dans le sud de l'Eurysie. Tout cela n'aura donc pas été vain, estimons nous-en satisfaits.

Je serai également ravi d'en apprendre plus sur le modèle siliquéen, car ce que vous m'en dites donne plaisir à entendre ! Il est toujours bon de savoir que d'autres nations accordent un attachement sincère aux valeurs d'horizontalité démocratique ! De même, mais les anthropologues me taperaient certainement sur les doigts, j'aime à croire que l'amour de la mer produit des hommes libres. Lorsqu'on a le regard porté vers l'horizon, on supporte beaucoup moins les barrières et les murs qui gâchent la vue.

J'ai appris par monsieur Ransu Rasanen que vous étiez déjà entré en contact avec la Commune d'Albigärk. C'est une très bonne chose, mais gare, même pour nous ce sont des gens parfois un peu étranges...
Toujours est-il que nous collaborerions avec grand plaisir avec votre nation. La Manche Silice n'est guère éloignée de pays que nous avons également en amitié : le Valheim et le Royaume d'Altis et si je crois avoir serré la main de la plupart des nations du nord de l'Eurysie, le sud et ses paysages enchanteurs continue d'intriguer et de fasciner. Comprenez que des températures estivales supérieures à 25°C confinent pour nous à la sorcellerie !

Mais trêve de plaisanteries. Vous avez raison, malgré la distance, bien des choses semblent nous rapprocher et je serai ravi d’entamer avec vous une réflexion sur la manière de travailler ensemble. Une ambassade est assurément un premier pas, et le commerce ne se refuse jamais ! Nous accordons une importance sincère également aux rapprochements des jeunesses, et nous y voyons une manière appartisane de poser les bases pour l'avenir d'une fraternité des peuples. Si des échanges universitaires ont débuté avec Albigärk, nous pourrions étendre cela hors du champ des sciences humaines. Nous avons au Syndikaali des ingénieurs forts qualifiés mais qui ne demandent qu'à explorer le monde et s'inspirer de ce qui se fait ailleurs.
La Manche Silice pourrait devenir un point de chute pour ces jeunes esprits aventureux ?